[X-plorer 4.3] Mode Jeu : Les entrailles de Paris

D’ordinaire, l’enthousiasme de Rachel faisait sourire l’anglaise. Là, méfiante, elle n’était pas vraiment encline à la bonne humeur. Cela étant, les gants de Warp furent plutôt utiles, et elle esquissa un sourire à sa camarade, non, ses camarades après la remarque de Fly, comme elles ramenaient justement Yrianna auprès des autres. Elle fronça cependant les sourcils à la manière de répondre de la canadienne, bien qu’elle n’en comprît pas un traître mot. Le ton restait parlant, et elle se tourna vers les trois « Elus », incertaine de leur réaction. Jonas prenait le relais, et faisait les présentations, c’était plutôt une bonne chose. Elle hocha la tête, d’ailleurs, quand celui-ci se tourna vers eux pour traduire ses propos, puis posa son regard sur Chris, qui, lui dévisageait leur trois opposants. Et le regard de la londonienne revint alors sur le black qui lui répondait finalement d’une manière qui ne lui plaisait pas vraiment. Oui sa question était idiote, autant que la façon dont il avait fait mine de la leur poser juste avant. Elle n’aimait pas cet air imbécile qu’il avait sur le visage et se demandait ce qu’il cachait, elle n’aimait pas l’impassibilité de celui en blanc, ni l’air belliqueux du troisième à la boule de verre. Et même si elle n’avait pas été tout à fait d’accord avec le ton des propos de sa co-équipière, elle n’aimait pas non plus la façon dont le shooté lui répondit. Cependant, le blondinet et lui avaient réagi au nom de Charly, manifestement. A noter également…

Elle hocha la tête, sobrement, aux présentations, tentant d’imaginer les pouvoirs de chacun en fonction de leurs noms de code. Frigo, c’était évident (même si elle ne fit pas tout de suite le lien avec « fridge ») : ils venaient de le voir à l’œuvre. Vinci… Elle songea au génie de la Renaissance, et se demanda si, comme Laura, il était capable de matérialiser ce qu’il dessinait, ou si ça n’avait rien à voir. Quant à Epic… Elle avait beau y réfléchir, elle ne visualisait pas ce dont il pouvait être capable. Par contre, le fait que Vinci soit le chef expliquait peut-être que Frigo se soit instantanément raidi à son arrivée… Conflit d’intérêt ? Et comme le petit chef ouvrait la marche, elle se demanda un instant si justement, les suivre, ne les mèneraient pas à l’ami de Paolo. Mais dans quel état ? L’article du journal avait parlé de pertes de mémoire. Lequel d’entre eux était capable de ça ? Ou de leurs petits camarades, d’ailleurs, parce que si le trio gardait « cette entrée », c’était qu’il y en avait d’autres, et donc d’autres gardiens.

Paolo passa près d’elles et s’excusa avant de leur demander une nouvelle fois de veiller les uns sur les autres. Elle hocha simplement la tête, et suivit le mouvement, songeuse. Après quelques détours, ils parvinrent à une porte qui s’ouvrit sur un drôle de quintet. Elle masqua sa surprise face au type à quatre bras – il les fracasserait sans doute tous en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire vu sa carrure assez imposante – et son regard passa sur le jeune homme et la femme à la mosaïque pour s’arrêter sur le petit garçon qui, visiblement sur la demande du boss, lui chuchotait quelque chose à l’oreille après que le black eut, lui aussi, murmuré quelques mots. Une nouvelle fois, les sourcils de la blonde se froncèrent. Trop tard pour tenter d’entendre ce qu’il venait de lui dire, et c’était regrettable. Les yeux plissés, elle laissa le type se tourner vers eux et commencer à parler.

Et se demanda presque aussitôt pourquoi elle avait pu être si méfiante jusque-là. Le sourire du boss la fit sourire en retour, et comme elle s’en rendait compte, ses joues rosirent quelque peu. Elle l’écouta non pas se présenter à eux – tiens, c’est vrai ça, qui était-il ? Ca ne lui semblait plus avoir tellement d’importance – mais les accueillir. Elle hocha la tête quant à « s’attendre au pire », passa outre le terme « Elus » qu’elle n’appréciait pas spécialement, même s’il rejetait l’élitisme qu’impliquait ce terme – ce à quoi elle hocha la tête, comme s’ils avaient été sur la même longueur d’onde - et son regard plongea dans le sien lorsqu’il évoqua ceux qui risquaient leurs vies. Subjuguée, elle faillit ne pas répondre à sa question, et se surprit même à peser le pour et le contre de se joindre à eux, justement. Après tout, Tim avait bien rejoint Garrison…

Le visage du serbe s’imposa un instant à son esprit et elle cligna des yeux, comme si elle sortait – pas tout à fait cependant, manifestement – d’une transe ou d’un rêve. Elle secoua légèrement la tête, souriant pourtant toujours sans vraiment s’en rendre compte au chef des Elus.

- Je crains que nous ayons plutôt pris l’habitude d’être de l’autre côté… commença-t-elle comme si ça avait pu constituer une excuse. Et que nous ayons déjà notre propre refuge… Mais nous sommes à la recherche de quelqu’un.

Citer Charly avait fait son petit effet tout à l’heure… Et si elle n’avait pas été si « hypnotisée » par le chef, elle aurait peut-être réagi plus rapidement. Ou autrement. A cet instant, il ne lui venait pas à l’esprit qu’il pût être dangereux de trop parler à cet homme charmant et accueillant. Et puis, il offrait bien de les aider, n’est-ce pas ?

- Vous le connaissez peut-être… Sans doute en fait… ajouta-t-elle avant de se tourner d’abord vers les membres du trio, à l’origine du « sans doute » de par leur réaction précédente, puis vers le professeur Santero, puisqu'il était le plus à même de décrire son ami disparu.

Elle avait presque sursauté lorsqu’elle avait fini par « trouver » Epic, si près d’eux bien qu’elle ne l’eût pas entendu s’approcher et fronça les sourcils, se promettant d’être un peu plus prudente à l’avenir - dans le genre, je laisse traîner mes oreilles des fois qu'il y ait des messes basses importantes. Le trio ne lui inspirait quand même pas tellement confiance - ils avaient blessé Yrianna et gelé leur professeur tout de même ! - même si en ce qui concernait le chef, c'était une toute autre histoire...

Wind eut du mal à détacher ses prunelles du visage avenant de leur interlocuteur. Au moins tant que Chris resta silencieux. Car quand son coéquipier prit la parole, c’est vers lui qu’elle se tourna, et si elle ne parut pas plus attristée que ça car elle reprenait un masque impassible, son sourire était retombé, ce qui se trouvait être assez révélateur. Pas un refuge, l’institut ? Qu’étaient-ils tous venus y trouver en ce cas ? Pour ce qui la concernait, elle ne considérait plus avoir ailleurs où aller. Et lui ? S’il n’était pas auprès de sa sœur bien qu’il ne lui eût pas tout révélé, c’est bien qu’il ne se sentait plus chez lui là-bas, non ? Elle se souvenait pourtant de sa propre arrivée, et de sa réticence. Mais la situation était tout à fait différente, et elle n’avait encore rien vu de ce que son nouveau statut de mutante et la haine des leurs pouvaient causer. Et quand le français évoqua l’éventualité de s’associer aux « rats français », elle se figea, la bouche légèrement entrouverte, comme si elle allait dire quelque chose, bien qu’elle restât silencieuse en définitive et ne parvînt qu’à souffler son prénom.

Rachel reprenait la parole, ajoutant à ses propos la profession de Charly, mais Larsen ne chercha pas pour le moment à savoir quelle était la réaction de leurs hôtes : elle ne pouvait détacher son regard de son camarade, et même la surprise qui passa un instant dans ses yeux clairs à la réplique de Jonas ne sembla pas la faire réagir.

Chris, partir ? C’était une éventualité comme une autre, comme pour tout le monde, d’ailleurs. Mais concernant l’électrokinésiste, elle lui semblait tout simplement insupportable. Peut-être parce qu’elle était attachée à lui, de par ce qu’ils avaient partagé, sans trop le vouloir. Peut-être parce qu’il y avait cette promesse qu’il lui avait faite, et qu’elle voulait qu’il tienne, dur comme fer, aussi honteux cette pensée pût-elle lui sembler. Parce que c’était un autre échec, aussi, que de voir encore un de ses coéquipiers les quitter. Et peut-être aussi que le voir se tourner vers une faction plus ou moins adverse lui rappelait aussi douloureusement le départ de Tim.

*Vous aviez tort, professeur. On ne naît pas leader, à l’évidence, et le cœur ne suffit pas. Ils ne partiraient pas tous sinon, n’est-ce pas ?*

Elle repensa à Noémie, un bref instant, ne sachant pas ce que la jeune femme faisait depuis qu’elle avait préféré ne pas repartir avec eux et secoua légèrement la tête. Il ne fallait pas qu’elle y pense… Pas maintenant. Ils avaient autre chose à faire… alors pourquoi ne pouvait-elle pas se concentrer sur autre chose que sur cette phrase : « J'aimerais... J'aimerais éventuellement me joindre à vous » ?

Yrianna demandait s’il pouvait y avoir quelqu’un pour la guérir, et elle se décida finalement à tourner la tête vers elle, tentant un sourire. Oui, si quelqu’un ici pouvait faire ça, ce serait l’idéal… Alors son regard erra sur les autres, ceux d’ici, et si le maître des lieux avait semblé déçu qu’elle n’accepte pas son offre, ses camarades avaient plus l’air sur la défensive qu’autre chose. A bien y réfléchir, elle n’était pas forcément plus accueillante avec les nouvelles têtes, n’est-ce pas ? Elle avait ouvertement rejeté la demande de Bateson. Il était mort à présent… et loin d’être anti-mutant comme elle l’avait songé, Miss Kofman et le professeur Volkov ayant été ses collègues.

*Ils sont comme nous…* songea-t-elle, tandis que le professeur Santero complétait leur demande.

Elle fut surprise du ton de voix et du visage de leur hôte lorsqu’il leur répondit. Un bref instant seulement. Quelque chose venait de lui brûler le dos, comme une piqûre vive. Une douleur violente, lancinante, et puis plus rien. Elle ne sentait plus rien. Elle voyait pourtant très bien, entendait ce qu’il se passait autour d’elle, mais était incapable de réagir. A genoux à terre, elle chercha le regard de Chris, emporté par le type à quatre bras. Elle prit peur pour lui, instantanément, mais celui qui leur avait été présenté sous le nom de Frigo vint la prendre dans ses bras, et elle ne put rien faire pour l’en empêcher.

Le chef leur expliquait, à présent aussi fermé qu’une porte de prison, qu’ils les séquestraient en somme, qu’ils connaissaient leurs pouvoirs, et donc que c’était inutile de les utiliser, et qu’ils attendraient bien sagement qu’ils partent. Au moins, Charly était en vie, le professeur devait être soulagé. Mais à quel prix ? Incapable du moindre geste, elle tentait de réfléchir à ce qui venait de se passer, à ce qui avait été dit. Ils avaient parmi eux un maître-poison. A aiguilles. Ou quoi que ce fût d’approchant. Si elle avait pu grimacer, nul doute que son visage aurait passé par quelque chose de bien moins stoïque. Epic ? Comme le porc ? Quelqu’un d’autre ? Ils avaient aussi quelqu’un qui pouvait déterminer leurs aptitudes. Comment ? Ils ne les avaient pas vus à l’œuvre, à part Yrianna et Santero, et peut-être Jonas de l’autre côté du mur. Le petit garçon murmurant quelques mots au bellâtre – qu’elle trouvait bizarrement beaucoup moins charmant à présent – lui revint en mémoire et elle pesta intérieurement.

*Bloody Hell, j’aurais dû être plus attentive. Les écouter par exemple…*

Ca les aurait avancé à quoi ? A se méfier ? Elle n’était même pas certaine que ce fût possible : elle n’était pas si… mondaine, d’ordinaire. Ce type mettait n’importe qui dans sa poche. Même Chris. Son cœur s’accéléra un instant. Il n’allait pas partir, n’est-ce pas ? C’était le charme de l’autre, il resterait maintenant qu’il retombait, n’est-ce pas ? Egoïstement, elle craignait qu’il ne retourne auprès de sa chère Clémence, même si elle savait grosso modo qu’il redoutait son jugement.

La chose la plus étonnante arriva peu après. Ok, ils les tenaient captifs, et les gardaient en vie. Mais de là à soigner Fly ? Elle n’était pas trop sûre de ce que ça pouvait être, et encore moins de ce qu’il pouvait en avoir à faire de ce qu’ils pensaient, et pourtant… C’était bien de ça dont il parlait, n’est-ce pas ? Elle ne sut jamais trop, incapable de tourner la tête pour observer la scène. Elle reconnut cependant bien la porte qu’ils avaient passée à l’aller : au moins, à présent, ils sauraient ce que c’était. Une cellule. Le confort était rudimentaire, mais à vrai dire, elle en aurait moins attendu de leurs ravisseurs. Inerte, elle ne put que se laisser déposer au sol, surprise de la douceur des gestes de Frigo. Vinci apportait à boire et à manger, et après la fermeture de la porte – étrange sonorité d’ailleurs – il leur fallu un bon moment avant de pouvoir ne serait-ce que bouger le petit doigt.

Wind ne bougea pas, fixant le plafond, livide. Ils s’étaient fait avoir en beauté, et elle avait même sauté à pieds joints dans le piège. Et elle avait beau farfouiller et tourner ce qu’ils savaient dans sa tête, elle ne voyait absolument pas quoi faire pour se sortir de ce guêpier. Motif supplémentaire pour faire en sorte de ne pas croiser le regard de ses camarades, trop inquiète de ce qu’elle pourrait y lire.

- Quelqu’un a une idée de génie ? finit-elle par souffler en désespoir de cause, sans pour autant modifier sa position.

*Pitoyable…*

Au fond de esprit, pourtant, une petite voix lui murmurait que quelque chose n'allait pas. En dehors du fait qu'ils étaient les hôtes forcés d'une bande de mutants pas très sympathiques. Quelque chose d'autre, quelque chose dont elle n'arrivait pas encore à déterminer la nature. Jusqu'à ce qu'elle fronce les sourcils et se redresse difficilement pour faire face aux autres, assise sur le matelas où le blondinet l'avait déposée.

- Ils connaissent soit-disant nos pouvoirs et ils n'ont pas peur qu'on se sauve ?

Elle fixa Chris, et tenta donc d'activer le sien, eut un peu de mal à réveiller ses muscles modifiés par la mutation, mais parvint à le déclencher, focalisant sa voix sur lui pour ajouter :

- Qui m'entend, là ?

Yrianna fut soignée alors qu’elle n’y avait même pas vraiment cru. C’était comme un miracle et la sensation de sa chair qui se restaurait été des plus agréables,[Pas de régénération, simplement l'effet d'un anti-douleur type morphine] à la limite du paradisiaque, tant ce changement sur son corps était rapide. Mais ce bien être ne dura pas parce qu’elle sentit dans son dos comme une brûlure, une piqure, un dard qui avait réussi à traverser la couche de vêtement formée par sa tenue de mission [Attention, il y a d'abord le dard puis le soin].

Elle scruta les autres d’un mouvement de regard craintif et finit par constater qu’eux aussi devenaient tout chancelant, avant de s’effondrer à demi comme les autres, rattrapée de justesse par un porteur qu’elle n’avait pas pu voir mais qui prenait étonnamment de grandes précautions pour ne pas lui faire de mal.

Yriah ressentait la même colère que Rachel mais comme la substance ou on ne savait trop quoi faisait effet à l’intérieur, elle ne trouva pas la force du hurler comme Warp l’avait fait l’instant d’avant[Warp ne crie pas, elle pense]. C’était vraiment impensable de se sentir…aussi impuissant et cette perte de contrôle de soi était très effrayante. Il fallait le vivre pour y croire, et ce n’était vraiment pas une simple anesthésie locale comme on pouvait en avoir pour se faire ôter les dents de sagesses et ce genre de petits désagréments sans réelle conséquence.

Là, il y en avait, des conséquences, leur vie était entre les mains de gens mystérieux jouant de faux semblants et de politesses abusives avant de leur donner un coup dans le dos, c’était le cas de le dire.

Totalement sonnée au fur et à mesure du transport, Yriah eut à peine de quoi sentir qu’elle n’était plus ballotée de tout les côtés, ressentant également le froid d’une pièce sombre dans laquelle ils avaient été enfermés. Elle se concentrait pour recouvrer le contrôle de ses nerfs, elle voulait bouger, se lever, se serrer contre ses confrères et ses consœurs pour se rassurer, mais tout ce qu’elle pouvait faire maintenant, c’était trembler sans même le vouloir. Fly ne pouvait qu’attendre que le temps passe pour essayer un tant soi peu de bouger ses bras et ses jambes, et aussi, pour ne pas tomber.

Peu à peu, ses amis reprenaient leurs esprits et commençaient même à remuer, peut-être plus vite que la mutante qui avait du mal à évacuer la quantité de cette substance paralysante injectée dans son corps. C’était un peu comme l’alcool en fait : elle était petite, pas grosse, et femme en plus !

Il fut bientôt temps de se réunir autour de la table au centre de la pièce faiblement éclairée et Yriah finit par se joindre aux autres, juste à temps pour entendre la bonne et peut être seule idée valable pour les tirer de ce mauvais pas, avec l’homme qu’ils étaient venu chercher. Ainsi donc, Jonas parti faire le petit espion en mode souris et quant il revient, ce fut à nouveau le même spectacle de nudité qui fit détourner la tête à la jeune femme pas du tout en état de s’imaginer la moindre chose et de profiter d’un spectacle tout bonnement dérangeant en cette occasion[Pour avancer j'ai compté sur le fait qu'il se cache, sauf erreur de ma part et que Jonas pointera].

Tournant le dos à Jo qui leur expliquait ce qu’il avait vu elle essaya de répondre avec une voix digne d’un réveil difficile. Elle était toujours un peu sonnée et vaporeuse.

« Bon et bien, je crois, professeur, qu’il ne nous reste plus qu’à compter sur Warp pour nous sortir de ce beau merdier. Ca ne semble pas tellement risqué aux dires de Jonas, dans le coin… et de toute façon on n’a pas vraiment trop de choix. Les plus importants qu'il faudra téléporter avec toi sont, je pense, Jonas, Monsieur Santero et Wind, pour aller voir le bonhomme qu'on recherche. Même si là y'a personne dans le coin, comme dit, y'a peut être des gardes dans sa cellule. Après y'aurait qu'à venir chercher les deux restants en un autre passage ! »

Elle observait la téléporteuse comme pour essayer de voir si elle était capable d’utiliser son pouvoir. Si elle, elle se sentait encore mal, ça devait probablement encore être le cas de Rachou et des autres, cela dit, si Jonas avait été capable de devenir souris, les choses ne devraient pas être plus corsées que ça…

Wind laissa les autres extérioriser leur frustration et réfléchir, à voix haute ou non, sans mot dire, les sourcils froncés, elle-même songeuse. Elle ne sembla pas relever les propos de Rachel, et pourtant, même si elle ne s’adressait pas directement à Chris, elle sentit son cœur se serrer. Non… Il ne pouvait pas être avec eux. Ils ne pouvaient pas le garder. Il ne pouvait pas partir, pas après tout ce qui s’était passé.

Et il s’excusait. Un sourire effleura finalement les lèvres de l’anglaise, presque rassurée. Presque, parce que tout comme le songeait Paolo, s’il avait dit ça tout à l’heure, elle était persuadée qu’il y avait un fond de vérité. Et ça lui faisait mal. Il ne savait pas ce qu’il lui avait pris… Elle n’en était pas si sûre. Avec ce qu’il s’était passé, justement, à son arrivée à l’Institut, comment s’y sentir vraiment en sécurité ? Il ne l’avait pas connu comme elle, avant, en période calme, où on pouvait vraiment dire que c’était un refuge. Elle avait appris qu’il y avait eu une autre attaque, avant qu’elle n’arrive, et elle ne s’était pourtant pas sentie mal à l’aise, elle, à son arrivée, tout au moins pas pour ça. Comme quoi le temps avait fait son œuvre, à l’époque, et que l’Institut avait retrouvé son statut. Elle espérait que le temps fasse de nouveau son travail, et pour lui, et pour elle.

- C’est rien, fit-elle alors, autant pour le rassurer que se convaincre elle-même.

Elle se leva finalement, comme si changer de posture avait pu mettre un terme au sujet douloureux de son éventuel abandon, et se massa la nuque, tentant d’ordonner les faits sans être trop sûre d’y parvenir. Chris l’avait entendue, mais pas Rachel. Donc son pouvoir avait fonctionné. Les autres aussi. Jonas venait de se changer en souris, prêt à inspecter les environs. Elle hocha doucement la tête.

- Ils ne peuvent pas nous empêcher d’agir, manifestement. Ils cherchaient à gagner du temps ?...

Warp et Fly passaient déjà à l’étape « action », proposant effectivement un plan cohérent, remarquant avec logique qu’ils auraient privé la téléporteuse de ses supports s’ils avaient réellement voulu l’empêcher d’user de son pouvoir. Sauf qu’elle n’aurait pas séparé les groupes comme le proposait Yrianna, pour sa part, et quand le professeur Santero reprit la parole, elle hocha de nouveau la tête.

- Je reste. Hors de question de vous laisser ici…, murmura-t-elle plus pour elle-même qu’autre chose.

De toute façon, c’était l’avis de Paolo aussi. Maternelle, Wind ? Si peu. L’idée de laisser un de ses coéquipiers sans savoir ce qu’il pouvait leur advenir la révulsait, elle avait l’impression d’abandonner encore quelqu’un, comme elle avait abandonné River à son sort… Elle secoua la tête. Ca n’était pas le moment de penser à ça.

De toute façon, elle n’en eut pas vraiment davantage le temps. La porte s’ouvrait de nouveau, après un étrange bruit… qui lui rappelait un peu ce qu’elle avait entendu par ailleurs lorsqu’elle explorait les galeries, seule avec Chris. Elle ne comprenait pas ce que disait ce type mais Epic leur expliqua ce qu’ils étaient venus faire, et elle hocha la tête pour leur signifier qu’ils pouvaient s’approcher d’Yriah, bien qu’elle les surveillât de près.

Pas longtemps. Une explosion. Et des cris. Et des pas. Des mots en français sans doute, donc elle ne comprit qu’un mot similaire à celui de la langue anglaise : Police. Les Elus quittèrent la pièce en vitesse. Vers où, en fait elle s’en fichait pas mal. Il ne fallait pas qu’on les embarque. Il ne fallait pas qu’ils restent là. Il fallait qu’ils récupèrent Charly et retournent au plus vite au X-Jet, comme ils venaient de le dire.

- Maintenant ! Warp, vas chercher Charly et emmène-le au X-Jet. Avec Magma et Fly. Vite ! Zembla, Thunder, contre le mur, soyez prêts à intervenir !

Elle avait actionné son pouvoir, de sorte que seul son équipe l’entendît, et après avoir posé un doigt sur ses lèvres, imposant le silence, avait fait signe à ceux qu’elle invitait à rester avec elle de la rejoindre, contre le coin du mur près de la porte, de sorte que ceux qui arrivaient ne pussent pas les voir tout de suite en entrant dans la pièce, prête à les repousser. L’effet de surprise et la vitesse, avait dit le professeur. Ils n’avaient pas vraiment d’autre choix.

- Reviens vite nous chercher, souffla-t-elle finalement à l'attention de Rachel seule, esquissant ce qui devait à l'origine être un sourire, mais que le pli soucieux sur son front empêchait d'être tout à fait convainquant, avant de reporter son attention sur la porte, prête à user de son pouvoir pour repousser hors de la pièce, voire assommer, qui que ce fût qui tentât de les approcher.

Yriah s’était quelque peu emportée dans l’envie d’en finir avec ses histoires et se rendormant à moitié pour récupérer les dernières forces qui lui manquaient, elle n’en finissait plus d’essayer d’avoir la tête au clair. Les plans d’organisations furent donc élaborés mais l’idée de scinder le groupe en deux ne sembla pas plaire à tout le monde. Tant pis, qu’à cela ne tienne, on pouvait bien faire autrement du moment qu’ils risquaient le moins possible de s’en prendre plein la figure.

Seulement, au moment où les explications touchaient quasiment à leur fin, des gens firent irruptions et le poitrail de la mutante se souleva sous l’effet de la surprise et de la crainte. Ils ne pouvaient savoir à quoi s’attendre avec ces individus là et la dernière chose que la petite femme avait envie de subir c’était une nouvelle souffrance emballée dans un écrin de soie… la traitrise de gentleman avait forcement des limites, mais elle ne savait pas où était la leur.

En réalité, ils se montrèrent à nouveau sous un beau jour et ç’en était presque louche. On acheva de soigner sa blessure qui n’était maintenant plus que superficiel et quasiment plus douloureuse. La cicatrice qu’elle garderait de cette aventure serait pour elle le souvenir de ces moments passés avec son équipe, bravant les dangers pour faire le bien, ou du moins, ce qu’ils considéraient comme étant la meilleure des choses à faire. Sauvez un Charly, ami du beau Paolo, c’était une belle cause, il fallait bien l’avouer.

« Merci à vous… », Murmurait-elle en crispant un peu les dents lorsque le bandage fut changé, plus par appréhension de la douleur que sous l’effet de cette dernière.

Des voix et des bruits recouvrirent soudainement la fin de sa courte phrase et là, tout le monde sembla s’activer, les habitants de ces grottes les premiers, alors qu’Yriah était balayée par une nouvelle vague d’inquiétude, diluée par celle des autres qui agissait donc de concert pour les lever.

La jeunette apeurée chercha quoi faire, bondissant de son siège par reflexe. Les ordres de la cheftaine de l’équipe fusèrent alors alors que tout se passait très vite. Les uns disparaissaient, les autres semblaient se rapprocher, on entendait des voix dans les couloirs et c’était tout particulièrement stressant.

La Russette fut soulagée d’apprendre qu’elle faisait partie de l’équipe qui finalement fichait le camp de ce merdier, s’accrochant à Warp comme à une bouet de sauvetage en croisant les doigts pour que tout se passe au mieux. L’action ne lui laissait pas beaucoup de temps pour réfléchir comme elle se prenait tellement trop souvent à le faire, et pour pas grand-chose au final, elle ne avait évidemment conscience.

Deux téléportations après, ils finirent par se retrouver devant l’engin volant appartenant à l’institut, prêt à déjà charger le prisonnier libéré à l’intérieur pour lui donner quelque semblant d’explication même si ça, c’était probablement à l’ami du disparu et professeur que revenait cette mission.

Une drôle de personne se trouvait néanmoins là et reprenant une puissante respiration, essayant d’evacuer la tension amassée juste avant, tenta un sourire qui n’avait, quand on savait ce qu’il venait de se passer, rien à faire là, ou du moins, qui n’était pas du tout en accord avec les ressentis de la miss.

« Euh, oui ? On peut vous aidez, vous cherchez quelque chose ? »

Si elle-même se voyait toujours comme la bonne sainte maritaine à l’écoute de tout le monde, autant jouer ce rôle jusqu’au bout. Elle était toute chamboulée par les évènements précédents et elle devait paraître assez perturbée. D'ailleurs, elle ne se rendait pas compte que cette petite aparition alors qu'ils sortaient de nul part pouvait elle aussi être bien bouleversante pour le premier quidam venu.

/~~\

Wind regarda Rachel partir avec les autres avec une pointe de soulagement : au moins, eux, allaient récupérer Charly, et être en sécurité très bientôt. Surtout Yrianna, déjà blessée, hors de question de l’exposer davantage et elle se raccrocha à l’idée qu’à l’instant, elle était installée dans le X-Jet, et Warp sur le retour pour venir les chercher. Soulagement de courte durée, seulement. Car presque aussitôt, la voix du petit garçon réclamant leur aide, lui fit à son tour serrer les poings. Elle était d’accord avec Jonas, évidemment, mais… comment l’aider ? Elle n’eut pas le temps d’y penser davantage - pourquoi tout s’enchaînait donc aussi vite ? – qu’un des policiers pénétrait dans la pièce, et prête à intervenir donc, elle actionna son pouvoir pour le repousser. Un peu trop violemment manifestement, car, armé comme il l’était, le choc lui fit appuyer sur la détente, et ce fut Chris qui fut touché.

- Thunder ! s’écria-t-elle aussitôt, se tournant vers lui par réflexe, prête à le soutenir bien que sa force physique fût faible. Je suis désolée… je voulais pas ça…

Ce qui était totalement vrai, bien qu’elle ne fût pas certaine que le français la croie à cet instant. Elle leva vers lui un regard désolé pourtant sincère, juste avant que le son caractéristique d’un objet métallique roulant dans la pièce n’attire son attention. Une bombe lacrymogène venait d’être lancée, et la fumée qui s’en dégageait fit aussitôt son effet. La douleur, l’aveuglement, elle toussa violemment et se cramponna à son camarade, une nouvelle fois par réflexe.

- Zembla…

Sa voix était implorante, et quelque peu éraillée. Elle tendit la main vers lui, cherchant sa présence, tentant de se repérer aux sons à défaut de pouvoir compter sur ses yeux larmoyant qu’elle gardait à présent clos, comme si ça avait pu atténuer ne serait-ce qu’un minimum la douleur provoquée par les fumigènes. Il ne lui restait plus qu’à espérer que leur co-équipière vînt très rapidement les chercher, car elle ne donnait pas cher de leur peau pour l’instant, incapable de vraiment faire quoi que ce soit.

Incapable ? Elle s’engueula presque aussitôt mentalement. Ok, c’était douloureux, ok, elle ne voyait plus rien… Mais s’il y en avait une qui pouvait encore faire quelque chose, c’était bien elle, non ? Elle n’allait pas laisser ses deux coéquipiers comme ça. Il fallait qu’elle se concentre, qu’elle mise sur son ouïe pour savoir où étaient les policiers, pour les éviter, le temps que Warp arrive.

- Zembla, derrière moi, fit-elle donc en tentant de ne s’adresser qu’à lui malgré sa gorge qui lui piquait atrocement. Faut qu’on tienne le temps que Warp arrive…

Elle tenta de garder une main en contact avec Chris, l’autre tendue vers – au moins lui semblait-il – Jonas, et prit le parti d’écouter, pour savoir où se trouvaient les gars qui ne manqueraient pas d’entrer prochainement et de les éloignés. Assommer n’avait pas été une bonne idée, le français en avait fait les frais, et bien que l’image des gardes convulsant lors d’un entraînement lui donnât toujours la nausée, elle résolut d’user de cette méthode-là, cette fois, basée sur les infrasons, histoire d’essayer, sans certitude de succès, d’éviter de nouveaux dommages…

*Dépêche-toi Rachel… je t’en prie…*

_/**~~^~~**\_