Toronto, chez les Martin

Helena se leva et s'approcha quelque peu de Gilles.

"Ben est si gentil... Je dois admettre ne pas trop comprendre, mais bon... Il devra s'y faire de toutes façons, ce n'est pas lui qui est aux manettes. Mademoiselle van Damme décidera en dernier ressort"

Elle alla se saisir du cendrier avec une pointe de dégout puis en renversa le contenu dans une poubelle. Souriant à nouveau, Helena ajouta :

"Oh, je ne pense pas qu'ils aient vu ça encore... Ben a du le taper cette nuit et il vous l'a envoyé pour vous faire une surprise ! Nos experts sont très compétents... Il y a notamment un avocat spécialisé dans la défense des droits des mutants. J'espère que tu auras l'occasion de le rencontrer, il est très amusant !"

La jeune femme opina vigoureusement du chef en écoutant les paroles de Gilles relatives à la captation vidéo de toute à l'heure.

"Voilà, c'est ça, en costume et Clive vous dirigera..."

Helena s'approcha à nouveau de Gilles et lui déposa un baiser sur la joue. Puis souriant de toutes ses dents, elle montra au jeune mutant la sortie.

"Bon, maintenant tu dois me laisser... Une jeune fille bien sous tous rapports doit s'habiller seule ! A toute à l'heure !"



Après s'être préparé et avoir pris un petit déjeuner copieux dans sa propre chambre, Gilles se retrouva tout comme Devon et Bernard, en costume dans une salle de tournage. Cette dernière était presque entièrement plongée dans une semi pénombre, hormis un coin où se tenait un impressionnant robot qui faisait bien 2 mètres 50 de haut ! Des caméras et des consoles techniques étaient dispersées un peu partout. Des techniciens étaient affairés aux 4 coins de la pièce.



Les 3 mutants retrouvèrent Nicole van Damme fumant une cigarette un peu à l'écart de l'activité bourdonnante. Helena et Ben prenaient un café au milieu des techniciens. Clive, quant à lui, était en grande discussion avec un jeune asiatique, non loin du robot...



Devon, l'air vraiment effondrée commenta simplement :

"Tout ça ne me dit rien qui vaille..."

Quant à Bernard, il ajouta fidèle à lui même :

"Mon père dit que quand tu as peur, il faut penser à toutes les fois où tu n'as pas eu peur et te servir de ton souvenir comme d'une arme... Mais mon père, des fois, il dit un peu n'importe quoi aussi..."

Visiblement, la découverte du robot n'enchantait pas les partenaires de Gilles.

Apercevant les Canadian WonderKids au grand complet, Clive leur fit signe d'approcher. Puis, il leur présenta son interlocuteur :

"Les enfants, je vous présente Hiro Sawada... Hiro, voici Gilles, Devon et Bernard... Hiro est l'opérateur de cette petite merveille de technologie !"

Clive désignait le robot.

Hiro, très souriant, très mielleux et maniéré salua les 3 adolescents d'un vague signe de tête avant d'ajouter :

"Appelez moi Arcade"

Tout avait été dit, ce qui désola Gilles au plus haut point. Il devait faire une croix sur la magnifique vu… de l’appartement bien sûr. Il se dirigea vers la porte de sortie, puis juste avant d’en franchir le seuil il se retourna vers Helena :

« Ah oui puis je voulais aussi te remercier pour m’avoir soutenu lors de l’entretien, je crois que j’aurais jamais eu le job sinon… et puis une dernière chose si cap’tain Canada était ici je suis sûr qu’il dirait quelque chose comme ça » Il prit une voix anormalement grave et moralisateur « La cigarette c’est mal vous voyez. Arrêtez pour votre bien et celui de vos voisins » il afficha ensuite un sourire digne de la pub diamant tooth, puis redevenant sérieux il rajouta « Mais bon encore heureux qu’il ne soit pas ici. Qui sait qui se cache derrière ce grand héros »

Il quitta la chambre tout en se tapant le front avec sa main gauche.

*Toi et ton humour…. Sérieux...*

~~~

Il était enfin dans l’envers du décor, lui qui passait tellement de temps devant son écran de télé, il était partageait entre fascination et peur. Tout ça mis en chantier pour lui…enfin pour cap’tain canada mais peu importe c’était tout simplement génial. Il fit ensuite écho à ses deux équipiers :

« Moi aussi je me disais que le robot ce serait craignos quand j’ai lu le scénario… mais je viens de changer d’avis ça va être top. »

Ils rejoignirent ensuite Clive qui leur présenta le responsable de cette merveille, Gilles prit rapidement la parole pour afficher son enthousiaste :

« Salut Arcade, moi c’est Martin Gilles. Il est vraiment énorme ce robot ! On dirait une version de modifié de la série Nova Chasser, vous savez la série qui se passe sur un satellite de Jupiter… enfin bref c’est le robot policier ou c’est un autre machine tueuse à démanteler ? »

Devon et Bernard se calmèrent quelque peu en sentant l'enthousiasme de leur collègue. La jeune fille se permit même d'esquisser quelque chose qui semblait s'approcher du sourire franc.

"Bon, on va bien voir... Si tu le dis, quoi !"

Quant à Arcade, il poussa un petit rire.

"Oui je vois de quoi vous parlez... J'aime beaucoup. J'aime beaucoup la science-fiction en général et les dessins animés, les gadgets, les jeux en tout genre... Je pense même que je conçois des machines pour réaliser mes fantasmes d'adolescent !"

Il se fourra une sucette dans la bouche et tout en la mâchonnant, le jeune homme répondit aux interrogations de Gilles.

"Si, si c'est le robot policier. Je le piloterai à distance. Il a été conçu pour punir les méchants tout en étant ami avec les gentils. Il est très fort ! Et oui, il est super cool... Martin sera votre ami les enfants ! Et il fera partie intégrante de la série... Pas fun tout ça ?"

Helena apercevant Gilles lui fit un grand signe de la main, avant de délaisser Ben pour rejoindre les Canadian WonderKids.

"Alors, vous êtes prêts ?"

Puis elle ajouta, d'une voix basse et douce à l'oreille de Cap'tain Canada :

"Et tu sais, je ne fume pas... Tu n'as qu'à regarder mes mains"

Elle montrait des mimines intactes de toute trace jaunâtre.

Clive, enfin, reprit la parole :

"Nous allons tourner un spot publicitaire visant à présenter la bande dessinée. Essentiellement, ce sera des prises de vue individuelles ou en groupe. Je vous demanderai de dire quelques mots, comme une phrase héroïque ou un gimmick de héros. Ce sera votre signature à chacun. Ca peut être : "Ca va chauffer !" ou "Jésus, donne moi la force !". A votre guise, tant que ce n'est ni choquant, ni dérangeant, ni négatif, ni blasphématoire... N'oublions pas qu'il faudra que le spot soit validé par la congrégation qui nous finance... Pour le clou du spectacle, je laisse la parole à Hiro..."

L'asiatique sortit de sa poche une télécommande. Il appuya sur quelques boutons et la machine fit un mouvement.

"Je piloterai Martin... C'est son sobriquet... Le but étant de réaliser avec lui une chorégraphie de mon pays pour montrer aux petits et aux grands qu'il est gentil et maniable et qu'il sait rire aussi"

Il appuya à nouveau sur un bouton et la sonorisation de la pièce cracha une drôle de musique.



Un technicien sur instructions de Clive venait de ramener une pancarte où figurait le schéma suivant :



Clive commenta :

"Ce sera la chorégraphie à réaliser. Des questions ? Ou vous réfléchissez à votre phrase choc tout de suite ?"

[hrp : YATA! J'étais complétement mort de rire à la lecture du message. Désoler pour la réponse tardive mais j'étais malade tout le week end.]


Arcade se révéla être un geek de premier ordre. Gilles aurait voulu tenir la conversation des heures durant malheureusement la présence de Clive lui rappela qu’il était ici pour fournir un travail et pas pour tailler la bavette. Mais avant que le directeur de projet expose les objectifs de la séance, Helena s’approcha du héros en rouge et blanc afin de lui démontrer à quel point son sens de l’observation était mauvais.

*Ah bah bien, tu t’es planté en beauté mon grand. Bon maintenant tu sais qu’elle fréquente une personne qui fume beaucoup…hum… ça te fais une belle jambe. Enfin c’est étrange qu’elle vienne se justifié ainsi. Ce que je pense de sa personne aurait-il de l’importance pour elle ?*

Pas le temps de s’excuser les événements s’enchainèrent très rapidement jusqu’au moment où Arcade fit jouer une chanson naivement entrainante à son robot. Tout ceci était servit avec une chorégraphie inventé pour tester le diction "le ridicule ne tue pas". Gilles n’osait imaginer ce que pouvait penser sa partenaire. Prenant son courage à deux mains il répondit à Clive :

« Non pas de question… pour la phrase j’ai pensé à : Je suis le bras de la justice ! Après il nous faut sans doute un cri de ralliement comme les équipe sportives… Des suggestions ? »

Demanda-t-il en se tournant vers ses deux coéquipiers.

[Pas de souci Et ravie que le Yatta ! plaise...]

Clive prit pendant quelques instants une pose pensive. Puis, il claqua des doigts et releva le menton :

"Formidable ! Le bras de la justice, c'est exactement ça. Positif, moralement acceptable, ça montre le dévouement de votre personnage à la cause du bien et en plus, il y a une petite référence biblique. J'adore"

Devon, visiblement à court d'inspiration, lança mollement :

"Ca va chauffer..."

Le chef de projet avança vers la jeune fille et lui dit :

"Ca vous va bien comme phrase... Mais il faudra la prononcer avec plus d'enthousiasme"

Enfin, Bernard, brailla alors que personne ne faisait attention à lui :

"JE SUIS LE ROI DU MONDE !"

Tout le monde se retourna pour observer le petit bonhomme. Puis, quelques ricanements apparurent de ci, de là... Finalement, Clive, amusé, commenta :

"Formidable. Quelle conviction ! On n'y croit pas un seul instant... Mais c'est tellement drôle et tellement bien amené... L'élément comique, nous l'avons !"

Bernard fit la moue, sentant bien que ses chances d'avoir un rôle héroïque dans cette aventure s'amenuisaient de seconde en seconde...

"Plus sérieusement, les enfants, nous allons entrer en tournage ! Comme phrase d'accroche, nous avions : "En avant les WonderKids, Jésus nous voilà !". C'est non négociable, la congrégation l'ayant stipulée contractuellement " lança Clive. A partir de là, des hordes de techniciens s'affairèrent. Les enfants passèrent au maquillage. Puis furent pris en photo sous toutes les coutures. Enfin, au bout de quelques heures la chorégraphie avec le robot fut réalisée. On pouvait juger cette expérience amusante ou pénible, selon l'étendue de son propre sens de l'humour. Quoiqu'il en fut, le tournage bouclé, Helena remercia chacun des participants par un tendre baiser posé sur la joue. Clive serra la main des Canadian WonderKids. Et même Nicole, tirant toujours fébrilement sur une cigarette, leur adressa un vague signe de la main. Les enfants purent rentrer chez leurs parents, attendant d'avoir d'autres nouvelles de leur employeur...



Trois semaines plus tard...

Gilles avait du courrier ! Outre un chèque que sa mère s'empressa d'aller ranger en lieu sur, il y avait un pass VIP pour accèder à un studio télé (une chaîne du cable) ainsi qu'un petit mot d'Helena. L'enveloppe du pli était parfumée. Le tout avait été apporté directement par un courtier au domicile des Martin : visiblement il y avait urgence.

Helena Graff a écrit:Cher Gilles,

En espérant que tu ailles bien et que tu penses un peu à moi, tu trouveras dans cette enveloppe en plus de ton premier réglement un pass pour une émission télé. L'enregistrement est prévu ce soir. Navrée des délais, mais je n'ai pu mieux faire. Appelle moi, où rejoins moi au bureau. Mille baisers. Helena.

La séance de tournage fut plus que comique, danser une chorégraphie si élaborer avec un robot de dernière génération il fallait y penser ! Le maquillage, le photo shoot, les caméras… de l’ombre à la lumière. Mais cette lueur commençait à aveugler le mutant, il ne fut pas mécontent de voir le bout de cette harassante journée. D’autant plus qu’entre miss râleuse et mister fan boy il fallait garder la tête froide. Après avoir salué les membres du staff, Gilles rentra chez lui épuiser mentalement. Il était pressé de raconter cette aventure avec le reste de la famille.

*Je suis sûr qu’Emmy va me vanner pendant longtemps avec cette histoire de robot dansant…mais il faut que je me renseigne sur cette institut, très louche comme établissement, enfin très controverser.*

~~~

Les semaines passèrent sans aucune nouvelle de la production. Gilles ne savait pas si le spot télé avait été déjà diffusé ou non. Aucune date officielle non plus pour le comics book. Il se demanda même si le projet n’était pas annulé. Les Wonder kids n’étaient pas assez bons ? La production avait des problèmes de distribution ou d’argent ? Doutes envolaient avec la réception du chèque et de l’invitation à un show télé.

*Tiens on va faire une promo durant cette émission ? Ou veut elle que l’on rencontre quelqu’un de particulier en coulisse ? *

Bref il en saurait bien plus en allant au bureau plutôt que d’attendre ici tout seul avec ses questions. Après une longue préparation dans la salle de bain, il fut amené au bureau de la société par sa mère. En quittant la voiture il ne manqua pas de rappeler :

« Ouai maman, t’oublie pas d’enregistrer hein ? Je pense que ce sera notre première apparition télé. Je t’appel dès que j’ai vu l’assistante de direction. Ok ? Allez à plus. »

Il se dirigea ensuite vers les locaux de PC Book.

Retournant au siège de l'éditeur, Gilles découvrit en entrant dans le hall de la société des affiches géantes de leur fine équipe.



Visiblement le projet n'avait pas été laissé à l'abandon !

La réceptionniste l'appela Monsieur puis le conduisit comme si Gilles avait été une star internationale jusqu'au bureau d'Helena.

La jeune femme était en train de compulser divers papiers avec un homme très souriant. Visiblement le ton de la conversation était amical sinon plus...



"Bon Helena, donc je laisse le baveux présenter son bouquin rasoir puis on lance la séquence du robot ? C'est ça ?"

La jeune femme s'arrêta nette en voyant la réceptionniste ainsi que Gilles entrer dans la pièce. L'agente d'accueil disparut discrètement pour reprendre son poste. Et Helena eut un large sourire.

"Ah te voilà, enfin ! Tu vas bien, après tout ce temps ?"

Elle marqua une pause, puis reprit :

"Je manque à tous mes devoirs... Gilles, je te présente Brian Horne... Le présentateur du Brian Horne show ! Brian, voici... Gilles alias Cap'tain Canada !"

L'homme visiblement fâché de ne plus être seul avec la jeune femme se contenta d'un vague signe de la tête.

Helena termina :

"Nous étions en train de parler de l'émission de ce soir... Comment, Brian allait débattre avec toi, le spécialiste des comic books et Maître Llewellyn avant que vous refassiez la danse du robot avec Devon et Bernard !"

Lorsque Gilles découvrit les affiches géantes un sourire illumina son visage. Un sentiment de fierté et de travail accompli l’envahissait. Pour un premier job, il avait frappé fort. Cependant le monsieur de la réceptionniste fut moins élégant à son oreille. Bien que respectueux, cette appellation lui fit prendre un coup de vieux, c’était inapproprié.

*Comme les femmes il devrait y avoir deux appellations, une plus jeune et cool que monsieur… brrrrr… ça fait froid dans le dos, c’est mon père qu’on appel comme ça…*

Il arriva ensuite dans le bureau d’Helena qui avait déjà un rendez-vous. Un homme que Gilles avait déjà vu. C’était un présentateur télé d’une émission du câble, précisément la chaîne dont notre Héros avait reçu le pass VIP. Il n’était pas difficile de deviner ce qu’il pouvait bien faire ici. Le mutant prit la parole lorsque l’éternel question de courtoisie retentit :

« Oui ça va. Je me demandais justement où en était le projet après tout ce temps… »

Les présentations furent froides avec Monsieur le show man. Le capt’ain répondant avec autant d’énergie que Brian. Puis le héros reprit avec Helena :

« Nous allons débattre ? De quels sujet ? Et qui est ce maître Llewellyn ? Je ne crois pas avoir déjà eu affaire à lui. C’est l’un des spécialistes de la question mutante ? D’ailleurs sur ce point j’espère que Ben a revu sa copie… »

Helena sourit doucement.

"Oh, le projet avance... Je crois que Ben a fini par rendre sa copie. Le premier numéro devrait sortir très prochainement. Et l'émission de ce soir est l'occasion d'en assurer la promotion... Tout simplement"

Brian souriait lui aussi. Mais bêtement. Et seulement quand l'assistante de direction parlait ou faisait mine de s'intéresser à lui. Un léger silence s'installa suite à l'intervention d'Helena. Le présentateur comprit que c'était à lui d'enchaîner.

"Euh... Oui. Nous allons débattre, jeune homme... De la place des mutants dans les médias, de votre illustré, de ce genre de choses... Le Président du Fan Club Mondial de Tom Bravoure sera également présent pour donner son avis sur vos aventures. A ce qu'Helena m'expliquait, il est le seul à l'heure d'aujourd'hui à avoir lu une version du numéro un. Sur la demande expresse de Ben Tucker, c'est cela Helena ?"

La jeune femme opina légèrement du menton, déclenchant un nouveau sourire stupide sur le visage de Brian Horne.

"Voilà... Au début, il était prévu que ce soit votre patronne qui réponde à mes questions... Mais, elle est souffrante, c'est ça ? Je n'ai pas très bien compris en fait..."

L'assistante se recoiffa ostensiblement avant de compléter.

"Oh... Elle a passé la majeure partie des derniers jours au lit... Enfin, vous comprenez, Brian... Des fois, il y a des choses qui passent avant le travail..."

Petit clin d'œil de connivence.

"... comme la santé, bien entendu"

Dénouant légèrement son nœud de cravate, Horne poursuivit :

"Bref, vous remplacerez Mademoiselle VanDamme, jeune homme. En face de vous, il y aura donc Dave McGrew, alias le plus gros fan de bédés. Et donc... Maître Llewellyn, l'avocat des procès mutants qui interviendra... En tant que spécialiste de la représentation des mutants dans la culture populaire. Enfin, c'est ce qu'il y a de marqué sur mes fiches. Mais ne vous en faites pas jeune homme, tout se passera bien !"

Brian attrapa un attaché-case et en sortit quelques fiches bristol qu'il remit à Gilles.

"Ce sont les questions que je poserai et les sujets qui seront traités. Il y aura un peu de public, dont une délégation de la congrégation locale qui vous finance. Je ne sais pas encore s'ils voudront prendre la parole"

Les fiches cartonnées étaient assez rassurantes et les sujets somme toute anodins : "Qui est le plus fort : Tom Bravoure ou Cap'tain Canada ?", "Les Canadian WonderKids prévoient ils une tournée dans les écoles ?", "Martin le robot va-t'il avoir droit à sa propre série ?", "La police et l'armée doivent elles acheter des robots Martin ? Et pour les citoyens lambdas ?...

Brian lança pendant que Gilles lisait :

"Vous voyez, pas de quoi vous inquiéter. Et puis, vous n'avez que des amis autour de la table. L'avocat et le fan, à ce que me disait Helena, sont acquis à votre projet"

Helena ajouta sur un ton chaleureux :

"Ne t'inquiètes pas Gilles... J'ai parlé à Ben, à Nicole et à Clive... assez longuement. Et, tu verras, Lloyd est très sympathique. Il dit des choses amusantes"

Coupant presque l'assistante, Horne demanda d'un ton pressant :

"Bon, si tout est OK, Gilles, on se voit ce soir, vous avec votre costume, moi et mon micro... Mais là, il faut que je... travaille avec Helena, vous comprenez ?"

Helena sourit à l'invitation du jeune mutant... Brian un peu moins. La proposition fut finalement refusée. Le travail passait avant tout ! Et le mutant fut gentiment congédié par quelques mots affectueux et un bisou sur la joue d'Helena.



Le soir venu, Gilles fut maquillé et habillé en loge : il était bien entendu en costume. Un assistant (Helena, bizarrement n'était pas là pour l'accueillir) lui donna quelques indications (regarder la caméra, parler bien dans le micro mais pas trop prêt quand même, être poli, rassurant, lisse et sans aspérité) et lui remit son micro. Puis, Cap'tain Canada découvrit le public. La salle était comble et vu la tête des personnes présentes, il y avait essentiellement des membres de la congrégation qui finançait l'opération.

Il reconnut également quelque part dans les gradins Nicole, toujours en train de fumer, et Ben Tucker, l'air maussade. Bernard et Devon étaient quant à eux, en costume, dans la coulisse, prêts à rejoindre Gilles pour la danse du robot.

Le mutant alla s'asseoir sur un des fauteuils du plateau. Une partie de ce dernier avait été aménagé en piste de danse et au centre de celle-ci se tenait le robot d'Arcade. En revanche, il n'y avait nulle trace de l'excentrique asiatique.

Deux hommes saluèrent rapidement Gilles d'un signe de main et s'installèrent à leur tour.

Il s'agissait d'un gros type tenant à la main une casquette de Tom Bravoure.



Et d'un type en costume cravate à l'air vaguement idiot.



Finalement la lumière disparut des rangs du public et un caméraman fit signe aux invités que l'émission allait commencer. Une petite musique façon jeu télé annonça l'arrivée de Brian Horne qui déboula sur le plateau en courant à petites foulées, un micro à la main.

"Bonsoir et bienvenue dans le Brian Horne Show !" beugla-t-il en saluant le public qui applaudit vigoureusement.

"Ce soir nous consacrons notre émission au phénomène mutant. A nos côtés trois experts : Dave McGrew, Président du Fan Club Mondial de Tom Bravoure !"

Il désignait le gros.

"Mais aussi, Maître Lloyd Llewellyn, spécialiste du droit des mutants qui viendra nous parler de son dernier livre !"

L'idiot souriant salua le public de la main.

"Et enfin, l'ami des petits et des grands, l'incroyable Cap'tain Canada !"

Une fois que les applaudissements cessèrent, Brian alla s'asseoir et posa sa première question :

"Messieurs, nous connaissons le phénomène mutant par les faits divers... En revanche, que pensez vous des Canadian WonderKids qui vont bientôt faire un tabac chez tous les bons revendeurs de journaux ?"

Dave McGrew répliqua du tac au tac :

"Ben écoutez, M'sieur Horne... Déjà je tiens à saluer tous les gens qui pensent qu'on ne peut arriver à rien en lisant des bédés... JE SUIS A LA TELE BANDE D'ABRUTIS !"

Il marqua une courte pause avant de reprendre.

"Hum, excusez moi... En fait les Canadian c'est comme du Tom Bravoure avec des pouvoirs en plus... Cap'ain Canada est un très bon héros. Et pis sa copine, celle qui fait du feu... Ben elle me plait beaucoup. En plus on a même l'ami idiot. C'est du grand art ! Mais ce que j'aime le plus c'est les méchants : j'admets que cet Institut Ravier est assez intriguant..."

L'avocat, quant à lui, se contenta de dire :

"Je n'ai pas lu cet illustré. Mais le spot télé était très bien fait. J'ai hâte de voir la danse du robot en vrai !"

Horne enchaîna :

"Merci... Et vous Cap'tain Canada, ça doit vous faire plaisir que l'on parle de vos aventures d'une telle façon ?"

L’invitation refusé, Gilles retourna à l’accueil pour demander à la réceptionniste de composé le numéro de sa mère. Une fois en mode haut parleur, il lui exposa les nouveaux éléments de sa rencontre avec Helena. Comme à l’accoutumé l’enthousiaste de sa mère ne fit aucun doute.

~~~

Ni une ni deux, notre apprenti super héro se retrouva lâcher dans l’arène. Enfin pas tant que ça, il en place, les salutations avaient été timide, tous attendait désormais l’arriver de…Brian.

*J’espère qu’il va glisser en directe devant nous… je me ferai un plaisir de partager l’enregistrement sur la toile…*

Malheureusement le présentateur n’avait pas eu l’âme d’un cascadeur. Gilles salua vivement le publique lors de son introduction. Dave McGrew prit ensuite la parole, le Cap’tain y apporta une grande écoute. Seul cet homme avait lu le premier épisode, toutes informations étaient bonnes à prendre. Le fan finit par parler des adversaires des WonderKids, le mutant allait savoir si ses doléances avaient été entendues. A sa grande stupeur aucun changement n’avait été apporté. L’institut Ravier était toujours là. Le visage de Gilles se figea, entre colère et surprise. Il essaya de retrouver Nicole dans les gradins, histoire de lui lancer un regard inquisiteur. Mais Brian ne lui laissa pas le temps. Le mutant mit quelques secondes à répondre, un petit silence assez gênant pour les participants du show.

« Oui bien sûr, il est toujours gratifiant d’entendre que nos efforts soient tant apprécier, surtout de la communauté des fans représenter par Monsieur McGrew. »

Gilles tentait de garder le plus grand calme, il avait décidé de ne pas faire d’esclandre mais comptait bien régler quelque compte une fois l’émission finit.

"Merci Cap'tain Canada. On peut le dire..." continua Brian Horne, un sourire ravi sur les lèvres, avant de s'arrêter quelques instants pour ménager son effet de scène.

"On peut le dire, vous êtes le gendre idéal dont rêvent pour leurs filles, les mères et les grands-mères de ce pays ! Regardez comme il est poli !" termina-t-il en faisant un clin d'œil de connivence au public.

Autant les membres de la congrégation se contentèrent d'applaudir gentiment, autant les autres personnes présentes hurlèrent leur joie d'être ici ! L'ambiance était bon enfant et, en dépit de son côté complétement ringard, Brian Horne savait communiquer avec le public.

Une fois la salve d'applaudissements finie, le présentateur reprit :

"Maître Llewellyn... Lloyd, vous qui vous y connaissez un peu. On le sait, malheureusement, tous les mutants ne sont pas comme Cap'tain Canada et ses amis. Certains peuvent être dangereux ! C'est d'ailleurs toute la morale du petit illustré de PC BOOKS... Que pensez vous que nous devons faire pour nous protéger de ça, en tant que citoyens et adultes responsables ?"

Lloyd sourit bêtement à la caméra, s'éclaircit la voix et répondit d'un ton pincé :

"Eh bien, Brian, c'est très simple. Moi, j'ai rien contre les mutants. D'ailleurs, ils me permettent de finir de payer ma piscine !"

Légers rires nerveux dans la salle. L'avocat avait fait un semi-bide avec sa blagounette.

"Mais ce que je sais, c'est qu'ils ne peuvent être égaux en droits à nous. En dignité, oui. Mais pas en droits"

Le présentateur sourit puis répliqua :

"Vous voulez dire qu'il leur faut d'autres lois ? Vous ne pensez pas que c'est un peu discriminatoire ?"

Faisant mine de réfléchir, l'avocat poursuivit :

"Bien entendu ! Et non, ce n'est pas discriminatoire. La loi peut opérer des distinctions pour traiter des situations différentes... C'est presque un passage obligé. Et un mutant qui peut réduire en miettes un immeuble comme s'il s'agissait d'une vulgaire biscotte doit avoir plus d'obligations que les autres citoyens ! Et être soumis à des lois et des procédures spéciales... Mais, il n'y a pas que le droit qui doit évoluer, il faut aussi que l'on se dote des moyens nécessaires à son application"

Brian fit un pas de côté, visiblement satisfait de la transition.

"Et nous en arrivons donc à Martin ! Le gentil roboflic de chez Future Cope ! Qui, nous l'espérons tous, sera bientôt dans les rues pour faire régner l'ordre et la loi, dans la joie et la bonne humeur !"

Il désignait d'un large signe de la main la machine.

"La preuve en images ! La preuve en images !" cria Brian à l'attention du public qui reprit le slogan en coeur. "Voici venu le moment tant attendu du numéro de danse !"

Standing ovation pour le présentateur alors que la musique traditionnelle du pays d'Arcade commençait à résonner sur le plateau.

Devon et Brian montèrent sur scène, sous un tonnerre d'encouragements. Ils s'alignèrent aux côtés de Cap'tain Canada qui avait du se relever : un assistant était en train de dégager son fauteuil pour créer de la place. Rapidement les Canadian WonderKids furent rejoints par Dave McGrew et l'avocat. Ce dernier commenta sobrement dans son micro :

"Mon premier Yatta. Je suis tout ému !"

La chorégraphie commença sans heurt. Le public était en délire. Et le robot était parfaitement synchrone avec le reste des danseurs. Quand soudain...



La musique insouciante et pourtant si entraînante laissa place à une autre bande sonore... Visiblement non prévue au programme, en témoignaient les mines déconfites des assistants, de Brian et de Nicole. Le robot s'arrêta de danser. Et une voix mécanique provenant du fond de sa carcasse lança :

"Satan est parmi nous. Gloire à Satan. Chaos et destruction sur la planète"

Un cliquetis sourd se fit entendre. Et avant que qui que ce soit ne puisse réagir, la machine cracha un double déluge de plomb sur le public...

La premier passage des canons mitrailleurs sur le public fit de lourdes pertes parmi les membres de la congrégation religieuse : un grand nombre d'entre eux furent instantanément tués. Et c'était sans compter les blessés ! Le mouvement de panique fut presque immédiat, chacun cherchant à fuir ou à se réfugier sous son siège. Nicole fila à l'anglaise, ses talons à la main... laissant derrière elle un Ben Tucker, tirant une tête incroyable.

Sur scène la situation n'était guère meilleure : Dave McGrew tentait de cacher sa grosse carcasse derrière un rideau. L'avocat se jeta dans les bras de Brian Horne en le suppliant de l'épargner et le présentateur, quant à lui, criait à des techniciens, qui avaient pourtant abandonné leur poste, de couper les caméras.

Bizarrement les "coéquipiers" de Gilles faisaient moins peine. S'ils n'avaient pas l'air rassuré, ils prenaient à cœur leur rôle de super-héros du jour. Sans un mot, sans une plainte, sans hésitation, Bernard se jeta au sol et, tendant le bras en direction du robot, plissa les yeux en signe d'une intense concentration : un des deux canons commença à plier et, une fois que le passage des balles fut gêné, il explosa. Le robot "comprit" qu'il subissait une attaque : il abandonna sa cible prioritaire et entreprit de pivoter en direction des Canadian. Devon lui balança une flamme, somme toute ridicule, en plein dans la "tête". La jeune fille commenta en se mordant les lèvres.

"Pardon... Je crois que je suis pas à la hauteur"

Elle pleurait de peur et de rage contre elle-même.

Enfin, se saisissant d'un pan de mur du décor, Gilles le lança à la tête du robot qui parut encaisser le choc... Néanmoins, des étincelles jaillirent de celui-ci. Et son bras mécanique valide commença à remuer en tout sens, sans pour autant tirer la moindre balle. En revanche, ses pieds bougeaient toujours, il s'approcha donc de Gilles à grands pas. Il n'était plus qu'à un demi mètre du jeune garçon quand la machine lança :

"Erreur Système. Programme d'action violé. Entrée invalide. Rappel des règles système"

Tentant d'avancer le pied une fois de plus, le robot le reposa finalement.

"Règle numéro 1 / Tuer les personnes dans les gradins et tuer tout individu qui empêcherait le respect de la règle numéro 1. Règle numéro 2 / Ne pas agir contre Mutant Gilles Martin. Règle numéro 1 / entravée par individu identifié comme Mutant Gilles Martin. Engagement Règle numéro 1 in fine... Règle numéro 2 en contradiction Règle numéro 1. Règle numéro 1 violée par Règle numéro 2. Règle numéro 2 violée par Règle numéro 1. Demande rappel des priorités..."

Le robot luttait mentalement pour trouver une solution.

"Priorité 1 / Tuer les personnes dans les gradins et toute personne s'opposant à priorité 1. Priorité 1 bis / Ne pas agir contre Mutant Gilles Martin. Priorité 1 code priorité absolue. Priorité 1 bis code priorité absolue. Demande arbitrage à distance..."

Pendant quelques instants, toute l'action, tous les regards furent focalisés sur le trio de super-héros en herbe. Ce qui n'était auparavant qu'une équipe de circonstance, créée pour les besoins de la cause, pour faire rire les enfants et sourire les parents, fonctionnait en parfaite synergie.

Devon avait séché ses larmes et bombardait le monstre mécanique de petites flammes, comme autant de coups d'épingles. Bernard s'occupait, au bord de l'évanouissement, du second canon qui se plia dans un grand bruit. Et Gilles martela frénétiquement les membres inférieurs du robot.

Celui-ci continuait de débiter à l'infini son dilemme robotique. Insoluble et absurde. La solution demeurera inconnue à tout jamais : le dernier coup porté, dernier d'une (très) longue série fit vaciller une dernière fois, puis basculer en avant la machine. Gilles eut tout juste le temps de se reculer pour éviter d'être écrasé. La voix mécanique s'arrêta nette. Et seule la musique continua à perturber l'atmosphère du studio cimetière...

Devon s'effondra au sol, Bernard à ses côtés pour la consoler d'un bras amical. L'andouille télékinésiste gratifia Gilles d'un sourire, empreint de reconnaissance.

Sur le plateau, tout le monde s'octroya un court instant pour se calmer. Calmer son pouls. Calmer ses larmes. Cacher les tâches humides sur son pantalon, à l'instar de Maître Llewellyn. Puis ce fut... L'horreur à nouveau ! Des cris, des pleurs, les hurlements des blessés, Brian Horne appelant les secours sur son cellulaire... Et Nicole, toujours introuvable. Et Sawada que personne n'avait vu depuis si longtemps...

Et Helena, mystérieuse Helena, également aux abonnées absentes.

Un homme en habit de prêtre s'approcha de Gilles. Assez âgé, il regarda le jeune homme et lui dit de sa voix la plus douce :

"Merci... Merci de nous avoir sauvés..."

Puis il hurla, à l'attention de Dieu seul savait qui :

"C'est fini ! Nous révoquerons à la première heure les responsables de cette horreur grâce à nos actions dans la société ! Notre argent ne peut servir à financer de telles abominations ! Le sang a coulé en raison d'une publicité malsaine pour des machines dangereuses ! La famille Van Damme ne peut diriger PC BOOKS ! Tout son personnel devra être licencié ! Nous ne garderons que les anciens de la société et nous publierons les Canadian de la manière la plus saine : un livre pour les enfants, sans haine, sans violence, qui prône la paix et l'amour entre les espèces ! Et pas l'apologie de machines de mort !"

Il était en fureur. Et c'est sur le même ton qu'il termina :

"Et que cette assistante soit maudite ! Elle qui nous a fait des pieds et des mains pour qu'on assiste à cet enregistrement et que l'on y meurt ! Qui a congédié des gens dans le public pour que nous voyons ceci ! Qu'elle soit maudite, cette diablesse, tentatrice et pécheresse !"

Même le chaos finit par se régulariser à un moment ou à un autre... Rapidement les secours arrivèrent sur place et commencèrent leur difficile travail : soigner les blessés, soulager les souffrants, assister les traumatisés, évacuer les corps...

Certains membres de la congrégation qui avaient eu la chance de s'en tirer indemnes allèrent remercier chaleureusement Gilles, lui promettant et lui souhaitant tout le bonheur du monde.

Rapidement, les forces de police débarquèrent sur les lieux pour interroger un peu tout le monde. Ce fut à l'extérieur que la déposition des Canadian fut prise. Les forces de l'ordre furent plutôt sympas avec Gilles : on le remercia une fois de plus et on ne fit aucun commentaire quant à sa différence génétique. Un fonctionnaire de police lui demanda même un autographe pour ses enfants !

Finalement, les parents de Gilles vinrent récupérer leur enfant et le ramenèrent à la maison, se jurant bien de ne plus le laisser participer à ce genre d'activité !

Quelques signes de la main, quelques paroles banales et c'en fut terminé des Canadian WonderKids...



La vie repris son cours chez les Martin. Un mois s'était écoulé depuis les évènements et Gilles n'avait eu que très peu de nouvelles de qui que ce soit : tout juste un bref appel de Bernard qui est en pleine psychothérapie familiale et une carte de Devon qui lui communique par la même occasion son numéro de portable... Le numéro 1 de leurs aventures était tout de même sorti : mais il y avait des chances que ce soit le seul à voir le jour...

Une matinée, comme celle qui avait vu l'aventure Canadian WonderKids débuter chez les Martin, la mère de Gilles lui remit une enveloppe.

Celle-ci provenait de Washington. L'adresse de Gilles avait été portée à la main. Une écriture de femme.

Ouvrant l'enveloppe, Gilles découvrit le texte suivant :

Cher Gilles,

Navrée de ne pas t'avoir donné de nouvelles plus tôt mais j'étais en repos à Washington chez mon amie Laurie. Et puis... Il est difficile de parler des événements de l'autre soir. C'est un miracle que j'ai été clouée au lit ce soir là ! En tout cas, on m'a raconté que tu avais géré comme un chef la situation : je suis très fière de toi. Protéger la vie humaine en toute circonstance est un très bel objectif et la société avait bien fait de te choisir pour incarner ses belles valeurs.

C'est un peu aussi pour cette raison que j'ai presque mauvaise conscience d'avoir... Disparu. Quoi qu'il en soit pour les nouvelles de la compagnie, elles ne sont guère réjouissantes : nous avons été tous licenciés par les associés majoritaires, à savoir la congrégation. Nicole soigne sa dépression quelque part au soleil. Et Sawada est activement recherché par la police : visiblement c'était lui qui était aux manettes ce soir là. Mais, moi ça va. Je suis toujours attachée au service de la famille Van Damme et je vais être réaffectée quelque part dans l'une de leur structure. Mais bref, je ne suis pas là pour parler de moi...

Reste du côté des bons : après tout, vous n'êtes pas si nombreux que ça et le côté obscur où la fin fait oublier les moyens est souvent tentant. J'ai été ravie de te cotoyer dans le cadre de ce projet : au fond, tu étais le seul, je pense, à bien m'aimer pour qui j'étais réellement. Avec toi, j'étais naturelle. Ce qui n'était pas réellement le cas de Nicole, Sawada, Brian Horne ou les membres de la congrégation... Mais bref.

J'ai entendu parler d'une école qui pourrait t'intéresser : cet Institut Karl Ravier n'était en fait qu'une vile allusion à l'Institut Charles Xavier que tu avais, bien entendu, repéré ce matin là, dans ma chambre. Je pense que tu t'y plairas. C'est tout du moins mon avis. Tu devrais essayer d'y aller... Après tout, qui ne tente rien n'a rien !

Mène une vie heureuse. Et qui sait ? Peut être à un de ces jours...

Amicalement,
HG

La mère de Gilles dévisagea son fils pendant tout le temps qu'il prit pour lire le courrier. Quand il reposa la lettre, elle lui demanda tout simplement s'il allait bien.

Gilles était étonné de recevoir autant de remerciement. A vrai dire c’était plus des actes de conservation que des actes héroïques. Mais après tout il était inutile que la police connaisse la vérité, n’est-ce pas ?

Une fois la déposition finie, le mutant ne cacha pas sa joie à la vu de ses parents. Il n’avait plus qu’une chose en tête rentré et partir loin de ce désastre.

~~~

Un mois plus tard, Gilles était retourné à son point de départ. Un immobilise et un ennui digne de la série des jours et des vies… une lettre mit fin à ce tourment. Un mot d’Helena riche en informations, notamment concernant l’incident et ses conséquences. Elle le félicitait de suivre la bonne voie, les valeurs saines…

*Ouai je suis un vrai boy scout… oh joie…*

La fin allait effacer ses idées noires et laisser place à un large sourire. Il avait hésité à en parler à la suite de ses aventures, ce n’était pas le moment de dire à sa mère « tiens et si je vous quittai pour rejoindre une école rempli de jeune aussi dangereux qu’un robot tueur ». Mais là c’était un signe, le coup d’envoi.

« Oui ça va maman, mais il est temps que je te parle d’un projet. »

Il la fixa puis prit un ton calme et posé afin de mettre toutes les chances de son côté.

« J’ai découvert qu’il existe une école, un institut aux USA, construit pour accueillir les jeunes mutants, comme moi. »

Il se leva et s’avança vers elle.

« Il faut bien l’avouer mon pouvoir en pire et à part eux je ne vois pas qui peut m’aider à le contrôler. Franchement réfléchis-y avec papa et ne t’inquiète pas je te donnerai des nouvelles toutes les semaines. »

Conclut-il avec un clin d’œil.

Madame et Monsieur Martin acceptèrent plutôt bien l'idée : en fait, s'ils n'appréciaient pas plus que ça l'idée que leur grand garçon quitte le toit familial, penser que celui-ci resterait ad vitam eternam consigné à la maison en raison de ses pouvoirs leur déplaisait franchement.

Le principe du départ fut rapidement acté. Après une dernière semaine en famille, Gilles quitta Toronto, armé de sa valise et d'un peu de l'argent familial, destiné à couvrir ses menues dépenses...

[Et ce post marque la fin de ta phase courtier. (Re)lis les différentes règles, après tout, ça sert toujours ! Sinon, tu peux poster dans ce sujet. Lis bien les posts avant le tien et tu peux également rajouter 2 points à ton barême. Excellente continuation]