Chambre de Jeremiah et Jason

Jason avait une double difficulté à surmonter: non seulement il était un garçon, mais en plus il aimait les garçons... Ce devait être du masochisme... Et compte tenu des révélations qu'il était en train de faire, il ne s'en tirait pas si bien qu'il l'aurait voulu. Une fois de plus, Jade avait dit la parole de trop et mettait quelqu'un dans l'embarras. Mais visiblement, le jeune homme avait ces choses enfouies en lui sans en avoir beaucoup parlé depuis un bon moment...

"Oh, mon Jason!" Dit-elle avec une moue triste. Associant les gestes à la parole, elle se mit à genoux sur le lit et tendit les bras pour en faire le tour de ses épaules, et posa sa tête sur celle de l'OryX en lui caressant doucement les cheveux. "Ca a du vraiment être dur..."

Réplique somme toute assez idiote, puisque c'était l'évidence même. Mais Jade ne savait pas quoi ajouter de plus pour lui montrer sa compassion. Elle s'écarta un peu du jeune homme après un baiser sur le crane et le regarda dans les yeux, continuant de passer sa main dans ses cheveux.

"Tu sais, dans ma famille biologique, tout le monde me hait. Et la seule qui croyait en moi, est décédée l'année dernière dans un bête accident de voiture... J'étais retourné en France, pour elle, parce que je voulais montrer l'importance qu'elle avait pour moi. Mais tout ce que j'ai récolté, c'est que ma mère à refuser que je revienne ici, j'ai été presque séquestrée pendant quelques jours alors que mes parents ont réussi, à force de me le répéter, à me faire croire que c'était moi qui l'avait tuée..." Les souvenirs remontaient, et sa voix tressautait légèrement. "... Que c'était ma faute parce que j'étais mutante, et même si pendant son accident j'étais ici et que concrètement je n'avais rien à voir là dedans... Enfin bref, j'y ai cru, j'y ai vraiment cru, que je l'avais tuée et..." Elle prit une inspiration, pour reprendre le contrôle de ses émotions. "... Et tout ca pour dire que... Je pense que beaucoup d'entre nous ont perdu une partie de leur vie en même temps qu'ils acceptaient leur mutation et leurs différences, mais... se reconstruire, ici, est probablement la plus belle chance qui nous ait été donnée... Et je suis vraiment heureuse d'avoir trouvé autant de solidarité et d'amour ici."

Elle posa à nouveau sa tête sur celle de Jason en le serrant dans ses bras. Elle sanglotait légèrement.

"Et c'est pour ca que j'aime tout le monde ici, que je vous aime, vous, parce que vous êtes ma vraie famille, comme mes frères et mes sœurs..." Elle pointa Jeremiah du doigt "Oui! Même toi, là" et sanglota une nouvelle fois avant de reprendre. "Et je veux que vous soyez bien et heureux, et Jason si t'as besoin de parler ou de taper quelqu'un, je serais toujours là..."

Fin du sanglot que l'intensité du moment et l'envie à son tour de s'ouvrir, avait provoqué. Elle s'éloigna à nouveau et offrit un sourire généreux. Elle se repositionna sur le lit et ses yeux recroisèrent le regard de Jeremiah, assit à coté. Elle le regarda en clignant des yeux.

"Toi je t'interdis de me taper par contre!" On ne sait jamais... Elle venait de lui offrir une épée et une hache... "Mais si un jour tu te reconnecte à la réalité et que t'as besoin de parler, je serais la aussi!"

Essuyant une larme qu'elle n'avait pas sentit venir, elle expira un bon coup. Les images de la journée défilèrent dans sa tête... Halloween... Allait-elle devoir barrer cette journée dans la liste de ses favorites? D'autant qu'elel avait elle-même fait pas mal de bêtises...

"Kalalli..." Dit-elle en un souffle. "J'ai été affreuse avec lui... Il faudra absolument que j'aille m'excuser... Et Lucas..." Elle regarda Jeremiah, qui avait connu l'introduction de l'histoire sans assister aux péripéties de la cuisine. "Je crois qu'il mérite bien qu'on en discute, quand même..."

C’était étrange. Il savait, depuis qu’il avait quitté son sol natal, que tout avait changé. Qu’il avait laissé son ancien moi se débrouiller sans lui. Mais la, ce soir, il se rendait compte que sa nouvelle famille c’était ici. Et, bien que cela lui fasse chaud au cœur, cela l’angoissait aussi au plus haut point. Cette sorte de sentiment d’être en vase clos, entre mutants. Et que se passerait-il après ? Même si ils gardaient tous contact ? Il n’y a pas si longtemps, il en avait parlé à Charles et Arthur.

« Merci… merci à tous les deux… Je me projette un peu trop, je sais... Mais je me demande ce qu’on deviendra, plus tard. J’veux dire.. ; chepa…. On est tous plus ou moins en train de dire que notre nouvelle famille c’est ici et.. j’veux dire… on va garder contact, et tout mais… on restera pas la indéfiniment… C’est de voir tous ces départs qui m’ont fait penser à ça… Et au fait qu’on reste « entre mutants »…
IL marqua une pause, fixant ses camarades.

"J’veux dire, je suis ok avec le fait d’apprendre à se contrôler, s’améliorer, utiliser nos talents… Mais se séparer du reste de l’humanité ? Même des blaireaux comme ceux d’en bas ?... ».

Il écouta Jade vider son sac à son tour, et lui rendit son étreinte.
« kalali en avait gros sur la patate tout à l’heure. J’étais avec lui. Si tu veux on va le voir ? a moins que tu veuilles être seule avec lui ?. Je lui ai dit que je lui raconterai pourquoi je déteste haloween, mais le dire deux fois de suite, je sais pas… je ne suis pas sur de supporter… »
Il trifouillait les draps, mordillait sa lèvre, bref, jouait un peu au miah de service, pour le coup…

Il leur raconta, sur un ton plutôt neutre, son projet de théatre / cinéma qu'il avait évoqué sur l'herbe il n'y as pas si longtemps avec rachel, arthur, ken, charles, dereck... "chepa... ça me parrait essentiel de créer un lien entre nous et... les autres... de pas vivre en vase clos comme ça, et de montrer qu'on peut servir à autre chose que détruire ou .. faire peur"

"Oui, je me suis déjà posé la question, l'après Institut... Pour le moment, la communauté qu'on forme ne me dérange pas du tout, mais j'ai bon espoir qu'avec ce qu'on accompli ici, on pourra un jour vivre où on veut, comme on le veut."

L'Institut faisait de bonnes choses pour tous les mutants de la terre, mais s'il ne devait pas rester qu'une transition, alors cela signifierait que sa mission et son but n'étaient pas accomplis. Aussi, il était important que chaque personne qui y passait, prépare son avenir dans l'état d'esprit qui convenait.

"Pas facile de se construire dans cet environnement. L'Institut est un peu comme... heu... une école quoi..." Des fois, on avait tendance à l'oublier... "Donc je pense que tout le monde a compris les enjeux. On se bat, certes, mais dans le but de vivre tranquilles. Tu vois, en fait, on se sépare pas tellement de l'humanité, puisqu'ils viennent lancer des trucs dans le jardin... Ici, c'est un peu différent de Génosha, par exemple, ici, on est... mêlés aux gens. Après tout, on peut, si on le veut, mais on a un endroit pour se replier, et être vraiment en paix."

Elle regarda la fenêtre d'un air rêveur.

"J'en ai peut être pas l'air, mais, dans le fond, je suis quelqu'un de très posée. C'est bête, mais, je m'imaginais déjà fonder une famille avec celui que j'aime... à la folie. Et pour des bêtises, on est en train de tout gâcher..." Elle soupira, se demandant si ces derniers mois avaient été une perte de temps, et ces dernières heures, un retour à la case départ... Puis se retournant vers Jason: "Donc, ne sois pas triste. Avec ce qu'on fait ici, on construit notre avenir, et tu l'as bien mérité, toi aussi."

Elle lui sourit, avant de se tourner vers Jeremiah.

"Toi un peu moins, parce que t'as pas voulu mettre mon slip moumoutte!" Elle lui sourit cependant, lui signifiant, au cas où il ne l'aurait pas compris, que c'était une boutade.

Puis retournant vers Jason qui exposait ses projets futurs.

"Tu vois, tu as des projets! Il ne tient qu'à toi de les réaliser! Tiens d'ailleurs, Charles et Arthur, ils ne sont pas à l'Institut, j'ai jamais tout compris à leur espèce de secte, là, mais ils vivent de manière un peu similaire à la notre. D'après ce que je sais, rien ne les oblige à rester toute leur vie chez Ganymède, mais ils ont un point d'attache pour ne pas perdre pied et organiser leur vie. C'est tout ce que tu as à faire, tout en participant à la construction d'un monde meilleur. Tu sais quand les gens se rendront compte que, à mon avis, la moitié des célébrités qu'ils admirent sont mutants, ils devront bien finir pas accepter qu'on fait aussi de bonnes choses."

Jason avait croisé Kalalli apparemment, il devait être dans sa chambre. Jade allait devoir elle aussi réparer ses erreurs pour un monde meilleur... Elle fit un dernier câlin à Jason et se leva du lit pour se diriger vers la porte de la chambre.

"Il vaut mieux que j'y aille seule dans un premier temps. Je ne sais pas comment il va réagir... Rejoignez moi un peu plus tard si vous voulez, on pourra peut être faire un truc ensemble!" Elle ouvrit la porte. *Si je traumatise pas plus Kalalli qu'il ne l'est...*

Elle baisa sa main et souffla dessus en direction de Jeremiah, il n'aimait pas les contacts, mais n'échapperait pas au bisou!

Chambre de Kalalli et Billy

La conversation allait bon train entre les deux amis et au bout du lit de son colocataire, Jeremiah se sentait aussi à l'aise qu'un poulpe loin de son rocher marin natal. Ça parlait moments difficiles, nouvelle famille et avenir, ça échangeait câlins et réconfort. Au secours. Laissez moi sortir d'ici c'est tout gluant ! Mine de rien tout en tripotant le col de son tee-shirt, le geek regardait ailleurs. Heureusement, personne ne lui demanda d'y aller de son petit commentaire. Il aurait bien du mal de toute façon. Il n'avait pas eu de moments difficiles puisqu'il s'était contenté de se terrer dans sa caverne. Il n'avait pas eu de soucis de famille parce que ses parents le croyaient devenu brusquement un adulte qui prend sa vie en main en commençant des études. Autrement dit, il ne leur avait jamais parlé de sa condition mutante. Ils discutaient tellement peu de toute façon. Et jamais, au grand jamais, Jeremiah n'avait envisagé un futur ailleurs qu'à l'Institut. Il était conscient que, comme le disait Jade, l'endroit était une école, et donc forcément un lieu de passage. Il suffisait de voir les allers et venus des élèves pour s'en rendre compte. Mais il n'avait aucun projet pour l'avenir et se contentait d'assumer le présent, ce qui était déjà pas mal compliqué quand on partait sauver le monde tous les quatre matins.

Le sujet repartant sur les projets artistiques de Jason, le X-Rays recommença à respirer, adressant même un vague sourire à son ami avant de tirer la langue à Jade qui lui reparlait de slip en moumoute. Toujours aussi vive, la jeune fille ne resta pas longtemps en place et alors qu'elle disparaissait, le geek se leva aussi du lit pour retourner se tapir dans son fauteuil. Quand le chat sauvage retrouve son territoire, il se sent tout de suite mieux ._..

"Tu sais, si t'as besoin d'un coup de main... Conclut-il maladroitement, conscient qu'il n'avait pas beaucoup aidé jusque là, enfin... pour ton projet ou pour quoique ce soit. Si je peux. Enfin, chuis là quoi. Oué enfin... Bref... C'est pas comme si t'aurais beaucoup de mal à me trouver de toute façon. Enfin heu... Oh puis merde, tu me gaves !"

Avec un geste d'agacement plutôt adressé à lui-même et son incapacité à communiquer qu'à Jason, Jeremiah se détourna, retrouvant Conan sur son écran. Enfin un dans cette piaule qui n'avait pas d'état d'âme compliqué à gérer. Il avait toujours dit que le Salut viendrait de son barbare.

Cuisine

(Toujours sous forme astrale)

Derek se trouvait dans le couloir des chambres des gars. Il se frotta les mains, satisfait de son plan, mais ceux-ci passèrent l’une au travers de l’autre. Il soupira mentalement et s’avança lentement de chambre en chambre en regardant sous les portes voir s’il y avait de la lumière. Cette fois, pas question de déranger quelqu’un. Trouvant l’objet de son désir, soit une porte fermée et aucune lumière visible, il s’engouffra dans la chambre.

Il faisait terriblement noir. Il n’avait donc pas de vision nocturne …raaahh. S’aurait été vraiment sympathique. Étant intangible il s’avança sans craindre de se cogner le petit orteil contre le coin d’un meuble ou autre et il s’assoie à même le sol. Plus qu’à patienter.

*Pourquoi? J’attends ici comme un con qu’on ne me trouve pas… c’est nul comme idée! Bah disons 15 minutes et puis paff dans le salon en chair et en os. La victoire sera alors à moi muahahaha*.

Foyer

- wah... WAH !

* De... RECK ! *

Edouard marche doucement dans le couloir des chambres des garçons... il était certain que Derek s'y trouvait. Il avance doucement... pousse sa porte de chambre et observe : Personne.

Il pousse la porte de la chambre de Derek... personne non plus.

Il s'arrête, ferme les yeux encore une fois et hume l'air par réflexe. Sans trop comprendre pourquoi... ses yeux s'arrêtent sur une porte. Il entre. Ses yeux s'ajustent à la noirceur, mais pas entièrement.

- Warf !
* Gagné !*

Sa vision n'était malheureusement pas revenue entièrement... et dans la foulée, il frappe son genou sur un lit. Hurlant de douleur, il sautille sur place et fini par accrocher quelque chose qui tombe par terre dans un fracas puissant. La peur le transforme et le ramène à son état normal.

- Merde... c'était quoi ça...

Il avance vers l'interrupteur... le lève avec crainte, et est frappé en plein visage parce ce qui s'est passé.

- Oh merde...

Ses yeux se lève vers Derek, il avait aperçu lui aussi l'ordinateur de Miah... en morceaux... par terre.

- Là on est dans la merde...

*Qu’est-ce que…*

Le bruit étrange qu’il venait d’entendre signifiait que la rigolade était probablement terminer. Il se lève tandis qu’Edouard sous forme humaine allume la lumière, permettant à Derek de voir le gâchis… non, l’horreur, qui gisait maintenant sans vie par terre. Lentement, Derek relève la tête vers son comparse et disparait, regagnant son corps en vitesse. Oui, la rigolade est terminée.

Dans le salon, un peu groggy par la douleur à l’épaule, Ghost se relève péniblement. C’était vraiment plus plaisant de se promener en projection astrale. Rapidement, il rejoint Edouard qui contemplait encore les dégâts qu’ils venaient de causer.

« Dans la merde tu dis… il va se transformer en Conan l’enragé pour nous trucider de sa hache. Tu veux vérifier dans le placard qu’il n’en a pas une de planqué ??? »

Derek se penche et constate les dégâts de plus près, tentant de rafistoler le tout.

« C’est une perte total. J’espère qu’il avait un back-up…. »

Derek se relève et regarde Animus, sérieux.

« Il faut que t’aille le voir pour lui expliquer, t’excuser. Dit lui qu’on lui offre de le rembourser pour les réparations et un an d’abonnement à son jeu. On s’arrangera pour trouver le fric après. »

Dans quel pétrin s’étaient-ils encore fourrés. Une rigolade qui se termine vraiment en cauchemar. Il allait devoir bosser temps double pour pouvoir amassé tous les fonds requis. Miah ne devait pas rouler sur une bécane âgée. Il devait avoir tout les derniers bidules graphique et de mémoire dernier cri pour faire rouler son jeu. Par soutient envers son compagnon, il lui donne un tape dans le dos, content que ce ne soit pas lui le coupable directement.

Retour d'une bonne séquence de sport, les muscles bien gonflés, une bonne douche chaude par dessus ça, un peu se pomponner, un peu se coiffer, un peu se parfumer, mettre quelques beaux habits.

Next step : aller voir Jason. Les choses n'étaient pas simples pour son bel irlandais depuis que son nouveau pouvoir lui était tombé sur la tête. Certes, ça allait un peu mieux, depuis quelques temps. Mais il y avait encore de temps à autres des petits accidents. Parfois aux moments les plus incongrus. Et Luther savait très bien à quel point Jason détestait l'idée de ne pas avoir un grand contrôle de lui-même. À la réflexion, il détestait peut-être encore plus que cela se sache, d'ailleurs.

En tout cas, ce qui était sûr -il y avait plutôt intérêt, de toutes façons- c'est que la présence du Québecois blond était absolument indispensable en tout instant auprès de Jason. Pour le coup, il avait cassé sa tirelire, et lui avait acheté un petit cadeau à essayer à deux, et c'est donc d'un pas guilleret qu'il s'avança dans le couloir en direction de la chambre de son bien-aimé. La porte était étrangement ouverte...

D'une main psychique, il clencha à la porte avant d'entrer.

"Jason ? T'es-tu là ?"

Il avisa alors Derek et Edouard, ainsi que le petit accident d'Edouard sur le plancher. Fallait-il lui mettre le nez dedans ?

"C'est quoi c't'affaire là ? Qu'est-ce que vous faites-tu là, vous autres ?", demanda-t-il d'un ton contrarié plus par l'absence de Jason que la présence de ses deux coéquipiers.

Edouard fixe le sol, l'air incrédule. Il regardait avec dégoûts les reste de l'ordinateur par terre. Comment un appareil pouvait se diviser en autant de morceaux. Il regarda un peu plus attentivement, sans oser toucher les pièces, et remarqua que de toute façon, c'était peine perdue, personne n'en tirerait rien.

- Ahhh... fuuuuck...

Il regarde par dessus son épaule et se demande un instant s'il pourrait quitter les lieux sans que personne ne s'en rende compte. Non... c'était pas juste. Et si ça se trouvait il y avait un de ses poils quelque part par terre, impossible de s'en tirer !

De toute façon Derek était de retour et il était de son deuxième avis : Il faut lui dire.

« Il faut que t’aille le voir pour lui expliquer, t’excuser. Dit lui qu’on lui offre de le rembourser pour les réparations et un an d’abonnement à son jeu. On s’arrangera pour trouver le fric après. »

- Ouais, ça va être hyper facile à dire ! "Ehhh Miah... écoute vieux j'ai détruit ce que tu chérit le plus au monde, tu m'en veux pas ? Non, merci à la prochaine mec !

Il croise les bras et fronce les sourcils.

"C'est quoi c't'affaire là ? Qu'est-ce que vous faites-tu là, vous autres ?"

- Ben ça, c'est un restant d'ordinateur !

Après avoir poussé un de ces longs soupires, il enchaîne.

-... et nous on se morfond.

Il décroise les bras et sort de la chambre en disant à la volée.

- Désolé, je m'en vais traverser le styx.

Jardins

Derek tourna la tête vers la porte...quelqu'un se pointait alors que Ed et lui était figé par la peur et l'incompréhension de ce qui venait d'arrivé. La porte laissa place à Luther. Un instant, Derek se demanda ce qu'il venait faire ici puis se rappela que c'était la chambre de son petit copain. Du coup, Derek soupira de soulagement. Ils avaient encore le temps de réparer tout cela.

"Euh... euh salut Luther. Et bien les apparences peuvent paraitre étrange, mais on visiblement brisé l'ordi à Miah par accident. "
Pour une fois qu'il avait du plaisir franc et honnête, il fallait qu'un événement comme celui-ci vienne tout gâcher. Edouard quitta en utilisant d'étrange métaphore explicant qu'il allait voir miah. Ghost se souvenait vaguement l'avoir vue dans le jardin avec....Adam. Et merdre, le principal était là en plus. Non seulement ils auraient droit à la colère du geek mais peut-être même celle du directeur.

"On compte bien s'excuser et tout remboursé le plus rapidement possible, c'était juste un accident! Sinon toi, comment ça va, j'ai entendu dire que Jason avait quelque problèmes cest temps-ci avec sa mutation, il prend du mieux j'espère?"

Il aimait bien Jason, le brave type tentait de mettre au point un idée grandiose de théâtre et cinéma mutant. Derek lui avait offert son aide à plusieurs reprise et lorsque Jason avait voulu lui expliquer, le temps avait été mal choisis.

"Et son projet cinématographique tu sais si ça avance ?"

Luther semblait douter royalement que l'accident soit véritable et comparait l'événement avec celui d'un complot malicieux vis-à-vis un artefact de l'ancien temps. Derek s'empressa de rectifier l’insinuation peu subtile de son coéquipier.

"Ho la, Luther, faut pas exagérer tout de même. C'est qu'un accident pur et simple. Ché bien qu'on a rien à foutre ici, mais je croirais tout de même que tu me connaissais un peu mieux. Chuis du genre tranquilos, dans mon coin sans faire trop de cas. Avec la situation à Génosha et toutes tensions vécu ici, je me suis laisser aller et on a rigolé avec nos pouvoir moi et Ed, question de relaxer. T'as déjà passé au travers des murs toi ? Et bien des fois t'atterrie à des endroits bizarre, tu devrais demander à Jason, chuis sur qu'il comprend ce que je veux dire."

Luther mentionna l'épopée raté de leur sortie en ville et Derek ne put s'empêcher de se demander comment Carrie pourrait savoir ça. Certes, il y a bien des mutants dans l'institut qui peuvent lire les esprits, mais de la à les vendre gratuitement à leur prof référent, ça sa serait du complot!

"De quoi tu parles ? Comment Carrie pourrait savoir ça, non pas que l'on tente de cacher l'info, mais je...”

Il était responsable. Ça venait de lui rentré dedans comme un train à toute allure. C'est lui qui devrait affronter le dragon. Bah, il ferait face à Carrie, il ne se défilerait pas, ça ce n'était pas lui. Il faut toujours accepter les conséquences de nos actes, aucun regret, aucun remords. Belle mentalité, mais pas évidente à mettre en œuvre.

"Nah, pas vue Jason. J'ai vue le nouveau prof cependant je crois, dans la cuisine. Je crois que tu l'aimerais bien..."

Derek sourit à son coéquipier, comprendrait-il le sous-entendu. Des fois, Derek se demandait vraiment comment ils pouvaient vivre ainsi, Luther et Jason. Derek eut un léger frisson. Il n'était pas homophobe...mais pas loin. Il trouvait ça un tantinet déplaisant. Surtout lorsqu'ils étaient entouré de si jolie fille à l'institut, voir même dans les justiX.

Luther croisa les bras d'un air satisfait, bien qu'il apparaissait dans son regard qu'il ne prenait pas du tout Derek au sérieux.

"Et depuis quand tu travers-tu les murs ? Pis tu traverses les murs mais pas l'ordinateur ? Pis je croyais que c'était Edouard qui l'avait cassé..."

Face à la remarque sur comment Carrie pouvait savoir, Luther porta son doigt à son oreille.

"Chu aussi chez les JustiX, tu te souviens-tu ? Vous croyez donc vraiment que vous pouvez faire des niaiseries pareilles sans que je finisse un jour ou l'autre par être au courant ? Faque, je pense que Carrie doit être au courant aussi. D'ailleurs... Tu trouves-tu pas que ça sent comme quelque chose qui brûle ? ça doit être elle qui crache le feu."

Luther se saisit de l'allusion à un éventuel nouveau prof.

"Oh ? Y'a un nouveau prof. Faudra que j'aille le checker. Y serait donc pas si pire que ça ? Faudra peut-être que je lui demande pour changer d'équipe alors... Parce que bon, là, je suis pas sûr pantoute de pouvoir devenir un héros si mes coéquipiers savent même pas sauver leurs affaires ou celles des autres."

Il ne semblait pas vraiment sérieux, et préférait s'amuser de la situation. Manifestement, il niaisait Derek.

Derek commençait à s'énerver et visiblement Luther était satisfait de sa réaction.

"Bien sur que je peu passer à travers les murs, depuis mon retour d'Alaska en fait. Dison que j'exercais pas nécessairement ici, dans l'institut, mais je peux j't'assure. Et j'ai pas dit que c'était moi qui l'avait brisé cet ordi... C'est Edouard. Ah puis merde. Laisse tomber. De toute façon Edouard est partie règler ça."

Derek fut surpris de la réaction de Luther à sa question. Il n'avait rien caché à Luther lors de leur sortie. Il avait été invité comme tout les autres, mais n'avait pas daigné répondre. Visiblement il avait fait le bon move. Mais est-ce que Carrie le savait ? Est-ce qu'elle ne le gronderait pas ? PAs si certain, il lui avait tout de même pas dit et il savait. Il était aussi coupable que le reste de l'équipe. Derek s'abstint tout de même d'en faire part, préférant garder le silence.

"Mouais. Peut-être que je devrais aller faire un tour dans le bureau à Carrie avant que tout ça n'explose. Aussi bien assumé. Et en ce qui regarde ton choix d'équipe Luther, tu es libre de ton choix, mais tout le monde se plante un jour ou l'autre et ce n'est pas les échecs qui font de nous des héros, mais la façon dont on se relève de ces échecs. Je n'ai aucune honte dans ce que j'ai fait, si l'occasion se représente, je le referais sans hésiter. Nous sauvons le monde continuellement, mais des fois, c'est les petits gestes qui compte le plus auprès de ceux qui sont dans le besoin. Bon , assez de philo à deux cents. Je vais aller voir le sort que me réserve notre cher prof et te laisser le plaisir de ... faire ce que tu allais faire, peu importe ce que c'est."

D'un salut polie de la tête, Derek quitta la chambre et s'immobilisa dans le couloir. Il se retourna vers Luhter.

"Le nouveau prof est dans la cuisine, si ta curiosité est trop forte."

Petit instant de jubilation intérieure, Derek prenait la mouche, et s'emportait pour rien, avant de finalement crisser son camp. Dans le fond, ils étaient un peu bizarres tous ces gens là. À se gaver de grandes phrases, d'idéaux fantoches, se trimballer en costume pour faire peur aux gens... Il faudrait qu'il en parle à Carrie à l'occasion, mais son petit doigt lui disait que dans l'immédiat, Carrie allait avoir d'autres chats à fouetter.

Quoique, Edouard avait plutôt pris des airs de chien, dernièrement. D'autres chiens à fouetter, donc.

Luther haussa les épaules à la remarque de Derek, le laissant ainsi partir : pour l'instant, il avait d'autres priorités, et le nouveau professeur aurait droit à ses faveurs bien assez tôt.

Il s'assit un instant sur le lit de Jason qui n'était pas là. Il posa son cadeau, bien calé entre l'oreiller et la tête de lit. Puis finalement se ravisa, et le mit sur l'oreiller. Quoique, il serait probablement mieux sous l'oreiller, pour lui faire une surprise.
Même si, dans son armoire à linge, il aurait plus de chance de le trouver comme ça.

Luther se releva, arrangea le lit pour effacer toute trace de son passage, se rendit à l'armoire, l'ouvrit, et essaya encore deux ou trois places pour mettre son cadeau, et se ravisa, concluant que la meilleure place serait de le lui remettre en mains propres, et que Jason le rangerait ensuite où il voudrait.

Et sur cette décision pleine de sagesse, il s'en retourna vers sa chambre.

ailleurs

[18 Mai 2108]

Chambre de Pablo et Michael
Venant de quitter son refuge inhospitalier, Michael se dirigea vers l'antre dangereux de Jeremiah. Il ne savait pas pourquoi il y allait ni même, à vrai dire, qu'il y allait. Comme perdu dans ses pensées, hors de la réalité, l'Autrichien marchait vers la chambre de son ami -que Jason rendait plus accueillante et humaine- sans s'en rendre compte. Il était bien trop occupé à tenter de mettre de l'ordre dans ses pensées. Il se sentait faible et froid, frissonnait quasiment. Décidément, le malaise qu'il éprouvait à l'égard de son colocataire allait de plus en plus grandissant et devenait presque invivable.

C'était certainement l'une des raisons pour laquelle l'Autrichien tenait autant à se tenir occupé : ça le gardait loin de Pablo et lui changeait les idées. Mais lorsque ces pensées négatives revenaient, elles semblaient s'être amplifiées. Par exemple, la veille, il avait encore une fois insisté pour que le geek vienne l'assurer, au mur d'escalade, mais ce dernier avait prétexté quelque chose que l'européen ne comprit pas.

Il fallut d'ailleurs quelques longues secondes à Michael, planté devant la porte comme un épouvantail au milieu d'un champ, pour qu'il se rende compte de la situation. Il cogna alors sur la porte, trois petits coups secs, et demanda, au travers celle-ci et sur un ton aussi égal et neutre que le germanophone savait avoir :

-Jeremiah?

Il espérait bizarrement que Jason ne soit pas là. Bien qu'il trouve généralement le type sympathique, cette fois, il saurait se passer de sa présence. Mais il ne le forcerait pas hors de la pièce non plus. Debout devant la porte, comme un vampire qui attend sa permission pour entrer chez sa victime, Michael était perdu dans des pensées d'obsidiennes.

"Entrez !"

La voix de Jeremiah, bien qu'identifiable, semblait étouffée. Pas étonnant puisque quand Michael poussa la porte, ce n'est pas au jeune homme qu'il eut affaire mais à... ses pieds. Et un bout de ses chevilles. Le reste avait disparu sous le lit. Comme d'habitude, le geek était en train de râler, mais cette fois, le ton semblait un peu différent. Plus rageur peut-être. Difficile de comprendre ce qu'il marmonnait.

"Ah, je savais bien qu'elle était là !"

L'exclamation était plus claire que le reste. En se tortillant, le jeune homme émergea de son antre, plus ébouriffée que jamais et tenant... une hache à la main. Une hache très classe, même s'il était visible qu'elle était en plastique, et qu'il brandit en se retournant face à l'autrichien.

"Tu connais la dernière ?? Jade est partie ! A cause de l'autre débile là ! Je sais pas pourquoi, mais cette fois, y va pas s'en tirer comme ça !"

Parfaitement ! Ses instincts de barbare s'étaient révoltés contre cette nouvelle injustice. Enfin heu... Contre ça. Et lui qui n'avait peut-être jamais réussi à être un ami à la hauteur, il se rattraperait au moins en jouant le frérot protecteur, même si c'était trop tard. En tout cas, il vengerait l'honneur de la brunette. C'est pas parce que c'était une chiante qu'il fallait passer son temps à lui faire du mal !

"je vais lui couper la tête. Décréta-t-il en s'avançant vers son ami. Tchac !"

Alors qu'il faisait mine d'attaquer le cou de son invité, Jeremiah suspendit son geste. Michael avait l'air un peu... bizarre. Il restait planté là, sans rien dire, et ses habituelles mimiques, dont le geek aimait tellement se moquer, semblaient figées. La moue suspicieuse, le garçon laissa retomber son bras vengeur :

"Ça va ? T'as l'air bizarre... C'est pas une vraie tu sais hein ?"

Ouah.. . Fallait arrêter et vite. Il repensait encore à ce qu’il avait vécu, à sa dernière mission. C’était… flippant. Tel un gamin, il en était encore à craindre les pièces sombres, à sauter sur son plumard pour pas se faire chopper les pieds par un zombi, à éclairer tout sur son passage, ce qui fait qu’on pouvait suivre à la lumière ses déplacements dans l’instituts. Ce qui faisait bien sur bien marrer jérémiah, pour une fois qu’il avait une bonne raison de se foutre de sa gueule. Même dormir avec Luther ne le rassurait pas forcément.

Aussi il avait repris les efforts physiques et les essais « artistiques » avec une égale vigueur. Tout pour s’occuper l’esprit et le corps, pour être fatigué physiquement comme mentalement, afin de s’écrouler comme une masse le soir et ne pas penser à tout ça.

Il s’en voulait beaucoup, de donner l’apparence qu’il était en vase clos. Il voyait bien qu’il était assez distant avec les « nouveaux ». Il n’avait pas besoin de voir un psychologue de mes deux pour comprendre d’où ça venait. Chaque fois qu’il s’attachait à quelqu’un, ce quelqu’un s’en allait, disparaissais, ne donnait plus signe de vie…Il ne pourrait pas être étudiant à vie ici, il le savait bien, mais tous ces mutants étaient ce qui ressemblait le plus à une famille pour lui. C’est pour ça qu’il enviait ganymède. Ces types pouvaient se voir, se serraient les coudes, et pourtant ils étaient sortis du cycle « étudiant ». En attendant, il ne faisait plus trop d'effort social pour s'attacher à une autre personne, au risque de la voir partir elle aussi.

Il était donc en survêtement, en sueur, et s’apprêtait à rentrer prendre une bonne douche lorsqu’il aperçut leur invité. Encore plus surprenant, Jeremiah avait l’air de le menacer avec une … hache en plastique ? Il pouffa intérieurement.
« euh.. Salut les gars… qu’est ce qu’il se passe ? » Le beau gosse autrichien avait pas l’air dans son assiette, aussi jason le fixa t il de son regard vert-bleu….

Entrant dans la pièce, Michael fit quelques pas et se retrouva nez à nez avec les pieds du voyeur de l'institut. Ne posant pas de question, il cru qu'il s'agissait de la dernière trouvaille de Jeremiah : une cachette au cas où l'institut se ferait attaquer. Ou alors il cherchait simplement un jouet. Pardon, un objet de collection... c'était probablement la hache avec laquelle Conan avait décapité le grand boss du monde de Bïzunurz, ou un truc du genre. Plutôt que de soulever son éternel sourcil de perplexité, l'Autrichien cligna des yeux pour chasser la pensée de son coloc qui revenait le hanter.

Face à la nouvelle de l'États-uniens, Michael cligna des yeux deux fois, toujours sans ne rien dire.

Elle est partie.
Elle est partie.
Partie.

Les questions brûlaient les lèvres de l'Autrichien, qui ne pouvait toutefois pas les prononcer : elle était partie, pour de bon? Qui lui avait fait quoi? Pourquoi l'avait-il...?

Et plutôt que de ramener le germanophone sur le plancher des bovidés, il gardait son air bovin. La nouvelle avait un effet désastreux sur lui. Ses oreilles le brûlaient, rouge vif. Il ne tiqua même pas face au coup de son ami, mais il parvint à lui répondre, machinalement.

-Moi ça va.

Il eut un petit moment d'hésitation, cligna des yeux. La base de son sourcil se permit un écart de quelques centimètres vers la gauche, comme s'il cherchait à dire un secret à l'oreille, et Michael demanda :

-Une vraie?

Revenant enfin les deux pieds sur le sol de la chambre de Jeremiah et Jason, Michael lança un coup d'oeil circulaire et se rendit compte que l'Irlandais n'y était pas. Soulagé de pouvoir se vider le coeur, et peut-être les tripes ou l'estomac, seul avec Jeremiah, Michael sursauta en entendant Jason parler. Il ne l'avait pas entendu approcher. Se retournant pour mieux le voir, et lui libérer l'entrée à sa chambre, le Tyrolien croisa le regard de "l'intrus" et détourna immédiatement les yeux, mal à l'aise à l'idée qu'il puisse lire ses pensées. Les yeux dans le vide, il observait sans trop le voir le survêtement, son esprit étant à peine effleuré par le fait qu'il n'avait jamais vu personne en porter, dans les Alpes -ou alors si peu.

Cet effleurement, comme le battement d'aile d'un papillon, fut néanmoins assez puissant pour causer une cascade de pensées qui défilèrent des Alpes aux Andes au Pérou à Pablo à Johan à Jade à...
Un frisson le parcouru. Il sourit, pour montrer que tout allait bien.

-Ca va, moi. Il m'a surpris, c'est tout. Je sais bien que c'est une vraie.

La hache sur l'épaule, dans une pose à la barbare, Jeremiah considéra alternativement ses deux amis. Micha' faisait définitivement une tête étrange. Enfin, plus étrange que d'habitude disons. Heureusement, il y en avait au moins un égal à lui-même : Jason revenait encore d'un de ses passe-temps les plus saugrenus, le sport, que le geek avait arrêté d'essayer de comprendre... ou plutôt, qu'il avait la mauvaise foi d'ignorer puisqu'il avait déjà constaté en mission qu'être plus en forme ne lui aurait pas fait de mal, et aurait sans doute pu l'aider à se sauver les miches plus d'une fois. Enfin il n'était pas encore désespéré au point de reconnaître que son coloc' avait raison.

"Toi, tu files à la douche." Décréta-t-il à l'irlandais d'un ton autoritaire, goûtant le nouveau pouvoir que lui donnait une hache en plastique en pointant la porte de la salle de bain à l'aide de cette dernière. L'ordre n'était toutefois pas très sérieux car comme il venait de se plaindre à l'autrichien, le X-Rays en remit une couche sans laisser à Jason l'occasion de s'éclipser vers la douche :

"Tu savais que Jade était partie ?? A cause de ce crétin de caillou !"

Poussant un soupir mi-excédé mi-révolté, le jeune homme recula de quelques pas. Il avait suffisamment pris en jugeote pour savoir qu'il ne fallait pas planter là un Micha' dans ce drôle d'état, même s'il était à présent chargé de la mission divine de punir Lucas.

"Ben arrête de buguer et entre... Sauf si tu préfères la porte."

Il ne connaissait pas beaucoup Michael. De même qu’il ne connaissait pas beaucoup tous les nouveaux arrivants. Et encore, nouveau était un terme plutôt mal choisis, étant donné que plusieurs mois s’étaient écoulés pour certains. Ce qui en disait long sur la sociabilité de Jason depuis quelques temps. Pour reprendre l’échelle de valeur de Jeremiah, il avait du perdre des niveaux en social, voir même avoir une dette d’xp… Il allait devoir farmer comme un porc pour rattraper tout ça. Autant commencer par l’autrichien ici présent.

Seulement, pour une raison qui le dépassait, la présence de l’irlandais semblait ne pas plaire à l’autrichien, qui paraissait gêné de le voir ici, comme d’autres fois d’ailleurs, comme si il avait un truc à reprocher à Jason sans vraiment lui dire quoi. Ce dernier ne savait pas comment crever l’abcès, d’ailleurs, si bien que la situation n’évoluait pas trop. Toujours est-il qu’il créchait ici, et que donc de toute façon il avait le droit de rentrer « chez lui » pour au moins prendre une douche.

La situation aurait été presque comique, a voir Jeremiah reproduire les pauses barbares et viriles de son héros virtuel, avec sa hache en plastique. Surtout lorsqu’il lui ordonna d’aller prendre sa douche. Histoire de le taquiner, Jason faillis lui répondre qu’il pouvait venir avec lui, que ça lui changerai de juste le mater sous la douche. Mais ce qu’il annonça par la suite lui planta un couteau dans les trippes. Jade… partie… définitivement… Pour une histoire de cœur avec Lucas ?

« Je… je voulais pas intégrer cette nouvelle. La dernière fois, quand j’avais pêté un câble à halloween, elle m’avait rassuré, dit qu’on était une famille, qu’elle serait toujours la… Et la, tu vois ? Tu vois ? Les gens partent… ça sert à quoi de m’accrocher et me rapprocher des gens si ils partent… tout le temps… »…

Alors que Jeremiah invitait, sans doute une nouvelle fois, l’autrichien à entrer dans la pièce, Jason en profita pour se reculer également. Il avait une boule dans la gorge, du genre désagréable, et du genre à s’installer pour un moment. Et, comme à chaque fois qu’il était sous l’égide d’une émotion trop forte, sa mutation secondaire se mit à déconner sévère… C’est donc un Jason fantomatique qui se trouvait à présent dans la pièce. Quand l’irlandais s’en rendit compte, il tenta de se re concentrer pour redevenir tangible. Bien entendu, comme il n’avait pas sa tenue de mission, il se retrouva à poil au milieu de la pièce à vivre, son survêt et le reste étant tombés alors que sa mutation se déclenchait. Il fila sans demander son reste dans la salle de bain, afin de se changer et de prendre sa douche. Mais dans le bon ordre… Il se dépêcha cependant, car il avait décidé de paraitre plus sociable envers Micha. Le plaisir d’une douche bien chaude attendrait, il pourrait toujours en reprendre une plus tard..

Michael fut surpris de voir Jeremiah lancer des ordres à Jason. Peut-être avait-il plus d'autorité qu'il avait toujours semblé avoir. Mais la scène avait quelque chose d'assez comique pour tirer un faible sourire en coin à l'autrichien. Et alors qu'il croyait que l'irlandais obtempérerait et filerait à la douche, Jeremiah répéta sa nouvelle, et cette fois Michael comprit qu'elle était bien vivante. Il resta tout de même la bouche à demi ouverte, stupéfait par la nouvelle, alors que Jason percutait également sur la nouvelle, avec une réaction plus explicite. Écoutant ses paroles, Michael eut l'impression de glacer par l'intérieur. Il réprima quelques frissons et cligna des yeux, pendant que Jeremiah l'invitait, avec sa douceur habituelle, à entrer.

Passant devant Jason, Michael alla s'asseoir sur le lit du geek et, lorsqu'il reporta son attention sur les deux anglophones, il remarqua que Jason était désormais nu. Ne comprenant pas trop ce qui se passait, l'autrichien rougit légèrement de malaise, sans cesser de cligner des yeux à une fréquence de plus en plus rapide.

Lorsque l'irlandais disparut dans la douche, le mutant releva de grands yeux sur son coéquipier et renifla un bon coup.

-C'... Il... Je...

Ne sachant pas dire les mots qu'il voulait, Michael se tut, déglutit et se recroquevilla sur lui-même, dans une attitude qui ne lui ressemblait pas tant. Il prit quelques lourdes respirations, puis passa la main sur sa joue en se raidissant d'un coup.

-Pablo, il me...

Le visage aux traits mobiles de Micha' suffisait à lui seul pour faire comprendre que la nouvelle l'avait touché. C'est ce qu'il y avait de pratique avec les gens expressifs : il suffisait de les fréquenter un peu pour être capable de traduire leurs mimiques. Pas de chance pour lui quand il n'avait pas envie de se faire percer à jour, pratique pour le geek qui du coup faisait de gros progrès en "compréhension d'autrui". Pour ce qui était de Jason, c'était encore plus facile. Activation impromptue du nouveau pouvoir = rien ne va plus. Détournant pudiquement les yeux (ce n'était pas parce qu'on vivait avec un exhibitionniste et qu'on était un voyeur notoire qu'il fallait en profiter), Jeremiah ne sut que répondre à son colocataire. C'est vrai, il était là ce jour là, il se rappelait parfaitement de cette conversation car elle l'avait mis à l'aise.

"Nan mais c'est sûr, elle est partie de l'Institut mais... tenta-t-il maladroitement, sa propre indignation désamorcée par le fait d'avoir les deux autres à gérer. Enfin... C'pas pour autant qu'elle sera plus jamais là. J'veux dire, elle a une adresse mail, elle a un portable, elle est pas morte non plus."

Le temps de se reprendre, l'irlandais disparut dans la salle de bain, et Jeremiah s'accroupit sur le lit à côté de Michael, les bras pendant mollement entre ses genoux, observant son ami d'un air embêté. Le jeune homme semblait vraiment aller mal, et pas seulement à cause du départ de Jade. Il n'avait jamais vu comme ça et malheureusement, la hache qui lui semblait si cool quelques secondes auparavant ne pouvait plus tellement aider. Pablo, il me... ? Il m'emmerde ? Il m'a piqué mes mousquetons ? Il ronfle ?

"Pablo il te quoi ? Essaya d'encourager le geek. Tu veux que je le kick ?"

La dernière fois qu'il avait proposé de kicker quelqu'un, il s'agissait d'une gamine de 12 ans, autant dire qu'il avait alors un peu plus de crédibilité que face à un playboy des bacs à sable dont Micha' se serait sans doute débarrassé beaucoup plus facilement que lui avec ses petits poings et ses bras de fillettes, mais passons.

Jason était trop énervé pour profiter pleinement de sa douche, aussi fut elle très rapide, et purement fonctionnelle. Le plaisir de l’eau chaude derrière sa nuque passerait après. Il enfila donc un bas de survêtement qui trainait dans la salle de bain, histoire d’être un minimum habillé, et il ne pris même pas le temps de surveiller sa coiffure, aussi arriva t il les cheveux en pétards et un air vaguement inquiet.

« Ouais, t’as raison, elle est joignable… mais tu vois, mon amie Amélie, elle est joignable aussi… et Charles et Arthur, ils sont joignables… même ma putain de famille est joignable… ça me fait une belle jambe, je les vois plus ou presque, tous ces gens. Ce sera pareil avec elle… Elle est partit… c’est tout… » il fit une moue bougonne, pour le coup.

« rapunzel ? Qu’est ce qu’il y a avec lui ? Me parrait pas bien méchant, vu de loin… arf »… se rendant compte de ce qu’il venait de dire, Jason cru bon de se justifier. « ouais, d’ailleurs, chui désolé, hein, au fait… je sais que j’ai du te paraitre un peu distant, mais chui pas comme ça, normalement.. chui même tout le contraire… c’est juste, il y a tellement de trucs à gérer, de gens qui partent, je me suis un peu replié sur moi-même ces derniers temps. J’ai vraiment envie de connaitre un peu tous ceux avec qui j’ai pas encore passé trop de temps… j’espère en avoir l’occasion.. » il lui sortit son sourire colgate qui va bien, histoire d’appuyer ses bonnes résolutions.

« oh et puis j’ai pas laissé tombé mon projet de film / théatre mutant… faut vraiment mettre ça au point… « il décida de parler de ça à l’autrichien dès que possible, mais visiblement ce dernier avait quelques trucs qui le chiffonnait, aussi Jason le laissa t il s’exprimer.

Malgré sa légèreté, Jeremiah creusa enfonça légèrement le matelas en s'asseyant et Michael, moralement épuisé, pencha un peu vers lui en conservant une moue fermée. Il avait décider de couper sa phrase en plein milieu : il venait de s'apercevoir que, dans le fond, il ne voulait plus en parler. Le cerveau est parfois étrange comme ça. Il ressentait un malaise immense, comme s'il avait une patate sur l'estomac. Il savait qu'en en parlant à quelqu'un, la patate partirait. Mais il n'avait plus envie d'en parler, il serait ridicule.

Mais pas aussi ridicule que Jeremiah kickant n'importe quel autre mutant de l'institut (sauf Kalalli). Amusé par la candeur de son ami, Michael lui sourit et tenta de jouer son jeu.

-Tu le ferais vraiment? J'avais peur que tu weuilles pas...

-Nah, tu sais bien que Pablo il mé...

Jason surprit Michael à son retour. Ça, c'était de la douche éclair. Plissant les yeux, l'Autrichien put constater que les cheveux de l'Irlandais étaient bel et bien mouillés. Puis il commença à porter plus attention au propos du brun. Ce fut comme un coup de hache qui avait tranché la tête des encouragements du geek. Il sentit son coeur tomber en chute libre, et il n'était même pas assuré! Oubliant que l'Irlandais n'était ni empathe ni télépathe, choqué, Michael siffla dans sa langue paternelle.

-Il l'fais exprès?

Exprès ou non, il revint à la charge avec Pablo. Michael ouvrit la bouche, la ferma, la rouvrit, la referma, tenta de répondre, songea égoïstement qu'il était venu chercher du soutien moral, pas en donner, leva un sourcil qui disait qu'il en fallait plus pour l'impressionner, en réponse au sourire colgate, puis plaça deux mots :

-Mais non, il est pas méchant en f...

Bon, c'était davantage sept mots et quart que deux.
Les derniers trois quarts furent tus par l'étonnement. Jason pensait-il sérieusement que Michael était en train de faire du cinéma? Il avait vraiment donné l'impression, depuis tout le temps qu'il était ici, qu'il était un manipulateur, ou une mauviette, peut-être?

Cette fois, c'est très lentement que ses yeux clignèrent. Il s'exprima avec une élocution beaucoup plus claire qu'à son habitude, à moitié levé du lit.

-Je fais pas du cinéma! Je fuis mon coloc' parce que je n'arriwe pas à lui parler, et ça me gruge de l'intérieur. Chaque fois que je le vois, ça me rappelle notre rencontre et le départ de mon meilleur ami. J'arriwe pas à en faire mon deuil. Johan, il a jamais posé de question, il m'a accepté comme je suis. Et il est mort. À cause de moi! Je l'ai tué! J'ai tué mon meilleur ami! Un innocent! Un brawe garçon! Mort!

Un brave garçon, en effet. Un bon gars, un très bon gars. Un trop bon gars, peut-être, qui ne confrontait jamais les opinions de son camarade? Peu importe, Michael s'ennuyait de lui.

Le mal était sorti. La patate avait ratatiné. Ce n'est qu'après coup que l'Autrichien le réalisa. Les yeux luisants, ne se rendant même pas compte de s'il pleurait ou non, il se laissa choir sur le matelas aux côtés du voyeur. Il n'avait plus la moindre force, pas même pour s'excuser de s'être emporté -surtout qu'il ne le regrettait pas vraiment, étant donné le bien que ça lui avait fait.