[X-Rays 4.5.1]Chez Valérie

Arthur eut un regard malicieux, à l'évocation de sa "première fois".

"Tu vas rire, mais j'ai activé mon pouvoir la première fois... En restant coincé dans les toilettes du monorail."

Il se fendit d'un large sourire amusé. Était-ce vrai ? C'était plausible.

"J'ai la chance d'avoir un pouvoir qui requiert un certain état d'esprit pour s'activer. Vu que je suis entraîné, je m'en sers sans réfléchir, mais au début, il me fallait beaucoup de concentration pour... bien viser, on va dire."

Le reste de la discussion ressemblait encore bigrement à Jason se parlant à lui-même, et Arthur se contenta d'y répondre par un simple sourire mystérieux.

"Ganymède essaie de faire infléchir la législation, mais ce n'est pas une chose évidente. Il y a probablement des enjeux importants.
Quant à Midas... Son pouvoir est du genre de ceux auxquels tu ne souhaites pas avoir à te frotter, mais je ne peux pas t'en dire plus."

Arthur eut l'air attendri par la question de Jason, et répondit.

"Écoute... Je pense que cette conversation devient un peu trop personnelle. À mon avis, nous avons fait le tour de ce qu'on avait à se dire, pour aujourd'hui. Je vais régler l'addition."

Il se leva, et se rendit alors au comptoir pour payer les consommations, puis revint, vers Jason, et l'accompagna dehors.

"J'ai été content d'avoir de tes nouvelles Jason. Embrasse ton homme de ma part."

Arthur marchait vers une rue latérale, peu passante, puis ouvrit un petit portail.

"Je m'en retourne vers les tropiques irlandaises !"

Il lui adressa un petit signe de la main, puis franchit le portail.

Jason se retrouva dehors en deux coup de cuillère a pot. IL en avait appris, un peu, sur ganymède, et il se contenterait du peu en question. Il avait revu arthur, et c'est le coeur léger qu'il laissait dégouliner la pluie sur son visage, les yeux a demi fermés, au risque de heurter un passant. Il espérait secrètement qu'un jour un portail s'ouvre dans sa chambre, ou celle de luther, et que lui et son homme soient invités à prendre le thé..

La pensée le fit sourire, et rouvrir les yeux. A la figure pleine de charme et de masculinité adulte se superposait à présent celle de son canadien favoris, et de ces yeux si bleu. Soudain, il lui manquait énnormément... Il n'y pouvais pas grand chose, il savait luther partit en mission, ou sur le point de le faire.. Il fallait maintenant patienter, et comme l'avait si justement dit Arthur, c'etait un grand garçon et il saurait se débrouiller... Mais la pensée que, peut être, il pouvait encore le chatouiller avant qu'il parte le fit soudain accélérer sa marche, un air plein de malice.

Chambre de Luther et Harald

Enveloppée dans son imperméable, pour se protéger tant bien que mal de la pluie, la figure ténébreuse de Renaud se tenait dans la rue, juste devant Jason. Il avait écouté la petite conversation, regardé son coéquipier partir, puis le jeune premier, presque trop amoureux transi. Il s'était même permis de jeter un petit coup d'œil dans la tête des deux là.

Mais Jason ne l'avait pas vu. En fait, il l'avait vu, il ne pouvait pas le rater, il était juste devant lui, mais il n'avait pas remarqué, et avait oublié cette présence sitôt il avait eu le dos tourné.

Renaud attendit alors sagement que Jason s'éloigne, lui passant même l'idée de faire demi-tour, bien que cela ne fut pas trop nécessaire, puis il chercha un instant, et déclara

**Tu peux revenir Arthur, il est parti.**

Le portail s'ouvrit à nouveau, et Arthur en sortit, avec un parapluie qu'il ouvrit au dessus de Renaud et lui.

"Tu sembles bien proche de ce gamin."
"C'est un brave jeune, et il ne veut de mal à personne... Dis-moi plutôt où sont les autres."
"Franklin a bientôt terminé. Chris et Matt arrivent. Je les préviens.

Renaud se tut un instant, puis Arthur ouvrit deux portails d'où sortirent les deux autres mutants. Arthur replia son parapluie, puis Chris et Matt firent en sorte que les quatre mutants soient au sec, et au chaud.

"Ça a été vous ? Les miens étaient cool. Ils nous prennent trop pour la mafia.
-Idem chez moi... On est des vilains mafiosi. Mais ils sont vraiment pas curieux.
"C'était pareil chez tout le monde. Y'a guère que Franklin qui a eu des questions plus personnelles... Le pauvre..."
"Et ça ne vous inquiète pas, qu'ils nous voient comme des monstres sans coeur et sans scrupules ?"

Arthur avait jeté un vague froid, puis Chris répondit.

"La poutre et la paille, de toutes façons...

Chris fut interrompu par Renaud.

"Franklin arrive."

Franklin était en effet arrivé, à pieds.

"Ils ont une irlandaise, une furie ambulante. Malheur à qui renverse sa guiness."

Un petit sourire gêné apparut sur le visage de ses comparses. Outre la tentative d'humour maladroite, le fait qu'ils étaient réunis signifiait qu'ils allaient passer à la suite des opérations.

"Vous qui connaissez l'endroit... Comment doit-on s'y prendre ?"
- Il faut éviter de passer le portail. Ils ont leur détecteur actif en permanence. On se ferait repérer direct, et ils sont assez nombreux.
- Tu peux la localiser, et Arthur la ramène dans un endroit plus tranquille ?
- Non... Il y a trop de protections.
- On peut tout faire péter sinon...
- Matt !
- Oh, ça va, je plaisantais... Et d'abord, pourquoi est-ce qu'on doit s'y mettre à autant ?
- Midas tient absolument à l'avoir. Il est obsédé par cette idée.
- Midas est obsédé par des choses de plus en plus bizarres.

Il y eut un instant de blanc, vaguement morose, puis Chris reprit la parole.

"Bon... Voilà ce que nous allons faire..."

Institut

Ces quelques derniers jours avaient passé à la vitesse de l'éclair, tant la psychologue de l'Institut avait été accaparée par diverses questions nécessitant sa présence. Une fois le Blackbird de nouveau fonctionnel, les KozaX, les NeXus et les agents de la CIA avaient pu rentrer aux USA sans plus de problèmes, mais la non-voyante avait dû se rendre à Washington sous escorte étroite et pour le moins paranoïaque de B et V, l'agent M ayant été hospitalisé suite aux blessures provoquées par Mina. Là, elle dut faire un rapport circonstancié des événements survenus dans l'espace à différents huiles des services secrets, et rappeler que malgré la destruction "accidentelle" de la prophétie durant le voyage de retour, la Stargate et les aliens avaient été neutralisés, la planète et les trois agents sauvés, aux risques et périls des mutants de l'Institut, notamment Yamina, dont les blessures avaient néanmoins pu être soignées à temps.

Après s'être assurée que la dette du gouvernement ne serait pas oubliée de si tôt, Cassandre s'en était retournée à Salem Center, laissant les rouages de la bureaucratie américaine se mettre en branle.
Les un an de l'Institut avaient ensuite été célébrés ; une bouffée d'oxygène dans le climat tendu de ces derniers jours. Les autres équipes avaient elles aussi leur lot de soucis, dans lesquels Sibylle revoyait désormais clair. La vie avec sa double vue avait repris son cours comme si la psychologue ne s'était jamais arrêtée d'utiliser son pouvoir, comme une seconde nature. A mesure que les jours s'égrenait, elle réarrangea ses priorités. Ses doutes s'étaient dissipés dans l'espace, elle savait les choix qui lui restaient à faire.

Cette journée pluvieuse n'était qu'une étape sur un parcours entrevu par son homologue Destinée un siècle plus tôt. En redevenant actrice du destin, elle aiguillerait ses rails dans la meilleure direction. La discussion qu'elle avait eue avec Vadim à la soirée d'anniversaire l'avait plus éclairée que le Russe ne devait le réaliser. En définitive, c'était peut-être ses paroles couplées à celles de Georgia qui avaient tout déclenché.
C'est ainsi que Cassandre avait discrètement quitté l'Institut sous la protection d'un parapluie. Elle s'était fait violence pour ne pas se retourner, réussissant là où Orphée avait échoué. La Grecque avait remisé sa canne blanche dans l'armoire de sa chambre à son retour de mission, et avait chaussé ses habituelles lunettes noires, qu'elle portait de moins en moins à l'intérieur de l'Institut, mais qui restaient synonyme de "normalité" lorsqu'elle s'aventurait en ville, aussi gris que fut le ciel en cette journée. Elle avait pris soin de passer un imperméable masquant le reste de sa tenue, qui ne laissait dépasser que les bottes de sa tenue de mission.

Déroulant le fil temporel, la mutante commençait à percevoir leur voix. Elle prit une lente inspiration et s'avança résolument dans la direction des cinq hommes.
Elle s'arrêta.

"Vous ne ferez rien du tout." dit-elle, coupant court au discours du dénommé Chris. "Ne cherchez plus, je suis là." constata-t-elle calmement. Survolant mentalement ses interlocuteurs, elle reconnut les empruntes temporelles de la plupart d'entre eux, notamment Franklin, qu'elle avait rencontré pour la première fois dans les sous-sols de l'Institut, le jour tragique de la mort de River. Charles, son meurtrier réel présumé, n'était pas présent. Avait-il été jugé trop instable pour cette mission ? Sibylle estima rapidement les pouvoirs en présence. Cette pluie ne jouait pas en sa faveur...

Renaud avait vu venir Cassandre le premier. Non qu'il l'avait détectée, mais plutôt qu'il regardait dans sa direction, et qu'il avait déjà eu l'occasion de la croiser. Les autres tournèrent rapidement la tête dans sa direction, et l'ambiance s'électrisa vaguement, tout en restant cordiale. Il était certain qu'ils étaient surpris.

"Eh bien, en effet, Mlle Deneos, vous nous épargnez bien des soucis pour trouver le moyen de vous localiser et nous amener à nous."

Chacun des membres de l'équipe réunie pour l'occasion regardait Cassandre, s'attendant à un quelconque maléfice de sa part, même si Renaud avait rapidement informé les autres qu'elle était seule.

"Je suppose que si vous êtes venue ici, c'est que vous saviez que vous nous cherchions, et donc, vous savez ce que nous attendons de vous également...", déduisit Renaud

"Tout sera probablement beaucoup plus agréables pour tout le monde si les choses se passent dans le calme et dans la coopération. D'autant que nous ne voulons faire de mal à personne", compléta Chris.

Les mutants se savaient avantagés, comme vint le confirmer la suffisance avec laquelle Renaud et Chris s'exprimèrent.

"Ne soyez pas présomptueux : ce n'est pas vous que je cherche à épargner." rétorqua-t-elle, avec une certaine insistance sur le mot choisi par le dénommé Chris. Ces hommes étaient prêts à tout pour obéir aveuglément à leur chef, la non-voyante en avait des preuves dans le passé, mais également dans les possibles qui s'étalaient à ses pieds. Le jour de la mort de River était lié d'un fil funeste à cette journée d'avril.

"Qui essayez-vous donc de rassurer ?" ajouta-t-elle, apparemment aussi imperméable aux tentatives de l'amadouer que son parapluie aux gouttes d'eau. Quelque part, elle restait un mystère pour ces hommes de main. Ils la cherchaient et maintenant qu'elle se présentait d'elle-même, ne savaient pas réellement sur quel pied danser. Ils croyaient être des acteurs de ce qu'ils vivaient, mais à cet instant précis, ils n'étaient déjà plus que des figurants.
Cassandre tourna lentement la tête vers le télépathe, dont les propos lui semblèrent plus pertinents.

"Effectivement... Soyez sans crainte, j'ai décidé que votre mission serait un succès." poursuivit la non-voyante en faisant un pas en avant, l'expression insondable.

Chris haussa un sourcil face aux déclarations un peu péremptoires de Cassandre, alors que Franklin et Matt se regardèrent, et se contentèrent d'un haussement d'épaule. Seul Renaud se permit un petit sourire amusé. Arthur, lui, était resté impassible, tout le temps, puis, voyant Cassandre s'avancer, il se contenta d'ouvrir un portail.

"Dans ce cas... Après vous..."

Une fois que Cassandre eut franchi le portail, les cinq autres le traversèrent, puis le portail se referma sans un bruit, ne laissant aux abords du salon de thé le son régulier de la pluie tombant sur les pavés.