[LeX 4.8.1] Vies parallèles 1 : Juan

Le noir. La douleur. Sensation d'étouffer. Puis plus rien... Et à nouveau, sensation d'enfermement. Une prison de verre. Sensations fugaces d'être à l'étroit. D'être observé. Les gentils docteurs s'occupent de Juan. Dieu ? Aux abonnés absents. Puis... A nouveau, la liberté. La lumière. Artificielle du spot éblouissant. Plus trop de sensations. Comme un voyage dans un écrin de coton. La tête en coton. La vision trouble. Sensation de latex sur le corps. Cables aux extrémités... Déplacement. Une salle blanche. Des cercueils devenus brancards...

*
**

Au bout d'un temps passé à rêver, Juan émergea finalement de son inconscience... Dans un lit. Ouvrant les yeux, il découvrit la pièce : c'était une chambre sobrement décorée. Quelqu'un se tenait devant lui, un pasteur...



"Bonjour mon fils, êtes vous bien reposé ?" lança l'homme d'une voix grave qui se voulait rassurante.

Juan se rendit compte qu'il ne présentait aucune blessure apparente et qu'il semblait maître ses mouvements, quoique légèrement engourdi.

La pièce ne contenait pas grand chose hormis le lit, une table basse sur laquelle était posée la Sainte Bible, un crucifix au mur et une chaise devant laquelle se tenait debout le pasteur.

Le Mexicain découvrit enfin qu'il était vêtu d'une tunique blanche en latex une pièce, ne laissant découverts que ses pieds, ses mains et son visage.

* Oauh, qu'est ce qui se passe ici? Je le connais pas lui, et sont où les autres? Et c'est quoi ses vêtements pourris? Où est ma moto? Est-ce que ma mère va bien? Et pourquoi j'ai un pasteur en face de moi et pas un curé.*

Juan regarda autour de lui et il constata qu'il n'était pas à l'institut, ce qui voulait dire, que d'une manière où d'une autre, ils avaient été intercepté par quelqu'un d'autre, peut être le chauffeur du camion, ou alors les ars de chez harmonie, ou bien le gouvernement ou bien... En fait n'importe qui pouvait les avoir intercepté, et ce qui paraissait le plus bizarre au jeune mexicain c'était sa tenue et le fait que les autres ne soient pas là.

Juan prit le temps de s'assoir, pour voir jusqu'à quel point il était engourdit, respira un grand coup, puis se décida enfin à répondre au pasteur.

" Bonjour Révérend. Je crois oui que je suis bien reposé. Mais j'ai plein de question.
D'abord combien de temps j'ai dormi et où sont les autres? Où sont mes affaires et ma moto? Pourquoi le père Dominguez n'est pas là? Et pourquoi j'ai pas mal?
Ah oui, et comment va ma mère?
Je crois que c'est tout pour le moment. Mais je pense que je vais en avoir plein d'autres encore, une fois que vous aurez répondu à celles là Révérend."

Juan guettait les réponses du pasteur avec impatience. En effet le père Dominguez sortait tout droit de son imagination, sa moto était à l'institut, et sa mère allait bien aux dernières nouvelles. En attendant le jeune homme étirait ses muscles les uns après les autres.

En passant en position assise, Juan eut l'heureuse surprise de ne pas ressentir de gène particulière. C'était comme quand il avait dormi trop longtemps et oublié d'aller à la messe du dimanche parce qu'il avait bricolé sa moto jusqu'à une heure trop avancée de la nuit ! Un léger engourdissement en somme qui devrait passer sans trop de difficulté.

Le pasteur prit place sur la chaise et, arborant un sourire serein, entreprit de répondre au Mexicain :

"Vous avez dormi deux semaines, Juan, mais cela a du vous paraître bien plus long... Et les autres sont ailleurs dans ce complexe. Tout le monde va bien, vous pouvez vous rassurer"

L'homme passa sa langue sur ses lèvres et continua :

"Je pense que le Père "Dominguez", ainsi que "votre mère" font partie des souvenirs de votre drôle de rêve. Comment dire ? C'était votre vie désirée... Il s'agissait d'éléments que vous avez créé de toutes pièces... Même si cela paraissait on ne peut plus réel"

Saisissant la bible entre ses mains et examinant la couverture, le pasteur reprit :

"J'ignorai que vous souhaitiez conduire une moto. Nous nous arrangerons pour que vous puissiez en faire après cette petite affaire. Et pour votre mère..."

Quelque chose semblait gêner le pasteur au plus haut point. Quelque chose de difficile à dire.

"Souvenez vous, Juan... Je me suis occupé de vous depuis que vous avez été abandonné à la porte de mon église. Alors que vous n'étiez qu'un nourrisson. Vous n'avez jamais eu de mère. Je suis votre seule famille"

L'homme posa la Sainte Bible sur le lit de Juan.

"Mais je ne comprends pas... Pourquoi devriez vous avoir mal ?"

*Si on s'en sort elle va m'entendre la prof. parce que là c'est le truc le plus bizarre qu'on est fait. D'ailleurs je me demande où elle est. le seul avantage qu'il y a à cette histoire c'est que l'autre pimbêche d'Amarenna est pas là pour donner des ordres à tout le monde. Bon on va essayer de paraitre de circonstance.*

"Un rêve...mais enfin ça paraissait si réel. Dans le rêve, j'ai eu un accident terrible, j'ai cru que j'allais mourir, ça veut dire quoi?...Deux semaines j'ai dormi, ça fait long quand même; Pourquoi j'ai dormi aussi longtemps?...enfin ça explique pourquoi je suis un peu perturbé. Vous croyez que ça va durer longtemps cette...perturbation... Quand à la moto j'ai vraiment envi d'en faire, mais je voudrais voir les autres d'abord, si ça ne dérange pas. Ah oui, ça serait possible d'avoir d'autres vêtements, parce que ceux là comment dire... ils sont pas vraiment ce que je préfère.

Il finit par se lever du lit, et commença à marcher dans la pièce pour habituer doucement son corps au mouvement, puis après quelques instants, il se remit à parler.

"Quand ma mère, même si je l'ai jamais connu, je pense toujours à elle j'ai l'impression quelle est là quelque part à observer ce que je fait, ou alors des fois je pense qu'elle est morte, et qu'elle me regarde de là haut, du ciel."

Juan arrêta de parler quelques instants, pour bien appuyer son mensonge et puis il se décida à reprendre la parole.

"Bon alors, on y va?"

L'homme se leva en même temps que Juan, tendant les bras dans le but de l'empêcher de tomber... Mais le Mexicain se débrouilla merveilleusement bien ! La légère gène s'estompait, au final, assez vite.

"Les scientifiques qui se sont occupés de votre sommeil n'ont pas lésiné sur les moyens, Juan... C'est normal que vous ayez du mal à distinguer votre vie rêvée de votre vie réelle. Enfin, non... Ce n'est pas tout à fait normal, à vrai dire"

L'homme se pinça les lèvres, puis reprit :

"Mon fils, souvenez vous... Il s'agissait d'un test. Mais vous n'auriez jamais du croire que vous alliez mourir... C'était une erreur, une terrible erreur"

Le pasteur baissa les yeux.

"Ou plutôt non : une action malveillante. D'un homme frustré, d'un homme qui a voulu votre perte. Et qui a failli aboutir à ses fins !"

Redressant la tête et levant le regard au ciel, l'homme tonna d'une voix puissante :

"Mais que le ciel soit loué ! Que le Grand Shoggoth puissant en soit remercié ! Nous avons su vous tirer à temps de ce piège mental ! Et maudit soit ce docteur félon. Maudit soit son nom. Et que les ténèbres l'entourent et le dévorent !"

Cet instant de fanatisme passé, le religieux reprit sur un ton plus calme :

"Je pense qu'il est nécessaire de prendre conseil auprès de notre docteur. Celui qui vous a sauvé. Et cela vous permettra peut être par la même occasion de voir vos amis, mon fils. Plus vite cela sera réglé, plus vite vous pourrez faire de la moto..."

Se dirigeant vers la porte et posant sa main sur la poignée, il continua :

"Je comprends. Pour votre mère. Mais depuis le Saint Sanctuaire elle nous regarde, faisant partie du grand tout et... Elle est fière de vous"

La porte ouverte, le Pasteur invita Juan à lui emboiter le pas :

"Pour votre tenue, nous verrons plus tard. Nous avons l'éternité devant nous, mon fils"

Juan commença à marcher dans le couloir réfléchissant aux questions qu'il pourrait bien poser à cet homme d'Harmonie. En effet Juan n' avait écouté grand chose lors des briefings précédents, mais il se rappelait que Shoggoth avait un rapport avec Harmonie, qu'il était le centre de leur supposé croyance. Donc le fait qu'un pasteur le prononce en lieu et place de celui du saint père ne pouvait signifier qu'une chose, c'est que d'une manière ou d'une autre Harmonie le tenait au moins lui.
Le cerveau de Juan commençait à bouillir.

*Déjà, faut que j'arrive à faire croire au pasteur que je crois ce qui me dit, pour le moment ça a l'air de marcher avançons prudemment.
Ensuite une fois qu'on sera tous réunis chez le docteur apparemment, faudra que je trouve un moyen de m'assurer qu'ils sont avec moi.
Ensuite, faudra trouver la prof, trouver un moyen de sortir d'ici, et demander des vacances si on y arrive.
Je crois que c'est déjà pas mal.*

Il commença à marcher dans le couloir quelques instants, puis se retourna pour de nouveau vers le pasteur.

"Je vais vous paraitre stupide, mais je suis encore tout chamboulé, pourquoi on nous a fait dormir pendant deux semaines? Et c'est qui ce docteur qui a voulu me tuer? Et les autres aussi, il a voulu les tuer?"

*Voilà je pense que je suis pas trop mal sur ce coup. En tout j'espère qu'il est pas télépathe, sinon ça fiche tout en l'air.*

Juan repris tranquillement sa marche, attendant une réponse quelconque du pasteur.

Alors que les deux hommes progressaient dans le couloir aseptisé, le Pasteur reprit de sa voix grave et rassurante :

"Vous ne me paraîtrez jamais stupide mon fils... Il est normal que vous soyez perturbé : c'était une complication, à en croire notre docteur, prévisible suite aux agissements de ce maudit Fleury"

Le Pasteur avala sa salive. Visiblement, il tremblait de rage.

"Cet homme n'a pas cherché à vous tuer ! Il a cherché à faire échouer l'expérience. Il s'agit de l'expression de la bêtise et de l'avidité la plus pure : comprenant qu'il ne serait jamais nobelisé pour un projet qui le dépassait largement, il a introduit avant son départ un virus informatique dans le programme. Notre chef informaticien a essayé de le neutraliser mais... Visiblement sans succès !"

Les deux hommes s'arrêtèrent devant une porte automatique. Un petit panneau indiquait :



"Quoi qu'il en soit, Juan, vous avez participé au test d'un caisson hypnotique. Une machine à rêve, sensée produire une réalité virtuelle très vraisemblable. A votre réveil, vous ne deviez pas être "chamboulé" comme vous le dites. Mais fort de deux mémoires des événements passés : d'une part vos souvenirs réels, de l'autre vos souvenirs de cette réalité virtuelle. Tout en étant capable de distinguer l'une de l'autre"

Faisant jouer une carte magnétique qu'il venait de sortir de son habit dans la fente de la porte, le Pasteur termina :

"Les applications sont infinies : permettre à des astronautes de vivre une vraie vie pendant les voyages interstellaires très longue durée, permettre à des handicapés lourds de garder l'expérience de l'activité physique, offrir des loisirs réputés couteux à des personnes démunies, apprendre en dormant... Ce projet est presque l'aboutissement de l'œuvre humaine. Et vous en faites partie, mon fils..."

La porte se déverrouilla et s'ouvrit sur... la petite Laura !



La petite fille portait des habits standards et toisait d'un regard amusé les deux hommes. Plus étonnant, elle tenait une cigarette allumée entre ses doigts !

"Alors tête d'œuf, t'as bien dormi ?"

Le docteur, en revanche, n'était visible nulle part...

*Me souvenait pas que Laura fumait. Cela doit être un truc du piège qu'ils utilisent pour nous maintenir enfermés. Mais pourquoi bon sang, ils nous pas tué? Ils veulent nous recruter? Si oui pourquoi ils essayent...de faire quoi? modifier nos souvenirs? Y a un truc qui ne va pas. Pourquoi Laura parle comme ça? Pis elle devait pas rentrer chez ses parents? Ils l'ont eu aussi? Ou bien on est peut être encore dans cet espèce de fameux caisson? Bon j'attends les autres pour voir, ensuite il sera temps de sortir d'ici.*


"Je suis heureux que notre sommeil serve la cause de l'humanité. Mais je ne comprendrais jamais certains comportements. Comment est-ce-qu'on peut agir ainsi? Je comprends qu'on puisse être en colère parce qu'on a été écarté d'un projet aussi important que celui-ci, mais mettre en danger la vie des participants, tout ça par esprit de vengeance, moi je pourrais pas le faire, surtout si je savais ce que je m'apprête à essayer de saboter est si important pour l'humanité."

Puis il se tourna vers Laura, décidé à lui parler. Il allait rentrer dans son jeu et voir ce que ça allait donner.

"Saut P'tit bout de chou, ça va? On t'autorise à fumer ici? Je t'ai déjà dit que c'était mauvais pour toi, ça empêche la croissance...je plaisante. pas trop pertubée par tout ça, l'expérience, le virus Fleury."

Le Pasteur sourit à Juan avant de poser une main virile sur son épaule.

"Il ne faut jamais s'opposer au sens de l'histoire, mon fils. Car ce n'est pas bien et c'est peine perdue... Que pourrait faire un homme, un petit homme seul contre nos projets ? Nous marchons avec le Grand Shoggoth, rien ne peut nous arriver !"

Jetant un regard lourd de désapprobation à Laura, il termina, néanmoins à l'attention de Juan :

"Je suis heureux que tu sois avec nous, mon fils. Les gratifications sont infinies pour celui qui marche dans les lumières de sa majesté, le chaos rampant ! Je suis heureux que tu aies toujours la foi..."

Laura, tirant une bouffée sur sa cigarette, coupa l'homme d'une voix railleuse :

"Et blablah blablah..."

Imitant la voix de Juan, elle ajouta les mains sur le cœur :

"Mais Pasteur Flannagan, j'aimerai être un Shoggoth !"

Laura partit dans un fou rire enfantin :

"Je charrie Juan ! Je charrie ! Pardon "Flagadan" c'était trop tentant... La spiritualité c'est pas trop mon truc en fait..."

Elle écrasa sa cigarette dans un pot à crayon situé sur le bureau du praticien.

"Ouais, Juan, c'est pas bon pour moi, je sais, pis Mère veut pas que je fume ! Quelle hypocrite celle-là ! Enfin..."

S'asseyant en tailleur sur une chaise, la petite fille continua :

"Bah perturbée ? Pas vraiment non... Visiblement le virus m'a pas atteint... Toi aussi, ça a l'air d'aller non ? Mère avait l'air plus atteinte..."

Laura baissa légèrement les yeux.

"Et j'sais pas ce qu'il en est pour les autres mais... C'est vrai que ça semblait si réel... L'attaque de la fondation Harmonie, le combat sur les pelouses de l'université, toute ma vie rêvée... Faire équipe avec ma mère et sa sœur. Me retrouver à me battre contre des méchants qui sont des gentils en vrai..."

*Bon Laura a perdu totalement l'esprit apparemment. Sa mère est pas prof à l'institut. Et sa soeur était pas avec nous. Apparemment le truc qu'il nous ont fait est pas parfait. Je me demande ce qui peut bien arriver aux autres, j'espère que tout le monde va bien. Si j'ai bien compris ici, c'est le docteur, et si les autres font comme moi, ils vont venir aussi. Donc j'ai plus qu'à attendre que les autres arrivent ici. Je commence à trop réfléchir moi, mon cerveau va finir par fondre. Bon allez c'est repartit, pour un tour complet de mensonge et de demi-vérité.*

Juan observa quelques instants Laura quelques instants et le pasteur avant de reprendre la parole. Il avait trouvé une question à poser au pasteur, à laquelle pourrait répondre également Laura.

"J'ai encore plein de question, ça doit être parce que je suis encore pas mal déboussolé...Mais on est où ici? Et quel jour on est?"

Le jeune mexicain attendit quelques instants avant de reprendre.

"Ta mère et ta soeur, elles vont venir? et les autres membres de l'équipe, ils vont venir aussi. Je me sens perdu sans eux.. j'ai l'impression de plus rien savoir, enfin de plus savoir grand chose. je suis désolé, encore une fois. Cette s... de virus m'a vraiment flingué le cerveau."

Juan retomba dans le silence, attendant la réponse de ses deux nouveaux merveilleux camarades.

Le Pasteur reprit de sa voix puissante :

"Effectivement, vous semblez déboussolé mon fils... Mais ne vous inquiétez pas, vous n'avez pas manqué le service de cette semaine : nous ne sommes que samedi. Quant au lieu... Vous vous trouvez sur le domaine du Schlossadler, gracieusement prêté par Monsieur Cornelius Van Damme"

Laura, quant à elle, sourit doucement à Juan :

"T'inquiètes pas Juan... C'est normal que tu sois désorienté. T'as raison, c'est cette saloperie de virus qui a bousillé ta mémoire"

Elle se leva et s'approcha du mexicain.

"La sœur de maman. Pas la mienne. Amarenna est ma tante, pas ma sœur... Mais ouais, j'imagine qu'elles vont bientôt venir. Enfin quand maman aura fini de dire bonjour à son nouveau chéri, j'imagine !"

Le Pasteur Flannagan interrompit la petite fille :

"Voyons, ma fille, on ne parle pas de sa mère ainsi..."

Laura se gratta la tête et reprit à l'attention de Juan :

"Ouais, ouais... Enfin, t'sais j'suis là pour toi. Tu vas voir, tout va s'arranger pour ton retour à la vraie vie"

Le religieux posa sa main sur l'épaule de Juan.

"Mon fils, vous les verrez de toutes manières au repas et aux festivités de ce soir. Cette soirée sera inoubliable, croyez moi"

Sur ces paroles, la porte de l'unité médicale s'ouvrit à nouveau.



L'homme entra dans la pièce d'une démarche distinguée. Puis il lança d'une voix suraiguë :

"Laura, Juan, Flannagan... J'imagine que c'est pour notre ami mexicain ?"

Le Pasteur était fébrile depuis l'arrivée de l'homme. D'une voix exaltée, il répondit :

"Oui Docteur Death. Juan semble perdu, désorienté... Il erre dans les ténèbres de son esprit !"

* ça devient de plus en plus dangereux ici. Va falloir que j'avance prudemment, à partir de maintenant. Parce que sinon je vais me retrouver avec encore plus de problème. Et puis si ils avaient raison, et moi tort. Et en plus je peux pas prouver que ce que j'ai vécu jusqu'à présent n'est pas qu'une sorte de rêve. Purin c'est le boxon dans mon cerveau. Faut que je rejoigne les autres.*


Juan observa quelques instant le fameux docteur, celui qui était censé prendre soin de lui. La personne en face de lui n'avait pas la tête d'un médecin qui s'occupait gentillement de ses patients. Il avait plutôt l'air d'un chercheur avide d'expérience. En Plus Laura était bizarre, et ce truc Shoggoth, la prof en avait parlé, enfin le nom ressemblait à ceux qu'ils avaient rencontré en enquêtant sur Harmonie. le seul dieu que connaissait Juan c'était Dieu. L'autre c'était pas un vrai pasteur. Il connaissait pas grand chose aux protestants, mais Dieu s'appelait pas Shoggoth ça il en était certain, sa mère et le père de sa paroisse lui avait dit assez souvent.

*Je pourrais même pas en parler avec ma mère si on s'en sort, sinon elle est capable de me faire enfermer dans un couvent où chez les fous. Cela fait longtemps que je n'ai pas prier mais là j'ai vraiment besoin d'un coup de main. Si je m'en sors, jej ure de plus dire du mal d'amarenna pendant au moins un mois. Mais s'il vous plait me laissez pas chez ces fous, je veux rentrer à l'institut, je veux même retourner en classe plutôt que rester ici, et surtout dites moi que c'est ici le rêve pas là-bas.*

"C'est vrai que je suis un peu déboussolé doc, mais je pense que ça va vite passer. je me languis surtout de pouvoir rejoindre les autres, et de changer de fingue aussi, parce que celles là elles craignent un max. Et j'aimerais aller faire de la moto aussi."

Alors que le Docteur Death préparait une seringue, vraisemblablement pour faire une injection à Juan, les paroles de ce dernier le firent hésiter. Il fixa le mexicain dans le blanc de l'œil, l'air inquisiteur comme jamais.

Le Pasteur Flannagan, quant à lui, proposa à la suite des paroles de Juan :

"Je pense que nous pourrions laisser Juan et Laura rejoindre Math, non ? Qu'en pensez vous, Juan ? Math doit normalement assister à un cours avec votre précepteur à tous les trois... Mon fils, cela pourrait être l'occasion de reprendre le fil normal de votre existence... Quant aux vêtements, nous vous en procurerons de nouveaux lors de la cérémonie de ce soir"

Le Pasteur ajouta finalement :

"Enfin, pour assister à l'enseignement du Pédagogue, je m'en remets essentiellement à votre avis, docteur"

Ce dernier, tenant toujours la seringue, réfléchit un instant.

"Cela pourrait être en effet bénéfique pour sa mémoire. Mais..."

Il prit une grande bouffée d'air avant de terminer à l'attention du mutant mexicain :

"Quel est ton Dieu, petit homme ? Et à quoi ressemble-t-il ?"

* Je savais bien que ça pouvait pas continuer aussi facilement que ça. Comment je fais moi pour savoir à quoi il ressemble leur p... de dieu Shoggoth, ou quelque soit son nom. Essayons de réfléchir un peu. Cela m'étonnerait bien qu'il ressemble à notre vieux barbu, ni à celui des protestants ou des orthodoxes... je crois que je tiens le bon bout, je vais faire comme les juifs qui n'ont pas de représentations de Dieu, j'espère que ça ira, parce que sinon je crois que ça va être la fête à mon c...
Heureusement que j'avais demander un coup de main aux autorités supérieurs.
Si ma mère m'entends, ça va être quand même la fête à mon c...*


Le jeune mexicain se constitua ce qu'il pensait être une bonne tête d'évangéliste à la messe, puis il se tourna vers le docteur avec un sourire un peu béa s'étalant sur son visage, comme pour montrer son incompréhension.

"Docteur qui suis-je pour donner un visage au grand Shoggoth. A mon avis nul ne sait à quoi il ressemble en réalité. Et moi en tant que humble croyant qui n'ait pas encore embrassé la totalité de sa vérité, je serais bien incapable de vous décrire la magnificence de la divinité."

Juan arrêta là de parler pour se donner le temps de réfléchir.

* Bon j'espère que cette fois-ci ça va être bon, sinon je vois pas. Si je m'en sors, je demande des vacances à Madame Kofman, parce que àprès ça je vais avoir besoin de repos. Pourvu que les autres s'en sortent mieux que moi.*

"je me réjouis d'avance de retrouver mon ami Math et les autres aussi d'ailleurs.
D'ailleurs je suis enchanté d'aller voir le prof avec Laura. Enfin si vous m'en donnez l'autorisation docteur."

* Bon y a plus qu'à prier pour que ça passe, et maman s'il te plait laisse moi jurer, et surtout pardonne moi si jamais ça se passe mal.*

Le Docteur examina attentivement les yeux du mexicain pendant qu'il formulait sa réponse. Laura et le Pasteur Flannagan gardèrent un silence absolu durant le monologue de Juan.

Quelques instants après, le Pasteur sourit d'un air bon et paternel.

"Mon fils, tu as parlé en paroles ailées. Le Grand Shoggoth n'a ni forme que tu pourrais décrire, ni couleur que tu pourrais relater. Il est l'indicible, le chaos rampant de sa majesté ne peut exister en mots et concepts humains. Il est au-delà de l'espace, du temps et de la pensée. Ton esprit est intact, mon fils"

Le Docteur reposa définitivement la seringue sur le bureau. Il lança d'un air mauvais.

"La vision du Grand Shoggoth te tuerait sur place ! Tu es donc bien un croyant. Et ce soir, tu seras des notres !"

Alors qu'il remballait ses affaires, le Docteur Death ajouta négligemment, comme si la situation n'était plus d'aucune importance à ses yeux :

"Je fais mon boulot et je me casse... Et le petit homme peut aller rejoindre son ami et le pédagogue si ça lui chante"

Le Pasteur fit un léger signe de tête à l'étrange praticien avant de poser ses mains sur l'épaule de Juan et Laura et de les conduire hors de l'unité médicale...

Vies parallèles 4 : Math