[LeX 4.8.3] Vies parallèles 3 : Hjördis

Il arrivait. C’était une bonne chose. Il pourrait expliquer les choses plus facilement à Hjördis. Pourtant, elle tâcha quand même de s’expliquer.

« Ici, plus de pouvoirs. Nous sommes des gens comme n’importe qui. C’est bien gênant, d’ailleurs. Mais bon. C’est comme ça. Je crois que nous sommes dans une réalité alternée. Imagine une illusion de Gabrielle, si tu préfères… Tout ça n’est que mensonge. Mais ils essayent de nous faire croire que c’est réel. Le docteur Sawada, que j’ai appelé, m’a un peu parlé de ces caissons hypnotiques dans lesquels nous avons soi-disant été enfermés pendant quelques temps. Mais je pense que c’est maintenant que nous y sommes. Enfin bref. Il est celui qui m’a semblé être le plus censé ici, et le plus à même de répondre à nos questions… »

Sur ces mots, Amy marqua un silence qui permit à l’asiatique de faire son entrée, accompagné de deux gros bras torses nus. Blackhole fronça légèrement les sourcils avant de se reprendre rapidement.

« Ils ne peuvent pas attendre dehors ? Vous êtes médecin, eux non… Et nous serons prêtes plus vite s'ils ne restent pas à nous surveiller... J'ai toujours eu horreur de ça... Je vous ai dit tout à l’heure à quel point j’étais déstabilisée… Hjördis aurait besoin que vous lui réexpliquiez dans quoi nous nous sommes embarqués, tous. Et tant qu’à faire… Comment on enlève ces trucs déjà ? Qu’on puisse se changer vraiment ? »

A nouveau, elle marqua un silence avant de répondre au clin d’œil de Sawada.

« Je n’y manquerai pas… Vous avez vu ou eu des nouvelles des autres ? Je n’ai toujours pas vu ma ‘sœur’, ni ma ‘nièce’… Et comment vont Ivy, Math et Juan ? Et que voulait ce type qui a essayé d’enfermer Hjördis et Eliott dans les geôles en bas ? »

Que de questions. Mais, au moins, elles pourraient en apprendre plus. Entre Zangra, Vilsmaier et Sawada, la confiance d’Amy allait plutôt vers le non militaire du groupe, le moins psychorigide.

Amy fronça les sourcils devant la réaction de Sawada. S’il y avait bien une chose à laquelle elle ne s’était pas attendue, c’était celle-là. Précédemment, il lui avait semblé presque sympathique, presque amical dans ce monde hostile. Mais là, avec les deux gardes avec lui, il était différent. Même Zangra et Vilsmaier n’étaient pas parvenus à lui enlever sa bonne humeur. Etait-ce l’imminence de cette cérémonie ? La présence des deux gorilles ? Sa véritable nature ? Quoiqu’il en soit, la jeune femme n’était pas à l’aise. Et l’aide ‘providentielle’ des gorilles pour enlever la combinaison n’était pas pour la rassurer. Pour le coup, elle aurait préféré faire comme Hjördis et s’habiller par-dessus. Elle se racla légèrement la gorge en guise de remerciement puis se détourna pour s’éloigner afin de passer les horribles vêtements de chasse à courre dans un coin où sa prochaine nudité ne serait pas trop visible. En même temps, elle entreprit de répondre à Sawada.

« Une courte pause ? Un souci ? »

Sur ces mots, la jeune femme entreprit d’enlever la combinaison tout en s’habillant le plus rapidement possible, afin de ne pas exposer sa nudité aux trois hommes. Plus vite ça serait fait, mieux ça vaudrait. Si les gardes ne semblaient exprimer que de l'indifférence vis à vis du corps dévêtu d'Amarenna, Sawada l'observa d'un regard peu médical, un léger sourire au coin des lèvres...

« En quoi consiste la cérémonie, déjà ? » demanda-t-elle alors.

Ses fiançailles ? Amarenna marqua un stop à la nouvelle. Ses fiançailles avec le raseur ? La jeune femme ne mit pas longtemps à comprendre qu’il devait s’agir de Vilsmaier, vue la réaction de Sawada plus tôt dans le laboratoire. Etait-il jaloux ? Elle coula un regard dans la direction de l’asiatique avant de secouer la tête pour chasser cette idée de son esprit. Il fallait qu’elle sorte de là. Elle allait devenir folle, si ça continuait. Etre militaire ? Se fiancer avec un militaire, de surcroît ? Elle était en plein cauchemar. Et ça n’était guère mieux pour Hjördis qui s’apprêtait à se marier avec Elliott. La jeune femme secoua la tête et reprit sa marche à la suite de Sawada.

Intégrer une société secrète ? C’était quoi cette histoire ? Amy fronça les sourcils. Cette histoire ne lui disait, réellement, rien qui vaille. Mais elle ne pipa mot. Du moins, jusqu’à l’arrivée devant une grande porte devant laquelle les deux malabars les laissèrent. Maintenant ça devenait sérieux ? Parce qu’avant, ça ne l’était pas ? Amy suivit l’asiatique dans la salle de banquet et ne put retenir un regard admiratif en voyant la pièce qui était, il fallait l’avouer magnifique. Mais elle n’avait pas le temps de s’appesantir là-dessus. Il y avait du monde dans la salle. Elliott – le futur mari de Hjördis –, Zangra, Vilsmaier – son futur fiancé –, Georgia, Laura, Soft Machine, et du monde qu’elle ne connaissait pas, hormis Sears qu’elles avaient croisé. Amarenna fut parcourue d’un frisson en regardant les trois hommes qui semblaient tout diriger, frisson qui s’intensifia lorsque le dernier prit la parole avant de désigner le renard qu’elles avaient vu plus tôt. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? La jeune femme regarda autour d’elle et remarqua les deux poignards. ? Un sacrifice ? Un nouveau frisson lui parcourut l’échine. Elle remarqua ensuite le symbole sur la table. Symbole qui lui était familier. L’homme reprit la parole pour porter un toast. Toast guère rassurant. Celle qui va mourir ? De qui parlait-il ? Du renard ? Auquel cas il s’agissait d’une renarde ?

Amy coula un regard vers Hjördis. Comment vivait-elle la chose, elle ? Mais elle n’attendit pas de voir sa réaction. Rapidement, elle reporta son regard sur la cage puis sur Protagoras.

« Merci, grand Maître. C’est un honneur pour nous que de vous rejoindre… » fit-elle en essayant de jouer le jeu.

Elle n’esquissa pas un geste vers les armes. Elle n’avait guère envie de tuer un être vivant. Elle cherchait plutôt un moyen de pouvoir libérer cet animal. Demander à faire une chasse ? Que l’animal soit en liberté ? Après tout, elles étaient en tenue de chasse à courre… Logiquement, cela aurait dû se passer dehors. C’était, du moins, ce qu’elle avait pensé. Mais pouvait-elle le glisser dans la conversation ? Elle préféra, de fait, garder le silence et attendre de voir ce que l’homme proposerait. Il serait toujours temps d’en parler plus tard…

Hjördis n’était pas la seule à ne pas se ‘souvenir’. Et pour cause… Amy non plus, vu qu’aucune des deux n’appartenait à cet univers. Pour autant, Amy se serait bien gardée d’une quelconque réflexion. Mieux valait continuer à faire semblant. Elle écouta donc avec attention les explications d’Elliott à Hjördis. Le regard de la jeune femme se porta sur le renard dans la cage et un frisson lui parcourut l’échine. Ne pas montrer de sentiments ? Tuer cet animal innocent ? Ou ce mutant compte tenu de ce qu’il s’était passé dans les geôles ? Un léger tic secoua sa lèvre supérieure alors qu’elle retenait une exclamation de dégoût. Ce n’était pas possible. Elle ne pouvait pas. Elle ne le voulait pas. Elle ne le ferait pas. Sears s’approcha alors les couteaux à la main pour les leur donner. Amy prit le sien sans cérémonie, serrant le manche à s’en blanchir les jointures. Ne pas faire de sentiments… Ce n’était pas sur le renard, mais sur les gens présents dans cette salle qu’elle avait envie de se montrer insensible. Protagoras, Sears et les autres, elle se serait volontiers jetée sur eux. Mais la palme revenait à Elliott et à son symbole sur le bras. Il ne pouvait qu’être le traître qui avait causé tous ces morts… A la pensée des cadavres qu’Ivy et elle avaient découverts, la jeune femme resserra encore sa prise sur le manche du poignard. Il s’en fallait de peu qu’elle ne perde sa maîtrise.

*Assassin…* songea-t-elle avec haine.

Le mot avait failli franchir la barrière de ses lèvres, mais elle était parvenue, avec peine, à le retenir. Il ne fallait pas. Pas encore. L’occasion se présenterait, bien assez tôt, de cesser de jouer. De se libérer, de sortir de là. En même temps, sans pouvoirs, elle se sentait quelque peu désavantagée. Pourtant, elle savait se battre. L’occasion se présenterait sans doute, elle aussi, assez tôt. Mais pour ça, il fallait cesser de jouer. Du coin de l’œil, elle vit Zangra jeter le renard hors de sa cage. L’animal finit par sortir de la pièce. Au moins, elle n’aurait pas à trouver un prétexte pour sortir. L’animal avait plus de chances de s’en tirer. Enfin… Ce n’était pas aussi sûr. L’ordre de lâcher les chiens retentit et résonna dans la tête d’Amy un long moment après avoir été donné. Il faudrait s’occuper des chiens, pour pouvoir libérer le renard. Les occuper autrement, les assommer, tout ce qu’il serait possible de faire sans les tuer. En même temps, eux ne se gênaient pas pour tuer… A cette idée, une bouffée de haine et de colère afflua dans le cœur de la franco-américaine. Il était temps de sortir de là. Elle avait trop fait semblant. Il était temps de reprendre sa place. Celle d’une jeune mutante, celle d’une sœur aimante et un brin idéaliste, celle d’une jeune femme éprise de liberté. Mais pas celle d’une pseudo militaire.

Elle fit un pas pour quitter la grande salle quand Protagoras annonça qu’elles ne seraient pas seules. Vilsmaier, le ‘futur’ fiancé d’Amy allait les accompagner pour trancher la gorge du renard. Pour s’assurer qu’elles allaient bel et bien le faire ? Un voile de mépris passa dans le regard de la jeune femme alors qu’elle le portait sur le dos du général. Il fallait qu’elle quitte cet endroit au plus vite. Elle n’en pouvait plus. Hjördis passa devant elle et Vilsmaier dont Amy avait fini par se rapprocher pour partir. A la menace de sa coéquipière au militaire, Amy frémit. Elle avait vu dans le couloir ce dont il était capable. En plus de sauver le renard il faudrait qu’elle essaye de protéger Hjördis. La tâche s’annonçait hardie… Reprenant le rôle qu’elle jouait depuis son réveil, elle reprit la parole :

« Je crois que ce qu’elle veut dire, c’est qu’elle tient à s’en occuper elle-même… »

Pour libérer l’animal ? Amy espérait que ce soit là la vérité. Elle ne voulait pas avoir à douter de sa coéquipière. Se retrouver seule là dedans, au milieu de tout ça, ça ferait trop pour ses nerfs déjà fortement éprouvé à Harmonie. Prenant une grande inspiration, elle sortit à son tour de la salle. Plus vite ils seraient en route, plus vite ils pourraient, tous, sortir de là.

La jeune femme se prit même à regretter l’absence de Juan et Math à ses côtés et le silence de leur absence. Mais ce qui lui manquait le plus, c’était ses pouvoirs. A nouveau, elle tenta de faire se mouvoir une ombre. Ils faisaient partie d’elle. Ils ne pouvaient avoir disparus…

Amy se raidit en voyant Vilsmaier sortir son arme. Voilà qui s’annonçait plus compliqué. Elle, qui s’efforçait de rester dans le rôle avec lequel elle devait composer, voyait maintenant les grosses difficultés surgir. Mais, au moins, il avait compris dans le « bon » sens les propos de Hjördis. C’était déjà ça. Il était leur guide dans cette histoire. Ca, c’était une autre histoire. Amy n’avait, pas plus que Hjördis, l’intention de tuer le renard. Mais elle avait un autre problème en tête. Ses pouvoirs n’étaient toujours pas là. Se pouvait-ils que Sawada ait eu raison ? Non, elle ne pouvait y croire. Ses pouvoirs étaient une partie d’elle. Elle fronça les sourcils mais préféra reporter son attention sur la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Elle entendit rapidement des grognements à faire frémir les morts. Les chiens. Amy suivit son guide jusqu’à se retrouver devant un labyrinthe végétal, deux molosses et un petit renard effrayé. Amarenna se stoppa net, légèrement en retrait de ses deux compagnons, incapable de faire un pas de plus. Les molosses étaient gigantesques. Comment allaient-elle faire pour les stopper ? D’autant que Vilsmaier encourageait les chiens à attaquer le renard. Voilà qui n’allait pas les aider. Le général, en tout cas, connaissait la route vers la sortie. Amy haussa un sourcil. C’était intéressant.

Hjördis, cependant, fidèle à sa bonne habitude, fonça dans le tas pour s’interposer, et planter sa lame dans le vide. Un hurlement retentit, glaçant le sang de BlackHole dans ses veines. L’un des chiens semblait blessé, alors même que Hjördis n’avait fait que toucher de l’air. Etrange, à n’en point douter. Mais Amy n’avait pas le temps d’y réfléchir. Vilsmaier pointait son arme sur l’islandaise.

*Et merde…*

C’en était fini du petit jeu d’infiltration. Maintenant, elle n’avait plus le choix. Elle allait devoir agir. Elle n’avait plus le choix. La jeune femme entreprit de faire une clef de bras au militaire, enserrant son cou dans son coude pour lui faire lâcher prise, tout en appuyant la lame du poignard de son autre main sous la gorge de Vilsmaier.

« Je te conseille de ne pas tirer sur ma coéquipière si tu tiens à la vie… »

La violence pour la violence… Voilà bien une chose dont-elle avait horreur. Mais elle n’avait pas le choix. Hjördis et Vilsmaier ne lui avaient laissé aucun choix. Harmonie non plus. La Méduse non plus. Elle n’avait pas le choix. Elle savait qu’elle s’en voudrait, après. Mais ses coéquipiers passaient avant tout le reste. Avant son propre bien être.

« Si tu veux te montrer utile, débarrasse-nous de ces molosses… Sans qu’ils n’aillent chercher du renfort… »

Au grand soulagement d’Amy, Vilsmaier commença à baisser son arme. Elle n’aurait pas à montrer sa détermination tout de suite et à prendre la vie d’un homme. C’était, déjà une bonne, une très bonne chose. Elle ne savait pas comment elle aurait pu vivre la chose après ça. Pourtant, il restait virulent dans ses propos, même s’il se montrait un peu plus obéissant.

« Tu ne sais pas non plus à qui tu as affaire… Non seulement toi et tes copains vous nous volez nos vies, mais en plus, vous nous volez nos pouvoirs… Et en plus, vous voulez faire de nous des assassins… Si tu meurs, ça sera de la légitime défense. Si ce renard meurt, ça n’en sera pas. Et c’est hors de question. »

BlackHole marqua un temps de silence, raffermissant sa prise sur le bras du militaire de façon à le lui tordre un peu plus douloureusement.

« Donne ton arme et ton communicateur à mon amie… Et pas d’entourloupe… » précisa-t-elle en appuyant un peu plus la lame contre la gorge de l’homme pour l’assurer de son sérieux.

Il stoppa le chien, du moins celui qui allait attaquer Hjördis tandis que l’autre partait à la poursuite du renard. Voilà qui n’allait pas arranger les choses… La blonde, d’ailleurs, profita du répit pour s’en prendre verbalement à Vilsmaier. Voilà bien une chose qu’Amy n’allait pas lui reprocher. Tout comme elle, Freyja avait besoin de se défouler. C’était logique. Une chose était claire cependant aux yeux de la franco-américaine, c’était que le rôle de militaire lui collait en cet instant à la peau. Elle attendit que Hjördis ait terminé pour reprendre la parole.

« Tu nous parlais de ton avion, et de la nécessité de connaître ce labyrinthe pour sortir. Hauts les cœurs, chéri… Tu vas rester encore un peu en vie, après tout… Tu nous emmèneras dehors. Et pas de piège. On ne te loupera pas. »

De nouveau, elle marqua un temps de silence avant de reprendre :

« Vous jouez à quoi ici ? Pourquoi cette mascarade avec nous ? Où sommes-nous ? Et surtout, vous êtes qui, toi et tes copains ? Vous cherchez quoi ? Et je te déconseille de mentir… »

A nouveau, elle resserra la pression sur le bras de Vilsmaier pour l’empêcher de se dégager et le pousser à répondre.

Le Colorado? sur un plateau? elle avait, malgré tout, du mal à y croire. En même temps c'était toujours plus logique que cette histoire de caisson hypnotique, à n'en pas douter. Quant au fait de se faire tuer, s'ils avaient dû le faire, ça serait déjà fait depuis longtemps. Mais il était vrai qu'ils n'étaient pas à l'abris. Aucun des Lex. Surtout après les dernières infos livrées par Vilsmaier. La fin du monde tel qu'ils le connaissaient. Amy en eut froid dans le don. Un frisson glacé lui parcourut l'échine tandis qu'elle imaginait toutes les fins du monde possible. Et toujours ce mot. Le Béhémoth. Qu'était donc cette chose qui était capable d'affrayer aussi le chien? La jeune femme n'en avait aucune idée. Mais quoi que ce soit, cela devait être terrible.

Vilsamier venait, d'ailleurs, de faire dans son pantalon. Amarenna esquissa une grimace dans le dos de l'homme. Mais elle aussi aurait sans doute eu aussi peur dans les mêmes circonstances. Sauf qu'elle s'interdisait de penser à ce qu'elle était entrain de faire et à ce qu'elle allait faire après ça. Tout ce qu'elle s'autorisait à avoir en tête, c'était la nécessité de retrouver les autres et de sortir de cet enfer.

Le militaire leur appris alors ce qu'il avait dû faire pour les rejoindre. Du dégoût se dessina sur le visage d'Amy. Il avait tué sa propre mère? Quel genre d'homme ferait ça?

"Si tu n'es pas un homme, qu'es-tu?" demanda-t-elle avant de reprendre:

"Pourquoi ne disposons-nous plus de nos pouvoirs? Depuis combien de temps sommes-nous là?"

Mais la suite de ses paroles était intéressante aussi. Ils avaient besoin d'Esther pour créer cette chose. Y avait-il une chance pour que ce ne soit pas fait, encore?

"Ils ont déjà procédé, ou pas encore? Et qu'est, ou qui est ce Shoggoth?"

Que de questions... Questions sans réponses auxquelles seul Vilsmaier avait les réponses. Il fallait savoir. Apprendre la vérité. Aussi poursuivit-elle sur sa lancée tandis que Hjördis lui demandait d'appeler quelqu'un avant de faire quelque chose de complètement stupide aux yeux de la leader des Lex.

"Qui sont "ILS"? Pourquoi les crains-tu tant que ça? Pourquoi as-tu tué ce type dans le couloir? Tu avais peur de ce qu'il allait nous dire? Après tout, c'est lui qui nous a amenés là... Pourquoi cette fille était-elle enfermée? Et surtout, où sont les autres?

Prendre le contrôle de son destin... C'était réussi. Il avait joué et il avait perdu. Et il risquait fort de mourir ici. L'ironie de la situation dessina un sourire amer sur le visage de la franco-américaine.

"Si je crois ce que tu nous as dit, tu as parié sur le mauvais cheval..."

Le timbre de voix de Vilsmaier, malgré tout, était quelque peu dérangeant. Mais au moins, il répondait à leurs questions. C'était déjà une bonne chose. Il expliqua ensuite pourquoi elles n'avaient plus leurs pouvoirs. Amy lança un regard à Hjördis avant de reprendre:

"Le Verbe? J'ai déjà entendu ça quelque part... Il doit y avoir une phrase pour nous les rendre alors... Non? Dis-la..."

La demande d'Amarenna sonnait plus comme un ordre, comme en témoignait la pression sur le bras du pseudo militaire. Cela ne l'empêcha nullement de poursuivre, expliquant qui étaient ces ILs et ce qu'ILS faisaient. Manipuler le temps et l'espace? Voilà qui faisait froid dans le dos. Autant que les grognements qui revenaient du labyrinthe. Hjördis avait-elle réussi son coup? Il fallait espérer que la bête serait aussi docile que le premier chien. Mais Amy n'eut pas le temps de s'apesantir dessus que l'homme reprenait. Il était trop tard. Ils allaietn devoir détruire cette chose. Un bébé. Mais un bébé monstrueux qui risquerait de tout détruire. Une coulée de sueur froide parcourut l'échine de la Lex.

"Quelle forme cela va-t-il prendre?"

Il termina enfin, expliquant ce qu'étaient le Shoggoth et les ILS. Mais elle n'eut pas le temps de poser une autre question alors que Vilsmaier s'interrompait. Le regard de BlackHole fut attiré par le chien sur le seuil du labyrinthe qui ne tarda pas à les charger, le militaire et elle. Vilsmaier poussa un cri de frayeur auquel Amy fut pas loin de faire échos.

"Le verbe... Rends-nous nos pouvoirs. Maintenant!" hurla-t-elle dans l'oreille de l'homme avant de le lâcher pour s'écarter et de crier à Hjördis qui avait récupéré l'arme:

"Tire sur les bêtes!"

Ah ça... L'islandaise avait eu là une bonne idée en rappelant l'animal... Si elles s'en sortait, nul doute que Freyja entendrait parler du pays...