[13 avril : Commando spécial] Harumaggedon

Sans avoir à utiliser réellement la force, Amy parvint à se débarasser du garde en l'éffrayant suffisamment pour qu'il parte en courant. Elle regarda autour d'elle pour vérifier les dégâts. La porte du fond, celle de la file des fille était défoncée. Juliette et Ivy n'étaient nulle part en vue. Un petit pincement s'empara du coeur de la leader tandis qu'elle se saisissait de son communicateur.

"Tout le monde va bien?" fit-elle dans un message qui ne s'adressait qu'à ses camarades.

Son regard se reporta ensuite sur la pièce. La machine à écrire flottait toujours dans les airs. Voilà qui n'était pas plus mal. Pourtant, Claire ne pouvait garder son emprise sur lui de manoère indéterminée.

"Tide, relâche-le... Fiain, une fois que tes clones auront ligôté tout le monde, fais-les disparaitre. Tu en auras sans doute besoin d'autres tout à l'heure, mais on va éviter de continuer en trop grand nombre de suite."

Elle se tourna ensuite vers Samantha qui venait de faire un petit commentaire sur l'inutilité de son action.

"Désolée, mais Esther m'a confié une arme qui n'aurait jamais pu passer si on avait dû se déshabiller..." expliqua-t-elle en soulevant légèrement un pan de la chemise qu'elle portait pour montrer l'objet en question.

Elle se tourna alors vers les garçons et plus particulièrement vers Thomas.

"Bien joué les garçons. Je suis Amarenna. Ou plutôt, BlackHole. Explique-nous pourquoi tu n'étais pas dans la file des garçons quand on est arrivés. Pourquoi n'étais-tu pas drogué/hypnotisé comme eux tous..."

Ce faisant, elle invita d'un geste tout le petit groupe à fouiller les gardes, tout en entreprenant de fouiller celui que les garçons avait mis hors course. Hormis un magasin de munition supplémentaire, Amarenna ne trouva rien d'intéressant sur l'homme.

"Quand on les aura fouillé, on continue d'avancer. Fiain, Seel, Tide Samantha, prenez chacune une arme. Une également pour Evanescence et Dryade." fit-elle avant de demander à Thomas l'arme du garde.

Après la pluie, le beau temps… En l’occurrence, après le fracas de ce qu’il serait convenu d’appeler une escarmouche éclair, le calme… Tout relatif, certes. N’étant d’aucune utilité à ses camarades face à ces fous dangereux qui s’étaient autorisé à tirer sur une espèce rare en voie de disparition, la gothique romantique avait donc franchi de son pas éthéré la porte tant convoité par les filles obnubilé par ce désir insensé de rejoindre leur dieu., mais elle ne fut pas seule sur ce chemin car de sa vision à trois cent soixante degrés elle pu voir que le petit lutin de l’institut l’y avait précédé de peu avec toute sa finesse habituelle. Mais au moins, avait-elle assommé le mutant métallique si elle en croyait le corps inanimé qui gisait au sol non loin de la jeune mutante. Celle-ci avait visiblement payer cher sa bravoure toute héroïque, car il semblait qu’elle ne puisse plus se relever. A son grand soulagement, Juliette vit rapidement que ce n’était qu’une cheville foulée, rien de bien grave. D’ailleurs, l’irlandaise remédia presque immédiatement à sa situation en se créant une sorte de prothèse végétale afin de consolider sa cheville blessée. Décidément, le pouvoir de Ivy était plein de surprise…

Lorsque le communicateur de la rouquine sonna, c’est avec un soulagement certain que la voix de Amarenna parvint aux oreilles désincarnée de la gothique romantique. Celle-ci s’enquérait de leur bonne santé, et Ivy la rassura de son inimitable style qui la rendait si attachante aux yeux de la jeune femme éthérée. Le message de leur chef d’un jour et le calme qui émanait de la pièce précédente indiquait de tout allait bien pour eux aussi et Juliette en fut sillage dans son silence forcé. Se détachant alors d’un monde ou elle ne pouvait plus communiquer avec qui que ce soit, elle put se concentrer sur la pièce ou le petit lutin et elle avaient atterri. Le terme de pièce n’était pas vraiment de mise en fait, car il s’agissait plutôt d’un long couloir descendant ou se pressaient en silence les jeunes filles destinée à cette fameuse cérémonie. Toutes avait leur papier, qu’ils soit rouge ou bien noir. Circulant tel un fantôme dans ce couloir, Juliette se rapprocha légèrement de la porte suivante d’ou provenaient des sortes de cris ou bien de pleurs. C’était assez difficile à dire avec la sinistre voix féminine qui tournait en boucle dans les hauts-parleurs, couvrant ce qu’ils pouvait bien se passer au-delà de cette nouvelle porte ou les jeunes filles entraient par petit groupe. Quoi qu’il en soit, ce qu’il se déroulait derrière celle-ci ne devait assurément pas être très joyeux vu les propos tenus par cette voix inconnu qui les invitaient à abandonner toute idée d’individualité propre. Ces propos horrifièrent la gothique romantique, elle qui jamais n’avait cédé à une quelconque forme d’uniformisation sociale.

Bien décidé à découvrir ce que cette pièce dissimulait comme horreur afin d’en avertir les autres membres de son équipe pour qu’ils puissent agir en connaissance de cause, la gothique romantique utilisa son étonnante vision du monde pour observer chaque coin et recoin de ce couloir afin d’y découvrir rapidement un moyen autre que cette porte pour aller voir ce qu’il y avait derrière celle-ci. Très rapidement, une grille d’aération apparut dans son champ de vision. Voilà qui allait sans doute lui être utile, car généralement ce genre de conduit reliait les différentes pièces d’un bâtiment entres elle. Elle allait donc s’y engouffrer, en essayant de rester dans la direction de la salle suivante. Un plan lui aurait été bien utile, mais en l’absence de ce dernier Juliette allait devoir se contenter de son seul sens de l’orientation. De toute façon, la pièce suivante étant si proche, qu'il ne lui serait sans doute guère difficile de se repérer… Notamment si elle se fiait aux bruits entendu dans le couloir en provenance de derrière la porte ou la file des jeunes filles se dirigeait. Tout en s’engageant dans ladite grille d’aération, Juliette songea à avertir ses compagnons de sa tentative de reconnaissance. Mais comme elle ne pouvait utiliser son communicateur, elle songea alors à Anna. Elle était télépathe, alors elle pourrait certainement réceptionner sa pensée… Peut-être même, qu’elle pourrait lui répondre. Voilà qui serait intéressant, si jamais la télépathie se révélait être un moyen de communication avec sa forme éthérée. Dans une pensée qu’elle espérait être capté par la jeune femme, la gotique romantique pensa :

*Anna… Je vais passer par le système d’aération afin d’essayer de découvrir ce qu’il se passe plus loin…*

L’entendrait-elle.. ? Si jamais elle n’avait pas de retour de la part de la télépathe, elle reviendrait de toute façon en arrière afin de leur expliquer de vive voix la situation dans la pièce suivante…

Ils y étaient parvenus. A tous se regrouper. A tous passer la première difficulté. Et, hormis Juliette dont le bras était éraflé et Ivy qui avait du transformer sa jambe foulée en une jambe de bois, tout le monde était entier. Amarenna avait décidé de ne garder que le révolver, estimant le fusil beaucoup trop lourd et encombrant. D'autant qu'elle avait trouvé un magasin de munitions. Bon... Encore faudrait-il recharger ça comme il fallait. Mais ça serait toujours plus simple d'utilisation. Elle écouta avec attention les dires de Thomas et prit les photos qu'il lui tendait.

"Attends.. Tu veux dire que tu es le nouvel empathe de Némo? Celui qui doit contrôler le Shoggoth?"

Sur le coup, elle n'avait pas pu en rajouter plus. Mais il était évident que la photo de Dwyer et Bateson, ainsi que celle du maître et de ses disciples étaient la preuve que l'enfant avait bien été capturé en ce sens.

"Je suis au regret de t'apprendre que le fils de cette femme est le Shoggoth..." fit-elle d'un ton qui n'annonçait rien de bon.

En tout cas, c'était bon à savoir. Pas comme cette file qui se remettait en route pour signaler que quelqu'un était revenu à l'intérieur.

*Et merde...*

"Dryade, Fiain, Razgriz, Samantha, occupez vous de ceux qui sont revenus. Evanescence, viens récupérer les armes, Thomas et nos vêtements à Tide, Seel et moi. Nous trois, on va se faufiler dans la file avec des laisser-passer de la bonne couleur. Evanescence et Thomas, vous nous servirez d'éclaireurs en nous dirigeant pour rejoindre le Shoggoth. Quand les autres auront fait le ménage derrière, vous pourrez nous rejoindre. Seel, tu serviras de relais entre nous tous. Je suis désolée que tu doives à ce point utiliser ton pouvoir..."

Décidément, elle allait finir par en vouloir à Esther. C'était la troisième fois qu'elle allait devoir se retrouver nue devant tout le monde. Dans un soupir et une grimace, elle assomma une jeune femme porteuse d'un billet rouge pour prendre celui-ci et indiqua à Seel et Tide de faire de même avant de se déshabiller et de se faufiler dans la file pour accéder à la pièce suivante. Amarenna était désormais dans la pièce en question... PentaCephalus récupéra son billet et s'apprêta à la faire passer dans la salle suivante...

Le dédale du conduit d’aération était en réalité assez simple dans sa conception… Il était vrai que c’était un bâtiment assez basique en réalité, son immensité ne reflétant finalement que celle de la majeure partie de ses quelques pièces. La gothique romantique arriva rapidement, sinistrement aidé par les cris des quelque malheureuse qui n’avait pas l’honneur de convenir au rôle tout relatif d’élue, à trouver la seconde salle. Emergeant timidement de la grille d’aération sans pour autant quitter le conduit, elle assista alors à la seconde partie de la sélection des mutants destiné à rejoindre le Shoggoth. Il lui était difficile de déterminer si la scène qui s’offrait à elle était plus étrange que terrifiante, ou bien plus terrifiante que étrange. Des trois mutants, le plus intriguant était celui recouvert de multiples visages. Elle cru tout d’abord à un décorum sinistre, mais lorsque l’un des visage s’exprima… Si elle avait pu, la jeune femme en aurait émis un petit cri de surprise. Relayant la scène à ses camardes par l’intermédiaire de Seel, Juliette en observa passivement le déroulement afin d’en comprendre le sens. Le premier mutant, celui qu’ils appelaient PentaCephalus, regardait la couleur des tickets que tenaient les jeunes filles. Rouge, elles étaient dirigé vers la salle suivante… Noir, le second mutant en armure prenait le relais de bien sinistre manière en tranchant, sans l’ombre d’une hésitation, la gorge de la malheureuse au ticket sombre. Quand au troisième mutant, une jeune femme au regard habité d'une forme de folie certaine, son rôle consistait visiblement à se débarrasser des corps en les jetant dans un passe plat en direction d’un autre usage mais toujours au service de leur cible principale. C’était un sinistre chaîne , mais toutefois bien huilée vu la rapidité avec laquelle tous ceci était effectué, et si Juliette avait pu, elle en aurait frissonner d’horreur.

En écoutant leur conversation, Elle tenta de comprendre les tenants et les aboutissants de tout ceci. C’était asse difficile en réalité, car leur propos étaient toujours empli de ce pseudo mysticisme. A première vue, ils avaient le choix entre être absorbé par le shoggoth, ou bien voir leur sang le brumiser… Mais dans quel but.. ? Peut-être, que tout ce processus visait à donner à cette horreur ambulante un apparence humaine, en lui offrant le meilleur des pouvoir mutants.. ? Peut-être que tel une chrysalide, le vrai shoggoth était encore enfermé dans son cocon… A cette seule pensée, l’horreur atteignait des sommets. Le mutant ultime, était-ce donc cela que nemo visait en définitif.. ? Une bombe mutante, capable de détruire le monde de par son immense concentration d’énergie.. ? Quelle que soit l’hypothèse envisagée, c’était une véritable horreur et ils se devaient de faire tous ce qui était en leur moyen pour éviter une telle chose. Lorsqu’ils la remarquèrent enfin, Juliette eu un léger sentiment de peur en songeant qu’ils allaient donner l’alerte et que tous leurs efforts allaient se révéler inutile. Mais heureusement, et même si elle n’en comprenait pas réellement la raison, ils semblaient s’amuser de sa présence plutôt de que s’en inquiéter. La phrase du mutant en armure inquiéta cependant la gothique romantique. Résister au gaz.. ? Mais quel sorte de gaz.. ? Voilà qui était un mystère de plus… Mais si sa présence éthérique ne les inquiétait pas plus que de raison, alors elle avait là un excellent moyen de se déplacer plus ou moins librement sans attirer l’attention.

Aux ordres de Amarenna, Juliette se retira finalement en silence et sans précipitation afin de revenir dans le couloir ou elle reprit sa forme purement humaine. Tandis que le groupe chargé de s’occuper des trois gardes qui étaient rentré à l’intérieur s’élançait courageusement dans la pièce précédente pour accomplir leur mission, Seel, Blackhole et Tide se déshabillèrent afin de franchir la prochaine salle, sous les regards gêné des deux jeunes adolescent du groupe. Pour Juliette, si la situation n’était pas ce qu’elle était, le spectacle aurait été assurément des plus plaisant. Mais elle avait à faire elle aussi, et laissant Thomas s’emparer des vêtements des filles, la gothique romantique se chargea des armes. Elle glissa le pistolet à aiguilles à sa ceinture, ainsi que le colt, et elle prit dans ses bras le maximum de fusils d’assaut possible. Ces dernier étaient lourd, bien plus que elle ne l’aurait imaginé… Ils paraissaient pourtant si léger dans les films… Une fois chargé, elle déposa sa main libre sur l’épaule de Thomas, devenu porte vêtements provisoire, et à nouveau se dissipa en cette évanescence empourprée en emportant le jeune mutant, afin de rejoindre le conduits d’aération pour atteindre cette fameuse salle ou les petits tickets rouges conduisaient les jeunes filles.

*Seel, essaye de garder le contact avec moi, que vous puissez voir ce que recèle la salle suivante.*

Lança alors la gothique romantique à l’encontre de la télépathe, dans une pensée fugace… Si elle pouvait les aider à conserver un temps d’avance sur ce qui les attendaient, c’était peut-être l’assurance d’un cheminement sans trop d’encombre.

Dans quoi étaient-ils encore tombés? Amarenna regrettait, presque, d'avoir suivi ce chemin. Déjà, elle n'aimait pas se retrouver nue devant tout le monde. C'était un fait. Mais elle n'avait pas eu le choix. Sur le moment, elle avait pensé que c'était la seule façon intelligente d'agir. Mais elle se posait des questions. Comme d'habitude, elle se posait trop de questions. La peur de mettre la vie de ses coéquipiers en danger. N'était-ce pas déjà le cas? Elle en voulait à Esther de l'avoir nommée leader de ce groupe. Concrètement, elle était l'une des moins expérimenté(s) du groupe. Elle prit une grande inspiration avant de passer les portes de l'enfer. Les portes de l'enfer... C'était bien le mot. Une créature à deux queues, un squelette, et des visages trop connus qui n'annonçaient rien de bon. Sears, Eliott, et surtout, la Méduse. Dwyer... La jeune femme se retint avec peine de se jeter sur elle. Suffisamment longtemps en tout cas pour remarquer une créature qui commençait à crier que des infidèles se trouvaient là. Des infidèles... Il était facile de comprendre de qui cette chose parlait. Et, derrière, un bruit qu'elle ne reconnut que trop bien. Un bruit qui lui glaça le sang dans ses veines...

**Le Shoggoth...** pensa-t-elle.

Il était là. Juste derrière. Créature mangeuse d'hommes, si l'on pouvait dire les choses ainsi.

**Il faut agir...** fit-elle mentalement à l'adresse d'Anna.

Mais elle n'avait pas le temps d'en dire beaucoup plus.

**Occupe-toi de la Méduse. C'est la plus dangereuse. Elle me connait. Elle et les deux hommes qui sont là... il faut les courcircuiter...** ajouta-t-elle en indiquant Sears et Eliott à la télépathe.

Elle, elle allait voir à rendre silencieuse la chose. La jeune femme tâcha de rassembler les ombres qui se trouvaient autour de l'étrange créature qui semblait les avoir détectés pour gonfler les ombres autour de celle-ci au point de l'en recouvrir jusqu'à ce que la bouche de la chose en soit pleine et qu'elle ne puisse plus parler. Ce ne serait sans doute pas le plus efficace. Mais elle n'avait rien pas non plus d'autre possibilité. Juliette et Thomas, s'ils les avaient rejoints, étaient toujours sous forme de Brume et donc, sous protection. Pourtant, pour le coup, une action de Thomas pour blouser la chose empathe en lui faisant croire qu'elle s'était trompée seraient sans doute plus efficace. Mais Thomas pouvait-il seulement agir sous forme de Brume? Ce n'était guère le moment d'y penser...

Une fois de plus, Juliette repartit à travers le labyrinthe des conduits d’aération afin de poursuivre en parallèle le chemin qui les conduiraient sans l’ombre d’un doute à leur cible principale. Cette fois-ci pourtant, elle n’était pas seule… Thomas avait été choisi pour venir avec elle, et sans doute le jeune garçon devait-il être bien déboussolé par sa nouvelle condition qui lui offrait une acuité des sens et une vision périphérique à 360° des plus inhabituelle pour tout être humain Voir le monde à travers le pouvoir de la gothique romantique, c’était voir le monde à travers un kaléidoscope d’images et de sons qui se mélangeaient en un brouhaha assourdissant pour qui n’était pas habitué. Georgia avait eu de la chance, car lorsqu’elle fut initiée à l’état de brume ce fut dans le calme et la quiétude d’une belle soirée tranquille et sans bruit important proche. Pour Thomas, il en était tout autre. Il y avait tout de même un point positif… Il semblait que désormais, les passagers de la gothique romantique ne subissaient plus le contrecoup nauséeux de cette transformation contre nature… Heureusement pour Thomas, car il allait devoir être prêt à agir des que l’occasion se présenterait.

Veillant tout de même sur Anna, Claire et Amarenna, Juliette retourna brièvement à la grille d’aération qui donnait sur la seconde salle. Elle observa les trois filles passer l’épreuve du ticket rouge, et lorsqu’elle fut rassuré de les voir avancer elle se détourna afin de reprendre à son tour son chemin. Ce qui lui évita, heureusement pour Thomas, d’assister à l’égorgement de la jeune fille par Butcher. Voir une mort violente n’était jamais une chose plaisante, surtout pour un enfant, mais avec la vision du monde de la gothique romantique sous sa forme brumaire, cela pouvait vite devenir un cauchemar qui vous cernait ou que votre regard se porte. Ainsi était la terrible malédiction de cette forme évanescente… Juliette pouvait tout voir de son environnement, mais en contrepartie elle ne pouvait rien occulter comme on le ferait en détournant la tête d’un spectacle macabre.

L’arrivée dans la troisième salle se fit sans encombre elle aussi. Sans doute, Nemo n’avait-il pas songé un seul instant, que quelqu’un puisse utiliser ce moyen pour se déplacer dans le bâtiment. Après un temps d’arrêt bref afin de s’assurer de la relative sécurité de sa sortie, Juliette s’élança dans la salle devenue temple et se pressa en silence de se diriger vers un endroit ou elle et Thomas pourraient demeurer inaperçu, au son de la lancinante litanie incompréhensible qui s’élevait dans les airs. Une fois certaine de leur sécurité, certes, toute relative, la gothique romantique et Thomas redevinrent de chair et de sang. Juliette s’assura du bon état de son passager, et un doigt sur les lèvres elle lui intima de garder le silence Tandis que elle déposa les deux fusils d’assaut sur le sol. Elle porta ensuite avec une grande prudence son regard sur la pièce, et ce qu’elle vit confirma sa vision première… La pièce avait des allures de temple, une sensation que l’autel placé en son centre renforçait très sérieusement. Sans oublier bien entendu, les trois hommes cagoulés dont certains psalmodiaient tandis que l’un d’entre eux se lança dans un diatribe complètement folle et délirant sur le Shoggoth et son devenir. Si les hommes cagoulés ne pouvaient être reconnu par Juliette, la femme qui paraissait être en transe en revanche elle la reconnaissait. Il fallait bien avouer que une femme avec deux queues, cela ne courrait pas vraiment les rues. Il s’agissait de Dwyer, la fameuse méduse… Tel un serpent charmé, mais non charmant, elle semblait sous l’emprise des psalmodies et du discours hystérique de celui qui dirigeait cette étrange et macabre cérémonie. En détournant le regard, Juliette aperçut enfin ses trois compagnes dénudés. Elles étaient en bonne santé, autant que elle pouvait le constater de sa place plus ou moins sécurisée. Il y avait aussi ce bruit, qui provenait de derrière le mur au-delà de l’autel cérémoniel … Un bruit dont elle ne parvenait pas vraiment à déterminer la nature, mais qui lui procura une étrange sensation. C’était un peu comme si des milliers de gens affamés se pressaient derrière ce murs, mais la gothique romantique en doutait. En toute logique, si la cérémonies se terminait ici, alors le Shoggith devait aussi être présent. Par une simple déduction, somme toute logique, Juliette en conclu que c’était sûrement ce dernier qui se trouvait derrière ce mur. Le bruit était déjà écœurant en lui-même, alors voir le Shoggoth en personne serait sans doute un grand choc d’après la description faite par Esther lors du briefing de la veille au soir.

Ne s’intéressant que distraitement au squelette qui était au sol, l’attention de Juliette fut soudain attiré par la créature marmonnant qui se mit à crier à l’infidèle… Elles avaient été repéré.. ? Mais comment.. ? Alors que elle s’apprêtait à agir pour le faire taire, la gothique romantique se ravisa. Il avait crié à l’infidèle, mais il n’avait pas désigné qui que ce soit. Cela laissa penser à Juliette que si il avait senti leur intrusion, il ne semblait pas vraiment savoir qui elle étaient et ou elle étaient. Ne sachant trop que faire, Juliette préféra laisser Amy, Anna et Claire s’occuper de lui, se gardant une fonction d’élément de surprise si besoin en était. Si ses cris de fanatiques alertaient les acteurs de la sinistre cérémonie, elle devrait profiter de son statut éphémère afin de leur porter un grand coup et ainsi permettre au trois filles d’agir avec succès. C’est pourquoi, elle décida de se préparer à tirer sur l’une des personnes présentes sur l’autel, afin de les distraire brièvement. Juliette pensa tout d’abord utiliser l’un des fusils d’assaut, mais ils étaient lourd et jamais encore elle n’en avait utilisé un. Elle ne savait pas comment se comporter avec, et la situation ne lui permettrait pas de perdre des précieuses secondes à s’acclimater à cette arme. Finalement, elle opta pour le colt… Elle avait malheureusement déjà utilisé un revolver, et savait donc comment l’utiliser au mieux. Sortant l’arme de la ceinture, elle en empoigna la crosse à deux mains afin d’en maîtriser le recul et attendit… Si la situation s’envenimait pour les trois mutantes dans la file d’attente, alors la gothique romantique surgirait et tendrait les bras bien droit afin de viser avec assurance… Dwyer… C’était elle la plus dangereuse après tout, elle était donc la cible prioritaire parmi tous leurs ennemis non blobesque présent… Ainsi, Amy, Anna et Claire aurait une brève fenêtre de temps pour réagir à leur tour.