[1er mai] (D)ébats sur la Grand Place

Hammer Bay relève déjà ses ruines après les affrontements. Sur une large place bordée de grands immeubles éventrés, et dominée par une haute statue de l'antique mutant Magnéto, s'est formé un attroupement d'une vingtaine de mutants.

Une estrade a été montée, sur laquelle est juché un orateur qui harangue la foule. C'est un homme-tigre à la voix puissante et à la forte carrure. On perçoit dans sa voix un accent d'Europe de l'Est.



"Il n'est plus question de savoir qui est coupable, ou qui sont les traîtres parmi nous, ou qui sont ceux qui ont profité du chaos pour régler des comptes... il est temps de reconstruire l'île, à commencer par cette ville ! La reconstruction est double : elle doit se faire bien sûr sur le plan matériel, et ces travaux sont déjà en cours, mais c'est la Nation mutante qu'il faut édifier ! Komodo est notre leader mais il ne fera pas tout ! Allez-vous vous tourner les pouces ? Que voulez-vous pour Génosha ? Etes-vous seulement des maçons ou avez-vous de plus grandes ambitions pour la Nation ?"

Il rugissait en parlant, donnant un tour presque menaçant à ses paroles. Mais l'auditoire semblait habitué car nul ne s'offusqua outre mesure. Une femme répondit en le hélant.



"Alors c'est décidé, Komodo est le chef et maintenant il veut voir qui lui est fidèle ? Si nous voulons discuter avec les humains, ce n'est pas une très bonne idée que les Difformes soient en première ligne... Je ne dis pas ça contre toi Tigar, mais moi je ne me sentirai pas à l'aise d'être commandée par des demi-monstres névrosés..."

Mouvements et réactions dans la foule. Le dénommé Tigar reprit la parole dans un rugissement.

"Il n'y a pas que des monstres qui soutiennent Komodo !! Il est ouvert à toute proposition pour l'avenir de Génosha, il connaît les malheurs qu'endurent tous les mutants !"

Plusieurs voix s'élevèrent en même temps pour approuver ou contredire l'orateur. Certains mutants s'engageaient dans des conversations parallèles. Malgré la fatigue des travaux, l'enthousiasme se lisait sur les visages.

« C’est pour prouver que nous ne sommes pas différents des humains que nous sommes ici, non ? »

Ken arriva juste derrière Camille, fatigué. Il avait passé comme beaucoup presque toutes ses journées à la reconstruction de la ville, usant de ses journées pour les travaux physiques et de ses nuits pour le retour des structures électroniques du pays. Ne comptant plus ses heures, il s’était jeté à corps perdu dans cette « aventure », qui sapait ses forces ; néanmoins, motivé par la « bonne cause », il semblait encore pouvoir rester debout pour profiter d’un de ses rares moments de détente depuis la fin des « vrais » ennuis.

Il avait été plus qu’heureux que tout s’arrête, mais sa joie d’être en vie et d’avoir vaincu avait très rapidement été balayée par sa tristesse face aux dégâts, matériels et humains. Beaucoup trop étaient morts, trop peu avaient été sanctionnés pour ça. Il avait été heureux d’avoir survécu et d’avoir été utile, et de se découvrir de nouvelles qualités quand il n’était pas leader, mais tout ça avait un trop amer goût d’inachevé.
Certes, ils avaient gagné. Mais qu’avaient-ils vraiment gagné ? La bataille ne valait pas grand-chose quand la guerre était si violente et si loin de sa fin. Néanmoins, il avait su faire fi de tout ça pour profiter des « festivités » et retrouver Rachel et ses amis – qui devenaient heureusement de plus en plus nombreux.

Ainsi, usé par ses travaux quotidiens, O’Connell s’était accordé un peu de congé et avait déambulé dans les rues, autant pour couper un peu avec ses tâches qu’avec l’espoir de rencontrer quelque camarade voir ami. Ses pas l’avaient alors mené vers cette place, poussé presque naturellement à écouter le discours et sa réplique. Il avait soudain vu Nanikawa et Camille, et s’était rapproché d’eux, heureux de revoir des personnes qu’il connaissait et surtout Nan’, avec qui il avait peu parlé mais qu’il appréciait néanmoins.

« Bonjour vous deux. On s’est pas beaucoup vus ces deux dernières semaines, mais ça me fait plaisir de vous voir…et de vous savoir en vie. »

Il avait dit ça sur un ton plus bas et sombre que le reste de sa tirade. Il savait que beaucoup de ses camarades encaissaient mal les disparitions et les scènes dont ils avaient été les témoins ; lui-même avait eu quelques jours de déprime à cause du « complexe du survivant », mais l’aide de Rachel et d’autres lui avait permis de dépasser ça.
Même s’il aurait voulu en sauver plus, il s’était persuadé qu’il avait fait ce qu’il avait pu – parce que ça avait été tout simplement le cas. Il avait tiré, frappé, couru, tenté de vaincre tout ce qui avait été à sa portée, et ça ne s’était pas trop mal terminé, malgré le lourd bilan de la plage. Il s’en voudrait toujours de n’avoir pas été plus rapide et plus fort, mais…il devait aller de l’avant, après tout. Et essayer de profiter de chaque instant pour se libérer de ses complexes et de ses carcans, comme pour rendre hommage à ceux qui n’étaient plus là ; pour eux, il devait vivre pleinement.

Jetant ensuite un œil au débat en cours, il reprit la parole d’une voix plus calme et sobre, intéressé qu’il était par de tels sujets d’actualité.

« Je me demande comment cette île va s’organiser, maintenant. J’ai un peu peur d’une réaction épidermique suite aux attaques, et que les plus agressifs prennent le pouvoir en usant des attaques et des victimes comme d’une base solide de programme. Après tout, tout le monde ici a été choqué et a perdu des gens, des connaissances ou même des amis. Même nous, nous avons été choqués par tout ça et il n’est pas difficile de jouer sur le malheur du peuple pour le pousser à la colère – surtout qu’elle est très présente encore chez beaucoup. »

Fury se gratta sa joue recouverte de sa barbe bien pleine depuis ces deux semaines où il ne s’était pas rasé avant de reprendre.

« Vous savez ce que les profs pensent de tout ça ? Si on peut s’engager dans ces débats ou non ? »

"Moi aussi j'ai un copain chaton!" répliqua une voix que Camille reconnut vaguement. Derrière eux se tenait une femme mauve vêtue d'une robe vert feuille. Bien qu'elle n'ait ni yeux ni bouche, elle semblait sourire. Lorsque ses yeux se posèrent sur Camille, elle devint un peu plus violette et lui demanda, d'un ton légèrement timide, se rappelant probablement de leur dernière rencontre :

"Tu as eu des nouvelles de lui, toi? Ça fait longtemps qu'on a pas entendu parler de lui, j'espère qu'il ne lui est pas arrivé quelque chose, à lui aussi..."

Les arcades qui semblaient délimiter les yeux d'Améthyste se raidirent en une belle barre verticale et sa "bouche" sembla s'affaisser légèrement, alors qu'elle écoutait la suite du discours, se tapant l'incruste dans le petit groupe rejoint par Ken, qu'elle salua de la main, souriante.

Elle ne se mêla pas plus de la conversation, soit parce qu'elle ne connaissait rien à la philosophie, soit parce qu'elle préférait ne pas chercher l'affrontement. Soit parce qu'elle était trop occupée à penser à autre chose. Elle répondit toutefois à Ken, lorsqu'il parla de leur investissement, en murmurant.

"À mon avis, si vous êtes ici et prenez la parole, vous vous êtes déjà engagez dans les débats. Aussi bien continuer, non?"

"Oh mon dieu, dites-moi que je rêve..."

Une voix agréable et féminine, quoique teintée d'une touche de sarcasme se fit entendre derrière Ken, Nan', Camille et Rob'. Et cette voix était celle d'une bombe que seul Nan' avait eu la chance de rencontrer ailleurs que dans ses fantasmes les plus secrets.



"L'intuition féminine, mes redoutables pouvoirs mutants, ce nigaud qui parle des professeurs comme du messie, et cet adorable petit indien que j'ai déjà rencontré."

Elle arbora un sourire triomphal.

"Tout concorde !"

Hope s'avança alors plus proche de la petite foule amassée, pour répondre à la fille qui avait contredit le patron, tout miel et sourire.

"Chérie... Que ce soit des monstres ou des bombes sexuelles, avoir des patrons névrosés n'est jamais un bon plan, crois-moi..." Elle marqua une pause, et conclut d'un ton glacial, ne souriant plus du tout "...Je parle d'expérience."

- Mademoiselle langue-de-vipère ?! Quelle surprise ! On a pourtant pas de casque sous la main... s'écria Jen alors qu'elle approchait pour prendre Nan' par le bras.

- Frangin se porte bien ? dit-elle avec un sourire.

On ne pouvait pas gâcher ce moment. La liesse générale et les vacances... même Hope ne pouvait pas ruiner son moral, surtout que Jen savait en son fort intérieur qu'elle avait du répondant maintenant...

Elle tourna son sourire vers les autres et dit :
- Faites vous plaisir les gars, après tout on a nous aussi notre mot à dire !

Se tournant vers son amoureux. elle lui glissa à l'oreille :
- Nan', j'aurais quelque chose à te dire de très important, mais je voudrais pas gâcher le moment... mais il faut que je te le dise !

Elle attendit la réponse, l'air un peu inquiet.

Les voisins de Nan n'étaient autre qu'un homme blond d'une vingtaine d'année, d'apparence humaine si on exceptait le halo de lumière verte qui l'entourait,



...et un mutant au faciès d'ogre particulièrement effrayant.



Le blond observa la carrure de l'amérindien et lui répondit sur le même ton murmuré.

"Nous n'avons pas d'ami tigre. Nous sommes arrivés avant-hier et Wormy et moi n'avions JAMAIS vu autant de mutants ! On a bien fait de faire tout le trajet ! Moi c'est Greeny."

Il tendit la main à Nan, et le dénommé Wormy fit de même ensuite, arborant un sourire à l'aspect carnassier. Camille arriva sur ses entrefaits et les deux mutants ne perdirent rien de ce qu'elle dit à Nan. Le dénommé Greeny répondit en fronçant les sourcils.

"Les mutants sont pires que les humains. C'est pour ça que j'ai hâte de voir comment ça va se passer leur idée !"

Ken aussi était là, et son intervention n'était pas passée inaperçue. Le Tigre enchaîna de sa voix rauque.

"Nous ne sommes pas différents des humains en effet : nous voulons un Etat indépendant, notre Etat. Notre Nation mutante. C'est cela qui nous protégera des humains, et les protégera eux des mutants qu'ils craignent tant !"

Greeny, en forme, réagit au quart de tour, encouragé par les paroles de la femme mauve qui avait rejoint Camille.

"Hé Tigar ! Que va-t-il advenir des mutants qui se sont associés à des meurtres pour survivre chez les humains ? Va-t-on les juger ici ? Parce que moi, je ne suis pas aussi dangereux que mon ami Wormy, ça non, mais je suis solidaire de ses crimes car sinon on serait six pieds sous terre à l'heure qu'il est !"

Tigar rugit pour montrer qu'il avait pris en compte la remarque, car Rob intervint aussi.

"Komodo est le chef de la résistance ! C'est celui qui a unifié les mutants tapis dans l'ombre, les plus mal aimés ! Oui il a des idées pour Génosha. Il veut que les mutants s'y sentent en sécurité, sous des lois faites pour les mutants ! Le passé sera oublié. Qui n'a pas souffert ? Qui n'a pas commis d'accident ? De meurtres même ? Ici sur Génosha de tels crimes seront jugés et punis par des mutants."

La Chinoise répondit à la bombe sexuelle.

"Tu es candidate au post de chef des névrosées bébé ? Quel est ton pouvoir ? Je pense qu'il faudrait qu'on sache clairement quels sont les pouvoirs des uns et des autres. Allons-nous établir un recensement ?"

Hope Hunter se sentait vraiment obligée de répondre quelque chose à cette femme. C'était surnaturel ! Tigar lui répondit en rugissant.

"Nous ne nous abaisserons pas aux méthodes des humains ! Ceux qui vivront sur Génosha seront mutants par le sang, ou par le sol !"

Un mouvement dans la foule. La Chinoise se mit à rire.

"Quoi des humains vivraient parmi nous ? C'est ton idée ou celle de Komodo ? Quelle blague !"

Il était impossible de ne pas répondre à cette femme car Tigar lui cria, toutes canines dehors :

"C'est mon idée oui ! Et j'attends les vôtres !"

Il avait à peu près tout tenté depuis les événements liés à la prophétie de mam'zelle deneos. Rien n'y faisait, il se sentait... nul... coupable... rien... Bien sur, ce qu'ils avaient fait avec son équipe était important, ils avaient désamorcé une bombe après tout.. enfin... aidé le prof à désamorcer une bombe.. Mais quand il avait entendu des bribes de ce que les autres avaient endurés, les morts.. oui.. les morts... Déjà qu'il encaissait mal celle de Harald, et les blessures de leur félidé personnel, il était resté sans voix lorsque les horreurs s'amoncelaient entre les mots de ses camarades.. Des viols, d'autres morts, des tortures, mentales et physiques... Et dire qu'il se croyait endurci.

Alors, comme sans doute plusieurs autres avec lui, il s'était jeté à corps perdu dans les travaux pour la réhabilitation de l'île. Il aurait voulu peindre, faire quelque chose de beau, mais il se disait que reconstruire, c'était créer quelque part. Luther était revenu sain et sauf... enfin.. Jason avait eut un coup de sang quant il avait vu les blessures de son amant, et compris par quoi il était passé. Il s'était alors contenté d'être la, proche, en cas de besoin, car il avait vu dans l'attitude du québécois quelque chose qui n'y avait jamais figuré jusqu'à présent, une sorte de tristesse, cachée. Il avait alors simplement ouvert grand ses bras, l'invitant pour une fois à venir profiter de sa protection, son appuis... Aucun mot n'était sortis à ce sujet, il savait Luther plus sensible aux marques d'affection physique, plutôt que verbales, aussi le laissait-t-il venir à lui, tout doucement, lui assurant par sa simple présence de son soutient indéfectible, et caressant longtemps ses cheveux, la nuit, le regardant dormir, un pincement au cœur, trop fatigué pour dormir.

C'est donc avec des cernes digne des films dont Spy était friand qu'il arriva près du petit groupe qu'il reconnaissait. Il fut surpris de voir Miss Mauve, et lui fit un clin d'œil, tentant sans grande conviction son sourire numéro 5.
"hello tout le monde. Salut, chef. " Adressant un signe de tête à la femme blonde "miss, bonjour". Voila. c'était à peu près tout ce qu'il était capable de dire. Les poings enfoncés dans ses poches, une pancarte avec affiché "nullité absolue" au dessus de la tête aurait bien complété le tableau. Il entendait sans écouter le discours, comme sous l'effet d'une bonne cuite, les voix atténuées par une couche de coton entre l'extérieur et son cerveau...
Bas les masques.. finit le Jason rêveur ou enjoué... juste un jeune homme, exténué, ayant entendu et vu trop de trucs durant les derniers jours.

« Oui…sûrement. »

Ken avait salué la jeune fille qui venait d’arriver, sans la connaître. Il préférait rester poli, mais il aurait bien aimé qu’on la lui présente ou qu’elle le fasse elle-même ; vieux réflexe issu d’une certaine paranoïa instaurée depuis son arrivée à l’Institut, il n’était à l’aise que quand il connaissait les gens autour de lui et avaient une relative confiance en eux.
On ne sortait jamais indemne de plusieurs mois avec Carrie Marcin en professeur, après tout.

Puis vint une femme étrange, qu’il ne connaissait mais qui semblait faire naître des sentiments forts peu amicaux chez Nan’ et Jenifer. Celle-ci arriva quelques secondes après la femme – au demeurant sexy mais en jouant trop à son avis, sans parler de son âge quand même avancé – et il fut heureux d’apercevoir à nouveau une de ses camarades de combat. Ils se connaissaient un peu d’avant mais sans n’avoir jamais pu vraiment discuter ; il avait été heureux de partager ces moments avec elle, mais surtout d’y survivre, souvent grâce à leurs capacités.
O’Connell lui fit donc un petit sourire avant de lui parler calmement, mettant ses mains dans son blouson en cuir car craignant d’attraper froid.

Les voisins de Nan’ prirent alors la parole et il leur fit signe. Ça lui faisait bizarre de rencontrer des gens qui n’avaient encore vu que si peu de mutants : lui qui était habitué à l’Institut depuis bientôt un an avait un peu perdu à l’esprit que d’autres « frères » de race pouvaient être perdus, seuls et désespérés. Il s’en voulait d’avoir ainsi dégagé son esprit de telles considérations, et se promit de ne plus jamais faire ça ; s’il se battait, c’était surtout pour que ceux qui étaient loin de tout et ne comprenaient pas ce qui leur arrivait puissent s’en sortir et aller de l’avant.

Il salua son ami Robin qui en avait réchappé lui aussi et lui fit une petite accolade, puis allait parler à « Greeny » et son compère quand le Tigre rebondit sur ses paroles et qu’un petit débat naquit de sa simple phrase. Il resta quelques secondes silencieux, à écouter et analyser les paroles de chacun, avant de suivre le conseil dispensé par un peu tout le monde et parler, aussi fortement qu’il le fallait pour se faire entendre.

« Les crimes commis en légitime défense doivent autant être jugés que ceux commis de sang-froid et brutalement. Nous nous devons d’être exemplaires en cette île pour prouver à l’Humanité toute entière que nous sommes dignes de confiance, intelligents et capables de suivre des règles et des lois qui s’imposent à tous. Même s’ils prouvent souvent le contraire, tous les Etats ont un système légal qui condamne les meurtres, les vols, les crimes et les délits en général. Les mutants se doivent de suivre les mêmes règles que les humains normaux, autant pour les mettre en confiance que pour vivre dans un monde civilisé et juste.
Il est évident que l’Humanité a plus démontré sa capacité à revenir sur ses lois et sur ses principes qu’à les appliquer sereinement, mais ce n’est pas une raison pour tout rejeter. Même si ça peut paraître dur, il faudra que toute personne ayant portée atteinte à la vie ou à l’intégrité physique ou matérielle d’une personne, humaine ou mutante, soit jugé par un tribunal compétent, accepté par tous et composé de membres recrutés pour leur esprit d’analyse et divers. Les procédures humaines sont critiquées et critiquables, mais sont aussi très souvent basées sur des choses importantes et à conserver ; c’est en usant de leurs acquis et en apprenant de leurs erreurs que nous n’en ferons pas – et, j’espère, qu’eux non plus. »

Fury n’avait pas énormément l’habitude de parler lors des débats, mais ça lui plaisait de participer à celui-ci. Il espérait pouvoir être utile à Genosha, en dehors d’avoir tapé des robots et remettre sur pied leur système informatique. Il sentait là le potentiel d’un but, d’une mission qui lui plaisaient beaucoup, mais il avait un peu peur que tout ça ne lui prenne énormément de temps. Il savait combien Rachel aimait être avec lui et il ressentait la même chose, tout en sachant qu’il l’avait déjà fait beaucoup souffrir par ses absences et ses propres projets.
Il allait devoir jongler entre son « travail » et sa copine, et il n’avait plus envie de la sacrifier elle ; il allait falloir trouver une solution, mais surtout la revoir au plus vite. Elle lui manquait.

Camille lui parla alors, et il sentit toute sa douleur dans chacun de ses mots. Ken comprit qu’il aurait dû user de plus de tact, saisir plus sa douleur et les difficultés auxquelles elle faisait face après les combats précédents. Il ne la connaissait pas véritablement, ne savait pas grand-chose d’elle mais aurait bien voulu l’aider ; seulement, il était bien conscient de n’être pas un grand psychologue et de ne pas savoir bien manier les mots pour réconforter quelqu’un…surtout quelqu’un qui n’était pas « proche » de lui.
Soupirant, il laissa couler les remarques de la jeune fille pour saluer Jason, qui venait d’arriver.

« Salut ! »

Lui non plus, il ne le connaissait pas vraiment mais il avait envie de changer un peu tout ça. Le fait de risquer sa vie modifiait l’ordre des priorités et surtout les caractères ; il avait vu assez de victimes innocentes pour éviter de gaspiller son temps sur lui-même, et avait dans l’idée de devenir plus ouvert et social. Il se disait ça après chaque drame, mais peu à peu ça commençait à venir et Ken-l’associal semblait quand même gagner un peu de maturité et quelques connaissances.
Il sourit donc à Jason, qui était normalement très proche de Luther. Faire la connaissance d’un de ses « copains » pourrait peut-être l’aider à être en meilleurs termes avec son coéquipier JustiX, même si ça faisait très longtemps qu’il n’avait plus pensé à son « équipe » ; après tout, qui ne tente rien n’a rien.

« T’as pas l’air bien. Ça va pas ? »

O’Connell tentait d’être là au cas où, pour parler, même s’il n’agissait pas avec la plus grande discrétion. Enfin, au moins essayait-il.

Suite à la réponse de Camille, Améthyste sembla légèrement moins inquiète.

"Mouais, tu dois avoir raison euh... Ace, c'est ça ton nom? C'est probablement le truc le plus sympa qu'il y a à être mutant : de pouvoir choisir son nom." dit-elle d'un ton sombre, avant d'ajouter "Après tout, Leo n'est pas venu ici, donc il ne lui est probablement rien arrivé, à lui. N'empêche, c'est surprenant, il aimait tellement écrire aux gens, il disait qu'il se sentait plus humain comme ça... je trouvais ça comique, à l'époque!"

Elle écouta les discussions à voix basse et offrit à Greeny et Wormy :

"Écoutez, si vous voulez, tout à l'heure je veux bien vous présenter mes amis. Comme ça vous connaîtrez quelques mutants de plus!"

Elle grimaça au ton que prenaient les discussions suite à l'arrivée de Hope et Jen, mais plus globalement parce que le sujet sensible était déjà -trop- rapidement abordé -à son goût. À Ken qui, stoïque, disait que tous devaient être jugés pour leurs crimes, elle lança un regard étrange de ses globes oculaires vides, à moitié entre l'incrédulité et l'amusement.

"Oulà, Jésus! Je sais pas pour toi, mais il y en a plusieurs ici qui en ont lourd sur la conscience, tu sais! Et puis, je suis d'accord pour qu'on se juge, mais les non-mutants qui nous ont maltraités et tués nos congénères, qui les jugera, eux?"

Voyant alors Jason arriver, elle lui offrit un grand sourire et pencha un peu la tête pour voir la mine qu'il avait.

"Salut mon beau! Je te promet je m'enfuirai pas aujourd'hui, donc tu peux avoir la pêche, tu sais!"

Son visage fut alors tordu étrangement au-dessus de l'arcade gauche, en ce qui devait être un clin d'oeil.

"La petite pimbèche est là aussi", continua-t-elle en souriant à l'adresse de Jen.

"Derek va très bien. Il est dans le coin. Il adore ce genre de réunion, c'est son truc de regarder comment évoluent les gens en société, alors là, il est comme un coq en pâte."

Elle ajouta, prenant l'air exagérément exaspéré.

"C'est pour ça que je me suis tirée d'ailleurs... Sérieusement les jeunes, si vous le voyez, faites votre B.A. : planquez-moi."

Et une petite chinoise sans classe lui répondait... Sans classe et sans cervelle. Hope pencha la tête de côté, et lui octroya un sourire de requin.

"Je vais répondre à ta question, même si je doute que cela fasse son chemin dans le flamby qui te sert de cervelle... Je suis pas là pour faire la chef, je suis là pour aider, et mon pouvoir, c'est de harponner les grues dans ton genre, et de les faire voler audessus de ma tête. Ce serait cool hein ?"

Elle tourna sèchement les talons, et retourna auprès des jeunes de l'institut, à qui elle confia.

"Si la nation mutante commence comme ça, je sens que je vais de moins en moins avoir envie de l'aider, bizarrement. Regardez-moi ça... Un ramassis de bric et de broc dégénérés qui vient de n'importe où, poussés par autant de raisons que de personnes ici. Va y avoir du boulot pour fédérer tout ce petit monde."

Elle se tut le temps que les dissertations sur les jugements se fasse, puis se permit de prendre la parole.

"Les gars, ces bien beau tout ça, mais avant de parler de jugement, faut parler de lois, et avant de parler de lois, faut trouver quelqu'un pour les faire."

Son ton était toujours aimable, et elle était souriante

"Retour à la case départ, gagnez 5000 $ !"

Conclut-elle en faisant claquer ses mains sur les cuisses.

Jen hocha la tête alors que son chevalier lui demandait de ne pas chercher la bagarre avec Hope. Elle sourit à la femme et dit :

- Désolé, la force de l'habitude... et des souvenirs de nez cassé. D'ailleurs qu'est-ce que vous faisiez l'autre fois dans la gare de Londre ?

Ce mystère n'avait pas été résolu et elle avait disparu comme d'habitude avec une bille à Derek. Mais Jen était plus préoccupée par ce qu'elle allait dire à Nan' et surtout comment elle allait lui dire. Son expression devint plus timide et gênée, elle avait du mal à le regarder dans les yeux. Elle déposa un baiser sur les lèvres de l'algonquin et démarra :

- Ca fait quelques temps que je devais te le dire mais je savais pas comment et avec ce qui nous attendait ici je voulais pas finir là-dessus si ça avait été nos derniers moments... mais comme la vie continue il faut que je te le dise... mmmh... En fait je vais entrer à l'université mais le truc c'est que je ne vais pas entrer à celle de Salem Center. J'ai envoyé un dossier photo et j'ai été prise à l'université de Columbia en section journalisme ! C'est une des meilleures section, j'espérais même pas que ça marche ! Et puis... c'est à New York, c'est pas loin ! Et en plus avec mon nouveau pouvoir je vais m'entraîner et je pourrai passer te voir n'importe quand en un clin d'oeil !

C'est à ce moment que la silhouette de Jenifer s'effaça pour laisser place à une forme lumineuse, pas de quoi éclairer grand chose mais un petit nuage luminescent qui flottait devant Nan'. Jen réapparut, un visage victorieux en disant :

- Tu vois ! J'arrive déjà à le déclencher volontairement ! Bon j'arrive pas à bouger mais... ça viendra ! Je vais m'entraîner ! Et puis jusque là je viendrai en monorail et tu pourras aussi venir toi, je te présenterai mes parents ! Faudra prendre rendez-vous les connaissant mais... ça va aller hein ?! Ça t'embête pas dis !? termina-t-elle l'air inquiète.

Elle ne savait pas comment il prendrait cet éloignement. Cet aveu voulait aussi dire qu'elle quittait l'institut et tous les gens qu'elle avait cotoyé pour ne les revoir que de temps en temps. Ça allait être difficile pour elle, l'internat était devenu sa maison, un vrai foyer. ses yeux rougir à cette pensée et son regard devint humide.

Tigar pointa du doigt Camille et rugit d'approbation. A la suite des paroles de Ken, bon nombre des mutants applaudirent et l'appuyèrent verbalement. Greeny adressa un clin d'oeil à Haste pour la "rassurer" sur l'opportunité de son intervention. Il lui dit :

"Oui, très bien vu, considérons qu'il y a plus de meurtrier que de pattes blanches par ici, cela règle la question ! Merci heu... mademoiselle ?"

Wormy y alla de son propre commentaire, à l'intention de Ken.

"Encore heureux qu'on va faire un truc mieux que les humains ! Alors autant tout casser parce qu'il n'y avait rien de bien, chez nous, en Russie ! Il paraît que les meilleures justices sont en Finlande..."

Brailla-t-il en sondant la foule du regard, comme pour chercher un Finlandais. Tigar enchaîna.

"Bien sûr qu'il faut conserver les institutions et les lois qui ont permis aux humains de vivre ensemble, en paix, et les adapter à notre sauce mutante ! Voilà pourquoi nos expériences diverses, dans tous les coins du globe, seront précieuses ! Même les Russes ont des choses à nous apprendre, sur ce qu'il ne faut pas faire, justement, comme disait quelqu'un !"

Greeny et Wormy furent heureux qu'Amethyste leur propose de sociabiliser. Greeny sourit à ces dames, passant rapidement son regard sur Camille.

"Oui on a hâte de connaître plein de monde... on a vécu un peu, à l'écart."

De son côté, la Chinoise eut une expression offusquée devant la répartie cinglante de Hope Hunter. Celle-ci tournait les talons, mais la Chinoise l'interpela à nouveau d'une voix forte et volontaire.

"Tu viens de me casser, bébé ! Mais où as-tu appris à casser les gens ? Je veux en savoir plus."

Même éloignée, Hope Hunter se voyait vraiment forcée de répondre. Curieusement, le Tigre semblait ravi que la Chinoise ait trouvé une nouvelle proie. Il rebondit sur les paroles de Hope.

"Oui il faut trouver quelqu'un pour les faire, mais Komodo n'a pas l'intention de trouver réponse à toutes ces questions. Sa mission est de protéger Génosha, la rendre vivable pour nous !"

Se tournant vers Rob, fronça les sourcils.

"Tu ne veux pas d'un roi autoproclamé ? Si tu connaissais mieux la situation, mon garçon, tu saurais que Komodo a passé toute sa vie dans l'ombre, et que ce sont tout ceux qui ont combattu à ses côtés qui le veulent comme notre représentant. Tu les comptes pour rien ? Renseigne-toi mieux si tu veux savoir les exploits et les souffrances de Komodo, du camp Labrador à Génosha !"

Il rugit, son regard doré plein de colère devant l'impudence de Sonic. La foule fut traversée d'un frisson.

"Il y a ici des jeunes de l'Institut Xavier ! Komodo ne prétend pas être le roi de tous les mutants jeune homme. Il prétend se mettre en première ligne pour forger notre réputation dans le monde. Que l'un des héros de l'Institut Xavier, qui ont combattu avec ferveur pour sauver notre Ile, que l'un d'eux monte sur l'estrade. Qu'il vienne nous donner leur exemple. Au nom de qui agit l'Institut ? Que comptent faire les mutants de l'Institut ? Rester ? Se dissoudre dans la Nation génoshéenne ?"

La Chinoise beugla.

"Nous voulons savoir quels sont les lobbies qui agissent déjà dans l'ombre !"

La foule retint son souffle. Il fallait que quelqu'un réponde.

Il fut heureux de voir Amethyste, et répondit à son clin d’œil par un sourire franc. Ken avait l’air de se soucier de lui, aussi lui dit il « merci, sympa… Ca va pas top, mais comme la plupart d’entre nous j’imagine ».. Il hocha la tête, pour le remercier, il se sentait tellement … nouille…
Sonic y alla de son commentaire, que Jason ne saisit pas complètement, mais la réaction sur l’estrade ne se fit pas attendre. Pris d’une impulsion soudaine, comme si sa conscience était au second plan, Jason se rapprocha de l’estrade, le regard fixe, la mâchoire serrée. Il regarda Tigar, lui signifiant qu’il allait répondre à cet appel, ne baissant pas les yeux une seule seconde.

Prenant le temps de balader son regard sur la foule, insistant bien sur chaque visage, il matérialisa une dague, et s’entailla la paume de la main avec. Puis, paume en bas, pendant que sa dague se volatilisait, il laissa couler son sang.

« Voici tout le sang que j’ai versé pour Genosha. Quelques gouttes, a peine. Pendant que mes camarades mourraient. Je ne parle pas des gens de l’institut. Je parle de tous ceux qui étaient sur cette île. Nous avons désamorcé une bombe, et cette bataille n’a eut aucun témoin. Mais elle à eut lieu, pourtant. Nous sommes venus ici, avec l’institut, parce que tout convergeait sur cette île. »

A côté de lui se matérialisa une sorte de globe terrestre luminescent, relativement petit.

« Parce que nous savions que nous n’étions pas les seuls à pouvoir sauver des vies, mais que notre aide ferait pencher la balance. Il est bon de reconstruire, et de faire des débats sur l’avenir. Mais beaucoup de gens vont suivre, tout simplement. Ceux qui ne veulent pas se mettre en avant, ceux qui ne savent pas discourir. Tous ceux la se contenteront de suivre. Un référendum ? Dépassé. Il faut demander aux gens, ceux qui construisent, ceux qui ont peur, ceux qui sont venus ici pour trouver refuge, ce qu’ils attendent. Si nation mutante il doit y avoir, elle se doit de s’ouvrir au reste du monde, et non pas de s’enfermer. La bataille qu’on doit mener n’est pas celle de l’argumentation sans fin, ni du despotisme. Il faut offrir au monde un visage serein, il faut des lois, peut être, mais il faut une culture mutante. Montrer qu’on peut proposer des choses belles. Des films, des livres, de l’art, des manifestes, des écoles, peu importe, mais montrer que nous ne sommes pas des despotes, se servant d’une soit disant supériorité sur les humains, mais utilisant notre spécificité pour que le reste n’en ai pas peur. Qu’est ce que l’institut ? Une école, un point focal des médias. Nous sommes intervenus lorsque nous le pouvions, pendant que d’autres agissaient aussi, pour le bien de la mutanité, mais peut être plus dans l’ombre. »

Le globe grossissait à vue d’œil, mais jason faisait comme si il ne le voyait pas.

« Nous ne voulons pas être un empereur, ce ne sont pas nos affaires . Nous ne voulons pas régner, ou conquérir quoi que ce soit. J’aimerai aider tout le monde : humains, mutants, ceux qui ont un look d’humains, ceux qui ont un look de mutants.. Tous, nous désirons nous entre aider. Vivre du bonheur des autres, pas de leur malheur. Nous ne voulons ni hair, ni mépriser. Nous pensons trop, nous sentons trop peu. Lorsque tout était finit, du haut, je voyais les combats, le sang, les morts, au loin… Au loin ? Vraiment ? C’était à portée de main »

Le globe avait atteint une taille assez grande, et flottait à portée de la main de Jason, qui, toujours, faisait semblant de ne pas le voir.

« Le temps joue contre nous. Le temps nous avait dérobés à nous-mêmes, parcelle à parcelle, et tout à coup c’est un gros bloc de notre vie que nous voyons loin de nous. La longue fourmilière des minutes emportant chacune un grain chemine silencieusement, et un beau soir le grenier est vide. A nous de le remplir, de nouveau. Jugeons les hommes avec bienveillance, c’est-à-dire avec équité, attentifs, dans les consciences les plus médiocres et les existences les plus dénuées, aux traits de lumière, aux fugitives étincelles de beauté morale par où se révèle la vocation de grandeur de la nature humaine. Interpretons avec indulgence le tâtonnant effort de l’humanité incertaine. Ne jugeons pas, agissons, construisons, apprenons. Ce que fait l’institut ici ? IL tend la main »

IL mis alors sa main a l’intérieur du globe

« avant que ce qui est à notre portée ne disparaisse »

Le globe se volatilisa. La gorge nouée, les yeux fievreux, jason descendit alors de l’estrade, tête baissée, pour aller rejoindre ses camarades.

Améthyste parla à Ken de ceux qui avaient fait du mal aux mutants et qui devaient être aussi jugés. Il acquiesça gravement à ses paroles.

"Ils devront aussi être sanctionnés si leur culpabilité est reconnue, et ce dans un système légal et accepté par les Etats "humains". Même si c'est dur, il faudra d'abord juger les mutants criminels et délinquants avant de voir les humains faire de même avec leurs criminels et leurs délinquants. Nous n'avons rien fait, nous sommes innocents de ce qu'on accuse la plupart du temps, mais l'humain normal a peur de nous - et ça peut se comprendre. Fondamentalement, nous avons tous des capacités que nous ne pouvons pas toujours comprendre et qui peuvent nous transformer en machines de guerre. J'aurais aussi peur si je n'avais pas de tels pouvoirs et si j'étais face à des êtres capables de se déchaîner ainsi.
Il faut avant tout prouver notre potentiel pour faire mieux que les humains et tirer bénéfice de leurs erreurs pour qu'ils nous fassent confiance. Je sais que ça sera dur, mais je pense que c'est la seule solution."

Par la suite, plusieurs personnes rebondirent sur ses paroles, et s'il ne fit pas attention à Hope Hunter qui semblait bien arrogante malgré une certaine vérité dans quelques-uns de ses mots, il apparut plus intéressé par les autres remarques. Silencieusement, il acquiesça aux remarques de Robin et s'apprêtait à répondre au Tigre et aux autres, flatté lui-même d'avoir été un peu applaudi, quand Jason lui répondit.
Ce dernier semblait ne pas aller bien du tout, et il préféra donc laisser son tort de parole pour essayer de se concentrer sur lui. Dessinant un léger sourire sur son visage, il lui parla d'une voix qui se voulait autant calme que rassurante.

"Ouais...on en a tous pris ces dernières semaines, certains plus, certains mois. On se connaît pas vraiment, Jason, mais si tu veux parler...je suis là. Je suis pas un grand psychologue et je suis pas toujours très bien reçu par les autres, mais je peux écouter. Et ça peut peut-être t'aider."

Son sourire se fit un peu plus grand, mais fut brisé par le Tigre qui haranguait la foule à propos de l'Institut. Il n'appréciait définitivement pas le culte fait autour de ce Komodo, qui n'était même pas présent et faisait construire sa légende par autrui. Il était hors de question de laisser Genosha à un inconnu qui se disait un grand guerrier mais qui n'apparaissait nulle part.
A nouveau, de mauvais souvenirs de vieilles tyrannies refaisaient surface en sa mémoire, et il ne voulait pas que l'île suive cette voie. Beaucoup de belles choses pouvaient être construites ici, et il interdirait à quiconque de détruire ce potentiel pour une puissance personnelle bien inutile.

Seulement, alors qu'O'Connell allait répliquer quelque chose, Jason le prit de vitesse. De manière assez surprenante pour Fury, car il ne le connaissait pas ainsi, Tatoo livra un discours magnifique, emplit de poésie, de force et de valeurs dans lesquelles lui-même se retrouvait totalement.
Il était bluffé par de tels mots et ne put que se mettre à applaudir, silencieusement, ce que son camarade venait de dire.

En fait, Jason avait tout résumé : l'Institut ne devait pas être "mal" vu par les mutants, mais au contraire considéré comme une formidable chance de réaliser quelque chose de Grand ici. Son camarade redescendit de l'estrade, la main encore blessée, et Ken sortit un mouchoir propre pour le lui tendre, un sourire impressionné sur le visage.

"Superbe discours. Mais laisse peut-être pas ça s'infecter."

Il se tourna ensuite vers le Tigre, et tous les autres. Que dire après ça ? Lui qui aimait tant parler - et à qui on le reprochait parfois - restait bouche bée. Il laissa quelques longs instants passer avant de rajouter une simple chose, comme pour marteler encore une fois ce que Jason venait de dire."

"Ce ne sont pas les guerriers qui doivent mener, c'est le peuple, composé des artistes, des scientifiques, des rêveurs, des réalistes, des cyniques, des jeunes, des vieux, des femmes, des enfants, des hommes...et des mutants. Ce n'est pas celui qui a tué le plus dans une bataille ou qui y a survécu qui doit être le Maître, c'est le peuple pour lequel il s'est battu.
Genosha ne doit pas être mené : Genosha doit mener. Des élections, libres, égalitaires, légales, sont la seule et unique solution. L'éducation, le savoir et la connaissance mènent à la paix, car elles permettent de comprendre que la guerre ne mène à rien. L'éducation, le savoir et la connaissance sont les seules solutions pour construire Genosha...et pour la servir."

Un petit groupe de mutants hétéroclites arriva par une rue attenante. Ses membres semblaient absorbés par une intense conversation, des papiers dans les mains.

Il y avait une jeune fille d'apparence caoutchouteuse dont les membres rebondissaient en tous sens alors qu'elle marchait,



un étrange cerveau flottant,



une jeune fille d'apparence humaine portant une guitare sur son dos, mais dont la chevelure, teintée ou non, était rose,



et enfin un homme à l'apparence impressionnante et reptilienne, torse nu sous un imperméable déchiré :



Le groupe s'arrêta net devant l'attroupement, apparemment surpris par ce meeting. A ce moment, la place se mit à résonner d'une clameur générale et d'applaudissements. Il ne faisait que peu de doutes, l'élu des Génoshéens venait d'arriver sur la place. Lorsque la ferveur populaire se fut calmée, Komodo s'adressa à Tigar sans monter sur l'estrade.

"Toujours par monts et par vaux à ce que je vois, Tigar." commenta le reptile sans méchanceté.

"Nous recherchons des volontaires pour aider à la réhabilitation des quartiers résidentiels. Les Génoshéens ont suffisamment dormi à la belle étoile. Rainbow et Cortex ont élaboré les plans. Cortex." expliqua Komodo en désignant la jeune fille à la guitare et l'homme-cerveau.

Une voix bizarre résonna dans l'esprit des personnes présentes.

"Nous cherchons avant tout des pouvoirs utiles d'un point de vue de la construction, mais les citoyens dotés de compétences académiques dans cette branche sont les bienvenus." détailla la voix.

"Ah oui! C’est Haste, pas Ace, désolée." marmonna Améthyste en s’apercevant de son erreur.
Elle continua de marmonner dans sa barbe, en réplique à Robin.

"Mais Komodo est un symbole de ralliement! C’est nous qui le voulons! Ils se referment sur eux à ce point, dans l’institut? C’est le plus top génial mutant au monde! Franchement, il aurait du mieux s’informer avant de traiter quelqu’un comme Komodo de Tyran… Non mais il y en a qui parlent au travers de leur chapeau!"

Et pendant que Tygar, Jason et Ken débattaient, Amé faisait la conversation avec Camille, Greeny et Worm

"Bien, vous deux, je vais vous présenter mes amis alors! On s’appelle les Unders, entre nous… mais bon c’est un peu désuet… Haste, tu voudras venir aussi? Si Mike est là, il sera heureux de discuter avec toi, je pense!"
Jason était toujours sur l’estrade, et donc pas à proximité directe d’Améthyste, qui oublia de l’inviter pour cette raison. Puis, Komodo arriva, escorté par trois mutants, et Améthyste se joignit à la foule pour l’applaudir, allant même jusqu’à passer ses mains au travers un poteau métallique et à les frapper ensemble de l’autre côté, ajoutant des coups métalliques au vacarme ambiant.[/color]

"Komodo! Komodo! Komodo! Un discours!"

Puis elle se tut pour l’écouter et eut une mine un peu déconfite.

"Mais je sers à rien pour construire moi! Je peux me fondre dans les matériaux, mais pas les transporter!"

Hope sourit en entendant Rob : voilà un petit qui avait un minimum la tête sur les épaules, même s'il était probablement idéaliste. Si l'aura de Komodo était aussi ténue, il allait avoir du mal à rallier du monde sans se faire des ennemis. Mais d'un autre côté, la confiance serait difficile à acquérir.

Hope se contenta de dévisager froidement la chinoise de ses yeux de plomb, sans afficher la moindre expression, si ce n'était un profond désintérêt, et conclut

"Je m'entraîne sur des victimes dans ton genre"

Elle préféra rapidement se reporter sur Jason, qui y allait de son discours plein de verve et de bons sentiments. Peut-être était-il un peu trop idéaliste ? Ou trop inspiré... Difficile à dire.

Elle croisa les bras de dépit en entendant Ken, et ne put s'empêcher de lui rétorquer d'un ton froid.

"Coco... Pour l'instant, la ville est une ruine, il n'y a pratiquement rien à bouffer. Les gens n'ont pas le temps d'aller à l'école, à l'université ou à la bibliothèque. Pour l'instant, ils suivront juste celui ou celle qui promettra la sécurité et les besoins essentiels : un toit sur sa tête, de la bouffe dans l'assiette. Après, ils penseront."

Et justement, en parlant de personnes à suivre, voilà un autre groupe de mutants moches dont un qui fut rapidement identifié comme Komodo. Hope ne put s'empêcher de le jauger du regard. Au moins, il avait les pieds sur terre... Ce serait toujours ça de pris... Elle garda néanmoins ostensiblement ses bras croisés, n'ayant jamais été fan des scènes de liesse.