Face à la mort

" Je... Mmmh... "

Nora grimaça. Aïe sa tête. Le bouclier psychique n'était pas tendre. Elle rougit de honte. Elle prit compte des temps que Cassandre employait dans ces deux phrases. Nora se frotta les bras. Avec son mal de tête, un frisson de peur.

" Par.. Pardon... pour la télépathie. Je... Vous aviez l'air ailleurs... Un peu triste... Je voulais comprendre pour aider... "

Elle s'assit à la proposition d'aide. Après tout, elle était venue pour ça. Il suffisait de se lancer, d'oublier tout, de fermer les yeux peut-être et qui sait se libérer vraiment de ses démons. Ci c'était possible. Elle retint un haut le coeur avant de respirer puis de parler sans émotions. Nora était une ombre errante à ce moment là.

" J'avais besoin de parler, madame. Avec ma famille, je n'ai aucune affinité avec eux. Et pourtant, ils ne savent pas ce que je suis. Je ne sais pas ce que l'institut leur a dit. A l'internat, j'ai été victime d'un bizutage... plutôt sale... mais je m'en suis sortie. J'ai eu un ptit ami, Greg. Il préférait mes intuitions plutôt que me toucher. Et il est mort devant moi... Par des malades qui voulaient un ordinateur détecteur de mutants. Gilles, un jeune homme gentil m'a emmené à son père, un flic. Et me voilà ici. "

Nora s'assit et retint des larmes. Greg, elle lui en voulait mais le voir mourir devant elle. C'était choquant. Elle sortie un mouchoir et essuya quelques larmes. La mutante ne pouvait pas la voir. Elle enchaîna, essayant de ne pas montrer sa détresse.

" J'ai peur des mutants. Certains ressemblent à des caricatures d'hommes animaux. C'est là le devenir de l'homme. D'autres sont de vrais armes sans contrôle. Je sais l'institut les aide où s'en débarrasse en mission. Je comprend la peur des humains. Je... m'en veux d'être ainsi. Je parle avec Claire et Kitty. J'admire Yamina... Un rayon de soleil... "

Nora sourit et se détendit. Elle aimait très fort cette fille particulière, si chaleureuse. Si ensoleillée.

" Je ne vois plus Heike, Wind est partie... Je n ai pas d'amis. Je ne sais même pas si j'en ai eu. J'aimais bien les Cérésix. Je ne suis pas anti-mutant, je crois. J'espère.... J'ai un peu peur d'eux oui. De vous aussi. "

Nora s'arrêta là. En fonction de Cassandre, elle s'en irait si elle ne valait pas la peine d'être "changée". Elle soupira, attendant la réaction de Cassandre Deneos.

Cassandre pesa la réponse de Nora. En réalité, elle était à la fois surprise et déçue de constater, de cette façon relativement désagréable, qu'une de ses élèves télépathes se servait sans discernement de son pouvoir. Elle était professeur d'éthique à l'Institut, la faute lui incombait donc si l'une des élèves concernées par l'un des problèmes éthiques les plus épineux de la condition mutante manquait de respect envers la vie privée des autres. Bien sûr, lorsqu'on frisait l'omniscience, il pouvait sembler illégitime de donner des leçons, cela dit cela faisait d'elle la mieux placée pour en parler.

"En tant que mentalistes, notre mutation nous impose une responsabilité morale vis-à-vis de notre entourage. En utilisant ton pouvoir à tout va, tu risques d'une part de te faire mal, mais d'autre part, de dépouiller les autres de leur droit élémentaire à la vie privée, et ce même si cela part d'une bonne intention." expliqua la non voyante en s'installant en face de la jeune fille.

"Utilise ton pouvoir avec discernement si tu ne veux pas devenir un tyran pour ton entourage, Nora." ajouta-t-elle avec un "regard" appuyé dans la direction de la jeune fille. "Peut-être qu'il serait utile que tu assistes à mon prochain cours pour creuser la question, qu'en penses-tu ?" proposa-t-elle après une pause. Il y avait un moment qu'elle devait aborder ce thème avec une poignée d'élèves particulièrement concernés, c'était peut-être l'occasion. Depuis que Richard avait quitté l'Institut, il était vrai que Nora était sans référent.

Des sanglots dans la voix, Nora aborda ensuite l'objet de sa visite, confirmant les observations de la psychologue. La sensation d'abandon était assez flagrante. Mais certaines remarques de la télépathe interloquèrent Cassandre.
Il était intéressant de constater qu'elle ne semblait pas placer son propre pouvoir, dont elle venait de faire la démonstration, dans la catégorie des pouvoirs dangereux. L'apparence tenait une place importante dans son jugement. La non voyante haussa un sourcil.

"L'Institut se quoi... ?" releva la Grecque en détachant lentement les mots. Un sentiment d'horreur fondit sur Cassandre devant l'énormité de ce que venait de suggérer Nora. Comment pouvait-elle réellement croire que l'Institut ne faisait pas tout son possible pour protéger ses pensionnaires, quelle que soit leur apparence ? Comment pouvait-elle croire qu'ils envoyaient volontairement les élèves à la mort pour se débarrasser d'eux ? Comment... Comment pouvait-elle croire qu'elle avait voulu la mort de River, la mort d'Olivier ? C'était ignoble.

Cassandre sentit une larme couler le long de sa joue. Depuis un an qu'elle travaillait à corps perdu à l'Institut, elle avait vu défiler des opinions discutables, parfois extrêmes. Mais c'était la première fois, parmi toutes les insultes et accusations que l'Institut avait subies, qu'un tel outrage à la mémoire de leurs disparus, dont certains avaient donné leur vie pour protéger les autres, était perpétré. Le manque de respect de Nathan dans l'amphithéâtre lui semblait maintenant risible comparé à cela. Et le pire, c'était que pareils mots sortaient de la bouche d'une des pensionnaires. Elle aurait préféré, mille fois préféré que ce soit l'oeuvre d'un anti-mutant de bas étages, de Benoît Saize, de Thadeus Zachary.

La Grecque, d'ordinaire si calme, maîtresse d'elle-même, semblait prise d'un léger tremblement, comme si elle faisait un effort surhumain pour se contrôler. L'après-midi avait été éprouvant, et elle faisait tout pour garder son sang-froid, et faire ce pourquoi elle était là. Au-delà de la peine ravivée par les paroles de Nora chez Cassandre, la psychologue savait qu'il était important pour la jeune fille d'être remise en contexte, dont elle s'excluait comme si elle portait des oeillères.

"Comment... peux-tu croire que nous cherchons à éliminer les mutants au potentiel dangereux ?" demanda-t-elle enfin dans un souffle. "Crois-moi, si c'était le cas, toi et moi ne serions pas ici en train de parler." ajouta-t-elle, toujours à mi-voix avec une sombre détermination. Depuis les événements survenus à Génosha, sa "réquisition" par Ganymède, elle se savait plus que jamais en tête de liste des pouvoirs dormants mais terriblement dangereux. C'est pour cela qu'elle avait plusieurs fois songé à s'éliminer.

"Comment définis-tu un pouvoir dangereux, Soulrider ? Pose-toi cette question, la réponse est dans ton nom de code. Un mutant comme Heike est-il plus dangereux qu'un mutant psychique ? Heike avait des atouts de combattants non négligeables. Mais être dangereux ne se résume pas à pouvoir blesser ou tuer quelqu'un, car sinon, tout le monde est un danger pour les autres. Avoir la capacité de toucher l'esprit humain, c'est commander aux idées, c'est finalement avoir accès à l'humanité. J'y vois un danger bien plus mortel. Et si tu ne te sens pas concernée, alors tu représentes un danger encore plus grand pour toi-même et les autres. Il serait temps de te réveiller, Nora."

Cassandre connaissait bien son sujet ; il la tourmentait plus encore depuis Génosha, et Mina lui avait apporté de nouveaux arguments pour l'étayer. Pour une fois, elle s'était exprimée de façon assez directe, échauffée qu'elle était par l'accumulation émotionnelle, mais il lui apparaissait clair que de telles réflexions mèneraient Nora sur une pente glissante, surtout si elle devait participer à la mission à venir. De toute évidence, elle avait besoin d'un tuteur, et d'ouvrir les yeux et de se voir telle qu'elle était : ni pire ni meilleure que les autres.

" En tant que mentalistes, notre mutation nous impose une responsabilité morale vis-à-vis de notre entourage. En utilisant ton pouvoir à tout va, tu risques d'une part de te faire mal, mais d'autre part, de dépouiller les autres de leur droit élémentaire à la vie privée, et ce même si cela part d'une bonne intention. "

" Utilise ton pouvoir avec discernement si tu ne veux pas devenir un tyran pour ton entourage, Nora. " ajouta-t-elle avec un "regard" appuyé dans la direction de la jeune fille. " Peut-être qu'il serait utile que tu assistes à mon prochain cours pour creuser la question, qu'en penses-tu ? " proposa-t-elle après une pause.

" Je veux bien venir si vous ne me jugez pas et si ce que je vous dis reste entre nous, madame Deneos. Mais je ne suis pas une bonne télépathe, vous savez. Je ne lis que les pensées superficielles et seulement lors de débats. Ainsi, j'ai la réponse juste en avance. Je ne cherche pas de secrets. Pas tout le temps. Je ne comprend pourquoi vous dites "tyran". Je ne suis pas mauvaise. Pas fréquentable, mais je n'aime pas faire du mal. Vous devez me croire. Et l'éthique, j'ai bien sais. Ne pas violer l'intimité des esprits. Je ne le viole pas. Des pensées superficielles lorsqu'une personnes lève la main, c'est pour dire une réponse. Je la sais avant, c'est tout. "

Nora ne pensais pas voir Cassandre aussi troublée, Elle en était désolée. Sincèrement.

" Comment... peux-tu croire que nous cherchons à éliminer les mutants au potentiel dangereux ? " demanda-t-elle enfin dans un souffle. " Crois-moi, si c'était le cas, toi et moi ne serions pas ici en train de parler. " ajouta-t-elle, toujours à mi-voix avec une sombre détermination.

Nora s'avança et prit la main de Cassandre. Elle l'avait fait instinctivement et si madame Deneos devait la punir, ce n'était que mériter. La détresse de professeur se propagea à Nora qui avait une grande sensibilité et qui se sentait responsable. Elle s'en voulait de parler. Voilà le résultat.

" Non, non, non, je ne voulais pas dire ça. Je n'aime pas parler, les pensées sont plus simples. Ne me méprisez pas, je vous en prie. Je voulais être sincère mais ce n'est pas facile de s'exprimer. J'ai vu Garcia mourir à coté de moi et je ne cesse de penser à ce que j'aurais pu faire. Le pousser, me placer dans un angle pour voir ce qui allait se produire... J'ai eu l'impression que nous étions en vacances, vêtue sans armures, sans rien pour nous protéger, ni trousse de secours. Je suis peut-être naïve madame Deneos. Je m'exprime mal... Et puis j'ai entendu que Messieurs Ivanovitch et vadim parler de commando, d'équipiers qui devaient se compléter sans s'attacher. Le professeur Vadim a raison. Je veux apprendre à me détacher. Mais je vous en prie, je ne voulais pas dire ça, exprimer ça. Ni vous blesser. Je vous donne ma parole. "

Puis l'aveugle aux pouvoirs psychique lui parla de Heike et des pouvoirs dangereux.
Nora relâcha la main de la professeur. Les paroles de celles-ci l'effrayaient et sa peur des mutants aux apparences visibles l'amenèrent à se rendre compte qu'elle était incapable de gérer tout cela. Elle ne se sentait pas fréquentable et sa phobie des mutants et celle légère des contacts physiques, de même du toucher physique. Elle se dit qu'elle avait peut-être eu accès aux pensées de sa famille lors de sa puberté. Ce qui aurait expliqué que sa famille inconsciemment la repousse et l'envoie dans un internat où elle n'a pas eu d'amis. Elle se tenait la tête, elle avait chaud soudainement à essayer de comprendre les mots accès à l'Humanité. Fouiller les esprits des autres, c'était ça ? Et comment lutter contre ce que l'on est ? Nora savait que son don lui plaisait, elle ne se voyait vivre sans l'utiliser. Elle ne se voyait pas non plus vivre en faisant du mal. Elle savait qu'elle finirait mal et seule car sans attaches, sans lien, sans espoir, la vie avait peu de sens. Yamina la faisait sourire par sa simple présence. Mais Cassandre la ramenait à la réalité durement. Et avec raison. Elle répondit mécaniquement, sans émotion car elle ne savait pas laquelle adopter. Et elle ne désirait pas pleurer devant madame Deneos. Nora avait montré une image assez négative et elle ne voulait pas en rajouter une couche. Elle s'en voulait d'autant plus que Cassandre est belle et triste. Elle avait un désir de l'aider. Elle savait que c'était impossible. La solitude étant la compagne de Nora.

" Pour moi les mentalistes sont l'évolution de l'Humanité qui n'a jamais exploité son cerveau au maximum. Les hommes animaux, les insectes qui se transforment en humain, ils pensent comment ? Nous somme égaux ? Non, pas pour moi. Je ne les déteste pas, je ne sais pas comment les aborder. Heike est très humain et sensible mais il est aussi animal, je ne l'invente pas. Et Fly qui se transforme en essaim, elle pense comment, son regard sur l'humanité ? Je n'ai pas le droit de me poser des questions ? Pour vous, c'est peut-être facile, vous ne les voyez pas, sans vouloir vous offenser. Je suis consciente de mes préjugés et c'est pour cela que je suis franche avec vous. Et maladroite. J'ai appris à connaître Heike et je l'apprécie. Mon point de vue à changé même si je garde mes distantes parfois. En mission, Fly était très bien. Mais, si je vous dis que je ne l'évite pas, je vous mens et je me mens. Je comprend votre mépris et je quitterais l'institut si vous pensez que je n'ai rien à faire ici. Mon pouvoir me fait peur maintenant. Merci. "

Se retenir de pleurer, surtout. Ne pas avoir l'air faible. Cassandre ne la voyait pas mais la tonalité mécanique de la voix de Nora s'étiolait pour laisser venir un sanglot. Repoussé mais pour combien de temps. Nora était persuadé que Cassandre lui en voulait et la détestait. Elle savait aussi que se trouver hors de l'institut, c'était mal finir tôt ou tard. Pourquoi être franche faisait-il si mal ?

" Vous allez dire monsieur à Vadim de ne pas m'emmener en mission. Vous savez, je veux participer pour montrer mes actes, nos actes à l'humanité, aux ennemis, aux témoins. Qu'ils voient que l'espoir, l'entraide sont là. Je vous demande pardon... Mes bagages sont prêts de toute façon. Sniff. "

Nora avait peu défait ses affaires. Juste un minimum pour qu'on la laisse tranquille. Elle était "prête" à partir du jour au lendemain. Mais elle savait aussi au fond d'elle qu'elle se sentait parfois chez elle dans cet institut et qu'elle le devait aux professeurs.

Nora ne semblait pas comprendre en quoi utiliser son pouvoir sur les autres sans raison particulière était une pratique irresponsable. Plutôt que d'admettre ses propres responsabilités, la jeune fille se voilait la face et s'enlisait dans l'auto-apitoiement. Mais dans le fond, cette peur d'être jugée prouvait bien qu'elle savait que quelque chose n'allait pas. C'était déjà bon signe.

"Dans mes cours, on ne juge pas, on réfléchit. C'est d'ailleurs ce que nous faisons ici également, nous réfléchissons, et si tu veux que je t'aide, je t'enjoins à réfléchir objectivement sur notre conversation. Je pense que sur le principe, infiltrer l'esprit de quelqu'un pour lire ses pensées superficielles ou intimes a la même valeur. Dans les deux cas, c'est une intrusion. Aujourd'hui, tu es limitée par la maîtrise de ton pouvoir, mais qui sait ce que tu pourras faire à l'avenir ?" reprit la psychologue, terminant sur une question rhétorique dont elle avait une idée assez claire de la réponse.

"Tu dois apprendre à faire la distinction entre les cas où l'utilisation de ton pouvoir est nécessaire, et donc justifiée, et quand il s'agit d'une indiscrétion dispensable. Car l'abus de pouvoir, c'est ce qui caractérise un tyran. Les tyrans ne sont pas forcément "méchants". Certains exercent leur pouvoir sans se rendre compte qu'ils empiètent sur les droits et libertés des autres."

Cassandre sentit la main de Nora se poser avec empressement sur la sienne. Cela faisait deux fois aujourd'hui qu'elle se retrouvait dans cette situation. Lorsqu'on avait connu une télépathe comme Anna, il était difficile d'imaginer une télépathe aussi maladroite pour communiquer. Mes les excuses de la jeune fille semblaient sincères, et cela calma quelque peu la psychologue, qui se contenta de retirer sa main de celle de Nora pour s'essuyer délicatement la joue.
Comme bon nombre d'élèves sur Génosha, elle avait été témoin de la mort d'un camarade. Lorsqu'elle mentionna Vadim, les liens logiques devinrent évidents.

"Monsieur Volkov avait ses raisons de parler ainsi, et il s'appuie sur son expérience. En mission, l'émotion est rarement bonne conseillère. Son souci est de tous vous ramener en un seul morceau à l'Institut."

Quant à elle, bien qu'elle comprît les raisons tactiques de Vadim, elle ne pouvait s'empêcher de penser que les sentiments avaient parfois leur place en mission. Ils étaient le facteur invisible pouvant faire basculer une situation. Le meilleur exemple qu'elle en avait était la désertion des membres de Ganymède sur Génosha, et surtout, le fait que les professeurs étaient venus à sa rescousse à leurs risques et périls. C'était leur cohésion qui les distinguait, leur union indéfectible.

"Vous êtes avant tout des élèves, pas des soldats. Monsieur Volkov tient seulement à s'assurer que vous défendrez toujours équitablement vos équipiers, quels qu'ils soient. Concernant la mort de Garcia, c'est difficile à admettre, mais malheureusement on ne peut changer le passé, rien ne sert de se torturer..." dit-elle non sans une certaine tristesse. S'ils avaient insisté pour qu'Olivier ne parte jamais en tournée de conférences, il serait peut-être toujours vivant. Mais la réalité, le présent était tout autre. Olivier était mort, et le monde continuait de tourner.
La suite des propos de Nora surprirent la psychologue, non pas par la peur qu'elle évoquait, mais la peur sous-jacente d'être contredite : elle préférait quitter l'Institut que d'être placée devant la contradiction, et d'ouvrir son esprit à des idées différentes. Pour une mutante, la jeune fille était étonnamment sectaire. Cassandre était de plus en plus convaincue qu'il lui serait utile d'assister à son prochain cours.

"Qui a parlé de mépris ? Je crois que tu te juges toute seule, Nora, tu n'as pas besoin de quelqu'un d'autre pour cela. Je ne suis pas là pour te dire ce que tu dois penser, et te chasser de l'Institut si tu penses différemment. Je suis là pour ouvrir d'autres portes. La façon la plus simple de ne plus raisonner sur des préjugés, c'est autant questionner les principaux intéressés, non ? Yrianna est une mutante chaleureuse, répondre à tes questions sur sa façon de penser lorsqu'elle est transformée ne devrait pas lui poser problème. Mais j'ai l'impression que tu déclares forfait, que tu refuses tout ce qui n'est pas en accord avec ta conception unique d'un même problème. Tu es la seule dans cette pièce à te considérer indigne d'être ici, la preuve, tu avais préparé ta valise en étant persuadée qu'on te chasserait. Ce n'est pas à moi, ni à monsieur Volkov que tu dois prouver quoi que ce soit. C'est à toi-même."

Cassandre avait la nette impression que Nora avait été livrée à elle-même bien trop longtemps. Elle avait ruminé un sentiment autodestructeur. Ce n'était pas des autres qu'elle avait peur, c'était d'elle-même. Et quelque chose lui disait que la tutelle de Vadim serait un moyen efficace de lui redonner des repères. Etant donné que la Grecque partirait également en Afrique du Sud, il serait plus aisé pour elle de veiller à ce que tout se passe bien pour la jeune fille.

"C'est une bonne chose que tu commences à voir ton pouvoir pour ce qu'il est vraiment. A toi de prendre tes responsabilités, maintenant, Nora. Ce n'est pas facile, ce n'est pas agréable, mais personne ne le fera à ta place." conclut-elle, une expression compatissante sur les traits. La jeune fille ne réalisait pas sa chance d'avoir des mutants adultes ayant rencontré et résolu ce genre de dilemme lorsqu'ils étaient plus jeunes. Cassandre et Olivier avaient dû affronter ces problèmes moraux seuls, en cachant leur pouvoir à tous tout en se demandant quel genre de maladie ils avaient.

" On réfléchit et on ne juge pas ? je suis maladroite avec mes mots. je vous ai fais pleurer et j'en ai encore mal. Je dois canaliser ma sensibilité. Vous allez me dire que vous ne m'avez pas jugé ? Quand au tyran, je comprend. Je n'avais pas réalisé que j'étais si "tyrannique". Je ne sais pas ce que je serais capable de faire plus tard. J'en ai parlé à personne mais dans la cuisine récemment, un élève s'est changé en dirigeant de Ganymède. J'en étais bouleversé et j'ai "brûlé" son esprit. Je l'ai senti. Il n'a eu qu'un mal de tête et un haut le cœur. Mais je crois bien que c'est vraiment de ma faute. Je n'ai rien dis... C'était involontaire. Je m'en veux et en même temps... "

* C'était grisant * pensa la jeune femme sans continuer sa phrase. Elle se découvrait un don différent de la communication et du "fouillage" de tête. Elle ne savait trop comment exploiter et s'entraîner avec cette nouvelle façon d'utiliser la télépathie. Elle en parlait avec Cassandre comme si celle-ci était sa sœur ainée ou sa maman. L'espace d'un instant, du moins, Nora la considéra ainsi. Une relation familiale qu'elle avait très peu connue depuis l'internat. Nora continua sur sa lancée. La télépathie, son don et non pouvoir à ses yeux était un sujet qu'elle n'avait jamais évoquée.

" Mais j'aime cette sensation, cette connexion. C'est comme flotter dans un monde virtuel. Ou déchirer le voile de la réalité vous permet de comprendre la réalité même des choses. De ce qui fait notre conscience et nos sentiments vrais. Je veux dire, c'est comme regarder au delà de la surface de la personne. Découvrir la "vraie" personne. Ce qu'elle est. Je ne sais pas comment expliquer ce lien psychique. C'est un peu comme si j'avais accès à l'Univers. A la pensées de l'Univers collectif sauf que je peux en voir une infime partie. Par personne. Vous devez me trouver space madame Deneos. "

Nora parlait de son pouvoir avec passion. Et c'était la première fois qu'elle en parlait ainsi en se laissant aller avec sa façon de voir les choses. Elle s'arrêta soudain, revenant à la réalité, rougissant et ayant peur d'avoir dit où d'être ce qu'elle ne devait pas être. Une personne trop à part même pour ces mutants. Oui, Cassandre avait raison sur son jugement, Nora avait peur d'elle même et d'une certaine manière, elle se punissait pour un mal qu'elle n'avait pas commis.

Puis la conversation effleura le professeur Vadim. Bourru pour Nora mais avec un coté paternaliste à ses yeux. Le coté commando sans affection à donner plaisait à Nora. Pour la simple raison qu'elle continuerait à rester seule. Être seulement des élèves et non des soldats et ne pas se torturer sur un équipier mort alors que l'on aurait pu concevoir un plan plus sécurisé, Nora approuva d'un "oui" peu convaincue même si elle essayait gentiment de bluffer la psychologue. Malgré la "dureté" de Cassandre, Nora décida de rester et l'écouter. Elle avait peut-être besoin de repère, d'attention...

Cassandre reprit la parole, sur les préjugés de la jeune fille.

"Qui a parlé de mépris ? Je crois que tu te juges toute seule, Nora, tu n'as pas besoin de quelqu'un d'autre pour cela. Je ne suis pas là pour te dire ce que tu dois penser, et te chasser de l'Institut si tu penses différemment. Je suis là pour ouvrir d'autres portes. La façon la plus simple de ne plus raisonner sur des préjugés, c'est autant questionner les principaux intéressés, non ? Yrianna est une mutante chaleureuse, répondre à tes questions sur sa façon de penser lorsqu'elle est transformée ne devrait pas lui poser problème. Mais j'ai l'impression que tu déclares forfait, que tu refuses tout ce qui n'est pas en accord avec ta conception unique d'un même problème. Tu es la seule dans cette pièce à te considérer indigne d'être ici, la preuve, tu avais préparé ta valise en étant persuadée qu'on te chasserait. Ce n'est pas à moi, ni à monsieur Volkov que tu dois prouver quoi que ce soit. C'est à toi-même. "


" Bien sûr que je me juge, que je juge mes actes. En mission Garçia est mort et je n'ai servi à rien. Je me rend compte que je pense comme tous ces racistes anti-mutant quand je vois des... hommes-bêtes. J'ai honte de parler ainsi... C'est plus fort que moi cette peur. Je vous en parle car je veux vraiment changer. Heike est très gentil et Yrianna... Etrange, je trouve mais charmante. je me sens mal, sale, mauvaise, incapable de vraiment m'adapter. Avec ce genre de mutant. Même ma télépathie est pour moi un don, et non un pouvoir. Alors oui, je me juge et je mérite d'être punie. Mais je vous donne ma parole madame Deneos que je veux changer. Je ne serais pas venue vous voir... J'en étais malade... Vous êtes impressionnante. De par votre pouvoir, mais aussi physiquement... vous êtes belle et à la fois si proche et éloignée de nous, des choses... Ne m'en voulez-pas, c'est juste moi qui vous perçoit comme ça. "

Nora avait murmuré ces dernières phrases par sincérité et aussi pour ne pas la vexer. Quelle gourde, non ?

" J'aime mon don. Il m'ait aussi indispensable que l'air pour respirer ou mes jambes pour marcher. Je ferais mes choix madame Deneos. Et je n'aurais pas peur des extrémités pour sauver mes coéquipiers et vous aussi. Et pour faire le bien. "

Dictatrice ? Nora ne savait pas si elle le deviendrait. Mais l'hypocrisie, le chacun pour soi, Nora savait que la nature humaine était actuellement ainsi. Et Nora avait soif de sincérité et de vérité. Elle laissait la psychologue interpréter ces mots sans s'en soucier.

Le choc premier passé, la psychologue ne semblait pas s'émouvoir de la description que Nora faisait de son pouvoir et de la façon dont elle le vivait au quotidien. En réalité, elle comprenait même plutôt bien ce que la jeune fille voulait dire. Nora avait accès précisément à ce que Cassandre ne pouvait percevoir via son propre pouvoir. L'esprit humain ne lui était accessible que par ses compétences professionnelles, et encore, elles ne lui garantissaient pas un sans faute. Il devait certainement être grisant d'être parmi les seules personnes au monde capable de savoir quelles plantes poussaient dans le jardin secret des autres. Raison de plus selon elle, pour que Nora apprenne la modération.

"Non, je ne te trouve pas étrange, Nora. Je crois même être bien placée pour te comprendre. Pour vivre comme tout le monde, je dépends moi-même beaucoup de mon pouvoir. Pour me déplacer, faire les gestes quotidiens sans aide... Cette façon de vivre est devenue une seconde nature. Mais après l'attaque de l'Overmind, j'ai... J'estimais qu'il valait mieux ne plus savoir. Ne plus utiliser mon pouvoir m'a au départ soulagée, mais aussi sérieusement handicapée. Parce que j'en avais besoin et que je m'étais toujours reposée sur lui." expliqua la non-voyante, en se remémorant les moments difficiles qu'ils avaient vécu quelques mois auparavant.

"A trop solliciter nos aptitudes dans des situations anodines, on finit par devenir dépendants, à tous les sens du terme. Comme une drogue. Et lorsqu'on est contraints de faire sans, on se retrouve démunis." poursuivit la psychologue. La jeune femme s'interrompit, perdue dans ses réflexions, puis reprit la parole.

"J'ai un petit exercice pour toi. Que dirais-tu d'entamer une semaine d'auto-gestion ? En dehors des missions, chaque fois que tu seras tentée d'utiliser ton pouvoir, ou même que tu le feras sans t'en rendre compte de prime abord, pose-toi la question : est-ce vraiment utile ? N'y a-t-il pas un autre moyen ? Le nombre de fois où tu te poseras cette question te donnera une assez bonne idée de l'importance qu'occupe ton pouvoir dans ta vie à l'Institut." proposa Cassandre.

"En mission, chacun fait ce qu'il est en mesure de faire dans une situation donnée. Aucun d'entre vous n'est responsable de sa mort. Les seuls responsables sont ceux qui lui ont tiré dessus." dit-elle tristement. Plusieurs élèves avaient trouvé la mort sur Génosha, et le complexe du survivant avait tenaillé plus d'un mutant suite à la guerre civile. De part son pouvoir, Cassandre avait quant à elle plus de recul sur cette question. Avec la mort de River, elle avait traversé ce même questionnement coupable.

Une légère rougeur aux joues vint contraster avec le teint pâle de Cassandre lorsque Nora lui avoua l'impression qu'elle avait d'elle. Cela allait en droite ligne avec la confession de Lucas, mais aussi l'opinion de Mina qu'elle avait eue un peu plus tôt. Jusqu'ici, elle n'avait jamais véritablement su que sa présence intimidait les autres. Cela lui paraissait d'ailleurs difficilement concevable, surtout sur des critères principalement physiques. Son pouvoir, il était compréhensible qu'il mette mal à l'aise. Mais évoluant dans une sphère où l'apparence physique n'existait que par procuration, elle n'avait aucune idée de l'image qu'elle pouvait renvoyer aux yeux des voyants. Ne sachant que répondre, la psychologue s'éclaircit pudiquement la gorge en attendant l'avis de la jeune fille sur le petit travail sur soi qu'elle lui proposait.

" Si voir des choses permettent de changer votre quotidien en mieux où de sauver des vies, n'ayez pas peur d'utiliser votre don. Et si vous ne le faites pas, n'ayez pas non plus peur de demander de l'aide. Un handicap n'est pas une honte. Une sorte de mutation pas facile à gérer. Vous avez peur de voir l'avenir ? "

Nora attendit une réponse avant de reprendre. Comprendre cette professeur dont le pouvoir permettait d'avoir un avantage certain sur l'ennemi. elle ne comprenait pas qu'il y ait autant de morts. Peut-être que Cassandre avait peu de contrôle sur son don à court terme et ce qu'elle voyait était très aléatoire. Vu les résultats mortels, Nora compatissait. Ou alors Cassandre avait des prédictions que personne n'écoutait comme la Cassandre de Troie. Lire l'avenir avec le facteur malchance.

" Quand à gérer ma télépathie, je vais essayer. J'aime utiliser mon don mais vous avez raison. Je ne dois pas en être accro. Je ne vous promet pas de réussir du jour au lendemain mais j'essaierais. "

Nora soupira de résolution. Un exercice qui serait bien plus difficile qu'il n'y paraissait. Elle manquerait de sommeil. Déjà, parler de télépathie et ne pas effleurer un esprit la mettait mal à l'aise. Nora n'avait que sa télépathie pour rêver.
Cassandre était vraiment intimidante. Bon, le rôle de psychologue effrayait déjà un peu, en plus sa perception des choses était bien différente, elle est aveugle et son pouvoir dévoilait des secrets qui bien exploités apportaient richesse et pouvoir. Et sa tristesse. Nora ne parvenait pas à y faire abstraction.

" Chaque équipier est responsable de l'autre. Nous ne devons pas avoir peur de mettre notre vie entre les mains de chaque équipier. Vous pouvez me rassurer, mais Greg est mort par ma faute, je crois et Garcia... Nous avons trop traîné, nous aurions du partir plus tôt, juste cinq minutes plus tôt. Vous connaissez Gilles, le fils du policier qui m'a amené à l'institut ? "

Nora pensais avoir raison. Ces mortes avec brutalité. C'était si horrible. Si injuste. Elle pensait à tous ces morts. Elle ne savait pas comment faire mon deuil. Parler d'eux, écrire, Elle ne savait pas si cela suffirait. Elle avait effleuré leur esprit. Et c'était fini.

Cassandre eut une moue désabusée lorsque Nora la sermonna sur son pouvoir. Elle préférait ne pas rentrer dans les détails. Elle avait mentionné sa propre expérience pour illustrer les problèmes que pouvaient poser une trop grande dépendance envers un pouvoir, mais elle ne souhaitait pas aborder ses propres problèmes. Elle était là pour aider Nora, non pour parler d'elle. En réalité, la seule fois où elle les avait évoqués, c'était lors de la soirée d'anniversaire de l'Institut. Et depuis sa discussion avec Lucas, elle aurait tout fait pour éviter de parler d'elle.

"C'est plus compliqué que cela. Connaître l'avenir, c'est déjà le modifier. Et certaines choses ne doivent pas être modifiées. Vois l'avenir comme un château de carte infini. Les plus petites modifications à sa base peuvent entraîner l'effondrement de toute la structure. Parfois, on bouge les cartes, mais la situation ne prend pas le tour que l'on souhaite. Quand je bouge les cartes, je tiens compte du tout. Concrètement, ça impose des choix impossibles." expliqua-t-elle néanmoins pour répondre à la question de la télépathe.

"On s'imagine que la liberté de choix n'a pas de prix. Mais il y a un prix très lourd à payer pour celui qui choisit. C'est pour ça qu'il faut user ses pouvoirs avec sagesse." conclut-elle gravement. Nora semblait vouloir faire des efforts en ce sens, aussi Cassandre n'insista-t-elle pas plus.

"Non, je ne connais pas ce garçon." répondit-elle patiemment.

" Bien madame Deneos." répondit Nora d'une voix lointaine. Le jeune femme faisait un bilan rapide sur sa consultation. Pas vraiment réconforté sur la perte de Greg et Garcia. La télépathie, il fallait arrêter de lire les pensées des autres même superficielles. Et pourquoi ne pas parles du coté positif de la télépathie ? Nora avait des tas d'idées. Elle en trouverait assurément des idées.

Quand au pouvoir de Cassandre, Nora ne la jugeait pas. Elle avait une vague idée de ces capacités, après, lire l'avenir, c'était vague et si vaste avec de nombreuses possibilités. Quand à détruire un château de cartes, si c'était pour le reconstruire en mieux, pourquoi pas. Le monde avançait par la destruction suivie de la création. La sagesse était toute relative pour Nora. Ce qui importait d'était d'essayer d'agir au plus juste, tout au moins en accord avec ces convictions. Même si elles n'étaient pas toujours en accord avec celles des autres. Des choix impossibles... Il fallait prendre ceux qui étaient possibles... Nora ne la comprenait pas. Elle aurait bien aimé voir le futur en se connectant un jour avec Sybille. Enfin...

Nora se rapprocha de la porte, se promettant de faire des efforts pour ne pas devenir dépendante de son don sans pour autant l'abandonner. Elle voulait progresser pour être prise en mission car il fallait avoir de la bonne volonté mais aussi être compétent dans son don. Non ? Elle nota aussi de participer au cours sur l'éthique. Comme si elle ne savait ce que c'était. Enfin, elle avait quelques bases. Nora savait qu'il fallait faire attention mais l'éthique était-elle la même pour tous ? Fourmi, chat, requin, humain, mutant, chaque espèce était bien trop différente pour avoir la même impartialité, la même éthique pour chacun.

Nora était pensive. Elle ne savait pas si cette visite avait été constructive. Elle aurait aimé lui parlé de ce garçon, de sa gentillesse, mais Cassandre ne posait pas de questions et Nora resta seule avec ces états d'âme.

Nora fixa les yeux de la psychologue, elle avait envie de lire ses pensées, de percevoir un petit quelque chose. Mais bon, elle s'était heurtée à son bouclier mental et à vrai dire, elle n'avait pas envie de recommencer de suite. Sauf pour se punir peut-être. Mais Cassandre ne le comprendrait pas. Elle se demandait si sa professeur pouvait deviner ces comportements en voyant les différentes lignes du futur.

" Je ne vais pas vous embêter plus longtemps madame Deneos. Merci de m'avoir reçu et écouté. Et si vous avez besoin de quelque chose, je suis là... Ne vous fiez pas à tout ce que j'ai dis pour savoir si je suis digne de confiance. L'institut est ma famille, j'ai juste un petit problème d'intégration avec les mutants. "

Nora lui offrit un sourire que Cassandre ne vit pas. Elle attendit l'accord de Cassandre Deneos pour s'en aller. Elle ne savait pas si c'était à elle de décider de quitter cet entretien ou au professeur.

Cassandre attendit une suite qui ne vint pas. Nora avait visiblement voulu évoquer ce jeune homme, mais semblait y avoir renoncé, pour une raison qui lui échappait. Par principe, la non-voyante avait toujours préféré ne pas brusquer ses interlocuteurs, aussi respecta-t-elle le soudain silence de la télépathe concernant Greg. Peut-être que Nora reviendrait en parler lorsqu'elle se sentirait prête.

Elle entendit la jeune fille se lever, et s'éloigner vers la porte.

"Hum... Comme tu veux, Nora. N'hésite pas à repasser." répondit la psychologue. Elle tenait de toute façon à connaître le sentiment de la jeune fille sur l'exercice qu'elle lui avait donné une fois qu'il serait terminé.

Avant de partir, Nora lui proposa son aide, comme si leurs rôles étaient inversés. Comme elle l'avait remarqué plus tôt, elle avait cette étrange manie, pour une fille de son âge, de vouloir se placer au-dessus des autres.

"Je te remercie, mais je n'ai besoin de rien." déclina-t-elle avec un sourire qui se voulait rassurant, pour remettre les choses à leur place.