Chambre de Keyah et Jolène

Ca faisait à peine quelques jours que Lucy était arrivée à l'institut et elle était déjà entrain de remettre un peu d'ordre dans son coin de dortoir. Elle n'avait pas des tonnes et des tonnes d'affaires. Mais elle avait une fâcheuse tendance à s'étaler, à ne rien ranger et pouvait très aisément vivre dans un gros bordel. Mais son bordel à elle. Son bordel organisé dans lequel elle était la seule à y voir clair. Et à vrai dire, elle se sentait bien mieux dans un endroit en fouillis que dans un endroit ou tout est à sa place, un endroit trop lisse, trop propre ou rien n'est bringueballant. Oui, mais voilà, à présent elle n'était pas seule dans la chambre. Elle avait une colocataire qui n'apprécierait pas forcement son bazar à elle. Quoi qu'elle n'en savait pas grand chose, en réalité. Si elles avaient bien évidemment été obligées de se croiser dans la chambre, Lucy savait assez peu de choses sur Keyah. Il faut dire que durant cette petite semaine, son esprit avait été bien trop occupé pour penser à ca. Découvrir l'institut Charles Xavier, ses occupants et ses règles de vie demandait une attention de chaque instant. Cela avait été épuisant. Alors, le soir, moment où elles auraient pu faire un brin de causette, Lucy tombait dans un profond sommeil.

Quoi qu'il en soit, la jeune fille faisait tout de même des efforts pour remettre tout à sa place, même si parfois ca débordait un peu, comme aujourd'hui. Et ca ne faisait même pas une semaine qu'elle occupait les lieux ... C'est ainsi qu'en remettant ses habits dans l'armoire et en rangeant le bureau qui lui avait été assigné, elle tomba sur les quelques livres d'histoire scandinave qu'elle avait amené avec elle et un livre qu'elle avait acheté à l'aéroport d'Helsinki, Légendes de la mythologie Scandinave. Lucy avait totalement occulté cet ouvrage en arrivant à l'institut. Le retrouver lui donna immédiatement l'envie de se replonger dedans. Il était temps de rattraper le retard qu'elle avait pris depuis qu'elle était devenue une habitante à part entière de l'institut.

Ses affaires plus ou moins rangées, la mutante hésita quelques secondes à rester dans sa chambre ou à descendre avant de claquer la porte derrière elle, direction les parties communes.


Salon

Keyah vit la silhouette de Lucy qui s'éloignait alors qu'elle mettait la main sur la poignée de la porte. Elle revenait de la cuisine dans laquelle elle s'était ravitaillée en fruits secs, son pêché mignon depuis qu'elle avait fait leur découverte. Dans le désert, c'eût été aberrant de priver les fruits de leur jus, pour ne pas dire suicidaire, mais dans sa situation, les figues et abricots se transformaient en régals.

Elle hésita à suivre sa colocataire afin de faire plus ample connaissance, enfin, mais se souvint qu'elle avait un peu de nettoyage à faire. Un fois entrée, elle ôta sa couette, et défit délicatement son drap, avant de saisir les quatre coins successivement, à la manière d'un baluchon. Puis elle alla jusqu'à la fenêtre et le secoua pour chasser tous les grains de sable qui apparaissaient mystérieusement durant son sommeil. Lorsqu'il y'en avait peu, cela ne la dérangeait pas, mais la nuit précédente elle avait eu l'impression de dormir sur un océan de biscottes, et s'était réveillée trois fois.

Une fois le drap nettoyé du plus gros des saletés, elle le fit claquer une ou deux fois puis le remit précisément en place, en bénissant le créateur de ces avancées de toit qui lui avaient évité d'être trempée par l'orage. Elle replaça de même sa couette, son oreiller, et son traversin, les deux derniers ayant naturellement chu cette nuit-même. Keyah s'aperçut alors que de petits détails avaient changé dans la chambre : Lucy avait réarrangé son bureau. En voyant les affaires de sa colocataire, la Malienne eut un pincement au coeur, puisque son coin à elle se composait plus ou moins exclusivement d'habits. Elle secoua la tête pour chasser le vague à l'âme et se décida à descendre rejoindre de la compagnie.

Foyer

chambre de Derek et James

Cassandre mena Jolène vers l'aile qui devait contenir les chambres de filles. Pendant le trajet la jeune fille remarqua qu'elle n'avait pas ouvert les yeux. Elle devait être aveugle...

Elle ne savait pas trop par quoi commencer...mais la délicatesse dont la femme faisait preuve la mettait à l'aise.

"Je viens d'Ecosse, de Glasgow précisément. J'ai découvert l'institut un peu par hasard. Disons que j'ai été confrontée à quelques...problèmes et qu'un mutant qui connaissait l'institut m'a aidée. C'est lui qui m'a convaincue d'aller vers vous afin de réussir à contrôler mon pouvoir."

En repensant aux cris des fidèles en train de se saigner comme des cochons Jolène ne put réprimer un frisson.

"En fait pour tout vous avouer il y a une semaine je n'avais pas encore prit conscience de ma mutanité..."

Une fois arrivée devant sa nouvelle chambre, Cassandre lui appris le nom de sa colocataire, Keyah. Elle s'apprêtait à remercier la professeur et rentrer dans sa chambre lorsqu'elle se retourna.

"Vous avez d'autres questions professeur?"

D'un côté elle aurait bien aimé tout lui raconter, pour s'exorciser de cette nuit. Elle n'en avait rien dit à personne. D'un autre côté, sa fierté l'empêchait de s'épancher ainsi sans qu'elle ne lui demande rien. Si jamais elle lui demandait d'approfondir, elle le ferait sans hésiter, trop heureuse de partager ce qu'elle avait vécu.

Chambre de Derek et James

Cassandre hocha pensivement la tête aux paroles de Jolène. L'arrivée à l'Institut se faisait rarement sans heurt, malheureusement. La psychologue crut déceler une certaine anxiété dans la voix de la jeune fille. Elle avait semblé hésiter sur le pas de la porte.

"Hum... Des questions ? Je ne sais pas... A toi de me le dire." répondit-elle en posant la main sur la poignée de la chambre. Elle frappa deux petits coups à la porte ; elle savait Keyah dans le salon, mais l'éducation de la Grecque étant ce qu'elle était, elle prit tout de même la peine d'annoncer sa venue. Elle ouvrit alors la porte, révélant une chambre quasiment identique, à part quelques effets personnels, à celle de James.

"Je suis aussi là pour vous écouter. Si tu as quelque chose sur le coeur..." dit-elle en faisant un pas en arrière pour laisser Jolène entrer dans la chambre. Fidèle à elle-même, Cassandre n'insisterait pas plus. Elle avait tenu à s'assurer que la jeune fille sache à quoi s'en tenir, sache qu'elle pouvait venir la voir en cas de problème. La non-voyante s'attarda sur le seuil quelques secondes, attendant la réaction de la mutante.

La réponse de Cassandre n'enchanta pas Jolène. Bien sûr qu'elle voulait parler mais c'était difficile. En faisant comme ça elle avait l'impression de se plaindre pour rien...Après tout ce n'était peut-être pas si important...peut-être qu'ils avaient connus des choses pires...Après tout elle en était revenue vivante et pas trop amochée. Et personne n'avait été tué...enfin personne...Elle prit une inspiration. Elle ne pourrait pas le garder pour elle pour toujours de toute façon, mais elle ne savait pas trop comment s'y prendre pour amener la chose.

"Oui...j'aurais quelque chose à vous dire...à vous raconter plutôt...je pense que ça ne vous sera d'aucune utilité."

En y songeant bien mieux valait pour elle tout raconter avant qu'elle ne la connaisse plus. Après elle serait bien plus bloquée que maintenant.

Elle tenta de mettre de l'ordre dans ses idées, d'organiser ses mots. Elle revoyait tout ce qui s'était passé mais ne savait pas trop par où commencer. Elle passa sa main dans les cheveux comme si ça l'aiderait à trouver comment faire -elle n'avait pas remarqué que Cassandre avait ouvert la porte- mais les paroles de la professeur l'aidèrent bien plus. Elle lui tendait une main secourable, il fallait qu'elle la saisisse.

"C'est dur de commencer...Je...C'est à propos des problèmes que j'ai pu avoir...En fait le terme de problème n'est pas forcément le plus approprié..."

Elle inspira un coup avant de reprendre, elle sentait qu'elle était bien partie.

"En fait...ce qui s'est passé la nuit où j'ai découvert ma mutanité...ça me ronge...ça me revient parfois par flash...les cris des fidèles en train de se saigner à blanc...le grand bouc en train de hurler à la mort, brûlé vif dans son Dieu de paille...les corps masqués recouverts de sang en train de se diriger vers moi, de me plaquer au sol, de..."

Elle avala sa salive et s'arrêta là. Elle ne savait pas trop si ça lui avait fait du bien mais elle ne pouvait plus revenir en arrière. Elle n'avait pas prit en compte le fait que la professeur ne comprendrait surement pas grand chose à ce qu'elle racontait, n'ayant aucune partie de l'histoire à sa disposition, mais sur le moment ça ne lui paraissait pas important.

La remarque de Jolène fit sourire la psychologue. La jeune fille manquait cruellement de confiance en elle.

"Si ça te fait du bien d'en parler, alors ça m'est utile." répondit-elle. Son visage se fit plus grave lorsque la mutante entama son récit. De toute évidence, l'Ecossaise avait vécu des événements traumatisants, qui méritaient plus qu'une conversation entre deux valises. Sibylle allait devoir explorer ça plus en profondeur si elle voulait comprendre de quoi il retournait exactement.

"Hum... Je vois. Je crois que ce n'est pas le cadre idéal pour parler de ça. Installe-toi tranquillement, repose-toi. Quand tu te sentiras prête, passe me voir dans mon bureau et nous en reparlerons à tête reposée, qu'en dis-tu ?"

Elle attendit la réponse de la nouvelle élève, avant de la laisser prendre possession de sa chambre.

Saut temporel

Cassandre avait écouté avec attention ce qu'elle disait. Elle n'avait pas tenté d'en savoir plus pour le moment, Jolène avait craint qu'elle ne la couvre de questions diverses et variés sur le quoi et le comment. Elle était soulagée.

"'D'accord."

Voyant qu'elle n'avait apparemment rien de plus à lui dire, en s'engouffra dans la chambre.

"Merci professeur, pour tout."

Elle fit un signe de tête autant pour la remercier que pour la saluer puis referma la porte derrière elle. Elle espérait ne être pas trop cavalière en faisant cela mais elle avait besoin de s'isoler un peu. Elle posa sa valise près du lit qui semblait ne pas être occupé et s'assit dessus. Elle resta quelques minutes avant de se décider à envoyer un message à ceux qui étaient restés dans sa ville natale. Elle fit court et concis, souhaitant juste les rassurer...pour le moment, elle voulait se reposer un peu, la journée avait été fatigante, elle déferait ses bagages plus tard.

Un fois le message envoyé, en retira ses chaussures et s'allongea sur le lit, les bras croisés derrière la tête avant d'être emportée par le sommeil quelques minutes plus tard.

saut temporel