Par une belle matinée...

Nous sommes un jeudi matin, 9h passée et Alistair émergeait du fond de son lit, emmêlé dans ses draps, la tête entre le traversin et le coussin. D'habitude il se levait plus tard, après une soirée à errer sur le net, mais pas ce matin. En effet quelqu'un de certainement très mal intentionné avait placé une sonnerie dans sa chambre. Al' grommela comme un ourson en se tordant davantage dans les draps.


"Pfff c'est quoi ce délire encore hein?..."

Mais ça ne servait à rien de parler à une alarme, elle ne s'était pas arrêté pour autant. Finalement il se leva les yeux bouffis. Habillé d'un tee shirt blanc trop grand et d'un short il se dirigea vers l'origine de cette sonnerie.Il alluma la lumière et désactiva ce vacarme qui ricochet dans la tête. Sous le réveil était mis en évidence une petite feuille pliée en quatre avec un "LIS MOI" écrit au marqueur rouge. après quelques instants le temps de s'accommoder à la lumière ambiante il lit le message. C'était un message de mère.

"Bonjour, bien dormi? ce soir nous avons des invités et il me manque deux trois bricoles. Je t'ai laissé de l'argent pour que tu me fasses les courses. Et reviens avec la monnaie!

PS : je t'ai préparé du café, tu n'auras qu'à appuyer sur le bouton, Allez souris un peu!"

Le genre de message qui agace encore plus... Bref quoi qu'il en soit il était bien obligé d'aller se lever et faire des courses pour sa mère... quel enfer. Il trainailla sa carcasse tel un zombi vers la cuisine et enclencha la cafetière.

**Pff 9h06. Bon je lui fais ses courses et après je me rendors.**

Le café au bout de deux fut prêt. Il y ajouta deux sucres et le but d'un trait comme si c'était un simple verre d'eau. Sur son visage on voyait très bien que ça ne l'enchantait pas de se lever si tôt à cause d'un foutu dîner à préparer pour ce soir. Après quelques longues secondes durant lesquelles il se malaxa la nuque, Alistair se leva d'un trait et se rendit vers la salle de bain.Il jeta un coup d'œil vers le miroir, et en effet ça se voyait qu'on l'avait réveillé par surprise. Il entra dans son bac à douche et fit couler l'eau chaude sur ses épaules.

9h21 il avait fini de se laver et s'habilla à la hâte. Il jeta un coup d'œil dehors et aperçut le soleil pointer le bout de son nez. Pas besoin de parapluie donc. Il empoigna un sac et sortit de l'appartement. Manque de pot l'ascenseur était en panne. Il entreprit de descendre les 5 étages à pieds, génial quoi. Heureusement le supermarché le plus proche se trouvait à un peu plus de 200 mètres de chez lui. Une fois dehors il n'avait qu'à traverser deux trois avenues et il y était. Alistair ne prit pas le temps de profiter de la météo. Ce qu'il voulait c'était se débarrasser de cette corvée au plus vite. Finalement la mine encore un peu déconfite il s'engouffra dans le magasin dès que les portes automatiques se soient ouvertes.

[Bienvenue dans ta phase courtier. Désormais, je prends en charge les PNJs et les situations! Bon jeu!]
Le magasin semblait suivre le cours habituel de son fonctionnement. Si tôt le matin, c’étaient surtout des personnes âgées qui faisaient leurs courses, avec leur cabas à roulettes en tweed à carreaux. Les trois caissières actives faisaient passer les articles sur leur tapis, en de petits ‘bips’ irréguliers, qui rythmaient l’ambiance sonore du magasin.

Et puis, il y a avait Jack. Jack était dans la même école qu’Alistair, bien qu’ils ne se soient jamais réellement côtoyés. Il devait être une année au dessus de lui. Jack, cependant, était assez connu pour qu’Alistair puisse le reconnaître. Ces derniers temps, le jeune homme s’était particulièrement fait remarquer, à l’école. Il se montrait agressif, sans cesse nerveux, et s’emportait souvent dans des colères inexpliquées. Et même plus grave, récemment, il ne venait même plus à l’école. Et vu la tête qu’il tirait, il n’avait pas réellement l’air de profiter de ces vacances improvisées : les traits tirés, les cernes visibles, il attendait sans bouger devant une caisse, sans un seul article à la main.


Il paraissait nerveux, très nerveux… Et son regard était fixé sur la caissière, alors que ses mâchoires se crispaient. Il avait une main en poche, et n’avait pas vu entrer Alistair…

Alistair était entré avec de pensées en tête. Déjà son regard s'était vite tourné vers le rayon jeux vidéos et musique. Au mois ce réveil lui permettra de passer quelques minutes à regarder un peu les nouveautés et projeter de nouveaux achats. Il pensa aussi au café qu'il avait bu quelques minutes plus tôt : peut-être ce n'était pas très judicieux de sa part d'en voir bu, s'il voulait se recoucher immédiatement après avoir fait les courses. Tout un petit tas de pensées qui vadrouillait dans sa tête quoi.

Cependant même perdu dans ses pensées il remarqua la présence de Jack, un type de son bahut. Disons que sa tenue faisait un peu tâche parmi celles des autres clients plus âgés du supermarché. D'ailleurs le jeune homme affichait sa tête des mauvais jours. Alistair ne fréquentait pas ce genre d'individus qui doivent certainement trainer dans de sales affaires et lui avait peut-être parlé en quelques rares occasions mais pas plus. Dernièrement, il venait moins en cours et était plus aggressif après mure réflexions Al' trouva qu'il était plutôt bizarre à rester planter comme ça.

Alistair avança et passa les petites barrières automatiques du supermarché tout en gardant un oeil - assez intrigué - vers Jack. Il semblait attendre quelqu'un ou quelque chose mais Al' ne préféra pas en savoir davantage.

**Mouais il doit être en manque ou quelque chose comme ça. On dirait presque une épave...**

Alistair continua et avança vers le rayon jeux vidéos. S'il croisait son regard il le saluerait d'un signe de tête. Mais pas question de tirer la discussion avec lui.

Comme Alistair l’avait espéré, Jack ne croisa pas son regard. Il semblait bien trop occupé à fixer la vendeuse avec détermination et nervosité pour remarquer la présence d’un autre jeune de son école. Sa main dans sa poche remuait, sans que jamais il la sorte…

Et Alistair entra dans le rayon des jeux vidéo. Les derniers jeux sortis étaient mis en valeur sur un grand présentoir très imagé, aux couleurs vives de sang qui giclait, de zombies qui braillaient ou autres armes à feu qui tiraient des rafales bioniques dans tous les sens. À côté, des jeux plus anciens, en promo, faisaient pâle figure.

Mais Alistair n’eut guère le temps de contempler ça plus avant : un cri retentit du côté des caisses. Une caissière venait de hurler, et la voix de Jack prit le dessus rapidement :

« File-moi le contenu d’la caisse ! Magne-toi, allez ! »

Jack avait sorti de sa poche une arme de poing, un révolver qu’il pointait sur la vendeuse, l’air encoléré…

Alistair afficha un large sourire quand il arriva devant les jeux vidéos. Il se frotta les mains, comme s'il était un affamé devant un buffet à volonté. Il y en avait pour tout les goûts et le jeune homme par chance aimait tout. Il aurait pu rester encore des dizaines de minutes à regarder les jaquettes des différents jeux mais quelque chose l'arrêta dans sa démarche, un cri venant de derrière. Le genre de cri inhabituel. Il se retourna mais ne vit rien de suspect, ça semblait caché derrière le rayon. Il s'approcha, car très curieux et s'arrêta net quand il entendit une voix un peu familière menacer la femme qui avait crié.

Il se pencha vers l'avant et découvrit que Jack était en train de faire une sorte de braquage, comme il pouvait en voir à la télé ou sur le net. C'était tout bonnement hallucinant et bientôt les jambes d'Alistair se mirent à trembler. Le coeur battant il lança à nouveau quelques regards discrets vers la caisse tout en essayant de se cacher derrière le rayon. Il pensa tout de suite à son téléphone portable, pour appeler la police - même si l'idée de filmer la scène lui était passé par l'esprit d'abord -

Mais dans sa précipitation il ne l'avait pas pris sur lui, c'est très malin de sa part. Il regarda alors autour et pensa que d'autres préviendraient les autorités. Puis il chercha du regard un quelconque vigile. Au final Alistair n'en revenait pas qu'un gars qu'il connaissait vaguement pouvait faire une telle chose : ça va jaser dans le lycée. Vient alors dans sa petite tête l'idée qu'il pouvait lui régler son compte grâce à ses pouvoirs : mais il se calma vite en regardant l'arme et feu ce qu'elle pourrait faire.

"P'tain...!" lacha-t-il tout en reculant. C'était peut-être lâche de sa part mais il ne préféra ne pas intervenir, ça lui semblait trop risqué et ses jambes ne vont pas le suivre.

Jack ne perçut pas la présence d’Alistair derrière lui, et la scène se poursuivit dans la lignée de ce qu’elle avait déjà commencé. Les personnes alentours étaient visiblement choquées par ce qui se passait. Mais ça non plus, Jack ne semblait pas s’en soucier. Son arme braquée sur la caissière, il semblait de plus en plus énervé, surtout que ladite caissière était paralysée par la peur de l’arme à feu… Jack sembla mal le prendre, et tira un coup en l’air, dans le plafond, comme une ultime menace avant le passage à un acte bien plus barbare…

Puis, soudain, sans qu’aucune explication ne l’explique, tout devint noir. Non seulement les lumières s’étaient éteintes, mais en plus les larges vitrines du magasin ne semblaient plus laisser filtrer la moindre lumière. Comme si une chape d’ombre s’était répandue dans le commerce. Des petits cris et soupirs de stupeur s’étaient fait entendre, de-ci, de-là, mais Jack était celui qui s’énervait le plus :

« Oh ! C’est quoi ce bordel ! Allumez ! »

Un nouveau coup de feu retentit dans le magasin, sans qu’aucun autre bruit ne témoigne de sa cible, et le bruit de sirènes de police retentit au loin, dans la rue…

La tension montait d'un cran dans le supermarché, et les jambes toutes tremblotantes d'Alistair avait bien du mal à le soutenir. Il resta dans son coin en essayant de lancer des regards vers les autres personnes présentes mais la situation ne semblait s'arrangeait. Puis d'un coup, Jack tira en l'air ce qui fit sursauter l'adolescent qui écarquilla les yeux. C'était une vraie arme. Puis ce fut tout noir dans la magasin. Alistair pensa tout de suite que le tir avait bousillé les câbles électriques qui avait entrainé une panne dans l'éclairage.

C'était complètement stupide de penser ça mais tout s'enchaîna dans sa petite tête. Dans le noir total il pouvait user de ses capacités pour mettre en échec le jeune Jack sans être vu. C'était peut-être insensé mais Alistair avait agi sur l'instant. Après avoir entendu un second coup de feu qui le fit sursauter à nouveau, c'est acroupi qu'il avança un petit peu vers Jack. Puis à l'aveuglette, en s'orientant vers l'origine du bruit, il poussa un gros hurlement en direction de Jack. C'était également un bon moyen d'évacuer toute cette peur. Cependant Alistair n'avait pas spécialement fait gaffe à l'arrivée de la police.


**Moi aussi je sais faire du bruit...!**

"BAM!"

Le cri poussé par Alistair eut comme effet immédiat un brusque vacarme, ainsi que quelques jurons supplémentaires de Jack qui venait sans doute de se viander méchamment sur un tas de conserves, qui roulaient maintenant dans tous les sens. Tout ça, Alistair put le déceler à l’ouïe, parce qu’une chape sombre envahissait toujours les lieux, n’accordant rien aux regards indiscrets…

S’ensuivit un silence morbide. Le cri du mutant avait visiblement effrayé les gens alentours, qui n’osaient plus la ramener trop. Dehors, les cris stridents des sirènes de la voiture de police qui venait d’arriver devant le magasin…

Et puis, tout redevint normal. Enfin, la lumière revint, en tout cas. Le tas de conserves était bien écroulé, les personnes alentours étaient bien effrayées, les deux flics regardaient par la vitrine, arme sortie, et la caissière était à genoux derrière sa caisse, tremblante. Mais un détail manquait : Jack avait disparu. Il ne restait plus aucune trace de lui, sinon le pistolet qu’il avait utilisé pour trouer le plafond. La porte des réserves était ouverte, aussi. Sans doute s’était-il enfui par là.

Les policiers ne tardèrent pas à entrer, et apostrophèrent les personnes présentes :

« Qu’est-ce qui s’est passé ici ? »

Visiblement, personne n’était assez conscient de ce qui s’était passé pour énoncer une réponse audible aux forces de l’ordre…

Sa tentative héroïque avait réussi. D'après ce qu'il avait entendu, Jack avait chu. Alistair se sentir pousser des ailes, bien enthousiaste de ce qu'il avait accompli, et ce dans l'obscurité. Le vacarme avait balayé tout ce qui se trouvait face à Alistair et avait envoyé l'autre au tapis. L'obscurité dissimulé un large sourire sur les lèvres du jeune homme.

Un sourire qui disparut dès que la lumière revint : En plus de la disparition de Jack, Alistair avait vu les policiers. Et faut avouer qu'il ne les apprécie que guère, depuis qu'il est catalogué "Mutant". Cela faisait des mois que la police suivait ses faits et gestes de près ou de loin... Les policiers entrèrent et questionnèrent les quelques témoins de la scène. Tous étaient sous le choc et il y avait de quoi!

Alistair lui adopta une attitude de repli. Il croisa les bras et de temps à autre il se grattait la tignasse assez nerveusement et regardait au sol vaguement en direction de l'arme à feu au sol.

**Putain c'est bien ma veine, s'ils me reconnaissent ou quoi, ça va durer des heures...**

A l'approche des policiers, il prit l'initiative toutefois d'expliquer grossièrement ce qu'il s'était passé.

"Un type armé est entré avec une arme il a voulu l'argent de la caisse. En tirant il coupé la lumière... Je pense, et quand vous êtes arrivés, il a pris la fuite"

Il indiqua de la main la porte de la réserve mais quand il eut fini sa phrase il remarqua que le coup de la panne qui obscurcit tout est tout sauf logique. A noter qu'Alistair avait mis sous silence l'épisode du cri et l'identité du fuyard... Histoire de ne pas être trop embêté.

Un mutant fiché proche d’une arme, dans un supermarché venant d’être braqué, ça suffisait à la police anglaise pour intervenir par pur délit de sale gueule. Par manque d’autres témoignages, des personnes âgées encore sur le choc, l’officier de police déclara d’un ton sec, à l’intention du jeune homme :

« Veuillez nous suivre sans manifester de résistance, jeune homme. On va prendre votre déposition au poste. »

Il envoya son collègue vers la sortie que tu avais indiquée, mais c’est bien sur toi que son arme était désormais braquée. Et il t’indiqua la voiture de police, à l’extérieur, d’un signe de tête…

Alistair pensait pendant quelques instants qu'il allait être hors de cause de toute cette histoire : il avait malheureusement tort. Du simple fait qu'il était un mutant il était devenu le suspect numéro d'un braquage raté. Il aurait peut-être du mieux dénoncer son camarade d'école...

"Attendez attendez! Mais j'ai rien à voir avec ça! Je suis ici pour faire des courses, teh' voilà la liste de courses et tout! Demandez à n'importe qui... il vous dira que je ne tenais pas l'arme! Y'a même pas mes emprein..."

A cet instant Alistair remarqua le pistolet braqué sur lui - c'était la deuxième fois en quelques minutes en quelque sorte - et d'un coup d'un seul il ravala sa salive et son visage se figea. Ca ne servait à rien de parlementer avec lui. Les consignes sont strictes. Alistair est un mutant, donc il va au commissariat. Et il se la ferme! Lentement il se tourna et se dirigea vers la voiture de flic. Il essaa de temporiser tout en marchant lentement tout en posant ses deux mains derrière la nuque. Il fit deux pas et leva la tête.

"Vous avez même pas regardé les caméras de surveillance..."

Il avança encore un peu et se tourna vers la caissière.

"Hey! Madem...Madame. Dites leur que c'est pas moi hein, j'ai rien braqué du tout..."

Il afficha son regard le plus triste qu'il pouvait faire. Peut-être qu'il allait attirer la sympathie des vieux...

**C'est maman qui va crier ...**

Ni la vendeuse ni les vieux ne manifestèrent la moindre désapprobation quant à l’intervention du policier, malgré les suppliques d’Alistair. Si ce dernier ne tenait en effet pas l’arme, rien n’indiquait qu’il n’avait pas aidé son pote à s’enfuir avant l’arrivée de la police. Et ils étaient trop choqués et trop peureux, sans doute, pour oser contester un représentant des forces de l’ordre.

Alistair était donc tout proche de la voiture de police lorsque le collègue du policier qui le tenait en joue réapparut, pour signifier qu’il n’avait rien trouvé. Alistair fut embarqué dans la voiture des flics, et ils commencèrent à se diriger vers le commissariat…


Mais au milieu du parcours, alors qu’ils traversaient un quartier plutôt mal fréquenté de la ville, tout devint noir dans la voiture, et le conducteur appuya sèchement sur le frein. La voiture dérapa et… s’arrêta violemment sur le bas côté de la route, brisant les vitres avant et arrière côté passager. Tout était noir, mais les sons parvenaient encore à Alistair. Deux portières avaient été ouvertes, et des cris attestaient de ce qui était arrivé aux deux policiers.

Quelques secondes après, la lumière revint, et Alistair put constater les dégâts : les deux flics étaient allongés au sol, comme effondrés à leur sortie du véhicule, la gorge tranchée. Lui était toujours assis à l’arrière de la voiture, et une femme étrange se penchait par sa fenêtre brisée par le choc de l’accident. Elle avait à la ceinture une lame sanguinolente et acérée…


Plus loin, accoudé à une fourgonnette, un homme vêtu de noir, et à la peau entièrement noire, aux inquiétants yeux blancs, te regardant avec un sourire mystérieux à travers la vitre avant fêlée de la voiture de police…


Ce fut la femme qui t’adressa la parole.

« Alors t’es mutant, toi aussi ? C’est quoi ton nom ? Moi c’est Speed, lui c’est Dark. Ramène-toi avant que quelqu’un ne nous voit, on causera une fois tranquillement posés. »

Dark ouvrit les portes arrière du van, et Alistair put voir à l’intérieur son ami Jack, assis sur un banc, se passant nerveusement les mains dans les cheveux. Il lui adressa un regard absent, visiblement paumé.

Les gens sont vraiment lâches. Voilà qu'il est vraiment embarqué par les policiers et direction le commissariat. La mine déconfite il dit rien pendant le trajets, regardant simplement ses genoux et pensant à ce que dirait ses parents. Le jeune adolescent se faisait légèrement balloter au grè des virages. Il ne comprit pas alors pourquoi le véhicule se mit d'un coup à déraper tout seul surtout que l'obscurité revint à nouveau et là c'en était vraiment effrayant. Il n'eut pas le temps de dire ouf que la voiture s'arrêta très violemment.

Seul l'ouïe lui permit de discerner ce qu'il pouvait bien se passer. On agressait les policiers. Quand à Alistair, il était là, impuissant dans le noir.

"Qu'est-ce que c'est que ce délire?"

La lumière revint tout à coup et l'éblouit aussitôt. Il vit deux individus au look improbable autour de la voitures accidentée. Il n'avaient pas l'air aggressifs ou quoi, juste ils avaient tué les deux policiers qui l'escortaient. Alistair ravala péniblement sa salive : il avait des assassin en face de lui maintenant.

"Vous... ils sont morts?" balbutia-t-il avec difficulté.

Ils se présentèrent sous des surnoms, Dark et Speed et ils étaient eux aussi des mutants. Ca semblait évident pour le type au visage noir mais sur le coup Al' avait du mal à faire le lien. Et apparemment ils savaient que lui aussi en était un.

"Alistair j'm'appelle Alistair. Que me voulez vous? ..."

C'est vrai ça, pourquoi l'avoir "libéré" en tuant froidement les policiers. Alistair pensa alors que sa situation était fichue : il allait être accusé d'un double homicide sur agents de police. Ils avaient fait leur coup sans témoin, du coup plus personne ne pourrait prendre sa défense. Le jeune hommr se senti piégé et il aurait pu prendre la fuite, mais vu l'arme ensanglantée que tenait la mutante, il préféra renoncer et entra dans leur van. C'est ainsi qu'il revit Jack, avec son regard vitreux. Bizarrement il eut presque l'envie de le rouer de coup : c'était à cause de lui qu'Alistair se retrouvait dans une telle situation.

"Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça ... hein? Vous avez fait une sorte de braquage en groupe? Vous avez besoin d'un otage?" il haussa légèrement le ton à l'arrière du van.

Les deux mutants attendirent qu’Alistair soit monté dans le van pour eux-mêmes bouger. Pendant que la fille, Speed, prenait place au volant et que l’homme noir s’asseyait à côté d’elle, Jack jeta un regard sombre à Alistair, qui venait de légèrement le décoiffer, en haussant le ton.

« Ferme-là, j’connais pas plus ces types que toi. Mais ils sont sans doute moins cons que tous les tarés d’cette ville. Ils m’ont sortis d’ce merdier. Putain, j’y crois pas, elle aurait du m’filer sa caisse sans broncher ! »

Visiblement, lui, il en était à son premier braquage… Et ça n’avait pas eu l’effet escompté : ses poches étaient aussi vides qu’avant. Plus même, puisqu’il avait perdu son flingue.

Speed se retourna après avoir démarré le van.

« Les policiers anglais sont responsables directs ou indirects de la mort de centaines de mutants sur leur territoire. À plus forte partie, les humains sont responsables de la mort de milliers d’entre nous, par peur ou par haine. Alors quand ça peut rendre service, on n’hésite pas à leur rendre la pareille. »

Apparemment, elle était convaincue de t’avoir rendu service…

« Complicité pour braquage à main armée, ça coute cher, pour les mutants, ici. Détends-toi, Alistair, on t’veut aucun mal. »

L’homme noir s’était contenté de rester immobile sur son siège, souriant toujours étrangement. Et le van démarra, pour s’éloigner des deux cadavres qui se vidaient de leur sang.

Alistair essaait de se calmer et de relativiser les choses, non il en fait il n'y arrivait pas. La situation actuelle le dépassait. Il ne preta guère attention à ce que venait de dire Jack, il réflechissait sur un truc. Il leva les yeux vers le jeune homme.

"T'es un mutant toi aussi?"

Comme quoi il avait enfin un point commun avec ce type. C'est alors que le mutant, celui qui se faisait appeler Dark expliqua leur acte. Comme Alistair, il trouvait les agissement des gens normaux à l'égard des mutants complètement inhumain. Et c'était pour ça qu'ils avaient tués de sang froids deux policiers. Cependant avoir recours à la violence n'était pas quelque chose que le jeune homme acceptait.

"Complicité de braquage ça vaut cher en effet pour un mutant sauf que tout pouvait prouver que j'ai RIEN à voir avec ce gars. Caméras, témoignages... Mais là double homicide : vous avez bousillé toutes les chances que je sois innocenté pur un crime que je n'ai pas commi. Et vous ne me voulez pas de mal? Où m'emmenez vous d'ailleurs?"

Comment ce pouvait-il qu'Alistair n'avait pas tenté de s'échapper? Peut-être parce qu'il n'avait pas le choix, et puis c'était la première fois qu'il rencontrait des mutants - bon il en avait peut-être vu en vrai ou à la télévision mais jamais en pleine action - C'est ainsi que progressivement il se calma. Mais il resta très méfiant à l'encontre des trois autres passagers.

"C'était donc toi qui a ~éteint là lumière~ toute à l'heure?"

[HJ : Petite précision : c’était la femme, Speed, qui parlait, et non Dark.]

Jack baissa les yeux vers le sol du van à la question d’Alistair.

« Ouais, y parait. Mais j’contrôle pas encore bien mon pouvoir. »

Comme pour démontrer ses dires, il empoigna son nez et… l’étira jusqu’à ce qu’il atteigne un bon mètre de longueur. Il le relâcha alors, et celui-ci se remit en place brusquement, avec le bruit d’un élastique qu’on détend.

Tout en conduisant, Speed répondit encore aux interrogations de l’anglais à la crête.

« Tu crois qu’ils auraient cherché plus loin que le bout de leur nez pour t’incarcérer ? Ces personnes considèrent le fait d’être mutant comme une prédisposition naturelle au crime. Les caméras auraient juste montré que tu étais à côté du braqueur, et les témoignages n’auraient servi à rien : leur idée serait déjà faite. Et non, on ne te veut pas de mal : on t’emmène là où ils ne te causeront plus de tort… »

Dark, lui, ne répondit pas. Il se contenta d’accentuer son sourire, tout en jouant avec une boule d’ombre brumeuse, dans sa main…

*

Le voyage ne tarda pas, et fut assez monotone. Bien vite, le van s’arrêta, et la porte arrière s’ouvrit avant même que les deux mutants à l’avant n’aient eu le temps de descendre. Un homme était responsable de cette ouverture.


« Bonjour, vous deux ! On m’appelle le Passeur. Tenez, prenez ma main et je vous emmènerai auprès d’une personne qui vous expliquera la raison de votre présence ici. »

Jack ne semblait pas confiant… Derrière l’homme, une rue de la banlieue de Leeds. Rien de plus.