[Mission Roberta] Surveiller et punir

Un institut psychiatrique… Voilà bien un milieu dans lequel la gothique romantique n’avait encore jamais eu l’occasion d’aller, même si certaines mauvaises langues bien pendues, avaient émis la sotte idée qu’elle y aurait parfaitement eu sa place. Des envieux, assurément. Les missions de madame Shenzie l’avait toujours conduite dans des endroits assez différent, ce qui lui avait permis d’acquérir une certaine expérience humaine. Un plus non négligeable, au vu de ses études actuelles. Mais toute à ses pensées devant le tableau d’affichage du hall, une interrogation vint effleurer l’esprit curieux de l’italienne : Devait-on dire madame Shenzie, ou bien mademoiselle Shenzie.. ? On disait tout naturellement madame de par son âge déjà bien avancé, mais avait-elle seulement été marié une fois dans sa vie.. ? Dans le cas contraire et même si cela pouvait donner le sentiment d’avoir affaire à une vieille fille, il serait donc plus respectueux de lui donner le titre de mademoiselle… A l’occasion, il faudrait qu’elle l’interroge quelque peu sur le sujet afin de savoir à quoi s’en tenir précisément.

L’esprit de la jeune femme revint doucement sur le contenu du message et cette mission était apparemment basé sur l’infiltration avant toute autre forme d’action. Un sourire apparu alors sur les lèvres de la gothique romantique… Elle aimait beaucoup les infiltrations, elle trouvait cela très intéressant et plutôt enrichissant, que de se fondre dans une personnalité et une fonction qui n’étaient pas forcément les siennes. Elle s’était d’ailleurs déjà demandé si, en lieu et place de ses études d’art, elle n’aurait pas du se lancer dans le théâtre. Peut-être, aurait-elle pu devenir une grande comédienne… D’un geste de la main, elle chassa toutefois rapidement cette sotte idée… Elle avait bien plus important à faire, que d’aller passer son temps à jouer sur scène et à déclamer des dialogues écrits par d’autres.

Se détournant de l’annonce placardé par la représentante du gouvernement, Juliette dirigea ses pas en direction du bureau de celle-ci. Elle frappa délicatement contre le linteau de bois en une succession lente de trois coups, avant de tourner la poignée de la porte et de l’ouvrir afin de pouvoir pénétrer dans le bureau de Roberta. Constater qu’elle n’était pas la première à avoir répondu à son annonce ne lui était pas vraiment surprenant. Ce qui l’était en revanche, c’était les personnes installé dans ce bureau… Que des garçons.. ? A croire, que la folie avait un lien plus empathique avec ces derniers, qu’avec la gente féminine qui se faisait admirablement remarqué par sa brillante absence de la pièce… Heureusement, la gothique romantique était enfin là pour représenter dignement et de façon assez éblouissante, il fallait bien l’admettre, le beau sexe… En souhaitant toutefois, ne pas être la seule pour le bien de cette mission qui s’annonçait.

La jeune femme salua Roberta, ainsi que son invitée, puis elle s’installa, comme à son habitude, contre le mur à côté de la porte d’entrée, en croisant sagement ses mains dans son dos. Avec le temps, elle avait appris que madame Shenzie finissait toujours par leur présenter son invité, alors lui demander de le faire se révélait finalement bien inutile.

Si la petite plaisanterie concernant les dimensions du bureau et le nombre important d’élèves y étant présent arracha un léger sourire amusé à la gothique romantique, il n’en fut pas de même à l’évocation du neveu de Roberta qui n’attira qu’à peine son attention. Ce n’était pas qu’elle se moquait de son sort ou bien encore de sa santé, mais elle n’avait pas eu de véritable contact avec lui, même si les garçons qui l’accompagnaient au cours de sa mission à Dulce, eux, avaient du lui faire face avec son armure liquide. Son agent de liaison de tante leur assurait de son bien-être et la jeune femme en était tout simplement satisfaite, rien de plus.

Après que Roberta ai encore signifié à Josh l’absurdité de son propos qui avait sans doute pour but de faire une plaisanterie qu’il trouvait sans doute amusante, l’invitée qui leur fut présenté sous l’identité du docteur Maureen Vonnegut commença alors à expliquer brièvement les raisons de sa présence ici. Elle avait apparemment des doutes sur l’endroit ou elle travaillait, ainsi que sur les méthodes de travail y étant appliqué et n’ayant aucune preuve concrète elle ne pouvait donc pas, en toute logique demander une enquête aux instances officielles. Vu de cette façon, Juliette trouvait que l’institut avait comme un curieux parfum de derniers recours ; ce qui, en soit, ne la dérangeait pas vraiment. De toute manière, il en avait été ainsi des le début de ces missions, leurs actions n’était jamais officielles mais tout au plus officieuses, et tous l’avaient accepté sans la moindre condition.

Sans attendre la moindre réaction de leur part, Roberta enchaîna avec une explication un peu plus détaillé de la situation de leur invitée. Elle travaillait en tant que psychologue dans un établissement, une fondation privée apparemment, qui soignait visiblement tous ce qui avait trait aux jeunes mutants et leurs difficultés psychologique, incluant même le fameux syndrome X qui avait la fâcheuse tendance à devenir de plus en plus généralisé au fil du temps. A première vue anodin, ce syndrome était un véritable soucis car, bien souvent, il mettait en danger ceux qui s’imaginaient être comme eux en les autorisant à se croire doté d’un quelconque pouvoir. La gothique romantique se souvenait de certains cas paru dans les médias, comme cette jeune fille qui s’imaginait posséder le pouvoir de voler et qui, un jour, se précipita du haut du toit de sa maison… Ou bien encore, cet adolescent qui avait plonger dans un incendie afin de sauver une personne resté à l’intérieur de son appartement, en s’imaginant être insensible aux flammes… Lui, en revanche, n’eu pas la chance de s’en sortir vivant…

Juliette ne connaissait pas ce genre d’endroit, mais à première vue c’était quelque chose de bien et d’utile. Malheureusement, car de bien entendu ils n’auraient pas été réuni pour une mission si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, Il semblait que des choses étranges s’y déroulait comme leur expliqua ensuite le docteur Vonnegut en leur décrivant deux cas plutôt dramatique, dont le second eu pour conséquence la mort de la jeune patiente. De surcroît, ce ne fut pas la nouvelle attitude de la direction et , chose totalement absurde, le rattachement d’un exorciste à cette fondation, qui arrangeait les choses. En entendant cette dernière nouvelle, la gothique romantique n’en cru pas ses oreilles… Si la psychologue disait vrai, alors c’était un bien tragique retour en arrière pour la médecine que de s’imaginer que les patients étaient possédés par une quelconque entité démoniaque. Avec cette dernière information, il ne faisait plus de doute que quelque chose n’allait pas dans cette fondation et il leur revenait donc d’éclaircir tout cela et d’y mettre un terme aussitôt que possible.

Ayant de plus en plus de mal à trouver ses mots, Roberta interrompit la psychologue et, en habituée qu’elle était, résuma finalement la situation et leur but en quelques phrases concises mais complètes. Celles-ci laissèrent l’italienne quelque peu perplexe. La mission paraissait assez délicate, d’autant plus qu’elle engageait les jeunes patients de la fondation, dont certains étaient sans doute psychologiquement fragile. Elle se renfrogna durant quelques instants afin de réfléchir à ce qu’elle pourrait bien faire tout en demeurant crédible et, après plusieurs secondes de réflexions profondes, la gothique romantique commença à dire :

‘’Il me semble évident que nous allons devoir nous partager entre les patients et les employés de la fondation… Les plus jeunes d’entres nous devraient se faire passer pour des nouveaux arrivants donc, tandis que ceux plus âgés arriveront sans doute à faire illusion en tant que surveillant, aide-soignant ou bien encore administratif. Je crois que je suis la seule à être suffisamment âgée pour faire un médecin crédible, d’autant plus que je vais avoir mon diplôme de psychologue d’ici quelques mois maintenant, ce qui m’autorise une certaine expérience de par mes quelques stages au sein des établissements hospitaliers… Avec l’aide du docteur Vannegut, je devrais pouvoir m’en sortir sans trop de problème.’’

Juliette réfléchit encore quelques instants, puis après une petite dizaine de secondes elle ajouta :

‘’En me basant sur la présence de ce prêtre exorciste, je pense que je pourrais me faire passer pour une bigote qui soutient la thèse que la folie est l’œuvre du démon et que la médecine conventionnelle est dans l’erreur avec ses traitements… Si ce directeur médical pense plus ou moins la même chose, je pourrais éventuellement jouer de cela pour qu’il m’invite dans son projet et ainsi en apprendre un peu plus sur ses réelles intentions.’’

Tournant son regard de glace en direction de la psychologue venue demander leur aide, Juliette lui demanda :

‘’Qu’en pensez-vous docteur Vannegut.. ? Est-ce que le docteur Beck pourrait succomber à l’adoption d’une disciple, accordant du crédit à ses idées de possessions démoniaques.. ? Lui, et peut-être aussi d’autres membres du personnel de la fondation, doivent se sentir bien seul dans ce qui doit être une véritable mission à leurs yeux.’’