Chambre de Cassandre

Cuisine

Cassandre finit par trouver une chambre libre, après être allée chercher sa valise dans le hall. Grâce aux informations d'Anna, elle en avait déduit que les chambres libres s'étalaient après la quatrième dans l'aile des filles.
Elle tapa néanmoins à la porte, au cas où, mais personne ne répondit.
Le jeune femme entra et rasa les mûrs pour prendre connaissance du mobilier et des dimensions de la pièce.
Elle trouva le lit sans difficultés dans la manoeuvre, enleva ses chaussures et ses lunettes et s'y coucha, sans prendre le temps de se changer ni de mettre des draps : cela lui aurait pris trop de temps.

Cérébra apparut dans la chambre de Cassandre, où celle-ci profitait de l'acalmie dans l'institut pour rattraper son sommeil.

"Cassandre, Tim vient de trouver une jeune mutante évanouïe à la grille de l'institut. Il m'a demandé de prévenir l'institut, il pense l'amener directement à l'infirmerie."

Cassandre fut tirée de son sommeil par la voix qui leur avait ouvert la grille de l'institut la veille. C'était Cérébra.

"Cérébra?" demanda Cassandre avec hésitation, mais personne ne répondit. Elle devait déjà avoir disparu.
La jeune femme ne savait pas combien de temps elle avait dormi, mais se leva immédiatement en rechaussant ses lunettes, pour descendre à l'infirmerie.

infirmerie

Infirmerie
Cassandre pénétra dans la pièce qui lui servait de chambre depuis son arrivée à l'Institut. Elle n'avait, en un mois, éprouvé aucun besoin de l'agrémenter à sa convenance. Cela n'aurait absolument rien changé pour elle, et elle n'avait d'effet personnel que son ordinateur portable et quelques vêtements.
Elle referma doucement la porte derrière elle avec un soupir, retira ses chaussures, et se laissa tomber à plat ventre sur son lit.
Le regard dans son flou artistique habituel, elle resta un moment ainsi, à ressasser encore et encore l'enlèvement d'Olivier.
Elle aurait dû le savoir... Elle aurait pu prévenir l'évènement, c'était certain. Un avenir si proche était un jeu d'enfant à présent pour la mutante. Mais elle avait utilisé son pouvoir pour aider les élèves...
Olivier le lui en serai gré, elle le savait bien, mais à titre plus personnel, elle regrettait amèrement de n'avoir pu combattre sur les deux fronts.
Olivier disparu, une partie de l'Institut ravagée, de nouveaux mutants à aiguiller.... Ca faisait beaucoup à gérer.
Et l'arrivée d'Adam par-dessus le marché. Cette voix venue du passé ne cessait de reporter l'attention de Cassandre sur Olivier. A la fac, ces deux-là étaient inséparables, elle s'en souvenait comme si c'était hier. Le souvenir de leur éclats de rire résonnait à ses oreilles.
Alors que son esprit s'égarait dans le passé, une vision de l'avenir d'Olivier s'imiça dans son esprit tourmenté par l'inquiétude. Des cris de douleurs...
Elle ne pourrait pas le supporter si la mission échouait... Ou pire... s'ils retrouvaient Olivier m...

Dans une tentative désespérée pour fermer son esprit à ces horreurs du futur, Cassandre plaqua vivement ses mains sur ses oreilles, et plongea sa tête dans son oreiller, cachant à jamais ses sanglots au reste du monde dans son coussin...

Quelques heures plus tard, l'impression d'avoir oublié quelque chose d'important réveilla Cassandre, qui dans son extrême fatigue, s'était assoupie.
Ses maux de tête avaient disparus, ce qui lui appris qu'elle avait retrouvé la pleine possession de ses pouvoirs... et elle en aurait besoin pour étudier leur tentative de sauvetage d'Olivier...
Elle s'extirpa du lit avec quelques difficultés, puis passa dans la salle d'eau, où elle prit une longue douche bienfaitrice, autant pour le corps que pour l'esprit. Dans les vapeurs de l'eau chaude, elle ne cessait d'appréhender le problème sous différents angles d'attaque.
En l'absence d'Olivier, elle restait l'élément référent de l'Institut pour les élèves, qui étaient bien plus désorientés qu'elle. Il lui fallait rester de marbre pour rester un repère fiable pour eux, et qu'ils se reposent sur elle.
Sortie de la douche, elle enfila un chemisier noir et un pantalon de la même couleur, sans s'en rendre compte, puis se dirigea vers la cuisine.

Cuisine

Infirmerie

Cassandre remonta le grand escalier menant aux chambres comme un zombie hante une maison. Elle s'était assurée de la santé des élèves, mais qu'en était-il de leur santé mentale à présent ? N'avait-elle pas détruit quelque chose en eux en les emmenant ainsi au camp ? Elle sentait qu'en elle-même, quelque chose s'était brisé avec la disparition d'Ashern. Elle avait beau se dire qu'il n'aurait pas été humainement possible de le sauver sans risquer de perdre un autre membre de l'équipe, son impuissance était bien là, et le silence de Jessica était lui aussi là pour le lui rappeler, un silence lourd d'accusations.
Le sentiment d'être seule au monde s'abattit sur la jeune femme alors qu'elle ouvrait la porte de sa chambre. Olivier disparu, Adam absent... Elle était face à ses problèmes avec personne pour en parler, et surtout l'obligation de ne montrer aucune faiblesse aux élèves. Si elle ne pouvait être forte, comment le pourraient-ils ? Ils allaient forcément être marqués par leur épreuve au camp, et elle se devait d'être là pour les aider.
Avec des mouvements d'automates, Cassandre dénicha des vêtements propres, et se dirigea lentement vers la salle de bain. Là, elle se dévêtit avec une lassitude extrême, laissant tomber son costume partiellement brûlé et couvert de boue au sol. Cette douche était nécessaire. Cassandre éprouvait le besoin symbollique de laisser l'eau chaude couler sur son corps pour laver les horreurs qu'elle avait vécues. Elle resta de longues minutes sous le jet d'eau. Pourtant elle savait que cette purification n'était qu'extérieure. Son esprit était souillé. Par flash incontrôlables dans son état de fatigue, la jeune femme revivait les événements, certains flashs mettant en scène les élèves eux-mêmes.
Une nouvelle fois sans défense contre son pouvoir, Cassandre n'avait aucun moyen d'arrêter ces réminiscences. Elle s'habilla et retourna dans sa chambre. En passant devant la chambre de Jessica, elle s'arrêta instinctivement. Aller la voir ? Pour dire quoi ?
Elle leva la main comme pour frapper à la porte... puis se ravisa. Il était trop tôt, il fallait résister à ce besoin d'aller la voir.
Mécaniquement, Cassandre se traîna dans sa chambre et se laissa tomber dans son lit comme dans une tombe. Que le sommeil l'engloutisse et fasse disparaître toutes ces informations contenues contre son gré par son cerveau...


Le lendemain matin, Cassandre eut le déplaisir de constater qu'il n'en était rien : la nuit avait été rude, et des cauchemars éreintant avaient compromis sont repos. La jeune femme se redressa sur son lit, hagarde. Oui, tout était réel, et la migraine digne d'un rescapé de coma éthylique était là pour le lui prouver. Avec difficultés, elle sortit de son lit. Ses membres douloureux grincèrent sous l'effort pourtant bégnin. Son faux sommeil lui avait communiqué les péripéties de chacun au camp, des péripéties macabres pour certains...
Mais il fallait recommencer à vivre. Une journée encore surchargée l'attendait. Il fallait s'efforcer d'affecter un retour à la normale. La main sur la poignée de sa porte, elle prit une grande inspiration.

institut

Infirmerie

Cassandre remonta rapidement de l'infirmerie à sa chambre. Après une courte journée de repos, son esprit était de nouveau oppressé par l'inquiétude. Que signifiaient ces images ? Qui ? Quand ? Où ? Et maintenant tout le monde s'en retournait vers elle pour fournir une explication claire... Mais son pouvoir n'avait jamais été une science exacte.
Elle ferma la porte derrière elle et poussa un soupir. Ernest et Gabrielle... Ils devaient la détester pour les avoir mis dans cet état...

La jeune femme s'écarta de la porte, et déboutonna sa chemise en marchant. Elle la jeta sur le lit et passa sous la douche. Elle y resta un long moment, comme si l'eau bienfaitrice pouvait la laver des souvenirs traumatisants de cette nuit. Mais elle savait déjà que ça ne servirait à rien, et puis... elle devait au contraire conserver tout ceci avec la minutie d'un horloger pour réconstituer l'engrenage des événements.
Elle finit par sortir de la douche, et enfila un chemisier blanc et une paire de jeans, puis s'assit un moment sur son lit, les coudes sur les genoux et le visage dans les mains pour faire le point.
Elle avait une adresse, mais encore fallait-il identifier la ville en question, ville qui devait être américaine à en croire la classification numérique. Quelqu'un de vraisemblablement lobotomisé... Le reste, elle le saurait en se penchant sur le passé direct d'Olivier. Il lui faudrait alors réconstituer à postériori la chronologie des événements, et déterminer si les visions étaient symbolliques ou réelles. D'ici là, rien ne servait d'alarmer l'institut, qui devait déjà être passablement sur les nerfs par sa faute...
Elle qui avait cru rendre service en restant ici, elle se retrouvait à faire exactement l'inverse.

Au bout d'un moment, la jeune femme sortit de ses réflexions. Elle devait tirer ça au clair.

Cérébra