[Avril 2008]Cassandre Deneos : philosophie

A l'ordre du jour : conjugaison du verbe muter au passé, présent et futur. Regard de la nouvelle génération sur ses prédecesseurs, réflexion sur sa situation actuelle et sur les futurs qui s'offrent à elle

PHILOSOPHIE

• New-GenèsiX : Rob
  
• X-Rays : Iacobo, Wind
  
• Nexus :
  
• JustiX :
  
• Atom'X : River
  
• CeresiX : Kieran
  
• OryX : Alixtide
  
• Institut: Alexander, Kalalli

Comme à son habitude, Cassandre attendait les élèves, assise sur l'une des tables du premier rang. Une fois qu'ils furent tous arrivés et installés, elle prit la parole de sa voix calme, les yeux fermés.

"Bonjour à tous. Aujourd'hui j'aimerais que nous parlions un peu de nous, de vous, de la première génération de mutants également, de celles à venir." annonça la psychologue.

"Là, maintenant, vous êtes à l'institut, mais celui-ci n'est qu'une étape dans votre vie, et peut-être même pour la mutanité elle-même. Et s'il est important de ne pas perdre de vue d'où vous venez, il est tout aussi primordial que vous songiez à votre avenir."

Elle fit une pause pour laisser les mutants s'imprégner de ses paroles.

"Pour commencer, j'aimerais que chacun d'entre vous nous donne un adjectif qui caractériserait selon lui la première génération de mutants d'après ce que nous en savons ou pouvons en déduire. Nous tenterons de comprendre ensemble ce qui motive votre choix." expliqua la jeune femme, avant de laisser la parole aux élèves.

[Hrp : nous jouerons cette session au tour par tour, donc 1 post par personne par tour, pas d'ordre de post défini, postez dès que vous le pouvez. J'aimerais également limiter le tour à 1 semaine maximum, comme un mode jeu, merci d'avance pour votre assiduité. Il est considéré que tout le monde se connaît au moins de prénom, même les nouveaux. Il est également considéré que les nouveaux savent ce qui est arrivé à la première génération de mutants (comme indiqué dans le guide de l'arrivant).]

La philosophie, ça ne plaisait pas tellement à Kala. Il avait l'impression qu'on tournait en rond, et on ne se portait pas mieux d'avoir réfléchis à des questions existentielles. Pourtant, depuis qu'il avait découvert son rang de mutant, il s'intéressait plus facilement à ce genre de choses.

C'était donc sans appréhension qu'il était arrivé en cours de philosophie, donné par Cassandre Deneos. Avec lui, il y avait River, la gentille fille qui lui avait présenté l'institut, et Alexander avec qui la simulation de prise d'otage s'était passée. Les autres, il connaissait juste leur nom. Wind qui était la soeur de River, Rob, Iacobo, Kieran et Alixtide.

Cassandre devant eux, les yeux clos, demanda un adjectif qui représentait les mutants de la première génération. Ces mutants, il s'en souvenait, s'étaient fait tuer par le Cerebro de Xavier, alors prisonnier.

Immédiatement, et naturellement, un seul adjectif vint. Il leva donc la main pour répondre. Un peu gêné il arrêta son geste à moitié. Il ne savait pas tellement si Cassandre le "voyait". Les autres en tout cas réfléchissait, et comme il était le seul à demander la parole, il la prit.

" L'adjectif qui les définirait le mieux pour moi serait "innocents". Ils ont été tués alors qu'ils n'étaient en rien responsable de leur gène X. Il y avait certains mutants qui étaient mauvais, mais ca reviendrait à détruire tout un champs à cause d'une mauvaise pousse dans le fond... "

Alixtide arriva tranquille, les mains dans les poches, aussi sale que possible et que d’habitude. Il rangea négligemment une mèche de cheveux gras derrière son oreille, observant les concurrents, et déambulant jusqu’au centre de la pièce histoire d’irradier un maximum. Le cours de philo était une arène d’où bien sûr un seul participant sortirait vainqueur : celui avec la meilleure note. Or quel ne fut pas son plaisir de voir que Juliette l’enfant gâtée et Draena la brute n’étaient pas là ! Point non plus de trace de l’excentrique Georgia toujours bonne à se faire bien voir et à jacasser à l’infini. Il s’en serait bien gaussé mais conserva un simple sourire aimable et presque timide.

Il sortit son carnet où il avait conservé les notes du précédent cours à toutes fins utiles. Alixtide savait que la barre avait été mise très haut, non seulement par leur travail précédent de rédaction de charte, mais aussi par le groupe de la fresque. Il avait d’ailleurs longuement analysé celle-ci dans le foyer pour traquer les éléments à recaser dans son prochain devoir. En bref il était paré pour être le meilleur et aucun obstacle ne se dressait devant lui.

Iacobo ne tarderait pas à s’endormir ou à être chassé du cours, Wind serait trop timide pour assurer la contradiction, River la jeune étourdie serait totalement dépassée par les événements, ainsi que Rob probablement. De ce côté-là rien à signaler. Il tourna la tête vers les nouveaux, foyers potentiels de résistance ou d’innovation philosophique. Le petit chinois Kalalli avait une telle figure d’oisillon en détresse que la prof serait capable de s’attendrir. Alexander en revanche n’était pas ce genre de gars à briller dans la réflexion.

*Purin heureusement que je suis là pour relever le niveau !*

Dans son orgueil il en vint presque à regretter Juliette. Tout à ces pensées stratégiques, il faillit louper les premières consignes de la Dame blanche et se reconcentra immédiatement. Il se frotta le menton d’un air absorbé tout en surveillant les autres. La première réplique de Kalalli fut tellement pathétique qu’Alixtide sourit avec une compassion non feinte.

Il leva la main, plus pour ses camarades que pour la prof, et enchaîna avec une simplicité angélique.

« "Inutiles". C’est mon adjectif ! Parce que le champ de Kalalli a donc été rasé et qu’il ne reste plus rien ! Ni pousse, ni mauvaise. »

Dit-il en se gardant bien de développer son argumentaire. Il restait la majorité des élèves à passer, et certains d’entre eux seraient prompts à récupérer ses idées. Autant rester évasif à ce stade.

Wind entra dans la salle de classe en compagnie de sa cadette - une fois n'est pas coutume - et s'installa calmement, comme à son habitude. Le cours de Miss Deneos promettait d'être plein de rebondissements vu l'assemblée. Si elle ne connaissait guère les caractères de Kieran, Kallali et Alexander, elle se doutait bien qu'Alixtide et Iacobo réagiraient de façon complètement opposée au thème proposé par la prof, et notamment à la première question posée. Elle supposait cependant que River et Rob seraient plus proches de sa vision des choses et sans doute est-ce ce qui l'avait motivée, plus ou moins consciemment, à s'installer à côté du NGX.

La réponse de l'inuit lui fit hocher la tête, signe qu'elle partageait globalement son avis, et elle réprima l'envie de lever les yeux au ciel à celle d'Alixtide. Inutile ? Comment pouvait-on qualifier quelqu'un ainsi ? Ca ne valait pas mieux que ceux qui les avait exterminés ! Elle croisa les doigts et toisa l'Oryx. Si elle avait su qu'il la pensait timide, ça l'aurait sans doute fait sourire.

- Personne n'est inutile, aucune vie ne l'est, et certainement pas la première génération. Parce que même si leur souvenir a voulu être effacé, même s'ils ont été exterminés, aujourd'hui, on retrouve leur trace, on retrouve la mémoire, et nous, nous sommes là. Alors oui, ça a pris du temps, et oui, on repart un peu à zéro parce que beaucoup ont oublié, mais à partir du moment ou quelques-uns se souviennent, ça n'est pas inutile. Le champ a été rasé, certes, mais il a bien dû rester une graine quelque part, pour que de nouvelles pousses percent la terre aujourd'hui.

Elle resta silencieuse un court instant, ferma les yeux une seconde, et reprit.

- Martyrs, répondit-elle, consciente qu'elle s'exposait à des railleries pour l'évidence qu'elle présentait, autant que pour l'aspect religieux du terme, même si ça n'en était pas la seule acceptation. Exterminés pour ce qu'ils sont... Comme les juifs au XIXème siècle, les chrétiens sous César, pour ce en quoi ils croyaient... bien qu'il ne s'agisse pas là de religion.

Cours de philosophie... Ce n'était pas la matière que River préférait. Pourtant, elle était dispensée par Cassandre et River appréciait beaucoup l'aveugle. Pour tout dire, elle aurait volontiers rejoint son équipe lorsqu'elle avait été intégrée aux Atom'X s'il y avait eu de la place. Si elle ne regrettait pas d'être dans l'équipe du professeur Layne avec Alicia, il n'en était pas moins que son équipe n'était pas réellement soudée. Pas comme celle de sa soeur, en tout cas... En bref, la jeune Artemis regrettait ce manque de liens dans son équipe. Pourtant, il ne lui serait jamais venu à l'esprit de faire un reproche quelconque à son professeur référant. La seule chose qu'elle regrettait, c'était la distance qu'il mettait entre lui et ses élèves.

Mais là n'était pas la question. La question était de savoir ce que Cassandre leur réservait. Elle ntarda pas à le savoir. Elle adressa un grand sourire à Kalalli en s'installant, avec son aînée près de Robin. Elle écouta avec attention la question de Cassandre et sourit à l'adjectif donné par l'inuit. D'une certaine façon, ils étaient innocents, oui. Pourtant, cela ne les avait pas empêché de dispaître. La jeune fille secoua la tête. Elle voulut prendre la parole mais fut coupée par Alixtilde qui donna une réponse pour le moins choquante et suffocante. Les yeux océans de River auraient presque pu lancer des éclairs. Elle ne pipa cependant mot, se contentant de fusiller le français puant du regard. Elle laissa sa soeur intervenir.

Martyrs? Elle y allait peut-être un peu fort... Certes, ils avaient été exterminés, mais pas comme des martyrs... La jeune fille réfléchit quelques instants avant de se tourner vers Cassandre et de prononcer à son tour son adjectif:

"Réincarnés. Ils sont rrevenus à travers nous, la nouvelle génération. Certes, ils ont été exterminés il y a cent ans, mais aujourd'hui, nous sommes là. Nous avons les mêmes gènes qu'eux. C'est un peu des premiers mutants qui vit en nous. Une chance pour eux, et pour nous, surtout, de repartir de zéro. c'est une deuxième chance de pouvoir faire mieux."

La jeune fille se tut. Elle ne savait pas si elle avait été très claire, mais elle avait fait de son mieux. Elle se tourna vers sa soeur, guettant son assentiment dans son regard. Elle avait détesté les paroles d'Alixitlde. Si quelqu'un était inutile ici, c'était bien lui... Il ne servait même pas à recycler...

Kieran entra dans la salle de classe il appréhendait un peu les cours de philosophie car on ne pouvait jamais savoir dans ce genre de cour , si se que l'on disait avait du sens ou au contraire n'en avait point, et lorsque l'on osait parler les autres trouvaient généralement un autre sens à ce que l'on disait et du coup on se retrouvait dans une discussion dont on n'avait put prévoir son débouché . Bref la philo c'était plonger dans l'inconnue .

Kieran regarda brièvement les personnes présentes et ne reconnut aucun visage familier , il connaissait toutes les personnes présentes au moins de vu mais sans plus . tans pis il faudrait faire avec .

Kieran s'installa dans la salle puis sortit son cahier et un stylo il aimait avoir toujours de quoi pouvoir dessiner sur lui cela le rassurait . cependant il ne s'essaya pas à faire de dessin il aurait l'air bien bête si celui-ci décidait de prendre vie .

il écouta ensuite Cassandre leur énoncer le sujet du cours , les mutants , histoire présent , avenir . Cette question faisait plonger kieran dans l'inconnu , l'inconnu de son avenir du monde dans lequel lui et les autres vivraient ou pas .

Cassandre leur demanda de donner un adjectif caractérisant la première génération de mutant . Il écouta chacun énoncer se qui leur venait à l'esprit . kieran était d'accord avec la plupart tous ces adjectifs pouvaient les caractériser . Même si kieran était quelque peu en désaccord avec River il ne croyait pas en la réincarnation et ne souhaitait pas être leur réincarnation aussi tenta il de s'exprimer :

" Innocent , inutile , martyrs , réincarné "

dit il d'une voie faible

" Irresponsable oui il se sont conduit à leur propre pertes sans penser ce qu'il laissait aux générations futures , irresponsable ."

dit il avec un ton un peu dur , si la première génération de mutant n'avait pas créer les outils de leur propres pertes alors peut être vivrait ils maintenant en harmonie avec les autres .

Une porte s'ouvrit violemment , le serbe était en retard , comme toujours. La classe était déjà bien remplie et la psychologue/aveugle/conseillère personnelle anti-drogues+alcool+vices attendait tout le monde avant de commencer. Il ne put s'empêcher de lui adresser un regard provocateur.

Le réveil avait été dur , le souffle de Joachim l'avait bizarrement empêché de s'endormir paisiblement , il avait du piocher au hasard quelques comprimés dans la mallette secours de son colocataire pour finalement trouver le sommeil. Il s'était réveillé avec une barre infâme le matin , le réveil électronique lui rappelant douloureusement le cours de philosophie qui commençait dans cinq minutes.

S'en était suivie une phase hasardeuse de tâtonnement dans l'obscurité , de quoi trouver se vêtir pour traverser les couloirs froids de l'Institut.

L'arrache complète : il n'était vêtu que d'un jean serré et mal remonté qui laissait apparaitre un caleçon à gros carreaux rouges écossais ( en velours , Iacobo oblige ) et était torse nu sous une immense doudoune qu'il n'avait pas refermé.

Il arborait donc la mine habituelle du Iacobo à l'humeur massacrante , la capuche rabattue sur ses cheveux en bataille.

Une petite mise à jour de la connaissance des élèves s'imposait , il reconnut Alixtide à qui il offrit son pire faciès , lui faisant remarquer qu'il n'avait rien oublié et que leur histoire était loin d'être terminé , puis River , puis Wind sur qui son regard se figea quelques secondes de trop , il tourna la tête.
Il dénombra trois petits nouveaux :

"Tiens tiens... de nouveaux camarades , on dirait bien un habitant du pôle nord la bas dans le coin , tu as vu , même doudoune ? Ha , on a aussi le droit à un nouveau stock de blond bodybuildé , tu pourras remplacer Roscart ( clin d'œil à River ) et un nouveau brun ténébreux tendance romantico-dépressif , toi tu vas finir copain avec Lucas ( nouveau clin d'œil à River)".

Cassandre leur donna la consigne : un adjectif pour définir l'ancienne génération X . Il n'écouta guère les anciens de l'Institut , se bornant à enregistrer leur adjectif puisque connaissant déjà leurs positions sur le sujet , il eut plus de considération pour les nouveaux qu'il fallait impérativement ranger dans une catégorie. Le bodybuildé ne l'étonna pas , il allait rejoindre les rangs des innombrables idéalistes aux muscles huilés , tout comme le naïf petit inuit. Le romantique paraissait pour une fois plus contrasté.

Quand ce fut son tour , il s'étira tranquillement les bras puis s'exprima lentement :

"Bon , j'utiliserai le terme fondateurs puisqu'ils sont à la fois la première génération de la race mutante , les initiateurs des premières structures d'encadrement mutant , comme cet institut pour dégénérés par exemple , mais le terme veut aussi dire qu'ils ont des héritiers , qu'ils ont créé les bases mais que leur descendance doit poursuivre le travail. Ce mot a aussi une consonance sacrée puisqu'il me parait évident que cette première génération servira de référence à celles qui suivront , en bien ou en mal..."

Il soupira : depuis toujours la vision de la philosophie du Iacobo s'était arrêtée sur quelques vieux croulants et bedonnants , tentant vainement d'imposer leurs visions d'un ouvrage antique dans des débats interminables n'ayant aucun impact sur le monde réel , ils étaient par définition et pour lui des arrogants inutiles. Sa première rencontre avec Cassandre et donc la première femme sexy a avoir jamais enseigné une telle matière avait attisé une curiosité qui ne s'était jusqu'ici peu démentie.

Cassandre n'esquissa aucun mouvement qui aurait pu laisser penser qu'elle "savait" que les nouveaux avaient levé la main pour prendre la parole, de même qu'elle arbora son éternelle expression neutre à l'arrivée de Iacobo. Il y avait une sorte d'accord tacite entre eux, le genre d'accord qui garantissait la survie au serbe dans les situations où Carrie ou les autres professeurs l'auraient probablement remis à sa place.
La non-voyante avait cet air à demi-absent qui la caractérisait, pour ceux qui la connaissaient déjà, et qui jetait au doute la certitude qu'elle avait bel et bien enregistré ce qui s'était dit.

Pourtant, force était de constater que contrairement aux apparences elle était bien présente :

"Innocents, inutiles, martyrs, réincarnés, irresponsables, illusoires, fondateurs et anciens..." reprit-elle pensivement. Un sourire discret effleura son visage.

"C'est pas mal..." commenta-t-elle à demi-voix, le visage légèrement incliné sur le côté. Elle resta silencieuse quelques secondes, avant de conclure :

"La moitié d'entre vous a utilisé un adjectif préfixé à la négative, et cela même si vos opinions divergent... C'est un concensus intéressant pour des gens qui ne s'accordent en apparence pas. Quant à l'autre moitié qui n'a induit aucune polarité sémantique, vous êtes partis sur une base plus culturelle... qui globalement a trait à l'héritage."

Il y avait une sorte d'ironie dans ce constat : les élèves ne s'attendaient sûrement pas à cette répartition.

"Les apparences sont trompeuses, n'est-ce pas ?" dit-elle avec un brin d'amusement.

"Ne vous y trompez pas : les deux courants ne sont en rien opposés... Ils sont complémentaires. Si vous faisons la synthèse de tout ça, le premier groupe pense que la première génération n'a pas été ou n'a pas fait quelque chose, et le second groupe pense... que nous sommes là pour y remédier." explicita la jeune femme.

"On y verrait presque une forme d'élection divine... D'ailleurs, vous êtes plusieurs à avoir emprunté des termes à la religion, même si vous n'avez pas voulu associer à votre réponse une connotation religieuse. Martyrs, réincarnés... Même les Anciens, dans un panthéon plus païen... Quant à fondateurs... Ca me rappelle les pères fondateurs, qui sont un peu un devenus un mythe moderne américain. Il est assez ironique de constater que la plupart de nos détracteurs se fondent sur la religion pour nous pointer du doigt."

Pourtant élevée dans le respect de la chrétienté orthodoxe, Cassandre semblait n'avoir aucun mal à se détacher personnellement du sujet. Les mots n'étaient pas les choses.

"Selon vous, qu'a manqué de faire ou d'être la première génération ? Certains d'entre vous en on parlé, j'aimerais que vous creusiez dans cette direction. J'aimerais aussi que vous fassiez le point sur notre situation actuelle. Est-elle bien différente ? Si oui, en quoi est-elle différente ? Nous manque-t-il quelque chose comme à nos prédécesseurs ? L'histoire se répète-t-elle ?"

Comme toujours, la psychologue répondait à des questions par d'autres questions.

Convaincu de la justesse de son analyse par les regards courroucés et les piques plus ou moins agressives de ses camarades, Alixtide se régalait tranquillement de sa toute-puissance philosophique. Sur la salve d’adjectifs prononcés, un seul lui parut digne d’intérêt : celui de Kieran.

*Hé hé c’est un malin, il a trouvé un syndronyme pour pouvoir copier mon idée …*

Et en effet le mot du jeune Ceresix ramenait inexorablement à celui d’Alixtide. Les douces remontrances de Wind sur l’utilité du tout un chacun ne firent que soupirer le mutant. Encore une qui ne comprenait pas la profondeur des mots et des idées et restait cloîtrée dans l’aveugle et sainte Tolérance.

Il adressa un grand sourire content à Rob, River et Alexander. Nul besoin de lire les pensées pour comprendre que ces trois-là lui auraient jeté des tomates pourries à la figure, si seulement ils en avaient. Et cela ne pouvait que ravir d’aise notre mutant philosophe et stratège. Leurs trois mots étaient si pathétiques qu’ils équivalaient presque à des tomates pourries d’ailleurs.

*Illusoire et réincarné … purin ils ont révisé le dictionnaire avant de venir …*

Mais la prof devait être immunisée contre ces platitudes grâce à sa Tolérance, véritable bouclier à tomates pourries s’il en est. Alixtide ne s’étonna donc pas que Cassandre reprenne ces mots affligeants dans son analyse, trouvant miraculeusement un consensus entre la bêtise et le génie.

Iacobo choisissait une tactique de lèche-botte en se parant lui aussi de grandeur d’âme et de vision angélique. Alixtide le regarda de l’air de celui qui n’est pas dupe, et au passage lui signifia que ses menaces faciales du début du cours ne l’atteignaient point.

Il écouta sagement les paroles monotones de la mutante fantôme. Celle-ci réalisait un tour de force rhétorique qui impressionna vraiment Alixtide. Afin d’éviter le clivage « méchants-gentils » qui correspondait à la réalité perçue par tous, elle formait un autre regroupement qui faisait que subitement tout le monde avait raison et se trouvait intelligent. Cette femme avait vraiment l’art de tourner les choses à sa manière.

Il répondit en premier, non sans avoir réfléchit avec discernement aux questions soulevées.

« Ce qu’a manqué de faire cette première génération, Kielant et moi l’avons dit en prenant le même mot mais avec des lettres différentes. C’est que voilà, on ne remet pas en cause que bien sûr ils étaient plein de bonnes tentations les Anciens, mais, ils se sont battus sur le mauvais tremplin. Et j’explique. Est-ce que aujourd’hui nous avons une société qui a réglé le problème des mutants ? Est-ce que nous sommes des gens comme les autres sous plusieurs plans ? Non bien sûr.

Alors qu’ils aient laissé des vestiges, des ruines sur lesquelles on pourra reconstruire et blabla … oui d’accord c’est bien, mais purin c’est peu ! En fait même, on doit tout faire nous même. Je veux dire que les anciens se sont faits des ennemis irréparables, qui les ont obligé à utiliser la violence eux aussi, avec leurs pouvoirs. Ils ont perdu à ce petit jeu, donc nous savons que c’est une impasse. »

Il garda les yeux braqués sur le visage endormi de la psychologue, pour ne pas se déconcentrer. Il poursuivit avec l’assurance du professionnel.

« Alors la situation actuelle, malheureusement, est la même vu que les fondateurs n’ont rien réglé. Nous voici tout autant dégoûtés de la population en général et toujours n’ayant aucun représentant politique ou autre.

Ce qu’il nous manque par rapport aux Grands-Pères et qui est notre chance, c’est des ennemis chez les propres mutants, des ennemis parmi nous qui font n’importe quoi avec leurs pouvoirs et en un mot sont dangereux pour tout le monde. Il faut profiter qu’on soit seuls et responsables pour convaincre les humains de faire de la politique avec nous. Et en profiter pour coucher entre nous des règles qui empêchent certains de recommencer les bêtises. Voilà comment l’histoire ne se reflètera pas. »

Convaincu de son fait, mais peu illusionné sur la propension de ses camarades à saisir la profondeur de ses idées, il croisa les bras sur sa poitrine et soupira. Puis il tendit le visage vers la fenêtre et regarda négligemment le ciel bleu, reprenant ainsi la pose de Juliette quelques mois plus tôt.

*Tout ça, c’est du fard aux cochons …*

Pensait-il, comprenant très bien maintenant ce que la gothique romantique avait pu ressentir jadis.

River regarda Kieran avec stupeur. En quoi leurs prédécesseurs avaient été irresponsables? En essayant de leur faire une place dans le monde? L'anglaise n'était pas d'accord. Mais elle avait déjà répondu, elle ne pouvait donc le faire. Elle était obligée d'attendre que tous aient exposé leur point de vue. Les remarques d'Iacobo, elle n'en tint pas compte. Cela valait mieux, elle le sentait. Sa vision des choses, pourtant, surprit l'adolescente au plus haut point. Peut-être n'était-il pas si irrécupérable que cela, finalement... Fondateurs... C'était plus un nom commun qu'un adjectif, mais elle était assez d'accord avec cette idée. Elle se tourna vers le serbe, avec, pour une fois, un regard qui exprimait son accord. Elle reporta son attention sur Alexander qui avait parlé d'illusoire. Illusoires? En quoi, pourquoi? Il n'avait, malheureusement pas expliqué le fond de sa pensée, et n'était pas forcément très compréhensible. Rob s'emporta alors sur les propos du puant. La jeune anglaise se tourna vers lui et tenta de l'apaiser d'un sourire. Ils étaient là pour discuter. Tous les points de vue se valaient. La jeune fille pouvait, cependant, comprendre ce qui avait pris au jeune noir. Le breton y avait été un peu fort.

Mais le tour de table, après les anciens de Robin fut clos par Cassandre qui reprit la parole. River l'écouta avec attention. L'héritage. C'était dans cette partie que se classait River avec Rob et Iacobo. Les martyrs de Wind entraient-ils également dans cette catégorie? La jeune fille supposa que oui. Sinon, les martyrs de sa soeur étaient une catégorie à part.

La vision de Cassandre résumait cependant assez bien celle de River. En extrapolant les adjectifs particulièrement négatifs de Kieran et Alixtilde, elle avait illustré ce que pensait l'anglaise. Si la génération précédente avait achevé ce qu'elle avait à faire, il n'y aurait pas eu besoin que les mutants reviennent 100 ans plus tard, sans que rien ne puisse l'annoncer. A moins que leur retour ne soit symbole d'une évolution? C'était, de fait, tout à fait possible.

La jeune fille écouta les questions suivantes, tout en gardant son idée d'évolution en tête. Le premier à prendre la parole fut Alixtilde. Et, si River avait pu lui jeter quelque chose à la figure, ça n'aurait pas été des tomates pourries, ce qui aurait été lui faire un immense plaisir, mais du linge propre, quoique... Non... Plutôt de l'eau savonneuse pour le laver. elle attendit que le déluge de puanteur et de débilités soit passé pour prendre, à son tour, la parole.

"Ce qu'on vécu les Anciens est comparable à la shoa des juifs. Ils ont été exterminés pour ce qu'ils étaient, traqués, sans leur laisser la moindre petite chance de vivre et de montrer ce qu'ils avaient à offrir. A la différence des juifs, tous les systèmes politiques étaient contre eux et ils ont été traqués de toute part. Mais 100 ans plus tard, nous sommes arrivés. Je pense que notre rôle aujourd'hui, c'est de faire accepter l'évolution au reste du monde. C'est l'évolution qui a permis à l'homme d'occuper la place qu'il occupe aujourd'hui, et c'est la peur d'être dépassé qui fait qu'il détruit ce qui lui ressemble tout en étant différent."

La jeune fille marqua un temps de silence, puis reprit:

"L'homo sapiens a longtemps cohabité avec le néenderthal. Pourquoi cela ne serait pas possible pour nous et pour les non-mutants?"

La jeune fille regarda ses camarades, puis son regard revint se poser sur sa soeur. Elle ne savait pas ce que celle-ci penserait de son propos, mais elle conclut:

"Je pense que ce qui a manqué à la génération précédente, ça a été le recul de la situation. Aujourd'hui, ce recul, nous l'avons. Nous savons, du moins, nous commençons à savoir, ce qui est arrivé aux fondateurs. A nous d'apprendre de leurs erreurs pour ne pas refaire les mêmes. Leurs actes peuvent sembler illusoires ârce que tout à été réduit à néans, pourtant, il est resté des traces de leur présence, comme des civilisations passées. Ce n'est donc pas inutile. Ils étaient innocents, mais pas irresponsables. Ils ont, simplement, voulu croire que l'humanité était prête àles accepter, ce qui n'était pas le cas. Même aujourd'hui, on peut se deander si l'humanité est prête à nous accepter lorsqu'on voit l'impact de la Sentinelle à l'extérieur."

La jeune fille avait reprit les adjectifs de ses camarades, à la fois volontairement et involontairement. Elle sourit, puis se tut, attendant le verdict.

kieran écouta ses camarades énoncer leur adjectif , il fut surprît par ce qui suivit Ancien et fondateur , il trouvait ces termes extrêmement fort et un peu trop optimiste peu être .

Cassandre leur fit ensuite un petit point et Kieran fut vraiment épaté de la façon dont cassandre maniait l'art des mots pour leur faire dire des choses qu'il n'avait pas voulut dire .

Pour Kieran son adjectif irresponsable ne se voulait pas forcément négatif . Les questions suivantes de Cassandre déstabilisèrent quelque peu Kieran , expliquer son pourquoi , et faire le point sur la situation actuelle cela avait quelque chose de comment dire effrayant .

Axlitide répondit le premier et écorcha au passage le prénom de Kieran .

* Il est un peu optimiste lui je trouve *

s'ensuivit le discours de River carrément en opposition avec les pensées de Kieran , et qui rejetait en bloc l'adjectif de Kieran .

* homo sapiens et néanderthal voila un bel argument à double tranchant seulement *

seulement la fin de la phrase de River allait finalement dans vers les pensées de Kieran .

après un temps de réflexion Kieran se jeta dans le feu :

" madame tout d'abord j'ai pensé que vous aviez tort lorsque vous avez dit que nos adjectifs n'était pas incompatible . Car au premier abord on peut penser que certains vénèrent les ANCIENs ou les fondateurs comme le dise mes camarades . mais d'autre on une vision plus nuancé d'eux . "

Kieran s'arrêta puis reprit :

" Cependant River vient d'aboutir partiellement à l'une de mes conclusions . peut être que nous ne sommes pas fait pour vivre avec les autres enfin quand on voit le climat actuelle nous sommes rejeté et pourquoi parce que l'on est différent , mais se n'est pas la raison principal , la différence on peut s'y habituer au fil du temps et espérer l'accepter . Mais dans notre cas nous avons des capacités qui font que les gens nous envie , on peur de nous . Et cette jalousie et cette peur ne peuvent conduire qu'à la haine . Globale pour l'instant , réduite peut être dans l'avenir, mais il y aura toujours cette haine présente ."

" Les anciens comme je l'ai dit on été irresponsable , pas parce qu'il n'ont rien , pas parce qu'il on fait quelque choses . Mais simplement parce qu'il ont donnée au autres un moyen de nous détruire . Et c'est cela que nous devons à tous prix éviter que l'un d'entre nous ait assez de pouvoir pour pouvoir nous détruire tous . "

Kieran s'arrêta encore une fois étonner par ce qui sortait de sa bouche puis il reprit .

" River tu as parler de néandertal et homo sapien , rien ne prouve qu'il ont vécut en harmonie , et même si c'était le cas , néanderthal surpassait Homo sapiens et pourtant se dernier a eut la suprématie et rien que par sa propre présence a conduite néanderthal à l'extinction .
Alors a l'avenir qui d'homo sapiens ou de nous survivra ...."

Kieran avait volontairement laissé sa phrase en suspend , regardant les autres pour voir leur réaction , mais également lui même étonné de ce qu'il disait .

* d'où me vient toute cette rage ?*

Sans aucun doute, Alixtide était un sacré personnage. Il semblait être celui à l'esprit obtu sans aucune compassion. Kala n'était pas membre de cette "communauté" qu'étaient les mutants depuis longtemps, mais il éprouvait pourtant de la peine de savoir que l'ancienne génération avait été persécutée.

Cassandre fit une synthèse des différentes réponses. Elle demanda ensuite de diriger la réflexion sur ce que la génération précédente avait manqué, puis sur la comparaison de notre situation à celle de l'ancienne.

Alixtide avaient déjà répondus, ainsi que River et Kieran. Le mutant était une fois de plus en accord avec River. Ils semblaient partager la même vision des choses.

Kala après avoir longuement réfléchis prit la parole. Il n'avait pas l'habitude de participer autant lors des cours... Pour lui, on restait généralement assez passif, à écouter et noter les leçons.

" Je pense que la génération passée a été trop optimiste quant à sa capacité de se faire accepter. La nouveauté a toujours fait peur à tout le monde. Avant de savoir que j'étais un mutant, je préférais vous ignorer. Je ne savais pas grand chose sur vous... enfin, nous, si ce n'est par les dire des pro et anti-mutants. On associe souvent tout ce qui va mal à nous. Un immeuble prend feu, on pense à un mutant, un accident de voiture, on soupçonne la cause mutante. Pour moi, l'histoire se répète. Simplement, nous sommes forts d'une expérience et d'une méfiance héritée du passée, quand on sait comment les premiers mutants ont disparus... "

Elle avait bien vu Alixtide soupirer lorsqu'elle avait donné sa réponse, mais cela n'avait rien d'étonnant, et elle ne lui accorda à cet instant pas plus qu'un regard, tout comme elle remarqua sans réagir le petit sourire d'Alexander. Ne rien laisser paraître, surtout sur quelque chose d'aussi anodin qu'une divergence d'opinion de ce type, c'était dans ses habitudes. Elle avait plus de mal lorsqu'on s'attaquait aux siens, ou quelque fois lorsqu'il s'agissait de son pouvoir, mais ici, elle semblait plus neutre que jamais, visage de marbre et voix calme et posée.

River prit la parole à son tour, et Wind l'écouta attentivement, le regard posé sur ses yeux clairs. Réincarnés, c'était peut-être un peu fort, comme son propre adjectif, 'martyrs', mais elle comprenait son point de vue, même si elle ne le partageait pas réellement. La réincarnation n'était pas vraiment un concept qu'elle affectionnait. En tout cas pas sur cette Terre... Lorsque sa cadette se tourna vers elle, l'aînée sourit, mais détourna rapidement le regard comme un autre élève prenait la parole. Kieran. Il reprenait chacun de leurs propres termes, comme pour aider sa réflexion, et puis proposa le sien, et elle arqua un sourcil. D'accord, la première génération avait en quelque sorte créé les instruments de sa perte, mais n'était-ce pas le propre de la race humaine ? Les plus grandes inventions ou en tout cas les plus nombreuses, avaient souvent pour origine la recherche militaire, les scientifiques pouvaient développer des trésors d'imagination quand il s'agissait d'inventer un nouveau moyen pour que les hommes s'entretuent... mais le ton catégorique de l'adolescent la gênait un peu. Si ce n'avait pas été les mutants qui avaient créé l'engin qui avait décimé leurs prédécesseurs, les humains n'y seraient-ils pas parvenus d'eux-mêmes ? Elle était presque certaine que si, en définitive...

Ce fut au tour d'Alexander de prendre la parole, et il expliqua en quelque sorte le but de la question de Cassandre, ce qu'elle trouva parfaitement inutile : bien sûr qu'on leur demandait leur opinion, n'était-ce pas pour ça qu'ils étaient là ? A moins qu'il ne considère que parmi eux, certains n'étaient pas aptes à comprendre les sous-entendus ? Elle ne comprit pas cependant le lien entre une vision des mutants comme "monstrueux" et l'énonciation de l'adjectif "souhaitable". A moins qu'il n'eût voulu évoquer leur éradication et non la première génération en elle-même ? Auquel cas il y avait un souci sur l'énoncé, parce qu'elle était certaine que c'était leur prédécesseurs qu'il fallait qualifier, et non leur disparition. Même si les deux étaient intrinsèquement liés, cela changeait la donne... Quant à son adjectif, il haussa un peu plus son sourcil déjà arqué. Illusoires ? Pourquoi ? Qu'avaient-ils d'irréel ? Ils avaient bel et bien existé pourtant... Elle espéra qu'il poursuive, comme tous l'avaient plus ou moins fait jusqu'alors, et donne le fond de sa pensée, mais les prochains mots prononcés provinrent de Iacobo et non du jeune homme blond.

Elle l'avait vu entrer et sa tenue lui avait fait penser à cette fois où Alixtide lui avait dérobé ses vêtements et où elle ne l'avait trouvé vêtu que d'un manteau emprunté dans la cuisine. Torse nu une fois encore, il avait au moins eu le bon goût cette fois-ci de masquer ses attributs masculins à l'assemblée. Et même si l'assemblage était assez... pitoresque, elle avait songé un instant que la vue n'était pas des plus désagréables... avant de s'enguirlander intérieurement et de détourner le regard vers Cassandre. Les propos qu'il tenait, les allusions à sa soeur et ses deux petits amis connus l'avaient passablement agacée et elle avait finalement reposé son regard pâle sur lui, un éclat sombre trahissant ce qu'elle songeait de son discours. A présent, elle écoutait ses dires avec intérêt. Elle s'était attendue à ce qu'il entre dans le jeu d'Alixtide, mais c'était sans compter son différent avec le français et son avis sur la suprématie mutante qu'elle ne partageait absolument pas. Fondateurs. Elle hocha la tête à ses explications, étrangement neutres pour ce qu'elle connaissait du serbe.

Rob reprenait les termes que Kalalli et elle-même avaient employés, et elle songea qu'il restreignait la signification du terme martyr : "Qui a souffert des tourments ou la mort plutôt que de renoncer à sa croyance, qui est en butte à des mauvais traitements." Ils n'avaient pas besoin de s'être sacrifiés pour être considérés comme tels, ils pouvaient simplement avoir été sacrifiés. Elle fut surprise également de voir à quel point son avis se rapprochait de celui de son coéquipier. Qui l'eût cru ? Depuis l'entrevue de la cuisine, elle savait que ces deux-là avaient commencé par se taper dessus, et ne s'appréciaient toujours pas franchement. Elle cautionna moins l'attaque qu'il lança à l'encontre d'Alixtide. Evidemment, elle ne partageait pas le point de vue de ce dernier, mais ça n'empêchait pas qu'il pouvait exposer sa pensée sans avoir à subir ce genre de réflexion. Enfin, le NGX, lui semblait-il, avait une certaine tendance à l'impulsivité, et l'arcade sourcilière de Iacobo devait d'ailleurs s'en souvenir...

Cassandre faisait le point sur leurs propositions, et elle l'écouta avec une attention redoublée. Elle pointait du doigt une idée sur laquelle elle était plutôt d'accord : l'héritage. Et quelque part, cela donnait un axe de réponse à ses questions suivantes. Alixtide s'empressa de relancer le débat. Est-ce que nous sommes des gens comme les autres ? Non ? Outre leur pouvoir, qu'avaient-ils de si différent des autres humains ? Ah ! Ce qu'elle n'aimait pas cette ségrégation entre humains et mutants ! Ils n'avaient rien réglé... certes, mais elle ne démordait pas de l'idée qu'à défaut d'avoir réussi, on pouvait apprendre de leur échec, et c'était en cela que l'idée de l'héritage avancée par la psychologue trouvait grâce à ses yeux. Pour ce qui était de ne pas avoir d'ennemis parmi les mutants... Est-ce qu'il était seulement bien conscient de ce qui se déroulait en dehors de l'institut ? Coucher des règles pour empêcher les leurs de faire des bêtises, c'était bien beau, mais elle était certaine que ça ne suffirait pas. De tous temps, certains avaient considéré que les règles étaient faites pour être détournées, et elle était sûre que parmi les leurs, il y en aurait pour penser ainsi. C'était nécessaire, certes, mais il n'y avait aucune certitude pour que ça suffise à empêcher la même chose de se produire.

River reprit finalement en quelque sorte son idée, en évoquant la shoah. Elle qui avait contredit son terme de martyr, faisait un rapprochement proche du sien, et un sourire se dessina sur les lèvres de l'anglaise. Elle sembla songeuse un instant à l'évocation de l'homo sapiens et de l'homme de néendertal. Certes, ils avaient cohabité, mais l'un avait continué à évoluer et survivre, et l'autre avait fini par s'éteindre. En quelque sorte, elle tendait le bâton pour se faire battre, même si l'idée de base était plutôt bonne. Quant au recul, elle n'était pas sûre qu'ils en aient suffisamment, même s'ils étaient certainement mieux pourvus que leurs ancêtres. Elle nota sa façon de reprendre les adjectifs de chacun pour étayer son point de vue. Elle laissait la question de l'acceptation ouverte cependant, et la x-rays hocha la tête. La question restait posée, et elle doutait qu'une réponse puisse être apportée aujourd'hui. Un point de vue, oui, une affirmation catégorique lui semblait plus difficile à émettre. Qui pouvait se targuer de savoir comment la situation allait évoluer ? Enfin, à part Cassandre...

Kieran reprit son discours, à la mode Alexander, expliquant ce qu'il avait pensé des propos de la prof. Il expliquait pourquoi il pensait que les hommes n'accepteraient jamais tous, ni totalement, leur existence et la blonde songea que ce n'était pas forcément seulement qu'une question de pouvoir. La différence faisait peur et amenait la méfiance, combien d'ethnies humaines en avaient ainsi souffert ? Cela voulait-il forcément dire qu'eux-mêmes ne seraient jamais acceptés ? Elle voulait croire que non, même si rien n'était jamais certain, parce que finalement, aujourd'hui aussi, on trouvait encore des gens capables de haïr pour une religion ou une couleur de peau alors que l'intégration s'était globalement faite à travers le monde. Pourquoi pas pour eux ? Et puis ce qui devait arriver arriva, et l'adolescent renchérit sur l'image des hommes pré-historiques de sa soeur. Rien ne prouvait qu'ils avaient vécu en harmonie, certes, mais rien ne prouvait non plus qu'ils avaient vécu en complète opposition. Ils avaient vécu à la même époque, toujours, et un squelette, au Portugal, soulevait l'hypothèse qu'il y avait eu des métissages entre les deux lignées. Par contre elle ne comprenait pas pourquoi il énonçait que l'homo sapiens était supérieur au néanderthal. Dans son souvenir, les deux avaient des cultures censément similaires, avaient appris à fabriquer des armes, à créer des objets d'art ou à peindre des fresques... à parler également, bien qu'il fût un temps où on avait songé que l'homme de néanderthal en était incapable. Elle secoua légèrement la tête, manifestant finalement quelque peu son point de vue, bien avant de prendre la parole.

L'avis de Kalalli faisait écho à ses pensées précédentes : oui, l'inconnu, la nouveauté font peur. Oui, en quelque sorte, l'histoire se répétait, et oui, ils avaient une force malgré tout : la connaissance de cette histoire. Elle regrettait seulement qu'il n'étoffe pas davantage son point de vue, mais Alexander compensa cela par un monologue plus que fourni. Certains passages lui restaient toujours incompréhensibles, et elle se demandait parfois s'il n'y avait pas des lacunes au niveau vocabulaire, mais ça ne l'empêcha pas d'observer et d'écouter le heune homme attentivement. "Devait se faire massacrer" ? Comment ça, "devait" ? Elle arqua de nouveau un sourcil. Il avançait des thèses, proposait des arguments, pour les démonter lui-même, et c'était typiquement le genre de discours qu'elle avait exécré chez ses camarades littéraires. Parler pendant des heures pour énoncer tout et son contraire, et n'aboutir à rien, voilà qui avait le don de l'agacer.

*On dirait ces pseudos-philosophe qui se gaussent de tout comprendre et de tout devoir expliquer et qui en définitive n'aboutissent à rien...*

Il énonçait des lapalissades, et elle croisa les doigts devant son visage, le regard fixé sur lui. Un puissant télépathe, comment pouvait-il être catégorique sur son absence ? A l'institut même, il y avait plusieurs personnes qui avaient ce type de pouvoir, il y en avait d'autres qui étaient partis, que savait-il de leur puissance ? Et puis tous ceux qui avaient été enlevés, d'après les articles de la Sentinelle ? Quant au revers de la médaille du héros, ça n'était pas vrai que pour les mutants. Et de toutes les manières, il lui semblait évident que ce n'était pas le bon côté des mutants qui était aujourd'hui rejeté par leurs détracteurs, mais bien tout ce qu'ils avaient de destructeur - et elle visualisait assez bien la chose. Elle tiqua encore sur la référence au discours d'Alixtide. Mais non... c'était justement le contraire ! Quant à l'attrait humain pour la guerre, elle ne pouvait le nier, mais - fort heureusement - c'était aussi ce qui donnait un sens à la paix. Quant à l'utopie, il en énonçait une de belle. L'institut n'était pas extensible, la communauté mutante à travers le monde bien trop importante pour que tous puissent intégrer ses murs, et le contrôle jamais totalement imposable. Lorsqu'il se tut, elle prit à son tour la parole.

- Je vais certainement oublier certains points sur lesquels j'aurais voulu revenir, mais passons... Je n'ai pas la prétention de détenir la vérité, mais je crois pourtant qu'il y a des failles dans tout ce qui vient d'être dit, comme on pourra sans doute en détecter dans mes propres propos. L'idée d'héritage me semble en effet assez importante, et elle rejoint celle du devoir de mémoire qui nous renvoie une nouvelle fois à la guerre qui a tant marqué le vingtième siècle. Aujourd'hui nous nous efforçons de retrouver un maximum d'éléments du passé mutant, et je crois en effet que c'est une des meilleurs pistes pour éviter que l'histoire ne se répète. Est-ce que ça suffira? Est-ce qu'on peut réellement éviter que ce qui s'est passé il y a un siècle ne se renouvelle? Je n'en sais rien, et je crois qu'il y a bien trop de paramètres à prendre en compte pour qu'on puisse répondre de façon catégorique à ces questions. Mais se dire que de toutes les manières, ça recommencera tôt ou tard n'est pas une solution en soi. On tend au désespoir et à la résignation, et là en revanche, il est plus que probable que nous nous dirigions vers le même résultat : dans cette optique-là, pourquoi faire des efforts pour s'intégrer puisque de toute façon nous allons disparaître ? C'est le meilleur moyen pour se faire davantage haïr par ceux qui n'ont pas nos pouvoirs et pour envenimer les choses. Le meilleur moyen pour qu'ils cherchent et trouvent une solution pour se débarrasser de nous.

Car en effet, la guerre est dans la nature humaine, et j'entends humain au sens large. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, je me considère comme aussi humaine que ceux qui n'ont pas nos pouvoirs, parce que vous avons vécu et grandi comme eux tant que nos aptitudes ne se sont pas révélées. L'Homme a toujours développé des trésors d'imagination pour se faire davantage de mal, et quelque part, on pourrait avancer que nos pouvoirs ne sont qu'une nouvelle arme pour décimer nos voisins. Mais comme pour toute arme, l'important est l'utilisation qu'on en fait, non ? Un canon sert à faire la guerre, mais a aussi servi à défendre la paix, n'est-ce pas ? Il serait en effet particulièrement utopique de se dire qu'on n'en arrivera jamais là, mais est-ce qu'il faut pour autant ne rien faire pour l'éviter ? Quant à la "différence", au fossé que nos capacités creuse, je ne crois pas que ce soit bien différent de toutes les autres "singularités" qui ont parsemé l'Histoire d'épisodes sanglants. On a peur de ce qu'on ne connaît pas, combien d'entre nous ont eu peur de leur pouvoir lorsque celui-ci s'est révélé ? Et combien d'ethnies se sont vues rejetées parce qu'elles n'avaient pas la même couleur de peau, la même religion, le même langage que les autres ? Pourtant aujourd'hui, même si certains continuent à les détester, elles se sont intégrées et ont majoritairement été acceptées, pourquoi en serait-il forcément autrement pour nous ? Certes, une intégration n'est jamais totale, il y a bien encore aujourd'hui des gens racistes ou antisémites, mais ils sont minoritaires. Et il y a des échecs aussi, la civilisation pré-colombine en est un exemple, mais n'est-ce pas déjà ce qui est arrivé à nos prédécesseurs ?

L'exemple des hommes pré-historiques n'est pas si mauvais que tu le pense Kieran : d'accord, rien ne prouve que l'homo sapiens et l'homo neandertalensis aient vécu en harmonie - et encore, je reviens sur ce point juste après - mais rien ne prouve non plus qu'ils aient forcément été opposés. Et puis, il y a quand même le fossile de Lagar Velho qui tend à étayer la thèse de la cohabitation, même si rien n'est vraiment certain, vous savez, ce squelette qui pourrait être un hybride entre Sapiens et Neandertal ?

Bon, non, ils ne savaient pas forcément, mais ça n'était pas l'important.

- Cependant, je suis d'accord sur le fait que l'une des deux lignées s'est éteinte, et en effet, on peut se demander si ça n'est pas aussi ce que nous deviendrons : l'évolution de l'humanité. Mais là, ça n'est plus une question de volonté humaine, et ce serait sans doute la solution la plus douce. Par contre, je ne comprends pas pourquoi tu parles de l'homme de neandertal qui surpassait l'homo sapiens ? Les deux peuples avaient des cultures trop similaires à mon sens pour qu'on puisse donner la superiorité à l'un ou à l'autre, et la tendance a longtemps été plutôt de rabaisser les premiers par la supposition d'une absence de langage - démentie par ailleurs... Enfin Alexander, je crois que tu as mal compris les propos d'Alixtide - arrête-moi si je me trompe...

Elle avait posé son regard sur le français pour appuyer ses derniers mots, mais revenait déjà au "pseudo-philosophe".

- Ce qu'il disait justement, à mon sens, c'est que nous avons l'avantage de ne pas avoir d'ennemis au sein de la communauté mutante. Je ne suis pas d'accord, mais son point de vue, me semble-t-il, est que parmi ceux qui ont des pouvoirs, il n'y ait pas d'êtres irresponsables et que c'est grâce à ça qu'on pourra s'instaurer des règles et inciter les non-mutants à entreprendre des pourparlers avec nous. Je ne pense pas que nous soyons tous responsables, malheureusement, et je suis sûre qu'à travers le monde, il y a bien des nôtres qui ne souhaitent pas l'intégration et ne cherchent qu'à asseoir une domination mutante sur la population humaine.

Son regard se posa sur Iacobo à ces mots, écho d'une conversation entamée par un sociologue dont elle avait refusé de remplir le questionnaire.

- L'institut a des ennemis, et je ne crois pas qu'ils soient uniquement non-mutants. Il y a d'ores et déjà d'autres groupes à la recherche des vestiges du passé, et rien n'indique que ce soit dans un but pacifique, et il y aura toujours des gens pour faire n'importe quoi. "Les règles, c'est fait pour être contourné", vous n'allez pas me dire que vous n'avez jamais entendu ça ? Evidemment, je suis d'accord sur le fait qu'il faudra en instaurer, mais on ne pourra jamais les voir appliquées à l'unanimité, ça, en effet, c'est utopique. Enfin l'absence de puissant télépathe, je ne serai pas si catégorique à ta place Alexander. Et si Anna l'était ? Ou Kitty ? Ou Ernest, qui a quitté les lieux ? Que sais-tu de l'ampleur de leurs pouvoirs ? Que savons-nous de ceux qui sont à l'extérieur ? Il peut tout à fait exister un mutant du niveau du professeur Xavier dont nous ignorons l'existence, et...

Elle hésita à parler du casque qu'ils avaient eux-mêmes laissé échapper, et l'échec de la mission X-Rays, qui avait aussi vu la disparition du professeur Zachary se produire, la crispa un instant, comme à chaque fois qu'elle y repensait.

- ...Et si cette personne existe, et on ne peut pas exclure cette possibilité, il est tout à fait possible que les événements d'il y a cent ans se reproduisent. Reste à savoir si nous arriverons à faire en sorte qu'une organisation telle que la commission Eden n'ait pas autant d'influence et d'adeptes qu'à l'époque...

Elle n'avait pas de réponse, et comme elle l'avait dit dès le départ, elle n'était absolument pas certaine que leurs efforts ne soient pas vain. Mais s'il existait la moindre chance, il ne fallait pas la laisser passer. Mais ça, c'était peut-être un peu trop lié à son caractère aussi...

[Bon je suis désolée pour les deux posts dus à la longueur, et si vraiment ça gêne, je peux essayer de résumer, mais ça va être galère...]

Bon y'a dans la classe qui ont la langue bien pendu, malheureusement pour Robin. Faut aimer s'entendre à ce niveau là! Et le pire c'est quand on dit pas grand chose au final... Rob était quelqu'un de très synthétique et il avait beaucoup de mal avec les redites et les arguments fallacieux...

En tout cas vu le tour que la discussion prenait il lui semblait plus avantageux de revenir à la question de départ. Cassandre avait, et beaucoup l'avait remarqué, fait un consensus des idées de la première question afin de ne pas se perdre en débats stériles, mais bien sur certains accordait beaucoup d'importance à leurs idées et donc y revenait... Tout d'abord il allait falloir tempérer ses propos, son attaque frontale d'Alixtide n'était pas un bon moyen de faire passer son argumentation.

Qu'avait manqué la première génération? Un nom lui vint à l'esprit : Howard S. Becker. c'était le bon moment argument à son avis. Et puis il convenait plutot bien à la situation non? Situation qui touchait de trop près le noir américain et qui donc devait sortir de son point de vue et utilisé une thèse objective à son sens.

"Je pense qu'une fois que les choses sont arrivées ont ne peux qu'apprendre, pas besoin de penser à ce qu'on aurait du faire, il faut avant tout voir ce qui peut être fait maintenant. Pour moi l'erreur de nos prédecesseurs fut la marginalisation. Et c'est d'ailleurs encore notre cas. Pour nous proteger du monde exterieur nous nous sommes coupés du monde ici. Comment voulez vous qu'on nous accepte. Nous nous définissons comme des déviants, sans y mettre de connotation, alors forcément c'est plus dur de se faire accepter non?"

Bon on respire on se calme. Rob il faut etayer un peu cette thèse avant qu'on te tombe dessus sans raisons... Bon faudrait pas tomber dans le n'importe quoi non plus.

"Un déviant est une personne en marge des normes d'un groupe. Ce qui est déviant pour certains ne l'est pas pour d'autres. Et ce mot n'a pas je le repète de connotaions négative.
Donc on se défini comme des marginaux et on veut que le monde nous accepte? Et je pense que l'on peut faire autrement que mettre des lois d'utilisation de pouvoir ce qui ressemble trop à une restriction de nos liberté. Je ne veux pas réduire nos liberté à aucun prix. Mes ancêtres ne l'ont pas fait, je ne cracherais pas sur leurs efforts...

Je pense que nous devons agir dans le monde. Pourquoi pas aider les gens, Si nous montrons un exemple de notre bonne volonté alors tout ne sera comme avant. Conduisont nous comme des superhéros et nous courrons à la catastrophe c'est sur. il est plus simple de hair ce que l'on ne connait pas je suis d'accord. il faut donc que l'on nous connaissent. Faisons du bénévolat, aidons les gens simplement et forcément ça paieras un peu... "

Il esperait ne pas avoir trop dévié de la question et avoir été assez claire, il détesterais voir ses idées mal compris et donc mal repris...

Iacobo écouta les consignes de Cassandre avec un air faussement absent.
Il bascula sa chaise en arrière , écoutant d'une oreille chacun des élevés à qui il décernait pour la plupart des regards froids et méprisants . Le serbe transpirait la suffisance et le faisait savoir. Il ne put retenir plusieurs ricanements lorsque certains exposèrent leurs visions ( si l'on pouvait vraiment appeler cela une vision ).

Lorsque ce fut son tour , il rebascula en avant , dégagea sa capuche , laissant ainsi voir sa tignasse brune mal coiffée. Il était bouillonnant : son manque intérêt pour le cours n'était que simulation , il avait synthétisé chacun des discours pour mieux les contrer .

Il se frotta vivement les mains : aucun d'eux n'avait à proprement dit sa vision du monde , de l'avenir mutant . Il était certain de détenir la solution , l'unique. Il n'était qu'un élève d'un institut étrange et mal connu , ce qui ne fit qu'amplifier sa frustration : il ne pouvait donc pas imposer pour le moment ce qu'il voyait , la violence qui s'exerçait actuellement en lui était vaine mais ses convictions étaient inébranlables. Il prendrait le temps s'il le fallait mais il se promit en cet instant de ne laisser tomber la vie qu'une fois qu'il aurait imposé ses idées à tous ces moutons serviles qui parsemaient le monde.

Il se calma avant de prendre la parole : un discours dictatorial n'aurait pour conséquence qu'une exclusion du cours , il fallait accepter pour l'instant ce respect forcé qu'il détestait tant.

"Je n'ai pas compris tous vos discours , certains me paraissent totalement confus et d'autres puissamment prétentieux pour des petits nouveaux aux tendances incultes ( lourd regard vers Alexander qu'il avait choisi comme nouveau brutus-Roscart , quoique Rob' gardait une place sur son podium mental).Moui... la thèse de Wind est construite mais je suis absolument contre.

On oublie d'abord plusieurs choses :

La comparaison entre les juifs et la Shoah et les mutants est inexact , il n'existait aucune différences entre les juifs et les autres hommes , toutes les expériences pseudo scientifiques qui cherchaient à le prouver tout comme pour la distinction avec les noirs se sont avérées fausses . Je ne suis pas un homme , je suis un mutant ! Ça n'est pas comme voudrait le dire Wind une différence comme la couleur de vos yeux , non . Nous disposons de pouvoirs , parfois incroyablement puissants. Ils influent sur le monde , ils sont capables de bouleverser tout ordre mis en place jusqu'à ce jour , UN mutant a plus d'influence que n'importe quelle organisation actuelle dans la mesure ou il a développé ses pouvoirs. Vous rendez vous bien compte du pouvoir d'un télépathe ? Lire les pensées , c'est la communication humaine , toutes les théories sur le langage , le secret qui sont remis en cause . Un pyromane peut causer des dommages effroyables , il peut neutraliser des armées , certains peuvent même voler ! Vous rendez vous bien compte ? Le mutant est scientifiquement supérieur à l'homme , c'est indéniable ! Le racisme , l'antisémitisme peuvent être surpassés par la Raison , mais la supériorité du mutant est LA raison !

Quel fut le problème de la première génération : d'abord ils étaient les fondateurs , donc les premiers : cette position implique de nombreux désavantages : la surprise , donc une haine féroce de l'homme ; la désorganisation , ils mirent sans doute beaucoup de temps à se regrouper et se comprendre et un grave manque de recul théorique !

Je m'explique : comme beaucoup ici , ils ont cru encore plus fortement dans l'utopie d'un monde ou les mutants et les hommes s'entendraient à merveille , bêtise ! Vous faites une comparaison entre des hommes qui n'ont pas de différences , juifs , noirs , musulmans ... non ! Y a-t-il aujourd'hui une égalité entre les animaux et leur évolution que sont les hommes ? Vit-on en harmonie avec eux ? Non , les hommes dominent les animaux , les mettent en cage.

La vision marxiste opposait les bourgeois aux prolétaires , mais ils étaient des hommes. Cette vision qui n'aboutissait pas trouve enfin une véritable application entre les mutants et les hommes : nous sommes deux races antagonistes et elle ne peut mener qu'à la lutte. Les hommes nous mépriseront toujours car notre différence n'est pas résolvable. Ou vous cachez vos pouvoirs et vivez comme les hommes , ou vous les assumez en tant que mutant , et vous acceptez cette opposition éternelle. Vous pouvez aider autant de monde que vous le voudrez , vous serez jalousés et méprisés , considérés comme dangereux , et c'est le cas ! Qu'en est-il des gouvernements et des sociétés d'hommes avec des mutants aussi influençables se déplaçant en liberté au sein de leur territoire.

La lutte a deux finalités possibles : ou nous perdons , et dans ce cas nous serons ou supprimés ou asservis : nos pouvoirs seront contrôlés , mis au service obligatoire de l'homme , notre nature sera refoulée. Ou alors , c'est la dictature du mutant , nous renversons les hommes et les mutants s'organisent en une grande société internationale qui régit le monde. Les mutants n'ont pas plus de compétence pour gouverner que les simples hommes mais nous avons des pouvoirs qui nous octroient une influence et une force ! Laissons alors en place les gouvernements humains , mais avec une force qui serait au-dessus d'elle et qui aurait le dernier mot , nous mutants !

Contrairement à la première génération , nous connaissons nos ennemis , nous avons des résultats sur lesquels nous baser. Nous sommes mieux organisés , nous sommes repérés très jeunes , cela laisse beaucoup de temps pour se développer, surtout lorsque nous sommes encadrés par l'ancienne génération.

Nous avons tous les outils entre nos mains pour parvenir à la victoire , il nous faut juste du temps pour nous développer et nous étendre et une volonté , unanime d'y arriver.

Sinon quoi ? Très bien , répétons les erreurs des anciens , tentons à nouveau et vainement de concilier les hommes et les mutants. Rob , va sauver la veuve et l'orphelin , le père de famille te détestera encore plus car tu lui es supérieur. Quelle est cette obsession de vouloir à tout prix vivre ensemble ? Pourquoi ne pas accepter la différence et se démarquer ! Nous stagnons dans l'utopie , c'est irritant"

Iacobo haletait à présent , il avait ce regard fou du prophète et une soif de pouvoir nouvellement découverte , la flamme de la révolution naissait doucement dans son regard , comme envahi par une entité qui le dépassait , un futur gigantesque qui s'abattait sur lui et qui le poussait à chercher des solutions pour survivre. Son envie de vivre , pensait-il , ne tenait qu'à ce fil. Il regarda à nouveau Wind , il avait mis sa pensée à nue, qui lui apparaitrait probablement comme violente , radicale , voire dictatoriale. Il ne redoutait rien ni personne , si ce n'est peut être les yeux puissants et déchirants de l'ange incarné dans l'anglaise , cette sensation permanente d'être en faute et de perdre tout contrôle face à elle.

Etrange.

[Hrp : il est généralement admis que le droit de parole est illimité sur le forum, mais dans des proportions raisonnables ! Lisez vos paragraphes à voix haute, ils dépassent les 5 minutes. Je vais être obligée de faire moi-même un post discours pour vous répondre, sachant que je ne pourrais pas répondre en détail sur chaque point. Bonjour la perte d'informations. On ne vous a pas demandé un cours magistral il me semble. Nous sommes nombreux, n'oubliez pas ce paramètre et essayez d'être plus synthétiques, vous auriez tort de croire qu'un pavé vous vaudra plus de points qu'une argumentation concise qui se tient.]

Les élèves semblaient on ne peut plus inspirés par les questions posées par Cassandre, bien que leurs réponses soient noyées sous un flot de raisonnements superflus ou hors de propos.

"Si vous le voulez bien, laissons les hommes préhistoriques où ils sont. Nous avons déjà parlé d'eux à d'autres reprises et de plus, il n'est pas forcément judicieux de chercher à appliquer un modèle pré-existant à une situation que l'on tente d'éclaircir." répondit Cassandre avec douceur, laissant les élèves comprendre que sa remarque s'appliquait par extension à d'autres exemples qu'ils avaient cités pour étayer leurs arguments.
Elle tourna lentement la tête vers Alexander, dont les paroles pleines d'assurance étaient paradoxalement plus qu'embrouillées.

"La question n'est pas de savoir si tu es d'accord avec mon raisonnement : ce n'était pas un raisonnement, seulement la conclusion de votre utilisation des mots. Le fait que tu ne te retrouves pas dans l'éthymologie du mot que tu as choisi ne prouve qu'une chose : tu utilises des mots sans en connaître le sens. C'était un aspect que je tenais à vous faire comprendre par ce petit brainstorming, c'est pourquoi nous pouvons remercier Alexander : les mots ne sont pas ce qu'on en fait, ce sont eux qui nous définissent. C'est une leçon à retenir pour la simple raison que les mots sont les premières armes conventionnelles utilisées contre nous."

Cette explication simple se suffisait d'elle-même.

"En outre, ne soyez pas si prompts à énoncer des vérités absolues et unilatérales. Il s'agit d'une discussion ouverte, les idées ne sont pas figées. De même, les futurs possibles sont sans cesse en mouvement. Qui sait ce que nous réserve l'avenir ?" dit-elle, sans se départir de sa sérénité.

"Wind est dans le vrai : des ennemis nous en avons, mutants, non mutants. Le fait que nous n'en n'ayons pas forcément conscience ne signifie pas qu'ils n'existent pas et tant que leurs intentions demeurent cachées, il est d'ailleurs impossible de leur attribuer le titre d'ennemi. Ennemi à quoi ? La "cause mutante" ? Aux mutants eux-mêmes ? A l'humanité ? Les choses n'ont pas besoin d'être vues pour exister. De même, que savons-nous du potentiel des autres mutants ? Il est déjà difficile de cerner son propre potentiel, vous ne seriez pas à l'institut dans le cas contraire. Le raisonnement d'Alexander à ce propos était contradictoire, mais un point m'intéresse toutefois. En quoi la présence d'un télépathe aussi puissant que Charles Xavier est-elle à prendre en compte ? Considères-tu la télépathie comme le pouvoir suprême ? Vous vivez, mangez, dormez près de mutants au potentiel énorme, ici-même à l'institut. Malgré cette densité de mutants au mètre carré, nous n'avons pas besoin de règles spécifiques pour vivre en harmonie." poursuivit-elle avec sobriété.

Elle remit une mèche derrière son oreille avant de reprendre.

"Comme je l'ai demandé, essayez de vous distancier des modèles pré-établis. Iacobo, ton argumentation repose principalement sur le fait que la domination des uns à toujours lésé les autres, mais là encore, c'est un calque. Pourtant tu as l'habitude de t'écarter des sentiers battus, pourquoi vouloir suivre un modèle défini par d'autres ? A l'inverse, Rob, nous ne devrions pas avoir à risquer nos vies pour nous faire accepter. Les non mutants le doivent-ils ?"

Elle laissa à nouveau la parole aux élèves, non sans relever mentalement un détail : Iacobo commençait à parler à la première personne du pluriel.

A peine avait-elle terminé de parler que Kieran prenait la parole à son tour, démontant un à un ses arguments. C’était le jeu, elle le savait, pourtant, elle n’aimait pas la façon dont il avait détourné ses paroles. Jamais elle n’avait dit qu’ils n’étaient pas, non mutants et mutants, faits pour vivre ensemble. Elle regarda le garçon qui avait parlé presque méchamment. Qu’est-ce qui lui prenait ? Il avait été agressé par les humains pour parler comme ça ? L’adolescente détourna le regard, lâchant un simple :

« Je ne veux pas que les uns ou les autres disparaissent. On doit juste apprendre à vivre ensemble… »

Elle se tut et croisa les bras sous sa poitrine, en écoutant les autres participations. Kalalli fut le suivant à prendre la parole. River l’écouta en hochant la tête. Apprendre des erreurs passées pour ne pas recommencer. Elle était assez d’accord avec lui. C’était, d’une certaine façon d’ailleurs, ce qu’elle avait essayé de dire. Alexander fut le suivant à prendre la parole dans un discours qu’elle n’était pas certaine de comprendre et qui, il fallait l’avouer, la noyait quelque peu dans la masse. Ce qu’elle en ressortit, c’était qu’elle savait, bien avant son discours que la vie n’était pas éternelle. Du reste de son discours, elle n’avait pas compris grand-chose. Sa sœur prit ensuite, à son tour la parole. Elle parla longuement, sagement, comme à son habitude. River en était, presque, jalouse. Wind avait toujours su se faire respecter par sa sagesse, son calme et ses paroles toujours pertinentes. L’adolescente ne dit mot, mais elle n’en pensait pas moins. Elle aurait, rien qu’une fois, voulu être à la place de sa sœur. Mais ce n’était pas le cas.

Elle se reconcentra sur le cours et écouta Robin qui prenait à son tour la parole. Elle aimait bien, sa vision des choses. Claire et concise, porteuse d’espoir. En même temps, le jeune homme savait de quoi il parlait. Originaire d’une minorité ethnique, si l’on pouvait dire les choses comme ça. Ce fut ensuite au tour de Iacobo de prendre la parole. Elle était, presque, révoltée par les paroles du mutant. Alors quoi ? Il incitait à exterminer les non mutants ? Et pourquoi pas, tant qu’il y était, les transformer de force en mutants, hein ? Elle secoua la tête. Ses paroles à elle n’avaient eu beaucoup de poids, à se demander même, si quelqu’un l’avait écoutée.

Enfin… Si… Cassandre recentra le tout, décrétant ce qu’elle avait dit hors de propos car hors contexte. Alors quoi ? Ils ne pouvaient plus prendre d’exemples, maintenant ? La jeune anglaise baissa un instant la tête, se demandant pourquoi elle avait assisté à ce cours. Elle écouta, néanmoins, ce que disait Cassandre. Elle commença par synthétiser les discours les plus importants, confortant River dans son idée que ses paroles n’avaient pas eu réellement d’intérêt. Elle avait, pourtant, cru qu’elle était restée dans le thème. Elle s’était apparemment, trompée lourdement. La suite des propos de Cassandre la laissa cependant dans le flou. Que demandait-elle exactement, en fait ? C’était assez peu clair. Finalement, après avoir vainement attendu que quelqu’un d’autre prenne la parole, Artemis se décida à tenter une raponse, dusse-t-elle être dans le faux, mais, au moins, ça serait toujours ça.

« Je pense qu’il faudrait que chacun apprenne à respecter les différences de l’autre. Avant d’être mutants, nous sommes des êtres humains, ne t’en déplaise, Iacobo » fit-elle en regardant le serbe avant de poursuivre :

« Jusqu’à ce que nos pouvoirs se déclenchent, au cours de notre adolescence, nous avons été des personnes normales, ayant une vie comme tous les non mutants. Ce qui nous distingue d’eux, c’est ce petit truc en plus qui fait que nous avons des capacités extraordinaires.

Je crois que les non mutants doivent, d’une certaine façon, pour certains, éprouver une certaine forme de jalousie à notre encontre. Qui d’entre nous n’a jamais rêvé, enfant, d’avoir des pouvoirs ? Pour nous, tous ceux qui sont à l’Institut, ce rêve est devenu réalité. C’est parfois devenu un cauchemar pour certains, mais il n’en est pas moins que c’est réel. »

La jeune fille marqua un petit temps de silence, fixant un point par delà Cassandre, refusant de regarder les autres.

« Les non mutants n’ont jamais vu ce rêve devenir vrai. Ils doivent, peut-être, se demander pourquoi nous et pas eux. Je crois qu’ils aimeraient être à notre place et que c’est pour ça qu’ils nous rejettent. Ceux qui font des envieux sont toujours rejetés. On cherche la moindre de leurs erreurs. En fait… »

Elle s’interrompit de nouveau, cherchant ses mots puis reprit :

« L’inconnu fait peur. L’inconnu a toujours fait peur. Si nous représentons ce qu’ils auraient voulu être, il n’en reste pas moins que nous sommes différents d’eux et qu’ils ont peur de ce qu’on peut faire.

Je ne pense pas qu’il faille chercher à dominer. Simplement à ce que les non mutants puissent nous comprendre, qu’ils comprennent qu’on est pas si différents d’eux que ce qu’ils croient. »

Elle haussa les épaules. River ne savait pas du tout si elle était ou non restée dans le sujet. Elle l’espérait. Elle espérait, surtout, que ses propos ne seraient pas forcément démontés, même si, avec Kieran Iacobo et Alixtilde, ça s’annonçait dur. Mais peut-être cette fois aurait-elle un peu de soutien.

[j'ai essayé de pas faire trop long en temps de parole... j'espère que ça ira]

Alixtide écouta ses camarades sans sourciller, imprégné qu’il était de son rôle de gothique romantique philosophe et hautaine. Ce mimétisme lui permit de rester stoïque devant les propos charismatiques de Iacobo. En temps normal, Captain Porko aurait sans doute applaudi en témoignant son admiration pour une position aussi audacieuse. Le Serbe était en effet le seul à comprendre qu’être mutant n’était pas comparable à être Noir ou Bleu.

*Ah qui donc avait raison dès le début ?*

Demanda-t-il en pensée à Juliette, qui avait fielleusement contredit cette évidence lors du premier cours de philo. Impérial et gothique, Alixtide passa négligemment sa main salie dans ses cheveux blonds maculés.

Wind semblait avoir tout démontré dans son discours, notamment l’incohérence de celui d’Alexandre. Alixtide dut s’avouer qu’il n’avait pas remarqué que ce dernier avait complètement déformé ses propos, et il remercia Wind en pensée de l’avoir fait. Enfin la prof tenta de recentrer le débat ce qui concentra toute l’attention de notre mutant. Alixtide opina aux paroles de la prof. Il soupira lorsque River se mit à ressasser les mêmes niaiseries utopiques. Bref, il allait devoir agir pour faire le tri entre le faux grain et le vrai.

Il soupira tristement à la manière de Juliette, tout en fixant le ciel d’un air mélancolique.

« River tout cela est bien mignon, mais tu n’as pas dû bien réfléchir. Voilà ce qui arrive. Nous avons montré que les ennemis, à l’extérieur, sont régions. Cachés ou découverts, déjà ennemis ou pas encore, c’est ce qu’a dit Madame Cassandre. Perpendiculairement, l’Institut ici est un mauvais exemple, pourquoi ? Et là Madame je suis pas d’accord du tout avec vous. »

Il avait tourné son visage angélique et crasseux sur la psychologue et la défia.

« Il n’y a pas de règles ici ? Détranglez-vous. Si vous n’étiez pas là, avec des mutants puissants et forts comme Carlie Marin, ce serait bien moins le calme ici. Même sûrement, certains auraient déjà fait leur loi, comme Iacobo et Aillevie, qui n’ont jamais caché qu’ils voulaient dominer les autres. »

Il lança une œillade entendue à cette naïve de River. Puis d’un ton plus incisif.

« J’étais là quand Aillevie a dit qu’elle me tuait quand elle veut, et j’étais là quand Rob vient de dire que je serai aussi bien chez moi. Il est certain que si vous n’étiez pas là, Madame, voilà longtemps que certains d’entre nous seraient mis dehors. Plus ou moins les pieds devant sûrement. »

Il soupira en levant les yeux au ciel, priant pour qu’enfin le voile illusoire de la candide Tolérance quitte les yeux de ses camarades. Puis il conclut par ces mots assurés, appuyés de gestes précis de la main.

« Alors voilà ce qui découle de ça : les mutants ne sont pas égaux entre eux et les humains peuvent être plus forts qu’un mutant qui n’a qu’un gros handicape. Si les mutants asserbissent les humains, ce sera toujours pour les plus forts et dangereux mutants que tout le pouvoir en sera. Les autres on ne sait pas. Pour vivre en parcimonie, il faut donc des règles strictes. C’est le seul moyen de se protéger des Serbes. Donc je pense toujours que pour que l’histoire se reflète pas, on doit concentrer les forces sur la réglementation, la représentation létale, c’est-à-dire donc dans la loi. Quand on aura un poids de mutants dans les décideurs humains, dans les gouvernements, on pourra faire les choses sagement. C'est la priorité à faire. »

Il s’adossa à son siège et guetta en particulier la réaction de la reine du miel, Wind, et du petit dictateur intrépide Iacobo, tout en retirant délicatement un cheveu qui s'était perdu sur sa manche de chemise.

Lourde tache pour la professeur psychologue : repondre aux eleves un a un , des discours les plus pertinents aux plus inutiles. River persistait dans l'utopico-naif force aux fleurs tandis qu'Alixtide lachait quelques provocations a l'encontre de son pays.

"River , ton argumentation ne tient une fois encore pas la route , nous ne sommes pas devenus mutants , nous l'etions des notre naissance , nous l'avons decouvert plus tard mais les genes etaient deja la , pas les humains".

Il fallait a present repondre a la nouvelle question de Cassandre : pourquoi vouloir suivre un modèle défini par d'autres ?

La reflexion realisee par la psychologue le decevait : meme si la question avait ete formulee de facon volontairement provocatrice , la grecque l'avait finalement range dans une categorie , comme tous les autres. Son caractere etait donc defini , ses comportements aussi : il etait donc a ses yeux le petit rebelle de la famille qui ne voulait pas marcher dans les traces de papa , affuble d'un t-shirt d'un quelconque groupe de metal obscur et les cheveux gras. Il lui fit comprendre du regard.

"Tout a fait , le modele de la classe lesee a ete utilise maintefois. Mais lorsqu'on y reflechit , il n'existe pas tant de modeles de societe que cela , ou alors il faut verser dans le fantaisiste , donc dans l'inutile.

Et la ou le concept est totalement novateur , c'est que cette analyse marxiste est revue a la sauce mutante : elle ne prenait en compte a l'epoque que de simples humains , mais tout est bouleverse par le gene X!
Bourgeois , proletaire ... ces classes socioprofessionnelles sont tellement proches , les unes peuvent acceder aux autres , l'antagonisme etait vague mais maintenait.... humains et mutants , c'est une difference de genes , c'est a priori inchangeable , la barriere est reelle , permanente et impermeable. En conclusion , la lutte est inevitable"

Petite rotation de la tete en direction de Captain Porko :

"Il faudra aussi lutter contre les francais...et nous pourrons faire quelques exceptions parmi les mutants, et s'en debarasser aussi. Je ne sais pas, toi par exemple?"


[J'ai fait plus court , j'espere que c'est correct]

Wind hocha la tête suite aux différents discours. Se couper des humains n'aidait pas à l'intégration, c'était certain, mais la blonde voulait croire que les liens qu'elle gardait avec sa famille, que River avait maintenu avec le centre équestre, que d'autres parmi eux continuaient à avoir avec l'extérieur constituait une petite étape, si minime soit-elle, vers celle-ci. Elle n'avait pas pensé à une restriction de liberté telle que l'avait énoncée Alexander pour sa part, mais à des règles plus larges, plutôt axées sur du bon sens et des valeurs morales qu'elle était pourtant certaine de ne pas voir partagées par tous ici présents. Ne pas user de son pouvoir pour opprimer ceux qui n'en ont pas, par exemple... Ca allait de soi pour elle, mais penser ainsi lui fit porter son regard sur le serbe dont elle était certaine d'entendre prochainement tout le contraire. Le NGX, de son côté, renchérissait sur une aide simple, modeste, une bonne volonté des mutants vis-à-vis des humains pour aider à l'intégration, et elle lui sourit. Ca ne changerait pas le monde, mais sans le savoir, il allait dans le sens de ce à quoi elle voulait s'efforcer. De toute façon, si elle apportait son aide, dans quelque domaine que ce soit, c'était toujours bénévole, et elle n'avait jamais vraiment attendu à ce qu'on lui jette des fleurs par la suite. Mais c'était un peu plus compliqué que ça concernant l'anglaise qui avait en quelque sorte "besoin" de se sentir utile pour avoir l'impression d'exister.

Finalement, Iacobo répondit à son tour. Wind nota qu'il avait judicieusement attendu que tous aient pris la parole avant d'élever la voix, ce qui le plaçait manifestement en position de force, et d'ailleurs tout dans sa posture, sa façon d'être et d'exposer les faits, montrait qu'il en avait parfaitement conscience. Confusion, prétention des discours, petites attaques personnelles, oeillades lourdes de sens... Du Bones dans toute sa splendeur. Tiens ? Elle était moins mal lotie que les autres apparemment, même si, ô surprise, il s'opposait complètement à elle.

"Je ne suis pas un homme, je suis un mutant". Elle ferma les yeux sur ces mots qu'elle avait bien du mal à supporter. Un instant, elle songea à le faire taire et visualisa la scène, mais elle rouvrit les yeux au moment même où l'idée lui traversa l'esprit. La dernière fois qu'elle avait eu ce type de 'flash', elle dînait en compagnie d'un des chanteurs à la voix de basse, guest-star en quelque sorte, de la chorale, et ça ne s'était pas vraiment terminé de manière avouable. Elle ne savait même plus ce qu'il disait à ce moment-là d'ailleurs, juste qu'elle voulait qu'il se taise, ce qu'elle avait murmuré avant de poser ses lèvres sur les siennes. Il était reparti le lendemain, et c'était aussi bien ainsi d'ailleurs. Profonde inspiration, profonde expiration à suivre, on décroise les doigts noués devant le visage et on croise bien sagement les bras devant soi. Tu délires ma grande...

Qu'est-ce qu'il disait encore ? "Vous rendez vous bien compte ? Le mutant est scientifiquement supérieur à l'homme , c'est indéniable ! Le racisme , l'antisémitisme peuvent être surpassés par la Raison , mais la supériorité du mutant est LA raison !" Nouveau soupir. D'accord, il y avait quelque chose en eux qui faisait qu'ils avaient des pouvoirs, mais génétiquement parlant - bien qu'elle n'y connaisse pas grand chose, à vrai dire - est-ce qu'ils n'étaient pas semblables à ceux qui n'avaient pas ces capacités particulières ? Si un gène avait muté, ça pouvait constituer une évolution de l'humanité, comme le soulignait River, d'accord, mais puisque le reste était identique, puisqu'ils étaient liés aux non-mutants ne serait-ce que par leur naissance, leur culture, était-ce concevable de créer une telle hiérarchie entre les deux groupes ? Pas pour la londonienne. Il lui était d'autant plus insupportable de l'entendre comparer la supériorité des mutants sur les humains à celle des humains sur les animaux.

*Oui enfin jusqu'à preuve du contraire, les humains et les animaux ne peuvent pas se reproduire entre eux. Prouve-moi qu'un humain et une mutante ne peuvent pas donner naissance à un être viable et on en reparlera...*

Elle avait gardé le silence, cependant, parce qu'inversement parlant, elle n'avait aucune preuve du contraire. Pour l'heure, on n'avait pas parlé d'un tel enfant... Elle décrocha un peu sur le côté plus... politique de son discours. Là par contre, ça n'était plus, mais alors plus du tout son domaine. La lutte des classes sur laquelle il se basait pour parvenir à une lutte mutant-humain lui semblait un peu trop radicale. Pourquoi fallait-il que ce soit blanc ou noir ? Elle secoua légèrement la tête, et garda encore ses prunelles rivées sur lui, orateur fou du jour. Se rendait-il seulement compte de sa respiration saccadée, de son regard fiévreux ? Leurs regards restèrent croisés un moment. Que cherchait-il à lire dans le sien ? Certainement pas son adhésion, à l'évidence, tous deux savaient pertinemment que le sujet ne trouverait jamais de point d'entente entre eux. *A moins d'un lavage de cerveau je crois...*

Cassandre commenta finalement leurs réponses, et Wind hocha sobrement la tête. Elle faisait clairement partie de ceux qui avaient tergiversé, elle en était consciente, mais n’avait jamais su vraiment faire autrement. Elle avait toujours été un peu trop prolixe sur les sujets qui la touchaient, ou au contraire particulièrement avare de propos, silencieuse sur ceux auxquels elle n’entendait rien. "Nous ne devrions pas avoir à risquer nos vies pour nous faire accepter. Les non mutants le doivent-ils ?" demandait la psychologue. Un léger sourire flotta sur les lèvres de l’anglaise. Certains avaient bien dû en arriver là, par le passé. Et de par le monde, n’était-ce pas encore le cas ? Bon, elle n’en était pas certaine, la politique mondiale la dépassait un peu, même si elle tentait de se tenir globalement au courant, mais l’Histoire prouvait tout simplement le contraire. Ils l’avaient déjà évoquée, d’une certaine manière, aussi garda-t-elle encore le silence.

De toute façon, sa cadette prenait la parole, et elle écouta encore, tour à tour, River, Alixtide et Iacobo. Chacun répondait à une partie des commentaires de Cassandre, et elle laissa planer un instant le silence avant de reprendre la parole à son tour. Elle ne revint pas sur la différence d’espèce à laquelle s’accrochait le serbe, n’ayant pas de moyen de prouver ses propres pensées, mais n’en pensait pas moins, certaines que là, il était dans le faux.

- Des règles, c’est utile dans toute communauté, mais je crois que ça découle tout simplement du bon sens, ou de valeurs morales. Je ne suis pas sûre que ce soit bien différent des règles qu’on les humains. Le port d’arme est autorisé ici, mais blesser ou tuer quelqu’un est puni par la loi. Quelle différence avec ‘nos armes’ ? Alors certes, tout le monde n’est pas forcément d’accord avec ce qu’impose la loi, n’empêche qu’elle s’applique à tous. Quant à risquer sa vie pour se faire accepter, l’Histoire regorge d’exemples où les non-mutants l’ont dû, non ? C’est assez malheureux, et j’aimerais bien qu’on n’en arrive pas là, mais n’est-ce pas déjà le cas ?

Les tombes à l’extérieur du bâtiment étaient gravés dans son esprit comme elle prononçait ces mots. Certaines de leurs missions aussi.