Perdu en Angleterre

Cala nota tous les aspects du plan sur un calepin rose à coeur, avec un de ces stylos rempli de paillettes avec un bout touffu. Elle commenta alors.

"Nous savons toutes changer d'apparence pour qu'on ne nous reconnaisse pas dans la rue... Mais personne ne sait se téléporter. Et pour partir, c'est toutes ensembles ou personne !!"

Mariola continua.

"Tu nous aides vraiment beaucoup tu sais... Nous ne savions vraiment pas comment faire pour aller jusque l'aéroport sans être reconnues..."

-Sérieux? Parce que j'ai pas l'impression d'avoir réellement fait quelque chose...

Jay se remit à réfléchir.

*Y aller, c'est bon, pour les billets?*

-Qui paie les billets, il faut qu'on puisse le prendre l'avion. Et moi, j'ai pas d'argent pour payer des billets d'avion, même pas pour moi.

Il regarda autour de lui, puis Carla, qui avait l'air de tout prendre très sérieusement. En tout cas, plus que Mariola.

*Ça avance, tout doucement, mais ça avance...*

Les filles avaient commencé à s'attrouper autour de Jay qui semblait plus censé qu'elles toutes réunies. Même la musique disco semblait moins forte aux oreilles du mutant.

Quand il demanda pour les billets, il y eut un murmure d'effroi parmi les filles.

"Mais... on a pas d'argent nous.

- Arrête... Avec ce que tu uses comme rouge à lèvres, on pourrait se payer trois fois l'aller-retour...

- Mais c'est vital le rouge à lèvres !

- On a plus notre cagnotte ?

- Non... On l'a utilisée pour acheter l'intégrale de Diana Ross aux enchères, et pour acheter la platine qui va avec."

Ce n'était manifestement pas gagné d'avance, vu le brouhaha. Toutes les filles y allaient de ce qu'elles avaient acheté, plutôt que de parler de ce qu'elles avaient de coté.

-STOP

Jay s'était levé pour ce faire écouter. Il n'en pouvait plus de tout ces piaillement.

-Vous voulez y aller oui ou non? Bon, alors soit vous trouvez de l'argent, soit vous vendez ce que vous voulez, soit on y vas pas, c'est simple, non?

Les filles semblaient s'être arrêter, enfin.

-Alors, que comptez-vous faire? Sinon, moi, je peux partir et revenir l'année prochaine, d'ici là vous aurez peut-être l'argent...

Mariola leva les bras pour capter l'attention de tout le monde.

"Les filles, je crois que nous n'avons plus le choix maintenant... Il ne reste qu'une seule solution, mais je pense que la lutte contre les Scum Pits peut bien valoir ce sacrifice..."

Un murmure de terreur parcourut l'assemblée. Quel était donc ce sacrifice ? Carla n'osait y croire, Lula se mettait presque à sanglotter, mais une approbation muette jaillit du groupe de filles. Mariola se tourna alors vers Jay, l'air grave.

"Nous allons vendre notre vinyle collector de Thelma Houston. Ceci devrait couvrir tous nos frais."

Jay leva les yeux au ciel.

**où j'ai donc atterit, c'est pas possible**

Il regarda autour de lui. Il avait l'impression qu'on venait d'annoncer la fin du monde, et qu'il n'y avait plus rien à faire.

Il se rapprocha de Carla pour qu'il n'y ait que elle qui puisse l'entendre.

-C'est quoi cette histoire? Et c'est qui cette Thelma? Parce que un vinyle qui peut payer tous les frais, ça ne se voit pas tous les jours.

Pendant qu'elle lui répondait, il continua de regarder l'agitation des filles, pour essayer de savoir comment ça se passerait une fois à l'aéroport. Surtout pour arriver à les calmer Mariola avait l'air d'avoir une ascendance sur toutes les autres, il fallait qu'il s'en rappel, ça pouvait l'aider.

Carla fut offusquée par les questions de Jay. Déjà, elle fut surprise qu'il sache ce qu'est un vinyle, mais elle fut encore plus surprise que...

"Vous ne connaissez pas Thelma Houston ?! Mon dieu... pauvre enfant élevé dans l'ignorance... Soit. Thelma Houston était une des plus grande chanteuses disco du XXe siècle... Nous avons un de ses vinyles originaux. Ca n'a pas de prix sur le marché parallèle !!!"

Carla parlait de cette chanteuse comme une bigote parlait de la Sainte Vierge... avec ferveur.

"Nous avons besoin d'une personne de confiance pour faire la transaction. Est-ce que nous pourrons compter sur vous ?"

Ce n'était pas une simple question, mais une supplique.

-Euh...

Jay fut surpris, il ne s'attendait pas à ce qu'on lui demande de s'oocuper d'une vente, alors qu'il ne connaissait même pas la chanteuse.

-Si vous me dites chez qui le vendre, je peux toujours essayer...

Les filles autour de lui avaient de nouveau l'air de ne voir que lui. Il se leva, et s'approcha de ce qui lui semblait être une sortit.

-Si quelqu'un peut venir avec moi pour me dire où le vendre, je dois pouvoir m'en occuper, après tout, il parait que vous avez besoin d'un homme.

Il regarda Mariola en lui souriant.

-Allons-y.

Mariola prit Jay par le bras et l'entraîna à part.

"Nous avons un acheteur qui nous tanne depuis longtemps. Il ne sera que trop heureux de voir que nous allons finalement céder, mais nous lui ferons payer le prix fort."

Elle traîna Jay dans une autre pièce, et ouvrit avec une clé complexe une grosse cantine : leur coffre aux trésors.

Parmi tous ces trésors, une collection de vinyles, des perruques afro, des chaussures hors d'âge, divers posters...
Mariola fila tout droit dans la malle et en sortit une pochette de disque qu'elle regarda avec un sourire empreint de nostalgie.



"Elle est tellement jolie... Si j'étais lesbienne, je sortirais volontiers avec. Et elle a une voix..."

Elle soupira, s'empara d'un sac à main rose fluo avec une grosse fleur verte pomme vernie dessus, et y fourra le disque avant de mettre le sac dans la main de Jay.

"Suis-moi chéri. Je t'emmène."

Elle prit encore Jay par le braset l'emmena à l'extérieur, où il eut le plaisir de remarquer, d'une part, que la police semblait avoir abandonné les recherches, et d'autres part que se promener aux bras d'une drag queen lui accordait un anonymat certain tant Mariola attirait les regards.

Elle emmenait donc Jay par delà les recoin de la ville pour aller en direction de son éventuelle vendeur. Puis il se rendit compte que Mariola elle-même l'accompagnait.

-Je croyais que tu ne voulais pas sortir, que tu préférais ne pas être reconnu, ou je ne sais pas trop quoi. T'as pas peur de te faire arrêter.

**c'est trop bizarre, son plan**

Il ne savait même plus où il était à force de marcher, et dire qu'il croyait connaître la ville, il se trompait lourdement. Et puis, ce n'était pas désagrable de marcher avec elle en ville, bien qu'elle marchait un peu trop vite à son goût.

Mariola eut un petit sourire, et montra ses lunettes de soleil du doigt.

"On ne peut pas me reconnaître parce que j'ai mes lunettes de soleil, et parce que je suis accompagnée. C'est quand nous sommes en groupe qu'on nous reconnait."

Ils arrivèrent dans de beaux quartiers rénovés, devant un hôtel particulier. Mariola tira une clochette, puis elle dit rapidement à Jay pendant qu'un majordome descendait calmement l'allée.

"Il s'appelle Mario Frangoulies... Et je ne vendrai pas à moins de 120 000 $. Bonne chance !"

Jay attendit que le majodome ouvre la porte. Puis il lui expliqua pourquoi il était là.

-Je suis là pour vendre une pièce de collection, un vinyle de Thelma Houston. Et je pense que Mario Frangoulies pourrait être très intéressé. Donc j'aimerai le voir pour lui parler de cette vente.

Il fit mine d'attendre un petit peu, et il reprit la parole.

-Vous avez, cette pièce pourrait être vendu à beaucoup de monde, et nous n'avons, hélas, pas beaucoup de temps. Alors s'il était possible de le voir tout de suite, cela serait mieux, pour nos deux parties, vous comprenez?

**espérons que ça marche**

Il attendit que le majordome se décide à la laisser entrer.

Le majordome reconnut Mariola, et les laissa entrer tous les deux en disant.

"Ne le prenez pas sur ce ton... Ce n'est pas non plus un Picasso que vous essayez de nous fourguer sur le marché noir..."

Il les emmena dans un salon qui semblait exclusivement meublé et décoré de chamallows, ou d'une matière approchant. Alors qu'ils remontaient l'allée, Mariola glissa à Jay.

"Fais attention, il a des bonnes manières, mais c'est un escroc. Il ne manquera pas une occasion d'essayer de nous doubler. Moi il me fascine, mais ouvre bien l'oeil !!"

Le fameux Mario était installé dans un large fauteuil que sa proéminente bedaine emplissait entièrement. Certains aficionados aurait pu reconnaître en lui un sosie bien mauvais d'Elvis Priestley, même si ce nom avait été oublié dans la nuit des temps.

Il se leva pour faire un baise-main à Mariola, et ne jeta qu'un maigre regard à Jay avant de lorgner de façon avide sur le cabas rose à fleur que celui-ci tenait. Il tendit alors la main pour l'attraper tout en disant.

"Ah, enfin... Vous vous êtes décidées à me le vendre."

Jay le mit derrière son dos, en le tenant bien pour qu'il évite d'essayer de le prendre.

"Exacte, nous avons décidé de le vendre, mais je pense qu'il va d'abord falloir discuter du prix, avant de se mettre d'accord. N'est-ce pas?"

Jay le regarda, en attente d'un acquiescement, ou d'un quelconque signe montrant qu'il était prêt à discuter.

"Bon, comme vous le savez, ce disque, enfin ce vinyle, est rare, et donc chère..."

Il regarda vers Mariola puis Mario, comme s'il en était désolé.

"Vous comprenez, nous en séparer est très dur, mais avec un bon prix..."

Il regarda autour de lui, pour être sûr que personne n'était caché et prêt à leur sauté dessus.

"Bon, discutons tout de suite le prix, au lieu de tergiverser. Je vous le vends, enfin, je vous vends cette pièce pour 200000$. Est-ce que cela vous va?"

Il lui sourit pour lui montrer que c'était par pur gentillesse qu'il lui faisait cette offre.

Mario jeta un regard étonné à Mariola.

"Tu l'as sorti d'un mauvais film de Don Corleone ce bouffon Mariola ?"

Jay n'était manifestement pas trop crédible dans son jeu de dur à cuire. Mario claqua des doigts, deux gros bras vinrent encadrer Jay de chaque coté.

"Va falloir te dégonfler la tête mon ptit." dit le businessman à Jay avant de se tourner à nouveau vers Mariola.

"450 000 $, c'est ce que je t'avais proposé, ça tient toujours ?"

Mariola ne répondit pas, se mettant à tripoter ses longues mains gantées et décorées de lourdes bagues, en jetant un regard étrange et à moitié fou à Jay.

Jay garda toujours le vynile dans ses mains, et se prépara à libérer un champ de force autour de lui si jamais l'un des gardes commençait à s'approcher un peu trop près.
Et il continua à parler à Mario comme si de rien n'était.

-Bon, comme je vois que vous aviez dit 450000$, alors allons-s'y pour 450000. Si c'est réellement ce que vous voulez...

Jay se demandait où était l'arnaque. Il proposait de l'acheter plus chère que le prix de vente qu'il avait proposé, il devait y avoir un piège.
Mais comme Mariola avait l'air de paniqué, il ne valait mieux pas qu'il la regarde pour l'instant, il resta donc concentré sur Mario et ses deux gardes.

Le visage de Mario s'éclaira alors que celui de Mariola se rembrunit. Mario frappa deux fois dans les mains. Le premier gorille s'empara du sac fashion contenant le vinyle, et le second gorille mit un sac pailleté bleu et or à la place, qui était bien lourd, et contenait la somme indiquée, en gros billets verts.

"Voilà, j'ai été ravi de faire affaire avec vous. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai encore beaucoup de travail pour aujourd'hui."

Mariola semblait sur le point de faire une crise de nerfs.

Jay sourit ezt prit le sac. Il l'ouvrit pour voir la somme qu'il y avait dedans. Il ne savait pas compté très vite, mais cela semblait suffisant. Il prit le bras de Mariola et se dirigea vers la sortie.
-Allons-y. Bon, merci bien pour cette affaire, j'espère qu'on se reverra.

Il tira la bras de Mariola vers la sortie. Et il s'arrêta devant elle une fois qu'il était sûr que plus personne ne les entendait.
-Quel est le problème? Tu as demandé 120 000$ et on a 450 000$. Alors soit t'es pas logique, soit je suis nul en maths parce qu'il me semble que 450 000 c'est plus que 120 000. Non?

Il attendit sa réponse, parce qu'il ne comprenait vraiment pas qu'elle fasse une tête pareil.

Mariola ne répondit pas immédiatement. Elle semblait absente, ailleurs, regardant fixement l'endroit qu'ils venaient de quitter.

Elle ne répondit d'ailleurs pas directement à la question de Jay, se contentant de lui sauter dessus comme une furie en hurlant d'une voix suraigüe :

"Noooooon !!! Mon disque !!! Rends-le moi !!! Je ne veux pas m'en séparer ! C'est trop dur !"

En pleine crise de nerfs, elle semblait en colère, mais également pleine de chagrin, son maquillage coulant sous l'effet des larmes, elle étranglait à moitié Jay tout en essayant de shooter dans la valise d'argent.

[HJ: je suis désolé]

Jay posa la valise puis essaya de prendre Mariola par les épaules pour la calmer.

-Il y a plus important que ton disque.

Il recula un peu pour voir comment elle réagissait.

-Euh... enfin je veux dire, que la cause mutante, et le voyage et tout ça, mérite quelque sacrifice. J'aurai bien vendu quelque chose à moi, si j'avais eut quelque chose de valeur...

Il lui semblait qu'il respirait mieux, peut-être la pression de devoir réunir cet argent était partie. Il se baissa pour reprendre la valise, et commença à avancer, puis il fit signe à Mariola de le suivre.

-Allez, viens, ça ne sert à rien de rester là, il faut qu'on continue. On a une mission, non.

Il lui sourit et avança.

Mariola sembla acquiescer, puis une lueur nouvelle et malfaisante apparut dans son regard, et elle se remit à hurler, en frappant Jay de son sac pailleté.

"Non non ! Je ne peux pas ! C'est l'héritage de ma famille ! Nous nous sommes transmis ce vinyle de mère en fille depuis des générations, il est trop précieux !"

La situation semblait assez étrange... Mariola ne voulait pas entendre raison. Quelque part, il devenait manifeste que la présence de Jay était essentielle, non pas pour effectuer la transaction, mais pour contenir Mariola par la suite, qui se démenait comme une furie.

Jay essaya de la calmer, tout d'abord en la laissant un peu frapper, tant que ce n'était pas trop fort, puis il décida de l'arrêter complètement.
Il essaya de lui prendre les bras pour qu'elle ne puisse plus le frapper.

-Arrête, calme-toi, ça ne sert à rien de me frapper...

Il réfléchit quelques instants de peur de l'idée qu'elle pouvait avoir.

-Et ça ne sert à rien d'aller chez lui non plus. Allez, arrête de faire ta gamine, et on y va.

**heu... j'y suis peut-être allez un peu fort là...**

Et il essaya de reprendre son chemin.

Le retour fut fort long... Mariola se lamentait et s'accrochait à quasiment tous les lampadaires disponibles, obsédée par l'idée de récupérer son bien, dusse-t-elle en payer de sa personne.

Heureusement, la vision presque bienveillante de la cave disco rappela à Jay que l'issue n'était plus très loin...
A leur arrivée dans la grande pièce, les lumières étaient tombées, moins chatoyantes, moins fluorescentes. Plus pâles. L'ambiance n'était plus vraiment là. Presque comme une veillée funèbre, les filles attendaient le retour des deux émissaires, attendant presque qu'ils annoncent l'issue inévitable d'une longue et douloureuse agonie.

Directement, Carla et Lula s'emparèrent de Mariola, et l'emmenèrent à l'écart, sans un mot pour Jay, bien qu'elles lui lancèrent un regard empli de douleur, mais néanmoins de résignation et de reconnaissance.

Ceci était fait, mais le combat n'était pas encore fini...

Jay regarda autour de lui, à la recherche d'une chaise. Quand il en trouva une, il s'assit dessus, pour se reposer.
Il ne savait pas ce qui risquait encore de se passer, mais la seule chose à laquelle il pensait, c'était que cela encore plus dur qu'il ne le pensait.

**j'espère que Mariola va oublier tout ça et aller mieux...**

Il regarda dans la direction où elles étaient allés, en espérant que tout se passer bien, et que tout se passerait bien.
L'ambiance était vraiment différente, et cela lui pesait presque. Il décida de changer tout ça.
Il se leva, à la recherche du lieu où il pourrait mettre de la musique.
**elles iront peut-être mieux avec de la musique**

Mariola sortit de sa torpeur, illuminée d'un halo astucieusement généré par Carla qui s'était remises aux projecteurs. Elle était recoiffée, remaquillée. Sa dignité et sa prestance lui étaient revenues. Elle fondit sur Jay avant qu'il ne puisse mettre en route un juke box fluo aux motifs datant de la légende d'Elvis Prestley.

"Jay, je te remercie pour ton aide, mais nous n'avons accompli que la première étape. Je viens de lancer le défi aux Scum Pits. Il nous faut préparer notre matériel."

Elle prit Jay par le bras, et l'emmena dans une autre pièce emplie d'un bric à brac électronique un peu arriéré, mais entretenu comme un trésor. Amplis, tables de mixage, racks de micros, projecteurs, instruments de musique, baffles... Tout le kit de scène nécessaire.

"Il faut mettre tout ça dans des paquets. Je me suis refaite ma manucure, je ne pourrai pas t'aider pour cela. Bon courage. Il y a des caisses dans la pièce à coté."