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Anonymous
Rico Alv
Invité

[Chicago] Pas perdus Empty [Chicago] Pas perdus

Dim 11 Fév 2007 - 23:00
Le trajet avait été long de Détroit jusqu'à Chicago. Le train avait été obligé de faire une halte en route en raison de problèmes mécaniques. Le compartiment dans lequel il se trouvait était rempli au trois quart et Rico avait l'impression d'étouffer, il n'était pas vraiment en confiance dans les espaces confinés. Son voisin de gauche était oppressant et lui donnait la migraine, ce dernier s'était présenté comme un vendeur d'une marque d'Après-Shampoing Canadienne pour des salons de coiffure, il allait soi-disant faire fortune à Chicago en fusionnant avec une entreprise locale qui revendait des produits d'hygiène et de beauté d'une nouvelle génération. L'enthousiasme de son voisin se transforma peu à peu au fil du voyage, celui-ci ne semblait guère gêné de faire à lui seul la conversation. Il embarqua son discours sur les risques de l'évolution géopolitique mondiale et semblait être parfaitement extrêmiste dans ses propos. Il était lui-même originaire de Caroline du Nord et il percevait la Fédération Européenne comme une menace à la paix sur la terre et proclama à voix basse que la meilleure solution possible pour stopper cette croissance du grand continent était de déclencher une autre guerre mondiale, et plus précisemment de lâcher quelques bombes sur les grandes villes d'Europe et d'Orient, une aberration sans précédent. Rico essayait de garder son calme et, prétextant qu'il devait aller aux toilettes pour se soulager un instant, il en profita pour changer de siège par la suite.

Le train arriva enfin vers 23h et la gare était encore pleine de voyageurs venus de différents horizons. Rico peina pour sortir de la foule qui le compressait, il n'était pas très fanat des attroupements de touristes qui se suivait à la queue leuleu en braillant derrière leurs appareils photos dernier cri. À l'extérieur, une pluie fine vint humidifier son visage juvénile, le ciel était sombre et la lune n'était pas visible, mais le temps n'était pas si menaçant pour autant. Il se dépêcha cependant de mettre un ciré sur son dos afin de ne pas être trempé jusqu'aux os dans quelques heures. Il n'adressa la parole à personne, en contrepartie il fut hélé à plusieurs reprises par des passants lui demandant soit l'heure, soit l'emplacement des lignes de bus de la ville, ou encore s'il ne voulait acheter une montre venue de Suisse et qui apparemment semblait ne plus fonctionner. Il rasa les murs pendant longtemps, son barda sur le dos lui pesait et il s'arrêta quelque fois pour reprendre son souffle. Il sortit son portable et vit qu'il avait deux appels en absence, sa mère, Lucia. Il hésita, et rangea son portable dans la poche intérieure de sa veste. Il reprit la route en marchant le regard droit devant lui, se posant en même temps une bonne centaine de questions aussi pittoresques les unes que les autres.

Il allait chemin faisant observant les vitrines encore éclairées, la nostalgie de la ville venait de lui passer sous le nez. Il se sentait bien sur ces trottoirs dénudés, devant les portes des magasins en train de fermer. Les villes changeaient de visage la nuit tombée, et alors un nouveau tourbillon de lumières s'engouffraient parmi l'activité moyennement stable de cette grande cité. Il retrouvait encore les mêmes regards habitués aux longs va-et-vient lors de la journée. Des coursiers en vélos avec une barbe de trois jours, des clochards aboyant ou pestant contre des animaux errants qui truffaient les poubelles et leurs dérobaient à la volée leur repas du soir, des secrétaires ridées avec une monture de lunettes excentrique qui leur donne l'impression d'avoir une raison concrète de taper des rapports de dizaine de pages pour un patron surmené, des hommes et des femmes cherchant des réponses à leurs questions, cherchant la bonne rue pour rentrer se mettre au chaud et enfin pouvoir se débarasser d'un parapluie trop encombrant et ruisselant de gouttelettes d'eau de pluie qui représentent pour eux une menace à leur santé, une menace à leur tenue vestimentaire qu'il ne remettront pas le lendemain, une menace à leur paradis ensoleillé où les rayons du soleil pas même visibles viennent vous réchauffer l'espace d'un instant. Rico continuait cependant sa marche, à sa propre allure,ne s'essouflant pas trop mais pressant le pas quand un képi bondissait dans son champ de vision.

Qu'allait-il faire ? Que pouvait-il faire ? Où allait-il loger ? Sous un pont comme un vagabond ? Cela ne lui plaisait guère mais ne le dérangeait pas non plus. Bien entendu un motel serait plus approprié, bien qu'il ne soit parti de chez lui avec si peu en poche. Un vendeur à la sauvette lui proposa un chien chaud pour quelques dollars. Mais il refusa poliment, il n'avait jamais adhéré à cette idée de manger du chien, et préférait garder le ventre vide pour avoir les idées plus claires. Il était presqu'une heure et demie du matin quand il arrêta enfin sa marche interminable et minablement lente. Il finit par élire domicile dans un parc de la ville, celui-ci était fermée et il dû escalader les grilles pour pouvoir rentrer. Apparemment ce dernier ne semblait pas être occupé par des squatteurs et Rico, grelottant de froid, se mit à maudire cette ville intérieurement ainsi que ce pays qui n'égalait en rien la beauté du Mexique. Il se lova entre les racines d'un arbre assez imposant et chercha le sommeil quelques minutes. Il entendit quelques bruits de pétards tous proches qui eurent comme effet de le redresser sur ses pattes. Il se cacha ensuite derrière l'arbre et attendit de voir ce qu'il allait bien pouvoir se passer. Il entendait son coeur se mettre à battre aussi fort que ce bruit de pétard, de pétard ou d'autre chose d'ailleurs. Il se signa d'un rapide signe de croix et essuya son front de la sueur qui était venue se loger entre l'Adrénaline de la situation et l'étrangeté diabolique de ce lieu qui arrivait comme un cheveu dans un bol de soupe trop tiède.


" Pater noster, qui es in cælis, sanctificétur nomen tuum. Advéniat regnum tuum. Fiat volúntas tua [...] "
Le courtier temporel
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Conscience collective
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Mer 14 Fév 2007 - 14:05
Difficile de trouver le sommeil entre les racines d'un arbre : c'est humide, inconfortable, et surtout Chicago en cette saison est particulièrement froide. La neige commençait à tomber quand Rico se réveilla, et malheureusement, le jour semblait encore bien loin de vouloir se lever.

Rico était gelé, engourdi de partout, à cause du froid et à cause de la position bizarre qu'il avait adopté le peu qu'il avait dormi.
Un son lui parvint alors aux oreilles. Un peu étouffé, lointain. Des gens parlaient. Ils parlaient fort et rapidement comme le font les gens qui souhaitent en finir rapidement avec une patate chaude qu'ils auraient dans les mains et dont ils voudraient se débarasser...
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Rico Alv
Invité

[Chicago] Pas perdus Empty Re: [Chicago] Pas perdus

Mer 14 Fév 2007 - 22:27
Les battements de son coeur imitaient le caisson d'une batterie alors que son esprit essayait de recouvrer un maximum de serennité, de calme, pour qu'il puisse analyser au mieux le pétrin dans lequel il gisait actuellement. De minuscules flocons avaient traversés les branchages pour venir se loger sur son épaisse chevelure brune, mais la neige qui tombait était le cadet de ses soucis, et même on pouvait présumer qu'il n'avait pas encore remarqué ces fleurs blanches de glace se déposant comme un linceul sur les alentours en guise de délicat avertissement. Il n'était pas vraiment habitué à ce climat, il ne risquait guère de s'y faire après un premier hiver d'ailleurs. Il n'avait jamais assisté à une chute de neige avant de s'engouffrer dans les méandres des rues de Détroit et de Chicago. Le jour de son arrivée à Détroit, il avait presque été effrayé par les stalactites sur le toît du perron de la maison que son père avait loué pour lui et sa mère, de style coloniale et qui appartenait à un retraité de l'aviation civile qui disposait lui-même de quelques lopins de terre dans le même quartier, bourgeois. Sa mère... Où était-elle en ce moment ? Comment avait-elle pris cette lettre d'adieu précipitée ? Allait-elle s'en remettre une nouvelle fois à son mari ou aider son fils dans sa propre quête ? Il savait qu'en partant sans la serrer dans ses bras elle ne cesserait d'être morte d'inquiétude à son égard mais c'était un mal nécessaire selon lui, ou du moins il n'y avait pas trop réfléchi.

Des échos de voix lui glacèrent le sang. Une dispute ? Un violent désaccord semblait filer de travers non loin de lui et Rico ne bougeait pas de l'endroit où il avait élu refuge. Il s'était accroupi au sol en restant sur quelques appuis, la sueur qui se dégageait de son front ne semblait pas l'affecter le moins du monde, il était plutôt occupé à prier le tout puissant pour une proche délivrance. Ses prières semblaient aussi escamotées que sa foi durant ces derniers jours. Le doute s'était mesquinement emparé de lui ces derniers temps et la force de ses prières était amoindrie. Du moins, c'est ce qu'il continuait de croire, c'est évidemment ce qui lui paraissait être une intraitable logique impitoyable,venant s'abattre sur lui comme le marteau qui rencontre l'enclume au hasard d'une forge caverneuse. Caverneuse, l'une des voix qu'il entendait était caverneuse, sortie de la bouche d'une créature impie, d'un hybride malfaisant et maléfique. Même la voix de son père, pourtant si autoritaire, ne lui apparaissait pas telle qu'elle, aussi prit-il panique en entendant les voix s'élever dans l'obscur aspect de cette nuit glaciale où le divin semblait bien lointain des âmes fidèles telles que celle de Rico, Dieu était en pause café et attendait qu'on lui rende la monnaie. Il se signa par deux fois, c'était sa manière à lui de retrouver un maximum de contrôle de soi en un minimum de temps, mais cela ne changeait en rien son état de panique, sauf peut-être que sa vessie ne faisait pas des siennes et que son pantalon restait au sec.

Il ne comprenait rien de la discorde enflammée des ombres qui dansaient autour de lui, et il ne cherchait guère à comprendre, il n'était pas concentré sur l'action car des suggestions trop diverses et trop variées venaient engouffrer sa pensée, il était terrifié et l'humidité de ses yeux ferait de sa crise de panique une vilaine crise d'angoisse sans précédent. La croix d'argent, loin d'être une fioriture, qui trônait autour de son cou fébrile ne lui était d'aucun secours et il n'avait pas d'armes sur lui pour se défendre, il n'avait rien et rien ne pouvait lui venir en aide. C'est vrai qu'il comptait toujours sur les autres pour qu'on le sorte d'une périlleuse situation, mais ce soir il était seul, livré à lui-même et en pleine crise de panique. Personne ne viendrait lui tendre la main à titre gracieux, pas même le père, le fils, ou le saint-esprit. Voulant paraître le plus invisible possible devant l'ombre qui se dessinait derrière l'arbre, il se releva pour se mettre l'arbre dans le dos, mais il semblait que sa chance lui mette l'arbre à dos et il trébucha bêtement contre l'une des racines protubérantes, l'une de ces racines qui sortent à l'air du vent pour prendre un grand bol d'air sans se soucier qu'elles ne pourront puiser totalement dans la terre la force nécessaire pour résister aux éléments foudroyants d'un monde immonde et vertueusement instable et inconstant. la chute se passa au ralenti, il ne voyait guère le sol se rapprocher de lui mais il voyait la plus basse des branches de cet arbre au nom inconnu s'éloigner de lui, il tombait en arrière en serrant les dents comme si cela allait le sauver.
Le courtier temporel
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Conscience collective
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Dim 18 Fév 2007 - 14:06
La chute ne fut malheureusement pas amortie, et Rico se retrouva le souffle coupé et une fulgurante douleur lui envahit le bas du dos.

De l'autre côté, là où des gens s'affairaient, il y a un gros silence, puis quelqu'un beugla, affolé :

"On s'est fait caler ! Cassons-nous !!"

Il y eut des bruits d'outils métalliques balancés sans précautions au sol, puis une certaine débandade dans la direction opposée.

Rico, qui s'était correctement abîmé les lombaires, resta allongé comme un idiot sur le sol, réalisant que ça avait fait fuir ses agresseurs, et surtout, qu'il allait déguster quand il se relèverait.
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