Chicago

Cela faisait maintenant plus de deux semaines que Richard ne travaillait plus, et ses réserves d'argent commençaient à ce faire de plus en plus éparses. En fait, lors de sa première semaine de "chômage", il n'avait rien fait à part profiter de son temps libre.

* Après tout je peux aussi me détendre de temps en temps!*

Seulement, au bout d’une semaine qui lui en paru au moins trois, l'ennui commençait à se faire sentir, c'est pourquoi il avait décider que ses vacances étaient terminées, et qu'il devait absolument se remettre a chercher un travail stable.
Cela faisait déjà une semaine qu'il cherchait, et il était maintenant trois heure de l’après midi, et il n’avait toujours rien trouver, malgré ses recherches intensives. Il commençait à désespérer, quand en rentrant chez lui il vit une enseigne dans une petite rue qu’il n’avait jusqu’à présent jamais remarqué. Cette enseigne était intrigante, elle était en bois vermoulu, accrochée à 3m du sol, et se balancait dans le vent tout en grinçant sur ses gonds.

*Je vais voir de quoi il s’agit il auront peu être besoin de quelqu’un…c’est vraiment étrange je n’avais jamais vu ce magasin, bah qu’est-ce que je suis étourdi*

Richard se dirigea vers la petite boutique. De l’extérieur on pouvait voir, derrière une vitrine crasseuse, un amas de vieilles choses, sûrement des antiquités, la plupart était dans un tel mauvais état, que l’on pouvait se demander comment des gens pouvaient les acheter. Le jeune homme hésita quelques instants, puis se dirigea d’un pas assuré vers l’intérieur de la masure.

Une petite clochette tinta à l'entrée dans le magasin. Si le quartier semblait avoir un siècle de retard, ce magasin avait manifestement un siècle supplémentaire de retard : tout était en bois, et tout était couvert de poussière de partout, de toiles d'araignées. Le parquet grinçait à chaque pas que faisait Richard, et la surcharge de bric à brac sur chaque étagère possible donnait l'impression que le bâtiment allait être réduit en poussière au moindre éternuement.

Un homme sortit d'un coin de la pièce, vers le fond. Bien que d'apparence âgé, il semblait encore bien vigoureux, et la canne qu'il tenait à la main semblait plus là pour le symbole que pour l'aider à marcher.

"Bienvenue chez Good as new. Qu'est-ce que je peux faire pour toi mon garçon, tu t'es perdu ?"

Il parlait d'une voix éraillé par un usage immodéré du tabac, mais qui avait manifestement possédé une grande autorité aux temps jadis.

Le cadre du magasin émerveillait Richard, il n'avait vu ce genre de boutique que dans les films. Lorsque l'homme lui adressa la parole, il ne put s'empêcher de sursauter.

"Bonjour Monsieur, voilà je passais dans coin, et j'aurais voulus savoir si vous aviez besoin de quelqu'un pour vous aidez, je suis actuellement au chômage, et donc...je serais prêt à travailler dur si besoin est."

Le vieillard éclata de rire et eut besoin de s'assoir sur un improbable rocking chair pour se calmer. En poussant avec sa canne sur le sol, il se balança.

"Du travail... c'est la meilleure... Ce magasin de misère n'a déjà pas assez de travail à me fournir, et tu veux que je t'en donne hein."

L'homme jaugea Richard du regard, s'attardant sur sa carrure.

"Bon, du travail, je peux t'en donner si tu y tiens. Je te préviens, c'est payé une misère, et c'est dur. Toujours partant ?"

L'euphorie du vieillard déconcerta le jeune homme. Cependant la proposition qu'il venait de lui donna matière à réfléchir. Il lui fallait du travail, même si celui là n'était pas bien payer, même si celui là devait être arrassant!
De plus, Richard était venu de lui même afin de décrocher un travail, il avait sa fierté tout de même. Ayant prit le temps de réfléchir, Richard regarda le vieil homme fixement, et avec respect.

" Je suis prêt à vous aider, même si cela est fatiguant et mal payer, j'ai besoin de cet argent et je vous remerci de m'accorder une chance"

Cela étant dit, il attendit avec une certaine impatience mal caché (il est jeune c'est normal) la réponse de l'homme qui se tenait en face de lui, assit sur son rocking chair.

L'homme écouta Richard se vendre en se balançant à en tomber à la renverse.

"Tu m'as l'air d'un gars solide. Alors tu vas aller dans l'arrière boutique là, et tu ouvriras le placard sur ta gauche. Tu y trouveras un balai, une serpillère, un seau, et du produit nettoyant. Ton boulot et de faire de cet endroit une boutique propre et rangée.
Toujours partant ?"

Richard dévisagea le vieil homme qui se balançait sur sa chaise, il prit soigneusement le temps de réfléchir.

* Après tout ce n'est qu'un moyen comme un autre de gagné de l'argent, et puis cet homme m'a l'air plutôt sympathique et plutôt mal en point, un peu d'aide ne lui fera pas de mal*

"C'est bon j'accepte, je m'y met tout de suite !"

Il se dirigea vers l'arrière boutique, où il trouva, comme le vieux le lui avait dit, un balais et tou le matériel nécessaire pour faire le ménage. Ainsi il s'attela à la tâche, seulement il se rendi compte que cette boutique était bien plus sale qu'il ne l'avait imaginé, et plus il lavait, plus il semblait que la crasse, accumulée depuis de nombreuses années, revenait doublement plus épaisse.

Le vieil homme se leva et se mit à fouiller dans les piles. Allait-il aider Richard à faire du rangement ?
Il sortit de grandes pochettes carrées couvertes de poussière et dessinées de motifs étranges : 5 lignes et des symboles bizarres, des effigies d'hommes noirs soufflant dans des objets étranges.
Trouvant une pochette notée "Duke Ellington's Big Band Era", il alla vers un appareil étrange (un grammophone) et sortit un vinyle noir qu'il mit en route, emplissant la boutique de vieux jazz de 150 ans d'âge.

"On en fait plus de la musique comme ça, de nos jours... ça te dérange pas j'espère."

Richard fit signe de la tête que cela ne le dérangeait pas, de toute façon un peu de musique lui ferait du bien. En effet, le trvail commençait à le lasser, et lorsque la musique commença, Richard se découvrit un second souffle et se remit plus vivement à travailler.
Cela faisait maintenant plus de 2h qu'il balayait, faisait la poussière et rangeait les choses à leur place.

* Pfff, je me demande pour combien de temps j'en ai encore...*
" Dites moi s'il vous plait, de quelle époque date cette musique ? Je ne connais pas du tout, et je dois dire que j'aime beaucoup..."

Le vieillard, qui ronflait patiemment sur son rocking chair au rythme de la musique se réveilla.

"Hum ? ça date du milieu du vingtième siècle... une époque plus glorieuse et civilisée que ne l'est le monde maintenant..."

Il sortit quelques billets de sa poche interieure et les tendit à Richard.

"Voilà pour toi. Reviens demain à la même heure, j'aurai encore du travail pour toi."

Le jeune homme remercia le vieillard, puis rangea ses billet dans sa poche, sans même les compter. Il salua le vieil homme, et se dirigea vers la sortie.

"J'espère vous avoir été un peu utile...je reviendrais demain aurevoir et bonne soirée!"

Il sortit du magasin, et se trouva beaucoup plus fatigué qu'il ne l'aurait pensé. Il était maintenant dans les alentours de 19h, et Richard allait rentrer chez lui. Il commençait à faire froid et les rue étaient plutot sombres. Il restait encore une centaine de mètres avant que Richard n'arrive chez lui, et il était en train de se demander se qu'il allait pouvoir manger à son arrivé.

Le vieillard regarda Richard sortir de sa boutique depuis son fauteuil, puis il se leva et alla se placer dans l'encadrement de la porte.
D'un simple mouvement des yeux vers Richard, il ordonna à 4 personnes dissimulées là de suivre le jeune homme.

Ceux-ci se mirent en route discrètement.

Le patron repartit dans la boutique et vérouilla sa porte, puis il alla vers un téléphone, et le décrocha...

Richard arrivait maintenant à hauteur de son appartement. Il commençait à sortir les clés de son manteau, quand, en regardant par hasard au dessus de son épaule, il vit 4 personnes se dirigant vers lui.

*Bah surement un groupe d'amis qui papotent...c'est normal à cette heure là*

Il venait de trouver sa clé et s'apprétait à l'enfoncer dans la porte de l'immeuble, afin de pouvoir gouter à un repos bien mérité.

Les 4 personnes dépassèrent l'entrée de l'immeuble en devisant, jettant un simple coup d'oeil à Richard et le saluant d'un bref signe de la tête. Ils tournèrent au croisement de la rue.

Dès que Richard fut rentré chez lui, un clochard vint s'installer sous une porte cochère, en face de chez le jeune homme.

Il n'avait pas l'hbitude de faire le ménage, et lorsqu'il arriva chez lui, Richard s'affala dans son petit fauteil et commença à somnoler. La fatigue eut raison de lui, et il ne prit pas la peine de se lever pour se préparer à manger.
Le silence de l'appartement faisait froid dans le dos, mais Richard s'en fichait, il avait l'habitude.

Il s'était assoupi pendant une petite heure, lorsqu'il son estomac le réveilla, grondant très fort dans l'appartement vide.

"Ca va pas la peine de crier, je vais te nourir..."

Il se dirigea vers le réfrigirateur, et sortit un plat de nouilles en grattin qu'il allait mettre à réchauffer. Mais Richard se rendit compte qu'il lui manquait un ingredient essentiel: du pain.
Il prit son manteau qu'il avait posé sur le rebord de la table du petit salon (si on peut appeler ça comme ça) et sortit de son appartement pour aller chercher du pain dans la boulangerie la plus proche.
En sortant de chez lui, Richard vu un clochard assit en face de chez lui, qu'il n'avait pas remarqué tout à l'heure, cependant cela faisait un peu plus d'une heure qu'il était rentré, il était donc normal qu'il se passe des choses entre temps.
La boulangerie se trouvait à à 3 ou 4 rues de chez Richard, à environ 400m. Les lampadères étaient allumés et diffusés une douce lumière orangée, le ciel était sans nuages mais le froid était mordant.

Un peu partout sur le chemin, des détails clochaient : plus de gens dans cette rue qu'à l'habitude, le boulanger encore ouvert et l'attendant presque. C'était peut-être simplement de la paranoïa due à la soirée un peu glauque, ou la fatigue, mais des yeux étaient constamment posés sur Richard, qui s'esquivait dès que celui-ci tentait d'en découvrir l'origine.

Tous ces yeux qui semblaient le regarder mettaient Richard vraiment mal à l'aise, et commençaient à l'enervé. Lorsqu'il entra à la boulangerie, l'attitude du boulanger, qui malgré le manque de client était toujours debout et souriant derrière son comptoir, énerva particulièrement Richard, mais il se controla.

"Bonsoir, il me faudrait un pain s'il vous plaît."

Il avait dit cette phrase avec une dose d'énervement et de mépris assez mal contôlé, malgré tous ses efforts pour parître normal. Il lui semblait bien que quelque chose n'allait pas, mais qu'avaient tous ses gens?
Le coeur de Richard battait la chamade et il avait de plus en plus de mal à ne pas exploser.

Le boulanger fut surpris par le ton de Richard. Il prit un pain dans les multiples corbeilles derrière le comptoir, l'enveloppa dans un papier et le tendit à Richard.

"80cts. Des soucis en ce moment jeune homme ?"

La réponse du boulanger étonna Richard, il ne s'attendait pas à cela. Il répondit plus poliment et moins sur les nerfs, tout en sortant 1$:

"Non pas en ce moment, je vous remercie vous pouvez garder la monnaie, bonne soirée..."

Richard se mit donc en route pour chez lui. Décidement cette journée était étrange. Il se mit à courir histoire de se défouler, mais aussi pour ne pas voir les regards des gens se porter sur lui. Il avait conscience qu'en courant, tout le monde le regarderait, mais au moins lui ne verait rien.

Richard croisa un autre clochard, dans le hall de son immeuble, mais il n'était pas au bout de ses surprises.

En entrant chez lui, il eut la surprise de constater que la porte n'était pas fermée à clef, puis ce fut le paillasson qui émit un bruit étrange d'éponge qu'on pressait... Et cette odeur bizarre, cuivrée et âcre qui baignait la pièce.

En se retournant pour fermer le verrou, il comprit immédiatement : une main humaine, sanguinolante et fraîche était plantée dans sa porte au moyen d'un long poignard effilé. Cette même main plaquait une feuille de papier contre la porte, couverte de sang.

Lorsqu'il apperçut la main plantée dans sa porte, Richard resentit une irrépressible envie de vomir, mais il se retint, tant bien que mal, le hall étant déjà bien assez sale comme cela.
Comme il avait détourné les yeux de ce spectacle maccabre, il s'obligea à regarder la main et à détacher le papier qui se trouvait dessous. Cette fois s'en était trop, le contact de la main encore tiède fit vomir Richard, qui n'avait rien mangé depuis le matin, trop absorbé par sa recherche de travail.
Il s'essuya la bouche du revars de sa manche, et tenta de lire l'horrible parpier couvert de sang qu'il tenait dans ses mains tremblantes.

*Qu'est ce que cela peut bien être? Est ce un canular? Non évidement, c'est une vraie main, mais qui à bien pu faire ça? Qui m'en veut à se point?*

A ces pensées, Richard sentait qu'il almlait craquer, d'abord les passants qui le regardaient bizarrement, ensuite cette...main...Il n'en pouvait plus. Il s'effondra sur ses genous, en plein milieu du petit couloir devant sa porte souillé du sang d'un inconnu. Il lui fallait lire cette lettre à présent...

La feuille de papier était totalement détrempée de sang frais, et elle était écrite à l'encre indélébile de ces quelques mots :

"Ceci est un avertissement, pour que la prochaine ne soit pas la tienne, reste dans tes affaires."

Que fallait-il faire, aller voir la police et porter plainte contre un inconnu? ou bien laisser couler? ou tout simplement ignorer superbement cet avertissement et voir ce qu'il se passera?
Rchard avait opté pour la troisième solution, cette menace ne lui faisait pas peur, car il faisait en parti confiance à son pouvoir en cas d'attaque. Mais ce qui l'inquietait, c'était de savoir à qui pouvait appartenir la main en question.

* J'irais demain voir la police juste après avoir été chez le vieux...on verra ce qu'ils peuvent y faire...en attendant je vai laisser ça comme ça...*

Il déposa la main chez lui, et alla se coucher sans manger, ce spectacle lui ayant totalement retourné l'estomac. Il s'endormit aussitôt couché, épuisé par sa journée pour le moins étrange.

Vu sous le soleil du matin, la boutique du veillard semblait presque aussi apocalyptique que la veille. Le vieux attendait sagement sur le pas de la porte, appuyé sur sa canne. Cette fois, la rue était déserte et calme.