Chambre de Jessica

[ Cuisine]

Plateau en main, Amarenna s'était dirigée vers la chambre de sa petite coéquipière. La benjamine de l'équipe allait mal. Elle l'avait vue dans le couloir, puis entendu dans le communicateur de Kitty. Sur le plateau, quatre assiettes, dont une très peu remplie. La jeune femme monta lentement les escaliers pour assurer la stabilité de ses "bagages". La jeune femme, présente depuis deux semaines, elle avait eu le temps de repérer, à peu près, où se trouvaient les chambres. Heureusement, pour l'aider, elle vit disparaître Joachim et Kitty dans l'une des chambre. La jeune femme s'approcha à son tour de la porte et prit une légère inspiration.

"Toc, toc! C'est le livreur!"

La jeune femme attendit quelques instants, puis poursuivit:

"Truites panées avec riz et purée de légumes. trois assiettes pour les personnes présentes dans la chambre..."

Cette fois, elle se tut vraiment, attendant qu'on l'autorise à entrer dans la chambre.

Tout se passa très vite. Alors que Laura venait de lui répondre et qu'elle ouvrait la porte de la chambre pour entrer, une autre personne la bouscula, manquant de peur de renverser le plateau qu'elle ne tenait plus que dans une seule main. Elle parvint à se rattraper de justesse et pénétra dans la pièce. La jeune Laura lui prit rapidement le plateau des mains alors que Kitty sortait en s'excusant et que Laura embarquait ensuite Camille dans un coin pour discuter. Joachim ne tarda pas à suivre sa petite protégée, s'excusant à son tour de ne pas prendre une assiette sur le plateau.

*Si j'avais su...* songea la jeune femme en hochant la tête.

Elle s'installa sur la chaise délaissée par Joachim pour attendre la fin de la conversation entre Laura et Camille. Elle ne comptait pas les déranger, ni écouter. Pourtant, la chambre n'étant pas excessivement grande, qu'elle le veuille ou pas, elle était obligée d'entendre. Finalement, Amy se releva et se plaça devant la fenêtre pour regarder ce qu'il se passait dehors en attendant que les deux jeunes filles aient terminé de s'expliquer. Mais au moins, Amarenna pouvait-elle mieux comprendre ce qui n'allait pas tout à l'heure quand elle avait aperçut la jeune Laura...

[méchants! vous m'abandonnez tous! lol]

Finalement, Laura et la française n'étaient pas restées à l'écart si longtemps que cela. Amy, pourtant, n'avait guère prêté attention à leur conversation, malgré ce qu'avait pu penser Camille. Elle ne se retourna que lorsque Laura lui adressa la parole. Cette capacité à s'isoler alors qu'il y avait du monde, elle la tenait de quelques soirées à l'ambassade quand son père l'emmenait au lieu d'emmener sa mère. En même temps, la vue du jardin était plutôt agréable. Elle avait pu apercevoir plusieurs personnes vaquer à leurs occupations. Mais Amy ne regrettait pas de ne pas être avec eux. Il y avait un peu trop de monde à son goût. Enfin... Elle se retourna vers Laura lorsque celle-ci lui adressa la parole. Comment ça se passait à l'Institut? Ma foi... Elle commençait à s'y habituer. Et ça irait sans doute mieux maintenant qu'ils avaient à nouveau accès aux chambres.

"Ca change de chez moi. Les miens me manquent..." répondit-elle succintement.

Quant à la deuxième question de la jeune fille, celle-ci fit naître un sourire amusé sur les lèvres de Blackhole.

"On ne se fait pas des amis du jour au lendemain. Surtout si on veut que cette amitié tienne... Il faut du temps..."

Elle tourna la tête vers Camille qu'elle n'avait pas regardée plus tôt, tournée vers la fenêtre et lui fit un petit signe de tête.

"A la base, c'étaient pour les deux qui sont partis, mais finalement, tu as ta part..."

Elle reporta alors son regard sur la benjamine de son équipe et lui adressa un sourire franc. La petite fille semblait plus faire semblant qu'autre chose. Comme si elle essayait de faire croire que tout allait bien alors que ça n'était pas le cas. Amarenna fronça légèrement les sourcils. Micha avait essayé aussi, à une période de changer pour essayer d'obtenir un peu d'attention de leur mère. Pourtant, cela n'avait pas fonctionné et il était bien vite redevenu fidèle à lui-même, un petit démon que seuls Amy et son père parvenaient à calmer et à faire obéir.

"Sois toi-même, Laura. Ne cherche pas à faire semblant..." se contenta-t-elle de dire à l'adresse de la jeune adolescente.

La française ne tarda pas à partir. Visiblement, elle avait autre chose à faire. D'une certaine façon, Amarenna préférait se retrouver seule avec la benjamine de son équipe. Au moins, cela lui permettrait de faire connaissance avec elle et de comprendre, réellement, pourquoi elle n'allait pas bien. Amarenna la regarda s'asseoir sur la chaise et pinailler sur la purée de légume. Cela ne la suprenait pas tant que cela. A dire vrai, elle ferai sans doute de même étant donné qu'elle n'avait pas faim. Mais lorsque l'enfant commença à s'étrangler, Amy s'empressa de réagir. Pas assez vite cependant puisque Laura avait réussi à déglutir la bouchée coupable de son étouffement. La jeune femme l'écouta sans mot dire cracher sa verve concernant ce qu'elle pensait d'elle-même. Amy n'en revenait pas de voir la jeune adolescente se sentir mal à ce point. Personne ici ne l'avait donc remarqué? Silencieuse, stoïque, elle attendit que Laura ait terminé et se soit allongée sur son lit pour la rejoindre sur le bord de celui-ci et de, doucement, passer sa main dans les cheveux de l'enfant, d'un geste maternel.

"Tu n'as pas le droit de dire que tu ne mérites pas d'exister. Tu es importante pour ceux qui t'aiment... Regarde Camille! Ce qu'elle t'a dit avant ne compte pas. Ce qui compte, c'est qu'elle soit venue te voir pour s'excuser, et ce, parce que tu es importante pour elle. Elle tient à toi. Sinon, elle ne serait pas venue... Elle t'aurait purement et simplement ignorée.

Et regarde, Kitty... Elle est venue, elle aussi. Elle n'est pas restée, par peur de déranger, mais elle est venue te voir parce que tu n'allais pas bien."

Tout en parlant, Amy continuait de caresser les cheveux de Laura dans un geste qui se voulait réconfortant. La petite lui rappelait cruellement son frère. Leur caractère était pratiquement identique. Pourtant, elle garderait cette reflexion pour elle-même. Laura ne voulait pas que cela s'ébruite sur les toits, comme Micha ne voulait pas que leur père sache quand il avait fait une grosse bêtise et qu'il avait honte. Il préférait garder cette image de mauvais petit garçon, croyant que personne ne l'aimerait s'il s'assagissait. Et, d'une certaine façon, c'était ce petit caractère bien trempé qui faisait tout le charme du garçonnet aux yeux de sa grande soeur.

"Je ne dirai rien, Laura. Tu n'as pas besoin de me menacer pour que je garde le silence."

Un sourire amusé s'était dessiné sur son visage alors qu'elle avait répondu à l'enfant. Elle ajouta rapidement:

"Tu sais, personne n'est parfait. Chacun doit apprendre à vivre avec ses qualités et ses défauts et apprendre à faire avec ceux des autres. C'est cela qui compose l'amitié. L'acceptation de la différence.

Quant au plateau, j'avais l'intention de venir te voir quand je t'ai vue dans le couloir. Et Kitty et Joachim étant partis te rejoindre avant moi - ce qui m'a d'ailleurs permis de savoir où tu te trouvais - j'ai préféré apporter des assiettes pour tout le monde. J'aurais pu faire des économies de plateau..."

Elle s'interrompit, repensant à la tirade sur l'amitié et la façon dont Laura se voyait en marge de tout le monde. Ca serait sans doute une maigre consolation pour l'enfant, pourtant la jeune femme répondit en toute sincérité:

"Tu ne me repousses pas, moi... Ni Camille, ni Kitty... Tu sais, je vais te confier un secret. Lorsque l'on tient à des gens, qu'on le veuille ou non, on les blesse à un moment donné. La vie est ainsi faite. Mais lorsque l'on tient au gens, l'on oublie les blessures qu'ils nous ont infligées, qu'ils les aient voulues ou non."

[sorry, trop crevée après la country^^]

"N'abandonne pas les gens qui t'aiment, Laura... Ne les ignore pas..."

Ce fut tout ce que la jeune femme ajouta au "d'accord" de la fillette. Elle sourit, chaleureusement à l'enfant. Celle-ci semblait un peu perdue, comme si elle ne savait pas trop quoi faire. C'était compréhensible, après tout. Et tout à fait normal. Amarenna le comprenait très bien. La vie de mutante n'était pas facile. Et les relations entre humains non plus. Lorsque l'on mélangeait les deux, cela donnait carrément de l'explosif. Surtout qu'ici, les gens vivaient pratiquement en huis clos. Etant donné ce que pensaient les gens de l'extérieur, les jeunes gens de l'Institut ne sortaient que très peu. Et tout le monde avait besoin de sortir, à un moment ou à un autre. Laura aussi, sans doute... Alors que la benjamine de l'équipe se redressait, Amarenna glissa une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Celle-ci demanda alors si elles pouvaient parler d'autre chose. Chose tout à fait compréhensible. Amarenna faisait souvent la même chose pour ne pas parler de ce qui la touchait de trop près.

"Bien sûr, de quoi tu veux parler?"

Elle attendit, silencieuse une proposition de la jeune Drawn. Elle se demanda un instant comment cela se passerait au sein de l'équipe, mais chassa cette pensée de sa tête. Pour elle, les équipes étaient là pour apprendre à utiliser ses pouvoirs. Elle ne pensait pas qu'ils auraient à faire quelque chose de dangereux. Bien sûr, elle avait entendu parler de ce qu'il s'était passé deux mois plus tôt, elle savait que les mutants n'étaient pas en odeur de sainteté, mais elle espérait malgré tout que, maintenant, tout se passerait bien.

"Tiens, parle-moi de nos coéquipiers..." demanda-t-elle alors avant d'ajouter: "Et on pourrait aller faire un tour en ville, qu'en penses-tu?"

La verve de l’enfant à refuser de sortir surprit grandement Amarenna. Pourtant, c’était compréhensible. La peur du mutant, la peur de l’autre, celle des monstres qu’ils étaient supposés être était présente partout. Surtout depuis ces derniers mois. Amy l’avait lu dans les journaux. Elle, elle ne l’avait pas trop vécu à Washingon. Et pour cause, à part son père et Micha, personne ne savait ce qu’elle était avant cette matinée au cinéma où elle avait rencontré Miss Coupland. Amy ayant toujours été une jeune femme discrète, cela avait aidé. Ses grands-parents savaient ce qu’elle était, eux aussi. Ses grands-parents américains. Et ils l’avaient rejetée. Pas frappée, pas lapidée, mais rejetée, abandonnée dans un pensionnat. Certes, ç’avait été une bonne école. Une école pour des enfants riches. Ils lui avaient d’ailleurs bien dit de ne pas leur faire honte. De ne pas montrer le monstre qu’elle était. Ce qu’elle avait fait. Personne n’avait jamais rien découvert. La jeune femme aurait pu rester longtemps ainsi plongée dans ses pensées. Des pensées sombres qui, aujourd’hui encore la dérangeaient. Un jour, il faudrait qu’elle aille voir les parents de sa mère et qu’elle s’explique avec eux. Elle n’était pas un monstre. Elle était tout sauf cela.

« Ce n’est pas grave. Ne t’inquiète pas. Je comprends tout à fait ce que tu veux dire. Ils ont peur de nous parce qu’ils ne nous connaissent pas. Nous, on a peur parce qu’ils veulent nous tuer. Notre peur est sans doute plus légitime que la leur… » fit-elle en caressant une nouvelle fois les cheveux lisses de la jeune Laura.

Celle-ci embraya rapidement sur l’autre question d’Amarenna. Leurs coéquipiers. Cela lui permettrait, sans doute, d’apprendre à mieux les connaître, ou, du moins, de savoir comment la fillette les voyait. Ca ne devait pas être facile, pour elle, d’être au milieu des grands. Sans nul doute aurait-elle préféré être avec des jeunes de son âge comme Jessica, Kitty et Kalalli. Et c’était parfaitement compréhensible pour Amarenna.

En écoutant l’enfant, elle comprit rapidement que celle-ci se faisait une idée des gens au premier abord. Ivy, au pouvoir lié à la flore était en quelque sorte une petite fée modèle pour l’enfant. C’était mignon comme façon de voir les choses, et Blackhole avait hâte de voir la fameuse irlandaise de ses propres yeux. Les dires sur Math et Juan firent franchement rire Amarenna. Juan avait le sang chaud, c’était indéniable. Et, comme tout bon latino qui se respectait semblait un peu macho. Il faudrait faire avec. Quant à Math, Amy ne le connaissait que peu. Mais il lui avait semblé se croire très important. La dernière de l’équipe, Hjördis laissait une impression étrange à Amarenna. Ce n’était, sans doute, pas une méchante fille, mais la froideur qu’elle manifestait envers les autres était, malgré tout dérangeante. Laura termina en parlant de leur professeur. Elle avait fait, à Amy, une assez forte impression. Elle dégageait de la force intérieur, et extérieure. Beaucoup de charisme, à n’en pas douter et une grande force de caractère. Sans doute ne serait-elle pas facile tous les jours et très exigeante. Amy hocha la tête.

« Je ne connais pas encore Ivy, mais j’ai croisé Math et Hjördis dans la cuisine. Je pense par contre que Juan n’est pas un mauvais bougre. Il a juste le sang un peu chaud… En tout cas, j’ai hâte de connaître Ivy.. »

Elle se tut et laissa Laura parler. Son hésitation semblait montrer que c’était important pour elle et surtout, que ça la touchait beaucoup. Elle en revenait à ce qui l’avait mise dans cet état. Sa conclusion fit rire Amarenna.

« Je comprends. Dans notre équipe, tu ne connais réellement qu’Ivy, et peut-être Math aussi un peu… Nous autres, nous sommes des inconnus. Et en tant que tels, tu ne peux pas nous apprécier réellement. Que Camille et Jessica sont tes amies. C’est tout à fait normal. »

La jeune femme marqua un temps de silence avant d’ajouter :

« Tiens ! Quelle serait ton équipe idéale ? »

[mais non! faut pas!]

Voir sourire Laura fit plaisir à Amy. Pourtant, celle-ci ne savait pas si c'était grâce à ce qu'elle avait dit ou pour une toute autre raison. Mais ça n'était pas si grave, après tout. Ce qui comptait, c'était que l'humeur de la fillette s'améliore. Et son enthousiasme, lorsqu'elle répondit à Amarenna sur son ancienne équipe la fit rire à nouveau. La jeune adolescente était assez amusante dans sa façon de réagir. Elle s'emportait, s'échauffait rapidement pour retomber comme un soufflé sorti du four. Mais les enfants étaient souvent comme ça. Quoiqu'Amy ne se souvenait pas d'avoir déjà agi ainsi. En même temps, elle avait été envoyée en pension, à des milliers de kilomètres de sa famille lorsqu'elle avait l'âge de sa coéquipière. Dans le fond, sans doute avait-elle été aussi comme ça. Même si elle était très renfermée sur elle-même, à l'époque... Elle écouta Laura parler des Stryx, se demandant qui était Kirsten et haussa légèrement ses fins sourcils lorsque la fillette parla du spectacle gâché.

"Gâché? Pourquoi?" demanda-t-elle.

Elle était, parfois, réellement curieuse, et ce, sans arrière pensée. La fillette enchaîna rapidement sur son équipe idéale. Georgia, Jess, Ivy, Kitty, Camille et Sahari comme prof. Sahari, c'était la grande femme noire qu'elle était allée voir pour la remercier de la part de Miss Coupland. Camille, c'était la brune qui était dans la chambre quelques minutes auparavant. Kitty, sa partenaire d'escalade du matin. Jess se trouvait aussi au cours d'escalade. Georgia et Ivy. Ivy faisait partie de son équipe, mais Amy ne la connaissait pas encore réellement. Et Georgia avait fait une impression mitigée à la jeune femme. Mais celle-ci préférait lui laisser le bénéfice du doute. Après tout, Georgia ne s'était pas attaquée à elle. Elle ne lui avait, même, strictement rien fait, contrairement à Kalalli. La LeX fronça cependant les sourcils lorsque Laura dit qu'elle était imparfaite, là uniquement pour meubler et qu'elle était un poids.

"Pourquoi dis-tu cela, Laura? Pourquoi te considères-tu comme un poids?"

Etait-ce à cause de son pouvoir? Quel était-il pour qu'elle se sente ainsi aussi inutile? A moins que ce ne soit à cause de son âge? Pourtant, Jessica et Kitty avaient sensiblement le même âge qu'elle et elle ne les disait pas inutiles...

"A cause de toi quoi? Et ne t'inquiète pas. Ce qu'il se passe dans cette chambre reste dans cette chambre" fit-elle en regardant la benjamine de son équipe.

En cet instant, Laura lui paraissait fragile. Comme une poupée de porcelaine qui risquait de se briser au moindre choc. Et cela, Amy ne le voulait surtout pas. Quant à la question de Drawn sur son équipe idéale, la jeune femme était bien incapable d'y répondre. Elle préféra, donc, la laisser sans réponse, préférant répondre à sa dernière question.

"Appelle-moi Amy. Amarenna est assez dur à retenir, c'est vrai..." conclut-elle avec un clin d'oeil.

Laura ne lui répondit pas. Tout juste s'éloigna-t-elle un peu plus pour se renfermer sur elle-même. Amarenna trouvait cela dommage, mais elle ne pouvait blamer la fillette de préférer agir ainsi. Après tout, Amy n'était pour elle qu'une inconnue parachutée coéquipière. C'était tout à fait logique aux yeux de la jeune femme qui se contenta de hocher la tête avant de se relever. Elle s'approcha malgré tout de la tête du lit et essuya une des larmes de Laura avant de chuchoter.

"Je vais te laisser. Si à un moment du en ressens le besoin, n'hésite pas à m'appeler. Rien de ce que tu m'as dit ne sera répété. Je te rassure."

Elle adressa un sourire rassurant à la fillette, accentuant ainsi ses paroles. Avant de s'éloigner, elle ajouta:

"Tu sais, j'ai un frère. Un peu plus jeune que toi, il a très mauvais caractère. Tu disais que les autres ne pouvaient pas t'accepter comme tu es, moi, je le peux. Tu pourrais être odieuse avec moi que je pourrais te pardonner. Si un jour, tu as besoin d'exploser, de t'en prendre à quelqu'un, tu pourras te défouler sur moi. Et si tu le veux, je t'apprendrai le Kung Fu. C'est un art martial chinois."

La jeune femme tourna alors le dos à l'enfant avant de se diriger vers le plateau et en enleva une assiette qu'elle laissa sur le bureau. Elle ne la forcerait pas. Elle n'était pas sa mère, mais cela signifiait clairement: 'essaye de manger quand même, ça te fera du bien.' Pour le reste, sans un mot de plus, elle commença à se diriger vers la porte quand trois coups y furent tapés avant qu'une voix résonne de l'autre côté. Math. Amy se tourna vers Laura, la main sur la poignée qu'elle n'avait pas fait tourner encore, attendant que la fillette lui dise quoi faire. Elle murmura, regardant l'enfant:

"Tu veux que je lui dise de partir?"

Après tout, elle avait bien compris que celle-ci n'appréciait guère leur coéquipier. Mais c'était à Laura de choisir.

Amarenna sursauta en entandant le bang et le cri de Laura et se manqua de laisser le plateau lui échapper. Elle le posa précipitamment et revint vers l'enfant s'assurer qu'elle allait bien. Elle en serait sans doute quitte pour une grosse bosse, mais, à la façon dont elle avait répondu à Math, il y avait sans doute plus urgent que de s'occuper de la fameuse bosse.

"Je vais l'emmener ailleurs." fit-elle simplement à Laura avant de retourner vers la porte.

Elle reprit le plateau en main et ouvrit la porte, se retrouvant nez à nez avec le jeune homme qui confiait ses états d'âme à la porte de la chambre de la benjamine de leur équipe.

"Tu ne devrais pas rester là, Math. Laura a juste envie d'être un peu... Seule. Tu essayeras de lui parler plus tard si tu veux, mais là... Laisse là. Ca vaut mieux. Là, elle a juste besoin d'être seule."

Elle avait parlé avec sa douceur habituelle et tendit le plateau à Math.

"Tiens, tu voudrais pas le redescendre, s'il te plait? Ca m'arrangerait bien..."

Elle lui adressa un sourire un rien charmeur tout en attendant qu'il lui prenne l'objet des mains. Laura avait besoin d'un peu de solitude, mais aussi de voir ses copines. Ca, ça lui ferait sans doute du bien. Dès qu'Amy serait dans sa chambre, elle adresserait une petite communication à la jeune Kitty. C'était, sans doute, le mieux qu'elle pouvait faire pour aider la petite LeX. Enfin... Encore pour cela fallait-il que Math veuille bien laisser Laura...