[NeXus 4.3]L'odyssée de l'espace

Les NeXus furent réunis le matin du 9 mars, après les cours de la matinée. Cassandre avait finalement eu des nouvelles de leur alliés de circonstance. L'équipe se retrouva dans le hall de l'Institut en tenue de mission, Cassandre accompagnée de Nathan et Viconia, les deux nouveaux membres de l'équipe, à qui elle avait expliqué les détails de l'affaire.

"Fabiola a changé d'avis, aussi Viconia Savinen nous accompagnera-t-elle." précisa la psychologue. "Et voici Nathan Levy, le sixième NeXus. Je ne sais si la composition de l'équipe a été influencée par la prédiction... ou si nous l'avons influencée... Mais nous devrons assumer nos choix quoi qu'il arrive."

"Vous serez Mirage et Rafale. Et je vous présente Iacobo Milosevic alias Bones, Mina Kovacs alias Lilith, Georgia Beccaria alias Miracle et Jareld Panaleto alias Tumos. Je vous laisse le soin de présenter vos pouvoirs respectifs." dit-elle pour présenter l'ensemble de l'équipe.

"J'aurais aimé vous présenter les uns aux autres dans des circonstances plus réjouissantes, mais comme vous le savez "le devoir" nous appelle. En route." dit-elle en se dirigeant vers la sortie, tout en poursuivant.

"V m'a recontactée. La CIA semble finalement disposée à reconnaître la faveur que nous consentons par notre collaboration. Ils sont aux pieds du mur ; tout doit se jouer aujourd'hui, et ils ne peuvent plus risquer qu'on leur fasse faux bond." expliqua la psychologue, tout en sortant de l'école, tapotant le sol de sa canne dans un mouvement régulier, son bandeau noir sur les yeux.

"Notre mot d'ordre reste donc la collaboration... pour le moment. Mais ne perdons pas de vue que nous devons en savoir plus sur les intentions de cette mystérieuse médium. Je compte sur votre prudence à tous, nous évoluons sur le fil du rasoir."

Au sortir de l'Institut, les NeXus constatèrent qu'un camion blindé les attendait. Un homme que les élèves reconnurent comme étant V en sortit, dans la même tenue que lors de leur dernière rencontre dans les bois du Vermont.



La mine toujours aussi peu avenante, il s'avança sur le groupe.

"Sept, le compte est bon." dit-il pour tout salut.

La canne de Cassandre buta sur le camion dans un bruit métallique.

"Toujours aussi discret, à ce que je vois." commenta-t-elle pour toute réponse.

"Montez, vous serez briefés en chemin." répondit le chef du commando.

V monta à la suite des NeXus à l'arrière du camion, et referma la porte. L'intérieur était équipé de différents système audio-visuels, en plus des sièges, mais ne disposait pas de fenêtres. Deux autres commandos se trouvaient déjà à l'arrière. Une femme à la mine patibulaire, et un autre homme.

"Voici les agents B et M." dit V en désignant respectivement la femme puis l'homme.



Le camion se mit en route vers une destination inconnue des mutants, sous les regards lourds des trois agents de terrain de la CIA.

"Commençons. Comme nous vous l'avons expliqué, une menace d'origine étrangère s'apprête à attaquer la planète. D'après nos informations, il existerait des portes spatiales stationnées en orbite appelées stargates, qui auraient été placées là par un empire d'humanoïdes : les Shi'ars. Ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas de l'ennemi. En voici une reconstitution d'après les descriptions que nous en avons eues."

A ces mots, le projecteur holographique du camion se mit en marche, projetant l'image d'une créature quasi humaine, si ce n'était les plumes qui lui ceignaient la tête.



"Notre source mentionne ces créatures aviaires, qui ont pourtant régné sur une partie de la galaxie au siècle dernier, comme ayant été décimées par des aliens plus féroces encore. Comme vous pouvez le voir, à peu de choses près, elles étaient d'une constitutions assez semblable à la nôtre, d'où le danger potentiel que représente la race rivale qui les a éliminés. Nous n'avons aucune information d'ordre physiologique sur la race qui les a éradiqués, mais pour avoir réussi à annihiler ainsi une race aussi avancée technologiquement que les Shi'ars, ils ne doivent pas être nés de la dernière pluie de météorites. Toujours est-il que la stargate shi'ar menant à la Terre est toujours fonctionnelle, et que d'après notre médium, est sur le point d'être utilisée par la race inconnue comme point d'accès à la Terre."

L'image du Shi'ar se dissipa, tandis que V mesurait son petit effet. Le regard de B, durant la description des Shi'ars, était rivé sur Mina sans aucune sympathie.

Cassandre replia patiemment sa canne blanche, avant de prendre la parole.

"Et peut-on enfin savoir ce que vous attendez de nous au juste ? Je doute que nous puissions repousser l'invasion de la planète à sept, tout mutants que nous soyons." fit remarquer la non-voyante.

"Nous allons embarquer à bord d'une navette en direction de cette fameuse stargate. Elle est actuellement stationnée dans l'espace, au niveau du continent asiatique. Une fois à bord, vous devrez trouver un moyen d'en couper définitivement l'accès. Nous pourrions atomiser la structure d'un missile bien placé, mais le contenu technologique et scientifique de cette station est bien trop précieux pour l'humanité pour être détruit de la sorte. Nous récupérerons ce qui peut l'être pendant que vous neutraliserez la menace." répondit V d'un ton neutre, comme s'il leur demandait de passer à l'épicerie du coin pour acheter de la levure.

"L'humanité a bon dos." répondit Cassandre d'une voix maussade. Le gouvernement américain avait une fois de plus décidé de jouer la vie de tous sur un coup de dés.





Le camion roula plusieurs heures jusqu'à arriver à une base miliaire, puis l'équipe escortée des trois agents prit place à bord d'une navette du même genre que le X-jet, à cela près qu'elle était plus imposante et semblait moins maniable et fuselée. La navette décolla, et l'équipe quitta bientôt l'atmosphère terrestre, quelque part au-dessus de l'Asie. Plusieurs heures de vol plus tard, la navette arriva en vue de la mystérieuse stargate, qui malgré le scepticisme qu'elle avait pu provoquer, existait réellement.



La structure était imposante, et les lumières qu'elle dégageait témoignait de son activité. La navette pénétra dans la baie du hangar, et finit par s'y poser en douceur.



"Allons-y, l'air est respirable." lança V sans préambule, tout en s'harnachant de divers appareils en plus du fusil d'assaut qu'il portait en bandoulière.

"Grouillez-vous, on a très peu de temps." ajouta M en machouillant bruyamment son chewing-gum.

Le hangar était une pièce immense pouvant accueillir de nombreux appareils. En sortant de la navette, les élèves purent d'ailleurs constater qu'un appareil semblable au X-jet y était parqué, apparemment depuis longtemps vu la poussière qui le recouvrait.
Autour d'eux, deux passerelles, une à l'est, l'autre à l'ouest, s'enfonçaient dans le coeur de la station orbitale.

Sibylle s'approcha des élèves pour recueillir leurs impressions, pendant que les agents sortaient leur matériel de la navette.

"Des suggestions ?"

[Hrp : vous êtes désormais en mode jeu. Iacobo ouvre les tours, un tour dure une semaine maximum. Un post par personne par tour, une utilisation de pouvoir/action majeure par tour. Je vous invite à relire les règles de résolution de tours pour être sûrs que tout est clair. Bon jeu !]

Maillot de corps en latex noir luisant, épaulettes rougeoyantes et cintrées, short finement coupé pour ne jamais l'entraver et finalement mocassins solidement attachés et cirés à merveille : le costume du serbe lui donnait une certaine classe loufoque. C'était toute la beauté de l'ambiguïté de son costume : dans une soirée, on l'aurait très certainement humilié, mais avec des os pointus au bout des bras, il gagnerait largement en prestige.

Il jeta un œil en arrière, sur son équipe, dont il était à présent responsable. Il avait très mal dormi, les cours avaient été longs mais il n'avait pas l'âme à la fourberie. Très posé, il se contentait de reluquer un à un chacun des membres dans leur apparats de super-héros en herbe. La moitié inférieure de son visage était couverte par le prolongement de son col roulé en latex. Ajouté à sa froide posture, il se donnait un air confiant et inquiétant. Il était tout à fait dans le style des NeXus, et plus particulièrement de la sinistre Cassandre.

Elle leur présenta les deux nouveaux membres dont l'une venait remplacer Fabiola qui avait ouvertement admis sa faiblesse et sa détermination limitée. Il lui avait fallu seulement un monologue musclé pour la mettre dans tous ses états : sûrement pas le type de profil à vous sauver la vie dans les moments difficiles.

Ils retrouvèrent le grand frère hypothétique de Juan, toujours aussi fier dans son allure d'ex taulard reconverti. Dans le camion high-tech, on leur présenta leurs nouveaux amis aux dégaines tout aussi graves. Il les scruta un par un sans un mot, devinant la grande expérience que détenaient les deux commandos.


Iacobo tenta de rester neutre tandis qu'il écoutait tranquillement le briefing mais ne put s'empêcher de trahir son intérêt et son étonnement lorsqu'il fut mis au jus de cette invraisemblable scénario de science fiction bas de gamme où les extraterrestres portaient des plumes. Tout ceci paraissait trop gros pour être véritable : absolument aucune information n'avait filtré parmi la population, pas même colportée dans des légendes urbaines. Méfiant, il préféra continuer à écouter tout en vérifiant régulièrement le regard vif du commando en chef, pour tenter d'y déceler un bluff ou un piège.

Cassandre posa la question essentielle : que faire dans cette situation ? Il esquissa un sournois sourire à leur réponse. Il ricana lentement. Dans une époque éloignée, l'Amérique envoyait en première ligne au front les soldats noirs. La logique était toujours aussi gaie : rajoutez un peu d'espace et de navette, des mutants avant-gardistes et pleins de bonne volonté et la première ligne était reconstituée. Demander en quoi cette station spatiale pouvait desservir plus tard les mutants ou obtenir quelque chose en échange semblait alors presque inapproprié. Iacobo, le paladin inter galactique.


Le serbe fut bientôt obligé de croire dans la grosse blague de Super Juan : il entra sous tension dans la base militaire avant de se diriger vers la navette en question. Cassandre était silencieuse, tout comme le reste de l'équipe. Que dire après tout ? Ils œuvraient pour le moment dans un contexte dont ils ne maitrisaient pas les données : personne n'était à priori compétent pour piloter ou même comprendre le système d'une navette spatiale.

Alors que la navette quittait l'atmosphère terrestre, il pensa ironiquement à ses parents et à son ancien maquereau s'ils apprenaient que leur petite ordure favorite allait dans l'espace.

Il s'était approché de son équipe en veillant à ce que les commandos soient éloignés pour leur toucher deux mots :

"On nous a présenté cette station comme le dernier club de vacances à la mode mais ne nous leurrons pas : il y a de fortes chances que nous côtoyons là bas des espèces étrangères dont nous n'aurions "malencontreusement" pas été mis au courant de la présence. Vous faites ce que vous voulez de mon conseil, mais nous devrions rester groupés et privilégier avant tout nos vie avant celles des trois commandos"

Les yeux plissés et le teint morne, il les avait regardés puis la navette était arrivée dans la stargate. Il commençait à peine à s'habituer au décor extravagant auquel il faisait face. Bien que tout était nouveau et étranger, il regagnait confiance en lui en foulant le sol de la station et réfléchissait d'ors et déjà à la suite des opérations.

Naturellement, les commandos prenaient la confiance et les traitaient comme des bleus. Il leur jeta un regard blasé pour leur indiquer que ce type de langage n'avait pas de prise.

Cassandre demandait des suggestions. Le serbe prit donc la parole pour poser quelques questions :

"Charmant. Avant toute excursion, j'ai quelques questions. D'une part, je voudrais savoir combien de fois les commandos se sont rendus ici, tout ce qu'ils connaissent sur cette station. On nous débarque en territoire étranger et non planétaire et on nous demande de suivre sans questions, cela me semble peu diplomatique. Ensuite, je voudrais savoir s'ils ont déjà rencontre le moindre élément hostile en ce lieu, et si oui, comment lutter contre. Finalement je préconise un éclairage astral de Tumos pour savoir si nous sommes bien seuls"

Les Nexus devaient rejoindre Cassandre. Apparemment V l'avait contacté, il était temps de "sauver le monde"...
Tumos s'était habillé en conséquence: grand manteau noir, pantalon et chemise bleue marine. Sa tenue de mission qui commençait à lui être familière désormais.

Jareld quitta les cours et rejoignit son équipe, réunie dans le Hall de l'Institut. Une certaine appréhension montait en lui et il serra les poings: avide d'informations. Il balaya la pièce du regard, et sentit la présence de six personnes.
Fabiola manquait à l'appel, une nouvelle-venue, Viconia semblait la remplacée, et Nathan semblait être le sixième de l'équipe.
Cassandre expliqua le départ de Fabiola, Jareld ne dit rien mais n'en pensa pas moins: il était déçu du départ de la jeune espagnole. Mais il n'ajouta rien, se contentant d'acquiescer.

Le professeur évoqua le fait d'assumer le choix des membres puis elle présenta entre eux les membres de l'équipe et les nouveaux-venus. Jareld sourit à l'adresse de Viconia et Nathan en signe de bienvenue. Ils n’allaient pas êtres déçus ces deux là... Songea Jareld.

Cassandre prévint ses élèves sur certains point, évoquant le fait de collaborer avec la CIA et de se méfier de la médium. Jareld était bien de son avis, et il espérait qu'en plus de la menace extra-planétaire, il n'allait pas en découvrir une autre tel que cette médium.

Ils sortirent dehors vers un fourgon blindé où V les attendait, l'air toujours patibulaire. Jareld l'ignora presque et monta dans la camionnette. Il n'avait pas oublié la façon de se comporter de V et son apparente hostilité envers les mutants. Surtout envers Mina qui, différente physiquement ne semblait pas du goût de V. Sa petite remarque sur le nombre de personne en guise de salutations confirma Jareld dans son aversion pour cet homme.

Ils entrèrent dans la camionnette pour être briefés en route. Ils allaient enfin obtenir les réponses qu'ils attendaient tous. La tension monta d'un cran et Jareld tritura machinalement ses mains, anxieux. On leur présenta deux agents l'air aussi idiot que V, avec des surnoms tout aussi laconiques que révélateurs: B et M
Et les révélations furent exactement celles que l'on aurait pu servir dans un film de science-fiction: des extraterrestres-oiseaux se faisant plumer par des plus forts qu'eux, cette race supérieure décidée visiblement à débarquer sur Terre par une "stargate" sorte de portail permettant les voyages rapides.
La médium avait prévu leur arrivée. Était-ce la médium qui les avaient renseigné ainsi? Ou la CIA disposait-elle de sources supplémentaires?
Peu importe après tout, ils n'avaient plus le choix désormais, ils ne pouvaient que croire.

V leur annonça qu'ils allaient se rendre sur cette stargate et que leur but était d'en couper l'accès à cette race...
Jareld ouvrit des yeux grands comme des soucoupes quand V évoqua le fait de partir en navette spatial... Tumos n'avait pas eut l'occasion d'utiliser ce moyen de transport, son angoisse n'en fut que plus renforcée.
Il se força à respirer avec calme: après tout ça risquait d'être amusant ce petit voyage dans l'espace. Seul bémol, une fois dans l'espace: ils seraient seuls. Plus aucune aide ne pourraient leur être fournie...

Pendant tout le voyage dans le fourgon Jareld ressassa cette histoire, et ces conséquences et il tentait de maîtriser tant bien que mal son appréhension. C'était tellement irréel...
Ils descendirent du camion et montèrent dans une sorte de vaisseau en direction de la stargate. Le voyage se déroula mieux que ne l'aurait songé Tumos. Il avait pensé à des secousses et des perturbations violentes, mais rien de tout ça, ils arrivaient sains et saufs à la stargate.

Le spectacle qui s'offrait à Jareld était déroutant et effrayant. La stargate était là, devant eux. Toute cette histoire était donc bien réelle. Les extraterrestres et cette menace étaient concrets... Un frisson parcourut l'échine du jeune homme qui se leva pour sortir de la navette à la suite de son équipe, en direction de la stargate.

L'intérieur était étrangement...beau, trouva Jareld. C'était harmonieux et le décor correspondait bien à l'idée que ce faisait le jeune homme d'une station extraterrestre. Il sourit, fasciné par l'ambiance du lieu. La voix de M brisa le silence les incitant à se dépêcher, il mâchait bruyamment un chewing-gum et ce tic eut le don d'énerver Jareld.
Ils devaient désormais passer à l'action et découvrir ce que recélait cette station et en couper l'accès à cette race extraterrestre.
Jareld comprit qu'il allait devoir repérer astralement les lieux avant toute chose. Mais il ne dit rien se contentant d'observer pour le moment.

Cassandre demanda l'avis de ses élèves et Iacobo le leader commença. Il avait toujours ce même humour qui fit sourire Jareld mais sur une note plus grave il conseilla à l'équipe de ne pas se séparer. Tumos aurait bien été de son avis, mais pour repérer les lieux, il semblait que se scinder en groupe était la meilleure solution du moins pour le moment. Pour ce qui était de privilégier nos vies à celle des commandos, Jareld était parfaitement d'accord.

Le jeune homme s'avança vers Iacobo pour lui répondre:

"Je suis d'accord avec toi Iacobo, mais pour ce qui est de rester groupés je ne sais pas si c'est la meilleure solution, peut-être qu'en se séparant nous irions plus vite à découvrir ce que nous souhaitons. Un groupe pourrait partir sur la passerelle est et l'autre sur la passerelle ouest, mais je ne sais pas non plus si c'est la meilleure solution, après tout on ne sait pas ce qu'il y a là-dedans..."

Jareld désigna du regard la station puis il reporta son attention sur le leader qui demanda ensuite à obtenir toutes les informations possibles sur cette station aux commandos. Jareld approuva cette demande, quand Iacobo proposa que Tumos repère les lieux astralement.
Le moment était arrivé...

"Pas de problèmes, j'y vais tout de suite, je reviens vous dire ensuite ce que j'ai...ressentie"

Tumos s'assit par terre en tailleurs, le dos contre le mur. L'esprit de Jareld d'une pensée, quitta son enveloppe charnelle.
Tumos sonda aussi loin que son pouvoir le lui permettait le vaisseau pour découvrir une éventuelle présence : hormis leur propre groupe, le mutant ne détecta aucune forme de vie dans la station.
Puis, il partit sur la passerelle est, explorer le plus possible la station et détecter une possible menace. Jareld regardait attentivement partout et analysait rapidement les détails afin d'obtenir un maximum d'informations.

A peine ses bagages (= son sac à main) déposés dans une chambre qu’elle avait immédiatement repeinte en compagnie de sa colocataire, Viconia s’était retrouvée propulsée dans une équipe d’intervention top secrète. Ceci au sein d’un institut qu’elle prenait pour un tranquille internat destiné aux surdoués.

Pour le coup, elle avait accueillit la nouvelle presque avec gratitude, surtout le concept de la tenue de mission. En effet, arrivée deux jours plus tôt, après avoir été mise dans un avion en urgence, elle n’avait pas encore eut l’occasion de se fournir de nouveaux vêtements et oui, cela faisait autant de temps qu’elle se baladait dans les mêmes… Lavant le strict nécessaire si telle était la question.

Enfin bref, elle s’était retrouvée là, parachutée dans le hall, en compagnie d’un blondinet, d’une aveugle et d’un groupe hétéroclite dont une ... Harpie ?
Comme si cela ne suffisait pas, elle s’était retrouvée rebaptisée, et avait par là même enfin saisit ce qu’Ivy, l’irlandaise qui l’appelait Safari constamment, voulait dire.
Nathan, le blond, était a priori attendu alors qu’elle-même colmatait les brèches. Bah, il fallait bien commencer quelque part, même si elle ne saisit pas vraiment où elle allait commencer justement.

Les autres avaient tout un tas de noms d’oiseaux rares également, et elle remarqua avec amusement qu’entre Mirage et Miracle, cela allait être du gâteau. Si leur chef de groupe se faisait étriper en donnant des ordres et qu’il s’arrêtait à « Mira… » ben… Ils seraient tous fichus. Sans compter les confusions possibles dans l’action…

Quoiqu’il en soit, elle resta globalement silencieuse et observatrice tout du long, essayant d’abord de comprendre comment le groupe fonctionnait, quels étaient les différents rôles, et surtout, comment ils faisaient pour marcher sans soucis dans leurs tenues.
Pour le coup, elle était heureuse d’avoir hérité de quelque chose de confortable et complet qui permettait de bouger sans entraves et ne pas avoir constamment à retenir un bout de tissu se faisant la malle.

Incrédule, elle eut droit à deux débriefings successifs.

- Un où Cassandre, sa nouvelle référante, expliqua comment ils s’étaient retrouvés bringuebalés dans une histoire de Sauver le Monde alors qu’ils étaient allés camper. Le tout, tandis, bien sûr, qu’une médium avait tout planifié. Peut-être même le fait que Viconia se ferait agresser au même moment en Finlande, puis son expatriation express.
Moui.
Bien, pourquoi pas, au premier aperçut des résidents, ils avaient tous l’air un peu fêlés de toute façon.

- Ce fut au deuxième débriefing, effectué par un Rambo kit complet dans un van noir, fallait-il le préciser, qu’elle faillit craquer et éclater de rire en se tenant les côtes.

Déjà, Rambo avait particulièrement bien choisit ses acolytes, la même tronche, le même style, le même 100% pas crédible pour la jeune finlandaise. Leur attitudes étaient tellement stéréotypées qu’il était particulièrement difficile de rester sérieuse.
A vrai dire, tout ce temps, elle était restée sérieuse pour Cassandre… Et pour ne pas se faire flinguer du regard par le chef de groupe en culottes courtes, il fallait dire qu’il était super sérieux !

Mais le coup des Chiards (pardon Shi’ars…) à plumes... Cela avait tout simplement été Armageddon dans la tête de Vic.
Tout le temps, elle s’était demandé si c’était une forme étrange de coutume locale apparentée au bizutage. Mais là, franchement, cela avait été très dur de laisser couler et de leur faire croire que oui oui, elle était totalement à fond dedans. Elle s’était planté ses petits ongles d’artiste manuelle dans les paumes et avait laissé filer.
Non sans avoir lancé des coups d’œil insistants au Blond tout du long, histoire de voir comment, lui, réagissait.

Quoiqu’il en soit, ils projetaient d’envoyer Vic dans l’espace, histoire de la voir désactiver un gros machin ultra dangereux et confidentiel que l’on n’avait absolument pas le droit de détruire (hum, cela serait probablement pour le niveau 2…).
Bien, pourquoi pas, après tout, elle ne serait pas seule.


Le seul souci en fait, c’est que quelques heures plus tard, Vic était effectivement dans l’espace en compagnie de la petite troupe et qu’il y avait effectivement un gros machin technologique qui attendait sagement.

Qui plus est la mini base (ou la « stargate », si on en croyait les Rambo number three), avait l’air relativement active, toute en lumières, tout ça.
Peut-être partaient-ils pour une nuit de folie dans la plus grande spacio-boîte de tous les temps… Dommage, Viconia n’avait jamais vraiment été très « rock your body ». Mais s’il fallait ça pour créer un esprit d’équipe, va…

Mais non. Une fois descendus et tous groupés, le fun n’était plus là. C’était désert, c’était infréquenté, et ça sonnait diablement réel (même si les Chiars, quand même….).

Pour le coup, elle avait vraiment envie d’aller tapoter le jet posé là, a priori depuis un moment, histoire de bien mettre en valeur le fait que ce soit du carton.
Elle le demanderait dès qu’elle le pourrait à son chef de groupe qui, lui, était diablement dedans, les prévenant de la possible présence de poulpes de l’espace, hérissons galactiques ou autres surprises inconnues.

Ah, elle était peut-être passée niveau deux sans le savoir…

Et les volontés de Iacobo semblaient aller en ce sens, il allait y avoir des utilisations de pouvoir, sur fond de scepticisme et prudence. Peut-être était-ce une forme de bizutage de groupe en fait !

Quoi qu’il en soit, Vic décida de s’investir, rien que pour eux et vu les tronches qu’ils tiraient. Et prit également un air tout à fait sérieux et investit.

Elle saisit l’opportunité après que le « Jareld » eut donné son opinion sur une possible séparation. Elle tenta donc un timide :
« -Peut-être pourrions-nous également « visiter » la vieille navette là-bas… On pourrait apprendre des choses sur ces… (Elle éluda adroitement le nom, elle n’aurait put retenir un hoquet de rire autrement)… Qui ont été exterminés. »

Le jour J arrive toujours trop tôt. Et c'est en regardant tristement Cassandre que Georgia comprit que le temps passait très vite, trop vite... Elle aurait bien aimé faire un retour en arrière et profiter un peu mieux des derniers jours. En vain.

Elle salua mollement les nouveaux. Le garçon avait l'air tranquille, la fille mignonne... Ainsi Fabiola ne serait pas des leurs ? La New Yorkaise se rappela ce baiser offert par jeu, avec amertume... Aurait elle encore l'occasion d'embrasser à nouveau ?

Les présentations faites et Georgia ayant expliqué rapidement ce qu'elle savait faire, ce qui ne pouvait être que très rapide, elle suivit la petite troupe au point de rendez vous, la peur toujours bien tassée en elle. Écoutant les paroles ailées de Dame Cassandre, elle ne put s'empêcher de faire un grand sourire à Nathan et Viconia : inutile de leur infliger sa pétoche à eux, qui venaient de débarquer !

Retrouvailles surprise dans un fourgon blindé avec V alias SuperJuan et deux de ses potes B et M... Georgia se prit à considérer qu'ils ne devaient pas être bien nombreux dans cette équipe de fachos gouvernementaux paramilitaires : tout au plus 26. Ca la fit marrer, d'une manière tout à fait stupide. Et elle ne fit plus attention à eux, préférant reporter son attention sur le briefing.

Après tout, il serait dommage qu'elle se fasse descendre parce qu'en briefing elle avait préféré se raconter des blagues plutôt qu'écouter !

Elle suivit avec attention les paroles de V : races extraterrestres, portails spatiaux... C'en était beaucoup pour une petite urbaine ! Mais le discours de l'agent gouvernemental lors de la classe verte était déjà dans ce goût là : là, c'était juste le cran au dessus ! Quand on a commencé à gober des couleuvres, autant poursuivre avec les boas constrictors !

Mais ce n'était pas encore la meilleure : Georgia resta bouche bée, quand V expliqua le plus sérieusement du monde, que les NeXus allait voyager dans l'espace avec lui même et ses deux copains, le tout pour aller dessouder de l'alien pendant que les milichiens iraient à la chasse à la pépite technologique outre terrestre.

Elle voulut s'évanouir mais n'y réussit pas. Serait elle encore la seule à ne pas être complétement atteinte ? Connaissant son état de stabilité mentale incertain, elle prit peur...

*
* *

Le voyage se fit en navette. Cramponnée à son siège, Georgia essayait de ne pas se dire qu'elle allait aller dans l'espace. C'était à la fois stimulant et terriblement excitant mais aussi terrifiant : elle allait voyager là où aucun Beccaria n'est jamais allé.

Quelques minutes plus tard, elle voulut penser à autre chose, comme à cette classe verte qui était si sympa, où on lui avait même laissé conduire le véhicule. S'imaginant au volant de la navette, elle caressa l'idée d'émettre cette suggestion... Puis comprenant que celle-ci serait la source de moquerie sans fin, elle se ravisa...

Le temps était long quand on attendait de se faire blaster par des créatures extraterrestres. Georgia, plus paumée que d'habitude, reporta son attention sur les passagers... M l'intriguait tout particulièrement : elle n'avait pas l'air commode, mais elle était forte, si forte ! Et il y avait un côté très animal en elle qui n'était pas pour déplaire à la curieuse Georgia.

Elle passa plusieurs minutes à l'observer, la tête légèrement relevée, la bouche ouverte en une expression d'intérêt marqué, gardant une main dont elle ne savait trop que faire en l'air...

Georgia essaya plusieurs fois de lui dire quelque chose mais n'y arriva pas. M était devenue son modèle, sa référente. C'était sur, si M survivait, Georgia y arriverait aussi !

Puis tout s'accéléra à mesure que la structure orbitale approchait. La New Yorkaise sortit de ses rêveries avant de sortir tout court de la navette. L'heure était à l'équipement, à la préparation et à la stratégie. Elle quitta à contre cœur ses rêveries éveillées.

Déjà la chef demandait des suggestions, déjà Iacobo faisait des propositions. Georgia se sentit déclassée, préférant observer ses pieds que cogiter sur la situation. Rentrant en elle. Puis se souvenant qu'elle avait laissé tomber le Lass de son nom de code, parce qu'elle était, enfin, devenue une grande fille, elle reprit pied.

Elle opina en premier lieu vigoureusement à la suggestion de Iacobo.

Puis elle regarda rapidement autour d'elle, tentant de trouver un truc malin à dire.

"Bon, OK... Moi je suis moyen partante pour les deux groupes. D'ailleurs, Madame M, si vous nous avez fait venir ici, tous ensemble, c'est j'imagine pas pour qu'on se sépare au bout de 2 minutes ? C'est, j'imagine, au contraire, pour qu'on fasse des trucs tous ensemble... Enfin si vous voyez ce que je veux dire..."

A nouveau un regard vers le sol, ne désirant pas affronter le regard de la guerrière.

"Sinon, ouais, Viconia dit un truc malin : ce vieux tas de ferraille pourrait être intéressant à explorer. Histoire de savoir un peu plus où on met les pattes... J'sais pas, y'a peut être un ordinateur de bord à consulter ? Ou des bidules à machiner ?"

Elle se gratta la tête, pressentant par là même, le bug cérébral, le déluge mental.

"Mais Madame M, ce que je comprends pas... Vous nous aviez dit l'autre fois qu'on aurait une attaque massive, ou j'sais pu quoi, dans les 72 heures... C'est à dire maintenant si j'sais toujours compter... Mais les ultra terrestres, j'ai pas l'impression qu'ils soient là. Vous avez pas plus de précisions sur la prédiction de votre Sybille à vous ? Ils sont sensés arriver où exactement ? Le portail, j'imagine... Mais vous avez pas une idée de comment est agencé cette station ? Genre avec vos sonars gouvernementaux ? Et depuis combien de temps avez vous découvert cette base ? Parce que bon, si vous voulez chourer du matos, c'est bien que c'est arrivé récemment, non ? Ou alors vous l'auriez déjà vu sur vos écrans, non ?"

Cessant de se gratter, elle marqua une pause et sourit à M.

"En fait c'est ça, non... C'est un machin top secret que vous utilisez déjà... Sauf que la nouveauté, c'est la prédiction de votre médium qui a vu que sans nous ça allait faire très mal, non ?"

Tumos revint à lui après son tour d'horizon astral. Il n'avait pas détecté âme qui vive dans la station à l'exception d'eux-mêmes. Après avoir poussé son exploration sur la passerelle est, il fut en mesure de décrire brièvement la structure des lieux du côté est :



La station n'était pas conçue en un bloc uniforme. Il s'agissait plus d'un ensemble de passerelles rivées entre elles en réseau autour d'une sorte de "nexus" bleuté en forme de cercle situé à l'extérieur, et dont l'ouverture donnait sur un sas énorme placé entre l'entrée des deux passerelles dans le hangar. Les coursives étaient munies de hublots à intervalles réguliers, permettant d'observer le nexus et l'espace environnant. Toute la stargate était faite d'un alliage métallique indéterminé, et équipée de sas hermétiques en guise de portes. A différents endroits, des sas menaient à des pièces. Jareld put notamment identifier un réfectoire (4) en désordre durant son exploration de la passerelle est.

Une fois le rapport de Tumos effectué, Sibylle hocha pensivement la tête.

"Bones a raison : en cas de problème, notre survie est prioritaire, mais n'oublions pas que nous avons besoin des agents pour rentrer chez nous en un seul morceau... La bonne nouvelle, c'est que la CIA ne les aurait sûrement pas envoyés si peu nombreux en mission suicide, puisque le gouvernement compte sur les découvertes faites ici... La prophétie doit sûrement mentionner leur retour." répondit Cassandre à mi-voix, tout en s'imprégnant de l'atmosphère sinistre des lieux. Une sorte de silence assourdissant planait dans le hangar, comme l'écho distant d'un passé tragique, que la psychologue faisait tout pour ne pas savoir.
La non-voyante avait presque pitié des trois commandos qui les accompagnaient. Ils suivaient cette mystérieuse prédiction, risquant aveuglément leurs vies alors qu'ils n'avaient même pas confiance en leur médium...

Les trois soldats finirent par se rapprocher du groupe, après avoir effectué rapidement divers relevés à l'aide de petits appareils dont ils disposaient.

"C'est la première fois qu'on vient ici, nous sommes les pionniers. Cette station n'a attiré notre attention qu'il y a quelques jours, lorsque nous avons su où chercher grâce à la prédiction. Cette prophétie est tellement alambiquée qu'on a dû mobiliser des agents pour la "décoder". Elle n'est pas cryptée en soi, mais elle est quasiment incompréhensible. Elle laisse beaucoup de zones dans l'ombre. Vos pouvoirs par exemple : ce sont nos recherches sur la liste qui nous ont donné des pistes, mais rien d'exhaustif. La nature des xénomorphes qui s'apprêtent à franchir le portail nous est également inconnue. Nous savons juste "que leur vraie nature se cache dans un écrin"." expliqua V sans enthousiasme.

"Nous en saurons plus en étudiant la station shi'ar. Ils ont bien dû laisser des traces de leur premier passage ici. Sibylle, si vous avez des informations que nous n'avons pas, c'est le moment de vider votre sac." ajouta-t-il, en croisant ses bras musculeux sur sa poitrine dans une attitude expectative.

"Croyez bien que je ne manquerai pas de vous faire savoir ce que je sais au moment opportun, agent V." répondit Cassandre avec une politesse tranquille, qui pour les élèves, qui savaient qu'elle n'utilisait plus son don, devait avoir une ironie presque cocasse.

Visiblement, la réponse n'était pas celle que V attendait, mais il ne s'étendit pas plus là-dessus.

L'agent M, quant à lui, fronça les sourcils.

"L'agent M, c'est moi, Binocle." répondit sèchement l'homme au chewing-gum à Georgia en déformant son nom de code, avant de tourner les talons pour jeter un oeil à l'autre appareil stocké dans le hangar. Il fit d'ailleurs un signe de main à Viconia. Ces trois-là n'étaient pas très réceptifs aux blagues sur la virilité.

"Comme te l'a dit ton petit-copain, cette station, c'est un putain de tombeau. Tout ce qu'on sait, c'est que les Shi'ars qui gardaient cette base ont été laminés pendant la guerre qui a opposé les deux races. Maintenant, mettez-vous au boulot, parce que le compte à rebours a déjà commencé. Trouvez un moyen de fermer définitivement le portail." répondit la femme soldat avec une pointe d'exaspération.
L'agent V tâta pensivement la poche à scratch de son gilet, puis celles de son treillis comme pour s'assurer qu'il n'avait rien oublié.

"Nous avons deux objectifs distincts : récupérer un maximum d'informations, et fermer le portail. M et moi assurerons le premier. Je vous détache l'agent B pour le second." ajouta V. B et V échangèrent un regard froid pour l'une, autoritaire pour l'autre, puis B lâcha un "Compris." résigné.

"Hum... Comme tout système, il doit bien exister un moyen de l'éteindre. Il ne nous reste plus qu'à explorer les lieux, j'imagine... Allons-y."

Tout le monde discutait tranquillement pour se détendre et donner son avis, comme pour se rassurer dans cette station délaissée de l'espace si silencieux. Il allait falloir bavarder des années pour couvrir le bruit muet du champs astral.

Le serbe avait l'oreille tendue tout en regardant à travers un hublot. Le portail avait une dimension irréelle et fascinante de par le monde inconnu qu'il promettait de l'autre côté. Ou bien était-ce un autre côté plus traditionnel... la mort ? Il s'imagina s'engouffrer à l'intérieur puis se ressaisit.

L'aspect positif de l'escapade qui se préparait était que l'équipe ne se séparait pas : pour le serbe, c'était une condition essentielle pour éviter la perte de l'intégralité du groupe. Il n'était pas un responsable émotif mais lucide : ils n'étaient pas encore suffisamment puissants pour s'aventurer seul dans un terrain aussi hostile. Ils prenaient donc un des leurs, qui pourrait servir dans la pire des situations de monnaie d'échange. Un otage avait toujours quelque chose de rassurant.

L'aspect négatif était que l'ensemble reposait beaucoup trop sur des superstitions et des phénomènes auxquels l'ancien prostitué ne croyait pas. Le destin pouvait aller se faire mettre. Il se remémora les paroles d'un ancien maquereau croate : "Il n'y a qu'une loi : défourailler le premier" - brut mais redoutablement pertinent.


La vraie nature se cachait dans un écrin : soit, ils s'apprêtaient donc à le défoncer au pied de biche inter galactique. Cassandre donnait le coup d'envoi.


"Apparemment, le lieu est vide. Autant dire que je n'y crois qu'à moitié. Je propose d'avancer dans le couloir de façon structurée : je prends la tête, Rafale derrière qui couvre. Si j'ouvre une porte, tu dois pouvoir mitrailler ce qu'il y a derrière. Tumos et Mirage, les deux intellectuels, au centre pour pouvoir agir tout en étant protégés. Miracle et Lilith fermeraient alors la marche. Il faut vérifier régulièrement à travers les hublots : je sens bien ce doux moment où un vaisseau extraterrestre viendra nous laminer. Je propose de nettoyer ensemble et une par une chaque pièce. Je proposerais volontiers à notre compagnonne humaine d'aller explorer ce qu'il y a derrière le portail, mais je doute de sa coopération"


Il s'avança donc en direction de la première pièce du couloir, vérifiant que l'entrée ne soit pas piégée et prêt à l'ouvrir en sachant que l'équipe, et plus particulièrement Rafale, serait là pour le couvrir.
Quittant le hangar par le sas de la passerelle est, Iacobo progressa prudemment jusqu'à une intersection, qui proposait deux choix : continuer tout droit vers le réfectoire (4), ou tourner à gauche sur la passerelle centrale, dans laquelle se profilaient trois portes (1), (3), (2).
Rien n'était venu troubler la progression de ceux qui avaient suivi le leader des NeXus sur la passerelle est. L'agent B s'était placée sans un mot sur le flanc gauche de Bones, le fusil d'assaut armé et prêt à l'emploi. Son arme était chevauchée par un détecteur infrarouge qui balayait le périmètre à intervalles réguliers.

"RAS des deux côtés sur 20 mètres." grogna-t-elle. "Décidez-vous, on va pas coucher là."

Ne pas confondre empressement et précipitation. C'est ce que se répétait souvent Georgia avant de faire n'importe quoi. Genre embrasser des filles qui n'en avaient pas demandé tant. Ou casser des trucs. Ou partir au quart de tour.

Mais invariablement, sa vie était une répétition perpétuelle des innombrables erreurs de son passé... Elle pourrait se noyer 1000 fois dans la même flaque d'eau que cela ne l'étonnerait même pas.

Elle rougit de sa confusion : visiblement ce serait pas aujourd'hui qu'elle arriverait à faire bonne impression devant M qui s'appelait en fait B. Georgia grogna quelque peu.

"Leur vraie nature se cache dans un écrin" lança-t-elle pensive. "Madame B., moi aussi ma vraie nature se cache dans un écrin mais j'ai l'impression que la nature de ces Ultra-terrestres c'est pas une discussion avec des papillons et des chrysalides..."

Il y avait trop de trucs bizarres. Trop de trucs à avaler. Déjà Iacobo voulait que la troupe avance sur les recommandations des militaires... Bizarrement, B. ne faisait pas partie de ses plans. Cette dernière s'incrusta néanmoins. Encore plus bizarrement Dame Cassandre avait également été oubliée.

Elle regarda la vieille navette. Bizarre. Une sorte de X-Jet mais en poussiéreux. Un truc sh'iar ? Ou alors ? Georgia frissonna. L'appareil avait intriguée Viconia. Et aussi la petite New Yorkaise.

"Dame Cassandre, les autres, je vais jeter un œil à l'intérieur. Je vous rejoins immédiatement... enfin j'espère !"

Prudemment, Georgia s'approcha de l'appareil et tenta de pénétrer à l'intérieur. L'agent M, qui avait invité Viconia à s'approcher de l'engin avec lui, s'approcha de Georgia pour observer l'appareil.



Le jet était très fuselé, de couleur noire, et recouvrait d'une épaisse couche de poussière.

"Ce vieux coucou doit moisir ici depuis un bail..." marmonna M en passant sa main sur le fuselage pour évaluer la quantité de poussière, laissant une marque "propre" là où il l'avait posée.
Passant sous le ventre de l'appareil, Georgia put repérer les bords de la rampe d'embarquement, qui semblait hermétiquement fermée. Elle repéra un bouton sous l'aile, mais l'actionner n'eut aucun effet : l'appareil resta fermé.

Les discussions semblaient aller bon train mais pour l'instant le groupe n'avançait guère et chacun y allait de sa petite idée. Complètement différent de ce qu'il avait bien pu connaitre dans son pays natal quand il n'était qu'un simple rampant, s'amusant gaiement à se maquiller le corps de boue pour être méconnaissable et totalement fondu dans la masse. Nathan en venait même à regretter cette époque où le chef donnait un ordre à un subalterne qui lui même répercutait l'ordre à son propre subalterne et ainsi de suite jusqu'au Harah. Mais bon dans cette époque de sa vie, il n'avait jamais eu pour mission de faire une sortie spatiale pour y fermer je ne sais quel portail intergalactique afin d'éviter qu'une espèce qui semblait avoir massacré des êtres certainements beaucoup plus évolué que l'homo sapiens
Cela sortait quelque peu de l'ordinaire et de ses attributions

L'israélien écouta avec attention le rapport de Jareld et essaya de mémoriser de manière mentale, le plan qu'il venait de donner briévement : il arriva à une sorte de plan visuel qu'il aurait bien aimé communiquer aux autres mais il n'était pas télépathe et ne possédait ni papier ni crayon pour le représenter. Puis les NeXus apprirent que la nature des visions de leur médium semblait assez difficile à décoder : super alors on avait d'un coté un médium capable de donner des visions mais celles ci sont tellement complexes que la CIA avait du faire appel à leurs supers-cerveaux et de l'autre un médium capable d'avoir des visions claires mais qui ne voulait plus utiliser son pouvoir

Mission suicide ??? Non peut être pas jusque là mais on ne devait pas en être très loin. Quelles pouvaient bien être les probabilités qu'ils puissent rentrer à l'Institut en un seul et même morceau qui de préférence n'était pas trop abimé : 0,01% et encore

Alors que Rafale semblait en plein débordement mental de pensées négatives, la voix de son leader lui parvint aux oreilles, et cette dernière semblait déterminée. Bien le kickoff venait d'être tiré et ils allaient pouvoir remonter le terrain. D'ailleurs il alla même jusqu'à proposer une formation qui convenait parfaitement au jeune homme, et puis son rôle défourailler à tout va semblait lui convenir

"Recu fort et clair"

Ses pupilles virèrent au violet et avant qu'elles ne recouvrent tout ses yeux, les autres purent voir un regard plus que déterminé et froid : il était paré à toute éventualité et avancait maintenant derrière Bones légèrement décalé sur la droite tandis que B elle était venu sur sa gauche, fusil levé. Ils arrivèrent à l'intersection et le leader regarda Nathan un instant avant de lui désigner le couloir qui continuait, ce dernier hocha la tête pour signifier qu'il était d'accord et le groupe s'ébranla une nouvelle fois en direction du réfectoire
Rafale glissa vers la gauche pour arriver à coté de l'agent B et lui glissa

"Je ne sais pas quels sont vos ordres mais avec nous les ROE seront de tirer en cas de contact hostile avéré"

Il avait bien appuyé sur le dernier mot de sa phrase pour lui faire comprendre que tirer dans le tas n'était pas le plus judicieux dans cette partie. Ils ne savaient certes pas qui ils allaient bien pouvoir trouver mais qui sait si ces Chiars n'étaient pas les méchants de l'histoire

Ils arrivèrent en face de la porte et Nathan se placa devant légèrement décalé prêt à dégommer le moindre danger qui pointerait le bout de son petit nez

Puis il leva le pouce pour signifier qu'il était prêt et que Bones pouvait actionner le mécanisme d'ouverture.

Jareld revint à lui en ouvrant brusquement les yeux. Ce qu'il avait vu l'avait rendu plus prudent encore qu'à son arrivée. Cette stargate était décidemment trop mystérieuse pour être inoffensif...
Si la médium avait prévu l'arrivé aujourd'hui des extraterrestres, il était presque certain que ceux-ci viendraient alors que l'équipe était présente... Le danger n'était jamais loin.

Tumos se releva et remercia Nathan qui semblait l'avoir protégé par mesure de sécurité, puis il rejoignit Cassandre et raconta ce qu'il avait vu à tous, en détaillant le plus possible.

Les commandos donnèrent les réponses espérées, mais elle ne plurent pas du tout à Tumos qui fit une moue sceptique. C'était la première fois qu'ils venaient sur cette base, et peut-être la dernière songea t'il avec pessimisme.

Après tout ne fallait-il pas être réaliste? Si les extraterrestres débarquaient ils n'auraient aucune chance, malgré la prédiction de la médium... et les dires de Cassandre sur un possible retour prévu par cette première... Les visions aussi subjectives qu'un vague: "que leur vraie nature se cache dans un écrin" étaient sûrement sujetes aux interprétations et certainement suceptibles de changées mais Jareld espéra que sa professeur avait raison.Cette prédiction énigmatique sur un écrin fit doucement sourire Jareld: pourquoi fallait-il toujours que les prédictions soient aussi énigmatiques? C'était toujours pareil: c'était jamais clair.

Les commandons n'en savaient donc pas plus qu'eux et ils devaient donc explorer sans autres indices, la stargate. La tension monta d'un cran et Jareld serra son poing droit, rentrant pronfondément ses ongles dans sa paume.

B fut assignée par V à l'équipe. Cette première ne semblait pas très enthousiaste... Au contraire de Georgia qui elle paraissait l'apprécier... Etrange...Songea Jareld en dévisageant sa coéquipière.
En tout cas V leur avait demandé de fermer le portail, ou du moins d'en couper définitivement l'accès. D'après ce qu'avait vu Jareld durant son exploration astrale, ce portail pouvait très bien se trouver dans la salle le plus au coeur de la station... Il lui faudrait certainement y faire un tour...

Iacobo distribua alors les ordres préférant la stratégie du "rester groupés", mais il la combina avec la séparation en créant trois groupes de deux.
Jareld ne releva pas la remarque "intello" qu'il lui décrocha se contentant de se tourner vers Viconia avec un sourire. Ils agiraient ensemble, visiblement. Le leader leur avait demandé de se placer au centre...
Au centre? Au centre de quoi au juste? Se posa Jareld... Du hangar supposa t-il. Il haussa brièvement les épaules comme pour dire que les ordres de Iacobo ne lui posait pas de problèmes.

Le leader s'avança ensuite avec Nathan qui couvrait ses arrières et Mina à leur suite, s'engageant dans le couloir. La voix de B annonça un "RAS" classique et Jareld sourit de cette intervention très...militaire.
Georgia partit de son coté vers le vaisseau. Et Tumos décida qu'il lui fallait poursuivre son exploration de manière plus poussée...
Il se plaça au centre du hangar et dit à l'adresse de Viconia:

"Bon, bah pour ma part je vais continuer d'explorer un peu les lieux, je reviens le plus vite possible pour raconter ce que j'ai vu."

Jareld tâta son communicateur: il lui serait utile pour joindre les autres où qu'ils soient et leur raconter ce qu'il avait vu sans avoir à crier.

Tumos s'assit en tailleurs au centre du hangar. Il laissa son esprit vagabonder un instant puis, déterminé il le projeta hors de son corps. Il sortit de son enveloppe charnelle et la quitta pour se diriger rapidement vers le couloir. il se retrouva une nouvelle fois à l'embranchement du "couloir aux trois portes".
Il se décida à explorer la salle numéro 3, car la porte était seule sur le mur de gauche et pouvait donc révéler une pièce importante.
Il fila vers elle, et la traversa. Il explora ensuite la pièce cherchant quoi que ce soit qui puissent les aider à refermer ce portail, ou encore des indices leur permettant d'en savoir un peu plus sur ce qui s'était passé ici...
Si il trouvait un indice susceptible de les aider, il rejoindrait son corps et en informerait l'équipe via le communicateur.

De toute évidence, celui qui avait élaboré le projet farfelu de les bizuther dans l'espace s'était endormi au beau milieu de la création du background.
Sans vouloir critiquer, même si cela faisait mauvais film de série Z, le début du scénar, avec les Chiards (...) se faisant piétiner par une espèce supérieure, la CIA qui débarquait, etc, tout ça ne manquait pas de bonne volonté.

Mais le coup du médium bourré déblatérant, comme par hasard, une prophétie qu'on n'a pas comprise ou à moitié, évoquant "une vraie nature dans un écrin" comme une bague de fiançailles qui attends d'être sortie et agitée sous le nez de quelqu'un au moment opportun, c'était un peu facile.

C'est pourquoi, toute septique, mais impatiente de poursuivre son aventure, Viconia nota tous les détails, histoire de les ressortir et de les critiquer dans l'enquête de satisfaction que l'on distribuait toujours à la fin.

Comme à son habitude, Cassandre était dedans, énigmatique et usant du fait qu'elle n'utilisait plus son don pour les laisser bravement pédaler dans la semoule. "C'est votre quart d'heure de célébrité mes pious pious" !

Iacobo n'attendit pas longtemps pour donner des ordres clairs et donner une formation de groupe pour avancer dans l'exploration et optimiser les capacités.
Ceci fait et l'ordre respecté, Viconia se demanda si elle devait préciser à son leader le fait que son pouvoir n'ait jusqu'ici toujours marché que sur une personne à la fois, une seule. Qui plus est, lors de son dernier essai, cette personne s'était trouvée être humaine et ne pas avoir de plumes sur la tête ni d'écrin pour sa nature, aussi ne savait-elle pas si elle serait rudement efficace dans ce contexte...
Quoi qu'il en soit, Vic faisait à présent partie des "intellectuels" avec un grand gaillard à qui elle renvoya son sourire. Soit. Quoique, attribué par un "gros bras" elle doutait du fondement honnête du compliment...

Elle essaya de suivre du regard (et physiquement) Georgia et la Brute (vénérée par Georgia, semblait-il... Peut-être allait-il également falloir élire son perso préféré !), qui se rendaient près de la mystérieuse navette. Cependant, elle dut se contenter de les observer de loin (et de croire Gigi si d'aventure elle lui affirmait que ce n'était pas du carton) car la grande chose qui l'accompagnait décida soudainement d'aller faire un sitting au milieu du hangar, dans le but de temporairement quitter son corps.

"-Maignmfenfin, Bones, je décroche !"
Signalant par là à son leader qu'elle allait courir après le souriceau égaré.

Ceci fait, elle rejoignit Jareld et grandes enjambées et, constatant qu'il était là sans être là, resta plantée là à le surveiller et à surveiller le hangar.
Pour plus de pratique, elle s'était plantée derrière lui, le dos de Jareld contre la face antérieure de ses jambes. C'était histoire de parer à tout malaise en arrière et donc éventuel traumatisme crânien sur les bras.
Croisant les bras, elle attendit que le poids de Jareld sur ses jambes lui signale qui serait de retour parmi les conscients.

Finalement, le groupe s'était séparé en deux : Bones, suivi de l'agent B et Rafale, eux-mêmes suivis par Sibylle et Lilith sur la passerelle est, et les agents V et M, Miracle, Tumos et Mirage toujours dans le hangar.

"Ce tas de ferraille n'a pas l'air de répondre..." commenta M dans le hangar.

"Laisse tomber ce truc, on a du pain sur la planche." lui répondit V, tout en fouillant le hangar. "Il y a pas mal de matériel rien que dans le hangar, on devrait en charger un maximum dans la navette, ce sera étudié plus tard, on a pas le temps de s'amuser à faire ça ici. Ensuite, faudra trouver la source d'énergie de la station, apparemment elle est restée opérationnelle pendant plus d'un siècle..."

Les deux hommes se mirent à fouiller différents containers stockés dans le hangar, sans prêter plus d'attention aux NeXus.

Sortant à nouveau de son corps, Tumos dépassa le groupe de tête, et bifurqua à gauche à l'intersection, pour pénétrer dans la pièce 3. Les déductions du mutants lui donnèrent raison : il constata rapidement qu'il visitait une sorte de salle de commandes, qui, d'après le nombre imposant de boutons aux symboles étranges qui composaient sa console principale, devait centraliser bon nombre des fonctions de la station orbitale. La pièce était rectangulaire et ne disposait que d'une porte donnant sur le couloir central. Sa façade sud s'ouvrait sur une immense baie vitrée, qui offrait une vue imprenable sur le cercle bleuté qui flottait dans l'espace, entre la salle de contrôle et le hangar. De toute évidence, Jareld observait là le portail qu'ils devaient fermer. Ce dernier donnait sur le hangar par le grand sas central, entre les deux passerelles.
Outre les consoles, composées de boutons et d'écran tactiles lumineux, Tumos remarqua deux corps décomposés étendus sur le sol aseptisé. Ils semblaient de taille et de physiologie humaines, mais ce qui restait de leur crâne présentait les restes de ce qu'il devina être un plumage, fort de ses connaissances nouvellement acquises sur les Shi'ars.
Réintégrant son corps, le mutant se retrouva soutenu par Mirage au niveau du dos et put communiquer ce qu'il avait vu à ses équipiers.



L'agent B toisa Nathan avec un mélange d'intérêt et d'agacement.

"En ce qui me concerne, tout ce qui n'est pas nous est un hostile avéré, j'ai pas l'intention de faire un référendum sur les règles d'engagement pendant que des aliens nous tombent sur la couenne."

Ayant finalement opté pour le réfectoire, le groupe de tête se prépara à pénétrer prudemment dans la pièce. Une fois la porte ouverte par Bones, Rafale se plaça en couverture... et réalisa rapidement que la pièce était vide, ce qui fut confirmé l'instant d'après par le détecteur de B.
Le réfectoire était dans un désordre caractéristique d'une scène de combat : tables brisées, chaises renversées, objets à terre... Plusieurs impacts indéterminés étaient visibles sur les murs. A première vue, le groupe put distinguer trois corps décomposés dans la pièce.

L'oreille aux aguets, Cassandre semblait à l'écoute de ce qui se passait dans le couloir.

"Apparemment, B n'a aucune lecture sur cette pièce. Voyez ce que vous pouvez en tirer rapidement, je surveille le couloir." indiqua-t-elle au groupe en se plaçant devant la porte, autant pour assurer les arrières du groupe que pour signaler leur présence aux trois NeXus restés dans le hangar.

B eut un ricanement, lorgnant sur la canne blanche de la non-voyante.

"Je rêve..." commenta-t-elle en entrant dans le réfectoire avec circonspection, comme si la mutante était aussi utile que des bigoudis sur la tête d'un caniche.

Cassandre attrapa le bras de Bones avant que celui-ci n'entre dans la pièce.

"Tout cela ne me rappelle que trop notre excursion dans l'Oregon... Soyez prudents." lui dit-elle avec gravité.

Laissant le groupe partir en exploration, la psychologue s'interrogeait encore et encore sur la prophétie. Ces soldats étaient vraiment naïfs de croire détenir l'interprétation absolue d'une prédiction aussi obscure... et d'y risquer des vies. Quelque chose devait forcément les avoir convaincus de tenter l'aventure, malgré toute l'hostilité qu'ils vouaient aux mutants, elle ne pouvait se résoudre à croire que le but de cette mascarade était tout simplement de supprimer l'équipe. La manipulation était partout autour d'eux, la question était de connaître la marge de manoeuvre des NeXus... et la finalité de tout cela.

L'exploration débutait et la tension montait déjà parmi tous les membres de l'excursion spatiale. Fouiner dans une station sur orbite en ayant pour seule ligne directrice une prophétie douteuse, accompagné par des soldats mystérieux aux motivations obscures, le tout avec la menace constance d'une attaque d'une race extraterrestre avait de quoi rendre nerveux.

Leur formation finit par se scinder en deux tout en restant relativement proches l'une de l'autre.

Bones s'était paré à tout lorsqu'il avait ouvert la porte de ce qui ressemblait à un charmant petit réfectoire, mais rien n'était finalement venu lui déglinguer le visage ou le brûler sur place à l'aide d'un laser inter galactique. Rien si ce n'est des corps décomposés en repas froid, le tout saupoudré par des traces de balle mystérieuses.


Alors qu'il rentrait dans la pièce avec deux accros de la gâchette derrière lui, Cassandre lui fit part de ses craintes. La prudence donc. Il hocha la tête tout en soutenant son faux regard. Il s'approcha d'elle pour lui murmurer :


"Cette situation ne me plait pas, nous ne maitrisons pas les informations que les militaires distillent. Il va forcément se passer quelque chose. Prévenez moi lorsque vous vous résoudrez à faire parler la militaire, elle sait peut-être des choses et elle est seule..."


Une enquête express prenait donc place dans le réfectoire tandis que les os de Iacobo se dégainaient progressivement.


Il s'approcha en direction des traces de balle pour tenter d'établir quel genre de projectile avait été utilisé : était-ce une arme à feu classique, un laser ou quelque chose encore plus mystérieux ? N'ayant ni le matériel balistique ni les compétences, son constat se ferait rapidement et il en profiterait donc pour jeter un coup d'œil aux corps, et plus particulièrement à d'éventuels restes de plumage et d'hypothétiques lésions des os.
Jetant un oeil aux murs, Bones ne peut établir qu'un seul constat : aucune balle n'avait provoqué les impacts qu'ils pouvaient tous voir. L'alliage des murs avait été déformé, comme enfoncé, forme qui parla plus à Nathan.
Le leader des NeXus s'approcha ensuite des corps, qui étaient plus ou moins regroupés dans la même zone de la pièce, derrière ce qui ressemblait vaguement à un système de self service high tech.
Le premier corps décharné avait vraisemblablement appartenu à une terrienne, compte tenu de sa corpulence et de l'absence de plumes. Le cadavre rabougri reposait dans une tenue non conventionnelle, qui rappelait les costumes de mission de l'Institut : un bas moulant de couleur verte, une sorte de body échancré d'une autre nuance de vert et une cape de la même couleur. Une sorte de tiare ceignait son front desséché par un siècle de décomposition, le tout auréolé de cheveux de couleur verte, ce qui rappela à Iacobo la tignasse de la défunte Myou Kinzoku.
Le deuxième corps était nettement plus imposant, et arborait des plumes sur ce qui avait autrefois été une tête.
Le troisième corps devait avoir appartenu à un terrien, et portait également un costume, noir celui-ci, qui l'enveloppait entièrement, hormi une ouverture au niveau du visage.
Les trois cadavres ne semblaient porter aucune trace de fracture ou de déformation osseuse : en vérité, la cause de la mort ne semblait pas visible à l'oeil nu.

L'idée d'explorer la navette était un nouveau phénix devenu finalement poulet dans la longue carrière des idées inutiles de la New Yorkaise. Elle aurait bien persévéré un peu plus, mais elle n'était pas payée pour se rouler à 4 pattes dans la poussière.

Et puis sa maman lui avait toujours appris à rester très digne face à un uniforme et des gros godillots !

Bien sur, si cela avait été B(elle), elle aurait eu moins honte de faire sa petite timide, effarouchée, minette epsilon. Mais, SuperJuan et M(astiquateur de chewing) n'étaient pas trop à son goût.

Georgia réapparut donc de sous la navette. S'épousseta rapidement et s'ébroua pour dégager la poussière de ses cheveux. Elle aurait bien également craché au sol pour montrer qu'elle n'était pas bégueule mais s'abstint : après tout, on avait la classe américaine ou on ne l'avait pas.

Elle écouta avec attention se qu'avait à dire le petit Jareld et nota mentalement de ne jamais jouer au poker déshabilleur avec lui.

Attrapant au vol, le premier plan qui lui vint à l'esprit, elle lança machinalement à Jareld l'explorateur et à la douce Viconia :

"Bon, ben qui m'aime me suive ! En avant les fouines, on va aller jeter un coup d'œil dans une de ces salles !"

N'escomptant même pas une réponse, elle se mit en route.

Georgia se dirigea par la passerelle est jusqu'à l'embranchement. Elle prit à gauche puis tenta d'ouvrir, très prudemment, la première pièce (1), non sans avoir jeté un rapide coup d'oeil sur la porte à la recherche de tout élément suspect. Une fois la porte ouverte, elle voulut faire un premier examen visuel de la pièce.
Le sas d'ouverture de la pièce était semblable en tout point aux autres de la station. Il coulissa dans un bruit assourdi pour révéler une pièce qui semblait être une réserve. Des étagères métalliques de très simple facture longeaient les murs. Elles étaient remplies d'objets que Miracle ne sut pas définir : ce qui semblait être des outils étranges, des boîtes remplies de circuits imprimés d'un autre monde, des pièces détachées diverses et variées... Il n'y avait là aucune arme, seulement du matériel stocké là depuis un siècle et recouvert d'une couche de poussière, comme partout ailleurs dans la station. Aucun trace de cadavre ni de combat dans cette pièce.

Jareld revint à lui et constata que sa coéquipière le soutenait par derrière. il lui décrocha un sourire de remerciement avant de se relever d'un bond et d'annoncer par communicateur ce qu'il avait vu. Il ajouta à ses coéquipiers:

"Peut-être que si on détruit cette salle de commande le portail sera inutilisable...Et empêchera ainsi les extraterrestres de débarquer... Ou alors il y a peut-être des fils que l'on peux couper et qui alimenterait ce portail...

Il sourit à l'idée de détruire la salle de commande mais il savait pertinemment que leurs amis, les commandos allaient certainement les empêcher d'agir ainsi, au nom de leur fichue technologie...

Il s'étira ensuite comme sortis d'une longue sieste. Et Georgia fit une proposition que Jareld ne pouvait refuser. Il sourit. Oui, il appréciait Georgia alors pourquoi ne pas la suivre?
Il fit un signe à Viconia pour l'inciter à venir, puis il emboîta le pas à Georgia vers la passerelle est.

Elle entra prudemment dans une salle et décrit ce qu'elle y avait vu. Une réserve, une sorte d'entrepôt, apparemment la pièce était dénuée de cadavres, donc en toute logique, il y avait peu de risque...

Pour être utile à autre chose et poursuivre l'exploration Jareld choisit d'utiliser à nouveau son pouvoir et non d'y aller physiquement, ainsi il ne prendrait aucun risque.
Cette fois-ci il partirait explorer la salle numéro 6: la plus grande. Certainement celle qui renfermait le portail, songea t'il. Si jamais celle-ci était bien ce à quoi Jareld pensait, il en informerait immédiatement les autres...

Jareld s'assit dans le couloir et ferma les yeux afin de projeter son esprit. Puis il partit en direction de la grande salle numéro 6, afin de l'explorer et ainsi de découvrir si le portail s'y trouvait bien... Il voulait aussi récolter tous les indices qui pourrait leur être utile... La forme astrale de Jareld pénétra dans la salle la plus imposante de la station, à l'exception du hangar. La pièce était entièrement baignée dans une lueur rouge sang, qui n'avait rien de réconfortant. L'espace était occupé par des ensembles énormes et reliés entre eux par des câbles ordonnés dans une logique qui échappait au jeune homme. Un ronronnement régulier se fit entendre alors que Tumos explorait la pièce, dont le sol était jonché de quelques corps à plumes. Aucun impact ne semblait visible sur les murs de cette pièce.

Le corps de Jareld venant butter sur ses genoux, Vic en déduit qu'il était de retour parmis les vivants. Elle lui rendit rapidement un sourire-réponse-soyons-polie, puis vut Giorgia se faire la malle vers la passerelle. Bien, après intellectuelle, elle était fouine... Cela commençait à prendre une tournure amusante.

Giorgia visita un petit entrepôt qui semblait à priori être une réserve sans intérêt car dénuée de toute arme ou indice significatif sur la probable cause de désertion de la station. Elle nota cependant intérieurement que si jamais ils avaient besoin d'un circuit imprimé clef pour "couper le contact" elle reviendrait fouiller. Peut-être que les grands organisateurs de l'aventure avaient prévus de les mener en bateau un petit moment.
Après tout, pourquoi inventer un complexe de jeu avec une partie inutile !

Le temps qu'elle ait l'idée de proposer d'avancer à Jareld, celui-ci recommençait déjà son sitting. Décidement, ce gars là n'aimait pas utiliser ses vrais jambes pour effectuer de vraies actions. Une petite analyse afin de déterminer si le petit Jareld avait peur du vaste monde ne serait pas de refus un de ces jours.
Instinctivement, elle retourna le soutenir avec ses jambes, croisant les bras et attendant son retour, envoyant un regard dubitatif à Georgia.

Retour prolifique.

Ecoutant Jareld rapporter ce qu'il avait vu, elle se dirigea prudemment vers la porte en question, espérant que ses deux acolytes de subdivision la suivaient, affirmant :
"-Des cadavres et pas de projectiles ? Soit ils se sont battus à main nues, soit il est possible que la machinerie se réveille, explose soudainement en un flash mortel ou bien je ne sais pas, emette une substance radioactive ou toxique ..."
Quoi, elle s'investissait dans le jeu et commençait les suppositions ! On ne pourrait pas la taxer d'être une mauvaise tête et, qui plus est, elle était intriguée de savoir ce qui se cachait derrière ce "grand complot".

Elle se dirigea vers la porte de la Grande Salle Pourpre(6). Plaquant son dos contre le mur qui comportait la porte, elle tendit la main et tenta d'ouvrir ce qui leurs permettrait d'accéder à la salle 6.
Si jamais cela devait fonctionner, elle attendrait quelques secondes afin de vérifier que ce n'était pas piégé, puis avancerait très prudemment dans la salle, cherchant à définir l'odeur, la température et à avoir une idée globale du processus de machinerie, cherchant de son regard analytique à en comprendre les différentes parties voire fonctions. Elle penserait également à rechercher un quelconque panneau de contrôle.

Pendant que Georgia explorait ce qui semblait être une remise, Viconia et Mina s'étaient dirigées le long de la passerelle est, jusqu'à l'ouverture de la salle 6 explorée astralement par Jareld.

Mirage ouvrit le sas avec moult précautions, puis pénétra dans la pièce en constatant qu'elle était vide, comme le reste de la station jusqu'ici. Le rapport de Tumos était fidèle à l'apparence de cette salle des machines. Quatre gros blocs métalliques étaient reliés entre eux par un réseau complexe mais ordonné de câbles, dont certaines extrémités s'enfonçaient dans les murs, la plupart dans le mur sud de la pièce. L'air ambiant était chaud, étouffant, et sentait le renfermé plus qu'ailleurs dans la station. Aucune console n'était visible, seulement les gros blocs, qui comportaient néanmoins des diodes rouges sur le devant.
Les deux mutantes remarquèrent également les quelques corps à plumes qui jonchaient cette pièce et en dénombrèrent pas moins de cinq.

Du côté du réfectoire, l'agent B fit un tour du périmètre, et observa quelques instants les impacts sur les murs, laissant la sale besogne de retourner les cadavres aux NeXus.

"Les balles ne font pas des creux de ce genre." commenta-t-elle avec un reniflement.

Fouillant les cadavres aussi rigides que des momies incas, Rafale observa le terrien avec attention : l'ouverture au niveau du visage de son costume noir ne laissait plus apparaître qu'une peau séchée et des yeux câves. Seules quelques mèches de cheveux blonds venaient caractériser le défunt anonyme. Rafale remarqua néanmoins en manipulant le corps, que le costume noir était parcouru d'un étrange réseau de "canaux" vides. Il ne comportait pas de poches, rien qui puisse fournir à l'équipe une quelconque information sur son identité.
Le deuxième corps humain, celui de la femme, ne présentait rien de plus après la fouille qu'avant. Ni poches, ni sacoche.

Alors que les NeXus investissaient peu à peu les lieux, Sibylle, toujours postée dans le couloir au niveau du réfectoire, pesait les paroles de Bones. Les tentatives de Rafale de briser la glace l'avaient laissée de marbre, et elle semblait de loin la plus réticente des trois agents à collaborer avec des mutants. La psychologue était convaincue qu'elle ne dirait rien d'elle-même... à moins de procéder subtilement, ou de guetter la faille.

Immobile, la non-voyante releva soudainement la tête, à l'écoute, puis actionna son communicateur.

"Quelque chose vient de s'allumer dans la station... Au nord-ouest du réfectoire."

Mirage et Lilith, dans la salle des machines, s'aperçurent que le léger ronronnement ambiant de la pièce s'était accéléré, comme les pales d'une turbine. Des diodes sur les deux blocs centraux se mirent à clignoter en vert, dans une pulsation lente au départ, et allant s'accélérant.

L'enquête du réfectoire laissait deviner une petite lutte futuriste dans rythmée par des armes à plasma, des têtes à plumes, des humains "vidés" et quelque chose encore plus menaçant qui les avait tous décimé.

Tandis que Nathan jetait à son tour un coup d'oeil, Iacobo se laissait aller à quelques réflexions pour optimiser sa survie. Les humains et les hommes-plumes avaient du se battre mais quelque chose d'autre les avaient tué, sans marques apparentes. C'était peut-être une mort par asphyxie... y aurait-il eu une ouverture de la station sur l'espace et une perte d'oxygène ? Il commençait à regretter l'absence de masques respiratoires.


Les autres avaient exploré une nouvelle pièce. Peut-être même de quoi éteindre le portail. Il posa son regard sur la femme soldat beaucoup trop silencieuse à son goût et presque inutile. Il regarda Cassandre puis revint sur le soldat. Il s'imagina un instant jeter son arme puis la fixer sur la table du réfectoire, un os sous la gorge, de façon à supprimer toute timidité entre eux et qu'elle se mette enfin à cracher des informations utiles. Ce n'était pas possible pour le moment mais le serbe la guettait de près.


"Quelque chose vient de s'allumer dans la station... Au nord-ouest du réfectoire."


Il se redressa subitement aux paroles de Cassandre et jura en serbe. Il fallait évidemment que l'exploration commence à se pimenter et une vague de violence monta en lui : personne n'aurait leur peau, c'était décidé.



Iacobo se dirigea en direction de la femme soldat : "Appelez immédiatement vos collègues pour leur demander s'ils ont touché à quelque chose, nous allons nous grouper au niveau du nord-ouest de la station pour faire front"

L'agent B s'exécuta après un regard noir, visiblement irritée à l'idée de recevoir des ordres de la part des mutants. La réponse des deux autres agents leur parvint rapidement :

"Négatif, on était dans le hangar quand des lumières se sont allumées de part et d'autre du grand sas central. Sommes actuellement mobiles sur la passerelle ouest." répondit la voix de V.

Il saisit ensuite son communicateur pour appeler Mina : "Si tu vois le moindre câble de connexion en direction du portail, tranche le maintenant"

Les os bien dégainés, il dit à Nathan, Cassandre et le soldat : "On va au nord-ouest, on fait jonction avec les autres soldats. Rafale, si nous apercevons un élément hostile, on défouraille"



Il sortit ainsi prudemment en direction du nord-ouest de la station en passant chaque fois sa tête à chaque tournant pour identifier un éventuel ennemi.
A peine fut-il dans le couloir de la passerelle est qu'il remarqua par le hublot que le grand cercle placé à l'extérieur s'était mis à miroiter plus intensément. Nathan, l'agent B, et même Georgia et Jareld toujours au niveau de la passerelle centrale, purent voir la même chose à travers les hublots des coursives : l'avant de ce qui semblait être un vaisseau pointait au centre de la sphère bleutée, sortant un peu plus chaque seconde de l'espace intersidéral, tandis que le sas du hangar s'ouvrait pour l'accueillir en son sein.

L'agent B chargea instantanément son arme en s'approchant des hublots.

"Nom de dieu, qu'est-ce que c'est que ce merdier ?! V, quelque chose sort du portail !" dit-elle à ses équipiers dans son communicateur.

"Eh bien, agent B ? Un imprévu ?" releva calmement Cassandre, notant une certaine note de panique dans la voix de la militaire. "Vous n'avez rien à craindre, il vous suffit de vous fier à votre prophétie." ajouta-t-elle. L'agent B ne répondit pas, mais rappela ses comparses.

"V ! Que dit la suite ?!" demanda-t-elle, attendant les instructions de son commandement pour la suite des opérations.

Le message que reçut Georgia sur son communicateur la fit sursauter. En soit, ça n'avait rien d'extraordinaire. Cela pouvait signifier tellement de choses : comme une manipulation d'un de ses coéquipiers ou de l'un des agents lettrés. Bref, pas de quoi s'inquiéter !

Néanmoins, cela détourna la New-Yorkaise de son exploration de ce qui semblait être une remise. Mais le meilleur restait à venir...

Un vaisseau spatial sortait du vortex bleuté, comme Georgia l'appelait faute d'avoir trouvé mieux... Bref, ça sortait de nulle part, comme cette station, comme cette mission, comme tout !

Elle aurait trouvé ça vachement plus drôle à la télévision, installée tranquillement sur un canapé tout en roulant des pelles à B(elle).

Sentant que l'heure n'était plus à l'exploration, que ce moment là était largement dépassé, comme elle même, comme tout le monde, elle observa quelques courts instants le vaisseau, puis via son communicateur rapporta ce qu'elle avait vu à tout le monde, soldats compris, avant de déguerpir en direction du couloir de la passerelle est (au niveau de l'embranchement), espérant bien trouver un visage connu au passage, pour le rallier et se sentir moins seule. Elle put ainsi rejoindre rapidement le groupe principal.