[NeXus 4.3]L'odyssée de l'espace

Rien n'avait fonctionné. Et si Vic avait eu une projection mentale réflexe, la seule chose d'explosif que cela provoqua fut dans ses méninges.
Avant qu'elle ne se rende compte de quoi que ce soit, elle avait roulé au sol, une lame menaçante au dessus du visage.

Pour le coup, elle n'en arriva même pas à constater qu'elle allait mourir, trop éblouie par les flash qui lui passaient devant les yeux et la douleur qui lui vrillait les tempes.
Elle ne remarqua que vaguement que Bones sauta pour lui sauver la vie, ce qu'elle perçut furent les horribles crissements provoqués par le contact entre les os et le métal.

L'imbroglio provoqué par le corps à corps lui permit de se dégager, ou plutot d'essayer de rouler contre l'obstacle plus proche.

Le corps en chien de fusil et les mains sur les tempes, elle tenta de repousser la douleur, mais c'était particulièrement difficile dans la mesure où c'était la première fois que ce genre de problème arrivait.
Jusqu'ici, elle s'était cantonnée aux utilisations tranquilles de son pouvoir, elle aurait dû continuer.

Les yeux humides, elle tenta un regard flou vers l'ensemble du champs de bataille qui lui faisait face. Tout le monde sautait dans tout les sens dans l'hystérie la plus totale. Elle avait du mal à discerner ses amis de ses énemis et son pouls agité battait dans ton son être.

Groggy, elle se replia et attendit que son mal de crâne passe, terrifiée à l'idée d'être une petite bête apeurée que l'on pouvait exécuter sans la moindre difficulté.

Emprunte de cette terreur, elle essaya de trouver un coin plus ou moins dissimulé où elle pourrait s'affesser et, si jamais elle recouvrait ses esprits, éventuellement tenter quelque chose.

Essoufflée comme après sa première et plus importante plaidoirie, la petite New-Yorkaise aurait voulu ne pas avoir à bouger des bras de Cassandre, quitte à se faire atomiser sur place...

Mais les mots semblaient avoir fait mouche : la psychologue se battrait pour eux... Quelque chose, cependant, dans les paroles de Cassandre mit mal à l'aise Georgia : elle violerait son serment pour eux et pour eux seulement. Et l'exclusion n'était pas tant adressée aux agents de la CIA, qu'à Cassandre elle même. La grecque n'avait elle plus le goût à la vie ? Le poids du remord ? Les assauts du souvenir ? Georgia se maudit une fois de plus de ne pas avoir été à la hauteur : de ne pas avoir sur approcher Cassandre suffisamment pour la percer à jour, la comprendre, la rassurer et lui redonner le goût de sa propre existence.

La mitalienne était donc sauvée mais pas franchement heureuse : sans sa référente, elle ne serait plus grand chose déjà, carrément noyée dans la mer de ses propres circonvolutions mentales... Elle était déçue d'elle même, déçue de ne pas avoir été assez forte pour la tâche qu'elle s'était assignée. Georgia avait failli.

La déception ne serait peut être que de courte durée : une fois de plus la folie de la réalité la rattrapa. Pas de direction, ils étaient une boule de flipper lancée dans l'infini de l'espace... Au-delà de tout ça : si les KozaX sur Terre ne faisaient pas leur travail, ils risquaient d'être abattus en vol... Elle se sentit le maillon insignifiant d'une longue chaîne de signifiants... Était ce cela être Cassandre : voir l'équation complète, mais ne pas savoir quelles sont les variables déterminantes ?

Quoiqu'il en fut, les agents lettrés permirent de niveler le débat une fois de plus au plus bas. B. qu'elle avait admirée au tout début de la mission fit éclater sa fureur. Et les autres ne valaient guère mieux : M. en bon suiveur, en bonne truelle, fit comme ses potes. Et V. préférait mourir plutôt que violer la raison d'État. Ces gens là ne respectaient rien ni personne : ce n'était même pas une question de mutanité ou d'humanité. Juste qu'entre la mort et la vie, ils avaient fait leur choix de fossoyeur et au nom d'une idéologie, d'un prêt-à-penser, d'une dialectique forcément de la mauvaise foi...

Elle ne se laisserait pas faire. Cassandre, force de vie, pratiqua la voie de la main vide : sans violence, ni empressement, ni haine, ni passion, l'arme de V. disparut de ses mains et se retrouva au sol, inoffensive. Leur référente donnait l'exemple : les NeXus ne se laisseront pas faire.

Mina lacéra le bras de M. C'était juste l'ouverture qu'elle attendait.

Et sans haine, ni violence, ni passion, Georgia copia la blessure au bras de M. sur B. et V.

Tout s'enchaîna très rapidement dans l'étroitesse du vaisseau en détresse. Miracle clona la blessure au bras de l'agent M sur les agents B et V. B, toujours aux prises avec Bones, lâcha son couteau de chasse sous la douleur, son sang se répandant rapidement le long de son membre blessé, permettant ainsi à Mirage de se dégager et de rouler vers le coin arrière droit de la cabine, légèrement en retrait de l'épicentre du combat. Se tenant le bras, B se releva avec la détermination du soldat, n'abandonnant pas le combat.

Surmontant sa douleur, Lilith passa une nouvelle fois à l'attaque, plantant ses griffes dans le bras de M, qui hurla de douleur. Instinctivement, il se protégea le visage en brandissant son arme au-devant du deuxième coup de Mina, arme qui fut endommagée par les serres de la harpie. L'homme tomba à la renverse en gémissant contre la paroi du vaisseau.
Exténué par l'utilisation intensive de son pouvoir durant l'expédition, Tumos fut incapable de quitter son corps, et resta cloué par sa douleur dans le siège dans lequel Nathan l'avait déposé.

L'agent V serra les mâchoires en recevant la blessure de M. L'homme lâcha rageusement son fusil d'assaut, devenu inoffensif suite à l'intervention de Sibylle, et tira son propre couteau de chasse de son fourreau de son bras valide.

"Tut, tut, tut..." soupira Sibylle en secouant la tête, s'accrochant par la même occasion au dossier d'une chaise, avant que le coup de genou magistral de Rafale ne porte ses fruits.
A ce moment, une onde de choc ébranla le vaisseau par l'arrière, envoyant tout le monde valser, et déstabilisant la fin de l'attaque de Nathan. Hormis la psychologue et Jareld, tout le monde se retrouva à nouveau par terre, Nathan sur le corps encore vivant cette fois, de l'agent V, et Georgia sous celui de l'agent B, toujours combattive. M gisait sous Mina dans une mare de sang.
Dans le pare-brise du cockpit, l'atmosphère terrestre se rapprochait de seconde en seconde.

Sibylle s'accroupit au niveau de Nathan.

"Ne crains rien, il est sonné pour le compte." le rassura Cassandre en posant une main amicale sur l'épaule du mutant, avec lequel elle venait de réaliser un enchaînement plutôt satisfaisant.
Sur ces mots, elle tendit lentement la main vers la poche scratchée du gilet pare-balle de V, et en tira ce qui ressemblait à un carnet relié.

"Dire que ce devait être dans sa poche depuis la première seconde..." dit-elle avec un certain respect tout en montrant le carnet aux élèves et à B. Ce petit objet anodin était chargé d'une telle force chaotique... Son propriétaire d'origine avait été capable de rédiger une prophétie à un siècle d'échéance, ce qui inspirait chez la Grecque un sentiment d'humilité très puissant.

"Ce carnet porte l'empreinte temporelle de plusieurs personnes sur plus d'un siècle... Hum... Mitchell, Victor Bishop, Thadeus Zachary... Katherine Pryde, Irène Adler... ça s'arrête là." révéla Cassandre d'une voix lointaine. "Pourquoi Irène Adler se serait-elle arrangée pour que son carnet de prédiction nous revienne ?" s'interrogea-t-elle à haute voix. La défunte médium qui avait rédigé ce carnet prophétique avait été bien imprudente...

"Vous rêvez ! C'est un hasard si vous l'avez ! Destinée ne pouvait pas vouloir ça !" cracha B avec scepticisme.

"Une mutante capable de voir sur les siècles à venir aurait rédigé cette prophétie tout en sachant que des anti-mutants de votre espèce s'en serviraient ?" énonça Sibylle. "C'est un peu gros..."

"Quoi qu'il en soit, rendez-vous, B, il n'y a déjà eu que trop de blessés... et nous avons des problèmes plus importants pour l'heure." dit-elle, alors que l'appareil entrait dans l'atmosphère terrestre. Une intense lumière rougeoyante illumina la cabine, dont la température monta d'un cran, avant de se stabiliser à nouveau quelques instants plus tard.

B semblait hors d'elle, mais ne tenta pas de se dégager de Georgia.

"Les KozaX s'emploient à neutraliser le bouclier anti-missiles couvrant notre zone "d'atterrissage", mais ce n'est pas encore gagné..." annonça-t-elle à l'équipe, avant de se tourner vers Mina.

"Lilith, tu peux encore voler ?" s'enquit-elle. "Le destin a parfois besoin d'un coup de pouce."

La mutinerie qui opposait les soldats définitivement méprisables aux NeXus s'arrêta enfin. Le serbe avait beau être un membre de l'équipe dite "psychologiquement instable", il fallait parfois savoir revoir ses priorités. On ne pouvait pas se laisser aller à une petite rixe entre amis lorsque le vaisseau dans lequel on s'amusait s'apprêtait à se planter quelque part sur terre.

Sa philosophie presque anarchiste l'avait toujours à penser que mourir n'était pas grave, mais que ne pas choisir sa mort l'était sans doute plus.

On en sut alors plus sur la prophétie, ce qui n'était pas fondamental sur l'instant mais utile s'ils survivaient. Des noms se connectaient dans son cerveau sous pression, le puzzle s'éclaircissait légèrement alors que les soldats étaient perdus. Ils n'avaient été absolument d'aucun secours : pas de regret donc si l'un d'entre eux venait à les quitter, conséquence logique de leurs actes-obstacles.

Cassandre complotait avec son ami géant, le plan impliquait Mina et une stratégie se mettait en place. Il allait donc agir individuellement, tenter de servir lui aussi, pour éviter cette fameuse mort non choisie.

Il s'avança en direction de Cassandre :

"Si vous envisagez une sortie, il va falloir trouver le moyen de ralentir la bête... vous êtes la connaisseuse"

Puis en élevant la voix dans tout le jet :

"Il faudrait aussi éviter que les coquins nous dérangent encore..."


Sibylle approuva en hochant la tête et s'installa à nouveau au poste de pilotage pour amorcer la décélération. Il fouilla alors rapidement le jet à la recherche du moindre système de ralentissement d'urgence, des parachutes ou des sièges éjectables. Le vaisseau possédait sans doute un de ces mécanismes. Bones remarqua sans mal que sous chaque siège était disposé un parachute d'urgence. Le jet comptait trois rangées de deux sièges et un nombre similaire de parachutes. S'il ne trouva aucun système adéquat dans le reste du vaisseau, il tomba sur une trousse de secours dans l'un des coffres de rangements à l'arrière de la cabine.

Si Jésus avait été Georgia, il aurait multiplié les pains dans la tronche des mécréants mieux que la New-Yorkaise. Mais au fond, elle n'était pas si mauvaise à cet exercice, pourtant inédit, qui la soulagea sans pour autant la réjouir...

Soulagement de courte durée comme toujours chez les NeXus : la navette avait du heurter un truc genre vache spatiale pour faire autant de ramdam. Le grand badaboum projeta directement B. dans les pattes de la mitalienne barrée. Ce qui aurait été un beau cadeau, il y avait quelques heures, s'avéra une surprise quelque peu frelatée : l'agente de la CIA les détestait et le montrait plutôt bien !

Mais au milieu de tous ces dangers, de toutes ces émotions, la farce finale restait à venir !

Georgia en entendant les commentaires de Dame Cassandre sur le petit carnet de SuperJuan fut prise d'un rire nerveux. Ainsi, c'était donc ça ? Tout était une immense blague et la mission n'était qu'un des nombreux chemins empruntés par la prophétesse du passé pour communiquer avec son homologue de 2108.

Serrant toujours B. dans ses bras, elle lança légèrement hilare et au fond plutôt rassurée :

"Vous devez être les boites aux lettres les plus chères de la planète ! En gros, cette médium pour être sûre de garder l'intégrité de son message en attendant que Cassandre en ait connaissance n'avait pas 36 solutions : le gouvernement américain ! En gros, vous vous êtes faits avoir par une mutante !"

Elle regarda la femme guerrière dans les yeux.

"Dis moi, on t'as jamais appelée Lily la Tigresse, toi ?"

Avalant sa salive rapidement, elle ajouta :

"Et comme j'imagine que notre prophétesse claquée a pas fait tout ce cirque pour qu'on casse nos pipes juste après remise du message, elle a du voir qu'on s'en sortirait !"

Regardant sa référente avec des yeux pétillants de joie, Georgia se permit de demander :

"Alors c'était quoi le message qui a mobilisé tout cet attirail ?"

L'allure du vaisseau s'était stabilisée. Le Black Bird volait à présent dans un ciel nocturne. Cassandre se retourna vers Georgia, et fit jouer les pages noircies d'écritures du carnet de Destinée. Un livre entier d'écritures prophétiques.

"Concrètement, cette prophétie a de nombreuses implications... comme la sauvegarde de la planète, mais..."

La psychologue sembla réfléchir un instant, comme si elle choisissait ses mots.

"La planète n'en sera pas la seule bénéficiaire."

La non-voyante se leva et s'approcha de M, qui se vidait toujours de son sang, au bord de l'inconscience.

"Essayez d'arrêter le saignement." dit-elle aux autres élèves.

"J'ai une petite idée de l'intention finale de Destinée... Bones, peut-être que toi aussi." dit-elle en se remémorant la conversation qu'ils avaient eue dans le Vermont.

Comme tout de même, elle n'était pas nécessairement prête à parier sa vie sur une communication de l'au-delà, elle suggéra à Mina suite au message de Vadim :

"Je pense que tu es toute indiquée pour aller nous sauver en récupérant Tide sur l'épaule du géant rouge et nous la ramener pour mettre en apesanteur une partie du vaisseau. Enfin, je dis ça..."

Mais l'amour était plus fort que tout... Et c'était la même chose pour la proximité physique d'une belle créature.

"Bon et même si tu nous détestes, comme tu es vraiment à mon goût, je ne peux résister..."

Georgia tenta d'embrasser sauvagement B., y mettant toute sa belle énergie, miraculeusement retrouvée depuis qu'elle s'était persuadée qu'ils ne mourraient pas.

Puis se dégageant et se mettant sur ses pattes, la New Yorkaise lança un "Et toi, tu es la prochaine sur ma liste" à Viconia et termina à l'attention de la fille de la CIA :

"Alors heureuse ? Bon, on va peut être allée s'attacher à un siège... Pas ensemble. Mais juste histoire d'éviter les secousses. Si t'as besoin de soins, je crois bien que Iacobo à dégotté le kit de première urgence"

Et sans attendre une quelconque réponse, Georgia se saisit d'un parachute, le fixa sur son ventre et s'attacha sur un siège.

Viconia avait roulé dans un coin. Après un moment de flottement où elle eut du mal à percevoir l'agitation autour d'elle, elle se ressaisit. Elle cligna des paupières plusieurs fois d'affilée très fort, et se passa la main dans les cheveux afin de les réattacher en les serrant au maximum dans un chignon ultra-serré. Elle faisait toujours ça pour se forcer à rester concentrée.

Son petit rituel sembla fonctionner car, même s'il lui restait une migraine de fond, elle revint bientôt parmis les Nexus. Juste au moment où Cassandre egrenait des noms dont certains résonnaient vaguement dans sa tête.
Se mettant à croupis, elle essaya de suivre les débats, tout en passant sa tête au-dessus d'un siège vide. Une tête de rouquine au chignon de danseuse émergea donc, levant un bras en l'air à l'attention de Nathan :
"-Si tu as un truc pour le mal de crâne, je ne suis pas contre..."

Ceci dit, elle entreprit la tache ardue, mais non impossible, de se hisser sur le fameux siège. Après deux secondes où elle contacta ses jambes et contracta leur accord, elle s'aggripa au dossier et s'extirpa du sol dans un mouvement plus que ridicule. Un instant plus tard, elle s'affalait dans un gros "chploff" sur son siège, et ficela toutes les ceintures en deux temps trois mouvements.

Ceci fait, elle nota que Georgia venait de lui envoyer un regard aguicheur. Si elle réfléchissait, cela collait avec son attitude plus que collante du cours de yoga. Interessant, la blondinette aimait donc les artistes ? Bah, selon le point de vue de Vic, la mitalienne manquait de certains atouts, dont, notemment, celui d'être un viril et taciturne modèle de dessin finlandais qui posait nu devant vous durant trois heures avant de vous inviter à aller boire un café.

Reposant sa tête sur le siège (passablement gênéée par ses cheveux), Viconia attendit la suite, et donc éventuellement leur mort, passablement titillée à l'idée de faire partie d'un grand choux-fleur temporel :
"-Qu'est-ce que cela signifie exactement ? Que nous sommes sencés "sauver la planète et autre chose" tout cours, où est-ce que cette fameuse prophécie nous en dit un rien d'avantage ?"
Malgré tous ses efforts, Viconia ne pouvait s'epêcher de trouver tout ce shmilblick particulièrement flou.

Les commandos étaient neutralisés ou tout du moins hors d'état de nuit. Jareld souffla et Nathan proposa des soins avec la trousse de secours. Jareld la prit et se soigna aussi bien qu'il le put, avec des bandages et quelques pommades sur ses contusions.

Il espérait que cela ferait effet très vite, car la douleur était encore très présente. A celle-ci s'ajoutait désormais la fatigue qui l'avait empêcher d'utiliser son pouvoir qui n'avait jamais été autant sollicité ces derniers temps...

Quand à la prophétie, elle portait bien son nom, elle était bien évidemment mystérieuse à souhaits... Mais ils avaient plus urgent pour le moment, ils devaient neutraliser le bouclier anti-missiles du lieu où ils allaient atterrirent, et les Kozax intervenaient à ce niveau. Mina devait récupérer Claire qui ralentirait la chute de l'appareil.
Jareld soupira et demanda:

"Que nous veut cette Destinée? Je ne pense pas que cette prophétie est entre nos mains pour qu'on finisse par se scratcher...
C'est bien ce qu'on pensait cette prophétesse jouait un double-jeu elle à manipulé le gouvernement américain, il nous reste plus qu'à savoir ce qu'elle attend de nous..."

Jareld se releva tant bien que mal et attacha son parachute puis il s'assit sur un des sièges. Il regarda un à un ces compagnons et espérait que chacun d'eux s'en sortirait.

Après tout ils formaient une équipe, et ils devaient tous rentrer sains et saufs à l'Institut... Jareld espéré que cette médium avait bien prévue son coup, et qu'elle n'e sacrifierait aucun d'eux pour servir son plan...

Alors que les NeXus prodiguaient les premiers soins aux blessés les plus graves, le Black Bird se rapprochait d'une plaine désolée, découpée dans le ciel nocturne. Un relief imposant commençait à se dessiner dans la pénombre de sa surface.
Nathan pansa les plaies d'un M blafard, tandis que Jareld s'occupait de ses propres blessures ; malheureusement pour Tumos, le bandage ne changea rien à la douleur qui lui étreignait la cage thoracique.

V était toujours K.O. L'agent B quant à elle, s'essuya la bouche après que Georgia l'eût embrassée de force.

"Non, et toi ?" répondit-t-elle farouchement à l'appellation de Lily la tigresse. La femme fulminait, mais ne semblait plus vouloir attaquer : l'espoir de survivre à la chute non dirigée du jet devait être plus fort que sa haine pour le groupe... du moins pour le moment. Elle ne répliqua d'ailleurs pas plus aux hypothèses soulevées quant à la prophétie, laissant le doute des connaissances de la CIA planer dans le vaisseau.

Cassandre semblait plongée dans une concentration profonde, toute à ses calculs pour l'opération aussi improbable qu'ardue d'éviter le crash. Elle était d'ailleurs si concentrée qu'elle ne prêta pas attention aux délibérations des élèves. Lorsque la vitesse d'approche lui parut sans risque pour Mina, elle ouvrit le sas, permettant à la harpie de prendre son envol afin de récupérer Claire sur l'épaule de Vadim.

[Hrp : l'ordre de post est libre sur ce tour.]

Mina respira un grand coup, ce qu'elle allait faire était plus dangereux qu'il n'y paraissait. Elle pouvait se tuer dans sa sortie, si elle ne chutait pas assez vite en direction du sol. Elle pouvait aussi ne pas reussir à porter Tide jusqu'au vaisseau. Bref beaucoup d'éléments aléatoires qui rajoutaient au coté piquant de la scène. Mais quelques soient ceux ci, la survie des NEXUS dépendaient d'elle et de sa capacité à réagir.

Il fallait qu'elle reussisse, elle n'avait par conséquent pas droit à l'erreur, surtout pas là.

Elle se tourna vers ses compagnons d'arme. Les regarda, chacun d'entre eux à tour de rôle.

" Ne vous en faites pas... Je vais reussir cette mission et vous ramener Tide... Ayez foi en moi comme j'ai foi en vous... Que dieu vous garde jusqu'à mon retour!... Souhaitez moi bonne chance!... Amen..."

Mina avança vers le SAS commençant à bien ressentir l'effet venturi que créait l'ouverture dans le blackbird.

Elle n'avait jamais sauté d'aussi haut. Il faut dire que l'appréhension était grande et que même pour une femme ailée, ce n'était pas dans la logique humaine de se jeter dans le vide. C'était encore moins naturel pour quelqu'un qui avait toujours pris son envol depuis la terre ferme.

Le vaisseau était stabilisé et n'était pas trop soumis à turbulence. Mina pris son courage par les mains, il était temps qu'elle prouve qu'elle était digne d'être une NEXUS et d'avoir ce petit grain de folie qu'ils avaient peut être un peu tous dans l'équipe.

Il était temps de voir si Dieu pensait toujours à elle.

Mina courut vers l'ouverture et se jeta dans le vide en position piqué afin d'éviter la turbulence d'air autour du vaisseau, tel un oiseau fonçant sur sa proie, tel un ange de ténèbre courant vers son destin, ainsi elle méritait peut être réellement son nom de code...




(Asie) / [KozaX 4.5] Retour dans la Patrie

Bien contente de son opération bisou impromptu, Georgia, toujours attachée à son siège, fit un petit clin d'œil de connivence à B. la tigresse. Au moins elle pourrait raconter à ses petits-enfants qu'elle avait eu une aventure torride avec une belle guerrière de l'espace... ou presque.

Nathan rectifia la position de son parachute. N'avait il pas compris ? En fait, elle pourrait se dépoiler et sautiller entièrement nue dans la carlingue, cela ne changerait rien au fait qu'ils étaient déjà tous sauvés ! Le sac du parachute était plutôt une sorte de doudou pour elle...

Avec de grands yeux, elle observa tout autour d'elle ce qui se passait. Georgia se demandait quand même bien comment ils allaient être sauvés. Un peu plus et elle se serait crue au cinéma. Narguant avec un grand sourire B., elle lui lança, non pas parce qu'elle lui plaisait, ni parce qu'elle l'avait embrassée, mais juste parce qu'il semblait que c'était la plus fraiche de l'équipe gouvernementale :

"Hey, si je te file une sérigraphie de mes fesses et que je te dis que c'est le Saint Suaire, vous le conservez pour nous pour dans 100 ans ou pas ?"

Georgia se gratta la tête, il y avait tout de même quelque chose qui l'intriguait diablement dans tout ça.

"Bon, comme on est déjà tous sauvés... Je suis interpellée par tout ça. Parce que bon, aussi drôle que puisse être cette situation, je pense bien que Destinée avait autre chose en tête que de berner Chico, Groucho et Harpo ici présents. Parce que bon, rédiger un truc, faire en sorte que la Commission Eden y tombe dessus. Que Bishop le récupère pour lui, avant de devoir le remettre à la CIA, j'imagine en échange de l'abandon des poursuites pour le truc du sang, y'a un but non ?"

Elle se dandinait sur son siège, comme si elle partait en colonie de vacances. Comme si la fureur et le bruit que feraient le jet en s'écrasant ne la concernaient pas. Comme si elle n'était pas là.

"Alors sauver la planète, c'est ce qu'on a fait. Mais M'dame Cassandre, t'as dit qu'il y avait autre chose que la survie à tout le monde. En plus, les gros benêts ici présents ont pu rien récupérer de leur cercueil spatial. Bref, qu'est ce qui a changé ?"

Petite pause pour observer tout le monde, pour dévisager les gens, pour les examiner, les scruter, tenter de les percer...

"On a peut être un peu changés, toutes et tous... Mais je crois pas que Destinée s'intéressait réellement à mes fesses. En revanche, elle a du te voir, toi, M'dame Deneos ! Et elle a du voir qu'il te faudrait un électrochoc pour que tu utilises tes pouvoirs à nouveau !"

Georgia baissa les yeux, navrée...

"Et je pense aussi qu'elle a du comprendre que tu ne le ferais que pour nous sauver... nous"

Elle réfléchissait aux implications... Après tout, même si elle considérait que Cassandre était son amie, son modèle... La connaissait elle vraiment ? Qu'est ce que ça faisait de voir par les yeux de Cassandre ?

"Tu es dans le monde, Cassandre... Pas en dehors. Et nous, tous autant que nous sommes, on peut changer les choses. Des fois en mieux, des fois en mal... Des fois on croit bien faire, mais on se trompe où on a zappé un paramètre. Et toi, tu as tellement de paramètres à gérer et tout change tellement autour de toi..."

Elle se sentit soudainement très mal. Comme si jouer à être Cassandre, ne serait ce que l'espace d'une seconde, c'était déjà un épuisement moral intégral...

"Navrée de t'avoir forcée la main tout à l'heure..."

[KozaX 4.5] Retour dans la patrie

Mina arriva à entrer dans le sas, portant toujours la muette dans ses bras. Frissonnant de la tête aux pieds et les oreilles bourdonnantes, Claire tomba contre le sol du vaisseau. L’adrénaline dans le sang, c’était une expérience qu’elle n’était pas prête de refaire de sitôt. Redressant la tête, la muette se sentait presque au ralenti. Ses pensées se bousculaient, tentaient de comprendre ce qui se passait exactement. Maintenant que Mina avait fait son travail, c’était à Claire de mettre en marche son savoir.

Ne sachant pas quel endroit serait le mieux pour activer le pouvoir et se doutant qu’elle n’avait pas le temps de bouger pour aller ailleurs, Tide décida rapidement. Claire ferma les yeux très fort et ouvrit ses bras en croix, couchée par terre, pour toucher le plus possible au sol.

Prenant toute l’énergie qu’elle pouvait trouver dans son corps, oubliant le reste, la muette se concentra pour arriver à diminuer la gravité du vaisseau le plus près de l’apesanteur possible, et espéra que la poussée de Vadim sera suffisante pour contrer la vitesse du vaisseau.

Il sembla à Claire que dans la seconde suivante, le vaisseau devenu plus léger percuta un obstacle, puis deux, bascula et s'inclina légèrement, projetant les passagers non attachés vers l'avant. Il continua sa course au grand ralenti, suivie par des sacades comme en zone de turbulence. La carlingue était parcourue de crissements et frottements, le noir se fit dans le vaisseau. Mina, Claire, et les autres soldats ou Nexus non ceinturés à leur siège expérimentèrent de désagréables secousses et ballotements.

Enfin le sol du Blackbird se stabilisa, mais pas encore les estomacs des passagers. La nuit étoilée redevint visible depuis le poste de pilotage, les lumière revinrent.

A quelques pas du Jet, Vadim en taille humaine défaisait ses bandages avec ses bras engourdis et adressait un message aux KozaX.

"KozaX ici Gulliver et Tide. L'oiseau est dans son nid. Repli immédiat."