Mutants en excursion: Emplettes etc.

Arrivée de Coolangatta, Australie


Il y avait eu les infinies courbes de sable qui bordaient les fonds marins, des grains à perte de vue, où les orteils enfoncés se brûlaient dans la course jusqu’à se rafraichir par la gifle marine. Les narines gonflées par l’air iodé et les lèvres rougies par le sel et ce soleil, toujours égal, dictateur omniprésent dans ce tableau sans nuages…

Et puis, il y avait New York. Son chaos. Sa pollution. Sa foule. Son froid d’hiver. Ca faisait mal partout, aux oreilles, aux yeux, sur la peau et sous les ongles. D’abord il y avait beaucoup trop de monde, dans cet aéroport, dans ce hall d’arrivée et dans ce train : comment tant de gens en étaient-ils arrivés à s’entasser dans un endroit aussi concentré ? Et puis il y avait beaucoup trop de bruits aussi, trop de travaux, de voitures, de voix dans le haut parleur. Elle s’en plaignait déjà jusqu’à… ça. Ce fut alors bien pire devant cette chose, blanche et froide et dure et poreuse à la fois.

« Ahh… nan… j’crois que c’est ça… de la… NEIGE ! »

L’horreur de la situation la faisait parler toute seule ; après avoir plongé sa main dans un petit tas de neige accumulée sur un muret, elle l’en sortit dans la douleur, gonflée par le gel. Les parents de June lui avaient parlé de la neige, ils en avaient souligné la beauté et la pureté. C’était manifestement un mensonge grossier, Kate le constatait de sa propre expérience : la neige n’avait rien de pure, presque fondue, elle formait plus à présent des amas boueux en bord de route et la neige n’avait rien de beau, elle était douloureuse, point final. Elle avait déjà appris une chose.

D’abord paumée dans cette toile humaine, Kate finit par trouver le chemin de l’aéroport à la gare la plus proche ; de là, elle se réfugia dans le premier train en direction de Salem Center. Derrière une vitre sale et vandalisée à multiples reprises, elle voyait du gris, partout autour et ce qui devait sembler comme une belle éclaircie aux yeux d’un new yorkais averti, apparaissait aux siens comme le ciel le plus triste qu’il lui ait été donné de voir.





Arrêt Salem Center. Au bord de la crise de nerfs.

*Mais qu’est-ce que tu fous là Kate ?! T’es allumée du bocal… j’en ai marre… je déteste New York et je déteste la neige et je déteste… TOUT ! Je veux rentrer chez moi et je veux Stan et je… Hey ! Un centre commercial ! Boutiques au chaud, café au chaud, cabines téléphoniques au chaud mais surtout… je serai au chaud !*

Elle prit la direction du centre au pas de course et esquissa un léger sourire à l’idée de tomber sur un magasin de sport qui vendrait des planches de surf. Elle n’y croyait pas vraiment mais qu’est-ce qu’elle aurait aimé tenir une planche entre ses mains à cet instant précis.

Ca ne ressemblait pas vraiment à une planche, bon pas du tout même. C’était plutôt un p’tit brin de femme, aux lèvres pulpeuses et aux cheveux bouclés, qu’elle percuta dans son élan. Elle stoppa net, surprise par l’obstacle et dévisagea l’inconnue, son visage apeuré et meurtri.

*Rhha la poisse… l’a pas l’air bien la demoiselle… et dire que j’avais presque atteint la porte d’entrée… ça caille*

Attirée par un échange musclé, elle leva les yeux et vit juste en face huit jeunes hommes qui avaient l’air de vouloir en découdre. Il ne manquait plus que ça…