[NeXus 2.8]Partie de puzzle

Infirmerie

Après s'être occupée des malades et blessés du jour, Cassandre prit la direction de la salle de briefing, où elle avait donné rendez-vous à ses élèves en rentrant la nuit dernière. Elle les avait directement envoyés au lit et ils n'avaient pas réellement eu le temps de parler des événements mouvementés de la nuit passée. Les objets qu'ils avaient ramenés avaient été stockés dans la pièce, comme des pièces à conviction en attente d'un procès.
Elle pénétra dans la salle et s'installa tranquillement autour de la table pour attendre les élèves.

Après la mission, Jess n'avait pas fait de commentaire quant à l'invitation de Cassandre à aller se coucher. A peine s'était elle changé et allongé dans son lit qu'elle avait plongé dans le monde des songes dans lequel elle se sentait si bien. De plus dans l'institut, et avec Myou à côté, rien à craindre.

Elle entra dans la salle, reposée, songeant qu'elle allait sans doute enfin savoir ce que renfermait ce disque trouvé dans le placard d'Alice Porter. Curieuse et intrigué, elle avait passé la journée à se le demander. Et les réponses allaient sans doute enfin venir.

« Salut! »

Cassandre était là, et elle était la première. Jess prit place dans l'un des premiers sièges qu'elle trouva autour de la table sans vraiment y réfléchir.

Léo n'avait quasiment pas fermé l'oeil de la nuit. le stress de la soirée l'avait maintenu eveillé. Il avait bien somnolé quelques temps mais aussitôt des cauchemars étaient venus l'assaillir.

A chaque fois, il se retrouvait dans ce couloir d'immeuble qu'il avait réellement arpenté quelques heures auparavant. Et à chauqe fois quelque chose de différent l'empechait de rejoindre ses coéquipiers. Des escaliers sans fin, des policiers grand comme des armoires, des portes impossibles à ouvrir...

C'est donc avec des cernes sous les yeux qu'il arriva dans la salle de briefing. Il tenait dans sa main une tasse de café qu'il avait prit le temps de récupérer à la cuisine.

Jess était déjà là et les autres n'allaient sans doute pas tarder.
A son tour il salua les personnes présentes et s'installa. Il bailla bruyamment et s'assit sur une chaise en s'étirant.

Des événements de la veille, Fabrisio gardait un souvenir plus ou moins vague. Sous les conseils de Cassandre, il était monté directement se coucher une fois de retour à l'Institut et ce, sans même manger quelque chose. Mais après tout, son déjour dans les poubelles lui avait quelque peu coupé l'appétit. Aussi ne se fit-il pas prier pour aller se reposer. Courbaturé de partout, il avait gravit les marches et c'est au radar qu'il avait regagné sa chambre et s'était allongé de tout son poids sur le lit, sans même se changer.

De ceci, Fabrisio n'en gardait qu'un vague souvenir. Il s'était réveillé, la bouche pateuse et un mal de tête assez conséquent. Un espace dans les vaps, il s'habilla ensuite, se rappelant soudain qu'il avait rendez-vous en salle de briefing.

Quand il pénétra la salle, il constata qu'il n'était pas le premier mais aussi qu'il n'était pas le dernier. Soulagé de ne pas avoir tardé, il salua l'assemblée

- Buongorno tutti, dit-il

Il alla ensuite s'assoir aux côté de Léo. Ce dernier tenait une tasse remplit de ce qui semblait être du café. Fabrisio regretta aussitôt de ne pas s'être arrêté lui aussi à la cuisine prendre quelque chose à manger. Son estomac ne manqua pas alors d'émettre un son des plus bizarre.
Pour cacher cela, il se racla la gorge et engagea la conversation avec son coéquipier.

- Ciao Leo. Como sta amico ? demanda-t-il. Tu sembles fatigué. Tu n'as pas dormi ?

Sven entra dans la pièce avec son air habituel. Les évènements de la veille auraient été vus à la télé qu'il n'en aurait pas été plus affecté que cela, et même s'il avait passé une partie de la nuit à se livrer à des activités peu avouables, et qui de toutes façons n'intéresseraient pas ses coéquipiers..

Il dit bonjour sobrement à tout le monde puis s'installa dans un fauteuil, tournant les photos pour les mettre en face de lui.

"Je me demande bien quel mérite il y a à avoir une photo de Jon Parker... Après tout, il était mannequin avant de venir, il devait y avoir des photos de lui partout."

La majorité des élèves étaient au rendez-vous. Ils patientèrent quelques minutes jusqu'à l'arrivée de Myou avant de commencer. Frank, qui était pourtant le leader, ne semblait plus vouloir les aider. Tant pis... Cassandre était déçue de ce revirement alors qu'il les avait accompagnés la veille, mais elle n'avait obligé personne à venir, et elle respectait son choix. Ils feraient sans lui.

La jeune femme rassembla les différents objets trouvés au centre de la table, puis resta appuyée sur sa surface, ses deux bras tendus et visiblement en pleine réflexion. Enfin, elle prit la parole avec son calme habituel :

"Nous n'avons pas eu le temps de discuter sur ce qui s'est passé cette nuit. Je pense qu'il est temps d'essayer d'éclaircir cette affaire avec ce dont nous diposons. J'ai soumis le périphérique de stockage à Cérébra." dit-elle en pointant l'objet trouvé par Jessica et Fabrisio sous la moquette de la penderie.

"Apparemment, Alice Porter n'est pas née de la dernière pluie : les données sont cryptées. Ce sera un travail de longue haleine de percer le code à jour, même avec l'aide de certains élèves."

Elle fit une pause et porta son attention sur les autres objets.

"Cette lettre et ces photos... Vous étiez sur place. Selon vous, de quoi peut-il s'agir ?" demanda-t-elle en laissant la parole aux élèves. Elle avait retracé une partie de leur péripéties durant la nuit, elle avait quelques idées sur la question, mais après tout, en tant que témoins occulaires, ils étaient bien mieux placés qu'elle pour réfléchir sur la question.

Jess observa les autres entrer, un sourire d'impatience accroché à ses lèvres. Cassandre commença à parler, alors même que Frank n'était pas encore là... Puis une mine de déception s'afficha clairement sur ses traits. Pas d'information sur le périphérique, alors que c'était ce qu'elle avait le plus attendu...

« Quand est-ce qu'on saura ce qu'il y a dessus ? C'est surement important! »

Elle ne se rendait pas compte que décrypter ainsi des données était un travail long et difficile. Puis elle commença à observer les photos qu'elle n'avait encore eu l'occasion de voir, ainsi que le mot. Tout ça était tellement bizarre... elle se serait cru dans un jeu de piste, à la recherche de Jon ou d'autre chose.

En lisant le mot, et en voyant les photos, elle pensa à voix haute.

« C'est ça leur liste ? Jess désigna les photos. Est-ce que toutes ses personnes sont des mutants ? Ya même l'institut, Jon, Sven... »

Elle leva les yeux vers le jeune homme. Dans son regard, on aurait pu croire qu'elle lui demandait confirmation, comme s'il savait qui avait prit la photo. Mais elle savait qu'étant donné le monde présent le jour des portes ouvertes, il était peu probable qu'il s'en soit rendu compte. Elle en revint au message.

« L'aigle derrière, c'est le même que dans ta vision... mais on sait toujours pas ce que c'est. »

En tous les cas, elle parlait pour elle. Et le reste lui semblait n'avoir absolument aucun sens. Pourquoi est-ce que quelqu'un laisserait un mot au suivant ? Son ami ? Comme s'ils semblaient se chercher, ou en tout cas chercher la même chose, comme une compétition. De plus, il semblait pouvoir se contacter l'un l'autre, avec ce 'tenez moi au courant'. Jess fit par de ses interrogations aux autres.

" Non, je n'ai pas tellement dormi. Faut dire qu'on a eu une soirée bien... Remplie je dirais. "
Alors qu'il discutait avec Fab, Sven fit son entrée, se jeta aussitôt sur les photos qu'ils avaient récupérés la veille chez Porter et lança une reflexion dont lui seul en était capable mais qui pour une fois trouva de la pertinence aux yeux de Léo.

Cassandre les avertis alors que le périphérique de stockage étaient crypté et que Cérébra s'en occupait. Jess le devança de quelques secondes lorsqu'elle demanda quand les informations seraient décryptées. La caféïne qu'il avait ingurgitée commencait à faire son effet.

il se redressa alors sur son siège.

" Jess à raison. L'aigle en imprimé sur la feuille est le même que dans ta vision. Il n'y a pas moyen de faire un recherche d'image à partir de ça? "

Son esprit embrumé de la veille commençait à se mettre en marche.

" Au lieu de partir de ce que nous avons làa, partons plutôt de ce que nous savons. Porter était une journaliste, les photos seraint donc d'elles. Des photos de mutants, notamment des mutants de l'institut. Pourquoi quelqu'un en aurait-il après son travail? Elle avait visibement mis le doigt sur quelque chose d'important. C'est d'ailleurs ce sur quoi elle a mit le doigt qui est certainement la cause de sa mort. "

Il marqua une pause avant de saisir le document avec l'aigle.

" Le message est étrange. Qui l'a écrit? J'ai l'impression qu'il y a presque une espece de codage. tu as raison Jess, on a l'impression que ces gens se connaissaient. Mais ami à l'air d'être ironique dans le courrier. "

Pour lui, il ajouta tout bas...

" Et cette liste.. de quoi s'agit-il.."
Il but une nouvelle gorgée de café.

* 'tain, il abuse Frank. Qu'est-ce qu'il fout? *

L'intervention de Cassandre interrompit la discussion entre Fabrisio et Léo. Le jeune italien prit cela comme un sorte de rappel à l'ordre et n'insista pas. Il se concentra alors sur les dires de son professeur et ce qu'elle avait exposé sur la table.

Fabrisio mit volontairement de côté la liste, plus intéressé qu'il était par les photos. Il y a pe encore il étudiant l'art aussi semblait-il tout naturel qu'il s'intéresse davantage aux photos qu'aux écrits. Cependant, les sujets photographiés n'avaient rien d'artistique. Enfin, tout dépend de quel point de vue on regardait celles-ci. Il prit chacun d'elles, les tournant et retournant pour les observer sous tous les angles mais en vain. Il n'y trouva rien de bien mystérieux.

- Un archivage ? dit-il, parlant plus pour lui que pour les autres. Ou bien ... une classification. On dirait presque un catalogage. C'est dingue, il y en a combien comme ça ?

Cassandre hocha doucement la tête en signe d'approbation. Les conclusions des élèves étaient pertinentes.

"En effet... Cette lettre en dit plus long qu'au premier abord, j'ai l'impression qu'elle cache un historique, un passif entre les interlocuteurs dont nous n'avons pas connaissance. Quant à cette image... Une recherche serait assez aléatoire, nous ne disposons pas d'une base de données imagée exhaustive..." répondit la jeune femme.

"Tu as raison Léo, en toute logique, ces photos ont dues être prises par Alice. Quand je pense qu'elle a dû être à quelques mètres de nous seulement durant les portes ouvertes..."

Elle soupira tristement, puis inclina la tête sur le côté, comme elle le faisait souvent.

"Je crois que nous allons avoir quelques réponses." dit-elle doucement. Elle prit son communicateur et transmis un message à l'intention d'Olivier.

"Olivier, c'est moi. Inutile de me chercher, je suis en salle de briefing avec mes élèves. Rejoignez-nous, je crois que nous avons des choses à nous dire..." dit-elle doucement. Il leur restait également la piste du téléphone récupéré par Myou.

Sven observait les photos d'un oeil distrait, et écoutait les paroles d'une oreille distraite, enfoncé dans son siège, en proie à quelque profonde et tortueuse réflexion.

"Tout semble clair... Ces photos et cette liste... C'est un catalogue. J'espère que nous n'avons pas trop mélangé les photos, parce que retrouver les noms qui vont avec chaque photos, ça risque d'être plus dur que de couper un cheveu du Dalaï-Lama en quatre."

Il marqua un temps et ajouta.

"Et je sais de quoi je parle. Alice était aux journées portes-ouvertes, je crois, je me demande bien si elle a mangé du gateau..."

Il gratta son menton pointu, puis hasarda.

"Peut-être que l'aigle signifie autre chose que le rapace classique. J'avais un peu recherché la symbolique de l'aigle, et il y a plein d'empires disparus qui avaient un aigle comme symbole."

Olivier entra dans la salle de briefing en premier, tout le monde l'avait suivi à travers les méandres de l'institut jusque dans cette salle qui ressemblait plus à un amphithéâtre qu'à autre chose.

"Bonjour tout le monde! Matas, New-GenèsiX, Installez-vous!"

Olivier s'approcha rapidement de Cassandre, il lui glissa quelques mots à l'oreille même si elle devait déjà savoir pourquoi il était là.

"J'ai de nouvelle information au sujet de ta vision de l'autre jour, et aussi à propos d'Alice Porter."

Il jetta un coup d'oeil à la salle puis repris la parole au creu de l'oreille de Cassandre tout en posant une main sur la bras de la voyante.

"Qu'est-ce qui se passe? tu vas bien?" ajouta-t-il visiblement inquiet.

L'allusion à une liste et les photos trouvée chez Alice étaient-elles liées ? Ca restait encore à découvrir. Si c'était le cas, les réticences de Frank étaient peut-être justifiées... Mais tant qu'ils n'en auraient pas le coeur net...
L'arrivée des New-GenesiX tira la jeune femme de ses interrogations. Elle tourna distraitement la tête vers la porte, les yeux entre-ouverts, et écouta la petite troupe entrer et le directeur présenter les protagonistes. Un nouvel arrivant était présent.
Cassandre sursauta légèrement au contact et à la proximité soudaine d'Olivier. Elle n'était pas habituée à pénétrer son espace personnel et encore moins à entendre sa voix si près de son oreille, qu'elle sentit rougir de manière incontrôlée : heureusement que ses cheveux les masquaient aux regards indiscrets. Elle resta immobile, légèrement tendue car ne sachant pas comment réagir, mais la pression de la main d'Olivier sur son bras était rassurante. Le souvenir de sa crise de la veille devait encore être présent à l'esprit du directeur.

"Tout va bien, ne t'en fais pas..." répondit-elle à mi-voix en tournant légèrement la tête vers lui. Elle ne la tourna néanmoins pas entièrement en comprenant que leurs visages risquaient de se toucher à si courte distance. La jeune femme déglutit et essaya de rassembler ses pensées.
Elle attendit que tous les mutants les aient rejoints puis reprit la parole, de vive voix cette fois-ci.

"Nous aussi nous avons du nouveau. Nous avons suivi la vision jusqu'à l'appartement d'Alice Porter hier soir... Elle n'y était pas, et apparemment son domicile avait été forcé. Mes élèves ont trouvé des objets susceptibles de répondre à nos questions... ou à en poser de nouvelles : cette lettre, le téléphone d'Alice, des photographies des nos journées portes ouvertes et de gens dont Jon Parker et un périphérique de stockage crypté. Nous avons ensuite été pris en chasse par un groupe venu fouiller l'appartement. Je ne sais pas ce qu'ils espéraient trouver, ni qui ils sont, mais ils arboraient les initiales de la police de New York. Jessica et Léo semblent penser que le sigle en arrière-plan de la lettre correspond à l'aigle de la vision... Je ne peux que leur faire confiance sur ce point." résuma la jeune femme pour les nouveaux arrivants.

"Et de ton côté ?" demanda-t-elle après avoir marqué une pause.

Léo était impressionné, cassandre avait fait appel au directeur et à l'équipe des New Genesix. Depuis qu'il était là, Léo avait entendu dire qu'il s'agissait de la première équipe créée au sein de l'institut. Même si elle avait connue des changements de membres suite aux circonstances. Il se sentit malgré lui quelque peu intimidé

Il allait rencontrer la première équipe.

* Whouaw *

Olivier ne tarda pas à arriver lui aussi était impressionnant. Il ne l'avait croisé que quelque fois mais pourtant là il savait qu'ils allaient collaborer. Les NeXuS et les New Genesix. Il y avait également avec eux un mutant que Léo ne se rappellait pas avoir vu. Mais en même temps avec tout ce monde, il fallait se méfier.

Visiblement ils possédaient des informations de leur côté qui allaient leur être utiles.

Toujours aussi fasciné, léo regarda les mambres entrées les uns après les autres et s'installés autour de la table. Il sentit comme une excitation au fond de lui, mais cette fois, ce n'était pas lié à la caféine. Non! il savait qu'ils allaient apprendre des choses qui les plongeraient un peu plus dans le secretde Porter.

Olivier apprécia la proximité qu'il av ait à ce moment avec Cassandre. Il resta inconsciemment très proche de la psychologue malgré la présence de nombreus élèves.

"Un garçon vient d'arrive rà l'institut, il avait des informations pour Robin Hoster, une de mes étudians à propos d'Alice Porter qu'il a rencontré avant son arrivé et avec qui il s'est lié d'amitié."

Olivier regarda les élèves en train de s'installer et plus particulièrement Matas puis il continua d'une fois un peu plus forte.

"Il semblerait que lui aussi ait rencontré Alice Porter, très récemment, voir après l'annonce de sa mort."

Alors même que Matas avait fini le résumé de ses péripéties, l'homme derrière le bureaux c'était présenté en tant que Olivier. L'autre devait être Robin Hoster. Il fut entraîné quelques secondes à près dans l'institut. Il vit défilé des personnes, certains usant de pouvoir extrodianaire et d'autre en train de lire des livres. Ils descendirent des marches pour se retrouver dans une pièce assez impressionnante. Il y avait une table au milieu entourer de personne. Au bout de la table se trouvait une femme aux yeux blanc, c'est ce qui frappa tout de suite le mutant.

Sur la table étaient éparpillés des photos et une lettre. Sur la lettre était dessinée un aigle. Ce râpasse lui disait quelque chose, il l'avait déjà vu..

"Mr. Bishop. Cet aigle, il était devant le bureaux de Mr. Bishop."

Matas pointa du doigt la feuille de papier contenant le message que les Nexux avait trouvé dans l'appartement d'Alice. Matas regarda à tour de rôle les personnes dans la pièce. Il s'approcha de la table et lut le mot...

"Alice est donc bel et bien vivante... Tout devient clair..." reprit Cassandre après quelques secondes de silence. Ses sens percevaient toujours Olivier près d'elle, mais son esprit était ailleurs : elle réfléchissait et tentait de relier les différents éléments entre eux.

"Oui..." ajouta-t-elle comme si les autres suivaient son raisonnement.

"Lorsque j'ai remonté la chronologie de la vision avec Olivier, j'ai pu clairement situer le passage où Alice était ligotée comme postérieur à son kidnapping... Si elle est toujours vivante... alors ce que j'ai vu pourrait bien être Alice... peu de temps avant ou après la conversation de Matas avec elle..." crut-elle bon d'expliquer d'une voix pensive en revenant à la réalité. Sa voix trahissait d'ailleurs sa fébrilité alors que les pièces du puzzle s'assemblaient grâce à l'apport de chacun. Alors que ces fragments isolés de passé, de présent et de futur étaient reliés les uns aux autres, son visage d'ordinaire si neutre laissait transparaître une emphase identique à celle d'un savant sur le point de terminer l'équation maîtresse de sa théorie. C'était bon de comprendre enfin ce qu'il se passait... Pourtant plusieurs points restaient obscurs.

"Mr Bishop... ?" releva-t-elle pendant que Matas, le nouvel arrivant se taisait pour lire la lettre qu'ils avaient trouvée.

"Bishop comme dans Bishop Industries, les produits pharmaceutiques ?" demanda-t-elle alors en arquant les sourcils.

"Lorsque j'ai demandé à Cérébra de charger le journal des appels du téléphone que Myou a trouvé dans l'appartement d'Alice, la plupart des correspondances étaient classées dans le domaine privé et Cérébra n'avait pas accès aux numéros. La plupart sauf une, la dernière, qui était classée dans le domaine public... Ca m'a intriguée mais je ne voyais pas ce qu'on pouvait en tirer... Ce dernier appel a été passé à Alice la nuit de ma vision, et n'a duré qu'une seconde. A peine a-t-elle décroché que l'interlocuteur a dû raccrocher... Temporellement... Je dirais que l'appel précède de quelques minutes seulement son enlèvement... Bien sûr je peux me tromper mais... pourquoi Bishop Industries aurait appelé Alice juste avant son enlèvement... si ce n'était pour s'assurer qu'elle était chez elle ?" poursuivit-elle, en s'écartant sans s'en rendre compte d'Olivier. Elle s'était mise à arpenter la pièce, tout en suivant son cheminement intellectuel : sur le coup, elle avait l'air d'une illuminée.

"D'après Cérébra, ce coup de téléphone venait d'un centre d'étude pharmaceutique situé dans la zone industrielle de Washington. Cela dit, ça ne nous explique toujours pas pourquoi Alice a été enlevée, la présence de cette lettre sur les lieux et le reste de la vision... D'autant que si ces photos font bien partie du projet sur lequel elle travaillait, ses ravisseurs n'ont pas pris le temps de les récupérer... De plus, qui étaient ces gens qui nous ont pris en chasse ? Ils ont ouvert le feu sur Fabrisio sans aucune semonce. S'ils étaient vraiment membres de la police de New York comme l'indiquaient leurs uniformes, ils n'auraient jamais tiré sur un jeune homme désarmé sans semonce... c'est contraire au règlement..."

Bureau d'Olivier

Ivy avait suivi la troupe jusqu'en salle de briefing. Cette pièce ne disait rien qui vaille à l'Irlandaise : on y prévoyait toujours des plans foireux. Les dernières fois, ça n'avait pas loupé.
Bougonne, elle s'adossa au mur, derrière le reste de l'équipe. Vu qu'elle était plus petite que tout le monde, elle ne voyait pas grand chose à ce qui se passait autour de la table, mais ça l'importait peu. Personne n'écouterait son avis sur cette affaire, et tout le monde semblait s'enflammer à mesure que la conversation avançait.
La petite rousse croisa donc les bras sur sa poitrine et attendit que le temps passe. Ce n'est qu'au bout d'un moment seulement qu'elle remarqua entre deux élèves la chevelure blonde et reconnaissable de son compère de toujours, Sven.

Elle fit le tour pour se rapprocher de lui.

"Psst, Sven !" dit-elle en faisant le signe secret pour signaler sa présence. Elle se pencha vers lui :

"T'es au courant de toute cette histoire ? Je sens que le sort de l'humanité va encore reposer sur nos épaules, ça craint... On va finir par avoir une scholiose !"

Ivy avait beau avoir son équipe auprès d'elle, elle était allée chercher le soutien de Sven, son ancien coéquipier. L'herbe était toujours plus verte chez les autres.

Sven avait été surpris de voir débarquer ses anciens coéquipiers et son ancien patron, mais content de voir quand même Ivy à qui il rendit son signe secret tout en écoutant les dernière révélations.

Il compta alors sur ses doigts : "Donc, si je comprends bien. Alice va au pays des merveilles pour la journée portes ouvertes, et elle prend des photos. Après, elle développe ses photos. Et elle est mise en relation avec cette Bishop industries pharmaceutiques, et elle disparait. Il y a quelque chose qui ne colle pas..."

Une ride verticale barra son front, entre les deux sourcils.

"A quel moment a-t-elle mangé ? Ou bien simplement, quand est-elle allée aux toilettes ? On ne peut pas se retenir aussi longtemps, j'ai essayé..."

Une remarque fort judicieuse, qui ne l'empêcha pas d'enchaîner sur une autre idée.

"Et puis moi je sais pourquoi ils n'ont pas pris les photos. La porte était fermée de l'intérieur, et c'était encore en lumière rouge dedans. Si les gens qui ont enlevé Alice ont dégommé la porte à coups de savate, ou de tout autre objet contondant, ils auraient grillé les photos en train de se développer en ouvrant la porte."

Il marqua un temps, regardant les photos.

"Ah ben en fait non, parce qu'elles sont à la lumière depuis longtemps là. Mais de toutes façons, moi je dis. Comment elle a fermé la porte de l'intérieur sans rester dedans ? Et pourquoi ils l'ont enlevée ? Pour remonter à nous ? C'est idiot, tout le monde sait où on habite... Et surtout..."

Il jeta un coup d'oeil à Ivy avant de se rapprocher d'elle et adopta un instant sa mine râleuse.

"Pourquoi est-ce qu'on doit toujours s'y coller ?"

Jess allait demander à Cassandre si elle ne pouvait pas 'visioner' ce passif dont elle parlait, lorsqu'elle annonça l'arrivé d'autres informations avec les New-Genesix. La jeune fille n'avait jamais vu la nouvelle équipe au complet, et se demandait tout allait bien pour ceux qui l'avaient intégrés, après la mort et la disparition de plusieurs de ses membres. Non, elle n'avait jamais souhaité intégré cette équipe...

Elle les observa entré, en se demandant ce qu'Olivier disait à Cassandre, et qu'est-ce qu'ils leur apportaient encore comme casse tête... Elle lâcha un soupir. Puis elle se redressa brusquement lorsqu'Olivier déclara que quelqu'un avait vu Alice après l'annonce de sa mort.

« Quoi ? Alors tout ça c'est qu'une mise en scène ?! »

Puis de nouveau, une nouvelle information. Le dénommé Matas observa la fiche, et déclara savoir ce que représentait cet aigle. Un mystère en moins, c'était déjà ça de gagner! Comme à son habitude, Cassandre sortit de nouvelles données sortie de nulle part. Une industrie pharmaceutique ? Tout ça ne lui disait rien de bon... surement de ces scientifiques tarés qui voudraient faire des expériences sur eux, méthode plus sophistiqué d'un camp Labrador, mais tout aussi cruelle. Peut-être s'imaginait-elle tout cela et se faisait-elle des idées, mais après ça, elle ne pouvait s'empêcher s'y reporter comme exemple...

Jess se tourna vers Rachel qui se trouvait près d'Olivier, lorsqu'elle exprima ce qu'elle même pensait. Ils suffisaient d'aller voir. Après tout, ils ne s'étaient pas gênés pour aller fouiller l'appartement d'Alice. Alors pourquoi pas un petit tour là-bàs ?
Elle resta plongé dans ses pensées tout en écoutant Sven. Une porte fermée de l'intérieur ? Elle n'avait pas vu. C'était sans doute quand Fabrisio et elle avait trouvé le périphérique...

« Faudrait aller voir là-bas, comme on l'a fait avec l'appartement d'Alice... mais ça me dit rien du tout. Si ça se trouve tout ça c'est juste pour qu'on y aille. Un laboratoire, je peux pas m'empêcher de penser au camp. C'est pareil... »

La mutante tourna la tête vers Matas, avec un regard interrogateur.

« Comment elle était Alice ? Elle allait bien ? »

Matas finit de lire la lettre. La conversation commençait à s'animer. Il parlait d'aller sauver Alice. Cette femme qui était dans la cellule à côté de lui. Matas regarda la femme aux yeux blanc qui parlait comme si elle racontait une histoire. Une jeune fille lui demanda alors:

"Comment elle était Alice ? Elle allait bien ?"

Matas réfléchit quelle que secondes et il lui répondit:

"En fait, je ne le sais pas. Elle était dans la cellule à côté de moi. Je n'ai pas pu la voir, mais je crois qu'elle allait assez bien avant qu'ils viennent la prendre."

Matas regarda à nouveau l'assistance. Il reprit d'un ton neutre:

"Pendant que vous parliez, d'autres informations me sont revenus en tête. Notamment, la CIA est impliqué. J'ai entendu Bishop et deux de ses collègues en parler. Aussi, j'ai vu quelque chose qui m'a paru anodin sur le moment, mais qui peut peut-être vous aider maintenant. Lorsque j'étais chez Mr. Bishop, j'ai été blessé et il m'a apporté dans la chambre d'une petite fille. Mais, lorsque j'étais chez lui je n'ai vu aucune fille. Lorsque je lui en ai parlé, il me semblait triste."

Matas réfléchit de nouveau et continua:

" Je ne me souviens plus où était ce laboratoire, car je suis parties le plus vite possible. Mais, je crois que c'était proche de Bisho industrie. Je voulais aussi vous demander, si vous allez sauver Alice, je veux y aller avec vous. Je pourrais peut-être vous être utile..."

Assise entre deux NeXus, Anna écoutait le résumer de l'histoire connue concernant Alice Porter. Elle fut impressionnée par la façon de Cassandre de reconstituer les morceaux. Elle semblait jongler avec le présent, le passé et le futur si facilement... Anna n'avait pas encore pris conscience de toute la complexité du don de la psychologue. Si elle avait été à sa place, elle serait déjà devenue folle depuis un bon moment.

Quoi qu'il en soit, le fait qu'un laboratoire pharmaceutique soit certainement impliqué non seulement dans un enlèvement mais également dans un espèce de trafique de sang mutant la fit frissonner. Qui sait ce qu'ils préparaient... Peut être rien. Mais cela l'étonnerait fort.

Libérer Alice lui paraissait le plus urgent. Après tout, elle était encore vivante, du moins, on le supposait. La laisser de côté pour ce focaliser sur les autres données du problème bien que tout aussi important et peut être bien plus qu'ils ne le croyaient à présent, serait comme la condamner à mort. D'autant plus qu'elle saurait certainement les éclairer sur des zones d'ombres.

La télépathe était bien d'accord avec Rob. Il fallait faire vite. Elle regarda Olivier pour voir qu'elle serait sa décision quant à son sauvetage.