Chambre de Kalalli et Kanata

Cuisine

Kalalli arriva dans sa chambre en courant sans discrétion. La porte encore entrouverte, il ramassa un pantalon noir de rechange et un sous vêtement puis se jeta dans la salle de bain qu'il ferma à clé, elle. Il se déshabilla en jetant ses habits en vrac par terre puis se doucha rapidement, effaçant toutes les traces de ce qui venait d'arriver, maquillage comprit. Il ne voulait plus jouer. Il ne voulait plus être un vampire. Il ne voulait plus qu'on se dispute autour de lui. Il ne voulait plus voir de morts. Il ne voulait plus souffrir. Il ne voulait plus qu'on lui fasse du mal.

En boxer, il se glissa dans son lit, à plat ventre sous la couette, la tête sous son oreiller malgré ses cheveux à peine séchés par un coup de serviette. Les bras solidement ancrés sur l'oreiller pour le maintenir en place et l'isoler au maximum de l'extérieur, il ne pleurait plus. Il avait juste les yeux très rouges. Tant d'évènements s'enchaînaient si vite. La destruction de l'Institut et la mort de Louis. La mort de River. L'infirmier violeur. La panthère qui lui avait arraché la cuisse. Les champs de cadavres de Génosha. Le Shoggoth. Les enlèvements de Génosha et les jours de crainte d'être la cible suivante. Sa noyade. Sa dispute avec Kitty. Sa tentative de kidnapping par le monstre de PROSPER. Le départ de Vadim et de Cassandre. La mort de Milan.

Et aujourd'hui... Sa peur bleue dans le salon. Jade qui l'embrassait. Lui qui se vengeait en balançant Lucas devant Kanata. Et lui qui se faisait dessus devant tout le monde. Tous les sentiments s'entrechoquaient dans sa tête. Les yeux solidement fermés, dans le noir le plus complet, il aurait aimé disparaitre. Son esprit se maintenait fermé avec acharnement. Il ne voulait pas que Kitty le trouve maintenant. Il avait trop peur qu'elle puisse lire ce qui était arrivé.

Elle devait avoir honte de lui. Il était trouillard. Il était faible. Il était un mauvais copain. La télépathe pouvait mieux se défendre que lui. Elle pouvait lire son esprit. Et elle pourrait voir ce qu'il s'était passé à la cuisine. Il ne le fallait pas ! L'Inuit culpabilisait comme jamais. Il aurait dut tourner la tête par réflexe lorsque Jade s'était approchée. Mais il ne s'attendait tellement pas à ça. Et dire qu'il avait aimé le contact... Il se détestait. Pourquoi il avait aimé ? Pourquoi ? Il aimait pourtant sincèrement Kitty.

Le drap jusqu'au milieu de son dos dénudé, il crispa ses doigts sur son oreiller en forçant encore pour tenter de s'enfoncer le crâne dans le matelas. Il voulait disparaitre. Il voulait dormir et oublier. Il voulait que tout ça ne se soit jamais passé. C'était si dur à supporter...

Planqué
Le jour le plus long.. Déjà avant c’était la semaine la plus longue, mais au fur et à mesure qu’on approchait du jour, l’échelle de temps se dilatait, se multipliait, grandissait, grandissait… Il voulait être partout sauf devant des gens qui se déguisaient pour faire la fête, demander des friandises ou faire des farces… Il détestait halloween, et ce depuis loooooooooooooongtemps. Quand il était encore avec sa famille, il se rappelait, étant petit, avoir aimé, un jour, ce moment. A se faire pêter le bide de saloperies sucrées, à rire pendant des heures, à regarder des films qui faisaient peur, blottis contre son frère, et à adorer avoir peur comme ça… Et puis il y avait eut la période ou son corps s’éveillait à d’autres désirs.. Et clarice… Le parfait alibis, la parfaite copine pour faire taire d’autres pulsions. Sa première et unique petite amie… Et sa trahison, et l’humiliation devant tout le monde, et les années d’enfer qui ont suivies.

….
« Alors, tu me fais une surprise ou tu me dis en quoi tu te déguise, ce soir, Jay ? » Clarice, avec ses grands yeux verts, ses cheveux blond roux… La parfaite petite irlandaise, le bon dieu sans confession. Son alibi. Il l’aimait bien. Mais il ne l’aimait pas… Mais, à deux, ils arrivaient très bien à faire semblant. De son côté, Jason se demandait ce que ressentait réellement Clarice à son égard, après tout, c’était tout récent. Il ne s’était pas caché de sa relation avec elle, au contraire. Il s’était même affiché carrément devant son frère, car il savait qu’il rapporterait tout aux parents, et par ricochet, il assurait sa réputation et évitait les questions embarrassantes… Ils n’avaient jamais fait… la chose… et tant mieux, mais un jour ou l’autre, il faudrait prendre une décision à ce sujet. Pas ce soir, de toutes façons… « surprise !! ».. Clarice plissa les yeux, un petit sourire carnacier accroché au visage. « Moi aussi, je te réserve une belle surprise, j’ai hâte d’être à ce soir ». A ce moment précis, Jason avait hâte aussi. Il s’imaginait faire la fête, rire, passer une bonne soirée… C’est le dernier moment joyeux qu’il gardait d’halloween.. Plus tard, dans la soirée, l’enfer se déchainerait ….
….

C’est donc plutôt sur les nerfs, maussade, que Jason rasait les murs. Il venait plus ou moins de prendre la décision de passer la soirée à glander dans sa chambre. Si il y avait bien quelqu’un qui éviterait autant que lui cette fête, ce serait bien son colocataire. Il ne parlerait pas, sans doute accroché à Conan comme une moule sur un rocher, mais ça lui allait tout aussi bien. Pas envie de parler de toute façon... Ni de participer à ces stupides blagues, de se stupidéguiser dans cette connerie de fête à la con de bordel de chiasse de saloperie de merde d’haloween !!!

Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la porte de sa chambre, une cavalcade attira son attention, et , la main figée sur la poignée de porte il vit débouler une tornade sombre dans la chambre de l’inuit. Interloqué, il pesa le pour et le contre, trouva beaucoup de contres, mais, soupirant, se décida tout de même à aller voir ce qui se passait… Du temps s'était écoulé, pendant lequel il avait entendu des éclats de voix à l'intérieur de la chambre qu'il parageait avec le geek. Jeremiah n'était pas seul... Secouant la tête, se raccrochant au temps présent, il approcha de la porte. Plusieures minutes s'étaient écoulées...

La porte était encore entrebâillée, aussi Jason fit deux pas pour entrer et constater que le petit inuit avait du passer un sale quart d’heure un peu plus tôt. Dispute avec kitty ? Pire ? A ce moment précis, il s’imaginait déjà le sourire torve de son colocataire, assortis d’une phrase assassine. « Alors, jasoniais ? Encore prêt à sauver l’univers ? »… Il soupira. Ouais... c’était partis... Sauvons l’univers…

Il referma doucement la porte derrière lui, s’approcha, et avec une voix douce, appela. « kal ? kal ? c’est jason.. ça va ? » il s’assit sur le bord du lit, prenant milles précautions, et carressa doucement les ptis bouts de doigts qui dépassaient de l’oreiller. « kal ? »…

Les yeux fermement fermés et tentant de faire le vide dans son esprit autant que possible pour ne plus pleurer, Kalalli entendit des bruits de pas dans sa chambre alors que sa porte se fermait doucement. Il ne faisait aucun doute que quelqu'un était là. Qui ça pouvait être ? Kitty ? Rachel ? Jade qui venait s'excuser ? Peut être Jolène... Ou Juliette ? Il ignorait où elle se trouvait aujourd'hui...

Il reconnut rapidement la voix qui l'appela. Jason. Il était devenu pour lui depuis qu'il était OryX une sorte de grand frère de coeur. Un peu comme Charis qu'il aimait beaucoup. Ils étaient toujours là pour lui. Mais il était cette fois surpris de voir le jeune homme ici. Est ce qu'il l'avait vu entrer dans sa chambre, ou quelqu'un lui avait-il raconté ce qu'il s'était passé au salon ou à la cuisine ?

Jason s'assit doucement au bord du lit et lui caressa les doigts qui tenaient l'oreiller en place pour cacher son visage. L'Inuit ne savait pas quoi répondre. La question de savoir s'il allait bien était rhétorique. Il devait bien le voir que non...

La tête toujours enfouie sous l'oreiller, front au matelas, il répondit tristement avec une voix un peu étouffée par le coussin :

" J'aime pas Halloween. Je veux plus avoir peur... "

C'était de là que la journée était mal partie finalement. S'il était arrivé jusqu'à la cuisine, c'était parce qu'on lui avait fait peur comme il était normal de le faire en ce jour.

De ses doigts, il attrapa ceux de Jason pour les tenir. Une sorte de câlin de doigts. Il ne voulait pas sortir son visage de l'oreiller. Il avait chaud malgré le dos et les épaules dénudés en dehors de la couverture mais il était bien au final. Ses cheveux étaient encore humide de la douche. Il était bien comme ça. Et il n'aurait personne pour l'observer lui et ses yeux rougis.

Kalalli tourna la tête de côté pour poser la joue sur le matelas. La position front au matelas devenait désagréable. De l'autre main, il maintint son oreiller.

" Je veux pas qu'on me kidnappe... "

Dans le fond, c'était encore ce qu'il craignait le plus. Les apparitions éclairs de Rachel lui rappelaient trop le téléporteur de Génosha qui enlevait les mutants pour le compte du PROSPER. Kala resserra doucement ses doigts sur ceux de Jason. Il se serait bien blottit contre lui, mais il ne voulait pas sortir la tête de l'oreiller. Il ne voulait pas croiser le regard de quelqu'un, même de ceux qu'il aimait.

Kal avait décidé de parler à travers un oreiller, ce qui ne facilitait pas la tâche. Assis à côté de lui, une moue pensive, Jason écoutait, patiemment, les quelques phrases qui tentaient de se frayer un chemin à travers l’épaisseur ouaté de l’oreiller. Il sourit un peu tristement quand Kal dit qu’il n’aimait pas haloween…
…
Clarice était sublime. Elle avait revêtue une grande robe de ballerine, cousu de la soie brodée dessus, et constitué un assortiment très étudié de dentelles. Ses boucles cuivrées étaient relevées en chignon, et des mèches cascadaient sur ses épaules de nacre. Ses grands yeux verts, rehaussé d’une touche de mascara observait, mutins, l’irlandais. Une sorcière moderne, toute craquante. Jason avait piqué la tenue de baseball de son frère, et l’avais maculé de taches de faux sang. Une balafre en plastique autour du coup et il faisait un parfait zombi tout frais. « hmmm.. pas mal… tu aurais pu faire un vampire sexy ou.. je sais pas… un loup garou mais bon… ça te fais de jolies fesses quand même » dit elle, en envoyant une petite tape sur les dites fesses de Jason, vite suivie par un éclat de rire cristallin. « Ce soir, pour une fois, c’est moi qui décide de tout. Tu te laisses guider, j’ai une surprise pour toi » lui dit elle. Jason voulu lui prendre la main, mais elle se dégageât, ce qui fit froncer les sourcils de l’irlandais… Elle chantonnait en chemin, entrainant Jason à sa suite. Il reconnu la rue qui menaient au lycée, et les clameurs du bal auquel ils avaient convenu, tous les deux, de ne pas aller… Ils préféraient avoir une soirée bien à eux… Il allait le lui rappeler quand elle bifurqua, s’éloignant de la salle éclairée, pour s’engouffrer dans la salle de gymnase, plongée dans le noir. Arrivée près de la porte, elle farfouilla dans son petit sac noir, et en tira une carte, qu’elle passa devant le détecteur. Avec un cliquetis, la porte s’ouvrit, et Jason avait le cœur qui battait la chamade... Il était strictement interdit de venir ici… « je t’avais dit que j’avais une surprise pour toi » dit elle, riant doucement…

Ils pénétrèrent à l’intérieur, et jason se laissa guider dans la pénombre par la petite sorcière. Elle l’entrainait vers les gradins.. non.. Plutôt sous les gradins… Jason était gêné, il avait peur qu’elle veuille passer disons.. aux choses sérieuses et il n’était pas prêt pour ça… Elle le pressa contre le mur, sous les gradins, et lui fit un baiser dans le cou. « Alors, il faut qu’on parle tous les deux… J’ai l’impression que tu n’as pas été très honête avec moi, jay… » tout en parlant, sa main s’approchait dangereusement de son intimité, et Jason déglutis. « oh.. je suis déçue.. c’est tout l’effet que je te fais ? Bien sur, je suis pas spécialement surprise en fait »…

...

« je veux pas qu’on me kidnappe » lacha enfin l’inuit. C’était donc ça. Il avait encore peur de ça. Jason avait du mal à comprendre ce que pouvais bien ressentir le petit mentaliste. Il ne savais pas quoi lui dire exactement qui pourrait lui faire reprendre confiance en lui. « moi non plus j’aime pas haloween.. ça me rappelle des.. choses… » ouais.. c’était pas vraiment ça qu’il voulait entendre, surement. « hey, kal.. ça n’arrivera pas ok ? tu es chez toi ici, et on veille sur toi. Ecoutes, je ne sais pas si tu te rends compte, mais tu possèdes un sacré talent tu sais ? J’veux dire, tu pourrais foutre la pétoche à tout le monde ici, même les profs t’imagines ? J’veux dire.. Faut pas que tu te laisses faire comme ça, si on t’ennuie, ou que quelqu’un utilise ses pouvoirs ou sa force contre toi, riposte ! T’es pas en sucre, tu pourrais en remontrer à d’autre, question courage, et tu as un don fabuleux… ». Il fallait qu’il se rende compte qu’il pouvait aussi compter sur lui-même, première étape indispensable pour prendre confiance en soi.
Il enleva doucement l’oreiller, et carressa les cheveux de l’oryx. « tu veux qu’on en parle ? on est que tous les deux ici, donc tu peux te confier… C’est pas grave d’avoir peur, d’avoir des doutes… Mais il faut faire face. » il encercla son visage de ses deux mains, et résista à l’envie de vérifier si il ne pleurait pas… A la place, il lui fit un baiser sur le front, et l’enssera dans ses bras… A ce moment, une clameur venu de dehors lui fit relever la tête. « attend deux secondes, ptit frère »… Il se rapprocha de la fenêtre et regarda dehors… « ben merde ! c’est quoi ce bordel dehors, on dirait que sa chauffe, en bas, ya des gens qui balancent des bombes ou je sais pas trop quoi… ! » Il se retourna vers l’inuit, guettant sa réaction..

Kalalli écouta Jason lui dire qu'il n'aimait pas non plus Halloween à cause de choses que ça lui rappelait. L'Inuit aurait bien demandé ce que c'était mais il n'osait pas. Le jeune homme commença à lui expliquer que son pouvoir était si puissant qu'il pouvait rivaliser avec certains profs ce qui, dans le fond, n'était pas tout à fait faux. C'était davantage un problème du premier qui est vu a perdu. Face à Esther, il se ferait calciner avant d'avoir le temps de l'enfermer dans une illusion. Adam, il ne fallait pas non plus en parler. Et même en enfermant des gens dans ses illusions... il ne s'en débarrassait pas pour autant. Il y avait toujours des mutants plus puissants que soi. Et se faire téléporter par surprise limiterait grandement ses possibilités de ripostes.

Jason retira l'oreiller de la tête du garçon qui ne le retint même pas. Il lui caressait les cheveux. C'était si agréable. Les yeux entrouverts, Kala profita de ce moment de calme. Le grand OryX lui proposait de se confier. Il en avait bien besoin. Jason lui prit le visage entre les mains et l'embrassa sur le front. L'Inuit sourit doucement et fut surpris de se voir enlacer. Plongeant sa tête dans son cou, Kalalli l'entoura de ses bras nus, le corps brulant sortant tout juste de la couette.

Tatoo entendit à ce moment un bruit provenant de dehors qui le fit aller vérifier ce que c'était. Et d'après ce qu'il disait, ça n'était pas rien. Il parlait même de bombes ! Une vague de tristesse frappa à nouveau le visage de l'enfant. Est ce qu'ils n'allaient jamais arrêter d'être la cible de tarés ? Déprimé à nouveau quelques secondes, l'Inuit enlaça contre lui son oreiller en se recouchant. Il soupira fort, puis consentit à aller voir de ses propres yeux. Un peu mal à l'aise d'être en boxer car très pudique, il embarqua avec lui la couette l'air de rien afin de s'y envelopper aux épaules. Et puis il faisait froid en dehors de son lit !

A côté de Jason, il observa dehors la foule de gens, ce qui lui rappela immédiatement le cours d'Esther sur les foules. Pourquoi venaient-ils les attaquer sans raison aujourd'hui ? Lassé de toute cette colère, il annonça :

" Je peux peut être les calmer un peu... " d'une voix peu convaincue.

Il se concentra alors sur l'ensemble des individus amassés tant devant la grilles que ceux qui étaient rentrés dans le jardin afin de leur envoyer une illusion reposante. Il voulait juste calmer leur furie pour aider ses camarades à les dissiper. Il rajouta en même temps tout bas :

" Je veux bien qu'on parle un peu... "

C’était un vrai bordel en bas, et ça avait l’air de dégénérer de minute en minute. Jason se dandinait, mal à l’aise. D’un côté il fallait s’occuper de kal, ne pas le laisser se morfondre. De l’autre, il ne pouvait pas rester la à se tourner les pouces pendant que ça virait en jus de boudin en bas. Il se mordit la lèvre, énervé et ponctua par un claquement de langue, comme il le faisait à chaque fois qu’un truc venait contrarier ses projets… « Bravo kal, bien joué !!! tu vois, t'es capable de contenir une foule tout seul, quand plusieurs de l'institut n'y arrivent pas ! kal, viens, on va se rapprocher pour vérifier que tout est sous contrôle. Ton pouvoir sera plus qu’utile, en bas. Quant aux autres, tu leur réserveras un chien de la chienne. Tu auras qu’a leur foutre la frousse, après tout, c’est donnant donnant… J’imagine que c’est ça le prob ? victime d’une mauvaise farce ? Faudra que je te raconte pourquoi j’aime pas haloween, je suis sur que tu relativiseras après ça…. »

Il alla vers la porte, l’entrouvris… « tu viens ? je prendrai soin de toi. Habille toi vite fait, et allons sauver l’institut, ou ces gens ou… les deux… »

:arrow: grille d'entrée

Sa tentative d'aide sembla utile. Lucas venait d'allonger un pan de l'enceinte de l'Institut pour faciliter la fuite dans un calme relatif des assaillants. C'était déjà ça. Jason le félicita pour lui montrer qu'il était capable de grandes choses. Et même si c'était vrai qu'il était capable de "contenir", c'était là bien le mieux qu'il pouvait. Contenir. D'ailleurs, il concluait rapidement que c'était suite à une mauvaise farce qu'il n'aimait pas Halloween, ce qui n'était pas tout à fait faux. Il lui indiqua qu'il lui raconterait pourquoi il n'aimait pas cette fête non plus.

Le grand OryX semblait pressé de se rendre en bas. Les gens fuyaient. C'était terminé. Kala aurait aimé qu'ils discutent mais il y avait toujours quelque chose de plus important. Et pour cause. L'institut qui se faisait attaquer.

Blasé, il ne put même pas indiquer qu'il resterait ici. Quand une journée était mauvaise, il ne fallait pas insister. C'était son nouveau mode de pensée. Le mieux était encore de se coucher et d'attendre que ça passe. Et prier pour ne pas être réveillé à nouveau. D'un pas lent, l'Inuit retourna à son lit et s'affala sur son matelas, recouvert de sa couette par dessus de laquelle il passa un bras. Le lit était encore le meilleur ami des moments difficiles. On pouvait se cacher dans ses bras et enlacer son oreiller. Il nous tenait chaud et c'était bien un des lieux qu'on aimait rarement quitter de son plein gré.

Les yeux ouverts dans le vide, il ressassa les paroles de Jason à propos du fait de se défendre. A défaut d'utiliser son pouvoir, il pouvait toujours se défendre verbalement. Dans certaines situations, ça pourrait l'aider. Mais il craignait de faire souffrir les autres personnes, même si c'étaient elles les responsables ou qui le maltraitaient. Il préférait prendre lui que dévier le tir verbal sur d'autres.

Il repensa soudainement à Lucas à qui il avait fait du mal en mettant son grain de sel à la cuisine. Il se disait qu'il ne connaissait pas toute l'histoire et qu'il n'aurait donc pas dû répondre ça à Kanata. Il faudrait qu'il s'excuse, en espérant que Rock ne lui en veuille pas trop... Ses paroles avaient des conséquences. Kalalli soupira. Il culpabilisait de la situation dans laquelle il se mettait généralement tout seul.

Puis il repensa aux deux fois où il avait répondu à quelqu'un. La première, c'était à Jay dans le jardin au sujet de gens qui partaient. Il se souvint que son ancien camarade d'équipe s'était tût sur le coup, probablement surpris d'obtenir une résistance à ses propos de la part de quelqu'un comme lui. La seconde, beaucoup moins réussie... contre Vadim. Il aurait fallu s'y attendre. C'était lorsque l'ogre rouge semblait repousser l'idée de famille et mettre en doute leur volonté de s'engager avec lui, comme s'ils avaient déjà prouvés qu'ils n'étaient pas assez volontaires... Une violente dispute s'était faite et nombreux étaient ceux qui avaient engagé l'argumentation. Il se souvint d'ailleurs avoir terminé dans les bras de Juliette...

Maintenant il avait son lit... et c'était pas si mal.

Jolène était sortie de la cuisine, sa citrouille dans les bras. Elle avait comme idée première d'aller dans le jardin pour se rafraichir un peu les idées mais apparemment le conflit n'était pas encore totalement terminé. Elle avait envie d'être au calme, avec des gens sensés et tranquilles, ou du moins réfléchis. Sa deuxième idée avait été d'aller dans sa chambre. S'allonger et réfléchir, peut-être même envoyer un message à Ailein et Six, elle ne leur avait pas beaucoup donné de nouvelles et s'en voulait de cela. Elle pourrait au moins rattraper cette erreur. Elle monta donc l'escalier d'un pas lourd et lent, la citrouille remplie de rutabagas aidant, les yeux dans le vague. Elle n'allait pas super. Toutes ces disputes...elle était...vidée. Elle nota rapidement de son lacet était délacé mais ne se sentait pas de s'arrêter poser sa citrouille, refaire le lacet, reprendre sa citrouille tout ça dans les escaliers.

Elle arriva finalement devant les ailes des chambres. Elle commençait à avoir mal aux bras. C'était pas léger, léger ce qu'elle portait au final. Et pas pratique non plus. Pas de prises sur la citrouille. Elle s'avança vers celle des filles mais son lacet vint se glisser sous son pied l'étalant de tout son long sur le sol. La citrouille maintenant sur le flanc avait laissé fuir la plus grande partie de son matériel et elle vit deux des rutabagas rouler du côté des chambres des garçons. Trop de pressions, trop de fatigue pour l'écossaise, elle craqua.

"ET MERDE!!"

Elle retint avec difficulté les quelques larmes qui voulaient couler de ses yeux. D'un geste rageur, elle essuya ses yeux et ramassa tout ce qui était tombé pour le remettre de manière peu délicate dans la citrouille. Elle reprit cette dernière dans les bras et se dirigea vers les rutabagas qui avaient fui. Elle les ramassa et les ramena avec leurs frères. Elle poussa un soupir. En relevant la tête, elle remarqua que la porte devant laquelle elle se trouvait était ouverte et que depuis l'ouverture, elle pouvait voir l'inuit sous sa couverture, la tête sur son oreiller. Il ne semblait pas aller bien à première vue. Elle toqua doucement à la porte, sa citrouille calée sous un unique bras.

"Kalalli? Ca va? J'peux entrer?"

Avec ce qu'il s'était passé tout à l'heure, ce serait normal que ça n'aille pas pour l'inuit.

Dans un demi sommeil, la garçon fixait un point dans le vide tout en continuant son raisonnement. Dans le fond, il s'attachait peut être trop aux gens. Vadim avait tenté de le leur faire comprendre. Mais comment pouvait-il se détacher des gens qu'il fréquentait quotidiennement ? Surtout qu'il les voyait généralement plus souvent en tant que camarades de classes ou voisin de chambre que comme coéquipier de missions.

A présent il était seul dans sa chambre. Son colocataire s'en était allé. Il passerait des nuits tout seul, chose qui ne lui était pas arrivée depuis son arrivée à l'Institut. L'Inuit avait à présent besoin d'une présence régulière avec lui et d'animation. Son sommeil serait difficile seul, il n'en doutait malheureusement pas.

Un soudain bruit lourd le tira de sa demie rêverie. Il baissa son regard sans bouger en direction de la porte. Il était toujours allongé sur le ventre, tête de côté sur son oreiller. Kala aperçut quelque chose rouler jusque sur le pas de sa porte. Curieux, il observa Jolène ramasser l'objet, chargée d'une grosse citrouille sous le bras. Pourquoi la déplaçait-elle dans les couloirs ?

Elle toqua à sa porte, probablement incertaine à son regard qu'il ne dormait pas, ce qui surprit le garçon. Il ne s'attendait pas à ce qu'on vienne le voir, et encore moins que ce soit la jeune fille.

" Oui ? Oui entre ! "

Jolène l'avait vu à la cuisine se faire embrasser par Jade et elle l'avait protégé. Il s'était senti l'espace d'un instant moins seul face aux regards des autres, probablement tous indifférents, amusés ou intrigués de voir la suite. Personne n'avait fait quoique ce soit, pas même Lucas qui avait répondu tout à fait posément à la vengeance de sa petite amie.

Kalalli suivit de son petit regard noir la LeX, curieux de savoir ce qu'elle faisait avec une citrouille ici, mais il ne baissa que sa tête pour l'observer plus facilement. Elle lui avait demandé en rentrant s'il allait bien. Jolène était une fille donc elle pourrait probablement le comprendre. Et puis elle semblait gentille. Il parla en regardant un peu dans le vide, pas très à l'aise. Il se sentait en partie responsable.

" Je... Je suis juste pas bien à cause de la cuisine... Pour Kitty. Et pour Lucas. Parce que j'ai été méchant de dire à Kanata que Lucas avait embrassé Georgia. Et puis j'ai... honte. J'ai eu peur au salon quand Rachel est apparue. Je suis parti en courant à la cuisine... Après... t'étais là... "

Il soupira. Il avait ressassé plusieurs fois l'enchainement des évènements. Et à toutes les étapes, il s'était reproché quelque chose dans sa tête. Trouillard et lâche. Qu'est ce que Kitty devait penser de lui. Il n'avait que sa gentillesse pour lui, et sa sincérité... Mais ça ne suffirait plus à force...

Le jeune inuit releva la tête, autorisant l'écossaise à rentrer dans sa chambre. Il lui avoua ne pas aller bien parce qu'il avait révélé le baisé caché de Lucas et Gerogia...et à cause d'une peur qu'il aurait eut à la cuisine. Voir quelqu'un avoir de vrais remords lui mettait du baume au coeur, c'était donc encore possible que des gens aient une morale...Mais au delà de ça, il y avait plus important. Le jeune garçon n'allait pas bien et même si réconforter et rassurer ne faisaient pas partie de ses compétences les plus développées, elle avait faire ce qu'elle pouvait pour lui. Elle s'assit au bord du lit délicatement, posant sa citrouille par terre à ses pieds et après une hésitation se racla la gorge. Comment pouvait-elle réussir alors que son propre moral n'était pas super haut? Le regard du Kalalli lui redonna du poil de la bête d'une certaine manière. Il avait besoin de quelqu'un pour l'aider, pour parler. Elle n'était peut-être pas la mieux indiquée pour ce genre d'exercices mais...elle était là...et elle allait faire ce qu'elle pouvait pour l'aider.

"Tu sais..." elle marqua une pause "...faut pas que tu t'en veuille pour cette histoire de baiser, c'est pas de ta faute ce qui s'est passé. En plus, le simple fait d'avoir des remords pour cette histoire devrait te rassurer...Quelqu'un qui aurait considéré cela comme normal ou qui aurait pris du plaisir à tromper son copain ou sa copine, là ça aurait été grave...mais toi, t'y es pour rien. T'étais au mauvais endroit au mauvais moment...et puis je suis sûre que Kitty t'en voudra pas. Elle devrait être heureuse d'être avec un petit copain aussi sensible...C'est Jade qu'il faut blâmer, pas toi."

Repousser la faute sur un autre, c'était surement pas clean comme manière de faire mais sur le moment elle avait vu que ça...et en dehors de toute considération morale...Oui, c'était Jade la fautive, pas lui.

"Ensuite pour cet aveu que t'as fait...Je crois que de toute façon ça serait sortit à un moment où à un autre...que ce soit pas Georgia ou Lucas eux-mêmes ou par Jade. C'est toi qui l'a dit mais ça aurait put être n'importe qui d'autre...N'importe qui. Et puis, ils ont parlé...ils ne t'en veulent pas tu sais. En plus, on ne peut pas te demander d'être tout le temps gentil et attentionné, tu as le droit de craquer, de faire des erreurs, d'être en colère ou quoique ce soit d'autre, tant que le gentil Kalalli est toujours le plus fort."

Elle lui caressa les cheveux. Elle espérait que ça lui avait remonté un peu le moral.

"Tu me dis que t'as eu peur...Tu sais pourquoi t'as eu peur? P'tet que si on creuse et que t'en parles, t'iras mieux tu crois pas?"

On lui avait toujours dit que parler faisait du bien. Elle n'en était pas pour autant adepte mais bon...appliquons les conseils des mères...elles ont généralement pas mal d'expérience dans le domaine.

Jolène vint s'asseoir près de lui et posa ses affaires à ses pieds. Elle commença à lui expliquer que c'était bien d'avoir des remords. Il en avait tout le temps. Il se disait qu'il agissait mal. Elle précisa que c'était de ne pas en avoir qui était mal. Et que Kitty avait de la chance de l'avoir. Kala sourit doucement. Ca le rassurait un peu. Il espérait que ça serait vrai.

Quant à l'aveu, elle lui expliqua que le fait que ça soit lui qui l'ai fait ne changeait rien. Pourtant il aurait préféré ne rien avoir à voir avec tout ça.

" Je l'ai pas dis au moment où ça aidait... " nuança-t-il tout de même.

Kalalli fut rassurer d'apprendre qu'ils ne lui en voulaient pas. Il voulait néanmoins s'excuser auprès de Lucas. Juste pour être sûr. Ca restait méchant. Il savait qu'il pouvait craquer, c'était souvent le cas actuellement. Mais il ne voulait pas faire de mal envers qui que ce soit, même si la personne le mériterait.

Le garçon apprécia la caresse. Tout le monde semblait aimer ses cheveux pour lui remonter le moral. Elle lui proposa de parler de la raison de sa peur au salon. Il savait très bien pourquoi. Mais en parler le gênait toujours autant, par honte et pudeur.

" Rachel est apparue et ça m'a fait peur parce qu'une société en Afrique enlevait des mutants avec un téléporteur pour les vendre comme produits à des gens. Et... et j'étais dans un catalogue. Au rayon plaisir. "

Il marqua une pause, pour lui laisser comprendre le probable sous entendu du dernier mot.

" Et l'acheteur, c'était un hôpital psy à Bikaner, en Inde. On y était allé avec les KozaX pour sauver quelqu'un. Et là-bas, y'avait un infirmier Et il... "

A chaque fois qu'il en reparlait il se sentait mal. Il hésita sur la formulation à employer. Il y alla sans détour. Mettre un mot sur l'acte.

" Il a essayé de me violer. "

C'était dit. Son regard quitta celui de Jolène, un peu honteux. Il continua en fixant le vide, se resserrant un peu contre son oreiller. Il ne voulait pas pleurer et se retint donc en conséquence. Il enchaîna rapidement sur autre chose.

" Enfin donc... J'ai eu peur pendant quelques jours, une semaine je crois, de voir apparaitre un téléporteur et qu'il m'emporte pour me "livrer" en Inde... Il a emporté Sahari en une seconde devant les OryX. On n'a rien put faire. J'avais peur que ça me fasse pareil... A n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, n'importe où... Même si je sais que tout est terminé, le téléporteur est toujours quelque part. Et quand Rachel est apparue en fantôme pour Halloween, j'ai vraiment eu peur et je me suis enfuis dans la cuisine. "

Pour le fait qu'il s'était fait dessus, il l'omit volontairement. Il en avait trop honte et ça n'apportait rien à l'histoire.

" En plus en Afrique, un robot aux traits humains m'a attrapé et a essayé de me... Heu. De m'empacketter ? Je sais pas comment on dit. De m'attacher avec des liens pour me livrer... J'ai cru qu'il allait réussir... J'ai vraiment eut très très peur..."

Son regard était fuyant. Il tenta plusieurs fois de fixer Jolène dans les yeux mais se concentra finalement sur sa clavicule, près de la bretelle de son soutien gorge blanc rayé de gris. ( =D )

" Enfin... Je sais pourquoi j'ai peur... J'ai mes raisons... " conclut-il.

L'Inuit n'avait pas pleuré même s'il avait failli à plusieurs reprises. C'était une grande première lorsqu'il parlait de ce sujet. Les jours étaient difficiles depuis. Son sommeil était pitoyable ce qui influençait grandement son moral et ses notes.

A nouveau, il déporta son regard et se concentra sur son poignet, près de son oreiller.

Jolène écouta avec attention l'histoire du petit inuit Plus son récit s'avançait et plus ses yeux s'assombrissaient. Il avait vécu beaucoup de choses. Trop pour quelqu'un de son âge sans doute. Sa gorge se nouait. Elle avait l'impression qu'un hérisson se baladait à l'intérieur. Comment...comment des humains...de simples êtres humains pouvaient être aussi cruels? Envers des enfants? A ce niveau là c'était juste...de la perversion. Même Le grand bouc avait "l'excuse" du fanatisme et de la folie. Là il n'y avait rien d'autre que le plaisir de profiter et de faire souffrir quelqu'un d'autre. C'était tout simplement...répugnant. En ce moment elle n'avait qu'une seule envie, retrouver celui qui avait fait ça et lui faire passer le pire moment de sa vie. Ca ne servirait surement pas à grand chose...
Elle regarda le petit inuit. Il avait été fort. Très forts. Des adultes auraient put moins tenir que lui, c'était normal qu'à un moment où un autre il ai craqué. C'était normal qu'il ai honte aussi...c'était courant lors de viols ou de tentatives de viols.

"Je..."

Elle voulait dire quelque chose, pour le soutenir ou tenter d'alléger sa peine mais...qu'est-ce qu'elle pouvait dire? Quels mots pouvaient être assez forts pour faire disparaitre ce genre de blessures? Même le temps n'y arriverait pas forcément. Pourtant, elle pouvait faire quelque chose. Une simple promesse.

"Je te promets que si jamais tu te fais enlever par le téléporteur ou par n'importe qui d'autre...que quelqu'un tente encore de profiter de toi d'une manière ou d'une autre je...je viendrais te sauver et je m'occuperais de celui qui t'as fait du mal! J'te le jure."

Son ton était sans appel et son regard franc. Elle voulait tenir cette promesse et elle ferait tout pour le faire. Jo' ne revenait jamais sur sa parole. Une fois donnée, elle ne la reprenait pas, sous aucun prétexte. Elle tendit son petit doigt au jeune garçon pour qu'ils passent une sorte de pacte.

"C'est normal que t'ai eu peur avec Rachel, moi j'ai vécu des choses moins pires que toi...et pourtant j'ai fait des cauchemars pendant des semaines...Tu n'as pas à avoir honte."

A l'évocation des cris du prophète et de ses disciples, les images revinrent en mémoire, moins fortes qu'avant, les démons avaient finis par s'éteindre.

"Tu es fort Kalalli, ne laisse personne en douter"

Elle planta son regard dans celui de l'inuit. Elle pensait ce qu'elle disait. Il l'était, sans aucun doute mais il manquait de confiance en lui. Elle allait tenter de lui en redonner un peu, comme elle le pouvait.

Lorsque Jolène lui fit la promesse, il fixa soudainement son regard franc. C'était le même regard et la même promesse que tous ceux à qui il en parlait lui faisaient. L'Inuit ne doutait pas qu'on aille le chercher s'il se faisait kidnapper, mais simplement du temps qui serait mit pour le retrouver. Temps pendant lequel il pouvait arriver de nombreuses choses non souhaitables.

La jeune fille lui tendit ensuite sont petit doigt pour sceller la promesse. Son bras droit étant sous l'oreiller, Kalalli dût se mettre sur le dos. Il remonta pudiquement le drap qui était un peu tomber pour cacher sa poitrine, et serra le petit doigt de Jolène avec le sien en souriant.

" Merci... "

C'était tout ce qu'il pouvait lui répondre. Elle lui raconta ensuite qu'elle aussi avait peur à cause de ce qu'elle avait vécu. Puis elle lui dit qu'il était fort. Jason lui avait dit la même chose.

" Alors je cache bien mon jeu... " répondit-il mi sérieux.

Avec son pouvoir il pouvait faire des choses. mais pour toutes les choses qui ne nécessitaient pas l'utilisation du pouvoir en question, il n'était rien. Il dépendait de ses relations avec les autres uniquement et de l'aide qu'ils lui donnaient.

Grandir, c'était trouver sa place par rapport aux autres, à travers le dilemme du hérisson qui symbolisait les relations sociales : Pour se réchauffer, les hérissons se rapprochaient les uns des autres. Seulement ils se blessaient du fait de la proximité et de leurs pointes. En revanche, ceux qui s'éloignaient trop du groupe avaient beau ne pas être blessés, ils étaient gelés. Ainsi il fallait trouver sa place. Avoir suffisamment chaud et ne pas se blesser.

Actuellement, il était à la fois trop près des autres et il avait froid. Il était dans une position ambigüe dans laquelle le dilemme ne trouvait pas de réponse ni de compromis.

Le garçon soudainement désespéré par cette pensée se redressa et demanda de façon rhétorique, les yeux implorants :

" Tu me prends ? "

Sur ces mots, il enlaça Jolène de son corps dénudé bouillant, tout juste sorti de son nid douillet. La tête dans son cou, il ferma les yeux quelques instants pour profiter du contact, avant de se reglisser dans son lit et de remonter pudiquement le drap jusqu'aux épaules, les bras dessus, et de demander :

" Pourquoi tu portais la citrouille ? Et qu'est ce qui t'a donné des cauchemars ? "

C'était à elle de raconter cette fois-ci.

Le jeune inuit se retourna pour lui prendre le petit doigt, se retrouvant maintenant sur le dos. C'était déjà ça de gagné pour elle, il avait quitté la position prostrée qu'il avait eu depuis le début. Jolène lui fit un sourire rassurant. Il répondit à son affirmation quand à sa force.

"C'est pour mieux surprendre tes adversaires!"

Elle avait l'ait presque amusé en disant ça. Elle repassa sa main dans les cheveux de l'inuit lui ébouriffant un peu au passage. Il semblait aller un peu mieux, c'était tout ce qui importait à l'écossaise pour le moment. Et si elle arrivait à le faire sourire ce serait parfait. A ce moment là, l'inuit lui sauta à la gorge pour l'enlacer. Jolène resta interdite pendant quelques secondes, elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui fasse confiance aussi rapidement. Elle serra ses bras autour du corps brûlant de l'inuit après le bug qu'elle avait eut.
Après quelques instants, il relâcha son étreinte et remonta son drap jusqu'à ses épaules, par pudeur surement. C'était à lui de poser les questions. A la première, elle pouvait répondre sans problèmes. Pour la deuxième...elle aurait bien aimé qu'une théière remplie de boisson brûlante soit là pour l'aider à parler. Que les démons soient partis ne voulait pas dire qu'on les évoquait facilement.

"Pour la citrouille...bah...c'est pour halloween."

Elle souleva la citrouille pour lui montrer le visage creusé dedans.

"Ensuite tu met une bougie dedans et ça fait une lanterne. Ca vient de la légende de Jack O'Lantern...Traditionelement on fait ça avec des rutabagas, mais c'est moins simple à creuser..."

Elle sortit un des rutabagas sculté pour lui tendre.

"Pour mes cauchemars..."

Elle avala sa salive.

"C'était dix jours avant que j'arrive à l'institut, quand j'ignorais encore que j'étais une mutante...A Glasgow, une jeune fille, Ailein, avait été enlevée par une secte qui voulait la sacrifier...A l'aide d'un autre mutant appelé John Six nous sommes allés la récupérer...ce que nous avons réussi à faire mais...j'avais fait croire au gourou de cette secte qu'il y avait un traitre parmi ses fidèles...Il les a obligés à s'entailler les veines. Quand je suis sortie du "Dieu d'osier" dans lequel je me trouvait avec Ailein, je les ai vu, ces hommes et femmes presque morts, poignets et chevilles entaillées se relever comme...comme des zombies pour m'empêcher de fuir...Mais le pire...c'est les cris du grand prêtre en train de brûler vif dans le Dieu d'Osier..."

Jolène frissonna un peu. Elle n'aimait pas s'en souvenir aussi précisément. Mais elle se devait de lui raconter après ses aveux à lui...

Kalalli connaissait l'habitude de mettre des citrouilles illuminées de l'intérieur. C'était plutôt ce qu'elle faisait avec la citrouille dans les couloirs. A priori on les mettait plutôt dehors. Mais tant pis. Peut être qu'elle voulait la montrer à quelqu'un ?

Jolène commença à lui expliquer son histoire. L'enlèvement, la secte, le gourou, les "zombies". C'était difficile aussi pour elle d'en reparler. Il n'aurait peut être pas dû demander finalement.

" S'ils étaient prêts à s'ouvrir les veines à la première occasion, ils auraient vécu deux jours de plus sans toi avant que le gourou ne leur demande de le faire pour une autre raison... Ces gens étaient condamnés... Et le gourou... C'est bien fait... "

C'était cruel. Probablement. Mais il avait profité de la faiblesse de gens pour son intérêt.

" Le gourou, il est comme l'infirmier... Ils profitent des gens quand ils sont faibles... "

Il en voulait énormément à l'infirmier. Il ignorait si c'était la colère ou la peur qui règnerait s'il se retrouvait face à lui. Mais il souhaitait sa mort. Les gens comme ça, le coeur aussi vide qu'une théière, ne méritaient pas qu'on se préoccupe d'eux... Ils étaient trop méchants...

" Et tu as découvert comment ton pouvoir ? "

Il espérait que la réponse serait un peu plus gaie. Quoique demander les raisons d'un cauchemar, ça ne risquait pas de donner quelque chose de sympa...

Les rôles étaient échangés, c'était maintenant à Kalalli de tenter de la réconforter. Mais il ne pourrait pas effacer le poids qu'elle avait sur la conscience...c'était impossible. Les cris avaient étés trop horribles. Elle fit un sourire effacé.

"Ils ne sont pas morts. Je ne sais pas comment ils ont fait d'ailleurs mais...ils ont réussi à s'enfuir avec leurs membres entaillés...C'est surement la drogue qu'ils prenaient qui leur a permit ça...Le plus triste c'est que certains n'avait pas vraiment conscience de ce qu'il pouvait se passer là...vraiment je veux dire...ils étaient...inconscients...ouais...c'est le mot..."

Elle marqua une pause.

"Mais je t'embête avec ça...Merci en tout cas..."

Elle avait tu une partie de la réalité du gourou: qu'il avait voulu tuer sa propre fille après l'avoir violée. Chose qui, par chance, avait été empêché de justesse par l'arrivée de Jo' et Six. Ils avaient évité le pire...
Kalalli tenta apparemment de changer le sujet en lui demandant comment elle avait découvert son pouvoir. Elle réfléchit quelques secondes.

"C'est pendant que les disciples me sautaient dessus, j'ai tenté de repousser le bras de l'un d'entre eux...il a eut des spasmes...je crois que tu vois de quoi je veux parler non?"

L'inuit ayant déjà fait deux combats contre elle, il devait surement avoir eut une vision de son pouvoir, même rapide.

"Sur le coup j'm'en suis pas rendue compte, c'est après, une fois rentrée chez Six que ça a fait tilt...grâce à lui en plus...C'est lui qui a ensuite parlé avec mes parents pour que j'aille à l'institut. Je...lui doit beaucoup."

Jolène avait dit cette dernière phrase avec respect. Elle lui serait éternellement reconnaissante de tout cela.

"Mais assez parlé de moi. Comment t'as découvert ton pouvoir?"

Tant qu'ils parlaient de cela, ça évitait de revenir sur des sujets trop sensibles, du moins, elle l'espérait, qu'il n'avait pas fait tout un fromage de la découverte de son pouvoir...

Les gens prenaient de la drogue pour tenir malgré les entailles. C'était surprenant ce que ça permettait de faire... Elle s'excusa de l'ennuyer avec ça. Pourtant c'était lui qui avait posé la question.

Jolène répondit ensuite à la question du pouvoir. C'était en se défendant de ses assaillants. Et Six lui avait fait prendre conscience de ça.

" Oui, heureusement qu'il était là alors... "

Elle lui retourna ensuite la question.

" Je l'ai découvert en venant à l'Institut tout simplement. En fait je devais trouver ici un mutant qui puisse donner à mon père des soins. Il était très malade. Cerebra a parlé de moi en disant que j'étais un mutant. Après j'ai participé à une simulation en salle des dangers et j'ai utilisé mon pouvoir pour la première fois... Je faisais juste de petits papillons... J'ai bien évolué depuis... "

Il sourit à cette pensée. Il en avait fait du chemin depuis le temps. Il se demanda comment il serait dans les 6 prochains mois. Ou le jour de son anniversaire, pour cibler une date. Ca en faisait juste quatre. Mais tant pis.

" Puis après j'ai décidé d'apprendre à me servir de mon pouvoir ici et d'aider les mutants... Mais ça me faisait pas très plaisir d'en être un... C'était plus simple d'être comme tout le monde. Ou moins compliqué au moins. "

Des fois, certains personnes évitaient les mutants comme du fromage avarié. Déjà que l'image n'était pas attirante, l'odeur (comme Alixtide) repoussait définitivement les plus braves...

" Enfin bon... Je suis quand même bien content de vous connaître tous... Malgré nos soucis... "

Il marqua une pause, avant de reprendre.

" Ta famille sait que tu es mutante ? Ils l'ont bien pris ? Ca te fait quoi d'être mutante ? "

Ainsi le petit mutant avait découvert ça un peu par hasard aussi. Si il n'avait pas été à l'institut, il n'aurait peut-être été au courant de sa véritable nature...peut-être que ça aurait été mieux pour lui, après ce qu'il avait vécu...Elle nota qu'il avait parlé de son père, malade, sans pourtant dire si il s'en été sorti au final.

"Et...ton père...il a put être guéri?"

Elle espérait que oui, et que cette question n'éveillerait pas en lui de mauvais souvernis. Elle ne voulait pas qu'il retombe dans la déprime qu'il pouvait avoir eut avant mais elle avait posé la question sans trop réfléchir à ce que ça pouvait impliquer, la prochaine fois, elle tournerait sept fois sa langue dans sa bouche...au cas où.

Il parla aussi des débuts de son pouvoirs...des papillons...ça avait au moins le mérite d'être inoffensif et mignon...

"Ouais...j'avais crût remarquer une "légère" évolution...mais voit le bon côté des choses, tu peux faire plein de choses avec des papillons: égayer un nourrisson ou faire plaisir à quelqu'un...moi, à mon niveau de développement, la seule chose que je peux faire c'est aider quelqu'un à descendre d'un escalier plus rapidement en lui affaiblissant les jambes

Elle eut un rictus acide. Ouais...Son pouvoir n'était que destruction pour le moment...elle ne pouvait pas vraiment aider les gens avec, juste en affronter d'autres...c'était pas vraiment ce qu'elle recherchait dans la vie.
Elle aquiessa d'un signe de tête les paroles de l'inuit. Ouais...c'était tellement plus simple d'être "normal" que d'avoir un pouvoir qui pouvait plus être un poids qu'autre chose, Josh par exemple...

"C'est vrai...avant je m'étais fait un plan de carrière parfait: études en astrophysique puis en astronomie et finalement devenir astronaute...maintenant que je suis une mutante...ce plan de carrière va devoir être modifié...ou du moins retardé..."

Elle soupira. Tout était tellement plus simple pour les humains normaux...pour ceux qui n'étaient pas discriminés...

"Il faut bien que nous nous soutenions...ou alors je vois mal comment on pourrait tenir."

Le jeune inuit continua à poser ses questions.

"Je crois oui...grâce à Six toujours...ils ne m'ont pas jetée dehors, ne m'ont pas lapidé ou quelque chose dans le genre...Faut dire...j'ai jamais vraiment été proche de mes parents...c'est p'tet dommage ou je sais pas quoi mais...ils travaillent beaucoup...ils avaient pas forcément le temps de rester longtemps à la maison..."

Ca lui faisait bizarre de parler de ses parents ainsi alors qu'elle ne l'avait jamais fait avant. Elle se rendit compte qu'elle ne leur avait pas donné beaucoup de nouvelles non plus...elle soupira...

"Quand à ce que ça me fait d'être mutante...parfois j'ai un peu de mal à me souvenir que j'en suis une. Mais sinon...je dois dire que ça m'est assez égal aussi étrange que ça puisse paraitre...sauf pour le plan de carrière...Je n'ai pas un pouvoir qui a entrainé une mutation physique, ni qui pourra changer un jour le monde en profondeur...Pour l'utiliser, je suis obligée de monter au corps à corps...alors que je n'ai jamais fait aucun sport de combat...En fait...je pourrais très bien m'intégrer dans la société normale et que personne ne sache jamais que je suis une mutante donc..."

Elle marqua une courte pause.

"T'as dis que t'aimais pas être un mutant à ton arrivée...mais maintenant, ça a changé ou pas?"

L'Inuit écouta la question à propos de son père avant d'y répondre :

" Oui. Il y a quelque temps il fallait loger un mutant qui pouvait soigner. Donc c'était un échange de service quelque part. Et ca va beaucoup mieux depuis. " précia-t-il en souriant.

" C'est peut être pour ça que je suis prêt à risquer ma vie dans les missions. Je leur dois la vie de mon père, probablement... "

Elle lui indiqua ses sentiments face à leurs pouvoirs. Mais les papillons, c'était involontaire.

" En fait je choisis pas ce que je fais apparaitre dans les illusions. Je choisis le sentiment que la personne doit ressentir à travers elle. La peur ou la détente surtout. J'ai déjà tenté les deux sur toi. Donc tu dois bien voir la différence. Ca cible tout seul en fonction de la personne. Je ne sais même pas ce que les gens voient... C'est frustrant. Je ne vois même pas réellement les créations de mon pouvoir... " avoua-t-il.

Elle lui raconta les effets de son pouvoir qu'il avait eu la chance d'éviter. Et la remarque sur l'escalier ne put que lui rappeler celui du temple où il avait failli tomber tout seul en dehors de l'arène.

" Peut être que plus tard tu pourras maîtriser la puissance. Comme ça on n'imagine pas trop les effets utiles que ça peut avoir... Des massages peut être ? Ou aider à la guérison ? Diminuer la douleur ? Stimuler des gens qui ont des membres sans sensations... "

Il devait y avoir une application quelconque plus ou moins utile... Mais tous les pouvoirs ne l'étaient pas forcément. Kalalli écarquilla les yeux quand elle parla de son plan de carrière. Astrophysique, astronomie, astronaute ! Rien que ça. Être astronaute, c'était un rêve de petit garçon ça en général.

" Tu sais déjà ce que tu veux. T'as des objectifs au moins. C'est dur les math... J'aime pas trop... " commenta-t-il. C'était pour le moins ambitieux.

Jolène lui raconta qu'elle n'était pas proche de ses parents. C'était triste. Quelque part il valait peut être mieux ça que d'être rejeté totalement ou comme Kitty, abandonnée. Il l'écouta attentivement parler de son état de mutant. C'était plus simple pour les mutations non physiques de s'intégrer. Mais quelque part, la mutation restait en soi malgré tout. Et il devait être difficile de ne pas s'en servir alors que le pouvoir était à porté de gêne.

" Tu pourrais en faire un de sport de combat. Ca pourrait t'être utile en mission. Un peu comme pour tout le monde. Moi je suis tranquille de ce côté là au moins... "

Et puis c'était une crevette. Il ne ferait jamais bien mal à quelqu'un. Heureusement que son pouvoir marchait à distance, ou son utilisation aurait été rare, sans aucun doute. La LeX lui demanda si son avis sur sa condition de mutant avait évolué. Il réfléchit quelques instant.

" Je sais pas trop... Quelque part c'est la seule façon que j'ai de me défendre. Ca me permet de bloquer quelqu'un et de pouvoir fuir. Je suis clairement pas un physique... Si je me prends une baffe, c'est terminé. Rien que ton pied sur ma tête, ça m'a sonné... "

Il s'arrêta un instant et reprit :

" Mais c'est difficile d'être catalogué de monstre par certaines personnes juste parce qu'on vit ici. Mais c'est ici que j'ai connu beaucoup de monde alors j'imagine que forcément ça contre balance les défauts. Mais la petite révolte dehors... "

L'Inuit ne termina pas sa phrase.

" Y'a que pour Halloween que je pensais qu'on sortirait tranquillement et même pas... Je sais pas si j'ai très envie de sortir maintenant... Et puis j'ai enlevé mon maquillage aussi. Il était joli... "

Il se reprenait à culpabiliser. Daniel lui avait fait un joli visage de vampire sanguinaire. Ce qui, sur lui, ne faisait pas très peur, surtout en le connaissant.

" Tu vas faire quoi toi ? "

Jolène écouta ce que le jeune inuit disait. Le mutant devait être un mastodonte de la guérison pour avoir put sauver un quasi-mourant...Mais c'était la preuve que les mutants pouvaient apporter quelque chose aux humains...si seulement les antis s'en rendaient un peu compte. Si ils arrêtaient de se voiler les yeux...Mais leur peur était compréhensible...Si Jolène avait comme voisin un type armé d'une bombe quelconque, elle ne serait pas rassurée non plus. C'était à peu près la puissance de certains mutants comme Lucas...
Le petit mutant voulait s'acquitter d'une dette envers l'institut, c'était honorable à lui.

Elle écouta ce qu'il disait à propos de son pouvoir. Ne pas pouvoir voir ses créations devaient âtre assez...frustrant...ce serait comme si un peintre ne pouvait pas voir ses peintures...Assez cruel d'une certaine manière...

"Donc...tu sais pas ce que tu m'as fais voir les deux fois? Ca doit être chiant pour toi non?...D'un autre côté je préfère...ça m'aurait gêné que quelqu'un connaisse ma grande peur ou ma joie...Même si t'en connait un sur deux déjà..."

Elle fit un petit sourire.

"Non pas que je te fasse pas confiance, au contraire mais bon...ce serait un peu gênant...comme Alex qui lit dans les pensées..."

Elle eut une moue désapprobatrice en prononçant le nom du mutant. Elle n'aimait pas qu'il puisse voir en elle comme dans un livre ouvert, ça l'énervait profondément, elle avait l'impression de ne plus avoir aucune intimité en sa présence.
Le jeune garçon avait surement raison, elle pourrait contrôler son pouvoir à un moment où à un autre...mais en attendant? Qu'est-ce qui se passerait en attendant? Elle soupira intérieurement. Cette légère morosité disparu quand le jeune garçon fit sa remarque sur son rêve. Il était vraiment touchant.

"T'as encore tout le temps de trouver ta voie tu sais...se précipiter n'est pas la solution. Pour le sport de combat...faut que je trouve le temps à Esther de m'entrainer un peu. M'apprendre au moins les bases quoi, esquive, parade, attaque...Le plus simple au début quoi..."

Elle écouta ce que Kala avait à dire sur sa condition de mutant. Il n'avait pas tord du tout: tu avait des armes supplémentaires mais la majorité des gens de repoussait et ne voulait pas de toi. Par chance les mentalités changeaient peu à peu...Quoique...la révolte avait prouvé le contraire, encore une fois. Elle non plus ne souhaitait pas sortir. Pas pour le moment. Halloween avait été assez pourri comme ça, pas la peine d'en rajouter...

"Je sais, je l'ai vu...Sinon...ce que je vais faire? Bah...je sais pas....il me reste encore des rutabagas à creuser si tu veux...On peut tenter de sauver un peu halloween..."

Elle montra les légumes de la main pour appuyer ses dires.

" C'est peut être mieux parfois que je connaisse pas ce que je fais voir. Pour l'intimité des gens et... des fois il vaut mieux pas savoir. Surtout pour le côté "détente" ou fantasme... Enfin les grandes peurs... Si je me fais peur avec mes illusions, j'ai l'air bête... "

Elle annonça sa gêne face au télépathe. Lui ne pouvait pas dire grand chose et pour cause.

" Kitty est télépathe... Elle ne lit pas en moi sans mon autorisation mais bon... Ca me force à être encore plus exemplaire. Je ne peux rien cacher si j'ouvre trop mon esprit. Et il suffit que je pense à quelque chose au mauvais moment parce qu'il ne faut pas y penser justement et voilà... Pour ça que pour Jade... Enfin... Je lui aurai dis quand même mais bon... Dans le fond elle l'aurait su d'une façon ou d'une autre. Si d'un coup je bloque mon esprit ça serait louche... Mais ça force à une certaine franchise que parfois il vaut mieux ne pas avoir... Enfin je pense. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. "

C'était pas toujours pratique. Mais on faisait avec.

" Oui j'ai le temps de trouver ma voie, je sais mais c'est toujours plus rassurant d'avoir des objectifs définis. Mais quand on n'a pas de passion, c'est plus difficile de trouver tôt ce qu'on veut faire... "

Elle continua à propos du sport de combat. Elle paraissait être pour, avec Esther. Elle devait être la plus calée maintenant que Vadim était parti. Mais le garçon ne se sentait pas tellement de faire ce genre de chose.

" A part travailler l'agilité, je ne pourrai pas réellement être efficace en sport de combat... Je suis trop... ". Comment dire. Il chercha le mot un instant. " Maigrichon. Frêle. Poids plume. J'aurai beau me défendre, je vole au moindre coup. J'ai rien d'un mastodonte..."

Il sourit, un peu gêné, puis rajouta :

" Je préfèrerai faire autre chose... Comme de la gymnastique. Ou de la danse... "

Pour un garçon, dire qu'il aimerait faire de la danse... C'était bizarre. Aussi l'avait-il prononcé à demi mot, pas très sûr de lui. Elle parla ensuite de ses projets de soirée.

" J'ai dis à Kitty, Yan et Sahari qu'on irait faire un tour. Mademoiselle Fouba a dit qu'ils donnaient plein de bonbons sur... Maple Street. Je crois. Mais si le coeur n'y ait plus... Mais j'ai pas trop le choix que d'y aller je crois... "

Il aurait préféré être tranquillement ici, comme un jour quelconque. Il n'avait vraiment plus envie de sortir en ce moment.

" Y'a plus rien de bon pour nous dehors en ce moment... Au moins ici je suis un peu plus tranquille qu'ailleurs... " termina-t-il sur une note plus pessimiste.

"C'est vrai qu'avoir peur de ses propres illusions serait assez gênant en combat..."

Elle écouta ce qu'il disait sur Kitty. Sa petit copine était télépathe... Dans un sens ça pouvait être utile...ne plus avoir besoin des mots pour communiquer, c'était tellement plus simple...mais...d'un autre côté...que quelqu'un ai accès à son esprit sans pouvoir cacher la moindre chose ça serait...insupportable pour elle...Elle devait avoir une part d'intimité dans laquelle personne ne pouvait rentrer à sa guise. Et si en plus la moindre résistance entrainait de la part de l'autre de la méfiance ce serait encore pire.

"Au moins, elle doit te comprendre sans problème."

Le jeune garçon aimait Kitty, elle n'allait pas commencer une diatribe contre le pouvoir des mentalistes, ça serait pas la meilleure chose à faire. Elle ne voulait pas ré enfoncer l'inuit dans un sentiment d'infériorité.

"Laisse toi porter par le courant...tu trouveras bien quelque chose à un moment qui te fera dire "C'est ça que je veux faire!" même si c'est tard, tu trouveras ta voie à un moment où à un autre..."

Il lui dit que les sports de combats n'étaient pas vraiment faits pour lui. Elle eut un léger sourire. C'est vrai qu'il ne ressemblait en aucun cas à un de ces acteurs de cinéma. Son aveu sur son envie de faire de la danse ressemblait plus à une confession qu'à autre chose. Il semblait avoir honte de cela. Elle attrapa les épaules du jeune inuit et planta son regard déterminé dans ses yeux.

"Si t'as envie de faire ça, n'hésite pas...n'ai pas peur des sagouins qui peuvent dire des choses à ton sujet, tant que tu as des gens pour te soutenir, ce n'est pas ça que tu dois craindre. Je suis sûre qu'y a un club de danse à Salem Center, tu pourrais p'tet y aller...au moins pour voir si ça te plait vraiment..."

Elle marqua une pause avant de reprendre.

"Mais n'ai aucun doute, ni aucune honte de tes passions!"

Il lui dit qu'il avait prévu d'aller faire un tour à Maple Street à la base mais que rester ici serait plus tranquille. Elle ne pouvait que lui donner raison sur ce point là. C'était une journée sombre pour eux.

"J'ai entendu parlé de problèmes dans le centre ville aussi. J'pense pas que ce soit le meilleur moment pour nous de sortir de là...Mais si tu veux vraiment y aller, j'peux tenter de te faire un maquillage rapide...c'est toi qui voit..."

Jolène jugea rapidement que la télépathie permettait à Kitty de le comprendre parfaitement. Pourtant il en doutait.

" Je sais pas si elle me comprend toujours... Des fois j'ai l'impression que non malgré ce que je raconte. Mais elle lit que les pensées superficielles. Pas les choses enfouies dans l'esprit ou les souvenirs. Mais les superficielles ce sont celles que tu maîtrises le moins... Donc c'est pas toujours facile. "

La jeune fille le convainquit qu'il finirait par trouver son métier. Même s'il mettait le temps, ce qu'il n'espérait pas. Savoir où on allait était plus agréable qu'y aller à l'aveuglette. Lorsqu'il parla de faire de la danse, elle l'attrapa par les épaules. Un peu surpris, il ne réagit pas et se figea.

Il la fixa un instant puis détourna les yeux, gêné. C'était vraiment un truc de fille la danse. Mais il trouvait ça joli. Les mouvements étaient gracieux et il y voyait une sorte de repos de l'esprit, chose dont il avait fort besoin. Ca lui permettrait aussi de vaincre sa timidité, peut être. Et la gym... Ca lui permettrait d'être plus à l'aise et assuré dans ses gestes. Quand il voyait dans les films les gens faire des cabrioles de sagouins , il avait envie d'en faire autant. Ca impressionnait toujours un petit peu...

" J'irai m'informer et regarder un peu... Juste comme ça. J'aimerai probablement pas en fait. " dit-il comme pour se défendre. Mais il était assez peu crédible, le regard fuyant. Kala avait suffisamment regardé de vidéo de danse sur Internet discrètement pour savoir qu'il aimerait. Restait à être sûr qu'il ait le courage de s'inscrire.

La LeX lui annonça qu'en ville aussi il y avait eu des soucis. Il ne comptait pas aller dans le danger. Sortir pour avoir peur pour sa vie, ce n'était pas comme sortir pour se faire peur pour Halloween !

" Ha... Non, bha j'irai pas alors. Je vais rester ici. Je veux pas qu'on soit en danger... Merci pour le maquillage quand même. "

Il avait eu assez de malheurs pour aujourd'hui. La "maison" lui irait très bien.

Apparemment, même avec son pouvoir Kitty ne semblait pas toujours comprendre l'inuit c'était dommage car c'était quand même le seul point positif qu'elle trouvait à ce genre de pouvoirs. Le reste était à jeter le plus rapidement possible...mais bon...ils n'ont pas choisi d'avoir ce genre de pouvoirs...ce n'était pas les télépathes en eux-même qu'elle critiquait...Kitty était d'ailleurs très gentille...En fait si c'était les pensées superficielles, ça pouvait être n'importe quoi comme disait si bien l'inuit. C'était comme pour le coup de l'éléphant rose...enfin là, ça serait vachement plus drôle avec Adam en string...En gros, il suffisait de dire à quelqu'un de ne pas penser à un éléphant rose/Adam en string pour que l'image lui vienne immédiatement à l'esprit...les gens pouvaient avoir une mauvaise impression si ils lisaient dans les pensées du genre: "C'est un pervers, il pense à Adam en string..."...enfin...ce genre de conneries quoi...

Le jeune homme écouta ce qu'elle avait à dire à propos de la danse mais son regard fuyant faisait comprendre à la jeune fille qu'il mentait. C'était triste quand même.

"Ecoute, on ira ensemble d'accord pour l'inscription...quand ça sera calmé...et puis c'est pas loin du centre de muscu, quand t'iras faire ta danse, moi je ferais un peu d'haltères...ça marche pour toi? J'irais demander à Esther le nom d'un bon club..."

Elle quitta des yeux l'inuit. Comme ça elle était sûre qu'il essayerait au moins une fois la danse et qu'il aurait le courage d'y aller. Et puis si il était accompagné, ça l'aiderait peut-être à faire passer sa timidité et la honte qu'il pouvait avoir pour la première fois. La danse serait surement un bon moyen pour lui de canaliser ses pressions et de se libérer un peu. Elle parlerait à Esther de tout ce que l'inuit lui avait avoué, ses études en psycho pourront surement l'aider plus qu'elle.

L'inuit lui dit finalement qu'il préférait rester ici en toute tranquillité, comme elle le comprenait...Qui voudrait sortir après ce qu'il s'était passé?

"Bon j'vais ranger ce fatras dans ma chambre et je reviens...D'accord?"

Elle montra du doigt la citrouille et les rutabagas. C'était pas super agréable d'avoir ça sous le nez en fait.

"Je fais vite, promis."

saut temporel

Jolène lui proposa soudainement d'aller avec lui pour voir pour les inscriptions, après s'être enquis des informations auprès d'Esther. Le garçon fut rassurer. Non seulement il n'irait pas seul, mais il n'aurait pas à l'avouer à trop de monde. Du moins, espérait-il que l'information ne se propage pas.

Bon, c'était forcément moins la honte que certaines situations. Ne serait-ce que le fait qu'il se soit fait dessus devant tout le monde à la cuisine, ou encore lorsqu'il avait vu Adam en string courir comme une folle dans le couloir en gloussant. D'ailleurs, il suspectait fortement un certain métamorphe de s'être amusé, encore. Le vrai Adam n'était probablement pas au courant. Il espérait soudainement qu'il n'ait pas fait la même chose avec son propre corps.

Finalement, la jeune fille décida d'aller poser ses affaires. Kalalli lui sourit alors qu'elle lui promettait de revenir vite. Elle était vraiment gentille. Il ne s'était pas trompé. Et puis... peut être qu'il danserait finalement ? Il se prit au jeu de s'imaginer faire des chorégraphies et des pirouettes face à une glace, alors qu'il fixait le plafond dans le vague.