moment de vérité

Draena tourna rapidement la tête vers Juliette après que celle-çi eut giflée un garçon.

**Mais qu'est-ce qui se passe ici ?**

Pense t'elle, elle venait de quitter la cuisine où une fille s'était prit un verre d'eau en pleine figure et là un garçon une gifle.

**Est-ce que j'apporterai une onde négative ou de stress dans chaque pièce que je visite ?**

En regardant tout les protagonistes sortirent un à un.

Frank observa la scène en souriant, Sven qui s'échappait et le nouveau qui se prenait la baffe à sa place. L'affaire ne le concernait maintenant plus, et ils semblaient tous vouloir s'éloigner de toute façon. Il ne réalisa que trop tard que Cassandre sortait de la pièce.
Il avait quelque chose à lui demander, mais ce n'était pas son genre de lui courir après pour obtenir un conseil. Il aurait sûrement l'occasion de demander plus tard.

Il sauta par desuss le dossier du canapé et atterri dans les coussins face à la télé. Il attrapa la télécommande et se mit à zapper frénétiquement jusqu'à trouver une chaîne sport.
C'était un match de basket, Chicago Bulls contre New-York Knicks. Le fait que ce soit un match de la cote Est ne l'empecha pas de prendre parti et d'augmenter fortement le son.

"Allez les Knicks ! Laissez pas les Bulls passer au national !"

Le jeune homme n'avait aucune admiration pour les Knicks, mais les Bulls mettait chaque année une raclée aux Denver Nuggets en national, et cela l'énervait; même si il savait que l'équipe de Denver n'avait aucune chance, que ce soit face aux Bulls ou un Knicks...

"Mais reprend lui la balle, il bouge pas ! Mais c'est pas vrai, il te faut des coups de pied au cul pour que tu attrapes cette balle ?!"

D'une simple pression sur un bouton de la télécommande, il fit apparaitre un menu et vota pour le joueur en tant que plus mauvais joueur du match.

"En espérant que tu te fasses virer !"

Il se tourna vers la métisse en prenant appui sur le dossier du canapé.

"Et toi ? Tu supportes qui ?"

Niko venait juste de finir avec son aspirateur quand l'autre se prit la claque à la place de celui qui s'était enfui.

Il coupa son aspirateur et dit à la jolie créole qu'il avait croisé plus tôt.


- Décidément où que j'aille il se passe quelque chose. la cuisine, la buanderie... maintenant ici! je dois porter la poisse

Draena était dans ses songes lorsqu'un jeune homme se laissa tomber sur un fauteuil et se mit à zapper. Regardant la télé sans véritablement la voir, la jeune femme repense au cours qu'elle vient de quitter.

"Et toi ? Tu supportes qui ?"

"Hein ?"

Regardant le garçon... Puis la télévision.

"... Oh ! Je supporte les Suns... On devrait passer les Playoffs, s'il n'y a pas de bléssés cette année."

Se tourne légèrement vers Niko puis revient à la télé, où le meneur des Bulls venait de marquer un trois points magnifique.

Chambre de Zia

C'est avec sa joie relative et coutumière que l'Haïtienne fit son apparition au salon, précédée du son de sa béquille. Elle avait cassé la croûte dans sa chambre, et avait décidé de visiter un peu mieux les lieux. Après les chambres douillettes, le frigo toujours plein, voilà qu'elle découvrait le salon tout confort. Apparemment ils avaient même un homme de ménage.
D'où le directeur tenait-il l'argent nécessaire au fonctionnement de ce bahut ? Les réflexions négatives sur la nature humaine de Zia l'incitaient à penser que Fleury utilisait son don pour escroquer des banques, ou ce genre de magouilles sordides. Tout le monde faisait ça, c'était comme ça que fonctionnait le monde.

Bah... Si je peux en profiter dans la foulée, je vais pas cracher dessus...

Zia reconnut Draena, qu'elle avait croisée un peu plus tôt. Elle fit quelques pas dans la pièce, appuyée sur sa béquille, et observa la décoration soignée. Elle était loin de Port-au-Prince... Son regard tomba sur l'écran de télé, aussi grand que la tôle froissée qui servait à délimiter le bidon-ville du reste de sa ville natale.
Elle eut un simple sifflement, puis s'installa silencieusement dans un fauteuil en s'aidant de sa canne, à la manière d'un vieillard. Marcher presque normalement, c'était bien joli, mais c'était exténuant, elle devait bien l'admettre.

Draena tourne la tête vers Zia lorsque celle-ci siffle d'admiration sur la déco intérieur. La regardant s'installer, et lui dit :

"... T'es d'où ?" En jetant un coup d'oeil rapide vers la fenètre, tempèrant une furieuse envie de s'en griller une...

Draena souriait à Zia, elle était sincérement heureuse de voir une autre "black" au milieu de cet institut à forte tendance WASP mal élevés, et espérait qu'elles seraient rapidement amies ou du moins assez proche pour faire front commun.

Niko resta comme un idiot à attendre que Draena lui réponde. Elle avait a peine jeté un regard vers lui et semblait plus intéressée par la télé que lui.

" C'est normal qu'elle fasse pas attention à toi mon gros! t'as vus ta tête!"

En même temps, il n'avait plus était intéressé par le sport depuis sa mutation. il décida de ranger son aspirateur et partir là où on aurait besoin de lui.

[Quel que par ]

[ Hangar ]

La corvée de nettoayge du jet s'était achevée. Myou serait bien restée dans le cockpit plus longtemps, mais l'on aurait peut-être pas apprécié qu'elle ose trop pousser son investigation des boutons sur le tableau de bord. Aussi se cherchait-elle un auter centre d'interet, histoire de pas se laisser aller à des pensées désagréables et solitaires.

Elle vint au Salon, dans l'espoir de trouver Jessica qu'elle n'avait revu depuis les cours. Qu'avait-elle fait depuis ? Elle avait envie d'être près d'elle, histoire de se détendre un peu. Ca ne marchait que près d'elle, pour l'instant.
Manque de bol, elle ne la vit pas. A la place, elle remarqua Franck, qui fixait l'écrant de télévision. On pouvait y voir des hommes se disputant des mains un ballon orange.... Super captivant...

Elle s'approcha de lui, remarquant à peine les gens autour.

T'aimes ça, toi ? ...

Mais sa raison première lui revint de suite à l'esprit.

Tu sais pas où est Jess ?

Du hangar

Le trajet avait duré étonnamment longtemps, puisque Camille avait profité de sa solitude temporaire dans le hangar pour courir un peu entre les roues de l'avion. Pas loin de l'amusement de chiot, mais elle avait besoin de vérifier que tout marchait encore quand elle le voulait, et pas uniquement par hasard. Elle était rassurée.

C'est donc toujours en sifflotant et les mains dans les poches qu'elle parvint dans la salle de détente. Là, elle se fit discrète, et se glissa subrepticement dans le dos du groupe de fanatiques de basket.

*Beurk.*

Quand on fait 1 mètre 60, on goûte assez mal au plaisir d'envoyer un ballon dans un cercle deux fois trop haut. Y'avait peut-être que le volley que Camille aimait moins. Elle plissa les yeux quand même, essayant de capter des noms qui lui en rappelleraient d'autres - son père était un historien amateur de ce sport de trop grands, et les saoûlait copieusement à la maison avec des noms tirés du passé ou du présent.

*Ah oui. Chicago Bulls. Là où y'a eu un type qui s'appelait LeBron James il y'a longtemps.*

Satisfaite de la qualité de sa mémoire passive, en quelques pas, elle parvint jusqu'au téléphone, ses pas masqués par les exclamations du commentateur hurlant un magnifique "Blocked by Smith !" Elle décrocha, et hésita.

Papa-Maman.
Va.
Va.
Papa-Maman.

Aucun des coups de fil ne s'annonçait comme facile à vivre, mais celui avec Va avait plus de chances de durer. Donc Papa-Maman pour commencer.

Camille composa le numéro. A cette heure, les deux devaient être rentrés à la maison. Sonnerie.

Allo ?

Par la baie vitrée, on pouvait apercevoir une jeune femme svelte dans l'allée menant à la grille de l'école. Ceux qui la connaissaient pouvaient, s'ils l'avaient remarquée, reconnaître Cassandre, la psychologue de l'institut.

Seulement seuls ceux qui l'avaient déjà observée avec attention auraient pu remarquer un détail étrange : la jeune femme semblait plus agitée que d'ordinaire, ses mouvements étaient brefs, nerveux. Elle lâcha ce qui ressemblait à un journal et se mit à faire les cent pas devant la grille.

Franck ne répondait pas, apparement captivé par son match. Génial... Ne tenant pas sur place, elle se dirigea vers les fenêtres, pour voir si Jess n'était pas dehors. Elle ne la vit pas, mais remarqua rapidement Cassandre.

... Que faisait-elle, à lacher ce journal ? Elle attendait quelqu'un devant la grille ?... Myou savait qu'elle était proche de Jessica : est-ce qu'elle la cherchait aussi ? Mais pourquoi là-bas ?... Lui était-il arrivé quelque chose ? Cassandre semblait bizarre...

Myou repensa à ce qui était arrivé à son professeur cette nuit... et l'inquiétude ne fit que monter un peu plus. Elle fit volte face vers la porte, et sortit pour la rejoindre. Au passage, elle regarda Franck durement.

[ jardin ]

Dans un coin de la pièce, Camille téléphonait chez elle. La tonalité retentit deux fois au bout du fil, avant que la voix reconnaissable de sa mère ne réponde :

"Allô ?"

"Je viens d'Haïtie."

Draena regarde Zia et lui sourit.

"Pas trop dur ?" En montrant du menton la pièce, le luxe, les autres élèves qui apparement ne faisait pas attention à elles.

Se souvenant du cours de Cassandre, le jeune créole se dit que la tolérance, l'entraide et l'amitié ne devait surement pas dépasser les limites de la classe de philo.

"Moi, j'avoue être un peu déboussolée... Ils... Bref... Pas grave..." En montrant les autres mutants,

"... Je suis contente de ta réaction dans la cuisine, faut pas pousser quand même, l'esclavagisme à été aboli et elle avait pas à te parler comme ça ! Mais bon apparement, il y a un flagrant manque de correction dans cet institut. Pourtant je sors dun cours de philo où, malgré les délire d'un crétin, la prof, à tentée de nous amener à une réflexion menant vers la tolérance entre mutant.... "

Regardant autour d'elle, les jeunes mutants s'activer tels des fourmis.

"Y a du boulot !"

Avec un sourire, et se prélassant dans le fauteuil mouelleux.

Frank était absorbé par le match. Il ne lui manquait qu'une bière et ses amis. Sa vie était tellement facile à Denver, il n'aurait jamais du partir...

La domination des Bulls était flagrante, et lorsqu'un des joueurs fut renvoyé sur le banc pour son comportement agressif, il se désintéressa du match. L'issue ne faisait plus aucun doute, et il n'avait pas envie de regarder la descente aux enfers de l'équipe New-Yorkaise. C'est à ce moment là que Camille s'intéressa à ce qui se passait sur l'écran géant.

"Bonne idée, et puis on leur donne chacun un ballon pour qu'ils arrêtent de se disputer pour l'avoir."

Comment pouvait-on ne pas comprendre le dépassement de soi que demandait le sport ?
Mais il avait déjà perdu le fil. A travers la baie-vitré derrière la jeune femme il pouvait apercevoir Cassandre et son équipe aux portes de l'institut.
Que faisaient-ils tous là-bas ? Sans lui ? Il se leva avec précipitation et se dirigea vers la porte.

"Excuse-moi, faut que j'y aille."

Ses pas rapides trahissaient sa peur de louper quelque chose d'important. Il fallait qu'il soit présent si il voulait que les autres lui fassent confiance.

[ Jardin]

Bureau des profs

Tim s'engouffra dans le salon les yeux perdus dans le vague. Il ne vit pas arriver Franck et le bouscula sans ménagement. Il releva la tête, le regard un peu perdu, bredouilla une excuse, qu'il répéta plus fort en s'apercevant qu'il s'agissait de Franck :

" Excuse-moi, Franck ! Je.."

Mais le jeune homme était déjà parti. Il n'avait même pas pris la peine de regarder qui l'avait heurté ainsi. Tim haussa les épaules. Franck devait vaiment avoir un truc important à faire. Ce qui lui rappela que, lui aussi, il tenait entre ses mains un détail important dont il devait s'occuper.

Tim s'avança un peu, découvrant quelques nouvelles têtes parmi celles qui peuplaient le salon. Il lança un " Salut" qui signifiait bien plus "Excusez moi de vous déranger..." qu'autre chose, avant de se présenter, sur un ton un brin hésitant :

" Je suis Timothée. Tim, pour tout le monde ici. "

Il jeta un oeil à la télé allumée et réprima un soupir en y reconnaissant un match de basket. Il s'installa tranquillement dans un fauteuil un peu à l'écart pour se plonger dans la lecture de son dossier d'inscription à l'Université.

Zia continua d'observer les présents en silence, comme un scientifique examine une fourmilière au microscope. Les moeurs étaient ici très différentes de la à d'où elle venait, c'était évident. Mais elle était également consciente que la mutation y était sûrement aussi pour beaucoup.
Elle finit par hocher la tête en direction de Draena.

"Si... Je viens d'une autre planète." dit-elle avec sérieux en réponse à la question de Draena. Apparemment, au moins une personne ici la comprenait un peu. Elle ne comprit pas totalement à quoi Draena faisait allusion en parlant du cours de philo. C'était quoi au juste ? Elle se doutait qu'il s'agissait d'une discipline, mais son principe restait aussi obscur que sa peau d'ébène. Pensive, elle se mit simplement à caresser le pendentif qu'elle portait autour du cou.
Encore un élève venait de quitter précipitamment la pièce. Il semblait se passer quelque chose. Ce qui était certain, c'était que la fille qui venait de raccrocher le téléphone avait passé un sale quart d'heure.

"S'ils ne jouaient pas, ça serait encore plus facile." répondit-elle, son visage toujours fermé. Des millions étaient dépensés pour faire jouer ces bonhommes avec un ballon, alors que des jeunes crevaient la faim dans les bidonvilles du monde entier. Au diables les Dream Teams. Zia elle, savait que la réalité n'était pas un rêve.

Draena se tourne vers le nouveau venu et le salut. Son regard se porte sur l'écran tandis qu'une publicité pour une marque de bière défile.

"S'ils ne jouaient pas, ça serait encore plus facile."

"... Oui, mais il faut bien vendre tout ceci..."

En montrant la nouvelle pub, où une voiture défilait dans un canyon, au milieu de chevaux sauvages.

"... Et... En tant qu'américaine, si tu veux la paix avec les mecs... Allume la télé, mets CBS Sport et c'est bon !" En faisant un clin d'oeil à Zia.

Se levant, elle sort un paquet de cigarette et lui dit :

"... Désolé, mais je tiens plus... Si ca te dit, je suis dans le jardin..."

Jardin

Camille eut un petit sourire à l'écoute de la réponse du garçon qui s'éclipsa immédiatement après. La beauté de l'effort, elle connaissait malgré tout, s'étant interdite de n'utiliser que ses "capacités" pendant longtemps. Seulement, le basket et la volley, c'était l'allergie. Un sport élitiste sur la taille. Une honte. A bannir. Au football américain ou au baseball, encore, on trouvait des petits de temps en temps. Mais jamais dans ces matchs où les types semblaient avoir été étirés artificiellement encore bébés pour atteindre des tailles qui défient la nature. En plus, ils sautaient haut, comme si être immenses ne suffisait pas.

Un garçon fit son entrée, elle répondit simplement "Camille. Enchantée." à sa présentation. Puis ses pensées retournèrent vers canapé et téléspectateurs.

Beaucoup plus d'amertume dans la voix suivante. Des connaissances cachées, sans doute. Camille hésita, mais se dit qu'avec Myou, elle avait déjà subi un bel échec dans la catégorie "psychanalyse et ouverture d'esprit", inutile de prendre le risque de manger un mur supplémentaire.

Il était temps de remplir un des objectifs suivants. Gabrielle ou un des professeurs. L'administration d'abord. La Bretonne avait toujours entendu ce mot prononcé avec lassitude par ses parents, sans doute des réminiscences des années françaises, et elle voulait rapidement expédier les tâches pénibles pour pouvoir se consacrer ensuite à l'agréable et l'émerveillement.

Et à Va. Ca, ce serait pas de la tarte. Mais rien ne pressait, hein ? Nooon. Quitte à prendre une soufflante, autant y être psychologiquement préparée.

Elle tourna les talons, eut un petit geste pour ceux qui restaient et emboîta le pas des deux fuyards précédents. Elle avait apprécié la lucidité télévisuelle de la jeune fille qui s'éloignait pour attraper un cancer. Mais elle n'avait plus le courage du débat après celui dont l'avait gratifiée sa maternelle.

Chambre de moi puis bureau d'Adam

Tim adressa un sourire discret à Zia et Draena. Il avait rencontré pas mal de monde, mais jamais personne n'avait été si peu enclin à un brin de conversation. Il haussa les épaules. Il les dérangeait peut peut-être. Et puis, il était descendu dans le salon pour avoir un bruit de fond, pas pour faire la causette. Alors, de quoi se plaignait-il ?

* Elles auraient au moins pu se présenter..* reprocha-t'il intérieurement aux deux jeunes femmes.

Il ne se permit pas de le leur faire remarquer tout haut. Il appréciait la politesse chez les gens, mais ne se sentait pas l'âme d'un redresseur de torts.

Sans autre forme de procédure, il revint donc à ses moutons : le dossier d'inscription posé sur ses genoux. Il décapuchonna machinalement le stylo plume que lui avait offert sa mère pour ses 15 ans et, après un soupir, il se mit à l'ouvrage.

Rien de bien passionnant dans ce dossier. Et personne avec qui partager ses impressions sur l'absurdité des cases à noircir et des questions auxquelles répondre. Les yeux de Tim perdirent peu à peu leur éclat au fur et à mesure que leur propriétaire quittait cette feuille absurde pour se plonger avec délice dans le souvenir de la journée d'hier. Le français, qui avait pourtant combattu avec ces accusations avec force, devait pourtant reconnaitre qu'il avait passé un très agérable moment avec la télépathe.

* Anna..*

C'était une des rares personnes avec qui le français avait tissé des liens plus profonds que la simple camaraderie qui le reliait aux autres élèves de l'Institut. Et la seule personne, avec le professeur Zachary, en présence de laquelle Tim se sentait un parfait idiot. Sauf qu'en présence d'Anna, cette sensation était presque agréable.

Un sourire béat sur les lèvres, un air hagard dans les yeux, Tim ne sentit pas son stylo plume rouler lentement de la feuille sur laquelle il était posé pour rebondir par terre.... et maculer le tapis de petites bulles d'encre.

La créole cligna une fois des yeux. Les mecs ? Voilà une considération que Zia avait évité toute sa vie, tout en cotoya la réalité triviale des bas-fonds de Port-au-Prince.
Chez elle, ce n'était pas avec une télé qu'on calmer les hommes. Les femmes frivoles du bidonville (et Dieu sait qu'il y en avait des tas), vendaient souvent leurs corps pour quelques pièces, de la nourriture... L'homme n'était qu'un moyen de subsistance, au même titre que pour certain, le vol ou le deal.
Le paquet de cigarette qu'avait sorti Draena se refletta dans les prunelles noires de Zia. Encore une denrée rare, un moyen de troque chez elle...

Elle ne cracherait pas sur l'occasion de s'en griller une.
Avec un hochement de tête silencieux pour Tim, la créole prit appui sur sa béquille pour se relever, soutenant son corps à la force des bras comme elle l'avait appris, puis clopina jusqu'à la sortie.

Jardin

* Euuhhh, j'inspire pas confiance, ou quoi ?*

Tim était en train de se remettre sérieusement en question après que toutes les personnes présentes dans le salon aient rapidement déserté la pièce après que Tim soit arrivé. Lui qui était venu chercher un peu de compagnie...

Il soupira. Il était resté perdu dans ses pensées pendant un petit moment mais le départ de Zia l'avait définitivement tiré de sa rêverie à l'eau de rose pour le ramener vers des pensées bien plus sombres : il était timide, pas forcément très loquace avec les gens qu'il ne connaissait pas mais, pourtant, il avait eu la nette impression de s'intégrer dans sa nouvelle famille.

* Peut-être que je me fais des illusions. On ne change pas comme ça, du jour au lendemain.* se dit-il en ramassant son stylo à tatons, sans rien voir des gouttes d'encre qui perlaient le tapis.

Il retourna à son dossier pendant quelques instants, mais, assailli par des idées noires, il abandonna bien vite et, à son tour, quitta ce salon qui lui semblait maintenant fort peu accueillant. Consciencieux, il n'en oublia cependant pas d'éteindre la télé, seul bruit de fond qu'il lui restait encore.

Une fois sur le seuil de la porte, il contempla une dernière fois la pièce qui venait de plonger dans la pénombre. Il allait soupirer de nouveau quand son attention fut attirée par des bruits de voix venant de la cuisine. Il reconnut celle de plusieurs de ses camarades et un fin sourire étira ses lèvres.

* Je suis loin d'être tout seul.*

Rassuré, il marcha d'un pas tranquille vers la cuisine, puis, finalement, se ravisa et empreinta ces escaliers qui le mèneraient droit à sa chambre, et, avec un peu de chance, droit à son colocataire qui, s'il ne s'illustrait pas par ses longs discours, se révélait être une source de chaleur humaine bien plus importante que certaines pies de l'Institut.

Chambre de Nan et Tim