En partance pour Paris

Le paysage défilait au travers de la vitre du train. Kirsten ne voyait rien de précis, ses pensées étaient dirigées vers autre chose.

Elle était partie si précipitement... que s'était-il réellement passé? Elle serrait son sac rempli de vetements contre elle. Elle avait peur. Elle avait toujours pensé être différente, mais ces phénomènes inexplicables lui avaient prouvé et certifié la chose.

Remplie d'incertitudes et de doutes, la jeune fille se demandait ce qu'allait devenir sa vie à présent. Une multitudes de questions défilaient dans sa tête aussi rapidement que le paysage. Elle ne connaissait personne sur la capitale. Aucune famille, aucune connaissance, aucun contact. Personne ne l'attendrait.
Comment allait-elle faire?
Devait-elle faire demi-tour?

-"La place est-elle prise?"

Une voix la sortie de son questionnement. Un homme avec un sac a dos se tenait debout à côté de son siège. Kirsten ne s'était pas aperçu que le train s'était arreté à une correspondant.

Le monorail filait à toute allure à travers la campagne française, produisant un simple sifflement, couvert par les murmures de conversations d'autres passagers, les ronflements d'un papy dans un coin, et les braillement d'un gamin qui s'ennuyait.

Ce genre de gamin qu'une quelconque malédiction plaçait dans tous les wagons, et qui avait un besoin désespéré de s'exprimer de façon bruyante pour attirer l'attention des 94 autres passagers de la salle.

C'est une voix semblant toutefois plus hospitalière qui s'adressa à elle : calme et baryton, semblant un peu timide, avec un léger accent british.



Il renouvela alors sa question, tenant son billet à la main.

"Il me semble que j'ai la place à coté de vous."

Place n° B 44 . C’est ce qu’elle pu lire sur le billet du jeune homme.
Levant à peine la tête elle bafouilla:

-  heu oui … pardon je veux dire, oui bien sur, c’est votre place .

Sortie de ses pensées, Kirsten s’aperçu que le bruit inondait le wagon. La voix calme du jeune homme lui paru alors bien réconfortante par rapport aux murmures environnants et à la situation qu’elle vivait.
Elle le regardait discrètement poser son sac et s’asseoir. Comparé à l’ambiance, il était le seul élément posé et calme.
L’accent « british » avec lequel il s’était adressé à Kirsten l’intriguait. Lui aussi venait de loin. Il était grand, élégant, poli… et pour tout dire charmant. Quelle pouvait-être son histoire?

Un bruit sourd attira son attention vers l’arrière. Elle se retourna alors et observa entre les deux sièges. Son regard se posa sur l’enfant qui sautait partout et commençait sérieusement à énerver tous les passagers. Tous, à l’exception du vieil homme, qui , profondément endormi, émettait quelques ronflements discrets . Le petit monstre venait de faire tomber la valise de sa mère. Une mère pas trop attentive, qui ne faisait rien pour le calmer. Cela lui rappelait le manque d’attention qu’elle avait eu de sa propre mère. Sa place était-elle, comme cet enfant, auprès de sa mère? Avait-elle bien fait de partir?

En se réinstallant sur son fauteuil, elle croisa le regard de l’homme assis à côté d’elle. Troublée et intimidée, elle baissa les yeux et s’enfonça le plus possible dans son siège, serrant son sac toujours contre elle. C’était la première fois qu’elle voyageait seule dans un train et le simple fait qu’un étranger la regarde, la pétrifia sur place.
Une forte émotion la parcourut. A ce moment là, Kirsten se demanda si les phénomènes qui s’étaient produit quelques heures auparavant et qui l’avait conduit à se retrouver dans ce train, pouvaient se reproduire.

*Non, pas là, pas maintenant* se dit-elle.

Ses émotions lui avaient joué tellement de tours, embarrassants comme terrifiants. Elle hésita, puis pour éviter tout incident, elle commença doucement à se lever. Il valait mieux ne pas tenter le diable…

Note : tu as remarqué que mon précédent post se contentait, à peu de choses près, de redire tout ce que tu disais dans ton post, et le prochain post va être du même acabit. Vu que c'est le début, et que le décor se plante, ce n'est pas dramatique, mais à l'avenir, il faudra que tu te cantonnes au seul jeu de ton propre personnage, sans imposer quoi que ce soit d'autre que tes actions au monde extérieur, qui est l'apanage du MJ.



Le jeune homme, uniquement équipé d'un sac à dos, ne le rangea pas dans les compartiments au dessus des sièges, mais le garda avec lui. Il s'installa à son siège en s'excusant copieusement du dérangement, posa le sac sur ses genoux, jeta un regard contrit au gamin bruyant, puis dit simplement à Kirsten.

"Je m'appelle Charles."

Une étrange habitude, de se présenter à une parfaite inconnue, mais pourquoi pas... Il ajouta

"J'espère que cet enfant ne sera pas trop une... disturbance." Il sourit, un peu gêné de son français approximatif.

Sur le point de se lever , Kirsten fût surprise d’entendre la voix du jeune homme. En porte à faux, elle hésita un instant puis se rassit sur son siège. Le regard hésitant entre le visage de son voisin de fauteuil et le sac qu’il tenait dans ses mains, elle se demandait encore si c’était bien à elle qu’il parlait. Mais oui, à qui pouvait-il bien parler d’autre? Il n’y avait qu’elle à cette place depuis maintenant des heures.
L’accent anglais de celui qui s’était présenté comme s’appelant « Charles » l’intriguait et la déstabilisait. Non seulement il était charmant, mais son parlé ajoutait quelque chose au personnage. Kirsten n’aurait su dire quoi, mais elle se sentait en confiance en sa présence. Elle ne pu cependant pas retenir un léger sourire en entendant sa prononciation.

* Disturbance *, de répétait-elle dans sa tête…* sans doute voulait-il dire « perturbant ».*

Kirsten était curieuse. De quelle contrée anglaise pouvait-il venir? Et qu’allait-il faire à Paris? Lui qui n’avait pour seul bagage qu’un sac à dos.
Pas d’attaché-case, donc pas un homme d’affaire.
Pas de gros sac de voyage … Était-il, lui aussi, parti si vite de chez lui, au point de n’emporter que le minimum? Était-il un vagabond, allant et venant d’une ville a l’autre? L’esprit de Kirsten s’égara dans des suppositions toutes plus exotiques les unes que les autres.
Elle prit alors une grande respiration et lui répondit d’une petite voix:

- J’espère aussi que ce petit monstre ne nous dérangera pas trop .

Elle regarda le jeune homme en lui rendant son sourire, puis tourna la tête vers la fenêtre, intimidée. Kirsten tenait la sangle de son sac et la tortillait dans tous les sens, priant soudain pour devenir invisible.
Elle pris une seconde respiration, puis prenant son courage à deux mains, elle regarda Charles et lui dit, d’une voix plus rassurée et plus claire :

- Moi c’est Kirsten.

Il était la première personne qui lui adressait la parole depuis qu’elle s’était enfuie de chez elle. Sa voix et sa politesse la rassuraient. Elle était seule, au milieu de tous ces voyageur inconnus et lui était l’unique point positif et chaleureux dans la tourmente du wagon. Comme un phare au milieu de la tempête, sa présence la tranquillisait.

Charles reposa son sac à dos sur ses genoux, puis l'ouvrit, en sortant un petit livre qu'il consulta rapidement.

"Je suis... hitchiker, je fais un linguistique tour."

Le train redémarrait, quasiment sans vibrations, avec juste un léger sifflement aérodynamique, puis il quitta la gare. L'ambiance dans le wagon était plus calme. Le gamin bruyant était-il toujours vivant, ou bien ?

Charles retourna à son livre puis hasarda quelques mots supplémentaires.

"Je dois rencontrer des amis. Panthéon place."

Vu le niveau moyen de Kirsten en anglais, elle préférait de loin la littérature et les arts ,des matières dans lesquelles elle se sentait plus à l’aise pour s’exprimer et extérioriser ce qu’elle ressentait. Chose impossible en anglais quand le professeur se borne à demander « where is Bryan » . Aussi se demanda-t-elle ce qu’il avait bien voulu dire par « hitchiker ». Son esprit imagina alors mille explications, toutes plus farfelues les unes que les autres.
Il était donc en voyage linguistique et des amis l’attendaient sur Paris. Elle, personne ne l’attendait. Elle sera seule, livrée à elle-même, dans cette grande ville qu’elle ne connaissait pas, avec ces phénomènes qu’elle ne s’expliquait toujours pas.
Elle reprit alors ses esprits et s’adressa au jeune homme:

- Je ne parle pas très bien l’anglais, répondit-elle au jeune homme. Mais je comprends. Ça doit être bien.

Elle baissa les yeux et s’aperçu du calme qui avait envahi le wagon. Plus de cris. Une sérénité les enveloppait soudainement. L’enfant s’était-il endormi, pour laisser les passagers dans le calme? Ou quelqu’un avait finalement réussi à le calmer?
Kirsten s’était même étonné d’avoir pensé à un moment: *Comment peut-on laisser un gamin si petit faire autant de bruit? Si personne ne le calme, c’est moi qui vais le calmer !*
Mais elle repensa aussitôt à ses excès de colère et de stress qui avaient provoqué tant de phénomènes inexpliqués. Que se passerait-il si elle s’énervait à nouveau? Ou si elle ressentait une forte émotion?
Elle devait penser à autre chose, se calmer, ne pas se monter la tête ainsi. Elle regarda alors à travers la vitre, observant le paysage. N’entendant plus Charles, elle se retourna alors vers lui.
Elle le regarda, en pleine lecture, puis elle s’hasarda:

- Vous avez visité beaucoup de pays?

La simplicité, et la façon d’être de l’homme l’intéressait, sans qu’elle ne sache comment, il avait le don de la rassurer. Sans doute faudra-t-il qu’elle communique beaucoup une fois arrivée sur la capitale, afin de s’en sortir. Et lui n’avait apparemment aucune difficulté à parler aux étrangers et ce, même avec la barrière de la langue.

Kirsten devra prendre autant d’assurance dans un futur proche…Kirsten s’en voulut presque d’être ainsi « coincée », mais ce renfermement était le seul moyen de s’abriter du monde extérieur. Pourtant, la barrière qu’elle avait elle-même dressée entre elle et les autres la pesait parfois. C’était justement le cas à ce moment. Peut-être devrait-elle prendre modèle sur lui et être plus ouverte … mais cela reviendrait à s’exposer, à s’afficher aux yeux de tous et qui c’est ce qui pourrait arriver dans ce cas …

Le wagon était devenu incroyablement calme : les gens lisaient, dormaient, écoutaient de la musique à bas volume, ou se livraient à d'autres activités silencieuses. Même le gamin turbulent s'était installé sagement sur son siège, et s'était mis à faire du coloriage.

C'était presque surnaturel, à se demander si son pouvoir n'avait pas agi encore une fois dans un sens particulièrement inattendu.

"J'ai visité Yourope. Espagne, Germany, Italy, et je vais retourner Londres chez moi après Paris."

Un sifflement se fit alors entendre : quelqu'un entrait dans le compartiment. Puis des pas, et un râclement de gorge.

"Mesdames et messieurs bonjour, contrôle des billets."

Charles se mit alors à farfouiller dans son sac, en sortant quelques affaires : un beau portefeuille de cuir marron avec une sorte d'enluminure C dorée dans un coin, un trousseau de clés muni d'un porte clés métallique représentant un aigle volant au dessus d'une silhouette, avant de finalement trouver son billet ainsi que sa carte de réduction.

Le silence qui s’était installé dans le wagon était devenu un véritable apaisement aux yeux de tous les voyageurs. Mais pour Kirsten, c’était devenu une autre interrogation. Cette sérénité était arrivée si soudainement, qu’elle se demandait si ce phénomène ne venait pas encore d’elle. Après tout, à chaque fois qu’elle avait été en colère après quelqu’un, celui-ci avait subi d’atroces souffrances, ou bien le contraire. Si elle avait éprouvé des sentiments forts envers quelqu’un, cette personne s’était comporté de façon anormalement gentille. Parfois même insistante. Que s’était-il passé cette fois-ci ? Le sentiment de réconfort qu’elle avait pu ressentir en présence de Charles s’était-il propagé à tout le wagon?

La voix chaleureuse et rassurante de Charles la sortie encore une fois de son questionnement. Son accent la faisait toujours autant sourire, mais intérieurement, car elle ne montrait qu’un léger plissement des lèvres. Il avait donc visité tout ces pays d’Europe.

*Quel voyageur!!* pensa-t-elle.

Mais il retournera « chez lui », après ce tour linguistique sur Paris. Le sourire quel esquissait jusqu’alors se noirci et son visage s’enveloppa de tristesse. Pourrait-elle un jour, elle aussi, retourner « chez elle »? Près de sa famille, dans la maison quelle avait toujours connu. Car même si ses frères, sa mère ou même son beau-père ne lui avaient adressé autant d’amour qu’elle aurait voulu, c’était une vie qu’elle connaissait et dans laquelle elle se sentait à peu prés bien. Tout sera différent maintenant. Tout sera nouveau et inconnu.

Une pensée sordide lui vînt même à l’esprit en relevant les yeux et en regardant Charles. Il était le seul qu’elle  « connaissait » depuis son départ. Enfin… le verbe « connaître » était un bien grand mot dans cette situation. En tout cas, il était le seul qui lui avait montré un peu d’affection et d’intérêt. Et ils allaient tous deux au même endroit… Paris… cette grande ville, dans laquelle elle se retrouverait seule a l’arrivée du train en gare.

C’est alors qu’une voix retentie. Celle du contrôleur. Kirsten paniqua:

- Mon billet!!!se dit-elle. Qu’est-ce que j’en ai fait?!!

Elle commença à retourner tout son sac. Elle en sorti 2/3 pulls, un haut brodé à fines bretelles, le tout dans des tons très sombres. Elle eu du mal à faire tenir ses affaires sur ses genoux, entre son sac et l’accoudoir du fauteuil.
Puis elle déposa plus scrupuleusement son journal dessus la pile de vêtements. Elle le considérait comme son seul confident. Il était un objet sacré. Tellement sacré que personne ne devait savoir qu’il existait. Elle releva alors la tête et regarda autour d’elle, pour être sure que personne ne l’avait vu.
C’est là qu’elle vit Charles également déballer son sac et en sortir des objets, qui devaient être tout aussi précieux à ses yeux, étant donné leur qualité, et donc leur valeur.

*Mais lui, il a trouvé son ticket!!!!*

Elle replongea la tête dans son sac.

- Il doit bien être quelque part!!! dit-elle en s’affolant

Elle avait tellement de pensées en tête lorsqu’elle est montée dans ce train qu’elle ne se souvenait plus de ce qu’elle avait bien pu faire de son billet.
Elle entendait les pas du contrôleur…. Et toujours pas de billet en vu !!

Le contrôleur avait validé le billet de Charles, et regardait Kirsten d'un air absent... Des gens qui lui faisaient le coup de chercher, il en voyait tous les jours, et il attendait le bon moment pour porter l'estocade.

L'anglais, pendant ce temps là, avait tranquillement rangé ses affaires, et s'était baissé pour ramasser les affaires de Kirsten qui étaient tombées.

"Oh, regardez, votre ticket a tombé avec vos vêtements."

Il tendit le billet au contrôleur qui l'avisa puis passa au siège suivant. Il apparut très nettement à Kirsten que ce n'était pas son nom sur le billet, mais celui de Charles.

Des yeux grands ouverts et plein de questionnement. C’est ce que pourraient voir les gens qui l’entouraient… si seulement ils prenaient la peine de la regarder.
Kirsten ne comprenait pas encore ce qui s’était réellement passé.

*Il a fraudé pour m’aider?* se demanda-t-elle.
La panique qui avait précédé le contrôle du billet laissa place à un grand moment d’étonnement et de surprise. Pourquoi Charles avait-il fait cela? Était-il réellement poli et courtois, ou s’était-il passé quelque chose de « surnaturel »?

Kirsten repris ses esprits et se repassa la scène dans sa petite tête. Il avait bien donné son billet au contrôleur de façon à lui éviter des ennuis avec ce dernier.

- Vous… je veux dire, hum, pourquoi avez-vous fait cela?

Elle ne comprenait pas pourquoi un parfait inconnu pouvait prendre un tel risque pour elle. Mais en tout cas, il venait de lui éviter un gros problème, voire une humiliation. Son billet devait bien être quelque part, mais où? Cette question lui retraversa l’esprit encore une seconde, car elle ne voulait pas passer pour une menteuse. Elle ne le connaissait pas vraiment, mais elle souhaitait paraître aux yeux de Charles aussi normale et honnête que lui pouvait l’être aux siens. Quoique… après ce qui venait de se produire.

* Mais c’était pour m’éviter des ennuis* pensa-t-elle.

Kirsten appréciait d’autant plus le geste que plus elle continuait de chercher dans son sac, moins elle retrouvait son billet. Il avait du tomber quelque part. Tout comme ses vêtements, éparpillés un peu partout à ses pieds. Aidée par le jeune homme, elle s’appliqua à les ramasser, tout en attendant une explication quant au geste qu’il venait d’accomplir.

L'anglais rangea son billet dans son sac à dos, et adressa un sourire amusé à Kirsten.

"Vous étiez sincèrely paniquée. Alors j'ai fait ça pour rendre service à vous. Plus rapide que contrôleur irascible retourner votre sac dans l'allée."

Il haussa les épaules.

"J'aime bien rendre des services."

- Je vous remercie beaucoup. Je ne sais pas où j’ai pu ranger mon billet, mais je pense que vous venez de m’éviter des ennuis en effet ! Dit-elle d’un air gêné.

Kirsten sourit à Charles comme pour le remercier encore une fois. Il lui avait vraiment rendu un vrai service. Si le contrôleur s’était rendu compte qu’elle n’avait plus son billet, elle aurait sans doute eu de gros problèmes et sa mère aurait pu être prévenue. Or, c'était la dernière chose qu'elle souhaitait. Plus elle mettait de distance entre elle et sa mère, plus Kirsten se sentait mieux. Cet élan de liberté ne supportait pas l'intervention parentale.
Grâce à son nouvel « ami », son voyage passerait inaperçu .

*Il aime rendre service… Si seulement il pouvait m’aider à notre arrivée sur Paris*

Kirsten se surpris à penser qu’elle pourrait éventuellement faire un petit bout de chemin avec lui, afin de trouver, peut être un abri, ou du moins un toit pour dormir. Son esprit s'égara alors dans l'imaginaire : l'histoire du beau et mystérieux voyageur tombant amoureux de la belle en fuite. Une histoire digne des contes des temps modernes.
Kirsten revint alors la réalité. Mineur, elle aura certainement des soucis a trouver un logement, surtout dans une grande ville inconnue comme celle-ci.

*Lui, il a l’habitude de voyager, il doit savoir comment faire!!* se dit-elle.

- Vous connaissez bien Paris?

Elle espérait qu’il puisse lui donner quelques conseils. Il lui avait montré tant de gentillesse jusqu’à présent. Elle ne voulait pas en abuser, mais le temps s’écoulait et l’arrivée était sûrement proche. La peur de se retrouver toute seule se faisait sentir de plus en plus.

Le monorail commençait en effet à ralentir. Un petit tintement se fit entendre, suivi par la voix du chef de bord.

"Mesdames messieurs, nous arriverons en gare de Paris dans 20mn, veillez à ne rien oublier sur vos sièges. Nous espérons que vous avez fait un agréable voyage, et que nous vous reverrons bientôt sur nos lignes ~clic~"

Charles rangea rapidement son sac, puis le referma soigneusement.

"Non, je ne connais pas trop Paris. J'ai juste vu le train souterrain, pour aller de l'aéroport aux gares. Mais là, je vais aller dehors. Vous allez rendre visite à des amis aussi ?"

* Des amis … Si seulement! * pensa-t-elle.

La voix du chef de bord retentissait encore dans sa tête : « Nous arriverons en gare de Paris dans 20mn »

* Vingt minutes!! Déjà!! * se dit-elle.

De la mélancolie et de la peur l’envahirent alors.
Le train allait bientôt entrée en gare de Paris. Charles allait retrouver ses amis et elle se retrouverait seule sans savoir ou aller.

- Non, je ne connais personne sur Paris. J’y vais… j’y vais pour visiter et peut être, avec beaucoup de chance, trouver un logement, lui dit-elle discrètement.

Kirsten ne voulait pas que d’autres personnes entendent qu’elle voyageait seule et qu’elle ne savait pas où allait exactement. Elle n’avait confiance qu’en ce jeune homme.
Il avait l’air tellement détendu. Alors qu’elle était très inquiète. Quelque part, elle ne souhaitait pas le quitter. Il était un repère pour elle depuis qu’il lui avait adressé la parole et lui avait ainsi redonner un peu de confiance en elle.
Désormais seule, livrée à elle-même, Charles était devenu pour elle comme un grand frère de substitution sur lequel elle pourrait compter. Difficile à comprendre puisqu’ils ne se connaissaient que depuis quelques heures, mais finalement elle ne connaissait pas mieux ses propres frères. Et lui au moins, il lui montrait beaucoup plus d’attention que toute sa famille réunie.

Regardant son sac dans lequel elle avait eu du mal à remettre tous ses vêtements tombés, elle pensa tout haut:

-  Si seulement tu pouvais m’aider un peu…

Charles eut l'air sincèrement désolé quand Kirsten lui déclara qu'elle venait chercher un logement, et surtout quand elle lui demanda de l'aide.

"Oh, aider... Je ne sais pas... Je parle pas français bien, je ne connais personne dans cette ville, je dois retrouver amis spéciaux d'Europe, et ensuite retourner chez moi... Je suis désolé."

Le monorail s'arrêtait en gare. Charles attendait que la plupart des gens sortent avant de se lever, sans doute pour éviter la bousculade. Quand la plupart des gens furent partis, il ajouta.

"Vous devez être prudente. Rues pas très sûres quand on ne sait pas où aller, et la capitale plus qu'ailleurs. Si pas d'amis, essayer trouver des gens comme nous."

Il mit une certaine emphase sur le comme nous. Sans doute une mauvaise tournure de phrase due à un défaut de langue...

* Amis SPECIAUX? *
* Trouver des gens comme NOUS ? *

Les mots prononcés par Charles résonnaient dans la tête de Kirsten.
Que voulait-il dire? Le ton employé pour dire « des gens comme nous » ne pouvait pas être qu’une simple coïncidence. Tout se bousculait dans son cerveau, un peu comme les gens qui tentaient de sortir du wagon.

* Voulait-il dire qu’il … qu’il est comme moi?*

L’espace d’un instant la peur qu’elle éprouvait à l’idée de se retrouver seule dans cette grande ville disparue au profit d’une curiosité exacerbée. Les paroles de Charles n’étaient pas anodines. Du moins pas pour elle. Il lui semblait qu’il lui faisait passer un message qu’elle seule pouvait comprendre.
Elle ne voulait pas le laisser partir sans réellement comprendre. Prenant son sac pour être prête à sortir et ne pas perdre Charles de vu, elle le regarda et lui demanda tout bas:

- Que voulez vous dire par … « des gens comme nous » ?

Voulant que ses paroles passent le plus inaperçu possible aux yeux des autres, elle n’était cependant pas sûre que Charles les ait entendu avec tout le bruit qui les entourait.
Kirsten ne pouvait décidément pas laisser partir Charles aussi vite. Pas après ce qu’il avait pu sous entendre. Il lui semblait alors presque évident son « attitude » quand elle était près de lui. Cette sérénité et cette confiance … elle ne pouvait les ressentir qu’avec quelqu’un comme, elle…

* Je ne suis pas seule! Pensa-t-elle un sourire aux lèvres. Et… il y en a d’autres ?*

Kirsten s’était si longtemps sentie exclue de la majorité des gens. Elle ne comprenait pas sa différence ni ces phénomènes étranges qui émanaient d’elle. Pour la première fois dans sa vie, ici, dans ce train, après ces paroles prononcées, elle se sentait presque… en famille. Près d’une personne qui la comprenait, qui était … * comme moi? *

Toujours assise, elle s’avança tout au bout de son siège et se rapprocha de lui. Toujours un peu intimidée par la prestance du jeune homme, elle fini par lui redemander:

- Vous avez dit « des personnes spéciales… comme nous », que vouliez-vous dire par là?

Elle hésita avant de continuer. Après tout… si elle se trompait, pour quoi passerait-elle? Mais c’était étrange, elle était quasiment sûre de ne pas faire erreur. Et pour le savoir elle poursuivit:

- Est-ce que vous voulez dire que vous n’êtes pas « normal »? Vous avez quelque chose de particulier? Et vous pensez que moi aussi. Qu’est-ce qui vous fait penser ça?

Se rendant compte qu’elle le bombardait de questions, elle se recula dans son siège, rougissante:

- Je suis désolée de vous questionner ainsi, mais c’est que… j’ai l’impression d’être… un peu comme vous. Et j’aimerai savoir si je me trompe…
En existe-t-il beaucoup d’autres? lui demanda-t-elle le cœur battant.

Elle ne se souvenait pas la dernière fois qu’elle s’était sentie si existée. Des gens comme elle existaient quelque part. Des gens qui pourraient la comprendre. Des gens qui ne la jugeraient pas. Les yeux rivés sur la bouche de Charles, elle attendait impatiemment sa réponse…

Deux simples mots sortirent de la bouche de Charles :

"Calmez-vous." Son ton était calme et doux, bien qu'empreint d'une certaine autorité. Une sorte de fontaine de calme envahit Kirsten, dont l'excitation retomba immédiatement comme un soufflet.

"Il faut sortir du train, nous sommes arrivés."

Ils rejoignirent alors le quai et le hall de la gare, bondé de monde, et empli d'un brouhaha tout juste couvert par les annonces d'une voix féminine indiquant que le prochain train allait être retardé en raison d'un mouvement social.

L'anonymat de la foule permettant des confidences un peu plus discrètes, Charles hasarda.

"Je pense en effet que vous êtes comme moi, même si vous ne savez pas encore ce que vous devez faire."

Il la guida tranquillement jusqu'au kiosque à journaux, montrant un des journaux appelé la sentinelle

"Ils parlent beaucoup de gens spéciaux, sur cette feuille de papier toilette. Ce qu'ils disent est déformé, mais est sans doute basé sur des sujets réels."

Kirsten remarqua alors qu'il parlait correctement le français ! Toutefois, quelque chose l'empêchait d'être en colère, ou d'éprouver de la déception. Cela lui semblait juste normal.

"Il existe une école, en amérique, pour les jeunes comme vous. Je pense que vous y aurez votre place."

Une fois descendue du train et devant ce kiosque à journaux, Kirsten avait bien remarqué que Charles lui parlait à présent sans aucun accent anglais, ni aucune difficulté de langage. Mais cela ne sembla pas la déranger. Au contraire elle éprouvait un calme intérieur si paisible.
Ses yeux s’écarquillèrent encore une fois lorsqu’elle entendit les paroles de Charles lui disant qu’ils étaient pareils. Un souffle de réconfort et de soulagement la traversa. Sans qu’elle ne puisse véritablement comprendre le sens exact, elle se sentit soulagée de ne plus être seule au monde.
Elle suivi le geste du jeune homme lui montrant le journal « La Sentinelle » et en pris un exemplaire en main qu’elle feuilleta avec fébrilité.

*Il en existe donc plein d’autres !! Et sur la Terre entière!* Elle esquissa un sourire puis poursuivi les articles.

Son regard se gorgea de larmes voyant ce qu’on pouvait penser des gens « spéciaux ». Elle pris peur, se demandant soudain si tous ces mutants, existants partout dans le monde, devaient forcement être aussi méchants, comme ce journal pouvait bien le dire.
Était-elle aussi une mutante ? Et quand bien même, était-elle elle aussi méchante ? Après tout, elle avait déjà provoqué des phénomènes troublants et même violents à ses « proches »…
Elle se rendit alors vraiment compte qu’elle devait garder son secret bien a l’abri. Personne ne devait se rendre compte qu’elle était différente. Plus que jamais elle devait disparaître, se fondre dans la masse.

Le calme éprouvé précédemment s’estompa quelque peu et Kirsten sentit alors monter en elle un sentiment étrange, entre la curiosité et l’angoisse, elle rebondit sur les dires de Charles:

- Basé sur des sujets réels? Ça veut dire que les … ces « gens spéciaux » sont méchants? Tous ?

*Ces gens* pensa-t-elle. Elle en parlait comme si elle n’en faisait pas parti, comme si la simple idée d’être elle-même une « mutante » avait quelque chose d’irréel.

Elle se demanda alors ce que Charles pouvait bien avoir de spécial. Quels phénomènes pouvait-il créer? Faisait-il parti des « gentils » ou des « méchants»? Kirsten se ressaisi . Il ne pouvait pas être un méchant. Elle se sentait tellement en sécurité prés de lui… Mais peut-être était-ce donc cela son don…

Elle se risqua:

-Et vous… vous êtes un « gentil »?

Elle regarda Charles dans les yeux comme pour essayer de cerner sa personnalité. Après tout, il venait de lui apprendre qu’il existait des mutants partout dans le monde, et que la plupart des humains les considéraient comme des monstres. L’école dont il venait de lui parler était-elle sûre?
Elle poursuivit:

-Comment s’appelle cette école? Ou se trouve-t-elle exactement? elle fit une pause… Vous y êtes allé?

Kirsten voulait en savoir plus sur le sujet. Des tas de questions lui vinrent en tête. Mais une était plus importante: Si elle décidait de se rendre à cette fameuse école, sans argent, comment allait-elle faire ? Et en supposant qu’elle puisse y parvenir, est-ce qu’elle y serait accepté ? Rien n’était sûr. Entre la crainte de tomber dans un piège et la peur de se voir rejeter, Kirsten ne savait plus quoi faire. Tout se bousculait dans sa tête, tout s’emmêlait, à tel point que sa tête commença à tourner.

Charles se dirigeait vers les stations de métro et RER.

"Non. Cela signifie que les gens dont parlent ces articles existent. Qu'ils soient méchants ou pas, je l'ignore. Mais du peu que j'en sais, ce journal a une sévère propension à déformer la réalité."

Il s'arrêta devant le grand plan du métro, à la recherche de sa station.

"Il s'agit de l'Institut Xavier. C'est à Salem Center, état de New-York. Je n'y suis jamais allé, mais je pense qu'ils sont dignes de confiance. Cela signifie que ta prochaine destination est ici..."

Il mit le doigt sur l'arrêt "CDG aéroport" du plan, puis il montra l'arrêt Luxembourg.

"Le mien est là. Nos chemins vont donc devoir se séparer."

Voyant Charles partir vers la station de métro, Kirsten reposa l’exemplaire de La Sentinelle qu’elle tenait toujours dans sa main. Elle écoutait attentivement ce que le jeune homme lui disait, pour ne pas manquer une seule information.

Elle se répéta pour ne pas oublier:

* Institut Xavier… Salem Center… New York*

Suivant toujours du regard les gestes de Charles, elle le vit pointer du doigt sur le grand plan l’arrêt du métro indiquant l’aéroport.
Elle devra donc poursuivre toute seule. Mais en serait-elle seulement capable?
Jusqu’alors elle avait agit sur un coup de tête, par peur. Elle s’était enfuit de chez elle suite à ces phénomènes étranges et à l’attitude de ses proches. Puis elle avait rencontré Charles dans ce train.

*Heureuse coïncidence * pensa-t-elle.

Mais leurs chemins allaient se séparer devant ce grand plan de métro. A partir de maintenant et jusqu’à sa destination à l’Institut, elle serait seule.
D’un côté elle était contente d’avoir rencontré Charles. Un Être spécial, comme elle. Cette pensée la rassura. Mais elle était aussi triste de ne pas pouvoir poursuivre son chemin avec lui.
Comment allait-elle se débrouiller? Si seulement elle avait un peu d’argent…

- Vous partez maintenant ? Lui demanda-t-elle d’une petite voix.

Il fallait qu’elle prenne son destin en main, mais cette idée lui faisait terriblement peur. Elle regarda à nouveau le plan de métro comme pour se l’imprimer en tête.

*Direction l’aéroport* se dit-elle comme pour se persuader.

Puis elle regarda autour d’elle pour voir les directions. Première fois dans le métro parisien… elle était complètement perdue. Elle se rapprocha un peu de Charles avant qu’il ne parte de son côté, pour lui demander où est-ce qu’elle devait aller exactement.
Si elle se retrouvait déjà perdue dans le métro, comment allait-elle atteindre l’aéroport?
Et une fois là bas, comment allait-elle pouvoir embarquer en direction de New York?

- A quoi ça sert d’être un être spécial? Je suis autant paumée que les autres, voire plus!

C’est à ce moment là que l’idée invraisemblable d’user de son pouvoir (qu’elle ne connaissait pas encore tout à fait) lui vint a l’esprit. Sans argent, elle ne pourrait jamais prendre cet avion. Après tout…

*Qui ne tente rien n’a rien* pensa-t-elle.

Elle attendit que Charles lui montre le chemin. Elle avait la ferme intention d'arriver par tous les moyens à cet Institut Xavier.

Charles haussa les épaules puis rit.

"Retiens bien cette leçon : tu es spéciale, mais au bout du compte, aussi paumée que les autres. N'oublie jamais ça, ça te rendra de grands services."

Son métro était arrivé à quai, déversait son flot de passagers, place immédiatement récupérée par d'autres. Charles était de ceux-là.

"Prends le train qui va dans l'autre direction, il t'emmènera à l'aéroport. Pour maintenant, je ne peux plus grand chose pour toi, si ce n'est te conseiller d'user de tes talents pour te payer le billet. Tu en es capable, même si tu ne le sais pas encore vraiment.

See you later, darling"

La sonnerie retentit et les portes se refermèrent. Quelques instants plus tard, Charles disparaissait de la vie de Kirsten qui n'était pas prête de le retrouver.

Kirsten regardait le métro de Charles s’éloigner.
Ça y est, elle était de nouveau seule, mais cette rencontre, outre le fait d’avoir été agréable, venait de lui apporter beaucoup de choses.
Kirsten savait à présent qu’elle n’était pas si « anormale » que ça, et que beaucoup de personnes dotées de pouvoirs, tout comme elle, existaient dans le monde entier. Tous n’étaient apparemment pas fréquentables, mais le simple fait de ne pas être la seule la rassurait déjà.

Charles allait lui manquer, même si elle ne le connaissait que depuis un court instant. Sa présence la rassurait. Il avait eu un tel pouvoir sur elle, qu’elle se demandait encore si c’était naturel.
Son « Ange Gardien » l’avait laissé voler de ses propres ailes. Elle décida alors de lui faire honneur.

-J’y arriverai, dit-elle comme si Charles était encore à ses côtés.

Un sentiment rassurant l’envahit. A ce moment précis, Kirsten se dît que rien n’allait l’empêcher de retrouver les membres de cet Institut Xavier.

Encore sur le bord du quai, elle se retourna pour regarder quelle direction prendre. Elle emprunta le chemin afin de regagner l’autre côté du quai.
Son but à présent: prendre le métro direction l’aéroport et filer droit vers New York.

Je pense que je vais te libérer de mon emprise maléfique à partir de maintenant, la suite des opérations n'ayant plus vraiment d'autre intérêt, et je ne souhaite pas te faire lambiner plus que ça.

Tu peux poster à l'institut Xavier. Je te conseille par exemple de rejoindre un des sujets du barbecue, dans le jardin, qui te permettront de faire connaissance assez rapidement.

Et tu peux également ajouter 2pts à ton barème de pouvoirs.

Bonne continuation à toi.

Merci pour ta patience et ton jeu.
Ce fût un réel plaisir.