Re: Chambre de Josh et Matéo

Ven 13 Nov 2009 - 19:43

[Hrp : ça doit être les mentions du strip tease qui ont embrouillé les choses. Pas grave.]

Toujours sous la poigne de fer de Carrie, Yanis entendit Nathan commencer par éclater de rire. L'Algérien ne sourcilla pas, mais se demanda tout bêtement si l'esprit du jeune homme n'avait pas été sérieusement atteint par Viconia, quelle que soit la nature exacte de son pouvoir mental, ou si l'afflux de sang à son cerveau n'avait pas été irrémédiablement freiné par l'étreinte de l'avocate, causant des dommages irréparables dans ses aires cérébrales.
Puis il parla de nouveau tout à fait normalement, si l'on exceptait sa constriction du larynx, qui lui laissa néanmoins suffisamment de souffle pour se lancer dans une pâle imitation de la voix distordue de Yanis.
Pour avoir jalousement gardé le secret de sa mutation pendant près de trois ans, coupant jusqu'à la communication orale, le mutant n'avait jamais eu à souffrir de discrimination mutante, même si durant sa scolarité, il avait bien souvent été la cible de quolibets, étant considéré comme une femmelette parce qu'ils préféraient les arts au sport. Dans la société relativement traditionnelle dont il était issu, les garçons devaient avoir des occupations de garçons et occuper leur rôle dans la hiérarchie familiale.
Lorsque les agents de la PISS lui avaient parlé de l'Institut, un havre pour les mutants, le jeune homme ne s'était pas imaginé que ses congénères tomberaient dans le travers du reste de la population, et pointeraient du doigts leurs semblables, se moquant de la différence. Yanis en conclut donc que paradoxalement, il y avait ici plusieurs degrés d'anormalité, et comme toute société, l'Institut avait dû se hiérarchiser, les plus forts stigmatisant les éléments disparates. En toute logique, les mutants se distanciant le plus de l'archétype homo sapiens devaient rentrer dans cette catégorie. Le jeune homme pensa un instant à Volkov, s'interrogeant sur l'autorité qu'il pouvait exercer sur des mutants d'apparence conforme au carcan de la normalité. Il serait probablement instructif d'obtenir une réponse à cette interrogation.
Yanis enregistra donc cet élément de tyrannie sociale qui lui serait fort utile pour adapter son comportement en conséquence, tandis que Carrie le reposait au sol. Mais son nouveau professeur n'en avait pas fini. Il était clair qu'elle ne plaisantait pas et appréciait peu la plaisanterie. L'homme-machine observa l'avocate ouvrir la fenêtre et suspendre l'Israélien dans le vide, tirant ses propres conclusions des actions du professeur. Il n'était plus question du fameux devoir de justice, qui s'était achevé lorsque Carrie s'était interposée. Cette fois, la scène évoquait plutôt une action dissuasive, dans le but de restaurer l'autorité à la place qui lui revenait. Carrie était le professeur, Nathan était l'élève. Ou plus simplement, Carrie était une mutante plus puissante que Nathan, et probablement qu'eux trois réunis. D'ailleurs, sa démonstration de pouvoir en disait long. Le message était clair.

Carrie consentit finalement à libérer Nathan, et après quelques avertissements, quitta la chambre avec la droiture qui semblait la caractériser. Yanis la regarda s'éloigner, cernant un peu mieux sa référente, puis se rapprocha de son lit pour y saisir son carnet de dessins, indifférent au coup de pression qui avait investi la chambre durant les deux dernières minutes. De toute évidence, la chambre de Nathan n'était pas des plus tranquilles, comme il l'aurait souhaité. D'ailleurs, le couloir semblait également être la proie d'un tapage anormal, comme le sous-entendait le tambourinage et la voix féminine qui lui parvenaient de l'extérieur. A croire qu'il avait été plus en paix avec des aliénés sérieux ces derniers mois, que parmi ses semblables. Ou alors, peut-être était-il fou ? C'était une possibilité non négligeable. Une idée assez rassurante même : un ordinateur ne devenait pas fou.

Viconia s'adressa alors à lui pour le remercier. De toute évidence, aucun d'entre eux n'avait compris la totalité de ce qui s'était passé. Il nota en tout cas que contrairement à son colocataire, elle ne semblait pas considérer sa mutation comme risible, ce qui était toujours appréciable, même pour quelqu'un comme lui. Impassible, il se demanda s'il était toujours doté d'un instinct, et à plus forte raison pictural. Un instinct de survie, de cela il en était sûr. Mais si l'instinct était bien une réponse conditionnée par la nature profonde d'un individu, alors l'expression employée était un étrange oxymore.

"Tu devrais d'abord te désinfecter le doigt, il peut encore servir. Le savon est un bon antiseptique." dit-il simplement en désignant du menton la main de la jeune fille. Les plaies avaient tendance à s'infecter facilement dans son pays, chaleur et précarité ne faisaient pas bon ménage.

"Je préfère les endroits calmes, tu connais ce bâtiment mieux que moi." ajouta-t-il simplement en passant le seuil de la porte, prêt à suivre Viconia où elle estimerait bon de travailler.

?

Sam 14 Nov 2009 - 1:57

Si il se rendait comptait compte de l'absurdité de ce qui s'était passé. Dans un état normal, Nathan aurait acquiescé aux paroles de la française mais le fait est qu'il n'était pas dans un état qu'on pouvait qualifier de normal. Si cela avait été le cas, il n'aurait certainement pas cherché le conflit avec son colocataire et aurait tenté de s'en sortir grâce à l'art rhétorique. Cependant les choses ne se passèrent pas ainsi et il était très difficile de revenir dans le passé pour tenter de changer ses actions
Et tandis que Yanis regagnait la terre ferme, son colocataire eut le droit à un tour de manège supplémentaire et était maintenu suspendu par la forte poigne de Mlle Marcin à plusieurs mètres au dessus du sol, pas assez pour mourir mais assez pour se casser quelque chose. Pourtant loin de se sentir anxieux au fait qu'il puisse s'écraser quelques mètres au contrebas, Nathan ferma simplement les yeux. Il sentait sur lui venir s'écraser chaque goutte de pluie, chaque rafale de vent qui le faisait balancer

Des mots étaient prononcés au loin par une voix féminine mais l'israélien ne les percevait qu'en bruit de fond. Tout à coup la prise se relâcha et le jeune homme entama une course descendante qui fut stoppé quelques centimètres plus bas. Durant ce court laps de temps son cœur s'était affolé et l'adrénaline continuait d'affluer dans son cerveau ce qui lui donnait l'impression d'avoir l'esprit limpide. Il ressentait chaque seconde comme des minutes et n'avait qu'une hâte : que sa course se termine et qu'il puisse enfin avoir la paix

Mais il se retrouva à l'intérieur et avait de nouveau le plein contrôle sur son corps. Carrie leur adressa encore quelques mots tandis que l'israélien ouvrait de nouveau les yeux. Le petit bonhomme avait fait son chemin dans sa boite crânienne et avait saisit son plus beau marteau pour frapper de manière régulière dans le cerveau du NeXus. Alors que sa tortionnaire vidait les lieux d'un pas preste, Nathan se tourna pour refermer la fenêtre et éviter l'inondation dans sa chambre. Malgré son mal de crâne récurrent il arrivait à penser avec une certaine lucidité qui l'étonna grandement

C'est alors qu'il remarqua le regard plus que scrutateur que lui jetait Vic avant qu'elle ne fasse le poisson à plusieurs reprises comme si elle voulait dire quelque chose. Puis elle pivota des talons pour se retrouver face à la machine et se désintéressa complètement de Nathan

Et ce dernier restait là les bras ballants comme le con qu'il était. Cela lui apprendrait à rendre service à quelqu'un qu'il considérait comme une amie. Après la décharge onirique qu'elle lui avait envoyé un merci n'aurait pas été superflu

Rafale se dirigea vers sa table de nuit d'où il sortit une boite de paracétamol. Voyons voir un cachet toutes les quatre heures. Il en avala trois d'un coup sans se soucier des conséquences que cela pouvait avoir sur sa santé. Du moment que ce satané mal de crâne passait

Puis il attrapa un veste de survêtement en tissu qu'il passa sur les épaules de sa coéquipière sans un mot : il l'avait vu frissonner et avait interprété cela comme du froid. Il attrapa ses fringues au sol et se dirigeait vers la salle de bain. La porte de bois claqua avec une certaine violence avant qu'une voix étouffé par le panneau ne parvienne aux oreilles des deux mutants

« Il y a des pansements dans la poche »

Ce fut tout ce qu'ils purent entendre. La voix était maitrisé même si le voile de colère y était perceptible. En colère contre quoi il ne savait même pas lui même : contre Yanis, il avait réagi un peu trop promptement mais c'était tout de même tout à son honneur, contre Carrie, elle ne faisait que son job, contre Vic, son mal être était perceptible et Nathan voulait l'aidait

Contre lui même parce qu'il n'était qu'un pauvre con

Il regarda le reflet dans le miroir qui lui montrait les larmes qui coulaient sur ses joues. Il arma son poing prêt à le briser mais ne se retint qu'au dernier moment. Expulser physiquement sa propre haine de lui même ne l'aiderait pas

Et il lui semblait que rien ne le pouvait. Il n'était qu'une âme perdue

Lun 16 Nov 2009 - 19:47

L’oreille à l’affut, Viconia eut la sensation que cela s’agitait dans son dos.
Elle tentait toujours de faire bonne figure face à Yanis, tout en étant polarisée sur les mouvements dans son dos.

Désinfection ?
Son regard verdâtre tomba sur son doigt boursoufflé et saignotant. Bah, maintenant que le corps étranger avait été extrait (et mieux valait éviter de s’appesantir sur le comment de l’acte), elle ne risquait plus grand-chose.
D’un geste basique, Viconia mis son doigt dans sa bouche. Réaction peu classe, mais efficace.

Quelque chose recouvrit ses épaules sans lui demander son autorisation et elle sursauta de manière concomitante avec le claquement de la porte de la salle de bain.
Ok.
Diplomatie deuxième : zéro pointé.
A croire qu’elle allait passer sa vie à redoubler.

Baigner dans l’odeur de Nathan était ce que l’on pouvait qualifier de carrément super bizarre. Elle dont le nez était familier avec les odeurs corrosives, pour le coup, cela sentait surtout… Le mec. Et ça, c’était bizarre, et même un rien agressif pour les sinus.

Plongeant sa main dans la poche, Vic en retira de quoi régler le problème ridicule du Doigt efficacement.
Se tournant à nouveau vers la porte de la salle de bain, il se passa bien deux minutes où elle recommença à faire le poisson, ouvrant et fermant la bouche bêtement.
La loose du tableau blanc.

Et Yanis-le-perfide qui lui proposait une étude particulière… Le vil tentateur !
Tout le monde savait que les faibles d’esprit (et les intéressés égoïstes) étaient particulièrement sensibles à la tentation…

Alors que celui-ci partait devant, Viconia s’attarda devant la porte de la salle de bain. Pensivement, et comme à regret, elle posa sa main sur le battant… Et projeta brièvement.
Qui savait si cette brève illusion atteindrait son but ou serait même effective.
Il s’agissait d’une chanson enfantine chantée par la même voix à la langue inconnue que l’on avait pu entendre au téléphone un peu plus tôt.
Une berceuse pour rassurer l’enfant affolée au milieu de ses cauchemars pleins d’hippopotames verts et féroces sur qui même la vodka était inefficace.

Cela dura un instant puis, sans dire un mot ou se retourner, Viconia sortit de la pièce la veste de jogging toujours sur les épaules et l'odeur de Nathan courant derrière.

« -Je pense qu’un bon thé chinois nous ferait du bien. »

Centre commercial.

Mar 30 Mar 2010 - 4:30

Boum

Boum

BOUM

Cela résumait bien le capharnaüm dans les chambres, plus particulièrement dans celle de Yanis et Josh. On entendait dans tout l'étage des bruits sourds, comme si on plantait des clous a intervalle plus ou moins régulier. La chambre quant a elle laissait apparaitre un sol vierge ou rien ne trainait par terre, mis a part quelques gouttes de sueurs. Même les meubles avait été écartés le plus près possible des murs pour faire place nette. Le garou était là, étalé de tout son long avec une respiration saccadée.

Mais revenons quelques heures avant cela. Josh s'était réveillé après une nuit chargée de rêve dont il ne se souvenait déjà plus, mais dont on sort épuisé au matin. Parfois, on s'éveille avec une idée fixe qui vous trotte dans la tête toute la journée jusqu'à ce qu'elle devienne une obsession et qu'on ne trouve de repos sans l'avoir mené a terme. L'idée du loup, elle, consistait a vouloir regagner un peu d'humanité. Il en avait assez. Assez de se déplacer comme un animal, assez qu'on le prenne pour une gentille peluche renifleuse, assez de tout. c'était ce genre de révolution qui vous prenait les tripes et vous tracassait. Il voulait supporter un peu plus le regard des autres sans avoir la truffe a terre. Et même si il n'en avait plus l'apparence, il demeurait humain.

Après s'être habillé d'un bermuda et d'un long T-shirt, Josh s'était posé sur son lit en regardant longuement ses mains et ses pattes. C'est là qu'était né son sentiment de révolte, et cette idée fixe de retrouver une bipédie, comme tout être humain normal.

Il fouilla dans sa mémoire en espérant retrouver les sensation d'un ado' se déplaçant normalement, puis se leva sur ses deux pattes. Ses jambes le lâchèrent sans qu'il ne comprenne pourquoi. La suite reste assez simple a imaginer. Josh trébucha et tomba lourdement en renversant quelques affaires de classe. Il étouffa un gémissement plaintif et se massa la tête. ça n'allait pas être aussi simple qu'il l'avait espéré. Et la chambre n'était surement pas un endroit approprié pour sa rééducation. Cependant, il ne voulait que les autres le voit en train de galérer, par orgueil.

Le garou se résolut a faire place nette pour éviter de se blesser. Il rangea tout ce qu'il pouvait, poussa des meubles et bougea même les affaires de Yanis. Puis il se centra au milieu de la pièce. A quatre pattes, il fixa longuement ses des deux mains. Il ne savait pas ce qui lui prenait de vouloir faire ça, ici, maintenant. Mais c'était plus fort que lui. Et dans ce sursaut d'orgueil, il se propulsa avec ses bras pour se redresser.

C'était une sensation indescriptible, comme s'il se sentait émerger, revivre a mesure qu'il se redressait, soulevé par la force de ses bras. Une toute autre dimension s'offrait a lui, une nouvelle vision du monde. Et il parut ralentir un instant. Il savoura chaque instant, chaque centième de secondes passées "en l'air" Il avait l'impression de retrouver une partie de lui-même et ce qui l'entourait n'avait plus d'importance, il ne s'en souciait même plus. Il n'y avait que lui et cette sensation de plénitude et de calme. Il en avait les larmes aux yeux. Des larmes de joie.

Mais encore une fois, sa faible condition physique le rattrapa. Car si Josh était bien propulsé par ses bras, son corps continua de basculer alors qu'il avait la tête dans les nuages. Sa vision surélevée de la porte de sa chambre bascula bientôt sur la vision du plafond. Il tenta vainement de retrouver un équilibre en bougeant ses pattes. Peine perdue. Le garou tomba a la renverse et s'étala sur le dos, les bras écartés. Malgré la douleur, ses yeux continuaient de fixer le plafond. Il n'était pas vraiment revenu de son voyage et se revoyait droit. Il y avait de l'espoir pour lui. Il ne resterait pas un animal éternellement. Il était bien déterminé a retrouver l'usage unique de ses deux jambes pour marcher. Les bipèdes ne se rendaient pas compte de la chance qu'ils avaient et c'était un vrai handicap pour lui. Il voyait tout ces mutants, tous différents mais qui avaient pour la grande majorité apparence humaine. Le garou les enviait et, plus que jamais ici, ne supportait pas ses propres pouvoirs.

Il retenta l'expérience plusieurs fois, pour parvenir au même résultat, et de plus en plus rapidement. Son corps frêle supportait de moins en moins le poids de son corps réparti uniquement sur ses jambes. C'est ainsi qu'il était là, face contre sol, avec la respiration saccadée. Des larmes coulèrent le long de ses joues. Des larmes de désespoir cette fois. Le jeune loup releva la tête et contempla ses mains griffues avant de resserrer ses points en griffant le sol au passage. Il était frustré, frustré de ne pas y arriver, frustré d'être si faible et par dessus tout, en colère contre sa mutation. Tout cela se traduisit par un hurlement du fond de ses entrailles, lourd et plaintif. Et tandis qu'il fondait en larmes, le garou se défoula sur son propre corps. Il voulait enlever cette enveloppe corporelle, redevenir humain et marcher normalement. Il se griffa aux épaules, aux avant-bras, au torse et s'arracha même quelques touffes de poils.... De ces mutilations coulèrent du sang qui se répandit sur le parquet. Josh, lui, se recroquevilla en boule en pleurant et baignant dans son propre sang. Une fois de plus, ses nerfs avaient lâchés.

Mer 31 Mar 2010 - 18:31

hall

Le beau Breton remonta dans sa chambre, chargé de victuailles et de boisson urino-citronnée. Il en était à se demander où il allait les ranger, à quel moment de l'année il les cuisinerait, quels produits toxiques il pourrait chaparder pour agrémenter les plats... mais un cri fantomatique vint lui glacer les sangs.

Il fallait toujours être sur ses gardes dans les couloirs de l'Institut, surtout si on se promenait seul. On pouvait tomber sur la dragonne, Juliette, la prof Kofman qui attendait un devoir longtemps retardé... ou la dame blanche en pleine crise de somnambulisme.

Aussi Alixtide se dirigea-t-il à pas de loup vers l'origine du bruit, ce qui le fit débarquer devant la porte de Josh et Yanis.

Il colla son oreille à la porte. Il s'ensuivit des gémissements, des bruits de frottements et de mouvements très nerveux et bizarres.

*Purin on assaisonne quelqu'un !!*

Il se souvint que Yanis avait proposé de lui ouvrir le crane. Sans doute appliquait-il sa méthode de torture contre un innocent nouveau. Après une demi seconde de réflexion Gargoyle décida de jouer les héros. Il posa son sac de déchets et prit son seau de pisse à la citronnade dans une main...

Il ouvrit la porte à la volée !

Puis prit le seau à deux mains dans l'idée de jeter le contenu sur l'agresseur !

"Hé mais purin ??"

Il retint son geste, assailli par l'odeur et la vue du sang de la bête à terre. Il regarda partout fiévreusement, le cœur battant devant l'horrible spectacle du corps mutilé.

"Il est encore là ce purin de purin...???"

Mer 31 Mar 2010 - 21:33

Josh pleurait a chaudes larmes lorsque la porte s'ouvrit brusquement. Une odeur pestilentielle s'empara des narines du garou, qui écarquilla les yeux et se retint de vomir. L'inconvénient lorsqu'on avait un odorat plus développé, c'était sans doute les mauvaises odeurs perçues de façon décuplée. C'en devenait presque insupportable.

Il releva la tête maculée de sang pour apercevoir une silhouette aux traits floutés. Ses yeux ruisselaient encore de larmes et lui donnait l'impression d'être immergé sous l'eau. De ce fait, il ne parvint pas a reconnaitre la personne qui se tenait en face de lui et qui vociférait des paroles complètement incompréhensibles. Dans son état, il n'aurait pu identifier qui que ce soit cela dit, pas même ceux avec qui il avait déjà discuté, mené une mission, ou même le prof tout rouge. Il ne put reconnaitre que la forte odeur qui se dégageait du seau. C'était une odeur de.... d'urine. Josh ne comprit pas ce que tout cela signifiait.

Sa respiration s'accéléra bruyamment a mesure qu'il essayait de déterminer qui il pouvait bien s'agir. Son stress se transforma en peur et même si l'hypothèse plus probable qu'il s'agisse d'un élève ou même son collocataire lui avait traversé l'esprit, l'idée folle qu'il s'agissait là d'un professeur le terrifia littéralement. Après tout, il ne les connaissait pas tous. En réalité, il avait discuté avec très peu de gens depuis son arrivé a l'institut. Cette idée s'imposa bien vite dans son esprit comme réalité. On était venu le chercher, le réprimander, le battre a mort pour sa bêtise, et le jeter dans le caniveau le plus proche. Et l'odeur qui accompagnait le nouveau venu n'était plus celle de déchets putréfiés, mais celle de sa mort imminente elle-même.

Sous l'emprise de ses instincts, il lâcha un autre cri et rampa tant bien que mal, malgré la douleur, jusqu'au mur opposé a la porte de sa chambre, juste sous sa fenêtre, dans une trainée de sang luisant sur le parquet. Il voulait le fuir, lui et cette odeur de mort. Le garou finit par se recroqueviller en position assise, collé contre le mur et les bras protégeant sa tête. Il sanglota de plus belle et supplia Alixtide.

Pitié...j'vous jure, j'ai... j'ai pas fait exprès! j'vais tout nettoyer promis! me frappez pas! me tuez pas!

Alixtide gardait tous ses sens en éveil, habitué qu'il était à gérer les situations de stress depuis qu'il partait en mission. Il remarqua qu'on avait déplacé tous les meubles pour faire une grande place au milieu. Il vit Josh se traîner comme un diable. Il était évident qu'il craignait pour sa vie. La menace était toujours là ! Dans cette pièce ! Avait-on organisé ici des combats clandestins ? Avec des mutants sauvages et bestiaux comme Josh, affrontant des mutants normaux dans une arène sordide ? Cette information vaudrait à Alixtide un certain nombre de Prof-points si elle était révélée à l'équipe pédagogique...

*Purin de purin !!*

"T'inquiète Bosh purin on va rien nettoyer du tout !! Faut des purins preuves de ce qui s'est purin passé ici !"

Disait-il tantôt à Josh, tantôt aux murs. Il referma le loquet de la porte, distinctement, afin de s'assurer que l'agresseur ne pourrait pas s'enfuir aussi rapidement.

Il garda dans les mains son seau, près à s'en servir ! Il s'avança dans la pièce, discret comme le léopard. Il se mit à parler à la cantonnade, regardant Josh.

"Je suis armé et j'hésiterai purin pas à m'en servir... et vu le purin mutant que tu es je suis garanti que ça te fera mal !"

Dit-il d'un air très menaçant, alors qu'un filet de sueur perlait sur sa tempe. Du pied il secoua la "jambe" de Josh.

"Hé... il est encore là ? Je te purin dénoncerai mais pas si tu me dis où est l'autre !"

Il scruta Josh pour voir si l'animal avait compris quelque chose à son verbiage. Mais le porcher restait en alerte au cas où le coupable l'agresserait à son tour.

Josh se risqua a jeter un œil terrifié a son interlocuteur lorsqu'il reprit a nouveau la parole. Le voyant, refermer la porte et la verrouiller; il prit encore plus peur qu'il n'attente a sa vie et se fasse son bourreau. Surtout lorsqu'il proféra des menaces qui, a la base, ne lui étaient pas destinées. Rien a faire, le garou ne contrôlait plus rien et les prit pour lui. il enfouit de nouveau sa tête dans sous ses bras et se plaqua encore plus fortement contre le mur.

A mesure qu'Alixtide avançait, Josh essayait par réflexe de s'enfoncer dans le mur et de maintenir la distance entre eux. Les griffes de ses pattes arrières grattaient pitoyablement le sol. Mais rien n'y faisait, il était pris au piège, fais comme un rat.

Lorsqu'il sentit le contact du pied contre lui, il tressaillit avant de hurler a nouveau de terreur. La peur le paralysait complètement et le faisait trembler de toute part. Il n'y avait plus rien a faire, a part attendre le coup fatal qui mettrait fin a son agonie. N'osant pas regarder, il préféra fermer les yeux, rongé par la terreur. Mais rien ne vint. A la place, Alixtide lui posa une question, qu'il eut du mal a déchiffrer.

Le garou ouvrit les yeux, surpris, et laissa apparaitre un oeil humide a son interlocuteur. Il bégaya tant bien que mal.

L'....l'autre?

Il resta un moment sans voix, comme s'il ne comprennait pas ce qu'il voulait dire par là. L'odeur était encore plus forte maintenant qu'il s'était approché et menaçait de le faire rendre son petit déjeuner. Son estomac se noua, se comprima violemment, et Josh dût faire un effort pour contenir sa réaction qui se faisait de plus en plus présente. Il tenta tout de même de reprendre ses esprits et bafouilla d'une voix appeurée et nauséeuse:

Il... il y a personne ici. Je suis tout seul depuis ce matin!

Ne pouvant en supporter d'avantage, il tenta d'engouffrer a nouveau sa tête tout en protégeant son museau de l'attaque de la véritable bombe chimique qu'il tenait entre ses mains. Elle avait cependant pour effet bénéfique de freiner ses instinct et de lui permettre d'avoir un tant soit peu les idée claires, ne serait-ce que pour s'exprimer.

Pitié! Me tues pas! Éloignes ton truc de moi, c'est horrible!

Alixtide scrutait la pièce, tentant de vérifier les informations de Josh. Il n'y avait pas de mutant invisible à l'Institut, et à première vue... en effet il n'y avait personne. L'agresseur avait fui plusieurs heures auparavant sans doute, laissant Josh pour mort... et ce dernier avait sans doute sombré dans l'inconscience...

*Purin...*

Mais un truc clochait, et le vif esprit du porcher le remarqua. Quel mutant avait pu laisser des traces de griffures et d'écorchures sanglantes sur le corps du garou ? Mina avait bien de telles capacités, mais elle se trouvait avec Alixtide et les LateX dans le hall, et le Breton n'avait vu aucune trace de sang sur son pantacourt.

Il fronça les sourcils. L'odeur que dégageait Gargoyle était en effet difficilement soutenable, le stress augmentant la transpiration qui tapissait son corps jamais savonné. Dans le large tee-shirt vert bouteille de Niko, Alixtide se sentit soudain vraiment peu équipé, même pratiquement à nu, pour affronter un monstre de bestialité comme Josh.

"Quoi pitié ?? Quoi mon truc ??"

Il regarda le corps sanguinolent, rabougri, pitoyable du garou. Le spectacle d'un tel monstre se recroquevillant et s'abaissant ainsi était un véritable non-sens pour Alixtide. Et c'était lui que la bête accusait d'un futur meurtre sur sa personne ! Le monde à l'envers !

"Mais alors tu t'amuses à quoi là purin ?? T'as même pas de perfusion !!"

Il revit en flash le visage et le corps du vieux pépé Mannière, dont Alixtide avait arraché la perfusion sanguine en croyant empêcher une manifestation de pouvoir mutant. Mannière ! Encore un type qui se prétendait la puissance et qui était pourtant mort des mains d'un mutant innocent et incapable ! Alixtide voyait rouge devant cette ignoble hypocrisie du genre mutant-dangereux.

Il arriva sur Josh et s'assit sur lui, lourdement et brutalement, appuya sa main sale sur le cou poilu et affreux de l'homme-bête et de l'autre main, suspendit le seau ignoble au dessus de sa tête... dans l'intention évidente d'en déverser le contenu directement dans son œil.

"Y'en a marre de vous... A prendre les gens normaux pour des faire-vouloir..."

Dit-il tout bas, résolument et fermement, comme une sentence.

Josh ne comprit rien au baratin d'Alixtide, qui semblait complètement décousu a ses yeux. Ses paroles menaçantes accentuèrent davantage sa peur envers l'individu a la forte odeur. Ils étaient tous fou dans cet institut. Pourquoi mentionnait-il une perfusion? ça n'avait aucun sens pour le garou.

Voyant qu'il n'éloignait son affreux seau souillé, il leva fébrilement le bras pour tenter d'ouvrir la fenêtre et respirer un peu d'air frais. A peine eut-il levé le bras qu'Alixtide s'assit violemment sur lui. Josh se retrouva museau contre terre et gémit de douleur. Le bougre, non content de manquer de lui casser une côte, s'était assis sur une de ses plaies.

Et une fraction de seconde plus tard, Josh qui avait encore la gueule ouverte, sentit une effroyable étreinte sur son cou. Il était là, a marmonner quelque chose d'encore plus incompréhensible que tout le reste, menaçant de lui déverser le contenu de son seau en pleine face. Un flash de bête enragé voila sa vision l'espace d'une fraction de seconde.

Elle était là, au fond de lui. Elle grondait, elle bouillonnait comme une cascade en furie, un fleuve déchainé de colère et de haine. La bête avait fait son bout de chemin et se retrouvait aux premières loges de son esprit. Elle le brutalisait, lui, le sommait de la laisser prendre le dessus, de lutter pour leur survie et de finir ce qu'ils avaient commencé avec Isabella. Elle voulait le le tuer, le broyer et le déchiqueter comme une vulgaire proie.

Non!!Hurla Josh a haute voix.

Trop tard. Elle avait déjà pris le dessus. Alixtide avait répondu a un quiproquo par la violence, c'était surement la dernière chose a faire avec une bête aussi instable que lui. Et il conclurait lui aussi par la violence. Ses rétines se rétrécirent pour que le monde autour de lui s'assombrisse. Alixtide était le seul a avoir conservé ses couleurs d'origines. Il resplendissait presque comparé au décor. Il n'y avait plus que lui qui comptait, il était devenu son ennemi, sa proie.

Ses poils s'hérissèrent en pique et ses tremblement de peur se transformèrent en véritable spasmes de fureur. Josh ne prononça même plus de parole. Rien que des sons bestiaux, preuve qu'il avait bel et bien perdu le contrôle de lui-même.

La deuxième erreur pour Alixtide était de ne pas avoir entravé a Josh l'usage de ses griffes. Le garou rugit lourdement et se débattit comme un diable enragé et lacéra profondément tout ce qui était a sa portée, en commençant par les cuisses de son opposant.

Alixtide entendit le hurlement emplit de négation que put émettre la tête de loup. Ainsi il n'avait pas envie de recevoir la citronnade urinée de Rachel sur la tête ? Le Breton vit avec curiosité et vif intérêt les changements de diamètre de la pupille du vaillant garou. Se révélait-il enfin dans toute sa mutanité ?

Il sentit ensuite une onde sauvage hérisser les poils du corps velu qu'il chevauchait. Le cœur de Captain Porco commença à battre plus vite. Puis des grondements animaux s'ensuivirent, résonnant dans la gorge et la cage thoracique de la bête immonde. Alixtide se sentait bientôt devenir tout bête et insignifiant devant tant de puissance ventrale. Ah que cette odeur de sang et de sueur animale lui plaisait ! Ca lui rappelait Heike en mieux. Le sang en plus.

L'onde sauvage prit de l'ampleur, et Gargoyle sentit lui aussi son sang bouillir dans ses veines. Josh se secoua et une indescriptible douleur aiguë perfora les cuisses de l'innocent porcher. Alixtide ne put retenir un cri de douleur interminable qui venait du fond de ses tripes.

Il laissa évidemment choir le seau, son contenu en premier, sur la gorge et la poitrine écorchée du loup en furie. Sans doute le mélange acide de citronnade et d'urine ne laisserait pas indifférentes les plaies récentes du loup. Mais ce geste ne relevait que du réflexe pour Gargoyle.

Débarrassé du seau, il mit fébrilement les mains à ses jambes pour tenter d'enlever et retenir les pattes griffues de Josh qui lacéraient sa chair, tandis que le sang imbibait à grande vitesse les lambeaux de son pantalon.

"AAAaaaaAAaaah... Aaaah pu.. aaAAAAaHH!!!aaaAAaaaaaAAh..."

La douleur était si intense qu'il en eut les larmes aux yeux et se sentit défaillir.

[HRP]juste pour prévenir. je ne compte tuer aucun PJ[/HRP]

Le seau retomba bel et bien sur le corps mutilé du loup. Le liquide lui brûla ses plaies béantes, le faisant rugir de douleur. Il délaissa un court instant sa victime pour se passer machinalement les mains sur son cou et son torse. Il se retrouva bien vite couvert du sang de sa victime. Mais cette réaction n'eut pour effet que d'attiser d'avantage sa colère. Il prit un air furieux, et s'empressa de faire taire le pauvre Alixtide en plaquant violemment sa main monstrueuse sur sa face. Il referma aussitôt son étreinte jusqu'à perforer les joues de sa proie. Lentement, il repoussa le visage de Gargoyle sur le côté, au point de le forcer a se retrouver a terre a son tour, face contre sol. Il s'assura de l'empêcher de bouger en appuyant de tout son poids sur une patte arrière plaquée sur le milieu du dos.

Lui aussi se retrouva couvert de sang. Son propre sang, sa propre chair que le garou s'évertuait a déchiqueter jusqu'à la plus petite portion. La bête échangea un regard enragé avec sa victime. Ce n'était plus Josh, cela se lisait dans son regard glacial. Il n'y avait pas cette petite étincelle d'humanité qui animait d'habitude ses yeux, pas plus que son traditionnel regard fuyant ou apeuré. Ce qui était devant Alixtide se résumait a un être régis par ses instincts meurtriers, une bête sans foi ni loi qui ne reculerait devant rien pour assouvir sa soif de sang. Elle avait sommeillé en lui pendant trois longues années, attendant patiemment son heure. Et ce jour était venu. Le pauvre porcher avait poussé Josh, la bête en avait profité. Et elle réclamait son dû aujourd'hui.

Le corps en feu du loup ne l'empêcha pas de sourire. C'était un véritable sourire de fou furieux, jouissant de l'agonie de sa victime.

*Arrête! Mais arrête! Tu vas le tuer! Fais pas ça! J't'en supplies, arrête!*

Le véritable Josh hurlait au très fond de son âme, essayant de contenir les assauts de la bête enragée, pleurant a chaudes larmes. Mais rien a faire, il n'avait aucun contrôle. Seules quelques larmes parvinrent jusqu'aux yeux de la créature qui fixait Alixtide. Et elle continuait a sourire.

Puis elle approcha sa gueule, bavant a l'idée de croquer de la chair et de lui briser les os. Il rugit du fond de ses entrailles. Un son terrifiant et insoupçonné qui poussait a bout ses fragiles cordes vocales. De sa patte libre, il empoigna une épaule qu'il transperça de ses griffes ensanglantées. Ne le ménageant aucunement, la bête le releva et se prépara a l'envoyer défoncer la porte de sa chambre. Elle allait jouer avec lui, lui apprendre la souffrance et la douleur et qu'il le supplie de l'achever sans délais.

Alixtide n'eut qu'un bref instant de répit, pendant lequel il chancela en voyant ses jambes en lambeaux. Mais la bête sortie des enfers lui sauta à la gorge pour l'étouffer ou le dévorer ou pire ! Le Breton complètement abasourdi peinait à résister, ses mains repoussant désespérément la masse de poils ensanglantée qui le mettait à terre. Les cris de souffrance et de peur panique du LeX étaient étouffés par la pogne velue du monstre.

Gargoyle se débattit mais les griffures sur ses joues le pétrifièrent de douleur et d'horreur. Il croisa le regard dément du démon, qui, comble du sadisme, semblait pleurer de joie ! Alixtide ne put que lui renvoyer un regard égal à celui de l'antilope qui se sait condamnée car déjà attrapée par le fauve. En plus, ses jambes étaient hors course et comble de malheur, la porte était verrouillée. Le coeur du mutant battait si vite et si fort qu'il n'entendait plus que lui. Il allait mourir, c'était la fin.

Alors une gueule ignoble sertie de bave dégoulinante s'ouvrit devant la figure immobilisée d'Alixtide. Puis déboula un rugissement qui lui glaça les entrailles. L'haleine agressive du loup envahit sa gorge et ses poumons. Alixtide hurla un "noooooooooon" le plus expressif et articulé possible, redoublant d'efforts pour qu'une âme errante l'entende malgré tout.

Ses hurlements étouffés montèrent en flèche quand l'ignoble bête lui lacéra l'épaule. C'était certain, il allait se faire bouffer et la prochaine griffure serait la dernière. Dans sa confusion extrême, Alixtide voyait néanmoins un espoir dans le fait que le monstre ne lui ait pas encore tranché la gorge.

Au contraire, celui-ci changea de tactique, éloignant ses griffes et sa gueule de la tête du mutant. Josh essaya de soulever Alixtide, mais le porcher, même saigné, pesait son poids.

Alixtide ruisselant de sang et de bave, était incapable de se tenir sur ses jambes, mais il empoigna les bras du loup furieux, serra et prit de l'air pour tenter de communiquer. Il pesait de tout son poids mort pour empêcher que la bête le soulève.

"Ar... ARRETE !!! Aarr..."

Sa conscience chancelait... mais que dire d'autre, et vite ?? Avant de sombrer et d'être dévoré vif ou autre ? Il avait la bouche pâteuse à cause de la poigne étouffante du loup.

"ATTENDS... attends, purin !! "

Alixtide tenait les bras du loup avec force, le tirant vers le bas et tenta de capter son regard dément.

"Faut tout qu'on nettoie ! Bosh !! Les profs vont nous tuer ! Nanis aussi !! B...Bosh ?...aah"

Sa voix étranglée vacillait. Son épaule, son visage, ses jambes le brûlaient atrocement. Mais il s'agrippa au loup avec l'énergie du désespoir tant qu'il était encore conscient.

Chambre de Vadim

Cassandre s'était arrêtée, le souffle court, devant la porte de la chambre de Yanis et Josh. En se rapprochant, elle avait distingué de plus en plus clairement les suppliques et hurlements qu'elle semblait receler, de même que des bruits sourds évoquant une lutte. L'aveugle, qui avait pour une fois mit son pouvoir en sourdine dans la chambre de Vadim, se retrouva rapidement devant l'obligation de le réactiver pour comprendre ce qui se passait. La vision qu'elle eut la frappa d'horreur. Toute couleur, s'il en restait, quitta son visage tourmenté.

Avant même de dire quoi que ce soit, elle tenta de faire jouer la poignée pour entrer, mais ce fut en vain. La porte semblait fermée. Sibylle jura en grec de frustration en agitant bêtement la poignée. Deux élèves gisaient dans leur sang de l'autre côté de cette porte, et elle était totalement impuissante, trop frêle pour la forcer. Si seulement Vadim était là : il aurait défoncé la porte du revers de la main.

Une main secouant toujours la poignée, l'expression déchirée par l'ampleur de ce qu'elle savait se passer de l'autre côté, elle frappa frénétiquement à la porte de sa main libre, priant pour qu'il ne soit pas trop tard.

"JOSH ! Ouvre cette porte !" lança-t-elle avant de se mordre la lèvre inférieure d'inquiétude. C'était bien l'une des rares fois où elle était forcée de crier pour se faire entendre des élèves.

Dans un réflexe désespéré, elle activa son communicateur sur la fréquence de Vadim, avant de se rappeler qu'il était en Afrique du Sud. Quelle imbécile ! Elle bascula sur le canal d'Adam.

"Adam, c'est moi. Il y a un gros problème au dortoir des garçons, j'ai besoin de toi. Viens vite !" lui envoya-t-elle, une note d'urgence dans la voix. Le directeur adjoint la connaissait suffisamment pour déduire qu'il n'était jamais bon que la pythie de l'Institut soit inquiète. Son vieil ami et elle avaient pansé bien des blessures ensemble depuis leur arrivée à l'Institut...

Sur ce, elle continua d'appeler Josh à la porte en espérant qu'il l'ouvre avant que Loom ne tronçonne toute la pièce.

Le loup ivre de rage tentait tant bien que mal de soulever Alixtide, qui commençait a sombrer. Le bougre pesait son poids et les blessures du garou n'aidaient en rien. Ses forces s'amenuisaient et c'était là un vrai tour de force.

Le pauvre porcher communiqua non sans mal et tenta de le raisonner en le suppliant. Rien n'y faisait, le loup était décidément trop enragé pour écouter quoi que ce soit. Cependant, une de ses phrases toucha au but. Le fait de mentionner que tout devait être nettoyé rappela a la bête, l'espace d'un flash ce qu'il s'était passé quelques minutes plus tôt. Il se revit lui même suppliant Alixtide en promettant qu'il nettoierait tout. Ces deux petits mots avaient soulevés un brin de conscience que le monstre eut du mal a concevoir et appréhender.

Sa respiration saccadée s'apaisa un instant. Il en fut de même pour son étreinte. Bien qu'il avait encore les mains sur l'épaule et la figure du mutant, la pression s'était relâché d'un cran. Le loup prenait un air agar, comme s'il était devenu brusquement absent de la situation. Même son regard glacé semblait s'être apaisé et une petite lueur était née dans ses yeux. un mal de crâne commença a s'installer.

Dans les frontières de son esprit, Josh luttait de toutes ses forces pour reprendre le dessus. Il exhortait la bête de repartir, de les laisser tranquille. La négociation du porcher et la fatigue cumulée faisaient flancher ses instincts meurtriers.

"Je...."

Soudain, la porte toqua. Le garou vint poser son regard sur la poignée de la porte qui s'abaissait machinalement sans résultat, lorsqu'il entendit une voix familière crier son nom.

Pour la première fois, la bête eut réellement peur pour sa vie. Les instincts eurent tôt fait de balayer un semblant de révolte de la conscience de Josh. Tout le travail d'Alixtide était tombé a l'eau avec l'arrivé de Cassandre et l'animal était redevenu fou furieux. Son regard redevint bien vite aussi glacial et son étreinte se resserra subitement. Il n'avait qu'une idée en tête, balayer tout ceux qui attenteraient a sa vie. Et la bête ne voyait en les profs non pas des gens qui voulaient l'aider, mais des ennemis prêts a l'abattre. Ils le renvoyaient indéniablement a cette partie de chasse dans le domaine du comte, où il avait été traqué comme du vulgaire gibier, lui et d'autres mutants.

Le garou se concentra a nouveau sur le pauvre Alixtide, qui le tenait les bras. Il fallait le neutraliser avant d'aller s'occuper des autres. C'est pourquoi il donna un violent coup de genou sur le plexus, en espérant qu'il soit suffisant pour qu'il lâche prise, avant de se ruer tel une furie sur la porte de sa chambre.

Alixtide se sentait mal, ses forces l'abandonnaient peu à peu et le monstre pouvait l'achever à tout moment. Il regarda d'un oeil torve la réaction de Josh à sa dernière tentative. La bête sembla y réfléchir. Du moins c'est ce qui lui semblait, mais Gargoyle n'était sûr de rien dans son état. Il repensa à Niko, et il entendit soudain une voix. Hourra ! On venait à son secours ! C'était celle de la dragonne... non ! Celle de la Dame Blanche ! Elle appelait Josh, et prononcer son nom humain contribuerait sûrement à le ramener à la raison.

Le Breton crut répondre à Cassandre, pour lui confirmer qu'il était là et que tout allait mal, mais Josh resserra encore son étreinte, blessant encore plus son visage. Alixtide était déjà hors du match, et un coup sourd le frappa au ventre. Cette douleur fulgurante estompa un instant toutes les autres. Le porcher lâcha prise et tomba lourdement au sol quand le monstre décida de le laisser.

Tout bavant et suintant de sang, le brave Breton lacéré resta gisant et inconscient, tandis que la bête s'attaquait à la porte.

Après s'être entretenu avec un policier qui avait du mal à comprendre qu'aucun pensionnaire de l'Institut Xavier n'était un vil tortionnaire qui s'amusait à décharner les passants, Adam monta rapidement dans les chambres pour voir Cassandre à la porte, qui semblait manifestement très inquiète.

Arrivant sur place, Adam jeta un regard interrogateur à Cassandre, qui ne pouvait naturellement pas le voir, et plaça son oreille à la porte pour écouter les bruits de lutte, ce qui lui fit barrer son front d'une ride de perplexité et d'inquiétude.

"Bon... Accroche toi Cassie, je vais ouvrir la porte."

Adam introduisit alors son doigt dans la serrure, chercha quelques instants d'un air concentré, puis déverrouilla, avant de se mettre sur le côté, et d'ouvrir la porte via un bras très légèrement allongé.

La porte s'ouvrit sur le garou qui fonçait sur eux. Surpris qu'elle se déverrouille, il donna un léger coup de patte sur un coin de la porte, comme s'il s'agissait d'une proie, et en arracha un pan avant de se retrouver dans le couloir face aux deux professeurs.

La bête leur faisait face, munie d'un débardeur et d'un pantacourt, tout deux tâchés de sang et déchirés a de multiples endroits, donnant sur des plaies béantes d'où s'écoulaient des petits filets de sang. Il gouttait sur le sol tranquillement et avait déjà taché une partie du couloir ainsi qu'une partie du mur.

Il les fixa un moment en grognant et en montrant les crocs. Sa tête était tellement maculée de son sang et de celui d'Alixtide qu'il donnait l'impression d'avoir commis l'irréparable et s'était gavé de ses entrailles. Il n'en était rien, heureusement pour la pauvre victime qui gisait inconsciente dans la chambre. Pour l'heure, le monstre semblait plutôt s'occuper de la menace plus grande encore que représentaient les deux professeurs réunis.

Son corps frêle et blessé tremblait tant il était épuisé. Mais l'esprit était toujours aussi vif et ivre de rage. Josh quant à lui n'y arrivait pas. Il se sentait submergé par le flot de haine et de colère et ne parvenait pas a remonter a la surface, a faire émerger sa conscience. Lui voyait un espoir dans les professeurs. La bête n'était pas de cet avis et ne désirait que écarter la menace.

Il regarda tour a tour Cassandre et Adam, et se prépara a charger. Toujours régis par ses instincts, le corps bougea tout seul pour s'élancer sur celle qui semblait la plus faible. Cassandre d'apparence semblait une proie facile: elle était frêle et aveugle. Mais c'était un professeur...

Foyer

Et ce fut de ce même pas gaillard qu’il pénétra dans le couloir des chambres des garçons, juste avant de se figer devant le spectacle qui se déroulait juste sous ses yeux, à quelques pas de la porte de sa chambre. Un loup-garou, très vite identifié comme étant le Josh de l’Institut, se tenait, les vêtements imbibés de sang, sur le pas de sa porte, entre Adam et la belle Cassandre. Visiblement, la situation n’était pas banale, et reflétait même une certaine tension. Josh ressemblait plus à un animal sauvage et meurtrier qu’au brave garçon qu’il pouvait être, quand ses instincts le laissaient tranquille. Les yeux gris de Lucas étaient figés dans une expression de surprise béate, et s’agrandirent soudainement lorsque l’homme-loup regarda avec une lueur meurtrière dans les yeux la frêle et superbe Cassandre Deneos. Le sang du suédois ne fit qu’un tour…

« JOSH !! »

Mais c’était trop tard, déjà la bête fonçait vers sa proie. Instinctivement, Lucas activa son pouvoir diamantin, se parant d’une peau solidifiée de purs cristaux, et fonça vers le mutant déchaîné. Oh il avait le beau rôle, et passerait sans doute pour un pauvre ridicule devant les deux professeurs. Comme s’ils ne savaient pas se sauver la peau entre eux… Adam aurait pu trancher Josh en fines lamelles en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, et Cassandre avait certainement prévu le pétage de câble du canin enragé, pour mieux parer son coup dévastateur…

Mais là, sur le moment, Lucas n’en avait cure. Josh menaçait sa Cassandre, il voulait attenter à sa vie, à sa beauté, à son corps irradiant d’une douce sérénité pour la briser entre ses griffes et ses crocs ensanglantés. Il ne pouvait pas laisser faire ça, jamais, jamais. Il arriva en quelques pas près de la scène et tenta de s’emparer de Josh entre ses bras diamantins pour l’empêcher d’atteindre Cassandre, pour l’éloigner de sa protégée, pour qu’il la laisse et ne lui fasse aucun mal. Maîtriser la bête pour que Cassandre soit sauve, c’était la seule pensée qui habitait son esprit…

La présence de son vieil ami auprès d'elle apaisa quelque peu Cassandre, qui s'éloigna de la porte pour laisser Adam opérer. Alixtide avait vraiment le don pour se mettre dans de sales draps, au sens propre comme au figuré. Combien de séjours à l'infirmerie avait-il faits ? Combien de fois avaient-ils dû le soigner pour ses bêtises ? Seulement pour une fois, il n'était pas responsable de son sort.

Mais l'heure n'était pas au comptage de points. Un bref aperçu psychique de la pièce et du piteux état des deux combattants mit cela au clair dans l'esprit de la Grecque. L'odeur écoeurante d'amoniaque et d'hémoglobine mêlés prirent d'assaut l'odorat exacerbé de la non-voyante, tandis que le grognement bestial de Josh lui faisait froid dans le dos. L'homme-loup n'avait pour l'heure plus grand-chose du jeune homme introverti qui étudiait à l'Institut. Ils allaient devoir le calmer sans aggraver ses blessures, ce qui nécessitait une intervention réfléchie et mesurée de leur part.

Alors que Garou s'avançait sur le seuil, Cassandre calculait à vitesse grand V la solution qui résoudrait le problème avec le moins de casse. C'est alors qu'elle perçut la variable Lucas approcher du couloir. Elle se frotta le front, embêtée par la tournure que prenait le futur imminent, d'une part parce que l'afflux de spectateurs ne ferait qu'envenimer une situation déjà critique, et d'autre part parce que dans sa précipitation, elle avait laissé le sac contenant les affaires destinées à Vadim sur le seuil de la chambre de son collègue, sans la refermer. La confession défendue de Lucas à son égard était encore vivace dans son esprit, et elle espérait qu'aucun débordement n'ait lieu en présence d'Adam. Après tout, elle n'en avait parlé à personne, pas même à Esther malgré son insistance.

Intégrant cette nouvelle donnée au problème, elle finit par prendre la parole, une fois le chemin qu'elle avait choisi tracé dans son esprit.

"Adam, occupe-toi de Josh." dit-elle à Loom, avant d'esquiver sans mal l'attaque du prédateur. Elle profita de son déplacement pour intercepter la ruée de Lucas, le saisissant par les épaules, et se servit de son élan pour le plaquer contre le mur lambrissé du couloir avant qu'il ne puisse toucher l'élève bestial. C'était une chance qu'elle sache quand et comment passer entre les gouttes, sans quoi elle ne serait probablement pas sortie indemne de la charge de Josh autant que de celle de Lucas.

Désormais de nouveau maîtresse d'elle-même, le visage à quelques centimètres de celui du mutant, son regard opaque sembla chercher quelque chose dans le vide tandis qu'elle se projetait dans les possibles immédiats.

"Ne fais pas de geste brusque, il n'est plus lui-même." expliqua-t-elle à Rock. "Si tu veux nous aider, il faudra emmener Alixtide à l'infirmerie de toute urgence." ajouta la mutante blême au leader des LeX.

Et le fauve était lâché. Un vrai spectacle de cirque pour le coup, s'il n'avait été d'un innocent spectateur qui passait par là, et qui fut rapidement réorienté par Cassandre la videuse. Donc, s'occuper de lui... Sans le découper en tranches, naturellement, cela signifiait l'envoyer en cellule de dégrisement.

Tout en s'avançant vers le loup, Adam écarta les bras et s'étira en un grillage digne des meilleurs zoos, histoire de séquestrer la bête.

La charge du garou rata lamentablement, qui manqua pour le coup de s'esclaffer contre le mur opposé. La belle Cassandre avait plus de ressources que le prédateur ne l'avait supposé. La créature semblait réellement fatigué et mit plusieurs secondes a se remettre en position d'attaque.

Lorsqu'elle se retourna, elle aperçut Lucas. Les souvenirs de son "colocataire" Josh lui apprirent qu'ils s'étaient déjà croisés quelques fois, sans réellement discuter. Mais il était déjà transformé. C'était en soit un autre acte d'agression envers la bête qui voyait rouge. Elle les haïssait, eux qui voulaient se battre, eux qui voulaient se charger de lui. C'était pure folie que d'attaquer deux professeurs et un élève qui semblait avoir développé un gros potentiel de son pouvoir tel que Lucas. Josh, s'il avait été dans son état normal aurait sans doute fui, bien qu'il n'aurait jamais eut l'intention de provoquer la situation dans laquelle il se retrouvait. Et pour couronner le tout, il n'était même pas aux commandes. Preuve en était, la bête était bien décidé a combattre, aussi acharnée qu'elle était.

Seulement, Adam n'avait pas l'intention de le laisser atteindre sa cible. Il avait déjà érigé sans un mot un épais grillage de fibre. La bête fronça les sourcils. Elle se sentait encore plus acculée, enfermée et prise au piège.

Il haleta, tentant de reprendre son souffle avant une nouvelle charge. Puis elle se lança dans un assaut enragé contre la grille de fibres. Elle donna de grand coups de griffes, s'acharna comme un endiablé sur l'obstacle devant elle en hurlant a la mort pour atteindre Cassandre et la broyer.

Le loup n’avait plus aucune importance…

Tout s’était passé si vite. Lucas avait à peine eu le temps de voir Cassandre éviter l’assaut de Devil-Josh qu’elle s’était retrouvée dans l’axe de son assaut défensif. Il n’avait rien su faire, s’était retrouvé totalement la marionnette de celle qu’il adulait. Entre ses mains habiles, sans même le vouloir, il venait de se faire plaquer contre le mur du couloir, en un soupir de surprise, le souffle coupé par le revirement de situation.

Le loup n’avait plus d’importance, Adam s’en occuperait. Il s’en chargerait à merveille, qu’importe la forme que cela prendrait. En lamelles ou en morceaux, Josh ne serait bientôt plus un problème. Et aussi incongrue qu’elle était, cette idée ne marqua même pas l’esprit du suédois. Toute la compassion qu’il aurait eue habituellement n’existait même plus. En rien, le loup n’avait plus aucune importance.

Ce qui en avait, c’est qu’Elle était là, proche, menaçante et protectrice, dangereuse et si belle… Les yeux gris de Lucas étaient plongés dans ceux, opalins, de la divine devine de l’Institut. Elle était belle, trop belle, et Lucas, tout rocher qu’il était, sentait son esprit défaillir, sa raison l’abandonner. Cette proximité était comme un poison agréable, s’insinuant dans ses veines pour parcourir tout son corps et instiller son mal tout en déconnectant l’esprit de toute sensation désagréable.

Plus rien n’existait autour, autre que Cassandre, ses yeux et sa voix, qui rythmait l’instant magique que le mutant vivait. Pas de mouvement brusque, Alixtide à l’infirmerie… Les mots coulaient sans prendre leur sens complet, comme si la voix qui les prononçait absorbait toute leur substance sémantique.

Elle était si proche, si belle… Et lui si faible. Il avança son visage pour l’embrasser, glisser ses lèvres contre les siennes…

*Non !*

Trop tard. Qu’importe le résultat du baiser, elle l’avait sans doute deviné. Et lui l’avait acté de toute son inconscience. Si sa peau diamantine n’avait pas déjà été blanche, il aurait pâli à l’extrême. Toute couleur aurait abandonné son visage.

Etouffant sa respiration, Lucas se dégagea tant bien que mal de l’étreinte de la psychologue.

« Je… »

Qu’importaient des excuses, dans ce moment ? Et comment aurait-il pu les formuler ? Il n’en savait fichtre rien. La seule solution était la fuite. Lâchement, il se tourna vers la chambre du garou auto-possédé, celui-là même qui se faisait encager par Adam. Alixtide gisait dans son propre sang. Et Lucas manquait de défaillir, plus à cause du moment que de la vision de son coéquipier blessé. Il avait la tête qui tournait, et s’agenouilla près du blessé… Prendre une respiration avant de l’emporter.

Plus rien n’avait d’importance…

Ayant entrevu le geste de Rock, Sibylle fit un pas en arrière au moment exact où il s'avançait vers elle pour maintenir l'espace qui les séparait, libérant par la même le mutant.

Elle était furieuse contre elle-même. Malgré ce qu'il avait pu en dire lors de leur dernier entretien, l'affaire était loin d'être close, et elle n'avait rien su faire pour désamorcer le problème. Elle avait beau tenir passé et futur au creux de sa main, elle avait beau avoir été formée pour aider les autres, il restait un écueil qu'elle ne savait contourner.

"Lucas... Non." fut tout ce qu'elle parvint à dire, avant de détourner la tête, la mine soucieuse et tendue. Le jeune homme quant à lui, sembla se reprendre, puisqu'il se rendit auprès de son coéquipier.

Il lui faudrait revenir sur cet incident plus tard, pensa Cassandre avec frustration. Le statu quo ne pouvait plus durer, visiblement. Et Adam qui était là... Elle espérait que l'emprisonnement de Josh l'avait trop occupé pour voir ce qui avait failli se produire. Elle ne souhaitait pas compliquer une situation déjà passablement complexe et inextricable.

La non-voyante contourna prudemment le grillage qu'avait érigé Adam jusqu'à la chambre de Vadim, dont elle referma la porte, avant de saisir le sac de sport qu'elle avait laissé sur le seuil.

"Je vais préparer l'infirmerie." lança-t-elle à son collègue avant de remonter le couloir au pas de course, faisant fi des grognements de Josh à son encontre ; elle savait qu'Adam parviendrait à ses fins.

Infirmerie

Lucas, non… Voilà ce qu’il aurait du se dire, une fois de plus. Voilà ce qui aurait du se manifester plus tôt, plus fort dans son esprit… Et pourtant, il l’aurait sans doute quand même fait. Enfin, essayé de le faire. C’était plus fort que lui, c’était une chose qui le dépassait complètement, sur laquelle il n’avait aucun contrôle d’aucune sorte. Il ne savait pas s’il regrettait ou non sa tentative audacieuse et inconsciente, mais il se devait de s’excuser auprès de Cassandre pour son geste déplacé. C’était la moindre des choses. Il ferma un instant les yeux et chassa lentement tout l’air de ses poumons.

Lorsqu’il les rouvrit, il vit Alixtide, inconscient, baignant dans son sang, juste devant lui. Au diable ses problèmes personnels, son coéquipier avait besoin de lui. De ses précautions et de sa rapidité d’action dépendait sans doute la vie du porcher massacré par un loup-garou enragé. Avec prudence, il s’empara donc du puant pour le hisser sur ses épaules. Il retourna ensuite dans le couloir, en croisant Adam-cage et Josh-rage sans leur dire un mot. Il devait se hâter sans trop bousculer son chargement. Il se rendit aux escaliers et descendit tous ceux-ci jusqu’à se retrouver dans les sous-sols, direction l’infirmerie…

Infirmerie