Re: Chambre de Georgia

Infamie, carnage et désolation! Alixtide était en train de faire sauter les derniers verrous de patience et de tolérance de Hjördis qui se redressa vivement. Comment osait-il oser poser ses pieds noirs de crasse sur SON dessus de lit blanc immaculé! Et se prélasser de la sorte sur SON lit!!!?? La coupe était pleine!

Commençant à faire craquer ses phalanges meurtries par les coups contre le poteau, elle se demandait vaguement si elle risquait quelque chose en lançant par la fenêtre de l'étage un autre membre de l'Institut. Bon, tout dépendait de l'importance des blessures qu'il risquait de prendre en atterrissant... Un coup d'œil vers son oreiller et ses derniers scrupules s'évanouissaient comme neige sur magma.

Alors qu'elle allait empoigner le jeune homme, il reposa sa question de façon différente. L'anglais bizzaroïde sonnait à ses oreilles comme une langue inconnue et elle dut réfléchir à trois fois avant de comprendre le sens profond de cette question. Se penchant en avant en prenant appui avec ses poings sur le matelas, elle tacha d'articuler clairement tant elle serrait les dents de colère.

"Le pire que je pourrais faire, ce serait tuer quelqu'un en le changeant en statue de glace. Maintenant, je te rappelle que je ne t'ai PAS invité à t'étaler sur MON lit."

L'histoire du pouvoir pervers du nouveau lui passa au-dessus de la tête vu qu'elle était passé en mode "je vois plus rien et j'entends pas plus" mais elle ne put ignorer l'arrivée de Kate. Surprise, Hjördis se rejetta en arrière.

Arborant un sourire plein de dents, Miah commençait à comprendre l'intérêt du jeu. On payait d'un moment peu appréciable la franche rigolade de voir ensuite les autres répondre à vos questions ou défis. Et quitte à être cruel, autant ne pas prendre de pincettes : la tronche que tirait Kate à cet instant valait bien tous les trésors du monde ... Elle allait abandonner c'est sûr, et il pourrait décréter ce jeu primaire fini, aller se pieuter dans une zone non-sinistrée et demain, il pourrait envisager de leur apprendre ce qu'était un vrai jeu où personne n'obligeait à se dévoiler avant de pouvoir s'amuser.

Son sourire disparut cependant bien vite pour laisser placer à une expression d'étonnement pur : bouche entrouverte et yeux exorbités, il suivit impuissant la trajectoire de la jeune fille bondissant tel le kangourou de son pays d'origine vers la source de toutes les puanteurs de la chambre.

"Woah. Je suis très impressionné ._.." Lâcha-t-il avec sincérité en observant d'un air encore sceptique le tas de mutants vautrés sur le lit.

Un peu plus tôt, Alixtide avait changé de position mais ça n'avait pas empêché Hjördis de s'approchait d'un air menaçant. S'il avait été l'odorant personnage, Miah ne se serait pas risqué à énerver une géante des neiges. Surtout qu'il l'avait rencontré en plein entraînement, une géante qui fait des arts martiaux c'est peu commun -il avait plutôt l'habitude de ceux qui s'amusaient à piétiner tout sur leur passage- mais ça devait fracasser sec, surtout quand elle arborait cet air furieux.

"Hum. De toute façon, on va arrêter les frais là ... Non ? Enfin vous faites ce que vous voulez, moi j'en ai ma claque, j'vais aller me poser. La visite pourra attendre."

Quand on ne s'appelait pas Conan et qu'on avait un pouvoir qui ne faisait peur à personne, il n'y avait qu'une réaction possible devant les géants en colère : la fuite ! Quand la rage les aveuglait, ils avaient une certaine tendance aux dommages collatéraux, et il ne tenait pas à en devenir un. Se relevant avec plus de légèreté que ne l'aurait laissé présupposer sa position avachie, il récupéra son sac. Surtout, pas d'accroc, pas de heurts : on prend la clé, on ouvre, on récupère, on referme, on rend la clé, tout ça en dérangeant le moins possible la blonde walkyrie qui fixait toujours son ennemi avec rage.

"J'vous laisse hein ._.."

Disparaissant par l'entrebâillement, il referma doucement la porte comme craignant une explosion imminente que le moindre souffle d'air pourrait déclencher. Porte qu'il dut cependant bien vite rouvrir :

"Hmm ... Quelqu'un peut me montrer le chemin de l'aile des garçons ?"

Regard insistant à Kate. Après tout, c'était bien le moins qu'il puisse faire : elle était plus en danger que lui étant très proche d'Alixtide, et c'était sa faute. Sans attendre de réponse, le jeune homme disparut de nouveau dans le couloir.

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Chambre de Jason et Jeremiah - Saut temporel]

Alixtide était au comble du bonheur de vivre un tel moment de fraternité avec ses camarades mutants. Son sourire béat restait affiché quand il observa les mouvements de Hjördis, plutôt saccadés et menaçants. Il eut souhaité lui bondir dans les bras, pour la remercier de son invitation.

Il alla lui répondre lorsque soudain, Jérémiah proposa une action somptueuse, géniale, magnifique. L'intellectuel des médias gagna un score maximal dans l'estime du mutant porcher. Son regard brilla d'une enfantine excitation. Kate allait-elle le faire ? Elle le devait, selon les règles. Il la regarda approcher lentement... (elle devait savourer le plaisir) ... il la regarda joindre ses mains, fermer brièvement ses yeux comme si elle s'apprétait à plonger. Alixtide était tellement sous le coup de la Grâce, qu'il ne songea pas à se défendre.

La jeune fille bondit donc sur lui, et le mutant eut tout juste le temps de l'accueillir dans ses bras, pendant qu'un boulet lui comprima le corps et lui coupa un instant la respiration. Alixtide n'était que trop heureux, et assura sa prise sur l'Oryx en l'enserrant dans ses bras et ses jambes.

"Attends Orgie, on fait un catch !!"

Kate fut ainsi la première exploratrice australienne à aborder de si près le corps encrassé d'Alixtide. L'odeur approchait celle d'une tombe de chimpanzé tricentenaire fraichement ouverte, et n'était que plus âcre et forte dans la zone des dessous de bras bretons. L'haleine de Gargoyle semblait drainer les effluves des égoûts les plus immondes et reculés de ce siècle.

Quand à Hjördis, elle put voir au cours de la "lutte" quelques pince-oreilles s'échapper des mailles du pull trop large d'Alixtide, en plus de miettes, résiduts alimentaires, traces de vieux chocolat et poussières diverses. Seul un examen plus attentif permettrait à l'Islandaise de voir sur le lit des petites larves jaunes très suspectes.

Alixtide contint autant qu'il le put Kate dans ses bras, puis céda au regard noir de glace de l'Islandaise. Il relâcha sa prise, récupéra la chaussure d'Esther qui était sortie de sa cachette au moment de l'impact de Kate. Il sortit du lit en tirant sur les couvertures souillées, remit ses chaussures en hâte, et se précipita en s'étalant presque, vers la porte.

"Action validée ! Faudra qu'on continue à jouer ! Moi j'adore jouer avec vous."

Essoufflé, il courut dans le couloir à la poursuite de Jérémiah. Il l'interpela à grands cris comme si c'était déjà son meilleur pote.

Chambre de Jason et Jeremiah - Saut temporel

Le choc ne fut pas si terrible que ça pour elle, enfin l’atterrissage parce que le catch, c’était une autre affaire. Les bras en piquet comme si elle assurait un plongeon dans les vagues, l’Australienne maintint ses yeux clos pour s’éviter la vision d’un Alixtide fou de joie et prêt à l’accueillir. Elle réussit à prendre une dernière grande inspiration avant l’apnée du siècle et sentit sa poitrine frapper le torse du porcher…

*Outch ! Ca fait mal… cible atteinte… garde bien les yeux fermés Kate ou tu vas le regretter toute ta vie*

Sous son corps, elle pouvait sentir le Breton s’agiter comme un ver et déguster l’instant présent. Ses bras l’enserrèrent, créant une intimité qu’elle n’avait jamais espérée, même dans ses pires cauchemars. La tête imbriquée sous l’aisselle de son nouveau partenaire de jeu et sa jambe droite passée entre les cuisses du garçon, on se serait cru dans une mauvaise partie de Twister.

*Houlala… je manque d’air… je vais pas tenir…*

Ses efforts pour résister aux assauts affectifs d’Alixtide lui pompaient littéralement tout l’oxygène sain stocké dans les poumons. Elle tint tant qu’elle put, grimaçant déjà à l’idée de respirer ici et maintenant. Son bras s’extirpa difficilement et se mit à balancer en l’air, en direction des deux autres mutants, comme si elle demandait une aide d’urgence et une opération d’extraction…

Mais non ! Hjördis était prête à déclencher une tempête de neige et Jeremiah, après l’avoir piégé, se taillait la route comme si de rien n’était… Trop tard. Dans un dernier spasme de frustration, ses yeux s’écarquillèrent brusquement et ses narines laissèrent l’odeur naturelle d’Alixtide filtrer.

« Ahaahaha… au s’cours… des bêtes ! »

Elle suivit avec horreur le parcours d’un insecte faire son bonhomme de chemin jusqu’à grimper sur son bras et entamer l’ascension de son épaule. Elle en avait presque oublié les effluves qui fleurissaient l’air ambiant. Libérée de l’étreinte, elle fit un véritable bond sur le lit, laissant échapper des gémissements de dégoût. Debout sur le lit de Hjördis, les pieds sur son beau sommier souillé, elle gesticula dans tous les sens, pour se débarrasser des parasites à six pattes qui volèrent dans la chambre. Ses mains parcouraient fiévreusement toute la surface de son corps, passant et repassant avec frénésie aux mêmes endroits. S’il y avait bien une chose qu’elle n’aimait pas, c’était les p’tites bêtes vicieuses comme celles là.

Décoiffée et le survêtement froissé, elle finit par lever ses yeux survoltés vers Hjördis et se rendit compte que les deux compères avaient disparu. Un sourire forcé pour la forme, elle constata l’ampleur des dégâts et redescendit du lit très lentement, un pied après l’autre, se faisant la plus discrète possible. Evitant le regard de l’islandaise, elle se glissa le pas léger vers l’issue de secours.

Sur ses gardes, elle attrapa la poignée avant de se tourner une dernière fois. Forçant le sourire, elle lança l’air innocent…

« Booonnn… c’était super sympa, hein ?

…

Ouais. Ok. J’pense que j’vais les accompagner histoire de… enfin voilà quoi. A plus ! »

Chambre de Jeremiah et Jason Saut temporel

Restée seule, la géante était immobile comme une statue de glace. Debout au milieu de la pièce, les yeux restaient braqué sur ce qui avait été son lit il y a encore quelques minutes.

*Comment j'en suis arrivée là?*

Résumé : Elle est tombée sur deux nouveaux. Elle a reçu l'ordre de la part de sa professeur référente de s'arranger avec Alixtide. Ensuite, ce fut le chaos. La destruction. La tragédie.

Les insectes, surpris par leur changement brutal d'écosystème, rampaient en tout sens. La blonde n'était pas du genre à grimper sur une chaise en voyant un truc avec plein de pattes s'agiter devant elle. Pas parce qu'elle ne trouvait pas cela écœurant mais parce qu'elle n'en avait jamais vu de sa vie. C'était donc ça un insecte?

Dans son cerveau, un gros blanc. Tout le monde était parti pile au moment ou la tornade allait s'allumer. Privée de cible, Hjördis avait donc les muscles tendus prêt à punir la personne responsable de cette catastrophe.

De dépit, elle se mit elle-même un crochet du droit.

Commençant enfin à bouger, elle saisit entre le pouce et l'index les bestioles rampantes pour les jeter par la fenêtre encore ouverte. Le carnage du lit lui déchira le cœur, surtout quand elle découvrit les petits asticots. Agitant drap et oreiller par la fenêtre, elle s'enferma ensuite dans la salle de bain pour rincer et frotter abondemment ses affaires. Elle mettra la concentration d'eau de javel qu'il fallait mais elle arriverait à se débarrasser des taches, même si le tissu finit par se dissoudre. Entre deux séance des frottements, elle appela les trois nouveaux au communicateur pour s'excuser de ce qu'ils avaient vécu.

Pendant quelques instants, elle regarda son communicateur, se demandant si elle devait appeler Esther. En tant qu' adulte et professeur responsable, elle était douée d'une intelligence vive et brillante. Quel était donc le concept tordu qui avait mené cet esprit éclairé à vouloir mettre un nouveau avec Alixtide? Les quelques instants devinrent trente longues minutes de cogitation extrême entrainant une triple crampe synaptique. Sans résultat. Retournant à son travail de frottage, la jeune fille se demandait si, par hasard, elle n'avait pas fait quelque chose de mal et qu'il s'agissait de sa punition.

En tout cas, une chose de sûre. Si Alixitide devait revenir, elle mettra des bâches plastique partout. Mur et plafonds compris.

Juste au cas où il faut faire disparaitre un cadavre...

Saut temporel.