[matin] début de matinée de samedi en plein air

Chambre de Cassandre

Cassandre n'avait pas passé une nuit des plus plaisante. L'inquiétude qu'elle nourrissait pour les NeXus l'avait tenue entre la somnolence et le rêve pendant une bonne partie de la nuit. Elle s'était levée très tôt pour vérifier discrètement que Jessica et Myou étaient bien rentrée, mais elle avait réfréné son envie de les réveiller pour apprendre ce qu'il s'était passé durant leur escapade nocturne à Washington. Elles méritaient amplement leur repos.
Déjà apprêtée, elle sortit de l'école pour respirer un peu d'air frais et se poser dans le calme, loin de l'effervescence du matin. Comme elle avait pris l'habitude de le faire, elle s'installa sur les marches du perron, une tasse de thé fumante à la main, et se perdit dans ses pensées.

Gabrielle resta quelques temps ainsi près du mémorial, perdue dans ses pensées. Au bout d'un moment, elle se retourna et apperçut une silhouette sur le perron de l'Institut.
Gabrielle hésita. Cette personne devait être elle aussi en recherche de la même solitude que Gabrielle avait trouvé ici, mais la jeune fille en avait marre du froid.
Elle se dirigea donc d'un pas vif vers l'entrée de l'Institut.
Lorsqu'elle fut non loin, Gabrielle se rendit compte que c'était Cassandre.
Elle n'avait jamis eu l'occasion de parler ensemble. Gabrielle avait bien sur assister à ses cours mais sans plus.
La jeune femme aveugle était aussi psychologue et son handicap associé à son pouvoir semblait l'avoir rendu plus sensible que la norme à ce qui se passait autour d'elle. Or, Gabrielle ne souhaitait pas qu'elle ressente son trouble momentané.
Gabrielle se composa donc un visage inexpressif tout en s'approchant de la jeune femme assise.
Elle s'arrêta non loin d'elle et la salua.

"Bonjour mademoiselle." lui dit elle d'un ton poli.

Gabrielle n'aimait guère faire les frais de la conversation ces temps-ci mais elle décida de faire quelques efforts.

"Vous profitez de la solitude matinale avant de retourner vous confronter au cruel monde tourmenté plein d'adolescents en crise?"

( Bureau de Cassandre)

Joachim avait couru depuis le bureau de Cassandre. Il aperçu Cassandre buvant un liquide quelconque dans une tasse. Il arriva devant elle et Gabrielle. Tout essouflé.

"Euh... Bonjour... Excusez-moi de vous... déranger, professeur Deneos, mademoislle."Il marqua une pause pour reprendre son souffle et se releva. Il avait reprit un air sérieux. Il regarda Cassandre dans les yeux (détail qu'elle ne remarquerait surement pas) et dit :"Euh... Je voucrais votre avis sur un sujet professeur Deneos. Ce matin j'ai lu la sentinelle... et je pense qu'une élève de l'institut ne devrait pas tomber sur un article en page trois. J'ai hésité à faire tomber cette horreur en cendre, mais il y a d'autres articles plutôt amusants en fait... Aussi je voudrais savoir si vous pensez qu'on doit cacher l'article ou pas."

Sur ces mots, il tendit le journal à la professeur en pointant en page trois l'article sur la famille Wellington.

"Quel est votre avis ?"

Il avait l'air sérieux et enervé. Soucieux aussi. Kitty avait été gentille avec lui quand il en avait besoin. Il était temps de rembourser sa dette.

Un léger sourire éclaira le visage blême de la psychologue.

"Bonjour, Gabrielle." lui répondit-elle avec la même courtoisie. Elle ne s'était pas attendue à ce que la jeune fille lui adresse la parole. Elle avait pensé que les événements de la nuit de sa vision avaient incité la mutante à l'éviter, à se méfier d'elle peut-être. Aussi fut-elle agréablement surprise que Gabrielle, qu'elle n'entendait que rarement discuter avec ses camarades, vienne lui dire quelques mots.

"Hum... Disons... que je prends mon petit-déjeuner." lui répondit-elle sans démentir sa formulation pour autant, avec un regard entendu. Pour tout déjeuner, elle buvait une tasse de thé, mais elle prenait de moins en moins le temps de manger convenablement. Comme l'avait deviné Gabrielle, ces quelques minutes de paix le matin permettaient à la jeune femme, qui par ses nuits contament difficile, se réveillait bien souvent plus fatiguée que la veille au soir, de respirer, intellectuellement, et physiquement. C'était tout ce qu'elle pouvait s'accorder au quotidien avec tout ce qu'il y avait à gérer à l'institut.

"On voit que tu connais aussi ce problème." ajouta-t-elle l'air de rien, avant de tremper ses lèvres dans sa boisson. Alors qu'elle buvait, ses yeux dérivèrent vers la gauche, comme si elle guettait l'arrivée imminente de quelqu'un. Joachim intervint à ce moment, réglé comme une horloge.
Cassandre avala sa gorgée, se contenta d'un sourire fatigué pour Gabrielle.

"Les affaires reprennent. Excuse-moi." lui glissa-t-elle à mi-voix, avant de lever la tête vers le jeune français.

"Tu ne me déranges pas, Joachim." lui assura-telle avec sincérité. Elle restait, même dans son temps libre, la psy de l'institut. Il avait l'air pressé et essoufflé. La non-voyante n'esquissa aucun geste vers le journal que lui tendait Joachim. Savait-elle qu'il lui tendait ? Refusait-elle de le prendre ? Rien ne pouvait le laisser deviner aux élèves.
Au lieu de ça, elle dit calmement :

"Je suis au courant. Assieds-toi un instant." dit-elle, tout en posant sa main à côté d'elle sur les marches pour l'inviter à s'asseoir.

"En fait, je dois dire que je l'ai délibéremment laissé dans le salon. J'ai beaucoup réfléchi et je pense qu'il ne sert à rien de lui cacher la vérité. Elle finira par l'apprendre tôt ou tard, et à ce moment, elle nous en voudra sûrement de lui avoir dissimulé ce fait pourtant si important, malgré nos bonnes intentions. Je préfère encore qu'elle l'apprenne auprès de nous, qu'auprès d'étrangers. De plus... Elle a déjà assez souffert de cette histoire. C'est peut-être pour elle l'occasion de faire son deuil, une fois pour toutes." expliqua Cassandre avec une douceur qui ne trahissait en rien le propos délicat et douloureux qu'elle évoquait avec Joachim.

La réponse de Cassandre surprit Gabrielle même si elle n'en laissa rien paraitre.
Elle s'était attendu au sempiternel sermon sur la vocation de professeur et tous les bénéfices qu'on pouvait tirer de la fréquentation d'adolescents rebelles.
Mais Cassandre semblait plutôt consciente des avantages comme des inconvénients liés à son métier dévorant.
Gabrielle eut un petit sourire. Finalement, elle ne regrettait pas d'avoir adressé la parole à la jeune femme.

L'attention de Cassandre fut bientôt détourné par l'arrivée précipitée de Joachim qui semblait en plein desarroi.
Clark Kent devait donc rendosser son costume de super-héros et Gabrielle laissa à Cassandre le soin de regler cette affaire vitale qui allait sans doute chambouler l'Institut et le monde entier.
La jeune fille saisit quelques brides d'informations en passant par ci par là. Malgré le soin pris par le jeune homme pour parler de l"affaire", Gabrielle saisit qu'il s'agissait sans doute encore de la jeune et innocente Kitty frappé par un sort si cruel.
Pauvre Kitty, destiné à rester un pauvre petit nourrisson assisté, etouffé par l'amour excessif et la protection que lui offrait les professeurs et ses soeurs de coeur.
Cependant, une fois encore, Cassandre surprit Gabrielle. Kitty ferait elle face pour la première fois au monde réèl?
Gabrielle eut un sourire amusé mais ne dit mot, estimant que tout celà ne la regardait pas tant qu'on ne lui demandait pas son avis.
Une fois le jeune Joachim débarassé de ce poids insurmontable, il décida de prêter attention à Gabrielle et se présenta.
Gabrielle hocha la tête pour éviter à avoir à lui serrer la main ou à faire d'autre civilité et répondit simplement.

"Gabrielle Lioncourt."

On pouvait difficilement faire plus court. Gabrielle saisit le journal qu'il lui tendait. La dernière fois qu'elle avait lu ce canard, c'était la journée de son arrivée. Un jeune militaire la lui avait passé dans le car, en vantant les thèses anti-mutantes.
Gabrielle jetta un oeil aux gros titres.

"Merci mais je suis surprise que les mutants prennent le temps de lire ce genre de choses."

Elle désigna d'un geste de la main les articles qui s'acharnaient avec haine sur ceux qui avaient eu la malchance, comme eux, de naitre différents.

"Merci, Joachim. Le mieux que nous ayons à faire, c'est laisser les choses suivre leur cours pour une fois."

Cassandre hocha pensivement la tête comme pour se convaincre qu'elle était dans le vrai, avant de reprendre une gorgée de thé. Joachim avait été bien prompt à réagir. Elle s'était attendue à voir River ou Wind devancer toute autre intervention, et pourtant, c'était lui qui était venu à elle...
Elle retourna son visage vers le jeune homme, qui entamait maintenant la conversation avec Gabrielle comme si de rien n'était. L'article en page deux... Voilà qui expliquait le ton faussement guilleret du jeune homme. C'était un ton qu'elle ne lui connaissait pas, bien qu'elle ne le connaisse pas intimement. Quelque chose lui disait que ça ne lui ressemblait pas.

Elle se leva avec précaution, eut un bref regard vers Joachim puis ajouta simplement :

"En effet, il y a là un intéressant travail de fiction..." dit-elle habilement de sa voix grave sans préciser si elle faisait référence à l'article évoqué ou à autre chose. L'intéressé comprendrait peut-être, ou non. Que craignait Joachim au juste ? ll était clair que son aventure n'était pas très flatteuse... mais ils étaient tous dans le même bateau à l'Institut. Peut-être voulait-il simplement tester la réaction de Gabrielle.

D'un oreille distraite, le regard lointain, la psychologue écouta Joachim terminer, avant de prendre momentanément congé des deux élèves.

"Excusez-moi un moment."

Son rendez-vous temporel ne tarderait plus, aussi descendit-elle les marches, sa tasse toujours à la main, pour s'avancer seule à pas mesurés sur le petit chemin qui menait au portail. Ce faisant, elle en profita pour envoyer un message à Gabriel.

Gabrielle jetta à nouveau un oeil sur le journal.

"Nous, à vrai dire je ne crois pas que ça marche dans ce cas-là. Il faudrait quelque chose de plus offensif, contrecarrer en quelque sorte la sentinelle...enfin ce n'est pas bien important."

Non rien ne l'était et eux n'avaient aucun véritable pouvoir pour changer les choses, même s'ils se plaisaient à le croire.
Lorsque le mutant lui parla de l'article en page deux, Gabrielle ouvrit negligement le journal et parcoura rapidement l'article.

"En effet c'est une aventure interessante..."

Gabrielle avait remarqué le changement de ton du jeune homme et le regarda avec attention. Avait-il des poussées exibitionnistes pour être ainsi ravie à la lecture d'un simple article?

"Mais peut-être moins pour ceux qui l'ont croisés."

Etait-ce une pointe d'humour? Gelait-il en enfer? Gabrielle rendit le journal à Joachim tandis que Cassandre s'excusait, appelait par des puissances telluriques insaisissables ou peut-être simplement par le besoin de retrouver sa solitude.

"Heureusement, tout s'est bien finit pour lui, non?" ajouta Gabrielle, testant la réaction du jeune homme.

[--> New-York]

Un taxi s'arrêta devant la grille de l'institut. Une fois ses deux passagers descendus et l'ayant payé, il fit comme tout ces prédécesseurs, et repartit sans se faire prier. Devant eux, la grille s'ouvrit après quelques instants, laissant accès à un grand parc propre et entretenue, ainsi qu'à un bâtiment des plus imposants, et des installations sportives. Sur leur gauche, à quelques dizaines de mètre, ils purent voir une série de sept pierres tombales.

Relena et Richard pénétrèrent dans l'enceinte de l'institut, découvrant ce que renfermait ce lieu. Devant eux, sur le péron, se trouvaient trois personnes en train de discuter. Une femme semblait calme, devant un jeune homme d'apparence impatiente et énerver. À côté d'eux se trouvait une autre jeune fille qui devait avoir à peu près l'âge de Relena.

Les deux arrivants ne tardèrent pas à se retrouver face à la jeune femme apperçue plus tôt, comme si elle les attendait... étrange sensation lorsque l'on arrivait dans un lieu inconnu. Une fois face à elle, ils purent observer son regard blanc vitreux d'aveugle, ce qui ne fit qu'accroître la sensation étrange qui envahissait la jeune fille et l'avocat. Après quelques instants, il les présenta tout deux.

"Bonjour. Voici Relena Scott, et je suis Richard Fish."

Assise sur la banquette arrière, Relena était aux anges. Quelle belle nuit elle avait passé ! Cela l'avait bien changée du trou c'était clair ! Regardant par la vitre, un léger sourire étirait ses lèvres. La mésaventure qu'elle avait vécu faisait partie du passé maintenant, elle en avait décidé ainsi. Soupirant, elle observa Richard, assis devant elle. En fait, elle avait toujours le plus grand mal à se faire à l'idée qu'il l'accepta telle qu'elle était. D'ailleurs, hormis ses parents, il était bien le seul à ne pas l'avoir considérée comme une paria. Relena baissa le regard sur ses mains et les considéra attentivement, se demandant pour la énième fois, comment cela avait-il pû se produire sachant qu'aucun membre de sa famille n'avait connu le même problème. Enfin, c'était ce que la jeune fille pensait...

Redescendant sur terre, Relena remarqua qu'ils étaient enfin arrivés à destination. Elle suivit Richard alors que celui-ci descendait de la voiture et en profita pour examiner la grande bâtisse qui s'étendait devant eux alors qu'il réglait la note. Autant dire que la jeune fille était pantoise. Elle n'aurait jamais imaginé que cette école puisse être aussi grande ! Toute à son admiration, elle s'avança machinalement alors que la grille d'entrée s'ouvrait sur leur passage. Posant malencontreusement ses yeux sur une petite rangée de pierres tombales, Relena blêmit. Seulement elle préféra ne pas connaître leur histoire de peur de perdre courage, elle qui avait enfin réussi à surmonter sa peur du regard de l'autre...

Suivant lentement les pas de l'avocat, la jeune fille aperçut à son tour un petit groupe de personnes qui bavardaient. Sentant comme un malaise croissant, Relena déglutit avec peine. Bordel ! Elle avait une envie subite de fuir ! Elle n'était pourtant pas quelqu'un de timide à l'accoutumée. Alors pourquoi ce besoin de s'éloigner tout à coup ? Elle se fustigea elle-même, consciente et furieuse de sa propre peur. Courage ! C'est au même moment qu'elle remarqua qu'une jeune femme se dirigeait vers eux. Se ressaisissant du mieux qu'elle pouvait, Relena se força à sourire. Sourire qui s'évanouit bien vite lorsqu'elle se retrouva face au regard vitreux de la jeune femme. Etait-elle aveugle ? Apparemment non... Etrange... L'effet de surprise passé, la jeune fille se sermona intérieurement...

Il n'avait jamais été dans la nature de Relena de juger les autres et c'est pourquoi elle finit bien vite par esquisser un franc sourire à l'adresse de la jeune femme. Après tout, elle était dans une école pour mutants alors cela ne devrait pas l'étonner plus que ça ! Forte de son raisonnement, elle salua cette dernière d'une petite révérence alors que Richard les présentait. Elle aurait pû être étonnée de la manière dont Relena la saluait, mais la jeune fille avait été éduquée ainsi, ses parents lui ayant toujours rabaché qu'il fallait faire preuve de respect envers les personnes plus mûres. Bizarrement, il n'y avait qu'avec les policiers qu'elle ne faisait pas la différence...

Joachim semblait s'amuser de la conversation et cherchait encore à jauger la jeune fille. Mais il en fallait plus pour destabiliser Gabrielle. Elle eut un petit sourire et répondit.

"Tout celà est bien possible, il ne dépareillerait pas ici. C'est en quelque sorte la foire aux monstres."

Gabrielle repensa au jour de son arrivée. Elle était allé dans un cirque et avait croisé un mutant-tigre qui avait été capturé par une troupe de gens du voyage. Que lui auront fait sans son pouvoir et si son pouvoir avait été plus apparent? Et l'Institut en recueillant les mutants ne prenait il pas part lui aussi à la ségrégation.
Cassandre semblait occupé avec une nouvelle qui avait l'air complètement perdue. Gabriell avait elle arborée la même expression le jour de son arrivée?

"Tu vois le flot d'arrivant est sans cesse croissant. Mais est-ce pour autant une bonne chose? Si l'Institut représente un refuge pour certain, c'est aussi une cage dorée, il nous protège du monde extérieur et nous en coupe. Il fait de nous des êtres en marge de la société, des monstres de foire."

Cassandre s'était arrêtée non loin de la grille. Elle but une gorgée de thé : le froid matinal l'avait engourdie lorsqu'elle était assise sur les marches. Sa petite marche avait stimulé sa circulation sanguine, sans pour autant ramener des couleurs à son visage.
Elle éloigna ses lèvres de sa tasse en entendant la grille s'ouvrir. Les gravillons crissaient, ses hôtes se rapprochaient. A sa première visite, elle n'avait pas rencontré M. Fish en personne. Il faut dire qu'il était venu dans des circonstances bien malheureuses... Adam l'avait reçu pour pallier à l'absence d'Olivier, lorsque ce dernier était séquestré par la Commission Eden. Mais cette fois-ci, avec Adam et les X-Rays en déplacement à Londres et l'indisponibilité d'Olivier, elle s'occuperait de lui...
Elle éprouvait une certaine curiosité pour le personnage, humainement parlant, bien qu'il n'eut presque aucun secret pour elle alors même qu'il passait le portail.

"Je sais qui vous êtes, je vous attendais. Je m'appelle Cassandre, bienvenue à l'institut Xavier." dit-elle en tendant la main aux deux visiteurs sans le moindre mal.

"Suivez-moi." dit-elle simplement en reprenant sa marche en direction du péron. Elle poursuivit, à l'intention de Relena :

"Je pense que Joachim se fera un plaisir de te faire faire un tour du propriétaire, Relena, n'est-ce pas, Joachim ?" demanda-t-elle en arrivant à hauteur du péron, un sourire aux lèvres. Le mutisme de la jeune fille à son arrivée lui laissait entendre qu'elle était peut-être désorientée. Normal lorsqu'on débarquait dans une école à si mauvaise réputation dans la conjecture actuelle avec des pouvoirs particuliers.

"Richard, allons dans mon bureau si vous le voulez bien." dit-elle, avant de laisser les adolescents entre eux pour guider Richard Fish jusqu'à son bureau.

Bureau de Cassandre

Pas comprendre... Si il y avait une chose que Gabrielle pouvait comprendre, c'était bien ce que l'Institut représentait pour le monde humain. elle n'avait pas hésité à tout braver, àtout abandonner pour le rejoindre. Joachim était comme les autres, centré sur sa petite personne, les possibilités qui s'offraient à lui. Il ne voyait pas le revers de la médaille, trop ébloui par l'éclat du soleil se réflétant sur sa façade dorée.
Gabrielle n'en avait rien à faire. La vie se chargerait bien de lui apprendre.
Quant à elle, si l'Institut pouvait changer sa vie, c'était en lui apprenant à controler son pouvoir. Pour l'instant, il n'avait représenté pour elle qu'une malediction, une plaie qui empechait tout contact social et il n'existait aucun gant en quelque matière que ce soit pour pallier celà.

Joachim se chargea de faire le guide pour une nouvelle venue et Gabrielle s'effaça. Trop de civilités dans la journée.
Elle repartit donc se promener dans le jardin.

Alors que la dénommée Cassandre leur tendait le bras, Relena en fit de même pour une vigoureuse poignée de main, le regard toujours rivé sur elle. Seulement là, il se faisait perplexe. Comment la jeune femme pouvait être au courant de son arrivée ? Prise d'un insidieux douce, elle tourna finalement la tête vers Richard. L'avait-il prévenue ? Pas impossible surtout que la jeune femme semblait plutôt le connaître. Enfin bon, ça n'avait pas grande importance à l'heure qu'il était. Lorsqu'elle vit l'avocat prêt à suivre Cassandre, Relena ne pût s'empêcher d'éprouver un petit pinçement au coeur, redoutant de se retrouver seule en ce lieu qui lui était quasiment inconnu. Le ressentiment s'empara lentement d'elle, en voulant à l'avocat de la laisser ainsi...

C'était risible, elle le savait, mais ne pouvait s'en empêcher. C'est avec une certaine retiscence que Relena accueillit la suggestion de Cassandre. Seulement elle n'en montra rien et fit contre mauvaise fortune bon coeur. Après tout, Richard lui avait dit qu'elle allait vivre ici désormais alors quitte à nouer des liens, il valait mieux commençer maintenant ! Oui, Relena voulait plus que tout avoir des personnes qui la comprenait près d'elle car la solitude lui pesait énormément. D'autant plus que ses parents, maintenant, se trouvaient à des milliers de kilomètres. Soupirant légèrement comme pour se donner courage, elle se retourna vers le jeune homme qui allait être son guide. Examinant attentivement son visage, elle nota qu'il semblait un peu plus jeune qu'elle. Par contre, niveau taille, il l'a surpassait largement. Qu'il était grand !

Relena souria, amusée par le look qu'il arborait. En effet, il lui rappelait l'une de ses amies française, gothique jusqu'au bout des ongles ! Ah elle en avait vu de belles avec cette Cynthia ! Sentant une vague de nostalgie la submerger, la jeune fille préféra couper court à ses pensées pour se concentrer sur le jeune homme. Ce dernier semblait d'ailleurs plutôt sympathique au premier abord vu la manière dont il souriait. Quelque peu soulagée, Relena ne put que lui sourire à son tour. Sourire qui s'élargit bien rapidement lorsqu'elle le vit faire la révérence. Elle avait dans l'idée qu'il avait dû la voir lorsqu'elle s'était présentée à Cassandre. L'attention de Relena fut soudain détournée lorsque la jeune fille qui discutait avec le jeune homme il y a peu, s'éloigna. Relena en ressentit un peu de culpabilité teintée d'un léger voile de tristesse...

Elle espéra de tout coeur que ça n'était pas elle qui l'avait faite fuir. La mine un tantinet sombre, elle reposa lentement son regard sur le jeune homme. D'ailleurs celui-ci lui parlait et elle ne put résister longtemps à sa jovialité, amusée de la manière dont il gratifiait l'Institut. En tous les cas, on ne pouvait lui reprocher un quelconque manque de prévenance ! C'est avec plaisir que la jeune fille lui tendit la main à son tour, notant tout de même avec un léger étonnement, qu'il portait des gans. Seulement elle ne s'attarda pas bien longtemps sur ce détail et lui souria, se présentant à son tour, n'étant pas certaine qu'il ait entendu la conversation d'avec Richard et Cassandre :

"Enchantée Joachim ! Moi c'est Relena et pas de problème pour que l'on se tutoie, au contraire, je trouve le vouvoiement trop formel !"

Elle ponctua la fin de sa phrase d'une moue dédaigneuse mais non sans une pointe de gaieté dans la voix et le regard, démentant ainsi le sérieux de son affirmation. Après un court instant d'hésitation, la jeune fille se décida pour se délester de son bagage. C'est non sans gêne qu'elle demanda timidement au jeune homme, lui présentant sa valise :

"Je... Je voudrais bien pouvoir d'abord poser ma valise... Seulement, penses-tu qu'il y ait encore de la place pour moi ?"

En effet, Relena commençait à douter. Cet endroit semblait bien animé et qui disait qu'elle n'arrivait pas trop tard ? A cette idée, un grand vent de panique s'empara d'elle. Si tel était le cas, que devrait-elle faire ? S'en retourner et errer de nouveau, seule, dans les rues de New-York ? Non, tout mais pas cela ! Ravalant sa salive, elle attendit avec appréhension la réponse de Joachim qui semblait bien connaître les lieux...

Joachim remarqua la disparition de Gabrielle. AUcun problème, de toute façon ce n'était que normalité pour quelqu'un comme elle. Il remarqua aussi que cela avait eu une influence sur le sourire de son interlocutrice. Alors qu'elle prenait sa main il eu une mimique féline avec un petit sourire et les yeux fermés, il agita son autre main qui tenait la sentinelle n°8 sous son nez.

"Ne t'inquiétes pas pour elle... Elle s'apelle Gabrielle et je dirais qu'elle n'est pas très drôle. C'est la première fois que je la rencontrait, on s'est jaugés un peu grâce à cette chose."Il montra un peu mieux le journal, toujours ouvert à la page deux sur l'article le concernant. Et l'ôta de la vue de la jeune fille très vite. Tu pourra sle lire si tu veux... mais ce n'est pas très glorieux. Enfin... Chambre... chambre...Il réfléchit un peu avec une autre mimique un peu caricaturale, il était joyeux et il avait décidé de jouer. Maintenant il n'avait plus à se priver de peur d'entrer en contact avec quelqu'un. Tout à coup il eut un petit rire étouffé "Je sais où tu vas crecher, j'espère qu'elle est réveillée... Une gothique aussi... Cela dit, je te préviens elle aime beaucoup les filles, mais elle est gentille... un peu solitaire, mais si tu t'ennuies trop t'auras qu'à venir me chercher ! Allez viens !"

Il pivota pour se positionner à côté de Relena et la tenir par le bras. Et, prenant l'éventuel bagage de la jeune fille (ignore cette phrase si tu n'as pas de sac mais j'ai pas trouvé d'allusion là... ), il avança en disant :

"Allez mademoiselle laissez-moi vous guider dans ce zoo de l'étrange et du luxe. Mais... restons dignes ! Et il lui chucota Au fait.. ne te fais pas trop d'idées, je ne suis là que depuis jeudi soir...

( Chambre de Juliette)

Relena fut surprise lorsque Joachim lui parla de Gabrielle, la jeune fille qui s'était bien vite eclipsée. Alors il avait remarqué sa gêne ! Apparemment, rien n'échappait au jeune homme ! Ou bien c'était simplement elle qui laissait trop filtrer ses émotions... C'est avec un certain étonnement qu'elle le vit ensuite brandir un article de journal, seulement Relena n'eut pas le temps de voir de quoi il s'agissait qu'il le dérobait déjà à son regard. Elle plissa les yeux, tout à coup perplexe. Bien qu'il lui disait qu'elle pourrait lire cet article si elle le voulait, elle sentait tout de même une certaine rétiscence chez le jeune homme. Qu'elle comprit bien vite après ses paroles. Prise d'une soudaine curiosité, Relena prit la résolution de lui emprûnter l'article dès qu'elle serait en mesure d'y jeter un oeil. Pour le moment, il fallait s'occuper de trouver un lieu où elle pourrait s'installer...

Enjouée par la présence du jeune homme, Relena avait déjà oublié le ressentiment qu'elle nourissait envers Richard. En fait, elle était ravie ! C'était l'une des premières personnes qui la cotoyait ici et quel bonheur de pouvoir converser avec quelqu'un d'aussi sympathique ! De plus, il semblait posséder un certain sens de l'humour qui ravissait beaucoup la jeune fille. Au moins cela lui changeait-il les idées et lui faisait, pour un temps, oublier à quel point elle s'était sentie seule jusqu'alors. Un large sourire aux lèvres, Relena finit par hausser les sourcils, surprise de voir le jeune homme pouffer. A ce qu'il lui dit, elle plongea son regard dans le sien, soudain alarmée, ne s'attendant pas à devoir partager la chambre d'une autre pensionnaire...

Non pas que cela la rebutait, simplement Relena avait peur. Peur de la réaction de l'autre jeune fille. En fait, ce qui la dérangeait, c'était le fait que Joachim lui impose sa présence sans la prévenir au préalable. D'ailleurs Relena ne serait pas étonnée que cette dernière ne veuille pas d'elle comme "collocataire", débarquer ainsi sans prévenir... Joachim l'interrompit bien vite dans ses pensées tandis qu'il se postait à côté d'elle et lui prenait le bras. Relena, plus que gênée par cette brusque familiarité dont elle n'avait pas l'habitude, sentit le rouge lui monter aux joues. Elle tourna vivement la tête et fit mine de regarder ailleurs de peur qu'il ne s'aperçoive de son trouble, tout de même reconnaissante qu'il lui porte son bagage...

S'habituant, petit à petit à la promiscuité de Joachim, Relena finit par se détendre de nouveau, retrouvant ainsi le sourire. Et puis comment ne pas avoir le sourire avec une personne aussi sympathique ? C'est vrai, au premier regard, il ne l'avait pas jugée, n'avait eu aucune rétiscence envers elle, rien. Juste son sourire et sa bonne humeur. De même, on dirait qu'il devinait toutes ses pensées. Plantant son regard dans le sien, elle fit mine de le suivre, lui répondant lentement après qu'il lui eut chuchoté à l'oreille, non sans une légère pointe de surprise dans la voix :

"Tu es là seulement depuis jeudi ? A te voir et t'entendre, on dirait que tu as vécu ici toute ta vie !"

Elle acheva sa tirade d'un petit rire et se laissa finalement mener par le jeune homme jusqu'à la chambre de la jeune gothique d'après les dires de Joachim...

---> Chambre de Juliette

[Pardonnez si je change la présentation de mes messages dorénavant, seulement je trouve que ça le rend bien mieux ainsi]

La nuit avait été plus courte que prévue pour Sven. En même temps, vu l'heure à laquelle il était rentré...

Après sa courte nuit, il s'était réveillé aux premiers rayons du soleil, comme d'habitude, au son des clairons que Mme Stofschlag sonnait dans les couloirs. Ou bien il avait rêvé. Sans doute la 2e option. Carrie n'avait pas les traits rendus plus sévères par quelques centaines d'années au moins d'austérité et d'abstinence. Peut-être bientôt...
En enfilant son manteau, il frissonna rien qu'à cette idée, et songea qu'il valait mieux qu'il frissonne pour quelque chose de correct, alors il se rendit dans le jardin où un sympathique soleil d'automne faisait ce qu'il pouvait pour maintenir le thermomètre au dessus de 10°C.

Il constata alors que quelqu'un avait eu la même idée que lui. Ce fut d'un pas tranquille qu'il s'approcha de Gabrielle.

"Salut. Toi aussi tu es matinale ? Moi j'aime bien le matin. Il fait froid. Ca me rappelle la Norvège, sauf qu'en Norvège, il fait plus froid, alors c'est mieux. C'est dommage qu'il y ait pas de brouillard, parce que ça fait de la rosée après. Mais il faut que le soleil soit plus haut. J'ai fait des mesures une fois. J'ai remarqué que la vue d'une prairie était parfaite si on la regardait à l'azimuth 132° à 11h27 un matin où il fait environ 6°C."

Rafraîchissant.

Gabrielle avait retrouvé sa solitude et déambulait. Joachim était partie avec la nouvelle, Cassandre avec celui qui l'accompagnait. Le jardin lui appartenait à nouveau. Soudain, elle vit apparaitre quelqu'un au loin. Avec son large sourire et son petit air mutin, il paraissait très jeune. Il adressa la parole à Gabrielle et débita tout un discours incompréhensible. Un instant, Gabrielle se demanda s'ils parlaient tous les deux la même langue puis elle se rappela que c'était l'un des complices d'Ivy et alors tout s'expliqua.

"J'avoue que je ne suis jamais allé en Norvège. ça doit être un pays très interessant ma foi."

Considérant le jeune homme et son épaisse tignasse ébourrifée, elle prit à nouveau la parole.

"En tout cas, il n'y a pas beaucoup de courageux qui ose braver ce froid."

Gabrielle quant à elle le preferait à la chaleur etouffante et à l'atmosphère bisounoursienne de la cuisine.

Sven sembla un instant perplexe, voire contrarié par quelque chose qu'avait dit Gabrielle. Il pencha légèrement la tête de côté et papillonna des yeux.

"Je ne comprends pas ce que tu dis... Il fait chaud là. Pas froid. Peut-être est-ce là une distortion due à ton pouvoir de croire qu'il fait froid, je ne sais pas, mais je trouve qu'il fait un temps très agréable. Et en fait, je pense que si les autres ne sortent pas, c'est surtout parce qu'ils ont peur de faire une mauvaise rencontre."

Il s'approcha de Gabrielle et prit un air comploteur.

"Le parc de l'institut est très mal fréquenté... On y a déjà vu des machines monstrueuses, et des gens un peu bizarres qui cueillaient des framboises pour quelque cérémonie mystique et incompréhensible au commun des mortels."

Il fourra ses mains dans ses poches.

"Mais je ne m'en fais pas. Je suis sûr qu'il y a des endroits très intéressants à voir sur ce continent. Je pense faire un tour des USA en nuage. Je cherche des sponsors. Pour l'instant, seul Candyfloss Inc. m'a répondu."

Visiblement le jeune homme et Gabrielle n'était pas d'accord sur la qualité du temps, peut-être que celà venait de leurs origines, mais de là où venait Gaby, à la même période, il faisait plus chaud.

"Je crois que Socrate a dit un truc la dessus, que chacun avait sa propre perception des choses, enfin, il est trop tôt pour que je me plonge dans la philosophie."

Gabrielle esquissa un sourire. Elle était plutôt amusée par l'entousiathme juvénile du jeune homme et son caractère hors norme.

"Je pense que c'est une bonne idée, ton tour des Etats-Unis...il y a tellement de choses à voir, c'est un pays si divers, mais je pense que tu ne devrais pas t'y limiter. Pourquoi ne pas voir encore plus loin?"

Gabrielle avait rarement autant parlé depuis ses derniers jours mais peut-être sentait-elle que le jeune homme n'attendait rien d'elle et ne la jugeait pas.

"Mais enfin pour faire tout celà, il faudra sans doute attendre d'avoir un monde plus apaisé...ou alors faire de ton exploit un message de paix entre mutants et humains?"

Gabrielle jetta un nouveau regard vers le mémorial au loin, vers les victimes collaterales de la bêtise du monde.

Sven haussa les épaules, et répondit sur un ton factuel.

"J'ai bien songé à retourner en Europe par Cloud Trip, mais il n'y a pas de station service au dessus de l'océan Atlantique, et j'ai peur de tomber en panne d'essence... Ou de croiser un avion. Ou de me perdre dans le triangle des Bermudes.

Donc je vais faire le tour des Etats-Unis pour l'instant. Et peut-être le tour du Canada aussi, un jour. Il paraît que c'est le pays le plus grand du monde, mais si j'en fais le tour, ça devrait aller plus vite que de le survoler entièrement non ? Tu veux me sponsoriser ?

En fait je le fais, c'est juste parce que M. Zachary dit qu'on doit faire des choses farfelues avec ses pouvoirs pour s'entraîner. Et vu que je n'ai jamais d'idées farfelues, j'ai pris une idée raisonnable. Alors je m'entraîne en faisant le tour de l'institut en nuage. Et après, le tour des USA. Et le tour du monde ensuite. En quatre-vingt jours."

Un vrai moulin à paroles...