Matin glacial

En sortant de l'avion, dans lequel Wendy avait principalement dormi et lu des revues scientifiques en bavardant avec Hjördis, il prirent le TGV pour Salem et, ensuite, un taxi les reconduit devant les grilles. Alors que le chauffeur gromelait :

"Saleté de chauffage qui ne fonctionne jamais! Non mais je l'ai fait réparé y'a qu'un mois!"

Le givre recouvrait lentement mais sûrement les vitres et des panaches de fumée blanche, de la condensation de toute évidence, étaient de plus en plus visible à chaque parole. Visiblement, le stress de l'islandaise lui faisait perdre quelque peu le contrôle de ses pouvoirs.

En descendant, Chase paya le chauffeur et lui demanda de l'attendre quelques minutes : il ne devait pas en avoir pour longtemps à l'intérieur. Il glissa à Hjördis, en s'approchant de la grille :

"Le Docteur Fleury est probablement très occupé et il faudra peut-être que je prenne rendez-vous..."

La grille était fermée, mais ne semblait pas verrouillée. Apercevant une jeune fille dans le jardin, Wendy la héla :

"Pardon, sommes-nous bien à l'institut Charles-Xavier? J'aimerais rencontrer le Docteur Fleury, s'il-vous-plaît!"

Hangar


Assis sur la plus haute marche du perron qui menait au hall de l’Institut Xavier, le dos recourbé il regardait d’un air absent le sol neigeux du jardin. Ses mains gantées légèrement protégées par le froid étaient posées de part et d’autre d’Ephram qui réfléchissait. Sa veste d’un jaune canari paraissait une couleur absurde en cet endroit morne et sans vie. Il devait être environ 10h et cela faisait presqu’une heure qu’il était là, assis sans paraître craindre le froid glacial, ni même ressentir la moindre émotion. Et pourtant intérieurement ses pensées étaient en ébullition. Ephram s’était levé tôt, ou plutôt n’avait pas beaucoup dormi dans le hangar. Il y avait vu d’autres élèves, certains nouveaux, il n’avait parlé à personne à vrai dire. Ephram s’était trouvé une petite couverture d’où ses pieds avaient dépassé et s’était assoupi. D’étranges rêves avaient parsemés sa courte nuit et ouvrant les yeux en sentant quelqu’un bouger, il s’était tiré de son lit de fortune, avait grignoté une barre de céréales trouvée à même le sol et en avait été quitte pour ça.

Puis il étai allé dans le Hall. S’était arrêté et assit sur une marche de l’escalier qui devait mener aux dortoirs. Dortoirs qui n’existaient plus. Mais tout ça était derrière eux maintenant, il se demandait comment est-ce qu’ils allaient reconstruire tout ça. Le Dr Fleury en avait-il les moyens ? Peut-être bien. Et puis cette sensation d’oppression dans le hall se fit sentir et il préféra affronter le froid du dehors, plutôt que de revenir sur la journée de la veille. Il pensait aux équipes qui étaient parties. Et une question revenait : pourquoi pas lui ? N’était-il pas un membre des Cérésix ? Bien sûr cela ne faisait pas longtemps mais tout de même, il pensait avoir sa place en mission. Cependant, les professeurs devaient avoir leurs raisons pour avoir choisis certains et pas d’autres. Le muet avait un certain degré de passivité, depuis l’enfance il ne s’était jamais rebellé et avait toujours laissé passer insultes et autres.

Alors il s’était assis sous le porche de l’Institut à penser à ses coéquipiers, mais aussi aux autres. Ceux qui étaient restés là. Il n’avait pas croisé de monde, ceux qu’il avait vu dormaient encore quand il s’était levé, mais les autres restaient introuvables.
Un bruit attira soudain son attention. Ephram releva la tête lentement essayant de discerner dans ce temps mirageux quelqu’un ou quelque chose. Il plissa les yeux en balayant d’un regard lent et circulaire le parc de l’Institut. D’abord il cru apercevoir Laura contre un arbre et il se redressa pour s’avancer un peu dans le parc, croyant qu’elle s’était remise à faire une crise comme hier. Le moins qu’il pouvait faire c’était d’écouter, puisqu’il ne pouvait pas parler. Ainsi il commença à se diriger vers elle, mais un autre fait attira son attention. Deux personnes se tenaient devant le portail de l’Institut. Peut-être étaient- eux qui avaient criés. Ralentissant le pas, il se rapprocha d’eux, ses mains gantées se balançant lentement au rythme de ses pas. Un regard vers Laura, puis il offrit un sourire aux nouveaux arrivés. Il joignit les mains et s’inclina légèrement comme le font les japonais et prit son bloc-notes.

Ephram a écrit:
« Bonjour, je suis Ephram. Que désirez-vous ? »

Il tendit le papier à la femme qui paraissait la plus mûre et attendit de voir leurs réactions. Inutile de rajouter qu’il était muet, ils le comprendraient bien assez vite. Si c'était bien eux qui avaient criés, il n'avait pas pu capter ce qu'ils avaient dit.

musique


[HJ : Wendy c'est un homme, Ephram ]

Wendy Chase fut quelque peu surpris de la réaction de l'élève qu'il avait vu ainsi que de celle d'un jeune homme qui était arrivé presque tout de suite, lui tendant un papier.

"Bonjour Ephram, je m'appelle Wendy, et voici Hjördis. Nous sommes ici pour..."

Il fut coupé par la petite brune. Ainsi le docteur Fleury n'était pas là? Il repasserait...

"Je suis venu pour discuter avec votre directeur, mademoiselle. Entre scientifiques. Et Hjördis est venue dans cette école pour apprendre à mieux contrôler ses capacités mutantes, tout comme vous j'imagine..."

Son regard se posa un instant sur le papier de Laura, puis il se porta sur la bâtisse endommagée et il ouvrit la bouche, comme pour poser une question, lorsque l'IA de l'institut se matérialisa.



"Hjördis Snorri, signature mutante reconnue. Tu peux entrer, Laura et Ephram te feront visiter. M. Chase, le Docteur Fleury ne peut vous recevoir présentement. Veuillez le recontacter."

Elle avait parlé de sa voix artificielle et détachée que Laura lui connaissait bien.

Wendy hocha la tête, d'un air ahuri, puis laissa entrer sa protégée par la grille qui venait de s'ouvrir. Il repartit ensuite vers le taxi qui commençait à s'impatienter.

La forme holographique de Cerebra n'avait toutefois pas disparu, et continua sur un ton plus inquiêt.

"Je vous indique également que vous n'avez pas répondu à mes questions depuis environ 3 minutes. J'ai détecté l'arrivée concomitante de 4 mutants, en même temps que Hjördis, mais je ne parviens plus à les localiser avec mes senseurs physiques. Je n'ai pas non plus réussi à les identifier dans ma base de données."

Un fait vraiment très étrange. Les mutants présents n'avaient aucun souvenir de la présence d'autres personnes que Hjördis et Wendy, et surtout, ils ne s'imaginaient pas avoir été distraits aussi longtemps.

[ autant pour moi ]


Laura fut assez rapide et le rejoignit devant les grilles de l’Institut. D’ailleurs celle-ci lui lança un sourire qui était quelque peu narquois. Il leva les sourcils avant de faire une grimace rigolote avant d’écouter ce que la jeune fille disait aux nouveaux venus. Elle leur annonça qu’en effet le Professeur Fleury était absent, mais … elle se braqua en une demie seconde, comme si elle venait d se rendre compte de quelque chose. L’australien fut étonné et la regarda se mettre à couvert derrière lui. Il fronça les sourcils, puis eut un regard à demi-souriant vers les nouveaux venus. Ephram tapota l’épaule de Laura pour la rassurer, mais elle semblait écrire quelque chose et effectivement, elle lui montra ensuite un bout de papier tandis que l’homme se mettait à parler.

Il eut un peu de mal à comprendre ce qui était écrit et fronçant les sourcils, il capta l’essentiel de son message. Elle paraissait effrayée et pendant quelques instants il se demanda si vraiment c’était un piège. Puis il continua de lui tapoter l’épaule pour la rassurer. Ephram aurait voulut lui dire, qu’elle ne craignait rien, qu’il n’y avait plus d’autres malheurs à venir, mais … à vrai dire il n’en savait rien, même s’il espérait de tout son être que cela soit vrai. Cependant, il se concentra sur ce que disait l’homme. Il voulait parler au Professeur « entre scientifiques » c’était quoi ça ? Un code pour dire qu’ils ne méritaient pas son attention ? Mais le nom de la jeune fille qui l’accompagnait sonna distraitement à ses oreilles : Hjördis. Assurément un habitant des contrées nordiques. Enfin, ce n’était qu’une supposition. Apparemment elle venait étudier à l’Institut. Il réprima difficilement un soupir. Les nouveaux n’arrivaient pas vraiment au meilleur moment, mais bon …

Ephram eut un léger sursaut lorsque Cérébra apparue à leurs côtés. L’intelligence artificielle déclama son discours habituel sur la signature mutante de la jeune fille, qu’elle laissa entrer. Elle indiqua aussi l’homme qu’Olivier ne pouvait le recevoir. Sur ce, il laissa entrer la fille et repartit. L’australien n’en finissait plus de froncer les sourcils. Cet homme n’avait pas l’air net. Pas du tout. Laura avait peut-être raison… Il fit un signe de la main à Hjördis suivit d’un sourire amical. Il ne savait pas s’il y avait encore quelque chose de solide à montrer à la nouvelle venue, mais il se ferait un plaisir de faire visiter ce qui restait.
Mais Cérébra ne partait pas. Ce qu’elle dit glaça le jeune homme plus que la neige du dehors. De quoi parlait-elle ? N’était-elle pas conçue pour trouver toutes les signatures mutantes ? Il se sentit tout à coup seul dans cette étendue blanche, puis reprit pied dans la réalité, deux jeunes filles étaient avec lui. Il lança un regard circulaire aux alentours. Comment était-il possible que 4 mutants aient pu s’introduire dans l’enceinte de l’Institut sous leurs yeux ? Ils étaient arrivés en même temps que Hjördis apparemment. Etrange et inquiétant. Ephram posa chacune de ses mains sur une épaule des jeunes filles, les pressa doucement, puis montra d’un signe clair l’entrée de l’Institut. Si ce que disait Cérébra était vrai, il fallait s’attendre à une journée mouvementée. Ou pas. Des images jaillirent de son esprit. Re-contrôle, Re-machine, RE-attaque ; Stop ! Non il ne devait pas y avoir un deuxième hier, s’en serait trop. Et puis, il n’y avait pas eut encore d’explosions, de blessés ou d’écroulements. Il fallait garder la tête froide.

L’australien écrivit tout de même à une vitesse impressionnante.

Ephram a écrit:« On rentre. Laura fait un appel aux autres stp : on se rassemble pour en discuter. Le foyer. »

Il tendit le papier la jeune fille et les enjoignit de quitter l’allée pour regagner l’intérieur de l’Institut. Impressionnant de voir comment le jeune homme s’était tendu en un instant, peut-être pour rien, peut-être justifié. Il était sur ses gardes. Ce n’était pas normal que Cérébra n’ait pas pu les détecter. Il pressa le pas, surveillant si les deux jeunes filles le suivaient. Il avait dit le foyer, puisque le salon était quelque peu dévasté, et peut-être que d’autres élèves s’y trouvaient.

Evidemment, Laura avait senti le piège, mais pas le bon. Quand on était inutile, ce devait être à vie... Elle empoigna les habits d'Ephram mais assez rapidement, lui réagit et lui tendit un papier. Elle venait juste de finir de lire qu'il partait, mais elle était si lente ! Son esprit revint en arrière sur ce qu'avait dit Cérébra : mais quelles questions ? Trois minutes ? Puis cette histoire de mutants et oh ! Pas encore ! Mais ils ne s'étaient rendus compte de rien, avaient tous déconnecté durant trois minutes ? Et elle était encore trop longue à réfléchir ! Ce n'était pas le moment d'y penser. Ephram était déjà rentré qu'elle commençait à se dire qu'elle devait faire la même chose. Qui était à l'institut ? Elle ne s'en souvenait plus exactement. Déjà, pas Jess... Mais n'importe qui d'autre la peinerait, elle ne voulait plus de tout cela. Trop de morts la veille, on ne leur laissait donc aucune journée de repos ?

*C'est vraiment la guerre...*

Ayant récupéré son communicateur la veille au soir, elle put recevoir le message de Cassandre. Ah elle réagissait maintenant ? Mais n'était-elle pas sensée tout savoir ? Elle aurait du les prévenir plus tôt ! Pourquoi ? Pourquoi ne les avait-elle pas avertis qu'ils seraient distrait durant trois minutes et qu'ils permettraient ainsi à ces intrus de pénétrer dans l'institut ? Pourquoi n'avait-elle pas prévenu que les professeurs seraient contrôlés et que Luna... et Lyu... et puis les autres... ? Elle n'avait pas envie de l'aider, cette femme égoïste, mais ç'aurait été l'être que de ne pas empêcher ces mutants de trouver Cérébra et ... qui savait ce qu'ils comptaient en faire ? Peut-être Cassandre mais elle préférerait le garder pour elle. Bon... Assez réfléchi, il fallait aller au sous-sol et Yord... Yodrsi... dis... ris... Bref, la blonde, la guider vers le hall.

"Bon. L'adulte en question elle t'dit d'aller dans le hall. Tu vois c'est là-bas, tu passes par là et hop.." elle accompagnait ses paroles de gestes "... je te conseille de laisser tous tes trucs ici, on sait jamais ... J'crois qu'c'est p't'être l'endroit le plus mieux sûr. T'as vu comme tout est détruit ? C'est mauvais plan ici... C'que j'essayais de dire... Pas le temps de papoter t'façon ! Bonne chance. Attends euh en fait je passe par le hall aussi c'est vrai !"

Elle fit signe à la blonde de la suivre et se dépêcha d'aller là où elle devait aller. Quelle perte de temps, elle aurait peut-être gagné trois quart d'une minute si elle n'avait pas autant parlé. Elle se mit donc à courir rejoindre Cassandre et puis Phasm... dont elle ne se souvenait plus de qui il s'agissait. Cette manie de s'appeler en code !

Jardin Hall Sous-sol

HRP : Désolée, j'étais sensée être dans ma phase d'accueil. Je vais corriger mon post du Hall en conséquence. /HRP.

Là, la situation commençait à accélérer bien plus qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle voyait où devait se trouver le Hall d'entrée d'où elle était mais elle n'avait pas l'intention de laisser ses bagages dans la neige devant la porte d'entrée! La jeune fille semblait un peu confuse et le muet semblait bien plus tendu qu'avant. On aurait dit un soldat qui entendu une sirène d'alarme.

Hjördis se mit à courir derrière la jeune fille, maudissant la malchance qui semblait la frapper depuis sa rencontre avec Wendy Chase. D'abord aller dans le Hall. On verra après.

Le Hall.

Alors qu’Ephram avait voulut se rendre au foyer pour discuter de l’étrange fait qu’avait noté Cérébra, en chemin son communicateur s’agita et la voix du Professeur Deneos se fit entendre. Les intuitions et pressentiments du jeune homme s’était avérés vrais sur toutes la ligne. Bien que ces quatre personnes étaient venus chercher l’intelligence artificielle de l’Institut, ils allaient sûrement s’ne prendre à ceux qui leur barreraient la route jusqu’à elle. Or, ce « ceux » c’étaient bien eux, les élèves qui étaient restés à l’Institut. Avaient-ils su que la bâtisse serait vidée de la plupart de ses résidents et professeurs ? Le doute n’était plus permis et une nouvelle fois cette impression de vulnérabilité se fit ressentir. Le sentiment qu’encore une fois le monde basculait sous vos pieds sans que vous ne puissiez rien y faire.

Il écouta Laura et observa la jeune fille fraîchement débarqué. La plus jeune avait semblait effrayée n’en témoigne ce qu’elle disait. Un bref sourire passa sur ses lèvres lorsqu’elle se rendit compte qu’ils allaient de toute façon passer par le Hall avant d’aller au sous-sol. Le jeune homme tentait de faire refluer cet horrible sentiment d’oppression et de frustration et fit un signe de tête à Hjördis. Il valait encore mieux effectivement qu’elle laisse ses affaires là. Eux ne risquaient sans doute rien. Il n’en allait peut-être pas de même pour les élèves. L’australien se mit à trottiner jusqu’au Hall et partir vers le sous-sol, aux côtés des deux jeunes filles.


Hall Sous-Sol

[ foyer]

Le coeur de l'anglaise battait la chamade. Pour la deuxième fois en 24 heures, l'Institut était attaqué. Mais cette fois, il l'était de l'extérieur. Et leurs assaillants en avaient après Cerebra, l'IA de l'Institut. Celle-ci leur était, pourtant, indispensable. River Secoua la tête. Il ne fallait surtout pas les laisser s'emparer d'elle. Ca, c'était un fait. En même temps, elle ne savait, elle, guère quoi faire pour se rendre utile. C'était pour ça qu'elle était sortie. L'anglaise espérait pouvoir les apercevoir, ces assaillants, et pouvoir ainsi aider ses compagnons d'infortune.

*Petits, petits, petits... Où êtes-vous...* songea-t-elle.

L'un d'entre eux était télépathe, elle le savait. Sans doute l'entendrait-il penser... Surtout qu'il avait l'air d'avoir un plutôt bon niveau... L'anglaise, tout en parlant, chercha Kitty l'écureuil, et autres oiseaux du coin pour savoir s'ils avaient vu les quatre individus. Elle n'avait pas l'intention de s'éterniser dehors, mais, avec un peu de chance, elle pourrait les attirer dans les pattes de ses homologues de l'Institut. A dire vrai, elle ne savait pas trop quoi faire d'autre.

centre commercial

Alixtide passa le portail de l'Institut, imaginant déjà les blagues qu'il allait faire aux nouveaux, et comment il enseignerait le rôle de chapon à Barthélémy. Cela lui rappelait plein de bons souvenirs du lycée.

Il aperçut River, seule dans le froid matinal. Il ajusta son bonnet et lui montra en les soulevant les sacs de course.

"Hé purin River, on va faire la fête au carré aux nouveaux grâce aux idées de Bart. Regarde moi donc :"

Il ouvrit les sacs en plastique recyclé devant la jeune femme, découvrant des gâteaux, bouteilles d'alcool et produits d'entretien. Puis il dit fièrement devant le paysage enneigé.

"Et j'ai TOUT PLEIN DE VERS DE PECHE !!!"

Il observa l'effet de cette révélation sur la jeune dompteuse.

"Ça saura pour nous deux les vers, nous qui sommes dépédants des choses extérieures pour utiliser nos pouvoirs. Tu vas lever une armée de vers ! Et les nouveaux vont apersavoir notre puissance ! Ah ah ah !"

Alixtide était tout guilleret à l'idée de passer leur savon aux nouveaux. Il ajouta avec un sourire carnassier en observant le portail.

"On se cache et on les attend ?"

Hall

Se retrouvant finalement dans le jardin, Chris se sentit tout à coup comme vidé de toute énergie. Jamais il n'avait couru aussi vite ! Mais comment en aurait-il été autrement ? Il en était arrivé à éprouver une trouille hors du commun et y avait succombé de peur de servir de déjeûner à ces dandys surfers. Essoufflé comme jamais, il se pencha légèrement et posa ses mains sur ses genoux se servant de ces derniers pour soutenir ce corps qui menaçait de s'effondrer. Déjà qu'il se trouvait quasi mort de fatigue à la base... Ca commençait à être trop pour le jeune homme. Il allait finir par y rester avant d'avoir eu l'occasion de croiser ces mutants de malheur ! Ravalant difficilement sa salive, Chris posa machinalement la main sur son torse pour constater que son coeur battait toujours à un rythme effréné. Ce fut d'ailleurs un miracle qu'il ne l'ait pas lâché ! Cette oppression suffoquante qu'il avait ressenti dans le hall... Etait-ce cette même peur viscerale qui l'avait amené à penser que les quatre comparses les avaient finalement trouvés ? Bon sang ! Mais pourquoi se retrouvait-il dans ce genre de situation ? Ne serait-il jamais en paix ? Il n'avait rien demandé lui...

Retrouvant peu à peu sa respiration, il finit bien vite par se figer lorsqu'il se rendit compte de ce qu'il venait de faire. Merde ! L'islandaise à l'allure bûcheron ! Il l'avait complètement oubliée sur le moment ! Fronçant les sourcils, le jeune homme se trouvait maintenant à se demander ce qu'il devait faire. Seulement chassez le naturel et il revient au galop ! Chris, bien que sâchant son comportement lamentable, préféra cependant ne pas en tenir compte. Il n'était pas question qu'il se retrouve à baliser comme un malade ! De plus, il en tremblait encore au vu de ses mains qui avaient la bougeotte. Alors mieux valait éviter de s'exposer de nouveau au danger... En tous les cas, il pouvait bien remercier cette Sibylle ! C'était de sa faute s'il s'était retrouvé au bord de l'apoplexie ! Pour cela, il la maudissait de tout son pauvre coeur à l'agonie. Se redressant lentement, il balaya l'espace qui l'entourait du regard pour au final, le braquer sur la grille à l'entrée. La sortie ! Une fois dehors il ne risquait plus rien ! Ses gestes étant maintenant dictés par la peur, Chris se décida à avançer le pas. Seulement il n'eut pas fait quelques mètres qu'il sentait ses jambes se dérober sous son poids.

Apparemment, il semblait bien plus éprouvé qu'il ne l'aurait cru... Toutes ses forces l'avaient abandonné. Se laissant mollement retomber sur l'épais tapis de neige, le jeune homme se prit la tête entre les mains, se laissant submerger par de sombres pensées. Merde, mais pourquoi n'avait-il pas plus de courage que cela ? Se sauver tel un pétochard. Etait-il donc si faible ? Rien que cette idée lui donnait envie de hurler. Peut-être était-il bonnement trop égoïste et que tout cela n'avait de but que de lui servir de leçon... Bref, peu importait la raison de tout cela, il avait fui, point barre. Pour la première fois, l'on pouvait voir un abîme de regrets sur le visage du jeune homme. Non pas qu'il regrettait de posséder telle personnalité, seulement il regrettait de n'être aussi fort qu'il le faisait paraître... Sentant bien que ses membres commençaient à être légèrement engourdis, Chris ferma les yeux et puisa dans ce qu'il lui restait de forces. Autant dire qu'elles étaient difficiles à dénicher au passage.

Il n'avait pas le choix, il fallait qu'il se lève pour enfin pouvoir quitter cet institut maudit. Prenant appui sur ses mains tremblantes, le jeune homme fut toutefois coupé dans son élan lorsqu'il se rendit compte qu'il y avait du monde dans le jardin. Sentant son coeur s'agiter de nouveau, celui-ci complètement traumatisé, il déglutit avec peine, n'osant alors esquisser le moindre mouvement de peur que l'on ne remarque sa présence. Lui-même ne voulait savoir à qui il avait affaire qui plus est...

River essayait de trouver les quatre types. Manque de pot, c'est Alixtilde qui fit son apparition avec ses paroles sans aucun sens. L'anglaise lui dédia un regard vide, tout en tâchant à nouveau de se concentrer sur les animaux qui les entourraient. Elle fut cependant contrainte d'adresser la parole au mutant puant pour mettre fin à ses inepties.

"Le bizutage, comme tu dis si bien, est déjà en route avec une nouvelle attaque... De l'extérieur, cette fois..."

Sur ces mots, l'anglaise donna une brève description à l'ancien Oryx des quatre mutants qui les attaquaient. Mais elle fut rapidement interrompue par l'arrivée de Chris qui semblait paniqué. Le jeune homme s'arrêta et reprit sa route avant de s'effondrer. L'anglaise se précipita vers lui.

"Chris! Ca va? Que s'est-il passé?" demanda-t-elle en posant une main sur l'épaule du jeune homme.

Alixtide se demanda si les hommes décrits par River comme des beaux athlètes pouvaient être ceux rencontrés à la sortie du parking de Madame Fouba. Si c’était le cas ils étaient des amis du sénateur, donc des types biens. Même s’ils avaient tendance à envoyer les innocents valser avec les murs.

*Ou alors ils martyrisent pas assez leur pouvoir, et veulent des leçons du Docteur Fleury ?*

Bref c’était des nouveaux comme les autres, en mal de chapons par définition. Gargoyle allait expliquer cela à la jeune traqueuse d’écureuil pour la rassurer, quand un gaillard inconnu au bataillon sortit en trombe du hall, et sembla pris de convulsions internes hautement émotionnelles. Quel mutant avait bien pu lui faire peur à ce point ? Alixtide s’en trouva vert de jalousie.

Il haussa un sourcil en voyant River voler à son secours.

*Ooooh voilà un nouveau qui veut faire son intéressant ? Et qui ne doit pas le respect qu’il mérite aux anciens ? Purin de purin… Y’a qui de pire à l’intérieur ? Madame Cassandre qui bave du jus de tomate ? Ou bien…*

Il s’approcha et écouta sans concessions la question niaise de River. Cette fille se faisait vraiment avoir facilement par les nouveaux… Il apprit au moins le nom du jeune éploré.

« Oh purin le Christ là ! Ne fais pas ta parlotte. Il faut être tolérant avec tous ici purin ! Mina la Vautourde est très horrible, mais elle te laissera vivre. Alors calme un peu ton cœur. Tiens t’as purin de la chance j’ai du… heu… »

Il tira de son sac une bouteille d’alcool achetée par Barthélemy pour la fête des nouveaux.

« … de Whiskpomy ! Bois ! Ca va te reglinguer ! »

Dit-il en débouchant la bouteille colorée, et la tendant au jeune timoré pour qu'il se réchauffe la gorge.

Camille a écrit:Ici Haste. Le premier brun avec le brushing, c'est l'empathe. Le blondinet, c'est le phaser. Je ne sais pas qui est le télépathe. Méfiez-vous, et prévenez-moi si vous les localisez.

Puis :

Camille a Alixtide uniquement a écrit:Barbouille, une mission requiert ta présence urgente au...Madison Square Garden. Si tu te grouilles, tu peux attraper le bus qui passe dans quinze minutes.

Retenant sa respiration et le palpitant semblant vouloir sortir de cet étau qui l'emprisonnait, Chris ne cessait de se répéter qu'il s'agissait sûrement des quatre compères qui se baladaient à la recherche de la source de toutes ces emmerdes, qu'il était foutu. Il commença alors à être parcouru de diverses pensées toutes aussi délirantes les unes que les autres... Ca se trouvait, c'était le destin, il était temps pour lui de rejoindre dame faucheuse. L'événement désastreux qui s'était produit à Privas n'en était que le prémice en fin de compte. Il devait y passer voilà tout. Voyant où ses pensées le menaient, le jeune homme se sentit alors incroyablement démuni. Lui qui avait toujours donné l'image d'une personne dénuée de tout sentiment depuis qu'il avait découvert son pouvoir, c'était la première fois que l'on pouvait voir un visage aussi ravagé par la peur, la colère, la tristesse. Autant d'expressions qu'il ne pouvait plus câcher. Seulement il ne voulait pas crever lui ! Lui qui se rendait enfin compte de la valeur qu'il accordait à son existence. Broyer ainsi du noir ne lui ressemblait pourtant pas alors d'où ce défaitisme pouvait-il provenir ?

Il ne savait plus où il en était avait-il dit à Hjördis. Ben il n'aurait jamais cru si bien dire. C'est seulement lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule qu'il sembla revenir à lui. Mais ne se rendant pas compte sur le coup qu'il s'agissait d'un visage connu et n'ayant perçu la voix de la personne en question tant il était dans un état de semi-conscience, Chris sursauta violemment alors que son corps se trouvait brusquement parcouru de tremblements. Le jeune homme ne put malheureusement empêcher cette étrange lueur de se manifester et prendre ainsi possession de lui, éléctrocutant la main de la nouvelle venue. Etrangement, suite à cela, le jeune homme sembla recouvrer peu à peu le contrôle de ses actes et pensées. Tournant un visage blême dont le regard semblait quelque peu éteint vers elle, celui-ci se ranima brusquement lorsqu'il se rendit compte, avec horreur, de ce qu'il venait de faire. Utiliser son pouvoir sur des personnes qui ne lui avaient rien fait n'était vraiment pas pour lui plaire. Enfin, en même temps c'était sa faute hein. Quelle idée de le toucher alors qu'il n'était plus en état d'avoir son pouvoir sous contrôle ! D'ailleurs pourquoi River se trouvait-elle aussi dans le jardin ?

L'observant, légèrement hésitant, il se prit à espérer étrangement qu'il ne soit rien arrivé de facheux aux autres. Etait-ce vraiment cela qui l'inquiétait ou simplement le fait de découvrir que les quatre dandys se soient finalement manifestés ? A creuser... Pour le moment, il fallait qu'il se bouge pour pouvoir quitter cet endroit. Grâce à la manifestation de son pouvoir, il se sentait un peu plus de vitalité. Constatation qui l'étonnait quelque peu par ailleurs. Alors qu'il tentait d'esquisser un geste, Chris laissa s'échapper un léger gémissement de douleur sentant que ses mains se trouvaient un tantinet gelées par le froid. Dire que sa frayeur du moment avait réussi à occulter tout le reste... Serrant et desserrant les poings par intermittence dans l'espoir de les dégourdir, il soupira douloureusement avant de se redresser, au prix d'un immense effort néanmoins. Bien que chancelant, il fit face à la jeune fille et agrippa doucement sa main pour l'examiner d'un oeil attentif. Comme il l'avait pensé, heureusement que son pouvoir n'était que de très faible intensité. Dardant son regard dans le sien, il chuchota plus qu'il ne parla tant il se sentait las.

"Je suis désolé, il m'arrive de laisser échapper mon pouvoir... Mais ça va un peu mieux maintenant..."

C'est tout ce qu'il trouva à lui dire. S'excuser n'était pas dans son habitude lorsqu'il ne se sentait aucunement responsable. Quant à lui expliquer ce qu'il s'était passé, il ne pouvait pas. Déjà même lui avait honte de s'être comporté ainsi. C'est pourquoi le jeune homme ignora sciemment sa dernière question. La scrutant attentivement, il relâcha finalement sa main, sur le point de lui demander ce qu'elle pouvait faire dans le jardin. Mais il n'en eut pas l'occasion. Une autre personne se dirigeait vers eux. Même détailler le nouveau venu lui fut impossible sur le moment, sentant maintenant comme une odeur nauséabonde se promener dans l'atmosphère. D'ailleurs plus le jeune garçon approchait, plus Chris la ressentait. Ne pouvant la supporter davantage, il ne put s'empêcher de tenter vainement de boucher ses narines à l'aide de sa main. Manquerait plus qu'il commence à avoir de nouveau des problèmes avec ses sinus ! Et c'était vraiment pas le moment ! Et ben, à croire que tout le monde s'était donné le mot pour l'achever... Ce dernier lui débita d'ailleurs un discours que le jeune homme ne prit pas la peine d'essayer de comprendre. Tout ce qu'il souhaitait maintenant, c'était que celui-ci reparte d'où il était venu. Car à ce train-là, il allait finir par tomber comme une mouche.

Lorsque l'ahuri se mit à déboucher un bouteille d'il ne savait quoi pour la lui tendre, Chris fronça légèrement les sourcils, se demandant ce qu'il pouvait bien avoir dans la tête. En tout cas, il était bizarre, ça c'était un fait. Mais il n'en avait rien à foutre, tourmenté par ses pensées. Posant lentement le regard sur la bouteille, le jeune homme secoua doucement la tête en signe de dénégation. Il ne savait pas ce qu'était son 'Whiskpomy' et ne voulait le savoir. Après quelques secondes, Chris reporta le regard sur l'anglaise, semblant vouloir lui dire quelque chose, pour finalement tourner maladroitement les talons, sans un mot, se dirigeant vers la grille. Il sentait qu'il ne ferait pas long feu s'il restait encore ici ne serait-ce qu'une seconde... Et n'était-il pas normal de penser à sa propre vie avant celle des autres ? Chris sentait de même son communicateur vibrer en tous sens mais préféra l'ignorer...

Chris semblait arriver au bout de ses peines, bien qu'il n'eut pas vraiment répondu à la question de River. À coté de la plaque. Sans doute n'avait-il pas osé ? Ou bien il ne lui faisait pas confiance. Mais le pouvait-il ?

Un flot de sensations étranges étreignit la poitrine de River. Chris ne semblait même pas l'avoir jugée digne de savoir s'il allait bien ou pas, se contentant de bavasser sur un pouvoir plus ou moins hors de contrôle. Était-elle donc si nulle ?

Et Alixtide qui y allait de sa pseudo-sympathique de fermier en gros sabots ! Qu'est-ce qu'il pouvait être exaspérant ! Mais le pire dans tout ça, c'est que malgré ses inepties, il avait réussi à capter l'attention de Chris, ce à quoi elle avait échoué.

Un coup d'oeil autour d'elle, et River se sentit subitement particulièrement inutile. Déjà la veille, elle avait mal pris la réaction des professeurs qui ne l'avaient pas envoyé en mission avec les autres. Toutes les paroles, et tous les regards lui revenaient en tête, autant de doigts accusateurs de son incompétence : elle n'avait servi à rien, et malgré toute sa bonne volonté, était incapable de protéger qui que ce soit... Elle était inutile.


Chris n'était lui non plus pas vraiment dans son état normal. La crise de panique était passée, mais déjà, une nouvelle sensation l'étreignait. Il s'en voulait d'avoir été aussi faible, aussi misérable. Il avait paniqué face à un ennemi invisible qui n'attendaient précisément que ça.

Mais c'était leur faute ! À ces mutants, qui lui avaient menti ! Ils parlaient de protection, et c'était des crétins tout juste bons à saouler les autres pour que le coup fatal passe moins bien.

La rage montait en lui, et sous ses yeux, River semblait si vulnérable...

Seul Alixtide put remarquer une silhouette, debout dans la neige, les regardant tranquillement.

River avait, juste, voulu aider ce jeune homme qui était venu lui secouer les puces dans le foyer. Posant une main sur son épaule, elle avait voulu lui apporter son soutien. Et pourtant, la réaction du jeune homme avait été agressive. Sous le petit coup de jus, River recula brusquement, ouvrant des yeux horrifiés. Et, lorsque Chris vint prendre sa main pour s'assurer qu'elle allait bien, la jeune fille se dégagea rapidement, de colère.

Mais la colère ne fit pas long feu, à nouveau, elle se sentait inutile. Elle ne parvenait même pas à... Elle ne servait à rien. Strictement à rien. La veille, tout ce qu'elle avait pu faire, c'était demander à Chloé de faire trembler le sol de l'Institut. Il en était résulté des morts. Mais elle, elle avait fait quoi? Son pouvoir était inutile. Elle était inutile. L'anglaise sentit les larmes lui monter aux yeux tandis qu'elle murmurait:

"A rien... Je ne sers à rien du tout..."

Son inutilité était flagrante. Même humainement, elle ne servait à rien. Même Alixtilde, le mutant puant était plus utile qu'elle. Après tout, il était celui qui avait réussi à capter l'attention de Chris. River ne jeta même pas un regard au breton, n'osant rien regarder d'autre que le sol. Qu'avait-elle apporté à Kitty? A Wind? A Lucas? Roscart n'était pas revenu pour elle, alors qu'il le lui avait promis... C'était qu'elle ne lui avait rien apporté... Elle était nulle et inutile. L'anglaise, à l'instar de Chris se dirigea vers le portail de l'Institut. Inutile, totalement nulle, elle n'avait pas sa place ici. Ca ne servait à rien qu'elle reste. Ces derniers temps, elle ne parvenait à rien sur les animaux non plus. Les mouches d'Yrianna la veille? Elles avaient foncé sur Alixtilde, pour les trois qui lui avaient répondu... Non, vraiment, elle était nulle et inutile. L'anglaise ne parvint pas à retenir ses sanglots. Elle se laissa tomber à genoux dans la neige, pleurant sur son triste sort.

Alixtide écouta son communicateur avec étonnement. Ainsi Camille aussi faisait la chasse aux nouveaux ! Au moins elle avait pris au sérieux les ordres du Docteur Fleury. Il imprima dans son esprit les informations. Un brushing empathe, un blondinet phaser et un je-ne-sais-pas-qui télépathe. De bonnes recrues qui plairont au tacticien directeur. Le message personnel de Camille le fit sourire.

*Bien sûr elle sait que je suis le meilleur chapon, elle veut me faire voir ailleurs si j’y vais… Ha ha ha… on n’attrape pas le vieux linge avec des limaces…*

Il décida donc d’ignorer avec superbe cette invitation au voyage. Son regard se pencha sur le mutant simulateur de crises de panique. Alixtide avait rarement vu une telle poule mouillée. Et voilà que River s’y mettait aussi, à chouiner comme une fille gâtée. Il soupira.

Madame Cassandre l’informait de la présence d’un autre nouveau, Jordi, dans le hall. Lui aussi avait besoin d’un chapon. Il semblait que d'autres nouveaux non accueillis s’étaient perdus dans l’Institut, et qu’il fallait les arrêter. Alixtide se mordit la lèvre. Il avait perdu un temps précieux avec Bart.

Alors qu’il balayait des yeux le paysage en réfléchissant, il aperçut un gaillard planté dans la neige, l’air d’attendre qu’il se passe quelque chose. Alixtide répondit gaiement au communicateur de Camille.

« Waste j’en ai attrapé un ! C’est sûrement le brushing en pâte ou autre, mais plutôt châtain. Je m’en occupe, terminé ! »

Il se pencha vers River.

« River rentre à la maison et prépare la cuisine, ça te détendra les idées et tu sauras l’utilité même. Ramène le Christ il est sûrement malade, il égraine de l’électricité choc. »

Adressant une petite tape cordiale à la jeune fille en guise de consolation, il s’approcha de l’inconnu. Il semblait déjà vieux pour un élève, quoique pas plus que le Christ éploré. Alixtide sentit qu’il n’était pas un nouveau ramollo comme les autres. Peut-être qu’il avait déjà un pouvoir très bien contrôlé et qu’il venait juste pour une formation complémentaire. Gargoyle s’avança tranquillement avec ses sacs en faisant craquer la neige. Il adressa son plus beau sourire commerçant à ce beau jeune adulte au charisme non négligeable.

« Ah bonjour vous auriez dû attendre que j’arrive, ou un autre chapon, pour entrer. Tout le monde croit là que vous êtes perdu. Alors vous êtes en pâte… déjà pas de panique ça arrive souvent. On a des mutants en pierre, en flammèches, en eau, en chewing-gum, en fil infini… vous voyez vous êtes très banal. Moi je suis Alixtide et je vais vous guider à tous les stades de l’inscription. Je suis un ancien et pour commencer, vous venez pour quoi faire ? »

Il essaya de se remémorer les mots de la psychologue quand elle l’avait accueilli. Il ajouta donc avec affabilité.

« Tout est gratuit ne vous prenez pas peur, et ici ce n’est pas une clinique d’une maladie qu’on pourrait soigner. Le problème est dans chaque gélule de votre corps. Vous arrivez exactement pour la fête en votre bonheur. »

Dit-il en brandissant la bouteille de jus de pomme parfumée au whisky.

*Camille et River vont voir un peu qui est le purin de meilleur chapon…*

Autant de vibrations qui semblaient l'intimer de rester où il se trouvait, qu'il se devait de ne pas fuir de nouveau. Serrant les poings rougis par les morsures du froid, Chris stoppa brusquement le pas, en proie à une vive contrariété. Pourquoi se mettait-il à hésiter ? Il n'avait rien à voir dans tout cela lui, se casser était donc un acte légitime et non des plus lâches ! Extirpant avec une légère brusquerie le communicateur qui se trouvait maintenant dans l'une des poches avant de son jean, il parcourut le premier message d'un air plutôt perplexe. Toujours la même rengaine. Des informations qui lui semblaient inutiles. Sincèrement, savoir qui est qui ne risquait pas de lui montrer la voie à suivre pour mettre fin à tout ce merdier... Tombant ensuite sur le message d'une certaine Cassandre, Chris ne put réprimer cet étrange sourire de vive ironie qui étirait maintenant ses lèvres. Ne pas laisser la jeune fille à l'allure bûcheron toute seule hein... Tiens donc. Comment cette femme pouvait-elle le savoir ? Sur le coup, le jeune homme se demanda si elle n'était pas cette fameuse Sibylle qu'il maudissait tant.

Mieux valait qu'il ne s'agissa pas d'elle en tous les cas car il n'avait pas le moins du monde envie de se retrouver prisonnier de la colère. Il n'avait vraiment pas besoin de ça. En fait, il n'avait besoin de rien, juste d'un minimum de paix. Mais était-ce réellement possible ? Il en doutait fortement. Qu'il soit à l'extérieur ou non, il serait toujours confronté au danger, ça il en était plus que certain. C'était peu de le dire, même dans son coin perdu il était passé près de l'échafaud... Baissant lentement la tête, le jeune homme s'en retourna finalement vers l'anglaise et l'autre ahuri dont l'odeur insupportait Chris au plus haut point. Ce dernier en venait même à capter toute son attention tant il n'avait maintenant qu'une idée, trouver le moyen de ne pas s'évanouir... Avec une nonchalance qu'il était loin d'éprouver, il se posta en face de ces derniers, maintenant muré dans le silence. D'ailleurs que pouvait-il dire ? Il ne comprenait même pas pourquoi il avait fait demi-tour alors qu'il aurait tout bonnement pu s'éclipser une bonne fois pour toute loin de toute cette agitation. Observant tour à tour les deux protagonistes, Chris finit par fronçer légèrement les sourcils lorsque son regard accrocha celui de River.

Etait-ce son imagination où la jeune fille semblait tout à coup abattue ? Non, il n'imaginait rien ! Son regard était maintenant empli de tristesse, d'incertitude... Seulement étrangement, loin de l'émouvoir ni de le laisser de marbre, la voir ainsi avait le don de l'agaçer. Percevant alors son murmure, le jeune homme leva les yeux au ciel l'expression emprûnte d'affliction. Merde alors ! Elle n'était tout de même pas dans cet état à cause d'une petite décharge de rien du tout ! Certes, qu'elle lui en veuille d'accord, mais ça allait bien deux minutes quoi. A ce moment-là, le jeune homme avait plus l'impression de se trouver face à une petite fille. Il fut alors envahi par une irresistible envie de lui balançer quelques remarques cinglantes. Mais ce fut sans compter cette étrange impression de désolation qu'il commençait à ressentir. De quel droit pouvait-il lui faire la morale ? Lui-même n'était qu'un pauvre lâche qui n'avait hésité à abandonner Hjördis à son pauvre sort. Certes, ça n'était pas que son sort l'intéressait, mais cela lui renvoyait une image de lui qu'il n'appréciait pas des masses.

Bon sang ! Il n'était pas comme cela ! Il agissait ainsi uniquement à cause de tous ces foutus mutants ! D'ailleurs ils étaient tous pareils, aussi bien les quatre salopards que tous ceux de cet institut de malheur ! En colère ? Non, Chris était fou de rage. Il en avait plus que marre d'être entouré de malades. Sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, son corps commençait à se tendre de plus en plus. Chris connaissait cet état proche de la folie qui lui avait valu de se retrouver sur le point d'avoir un mort sur la conscience. Seulement cela ne l'inquiétait plus, ils méritaient tous de casquer au fond. Toujours à lui rendre la vie impossible. Dire qu'ils avaient voulus se servir de lui comme d'un vulgaire appât ! Ils allaient voir ce qu'il en coûtait de se foutre de sa poire. A ce moment-là, n'importe qui aurait pu lui servir de défouloir, simplement c'est l'anglaise que son regard accrocha lorsque cette dernière tenta de joindre la sortie. Et tout le reste n'existait plus. La fixant intensément de son regard empli d'une dureté qui lui était peu coutumière, il finit par se diriger lentement vers elle alors que cette dernière se ramassait sur le sol couvert de neige. S'arrêtant non loin d'elle, le jeune homme la toisa de toute sa hauteur, la mine extrêment sombre. Après quelques secondes où l'on aurait pu penser qu'il se demandait ce qu'il pourrait bien en faire, Chris prit la parole, d'une voix curieusement calme, bien trop calme...

"Vous savez quoi ? Les pleurnichardes telles que vous, ça m'insupporte au plus haut point. Est-ce tout ce que vous savez faire ? Même pas capable de franche reconnaissance envers les personnes qui tiennent à vous"

Disant cela, il faisait bien entendu référence au discours de la jeune russe que River avait abreuvé d'hésitation. Ouais, bizarrement c'est quand le jeune homme était en pétard que l'on constatait qu'en fait, rien ne lui avait échappé...

Les choses n'allaient pas en s'arrangeant pour Chris et River. Une rage aveugle et incontrôlable s'emparer du jeune homme, le confinant presque à l'envie de meurtre, alors que River était envahi d'une sensation entre le désespoir le plus profond, et le soulagement de voir son bourreau sous ses yeux. Allait-il oser le faire ? En était-elle au moins digne ? Dans le cas contraire, il ne lui resterait plus que l'exil.



Le mutant en face d'Alixtide ne bougea pas en le voyant arriver, se contentant de froncer le nez face à l'odeur. Ô joie... Ils avaient ce genre de cas clinique dans cet institut de dingue. Dire qu'on lui en avait dit autant de bien.

Il plissa le front en l'entendant parler. Il avait sous-estimé le coté critique du cas, celui là était bon pour l'asile de fous. Son discours était tout bonnement incompréhensible, même si un astucieux calembour fit afficher un léger sourire. Ainsi donc, ils savaient qu'il y avait un empathe dans le lot. En même temps, Charles semblait enclin à s'amuser. Mais ils ne savaient pas où il s'était installé, ce qui n'était pas plus mal.

L'avantage, c'est que celui là semblait inoffensif. Nauséabond, mais inoffensif.

"Je m'appelle Chris.

En fait, je suis venu ici parce qu'on m'a dit que vous aviez un très bon entraînement pour les télépathes... Je voulais savoir comment ça se passait."

Il était resté debout, les bras ballants, ses doigts bougeant subtilement, comme s'il était en train de caresser un quelconque doudou invisible.