France-Exode vers Paris

3h00 du matin, Tim n'arrive pas à fermer l'oeil. Il y repense sans cesse. Cette soirée, il n'arrive pas à l'oublier.

* Comment des amis peuvent-ils d'une seconde à l'autre passer de l'amour à la haine ?*

Il se lève. Il sait qu'il n'arrivera pas à dormir. Il marche jusqu'à la fenêtre. Il l'ouvre. Il a décidément trop chaud. Il ouvre ses volets. Dehors, l'air est frais. Le lampadaire de la rue éclaire sa barrière. Des gamins sont encore venus accrocher des dessins de montres et d'aliens.
Tim soupire.

* Pourquoi moi.*

Il regarde le cadre posé sur sa table de chevet, il s'agit de sa copine. Les larmes lui montent aux yeux. Dans un accès de colère, de désespoir et de tristesse, il donne un grand coup au cadre, qui plane quelques secondes dans les airs avant de s'écraser sur le parquet qui tapisse le sol de sa chambre. Le cadre se brise.
Il retient son souffle en se rendant compte du bruit qu'il a fait en plein milieu de la nuit. Rien.
Il attend quelques instants... Il décide de se recoucher, de faire comme si de rien n'était.
Personne ne se lève. Au bout de quelques minutes, il plonge dans un sommeil agité.

6h24 Nouveau réveil. Cette fois ci, il fait jour. Et il fait froid. Sa fenêtre est restée ouverte toute la nuit. Il écoute les oiseaux chanter. Il se croirait presque dans sa vie "d'avant".
Il descend au rez de chaussée. Il croise sa mère, l'embrasse sur la joue. Elle lui sourit.
Comme tous les matins depuis l"accident", elle lui pose la main sur le front.

" Tu as chaud. Je persiste à dire que l'on devrait aller à l'hopital."

Et Tim répond inlassablement :" On a été voir 5 médecins. D'après eux, je suis en parfaite santé. Et si c'est pour me faire jeter comme chez le dernier."

Sa mère hausse les épaules : " Je dis ça pour toi...Moi..."

" Toi, tu n'es pas le monstre de Deauville, c'est ca ?? Tu n'as pas trop chaud, tu ne fais pas péter les ballons sur ton passage et tu n'es pas encore un micro-onde à pop corn, c'est ca ??" réplique Tim avec férocité." Toi, tu...."

Son père arrive. Furieux, il lance " Tais toi, tu ne sais pas ce qu'on endure. Tu crois que c'est facile pour nous ? Tu crois qu'on est mieux vus que toi ?"
Il se calme. Il s'est énervé juste pour que Tim se taise. Le père prend un ton plus gentil.

"Tu sais, il faut que ça change. Je t'ai entendu la nuit dernière. Tu ne vas pas rester comme ça toute ta vie, enfermé dans la maison ?"

" Tu voudrais que je sortes ??"

"Non, bien sur, mais écoute, j'ai réfléchi :j'ai un cousin un peu étrange sur Paris. Il est gentil mais il... Enfin, tu verras. Je l'ai appelé, il serait ravi de te recevoir."

Tim soupire. Il réfléchit à la proposition de son père. *Encore une proposition bidon...*
Sa mère continue : " Tu sais, à Paris, personne ne te connait. Tu pourrais recommencer quelque chose le temps que les choses ici se tassent un peu. Et tu reviendras quand les gens auront oublié."

Tim sourit : " Je n'ai pas le choix, c'est ça ?"
Ils se mettent à rire, chose qui n'était pas arrivée depuis bien longtemps.

17h00 Ses affaires sont prêtes. Un dernier aurevoir à sa mère en larme sur le quai. Tim monte dans le train, le coeur gros. Le train part.... Tim s'endort au bout de quelques minutes.....

Le monorail filait silencieusement alors que Tim dormait...

Toutefois, il fut réveillé en sursaut par une alarme stridente, des cris étouffés de panique, et les contrôleurs qui braillaient pardessus.

"Gardez votre calme ! Suivez les flèches au sol !"

Et subitement, il se rendit compte de la fournaise, et de l'odeur de plastique brûlé. Son wagon entier était en feu et envahi d'une épaisse fumée âcre ! Et le feu s'était propagé au monorail tout entier qui commençait à se consumer. Les gens étaient déjà dehors, sur les voies, escortés vers les abris sous la voie par les contrôleurs.

Puis il fut interpellé par une lance incendie en pleine face. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il était totalement nu : ses vêtements s'étaient consumés, et lui même avait été brûlé.

"Bon sang ! Qu'est-ce que vous faites là vous ?!" lui lança le pompier avec la lance.

Réveillé en sursaut, Tim mit quelques instants avant de se rendre compte de ce qui se passait. Lorsqu'il se prit un jet d'eau en pleine face, il eut un énorme sursaut. La chute subite de température lui avait fait subir un choc énorme.
Les yeux hagards, il regardait autour de lui. Un pompier l'interpella. Il n'écoutait qu'à moitié. Il se rendit compte qu'il était nu. Rouge de honte, il se cacha comme autant que possible avec ses mains. C'est alors que ses légères brûlures le lancèrent. Il grimaça.
Son attention se retourna vers le pompier qui commençait à s'impatienter et qui réitérait sa question. Abasourdi, Tim ne put que répondre, bêtement :

" Euh, ce que je fais là ? Euh, eh bien, je vais à Paris...."

Il reprit :

"Mais, qu'est ce qui est arrivé ??"

Le pompier était éberlué, mais il se reprit rapidement. Déjà, un collègue amenait des couvertures et une civière.

"Il est en état de choc... il ne comprend pas ce qui lui arrive."

Le pompier entoura Tim d'une couverture et le souleva pour le mettre sur le brancard avant qu'il ne soit évacué.

Il se retrouva alors sur les voies du monorail : sorte de grand viaduc de pierre blanche à plusieurs mètres au dessus du sol, muni d'abris qui s'enfonçaient dans la structure du pont. Tim fut alors conduit à ce genre d'abri où il fut examiné par un médecin pendant qu'il était tartiné de crème anti-brulûres..

"Comment vous sentez-vous ?"

Tim regardait tout autour de lui pendant qu'on le portait. Les gens l'observaient avec insistance. Il se sentait de plus en plsu géné. Comme à l'anniversaire de...
Il secoua la tête, il ne devait plus y penser. Pourtant, ces flammes, le fait qu'il soit nu, était-ce possible que ???
Il fut allongé sur un brancard. Un médecin vint tout de suite s'occuper de lui. Il l'écouta bien plus attentivement que le pompier :

" Je... ca va étonnamment bien.. Merci...IL n'y a que les brulures.. Et la gorge qui m'irrite un peu..."

Il regardait autour de lui, tous les gens plus ou moins brulés. Il lança au médecin d'une voix hésitante :

"C'est de ma faute tout ça ??"

IL se mit à soupirer, priant pour que la réponse de l'homme en face de lui ne soit pas celle qu'il attendait. Il essayait de se convaincre que ça ne pouvait logiquement pas être lui :

* Il y a une différence entre faire péter trois ballons et incendier un train.*

Le médecin écoutait Tim avec cette attention caractéristique qui faisait croire au patient qu'il était fort absorbé par autre chose, et qu'il n'en avait rien à faire..

"Allons, allons, je ne vois pas vraiment comment vous pourriez être à l'origine de tout ceci... De toutes façons, les experts vont déterminer les causes de l'incendie."

Il se munit d'un abaisse-langue et d'une petite lampe, et il le présenta devant la bouche de Tim.

"Ouvrez la bouche et prononcez l'incantation rituelle, svp."

Tim se força à sourire au médecin.

*Comment il pourrait savoir, de toutes façons ???*

Il regarda le médecin et tira la langue en disant un vocable qu'il avait pris l'habitude de dire depuis quelques temps :

" Aaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhh"

Une fois l'examen sommaire de sa gorge passé, Tim reprit, avec sa inquiétude habituelle :

" Il y a beaucoup de blessés ?? De brulés ?? Et nos affaires, où sont-elles passées ??"

Tim regarda à nouveau autour de lui. Il aperçut un passager qui était dans son wagon, en train de héler un pompier en brandissant son billet de train.
Tim reprit, à l'attention du médecin :

" Et quand est ce qu'on sera conduits à Paris.?.?.? J'ai quelqu'un qui m'attend là-bas...."

Le médecin examina la gorge de Farenheit sans rien dire, puis, tout en jettant ses instruments souillés.

"Tout le monde a survécu. Les monorails sont équipés de bons systèmes de sécurité, il n'y a que de légères brulûres et surtout des gens choqués. Les bagages sont dans les wagons soutes qui sont intacts parce qu'ils sont protégés contre le feu."

Au dessus d'eux, un sifflement se fit entende.

"Vous voyez, le monorail est reparti. Ils vont en envoyer un autre ici qui vous fera terminer votre voyage. L'information de votre retard est probablement déjà en gare, vous n'avez pas à vous inquiéter, on vous attendra."

Puis il se releva.

"En ce qui me concerne, vous n'avez rien qui ne nécessite de vous hospitaliser. On va vous apporter des vêtements, et vous pourrez continuer votre voyage sans soucis ultérieurs."

Que ce soit le fait de savoir qu'aucun blessé grave n'était à déplorer ou celui d'être assuré de pouvoir bientôt partir, Tim se détendit un peu. Son grand cousin devait savoir qu'il serait en retard. Et puis, le médecin était plutôt agréable.
Tim émit alors un soupir de contentement et risqua :

" Alors, je vais demander à un pompier pour aller chercher mes affaires pour me vêtir d'une manière plus.....Humm..."

Il toussota, leva une jambe pour rappeler au médecin sa nudité et reprit :

" Plus décente..."

Il sourit à son interlocuteur.

" De toutes façons, vous m'avez dit que vous n'aviez pas besoin de m'examiner davantage. N'est ce pas ??
Ca veut dire que je peux aller demander moi-même aux pompiers, non ??"

Il se leva de la table d'auscultation.

"Vous comprenez, j'ai besoin de bouger..."

* En fait, cet hosto de fortune me met mal à l'aise. Tous ces gens brûlés... Je suis sur qu'ils arrêtent pas de m'observer..*

Le médecin tendit des sous-vêtements et un survêtement à Tim.

"Changez-vous... Vous en faites pas, les autres sont trop occupés pour faire attention à vous.

Je pense que vous pouvez aller voir les pompiers, ils en ont probablement fini. Bonne journée"

Et il s'en fut. Les pompiers étaient en train de ranger leurs affaires, sur les voies.

Tim remercia le médecin pour les vêtements que celui ci lui tendait.

* Un peu trop grand. Enfin, c'est déja ça....*

Il les enfila en jetant quelques coups d'oeil autour de lui. Personne ne regardait.
Lorsque le médecin partit, Tim avait fini de s'habiller. Il décida d'aller voir les pompiers, comme il lui avait été conseillé.
Ils rangeaient tranquillement leurs affaires sur le monorail. Tim reconnut celui qui l'avait aspergé, malgré l'état de choc dans lequel il se trouvait à ce moment là.
Il avança jusqu'à lui, mû par le sentiment de confiance instinctive qui lie une "victime" à son "sauveur".
Il l'interpella :

" Eh, M'sieur, vous vous souvenez de moi ?? "

Tim s'approcha tranquillement, un sourire aux lèvres.

"Merci pour tout à l'heure. Je sais que c'est votre boulot, mais... merci quand même."

Puis, d'un air innocent, il reprit :

"Et vous savez ce qui a causé l'incendie ??"

Le pompier se tourna vers Tim, alors qu'il enroulait sa lance à incendie. C'était un pompier d'âge mûr, le visage hâlé et buriné par l'experience et le feu.

"Ouais, je me souviens de toi... La belle au bois dormant. Heureusement que j'ai pas du t'embrasser !!"

Il jeta un coup d'oeil sur les marques de carbone sur les voies.

"Si tu veux mon avis, il a du y avoir un truc qui a surchauffé dans cette affaire là... L'expert fera son job sur le monorail, et on en saura plus à ce moment là."

Un autre monorail se présenta. Tim put alors voir la merveille, qui flottait à 10cm au dessus de la voie et se déplaçait ainsi sans un bruit et à grande vitesse. Sa carlingue était profilée, et parfaitement lisse.
Il s'immobilisa, de petites attaches sortirent des cotés et ancrèrent l'immense train dans la voie. Une porte s'ouvrit et de petits échelons se découpèrent de la paroi. Un contrôleur descendit ainsi de l'appareil.

Le pompier dit alors à Tim.

"Voilà votre billet de retour..."

Il parla alors dans sa radio et les gens sortirent des abris pour monter dans le nouveau monorail, aidés par le contrôleur.

Tim sourit à la plaisanterie du pompier. Il écouta d'un air inquiet les premières conclusions de l'homme. Il allait lui répondre quand un bruit monta dans la foule qui attendait le monorail suivant. Tim se retourna et vit alors se profiler une merveille. Il n'avait jamais vu de monorail d'aussi près. Ebêté, il regardait sans dire un mot le spectacle qui s'offrait à ses yeux.
Quand il se retourna, le pompier était parti, il ne l'avait même pas entendu lui souhaiter un bon départ.
Tim s'avança vers le wagon immobilisé. Lorsqu'il arriva devant le controleur, il fut pris d'un certain malaise.

* Pourquoi il me regarde comme ça ??*

L'homme le dévisagea pendant quelques secondes et lui fit un grand sourire :

" Deuxième rangée, Droite. Excusez nous pour le dérangement. Bon voyage."

* Dérangement, t'en as de bonnes !!*

Tim passa devant lui et s'assit tranquillement à la place qui lui avait été indiquée. Il attendit patiemment que le wagon se remplisse à nouveau. Mais cette fois-ci, pas question de s'endormir.

Le reste du voyage se déroula sans encombre.

A son arrivée à la gare de Paris, le hall était animé d'une certaine agitation : les télévisions étaient là, de même que tous les gens qui fourmillaient partout pour voir le monorail incendié. C'était la première fois depuis plus d'un demi siècle que ce moyen de transport était en service qu'un incident d'une telle ampleur se produisait.

Le train incendié était sur un quai proche, protégé des curieux par des barrières. Derrière ces barrières, un groupe de personnes inspectaient le train de fond en comble, sous la supervision d'un homme, un américain à en juger par son accent, d'allure fort serieuse et concentrée.

(HJ : je te laisserai gérer la personne qui doit t'accueillir.)

Tim sortit du wagon. Il observa le monorail endommagé et la foule qui l'entourait. Autour de lui, tout le monde se pressait.
Lui aussi, stressé à l'idée de devoir chercher quelqu'un qu'il ne connaissait absolument pas, décida de s'agiter un peu. Au bout de quelques minutes il avait récupéré ses bagages. Il se dirigea vers le hall de la gare. Personne n'avait l'air de l'attendre, malgré son retard.
Il soupira.
* J'espère qu'il ne va pas me faire faux bond.*

Il regardait autour de lui attentivement, mais personne ne semblait le reconnaitre. Il décida de prendre son mal en patience et dévia vers le monorail endommagé où une troupe de badauds était assemblée autour d'un groupe d'experts dirigés par un homme.

* Américain...sans aucun doute...*

Il était trop loin pour entendre dce qui se disait mais l'accent prononcé de l'homme en question ne laissait aucun doute subsister.
Tim, ne pouvant écouter ce qui se disait, prit le parti de flaner devant les magasins de presse. Son attention se porta sur un journal : " La sentinelle"
Les photos, l'histoire qu'ils mettaient en avant.. Tout cela rappelait étrangement quelques souvenirs à Tim.
Il acheta un exemplaire et le parcourut. Profondément plongé dans sa lecture, il ne le sentit pas approcher. Il lui tapota sur l'épaule. Tim sursauta, regarda vivement l'homme sale qui lui parlait.
*Me dis pas que c'est lui....*

"Z'auriez pas une tite pièce M'sieur ??"

*Ouff...*

Tim lui sourit, sortit son portefeuille de son sac à dos, d'où il sortit une pièce.

"Merci M'sieur, le ciel vous le rendra..."

Il s'en alla aussi vite qu'il était venu. Tim rebaissa les yeux sur son journal. Il trouva deux traces de papier brulé là où il y avait quelques minutes avant ses doigts. Il soupira .

*Le ciel vous le rendra ?? Tu m'en diras tant....*

Il ferma son journal et décida de chercher à nouveau son grand cousin. Quelques minutes plus tard, un homme.

Quelques instants plus tôt, un homme apparaissait dans le hall de la gare. il était visiblement pressé et cherchait quelqu'un. Lorsque son regard tomba sur le jeune homma, il sut que c'était lui : jeune, beau, naïf et le coeur sur la main. Comme son cousin le lui avait décrit. Il assista à la scène avec le clochard d'un regard amusé. Une fois la vagabond parti, il attendit quelques secondes avant d'aller lui même aborder le jeune homme. Il se décida enfin.

" Eh gamin, t'as que ça comme bagage ?"

Tim observa avec attention l'homme qui s'adressait à lui. Sans aucun doute, il répondit :

" Non, j'ai que ça."

L'homme lui sourit et lui tendit une main gantée :

" Nyja Geer, pour te servir."

" Enchanté, Tim Lekdo. C'est lequel votre prénom ?"

"Nyja, c'est une longue histoire. On y va ? J'ai pas beaucoup de temps avant mon décollage."

"Votre ??décollage ??"*Il est fou ?*

L'homme lui rit au nez.

" Oui, tu n'as jamais entendu parler de choses qui peuvent voler dans le ciel et t'emmener sur d'autres continents ?? Eh bien, bienvenue dans le monde réel."

Tim ne savait pas quoi répondre Il restait bouche bée.: * C'est ça, il est dingue !*.

" Bon allez, gamin, je te file les clés et je me casse, sous les cocotiers, rejoindre Tiphany......
Bon allez, trève de bavardages, je t'emmènhe, suis moi."

Tim, n'osant pas s'opposer à l'homme, et ne l'ayant même pas imaginé, suivit l'homme.

Après un petit trajet en voiture, Tim put arriver dans l'appartement de son cousin : un appartement peut-être un peu étriqué, mais confortable tout de même. En une sorte de torna de que Tim eut du mal à suivre, il rassembla des malles, donna les instructions pour le courrier, les ordures, les magasins, laissa de l'argent sur une table, et s'en fut dans un taxi en lui laissant les clés dans la main.

Tim regardait le cirque de son cousin sans mot dire. C'est un Tim ahuri que Nyja laissadans son appartement. Tim avait à peine compris ce dont il devait s'occuper. Il n'était jamais monté à Paris, il ne savait absolument pas où il était. Mais il n'avait pas encore eu le temps de s'en inquiéter. En tête à tête avec lui-même, il put enfin s'accorder une seconde de réflexion.
* J'y crois pas, il l'a vraiment fait. Je dois réver, c'est pas possible.*

Au bout de quelques secondes, une idée lui vint, il chercha son téléphone portable. Il tâta ses poches.

* Dans la poche avant de mon jean. Brulé...Sympa...*

Il regarda autour de lui. il toruva sans peine son bonheur dans ce petit appartement. un télphone fixe. Il décrocha et tapa le numéro de chez lui :

" Papa, c'est quoi ce zouf ?? Il est parti sans rien dire, Je...."

Après avoir raconté toutes ses péripéties à son paternel, Tim n'eut droit qu'à une réponse :

" Je t'avais dit qu'il était bizarre : il est toujours en mouvement, il part sans crier gare. Mais essaye de faire des efforts, tu verras, ca va aller sans lui."

Tim était ébêté. Tout le monde avait l'air de vouloir se débarasser de lui.

" Je... Ok, papa, salut..."

Sans attendre aucune réponse, il raccrocha, passablement énervé. Il plongea dans le canapé juste à coté de lui. Il ferma les yeux, puis les rouvrit. Il détailla tout l'appartement.

* Après tout, c'est pas si mal...*

Il décida donc de défaire ses bagages. Il retrouva son journal un peu brulé. Las de tous ces évènements, il s'affala sur le canapé, alluma le poste de télé et entreprit de lire l'article qu'il avait commencé dans le hall de la gare.

C'est alors qu'un homme frappa à la porte de Tim. Quand celui-ci ouvrit, il put voir de près l'homme de la gare, l'américain, qui coordonnait les travaux sur le monorail brûlé. Ayant l'allure typique du scientifique, vêtements approximatifs, coupe de cheveux aléatoire et petites lunettes

Il avait l'air fort sympathique au demeurant, et accueillit l'ouverture de la porte d'un haussement de sourcils et d'un sourire avant de se présenter, avec un accent trahissant sa provenance.

"Bonjour. Je suis le Dr. Zachary, mais vous pouvez m'appeler Adam. Vous êtes bien....."

Il consulta alors un bout de papier, laborieusement extrait d'un tas de papiers qu'il gardait dans ses poches.

"...Timothy Lekdo ?"

Quand Tim entendit frapper à la porte, il fut légèrement surpris.
* Déja des visites ??*

Il se leva, son inquiétude croissant :
* Peut être un créancier mécontent de ce "cousin" tombé du ciel...*

La porte n'avait pas de judas. Prenant son courage à deux mains, il ouvrit la porte. L'homme qu'il découvrit ne lui était pas inconnu. Quelques instants suffirent à Tim pour le remettre : le scientifique de la gare...
* Qu'est ce qu'il me veut ??*
L'angoisse montait en Tim. * Est ce possible qu'ils sachent déja que c'est moi ?? Non, je...*

L'homme se présenta, c'était bien l'américain de la gare.
*Un docteur ??*

Tim le regarda avec curiosité :

" Oui, c'est moi.. Je... On se connait ?? "

Adam sourit de nouveau, et remonta ses lunettes d'un geste machinal .

"Non, on ne se connait pas. Peut-être m'avez-vous vu à la gare ? J'étais à coté du gros monorail crâmé. Je suis venu pour..."

Puis il regarda autour de lui. Après tout, il était toujours sur le perron !

"Je vous dérange peut-être ? Sinon, on serait peut-être plus à l'aise pour discuter à l'intérieur ?"

L'allure de l'homme en face de lui lui plaisait. Après tout, il n'était que docteur, et pas policier. Et Tim, n'avait jamais appris à se méfier des gens. C'est donc tout à fait naturellement qu'il fit entrer son interlocuteur dans ce nouveau "chez lui".

" Non pas du tout, entrez. Je vous prie de m'excuser, je viens d'arriver."

Tim s'écarta pour laisser passer Adam.


" Oui, je vous ai reconnu dès que je vous ai vu à la porte. Votre façon de parler m'a confirmé dans ce que je pensais. Je vous avais entendu à la gare. Ne le prenez pas mal, mais vous avez un accent assez facilement reconnaissable."

Tim lui sourit.

" Excusez pour le désordre, mais je viens d'arriver."

Il se dépécha d'aller éteindre la télévision.

" Bien, si vous me disiez pourquoi vous êtes là ??Je viens seulement d'arriver, seuls mes parents et mon cousin sont au courant de ma venue sur Paris. Je dois avouer que votre visite m'amène à me poser quelques questions." demanda-t'il d'une voix qui laissait paraitre une certaine tension chez le jeune homme.

Adam entra en s'essuyant soigneusement les pieds, et hasarda un petit compliment sur l'endroit.

Il se frotta l'arrière de la tête d'un air embarassé quand Tim lui parla de son accent.

"Oui, je me doute bien... Je n'ai jamais été vraiment doué pour les langues...

Ah... Comment je vous ai trouvé. Vous aviez indiqué votre adresse de destination sur le formulaire d'enregistrement des bagages, alors me voilà. "

Il se tint debout devant un fauteuil sans s'assoir.

"Oui... donc... Comme je vous l'ai dit, je suis le Dr. Zachary."

Il tendit une carte de visite à Tim sur laquelle était écrite son identité, ainsi que la mention Ph. D. Sécurité et Expertise Technologique.

"Je suis là pour expertiser le monorail qui a brûlé. Votre billet indique que vous étiez à la place... 7 - B - 10, c'est bien ça ?"

Tim s'efforça de sourire et prit la carte que lui tendait Adam.
* Sécurité et Expertise Technologique ?? Mince, qu'est ce qu'il me veut ??*

De plus en plus mal à l'aise, Tim se frottait la peau juste deriière les oreilles, tic qu'il avait perdu depuis quelques années et qui, dans les moments de stress intense, revenait au grand galop.
Il toussota :

" Hum, oui, je.. c'est écrit sur mon billet. Je... Vous avez besoin de mon témoignage, c'est ça ?? Je dormais, je suis désolé, j'ai été réveillé par le jet de lance à incendie d'un pompier..Je suppose que vous n'avez pas encore son rapport.."

Il avait du mal à rester en place. Il respirait assez rapidement.

* Calme toi, calme toi. il n'a rien de concret...*

Tim se leva subitement et se réfugia derrière le mini bar.

" Vous voulez à boire ?? Parce que moi, j'ai une de ces soifs !!"

* Il doit bien y avoir de l'eau quelque part là dedans.*

Il reprit :

"Ils font bien des rapports les pompiers non ?? Enfin, je suppose que tout n'est pas fait en quelques heures..."

Adam acquiesca tout en se mettant à fouiller dans son attaché-case, qui renfermait une masse incalculable de choses diverses et variées.

"Si, les pompiers m'ont envoyé leur rapport et... oui, je veux bien à boire. Ce que vous avez, tant qu'il n'y a pas d'alcool, mais... Ah le voilà."

Il sortit alors son ordinateur portable, qu'il alluma.

"Oui, donc, les pompiers m'ont envoyé leur rapport préliminaire, mais c'est moi qui dois établir exactement ce qui s'est passé, et j'aurais en effet besoin de votre témoignage."

Il s'assit finalement et se mit à pianoter sur le large écran tactile de l'appareil.

"Donc, vous dormiez... Vous n'avez rien remarqué dans votre wagon ? Des sources de chaleur inhabituelles ? quelque chose dans ce genre ?"

L'annonce selon laquelle le pompier avait déja établi un rapoort préliminaire ne fit que stresser un peu plus le jeune homme. Mais il se calma lorsqu'il apprit que le scientifique ne cherchait que des sources de chaleur anormales auprès de sa place.

* Ouf, il a juste besoin d'un témoignage !*

Tim se détendit de manière significative. Il trouva alors les verres qui étaient sous ses yeux depuis le début. Il ouvrit le frigo et y trouva un litre de jus d'orange dont la date de péremption devait être largement dépassée.

" Euh, de l'eau du robinet, ca vous va ??"

* Enfin, si elle a pas été coupée, bien sur !!*

Tim ouvrit le robinet. Un filet d'eau jaillit. Il remplit les deux verres. Il en apporta un à Adam et garda l'autre dans sa main :

" Tenez"

Il se rassit dans le canapé, beaucoup plus serein.

"J'ai peur de ne pas pouvoir vous aider, Monsieur, je vous ai dit que je dormais. Je me suis endormi dès le départ de la gare. Et à ce moment je n'avais perçu aucune autre source de chaleur que le soleil à travers la vitre. Et je ne pense pas que celui ci puisse être à l'origine d'un incendie."
Il but d'une traite tout son verre. Il reprit :

" Et je n'ai pas fait attention en montant dans le wagon. Vous savez, c'est toujours après coup que l'on se dit qu'on aurait du mieux regarder, plus faire attention..."