Médisances post-réunionnaises

De la réunion

Ca devait arriver un jour, cette réorganisation. Camille n'avait pas à proprement parler été surprise. Non, ce qui l'avait déboussolée, c'était que même les vieux se retrouvent dispatchés. C'était étonnant.
Pour le reste, ç'avait été bonnes et mauvaises nouvelles. La Camille new generation se devant de voir le verre à moitié plein, elle commença par les mauvaises, par principe. Georgia était ailleurs. Il y'avait des nouveaux profs qui la rassuraient moyennement. Pas le gros rouge, lui il était juste marrant, non, plutôt le beau gosse qui lui rappelait l'expédition des quatre malades dans l'Institut, et la nana. Laura était ailleurs aussi.
Maintenant, le verre à moitié plein. Sahari l'avait rechoisie ! C'était un signe pour la Bretonne, signe qu'elle était sur la bonne voie. Elle s'était attachée à l'Africaine et à son mode de fonctionnement, même si elles n'avaient agi de concert que brièvement. Ensuite, Abaigh était toujours là, et Jessica - avec qui Camille n'avait jamais trop parlé - était aussi de la partie, comme Jade qui était revenue. Chloé, c'était un peu plus surprenant, mais il n'y aurait certainement pas de problème d'entente. Enfin...elle l'espérait.
Pour terminer, la meilleure des meilleures nouvelles : ALIXTIDE N'ETAIT PLUS LA ! Enfin libérée de l'influence du porcinet ! Elle pourrait l'éviter sans états d'âme ! Il persécuterait d'autres victimes ! En n'entendant pas son nom, Camille avait failli se mettre à danser la gigue, ne se retenant que pour éviter d'attirer l'attention sur son état mental. Après tout, elle avait merdé une fois, inutile de recommencer jusqu'à satiété.

Le verre à moitié plein.

Elle l'énonçait à haute voix pour être sûre et certaine de ne pas retomber dans ses anciens travers. Neo-Camille. Elle s'efforçait de le rester, depuis deux mois, et à priori ça marchait plutôt pas mal. Pour Georgia...elles en parleraient après. La Mitalienne était avec Iacobo, elle ne s'ennuierait certainement pas. Elle aurait du répondant. Par contre, elle ne savait pas qui serait avec Laura. Surprise.

Perdue dans ses pensées, elle était parvenue jusqu'au foyer. Plutôt que de tourner les talons pour aller vers, par exemple, la cuisine (elle avait décidé de hurler son bonheur à Alixtide, mais préférait attendre - la vengeance est un plat qui se mange froid), elle resta et choisit la première musique sur laquelle elle tomba. Un truc qu'elle ne reconnaissait pas, mais qui la détendait. Parfait.

Puis elle se vautra dans un des fauteuils, après avoir attrapé un vieux bouquin à la couverture effrayante qui semblait parler de jeunes femmes affreusement massacrées. Parfait pour se vider l'esprit. Elle regarda le titre, "The Dark Line". Elle plongea, c'est le cas de le dire, dans l'histoire. Un homme-grenouille charcutait des demoiselles. Peut-être trouverait-elle l'inspiration pour le sort qu'elle réservait au Breton qu'elle détestait le plus ?

Réunion

Ils-les-avaient-séparés. Trahison ultime. Ils avaient séparé ce qui restait des X-Rays. Ils l'avaient séparés de Jen. Et Wind. Iacobo aussi, mais il avait remplacé Gaël, alors c'était un moindre mal. Un peu, car il finissait par l'apprécier. Comment il avait fait? Wind devait avoir un petit côté sorcière et avait ensorceler l'esprit de l'amérindien. À un tel point qu'il ne se souciait même pas de l'étrange tolérance qu'il avait développée à son égard.

N'empêche. Ils avaient passé des mois à chercher Adam, et dès qu'il devenait directeur-parce-que-l'autre-est-parti il séparait les seuls survivants. Gaël était parti à Noël, puis en janvier Tim les avaient délaissés pour Garrisson et ses accolytes, et Enzo était mort le lendemain. Des mains d'Adam, à ce qu'on lui avait raconté... Et il se retrouvait dans une équipe menée par une espèce de bête... géante... rouge... qui parlait comme les gens de Taymyrskiy. Tout pour le mettre en confiance, quoi! Au moins il était avec son nouveau coloc, Jay, qui lui avait mystérieusement survécu plus loongtemps que Louis... Il y avait aussi Kalalli, le petit inu, avec qui il parlait parfois de ses traditions. Il était bien sympathique, mais ne le connaissait encore que très peu. Aussi, Yamina, une amie de Rachel et Anna. Anna que Tim avait grossièrement abandonnée, elle aussi, en quittant l'institut. Finalement, il y avait Niko, l'ami d'Alixtide : aussi bien dire qu'il était étrange!

Ils n'étaient que 5. Pourquoi pas plus? C'était vraiment étrange... Jen restait avec Adam, Wind allait dans une équipe d'un autre nouveau prof, qui semblait plus... humain et qui trainait depuis quelque temps déjà autour de l'institut, pour le reconstruire, et Iacobo allait dans l'équipe de Cassandre, ce qui n'était pas un mauvais choix!

Après la réunion, Nan' entra donc dans le foyer, légèrement frustré. Il vit Camille et la salua. Elle, elle avait conservé son équipe, la chanceuse. Mais il ne fallait pas lui en vouloir, elle subissait tout autant que lui les décisions des professeurs.

-Kwé Camille...

Il se dirigea vers la petite pile de livres de niveau facile, pour en prendre un. Il ne s'y disait rien de très palpitant, mais il devait pratiquer sa lecture...
Il hésitait encore sur son choix lorsqu'une autre personne entra...

Salle de Classe Foyer

"-chier !" grogna Laura en poussant violemment la porte du foyer.

Pourtant, elle n'était pas habituée à dire des gros mots - même si avec tous ses grand-frères, elle en avait appris de beaux - mais là, c'était l'occasion. C'était qui cette femme ? Non mais il n'y avait pas moyen d'avoir un autre leader que Georgia-la-plus-belle ! Ce qui serait dur en se retrouvant dans une équipe différente de la sienne. Oui, la jeune fille l'avait pressenti, mais l'entendre comme cela... Et Camille se retrouvait avec Jessica ! Heureusement qu'Ivy faisait partie de son équipe, sinon, entre Math-gros-débile-copain-de-Bart et la blonde-au-nom-pas-prononçable... En passant par une des recrues du moins de janvier qui avait l'air carrément andouille... Belle équipe ! Laura s'affala sur un fauteuil.

"Camille... c'est la loose ! J'suis pas avec toi, j'suis pas avec Georgia, j'suis pas avec Jess ! Suis pas avec Kitty !" dit-elle alors qu'elle venait de remarquer la Bretonne. Puis, en voyant Nan elle ajouta "Kwé, Nan." il fallait croire qu'elle avait pris son habitude de saluer les gens ainsi "Toi aussi équipe de merde ?"

Encore un. Maintenant qu'elle avait treize ans et qu'elle se pensait grande, Laura se permettait de parler comme ses grand-frères. Sauf qu'eux, à la maison, se faisaient gronder. Elle, ici, en autonomie, quand il n'y avait pas de professeurs, pouvait dire ce qu'elle voulait sans réellement être saquée. De toute façon, quiconque se permettrait de la juger s'en prendrait une... de Georgia, dès que la jeune fille aurait été pleurer dans ses jupes... Si elle en portait. Car elle n'avait pas tellement grandi, treize ans et toujours la taille d'une fillette, même son petit frère la dépassait. Elle l'avait vu le weekend de son anniversaire. L'avantage d'habiter pas loin de chez elle était qu'elle avait pu fêter ses treize ans avec sa famille, fête bien sympathique, elle avait revu sa nièce espagnole. Mais cela remontait à trois semaines déjà. Depuis, elle avait eu le temps de revenir dans la monotonie de l'institut, qui ne lui déplaisait pas, depuis ces deux jours meurtriers.

*Pas y penser...*

"T'as d'la chance Camille, tu t'retrouves avec Jess et puis Jade elle est gentille - même si elle m'a oubliée en deux deux - et puis y a que des filles ! Moi j'ai des gros lourds à supporter ! Et puis t'as vu l'air pincé de ma prof ? Fait ch... Ca m'gave !"

*Prendre des bonnes résolutions...*

Réunion

Pour une fois, ce fut avec calme, sans se planter et terminer la tête la première sur le sol que l'Irlandaise pénétra à l'intérieur du foyer. Jade la suivait d'ailleurs de près. Abaigh avait la même énergie que d'habitude, un petit sourire accroché à ses lèvres : Elle essayait au mieux d'être de bonne humeur, de penser de manière positive. Le calme était certes revenu à l'Institut, mais les souvenirs eux, restaient gravés dans les mémoires de chacun. La mort de certains, le départ d'autres, des pertes qu'on ne pourrait jamais remplacer. Cependant, Abaigh n'était pas du genre à s'enfermer dans le passé et elle avait surmonté tout cela. Cela étant dit, si Camille et ses autres compagnons n'avaient pas été là, elle n'aurait probablement pas réussi à surmonter les épreuves.

Les élèves avaient été conviés à une réunion et cela s'était plutôt bien passé. Les nouveaux professeurs étaient tous très différents et cela promettait des choses intéressantes. Les équipes avaient également été reformées et Abaigh avait été agréablement surprise en apprenant que non seulement elle restait au sein des OryX mais qu'en plus, elle y retrouvait Jade, Camille et que Chloé et Jess les rejoignaient. Les nouvelles annoncées au cours de la réunion fourmillaient à présent dans l'esprit d'Abaigh : Malgré ce que les élèves avaient vécu, les difficultés étaient sans aucun doute loin d'être terminées.

Une fois à l'intérieur du foyer, elle s'avança et s'installa en tailleur, par terre, près du fauteuil de Camille.

-Ca va vous trois?

Demanda-t-elle à sa coéquipière ainsi qu'à Nan et Laura. Elle observa Nan pendant quelques instants : Il devait être déçu de ne pas être dans la même équipe que Jen. Et puis Laura semblait également assez remontée. Abaigh se rendit alors compte que la question qu'elle venait juste de poser n'était peut-être pas la meilleure. Elle décida donc de dévier.

-Les nouveaux professeurs sont... Originaux je trouve. Surtout le grand, rouge... Il est vachement impressionnant non?

Ca pour être impressionnant, il l'était oui. C'était d'ailleurs lui qui menait l'équipe dont Nan faisait à présent partie. Le sourire d'Abaigh se fit alors un peu plus crispé. L'ambiance était tendue : Fallait essayer de détendre tout ça.

-Mais ils ont l'air assez sympas... Surtout euh... Paolo je crois qu'il s'appelle? Toutes les filles vont tomber raide dingue de lui!

Enfin pas toutes, mais sans doute une bonne partie. Après tout, il y avait beaucoup de demoiselles titillées par des hormones à l'Institut, et face à un bel homme comme lui, elles allaient forcément réagir, ou en tout cas, les hormones allaient réagir. Abaigh? Ca la faisait plutôt rire en fait.

-Va y'avoir des combats pour avoir ses faveurs! Faudra qu'on prenne les paris, hein Camille?

Elle essayait de motiver son amie. Elle voulait lui redonner le sourire et si pour ça, il fallait qu'elle se montre puérile, débile, ou autres, elle allait le faire sans hésiter.

Jade quittait à présent la réunion en compagnie d’Abaigh. Elle s’était particulièrement rapprochée de celle-ci ces derniers jours et comme un coup du destin, elles se retrouvaient à nouveau ensemble chez les OryX. Beaucoup de chamboulements ces derniers temps avaient eu raison de la bonne humeur quasi-permanente de Jade. Heureusement pour elle, les résidents de l’Institut avaient le don incroyable de remonter le moral, et tout particulièrement Abaigh, justement. Elle essayait de passer autant de temps que possible en sa compagnie, ne serait ce que pour profiter de sa personnalité curative.

Les jeunes filles pénétrèrent dans le foyer où deux ou trois personnes étaient déjà. Evidemment, la discussion tournait autour de ces histoires d’équipes. Déjà dans l’amphithéâtre, les réactions divergeaient quant aux disparitions, créations et mélange des équipes. En ce qui concernait Jade, tout allait bien. Elle n’avait apparemment pas fait mauvaise impression lors de sa précédente intégration des OryX, puisque le professeur Fouba avait jugé bon de la réintégrer. La moitié de la nouvelle équipe était composée d’anciens. Lyu n’en faisait pas parti, cela ne faisait que peu de temps que Jade avait arrêté ses pensées macabres à son sujet, mais de temps à autre, elles faisaient de la résistance. Elle regarda Abaigh qui allait s’asseoir prêt du canapé.

Jade contourna le canapé par l’autre coté pour aller s’asseoir dessus à coté de Camille. Elle salua au passage Nan’ qui s’apprêtait à se plonger dans une lecture et Laura, qui semblait particulièrement de mauvaise humeur. Abaigh engagea la conversation dont le but était aussi de détendre tout le monde, que d’émotions!

"Moi Adam me faisait déjà peur, donc forcément t’imagines bien que… hum… m’sieur Kolvo… Klovi…Vlok…V… que le gros rouge me met pas plus en confiance !"

Depuis qu’Adam avait violemment éclaboussé du Enzo sur elle en Oregon, il lui fichait une peur bleue.

"Paolo a l’air d’un lover, mais personnellement, c’est pas trop mon genre. Pis c’est un vieux…" Dit elle en souriant.

"Moi je vote pour Sahari, Mademoiselle Deneos ou l’autre nouvelle ! Si il choisi Carrie, c’est qu’il est maso, si il choisi une autre, c’est qu’il est pédophile !"

Elle sourit de plus belle et se tourna vers Laura. Elle fronça les sourcils de voir la fillette dans cet état, puis tendit la main vers elle et secoua les doigts

"Alleeeez, Laura ! Boude pas ! Ca va bien se passer tu verras. Si ils font ca c’est aussi pour qu’on soit tous plus soudés, je pense." Puis elle lui fit à nouveau un sourire accompagné d’un clin d’œil, avant de se retourner vers les deux autres.

"On a une équipe 100% filles, nous ! Ca devrait aller !" Puis elle glissa les yeux sur Camille qui n’avait pas l’air convaincue du tout, et attendit une réaction de sa part.

Georgia sortit de la salle de classe effondrée, désemparée et vaguement effrayée... Son blouson en cuir à moitié enfilé, elle chercha au plus vite des visages amicaux... N'importe qui, n'importe où, pour dire et faire n'importe quoi... Il fallait qu'elle se vide la tête.

Ces derniers mois n'avaient pas été évidents. Porter le deuil de River, pas un mince fardeau... La New Yorkaise un peu perturbée n'avait jamais réellement su avec elle où commençait la séduction et où finissait le jeu... Qu'elle le veuille ou non, jamais plus elle ne pourrait embrasser à nouveau la jeune anglaise. Et ses dernières paroles à son encontre, n'avaient pas été des plus tendres... Elles s'étaient quittées fâchées, on pouvait le dire...

De plus, tout changeait une fois de plus... Des départs, des morts, des nouveaux professeurs...

Le grand tout rouge avait l'air drôle ! Mais les deux autres... L'un semblait être sorti d'une poubelle et la nouvelle psy semblait pas aussi funky que Mademoiselle Deneos...

A ce sujet, Georgia était très perplexe quant à son affectation... Ca signifiait beaucoup de choses pour elle, beaucoup de questions qui restaient en suspens et qui menaçaient de la faire imploser, elle, la New Yorkaise un peu étrange...

C'est dans le salon qu'elle choisit de stopper ses pas : Laura, Abaigh, Camille, Nanikana... Y avait pire choix pour se sortir ses interrogations de la tête. Jade aussi... Elle avait promis au p'tit nem grillé de s'occuper d'elle. Mais Georgia ne savait pas trop s'y faire, elle s'en était à maintes et maintes reprises rendue compte...

"Hello les filles" lâcha t'elle mollement, englobant dans son accolade le pauvre Nan, en guise de refus de la grammaire phallocentriste...

La New Yorkaise alla se positionner tout près de sa douce et lui déposa un baiser sur la gorge.

"Faudrait qu'on m'explique un truc : je suis folle ou bien ?"

La New Yorkaise avait l'air fébrile. Ses pieds ne tenaient plus en place.

"Parce que j'adore Mademoiselle Cassandre. Et Iacobo est un bon ami ! Mais j'ai l'impression d'avoir échouée dans la section psychiatrique de l'Institut ! Et comme, je sais que je peut être un peu étrange par moment... Enfin, arrêtez moi si je me trompe... Mais, vous me trouvez dingue ?"

Réunion

Elle était toujours une X-Rays, toujours avec Adam... mais à quel prix ?

Un mélange des équipes ? Déjà que les équipes devaient toujours combler les manques laissés par ceux qui partaient ou... Et voilà que le nouveau semestre débutait pas une séparation, et quelle séparation !

Jen avait déjà du mal à se faire à l'idée qu'elle ne verrait plus les petites souris d'eau se balader dans l'institut pour tenir Enzo au courant de ce qu'il s'y passait. Il avait été un éternel taciturne mais elle y était attaché, l'un des premiers élèves lui aussi. Wind était comme une grande soeur et un peu leur protectrice depuis le départ de Tim, et Nan... comment pouvait-elle imaginer un instant qu'on les séparerait tous les deux ?! Elle qui n'avait cessé de se blottir dans ses bras ces derniers mois pour y trouver le réconfort et la force de continuer.

Lorsqu'elle entra dans le foyer, elle oublia toute politesse pour foncer droit vers son bien aimé et le prendre dans ses bras, le serrant de toutes ses forces pour ne pas fondre en larme. Ces derniers mois avaient été tellement forts en émotions que l'idée de l'éclatement de l'équipe était un nouveau coup dur à encaisser.

Et Jen arriva, apportant avec elle amour et calins qu'elle réserva pour son amoureux. Jade les regarda un moment d'un sourire béat et attendri. Qu'est ce qu'elle ne donnerait pas pour avoir droit à un calin elle aussi. De son coté, par opposition. Laura grognait... encore. L'intervention de Jade n'eut absolument aucun autre effet que de compter pour du vent. Laura n'était pas contente, c'était le moins qu'on puisse dire, et même en Inde, ils devaient maintenant être au courant...

Alors que Camille, Abaigh et Jade déliraient comme il se doit, Georgia débarqua à son tour dans le foyer. Elle aussi semblait avoir quelques problemes avec sa nouvelle équipe. Sa remarque concernant son etat mental ne manqua pas aux oreilles de Jade. Pendant la réunion, elle avait effectivement tilté sur ce point à l'énumération des Nexus. Iacobo et Georgia dans une même équipe encadrée par Cassandre... Y'avait anguille sous roche. Jade était prête à lui répondre. *Oui Georgia! Désolée mais tu es folle!* Elle ne lui avait jamais rien fait de mal, mais elle l'avait toujours trouvée bizarre, d'un genre assez particulier.

"Non! T'inquietes pas Georgia! Les NeXus sont une équipe super classe je trouve, et si Mademoiselle Deneos t'as choisi pour en faire partie, c'est plutot une bonne chose" Lui dit elle en souriant.

A peine avait elle fini sa phrase que Laura revint avec ses gros sabots, ou ses grosses baskets pour le coup, jetant un froid sur l'assemblée. Le sourire de Jade disparu d'un coup et elle écarquilla les yeux en fixant la jeune fille. Puis elle passa son regard sur Abaigh qui elle aussi avait perdu son sourire. Et ca, c'était grave!

C'est alors que Laura en prit pour son grade par l'irlandaise. C'était plutot inhabituel de la voir dans cet état mais qu'est ce que ca faisait du bien! Jade admira sa camarade dire ses quatre vérités à la fillette. Elle la voyait comme une héroïne, les mains sur les hanches, la poitrine en avant, un 'S' cousu sur son vetement et le vent dans les cheveux. En vérité, elle était probablement la meilleure personne qui pouvait montrer à Laura à quel point son comportement était agaçant parfois...

Un nouveau silence s'installa... Meme si la remarque de Nan' avait déja plusieurs minutes d'âge, elle décida d'embrayer sur ce point comme si de rien n'était, recentrant son regard sur le petit couple qu'il formait avec Jen.

"Des équipes avec que des gars et des équipes qu'avec que des filles, ca peut redonner une nouvelle dimension aux équipes. tu vois? Du genre gars contre les filles. Bon c'est sur y'a encore des équipestrès mixtes, mais avec ces différences peut être qu'o npourra bie nvoir quel genre d'équipe arrive le mieux à s'organiser... Meme si j'ai ma petite idées sur la question!" Ajouta t'elle en roulant les yeux jusqu'à ses coéquipières, la langue tirée d'un sourire malicieux.

Puis elle s'enfonca dans son canapé et tourna à nouveau son regard vers Nan et Jen, juste histoire de retrouver son sourire béat et de continuer à rêver...

Salle de classe


Le serbe ouvrit la porte du foyer qui, une fois encore était blindé. Toutefois il se sentait presque content de retrouver l'école après les trois affreux mois qu'il venait de passer.

Pas de grands changements physiques si ce n'est des cheveux un peu plus longs et couverts de sable, une barbe de trois jours, un pantalon cigarette dans un étonnant mauvais état et un marcel blanchâtre.

Sa ressemblance à un clochard lorsqu'il rentrait de séjour hors de l'Institut ne devait plus choquer grand monde. D'ailleurs l'ambiance semblait plutôt sereine pour une troupe de jeunes adolescents ayant vu plus de morts en quelques semaines qu'une ville entière en une vie. C'était surement la force de l'habitude qui transformerait les ultimes survivants en de vieux mutants baroudeurs et blasés par la vie, insensibles à un enfant mort écrasé par une baignoire (l'image du Petit Louis sanglant n'avait toujours pas quitté l'esprit de Iacobo).

Il venait de quitter l'amphitheâtre et la présentation du nouveau semestre : rien de bien méchant après tout, un rapide listing des morts, deux trois phrases d'excuse de la part du corps professoral pour se faire pardonner leur massacre (presque à la tronçonneuse) et trois professeurs remplaçants pour ceux morts, devenus fous ou prophètes comme ce binoclard d'Olivier parti en croisade.

Il y avait une israélienne pseudo psychologue et guerrière à ses heures perdues, plutôt mignonne. Mais aussi Sancho le nouveau freluquet hispanique à la voix suave qui ne manquerait pas d'établir bientôt la confession obligatoire et puis finalement, le clou du spectacle, le nouveau mec de Sahari, un infâme géant rouge soviétique à la gachette facile, du genre viril et rentre dedans. Il était surement spécialiste des missions d'infiltration.


Bref, le voilà de retour à l'Institut. Il avait aperçu Wind à la réunion : c'était malheureux à dire mais il n'avait pas trouvé le courage de lui adresser la parole.

Après la récupération de mission par téléportation à Paris, le serbe n'avait pas pris le vol de retour pour Salem Center. Il avait plutôt opté pour le Mexique après avoir tirer au sort sa destination à l'aéroport.

Tout se présentait au bien au départ : une plage, des cocktails à longueur de journée, quelques filles au teint dorée, de l'herbe mystique ça et là...

Au bout de trois jours, une descente malvenue de policiers et cela en était fini de ses vacances absurdes : il avait pris rapidement trois mois de prison pour détention de stupéfiants, partant directement pour une pénitencier sinistre au fin fond du pays, entourés de personnages inquiétants. Cela n'avait pas été de tout repos. Il s'en était finalement tiré avec une lourde caution et rentrait même avant le début des cours.

Il était d'humeur iacobienne, ce qui s'illustra de la façon suivante :

"Bonjour mes femmes, comment allez vous ? Vous avez bien tenu la maison pendant mon absence, je suis satisfait de votre travail ainsi que de votre fidélité. Qu'il est bon d'être polygame !"

Il lanca sa dernière vérité générale tout en s'affalant sur le canapé le plus proche. Laura était malheureusement non loin.

"Tu es ma dernière femme non ? Tu ne veux pas m'apporter un petit cocktail vodka gin tonic ? Je sors tout juste de prison et ca n'était pas vraiment drôle tu sais, bref je te raconterai lorsque tu auras un peu grandi... mais c'est que tu as grandi petite ! Bon si tu m'apportes mon cocktail je t'organise un enterrement de vie de jeune fille et je finance ton piercing à la langue, comme moi"

Il lui tendit sa langue sur lequel logeait le fameux piercing en question qu'il avait maintenant depuis plus de trois ans. Il était temps de refaire une éducation à la petite tarée dessinatrice.

"Parce que les garçons ça sert à rien !" lacha Georgia du tac au tac avant de se mettre une main devant la bouche avant empressement... Il fallait qu'elle continue à travailler sur elle même, faire en sorte que son inconscient soit réellement une chambre de décontamination et non plus une auberge espagnole laissant passer n'importe quelle ânerie... Y avait encore du boulot à vrai dire...

Puis voyant que l'indien, qui l'instant d'avant feuilletait un livre de Kitty, se mettait en position pour effeuiller Jen, elle ne dit plus rien du tout...

Laura quant à elle fut la voix de la raison... OK elle était folle, et alors ?

"Merci, Laura, c'est gentil..."

Folle et fière de l'être, Georgia sourit comme une cruche... Après tout, elle avait réussi à tenir 18 ans dans ses chaussettes, à supporter son reflet dans le miroir... Maintenant que Mademoiselle Deneos l'avait diagnostiquée suffisamment timbrée pour nécessiter une surveillance constante, qu'est ce que ça allait changer ? Des cachetons pour dormir ? Elle les refilerait à Iacobo, c'était tout...

La New Yorkaise ricana de satisfaction en entendant sa jeune protégée dire tout le mal qu'elle pensait de son équipe... Elle se prit à penser que, finalement, les Stryx c'était pas si mal... Si on omettait le taux impressionnant de mortalité infantile et la présence agaçante de la petite naine chétive et asthmatique. Une image réjouissante de violon volant lui traversa l'esprit à défaut d'une fenêtre mentale... L'ambiance était décontractée, Georgia se sentait valoir un million de dolllars... Sa chère et tendre dans les bras, toutes les tempêtes étaient passées, les marins rejoindraient la terre ferme pour aller s'encanailler sur l'île aux vahinés...

... hum, le navire avait échoué en fait. Un léprechaun irlandais avait fait mumuse avec leur mat. Jamais, les naufragées volontaires n'iraient au pays des barbapapas... Merci Abaigh !

Georgia fit craquer son cou et détendit ses épaules comme pour se grandir. Elle abandonna quelques instants Camille, comme pour se faire protectrice. Laura n'avait pas la langue dans sa poche, certes... Mais Georgia non plus !

Jade quant à elle essayait de dérider l'atmosphère en ravivant la guerre fifilles / mémecs qui n'aurait pas lieu faute de combattants...

La New Yorkaise toute à sa préparation mentale se risqua néanmoins à une répartie bien de chez elle :

"Jade, ma puce, j'ai promis à Lyu, sur sa dépouille encore fumeuse, de te protéger et de m'occuper de toi. Je t'apprendrai plein de trucs sur la vie, les filles, la vie, les filles et les nullités qui nous servent de copains de classe... Je t'apprendrai à être fière et digne et belle et rebelle et à vivre sans tous ces ploucs mais... pas maintenant" lança t'elle très digne.

Les douces paroles de Camille lui firent plaisir... Etre folle et être aimée, c'était bien, c'était même très bien... Que pourrait il lui arriver dans ces circonstances ?

Mais sa bretonne préférée se fit diplomate... Georgia écarquilla des yeux : était elle la seule à être restée irresponsable ? Elle s'inquiéta en s'imaginant Alix en train... en train... de ne pas faire d'âneries. Ou de dire tous les mots dans le bon ordre avec les bonnes lettres. Un frisson d'angoisse parcourut son échine...

"Camille parle bien Abaigh... Elle parle même super bien..."

Georgia bouillonnait en faisant quelques pas fébriles. Soudain, elle stoppa nette.

"Néanmoins, j'aimerai que tout le monde se détende. Ca n'a pas été évident pour qui que ce soit et c'est normal que Laura veuille exprimer ses sentiments. Après tout, elle est comme elle est et..."

Nouvelle pause, plus longue, plus profonde...

"Oh et puis ça me gonfle !" cria t'elle. "Abaigh, t'as pas à parler comme ça à Laura, OK ? Si Laura veut commenter son équipe, ben qu'elle la commente, MOI ça m'intéresse... Et si ça te gonfle, toi aussi tu peut appliquer ton conseil à toi même, OK ?"

Elle soufflait. Début de sueur. Besoin de transition et d'amour...

Iacobo se personnifia en la première de ces deux choses tout en proposant la seconde...

Georgia retrouva le sourire. Le serbe avait toujours ce gout prononcé pour la provocation à deux balles...

"Alors, Iacobo, on réanchante sa vie avec une bonne dose de principe de plaisir ? La prison, c'était sympa ? T'avais fait quoi ce coup-ci ? Hum ? Toujours les prestations tarifées ou t'as progressé ?"

C'était dit sans animosité. Après tout, elle était réellement heureuse de le retrouver !

[Bandes de posteurs fous! Un honnête stagiaire peut même pus aller travailler!]

Nan' ne put pas réellement suivre le reste des conversations, étant donné l'apparition de son ange de lumière. Il répondit à son étreinte et son humeur changea immédiatement. De frustré après un Adam qui faisait tout pour faire souffrir les Rays, il se faisait cajoleur et rassurant. Du moins il essayait.

-On habite encore tous ensemble… avec Wind, et Iacobo. Et l'esprit d'Enzo qui flottait probablement dans l'humidité de la pièce. Voilà qu'après s'être sèchement défendues à son égard, les filles faisaient une petite guérilla bien féminine.

-Les filles, calmez-vous glissa-t-il par-dessus l'épaule de Jen alors que Camille mettait de l'eau sur le feu…

"C'est pour ça qu'il faut aussi des mecs…"

-Kwé Yak, on s'ennuyait… lui dit-il à son arrivée, étrangement sincère et ignorant de ce qu'était véritablement un yak. Un animal bien plus viril que le serbe, clairement. Il se leva, laissant Iacobo seul superviseur des filles sauvages et levant Jen avec lui pour se rendre dans les chambres, où se cache un peu d'intimité.

-J'ai vu Ivy passer, par la fenêtre lui murmura-t-il à l'oreille en sortant.

Jen se laissa entraîner, serrée dans les bras de son amoureux, qu'elle autre endroit aurait pu être plus accueillant ?

Il avait raison, ils étaient toujours sous le même toit mais comment pourrait-elle veiller sur eux en mission ? Ou était-ce l'inverse qu'elle souhaitait ? Le souvenir de Versailles était encore vivace dans son esprit, elle était tellement inquiète pour Nan, qu'il lui arrive quelque chose... elle allait être obligée de confier sa sécurité à d'autres et cela ne lui plaisait pas du tout.

Lorsqu'ils étaient rentré de mission, elle avait sauté dans les bras de sa colloc adorée et dans ceux de Wind avant d'apprendre qu'elle pleurait sa cadette.

Les blessures avaient encore du mal à se refermer. Trop de blessures en si peu de temps...

Tim... Gaël... Enzo... et tant d'autres.

Elle avait passé ces quelques semaines d'abord à panser du mieux qu'elle put ses plaies auprès de ses équipiers et surtout de Nan, puis avait passé le restant à lire les comptes rendus, et finalement à fomenter la torture de Garrisson alias Helios. La mutante maîtrisant la lumière s'imaginait déjà aux prises avec monsieur photon...

Elle tourna son regard émeraude vers Iacobo avant de sortir de la pièce en compagnie de son algonquin.

Chambre

--> Ailleurs...

En lieu et place d’Alixtide, Jess entra dans le foyer, après avoir regarder Jen et Nan s’éloigner. Elle leur envoya un vague salut en passant devant eux, puis entra dans la salle supposée être un lieu de détente, de calme, et surtout de sérénité. Ce n’était visiblement pas le cas aujourd’hui, et Jess resta planté sur le seuil quelques instants, venant de voir passer Abaigh qui semblait de mauvais poil, et encore, c’était un euphémisme.

Iacobo et Laura était sur le canapé, et Camille semblait dans un état de nerf proche de celui d’Abaigh, quoi qu’encore sous contrôle. Il y avait aussi Georgia et Jade dans la pièce. Deux filles dont elle ne savait quoi penser. Georgia, elle l’aimait bien, surtout depuis la mission en France, mais elle était désormais une Nexus, et Jess ne pouvait s’empêcher d’en être un peu jalouse. Quant à Jade, elle ne la connaissait pas très bien mais maintenant qu’elles étaient dans la même équipe... D’ailleurs il y avait aussi Abaigh et Camille. Et que des filles par dessus le marché... Elle n’avait rien contre, mais ça allait lui changer que d’être entouré de mec : Fabrisio, Frank, Léo avant...

Bref. Elle en revint à la situation dans le foyer, et fronça légèrement les sourcils, et s'appuya contre le cadran de la porte.

« Ben alors... qu’est-ce qu’il se passe ici ? »

-> Ailleurs

Math se dirigeait vers le foyer d'un pas lent et nonchalent, les mains dans les poches. Il croisa Abaigh qui n'avait pas l'air de très bonne humeur. Il vit Jess dans l'encadrement et passa devant elle. il passa un main dans ses cheveux en soupirant, puis se dirigea derrière le cannapé puis s'y écroula sur le dos. Il se mit en position assise sur le sol. Jade était là. Avec elle Camille l'air renfrogné à coté de Iacobo qui était lui même à coté de la petite et mièvre Laura. Georgia se tenait à coté de Jade. Les féministes était en majorité. Math soupira à nouveau. Il se leva toujours sans décrocher un mot.

"Bon... J'me retrouve avec trois inconnus, une décébré mais sommes toutes gentille et écolo et une gosse mièvre qui arrive à matérialiser ses cauchemards. Le prend pas mal Laura mais vu qu'on se connais pas trop c'est surtout ce coté là que j'ai vu ... ma nouvelle prof référante est aussi aimable qu'un beretta posé sur ma tempe, on a récupéré une tomate russe et une gravure de mode aussi extravagente qu'une plante verte...

D'après ce que je vois ici ça à l'air d'être la grosse poilade ... Et bien il commence vachement bien ce semestre !"

Dit il un faux sourire au lèvres. Il n'était pas si déçu que ça enfaite mais en ce moment tout l'exaspérait. Il y avait quand même ce grand type toujours qui l'amusait et l'interessait au plus haut point ! Dommage qu'il n'ai pas été son prof chef d'équipe. Tant pis il se contenterait du beretta ! Il se mit à coté de Jade reprenant immédiatement son air blasé. Il ne s'adressa alors qu'a elle.

"ça va ? Alors contente de te retrouvé entouré exclusivement de fille ? peut être que ça en faisait révé d'autres ..." Il regarda Georgia "Alors Georgia, les nexus c'est la classe quand même !"

Impensable! Inimaginable!

Laura avait réussi à être plus désagréable qu’un oursin vicieusement planté dans le pied, et ce, en moins de cinq minutes. Abaigh avait dû fuir devant l’ennemi, bientôt suivie par le petit couple discret Jen et Nan. Il ne restait derrière eux qu’une pièce pleine de tension et d’énergumènes de tout genre. Jade fit la moue quelques secondes, dévisageant Laura comme pour essayer de comprendre ce qui se passait dans sa tête.

Laura avait 13 ans, on ne pouvait pas lui en vouloir d’être chiante, insupportable et grognasse, c’était juste… la nature des choses qu’elle subissait. Bref, Jade aussi commençait légèrement à frémir du nez, d’autant plus que Georgia s’en mêlait à contre courant de l’intervention de Camille. Pas très constructif pour remettre sur le droit chemin la bête qui s’éveillait en Laura.

Quelque chose interpella Jade dans les paroles de Georgia mentionnant Lyu. Elle trouvait ca particulièrement déplacé de sa part… Elle était partagée, se demandait si c’était ironique, ou si elle avait vraiment fait cette promesse post mortem à Lyu. Si la première solution lui paraissait être la bonne, une baffe allait surement retentir… Mais non, finalement un début de sourire se formait tout seul sur son visage, annonçant qu’elle laissait à Georgia le bénéfice du doute. De toute façon, elle papotait avec Iacobo maintenant, mieux valait la laisser faire.

Jade accepta le défi, et décida de ne pas quitter la pièce à son tour accueillant même avec le sourire une nouvelle arrivante. Jade tourna la tête pour regarder de qui il s’agissait.

"Hey! Jessica! Viens t’asseoir avec nous!" Dit elle vivement d’une voix presque trop réjouie. "Vite…"

Qui sait ? Peut être serait elle capable de redonner le goût du sourire à la préado lassante… Quelques secondes plus tard arriva Math, sa démarche montrait qu’il arrivait surement ici par hasard, il disparu derrière le canapé avant de se relever et de sortir à son tour tout ce qu’il avait de chaleureux sur le cœur. Quelle bonne idée cette réforme des équipes !! Elle réjouissait tout le monde… Il fini tout de même par s’assoir à coté d’elle.

Si elle était contente de se retrouver avec que es filles ? On lui aurait posé la question dix minutes plus tôt, elle aurait dit oui sans hésiter, mais maintenant, elle avait plutôt tendance à espérer que ce genre de prise de tête entre copines ne se répète pas trop souvent. Néanmoins, elle accueillit la question avec le sourire, sans pour autant y répondre par des mots. Puis tournant les yeux vers Georgia que Math venait de questionner :

"Je me tue à lui dire : les Nexus, c’est la classe! Bon pas autant que les OryX, mais c’est bien quand même !"

Recentrant son attention sur Math, elle s’approcha de son oreille pour lui dire :

"Alors comme ca t’es dans la même équipe que Laura ? Fais gaffe, sujet dangereux pour le moment…"

Pas de tomates, pas de poignards dégainés, même pas de véritables plaintes : oui, les femmes de l'institut s'étaient définitivement accomodées de leur seul et unique mari, Moussaoui Ben Iacobo.

L'idée de prendre une gigantesque photo de famille le prit presque jusqu'à qu'il cesse de délirer. Ses égarements le prenaient de plus en plus souvent, ce qu'il attribua aisèment à l'absence quasi totale d'alcool en prison. Une de ses envies du moment était de se faire servir un baril de vodka par ses femmes tout en conversant avec Cassandre au sujet du manque de valeur d'une vie mutante par rapport à celle d'un humain. Et puis il avait une autre envie, qu'il réfréna très vite car finalement peu sûr de son désir anglais.

Sa compagnonne prolétaire du Bronx l'acceuilla comme il se le devait, avec une répartie de syndicaliste fanatique doublée d'une féministe jusqu'auboutiste.

"Moi aussi je t'aime petite. Je comprends que mes récits carcéraux puissent te mettre dans un tel état, après tout il te manque sérieusement une présence virile : je te promets, je m'occuperai de toi en temps et en heure, et gratuitement"

Iacobo avait toujours soupconné l'excitée anarchiste de sé découvrir tout en découvrant toute la complexité (ou plutôt la simplicité) du sexe opposé. Elle arrivait à un âge critique où le manque physique laissait place à des graves troubles mentaux, observables chez individus tels qu'Alixtide, Math ou Kallali.


Camille quant à elle avait apparement plongé à son tour dans les marasmes de la drogue. Elle lui réclamait sa dose de crack hebdomadaire d'une façon plutôt mignonne. Elle semblait à bout : décidemment, toutes les jeunes filles de l'académié pétaient radicalement les plombs à remettre en cause quotidiennement leur orientation sexuelle, leurs gôuts et leurs fréquentations. Il fallait certainement qu'elles se détendent après les missions françaises, par exemple autour de la piscine, topless avec quelques bouteilles de champagne, thérapie choc iacobienne qu'il ne tarderait pas à leur proposer.

"Ecoute Camille, je sors de taule, le choix est limité... je n'ai plus que ça"

Il fouilla ses poches et en sortit une plaquette d'anxiogènes à moitié consommée qu'il lui tendit .

"On ne distribuait que ça là bas, attention les produits mexicains sont étonnament effectifs, et n'oublie pas que rien n'est gratuit, je ne manquerai pas de te le faire savoir d'ici peu"


Il constata un phénomène étonnant et très intéressant : Laura qui vivant sans doute une crise d'adolescence à l'échelle mutante (c'est à dire rythmée par des manifestations hors normes de son dangereux pouvoir, quelques morts chaque mois et des missions de type commando militaire pour une fillette de 13 ans) avait décidé de se ranger de son côté, comme envahie par un profond sentiment d'injustice, d'asociabilité et surtout... une puissante envie de rock n' roll.

Il y avait là un coup à jouer pour le prostitué serbe : il était temps pour lui de former ses premiers disciples. D'abord les prendre sous son aile avant de les endoctriner et ainsi former ses bataillons. Laura avait un gros potentiel et un sens moral extremement neutre pour une fille de son âge. Il lui fallait tenter l'experience alors que tout le monde commençait à se liguer contre elle.


"Et bien alors Jade et Math, on se divertit en humiliant froidement une jeune fille de 13 ans ? D'un point de vue éthique, et je m'y connais là dedans, c'est très bas.

Math, toi qui a survécu à plusieurs missions , j'attendais mieux d'un vétéran surfeur et baroudeur dans ton genre. En même temps je comprends : tu t'es rasé la tête et refais un look de beaugosse des plages pour tenter enfin de rencarder une des multiples fillettes du bâtiment mais tu échoues coup sur coup. La frustration génère la haine et la colère, tu n'en es que la triste illustration. Ressaisis toi ! C'est parce que tu vises trop haut que ca ne fonctionne pas : va tenter ta chance chez les difformes comme Sahari ou si tu préfères les muscles secs chez notre nouvel ogre de professeur !

Et toi Jade, tu t'es fais un look gothique pour attirer de nouveaux coquins ? Georgia n'a pas tort, il a été vite oublié notre petit nem national ! Trucidé vite fait par un serpent que déjà sa compagne séduit la première recrue venue. J'irai en faire part sur sa tombe, god bless him. Il a une vie austère, partagé entre ses dialogues avec les ordinateurs et la pratique du karatéka, tu lui avais ouvert une issue, un morceau d'espoir pour sortir de sa condition de marginal mangeur de soupe, une lumière dans sa geôle chinoise ! Il est loin le temps où l'on pouvait se trouver une bonne petite femme fidèle, je te répudie ! "

Ses monologues absurdes n'en finissaient pas, il se tourna vers Laura et s'agenouilla pour être à son niveau tout en arborant une mine comploteuse.


"Laura, l'heure est grave. Regarde ta copine Jessyca, Camille, Jade. Ne sont-elles pas froides, mornes ? Elles n'ont jamais connu de garçon, pas de sorties, pas de fêtes exubérantes, pas de fun en fait. Elles sont déjà vieilles à l'intérieur, à se réchauffer près du petit feu de l'Institut, parler géopolitique mutante et péter régulièrement les plombs lorsque Kitty est mal traitée. Fuck quoi ! Libère toi baby ! Laisse tomber les gens moyens, tu es une femme mutante ! Tu es forte, puissante, assume toi, renie le monde, domine le, impose ton style ! On te parle mal, coup de boule ! Les
humains cherchent à te tuer, plante les la première ! Les fringues de fillette imposées par ton faux papa Adam te saoulent, keep cool, sois rock n roll !"

Il attendait à présent de voir si son discours incitatif lui avait fait de l'effet. Une pensée totalement différente : il se demandait ce que faisait Wind. Il se refocalisa sur son assemblée.

Georgia se bidonna intérieurement en observant Laura dans ses pattes en train de provoquer Abaigh. C'est fille était géniale ! Une sorte de minimoi de Georgia... Elle se sentit brusquement traversée d'un sentiment de fierté maternelle... Peut être qu'elle devrait adopter avec Camille ? Maintenant que la New Yorkaise était devenue mature et responsable, elle s'imaginait avoir charge d'âme...

Bien sur, Laura avait encore ses parents... Il faudrait une petite orpheline. Le genre chétif et mal assurée. La pauvre petite chose qui aurait bien besoin de deux mamans de cœur. La candidate idéale était toute trouvée !

Rompant le fil de ces pensées réjouissantes, Laura s'en prit à sa moitié... Là, la New Yorkaise comprit qu'elle se devait de prendre position. Mais pour faire quoi ? Pour dire quoi ? CamilleLauraCamilleLauraCamilleLaura... Le bug mental était proche ! Et nul salut dans la mollesse et l'absence de caractère !

La boxeuse irlandaise aboya par la suite très fort et s'en fut hors la vue de Georgia. Elle se détendit quelque peu. La journée allait peut être se finir convenablement. Du moins c'est ce qu'elle espérait.

La New Yorkaise voulut dire deux mots à sa puce, mais déjà celle-ci cherchait réconfort auprès de... Iacobo et ses paradis artificiels...Laura, puis elle... Le côté obscur est tentant. Georgia se sentit d'un coup un peu larguée.

La p'tite Jess quant à elle demandait un résumé. Excellente manière pour Georgia de réaccrocher la situation en s'adonnant à son activité préférée : la parlotte.

"Ben pour tout te dire... Abaigh a braillé sur Laura et s'est tirée. Et... euh... Iacobo nous propose à toutes de devenir ses femmes"

Elle se gratta la tête. C'était ça. En effet.

Georgia voulut dire un truc pour sa puce mais Math accrocha son regard... Il avait une boucle d'oreille ? Peu importe, la New Yorkaise se frotta les yeux comme pour retrouver son Math : il ouvrit la bouche et la magie fonctionna à nouveau ! Pour s'en prendre à Laura...

La New Yorkaise bouillonnait une fois de plus... Tentant de garder son calme, elle zappa le misérable mutant skateur à l'oreille percé...

Puis reprenant ses esprits, elle tenta :

"Ben oui, j'suis contente... Y a pire comme prof que Mademoiselle Cassandre... Et je te cache pas que Sahari, j'ai une histoire de bout de bois inutile en travers de la gorge... En tout cas les nouveaux... Euh..."

Le russe difforme. L'israélienne pas aimable. Le mexicain grotesque.

"Euh... Je les aime bien, ils ont l'air sympas ! Et trop rigolos !"

Bien essayé !

Comprenant que Math serait avec Laura, elle ajouta à son attention, tout doucement :

"Math, si tu embêtes Laura... Tu sais même pas ce qui t'attend, mais tu l'auras !"

Menace bidon, Georgia se sentait comme un chaton mouillé sur le rebord du trottoir : petite, insignifiante, plus personne n'avait peur d'elle... Pire même ! Les gens se réfugiaient dans les bras de Iacobo maintenant ! Elle s'assit en tailleur, à même le sol...

Le plus horrible : Iacobo défendait Laura avec plus de verve et moins de mollesse que la New Yorkaise... Elle avait honte, terriblement honte...

Georgia se prit le visage entre les mains, comme pour disparaître. Puis, elle releva la tête :

"Laura, Camille n'est pas une traitresse, c'est ma douce..."

Elle se releva d'un bond.

"Et pis, ouais Math, surveille tes arrières ! Gosse mièvre ? Je vais t'en donner des gosses mièvres ! J'ai fait des missions avec elle et Laura est aussi courageuse que n'importe lequel d'entre nous ! Et même plus !"

Le ton de la voix de Georgia était monté sensiblement d'un cran.

"Parce que ça me saoule d'avoir encore et encore à faire ma folle. Parce que j'en ai marre. Parce que je ne peux plus rien casser sinon je suis à la porte. Parce que je ne veux pas être responsable et je ne veux pas grandir. Et je veux qu'on adopte Kitty avec Camille. Et qu'on vive ensemble. Et je vais ramener mon matelas dans ta chambre. Et tu ne toucheras pas à ces cochonneries d'anxio ma douce. Et le prochain qui dit un truc à Laura, je le fume. Parce que c'est moi le grand frère à l'Institut. Et que si quelqu'un à un problème avec ça, ben c'est le même tarif. Et..."

... et Georgia était complètement folle. Ou du moins elle le pensait.