Pour faire sortir le méchant

Salon.

"Je savais que je te trouverais là."

Ken venait d'arriver dans le hangar, les mains dans les poches. Vêtu d'une simple chemise noire sur un pantalon de la même couleur, il était assez séduisant et s'était même rasé, pour une fois. Il était venu directement du salon, connaissant assez la jeune femme pour savoir où elle aimait venir se cacher quand ça n'allait pas.

"Tu aimes bien venir ici quand ça ne va pas : on est venus ici il y a quelques mois quand moi je n'allais pas bien, et c'est ici que tu as installé le camp lors de l'attaque. Je crois que tu te sens à l'aise, ici...je comprends pourquoi."

Sa voix était douce et posée ; il n'aimait pas la voir comme ça mais voulait respecter son intimité si elle ne jugeait pas nécessaire de lui dire ce qu'elle avait. Seulement, ça ne l'empêchait pas d'être inquiet. Il s'approcha calmement, s'arrêtant juste devant elle.

"Ca ne va pas, chérie ?"

O'Connell s'accroupit et prit sa main tenant le pot entre ses doigts. Il lui fit un petit sourire, tentant de voir sur son visage les signes qui pourraient lui permettre de comprendre ce qu'il se passait.

"Tu as un problème ?"

Il était doux et calme, oui. Mais il était surtout inquiet et très amoureux, et ça se voyait.

"Tu es sûre que ça n'est que ça ?"

Ken savait qu'il y avait autre chose, il le sentait. Il n'avait pas envie de forcer Rachel à parler si elle n'en avait pas envie, mais la curiosité et surtout l'inquiétude le dévoraient. La femme qu'il aimait n'allait pas bien, il lui était impossible de passer outre et de ne pas essayer de l'aider ou au moins de savoir ce qu'il en retournait.

"La choucroute, c'est assez lourd...mais ça n'est pas vraiment allemand, tu sais ? C'est plus une spécialité alsacienne, la région française juste à côté de l'Allemagne."

Ayant étudié le français en cours, il avait jadis fait quelques recherches sur l'Histoire du pays et avait appris le difficile parcours de l'Alsace, région prise et reprise par l'Allemagne et la France l'un à l'autre en 1870 et 1945. Il savait que ses habitants n'avaient jamais eu de vies faciles, et surtout qu'ils tenaient à ce qu'on ne les considère pas comme Allemands...ça semblait assez tabou, là-bas.
Néanmoins, ce n'était pas le sujet et il fit un sourire à la jeune femme, serrant ses mains dans les siennes même après qu'elle l'ait lâché et surtout lancé le pot dans le hangar. Elle n'avait pas l'habitude de faire ça, et surtout d'aller aussi mal. Elle était plus forte que ça d'habitude, ou au moins faisait semblant, et il n'aimait vraiment pas son état actuel.

"Tu peux m'en parler...je suis là pour toi, tu sais. Comme tu as été là pour moi."

Rachel l'avait énormément aidé, d'abord en tant qu'amie puis en tant que petite-amie. Il lui devait tant que jamais il ne pourrait lui faire du mal ou être loin d'elle, mais surtout parce qu'il était fou amoureux d'elle. Et ça, ça ne semblait jamais devoir changer.

"Que quoi ?"

Ken n'aimait pas ce qu'il se passait. Rachel semblait terriblement soucieuse et elle donnait l'impression de savoir ce qu'elle avait mais sans l'accepter. Il fronça légèrement les sourcils en caressant doucement sa main, espérant la rassurer et la mettre en confiance pour qu'elle se livre à lui.

"Tu peux tout me dire. Quoiqu'il y ait, on s'en occupera ensemble."

Il savait qu'elle avait des rapports compliqués avec sa famille, il savait que ça la troublait plus qu'elle ne voulait le montrer. Il avait essayé d'en savoir plus mais s'était toujours retrouvé contre un mur de silence et de non-dits, et il avait peur que tout ça n'explose aujourd'hui. Rachel était celle qu'il aimait, il était prêt à tout pour elle et serait toujours là pour l'épauler, il espérait qu'elle le savait.

"Qu'est-ce qu'il y a ?"

Sa voix était douce et tendre, son sourire simple et rassurant. Il donnait une impression de calme et de sérénité telle qu'il semblait pouvoir tout supporter...pouvoir tout entendre.

S'il se frappait, il pourrait faire un salto arrière, arracher la porte et fuir. Il userait encore de sa puissance pour passer la grille, rejoindre un bus et fuir. Il changerait d'identité en tapant quelques minutes sur un ordinateur et pourrait fuir. Il gagnerait son argent en Alaska avec une barbe, des cheveux coupés totalement et des tatouages partout. Et s'il était retrouvé, il pourrait toujours fuir en Australie, ou bien en espace, ou bien...

*Stop.*

Il ne savait plus ce qu'il faisait ni pensait, mais ça n'était pas bon. Certes, c'était assez "intéressant" de fuir au loin et d'éviter tout ça, mais il n'était pas ainsi, non ? Depuis tous ces mois passés à l'Institut, Ken s'était prouvé et avait prouvé son courage et sa valeur. Ce n'était pas aujourd'hui, dans une telle "crise", qu'il démordrait à ça et se laisserait aller.

"Euh..."

En fait, il ne savait pas quoi dire : il voyait bien que Rachel avait besoin d'être rassurée, mais lui-même ne savait pas ce qu'il se passait vraiment. Avait-il bien entendu ? Est-ce qu'elle avait bien prononcé "ce" mot ? Il n'en croyait pas ses oreilles, et surtout ne voulait pas les croire.
Est-ce que c'était vrai ? Est-ce que ça pouvait être vrai ? Il revoyait en souvenir tout ce qu'ils avaient fait dernièrement, et il n'y avait pas eu de souci...il ne devait pas y en avoir eu ! C'était impossible, juste impossible...ça ne pouvait pas exister, tout simplement. Pourtant, le trouble de Rachel était vrai et il sentait qu'elle était assez troublée pour être comme ça...et il n'aimait pas ça.

"Je...je sais pas..."

O'Connelle inspira, expira et se calma : il ne devait pas céder à la panique, à la fois pour lui et pour Rachel. Il l'aimait, elle l'aimait et elle avait toujours été là pour lui dans les moments difficiles. Même s'il avait du mal à ne pas trembler et si son premier réflexe avait de fuir, il ne devait pas agir comme ça. Il devait être calme, détendu...zen. C'était comme ça qu'il devait être, c'était comme ça que Rachel méritait qu'il soit.

"Mais ça ira, ne t'en fais pas. Au pire, tu feras un test et...et ça arrive des retards, non ? Ne t'en fais pas, je suis sûr que tout va bien."

Tendrement, il posa sa main sur l'épaule de la jeune femme et lui fit un doux sourire. Sa voix était plus forte qu'avant, presque vraiment rassurante.

"Ca ira, je te le promets. Quoiqu'il arrive, ça ira."

Il y croyait, et ça se voyait. Il l'aimait, il serait là en cas de souci et toujours - n'importe quel souci, d'ailleurs.

"Tu ne sais pas?"

Rachel secoua la tête et soupira. Ca arrive des retards. Biensur que ca arrive! Mais pas quand on est programmé à la minute près, comme depuis qu'elle avait 14 ans! Rachel savait qu'elle veut des enfants. Elle en veut beaucoup...Elle y avait pensé il y a quelques semaines, mais c'était juste des idées normales après avoir regardé une émission sur les bébé à la télévision. Elle adorait les bébés, elle en voulait pleins qui courent autour d'elle. Mais pas tout de suite. Dans 2 ou 3 ans. Une fois qu'elle serait marriée et que ce serait légal au États-Unis pour elle se marier sans la permission de ses parents. Quand elle aurait une maison. Qu'elle saurait maitriser parfaitement son pouvoir. Une fois que Ken serait prêt...

"Eh bien figure toi que moi non plus, je ne sais pas, d'accord?"

Rachel soupira. Elle savait comme ca fonctionnait tout ca. Elle repensait elle aussi à ce qui s'était passé depuis qu'ils sortaient ensemble. Elle n'était pas idiote non plus. Il y avait une possibilité. Elle se sentait comme dans un film pour adolescent où, comble du malheur, une relation protégée tournait en grossesse catastrophique et destruction d'une vie jusqu'à ce qu'à la fin, le bébé arrive et cela redevienne le paradis sur terre. Elle tourna la tête vers Ken et lui sourit doucement. Elle avait réagit un peu...en panique. Qui ne l'aurait pas fait, bon sang? Pendant un moment, elle eut l'impression que Ken allait prendre ses jambes à son cou et se tirer d'ici à la vitesse de Rob. Mais...il resta. Et Rachel lui en fut très reconnaissante.

"Ca arrive, oui...Tout ira bien. Tout sera parfait..."

Rachel reposa doucement sa tête sur ses genoux et renifla doucement. Pourquoi est-ce que Monsieur Olivier n'était pas là? Il était le seul en qui elle avait vraiment confiance pour aller lui parler de cela...Et en plus c'était le seul docteur de l'Institut. Maintenant, ils se retrouvaient sans docteur, avec deux psychologues, une scientifique fou, un géologue, deux avocats et un guerrila. What good is it going to do? Elle se voyait très mal aller voir Mam'zelle Cassandre pour lui annoncer la nouvelle. Encore moins, Mam'zelle Kofman.

"Je comprends si tu veux pas rester avec moi, tu sais...Je voudrais peut-être pas rester avec moi-même..."

Elle pencha sa tête pour la poser sur la main de Ken qu'il avait posé sur son épaule. Elle leva les yeux et le regarda longuement. Rachel savait que c'était vraiment la pire situation ever. À part peut-être avoir le sida. Ou prendre de la drogue et O.D.er* comme la moitié des artistes du 21ème siècle. Elle soupira et dit d'une voix plus forte.

"J'vais regarder sur internet...Il doit bien y avoir une explication. J'veux dire, on a été prudents. Il faudrait être super malchanceux pour que ca arrive, non? Je sais que la chance n'était pas toujours de notre côté, mais si je t'ai trouvé c'est qu'il y a quelqu'un qui me veut du bien à quelque part..."

*(En bon franglais, Over doser)

"Jamais je ne te laisserais."

Ken n'aimait pas l'idée que Rachel puisse penser qu'il veuille se séparer d'elle. Il avait eu peur, oui, il avait même été terrifié mais il s'était calmé et essayait de se montrer le plus rassurant possible. Elle méritait le mieux, elle méritait d'être avec quelqu'un qui pourrait la soutenir et l'aider si tout ça devenait vraiment réalité. Même s'il ne pouvait imaginer qu'ils deviennent...parents, il serait là pour ce qui arriverait.
Tendrement, il lui fit une caresse sur la joue avant de sourire tout doucement.

"Je t'aime, chérie, vraiment. Tu es ce qu'il me faut, tu es ce dont j'ai besoin. Je...je ne sais pas quoi faire, c'est vrai. Mais on trouvera et on agira ensemble. Je ne sais pas quoi te dire ou quoi faire pour t'aider, mais je t'aime et je serais là pour toi. On est un couple, on est amoureux et on s'aidera...pour toujours."

Il lui fit un petit clin d'oeil avant de se serrer tendrement contre elle. Il voulait l'aider, lui prouver sa présence mais il en avait aussi besoin lui - lui aussi avait besoin d'être rassuré, même s'il se devait de se montrer fort pour Rachel.

"On trouvera quelque chose, on recherchera mais...mais on s'en sortira, je te le promets. Je n'y connais rien dans...en ça, et je ne sais pas du tout quoi faire mais...mais c'est déjà arrivé que des retards soient longs et que des femmes en soient inquiètes, sans qu'il y ait quelque chose derrière. Je...je n'en sais rien, ma chérie, mais sois sûre que je serais là pour t'aider et te soutenir."

Ca lui faisait autant peur qu'à elle, mais O'Connell n'imaginait même plus la laisser - ça n'avait été quelques secondes de folie bien humaine. Il avait vraiment du mal à croire qu'il pourrait devenir père sous peu, il ne se voyait vraiment pas près à gérer ça et surtout à "contenir" Rachel et des envies un peu folles, comme demander des concombres au petit-déjeuner et autres délires du genre. Ca serait dur, mais surtout comment s'occuper d'un enfant dans leurs conditions ? Ils n'étaient encore que des jeunes adultes, vivants dans un monde difficile et sale et surtout mutants ; c'était encore pire que tout.
Oui, s'il pouvait l'éviter, il préférerait que Rachel ne soit pas ensemble. Mais si il l'était...il resterait. Car c'était juste normal.

"Tu n'es pas seule. Tu ne le seras jamais."

Il se colla à nouveau contre elle, espérant que ses mots auront rassurés celle qu'il considérait de plus en plus comme sa femme même s'ils n'avaient pas de liens aussi forts - pas encore, peut-être.

Rachel sourit à Ken. Lorsqu'il la prit dans ses bras, tous ses soucis s'envolèrent. Elle voyait toujours la peur dans son visage, mais étrangement, la jeune femme n'avait plus peur du tout. Elle savait qu'avoir un enfant n'était pas ce qu'il y avait de mieux pour leur couple, mais ce qui lui faisait vraiment le plus peur c'était que Ken la laisse à cause de cela. Elle savait qu'il l'aimait beaucoup parce que Dieu sait qu'elle l'adorait, mais on ne sait jamais ce qui arriverait dans une situation aussi bouleversante. Lorsqu'il vint se coller contre elle, elle posa doucement sa tête dans le creux de son épaule et resta là immobile pendant un certain moment. Toute l'anxiété qu'elle avait, les crises de panique, les nausées, ses gouts culinaires douteux disparurent dans cet instant même. Dans son monde, il n'y avait que lui et elle en ce moment. Comme lorsqu'ils avaient été en vacances. Comme un vieux couple qui se complête et qui se suffit. Elle avait besoin de lui.

"De toute facon, y a-t-il un meilleur endroit pour un mutant qu'ici? Parce que je suppose que nos enfants le seront aussi..."

Rachel ne parlait pas au présent. Elle avait presque oublié la situation dans laquelle ils étaient en ce moment. Elle pensait à leur futur. Rachel posa une de ses main sur le torse de Ken et ferma les yeux. La jeune femme inspira profondément pour s'impregner de l'odeur de son amoureux. Elle enfouit son nez dans le cou de Ken silencieusement.

"J'avais imaginé un scénario différent pour ma première grossesse, si c'est le cas aujourd'hui..." dit-elle finalement, brisant le silence d'une voix douce et amusée. Elle leva la tête vers lui pour lui montrer son sourire radieux et ses yeux brillants d'amusement.

Rachel enfouit son visage dans le cou de Ken et se redressa ses ses genoux. Faisant monter sa bouche le long de son cou puis de sa machoire, elle chercha ses lèvres quelques instant. Elle les captura enfin dans un baiser amoureux. Elle soupira et murmura contre ses lèvres quelques mots d'amour. La jeune femme se hissa pour s'asseoir sur les genoux de Ken.

"Je t'aime. Tu es ma vie."

"Toi aussi."

Ken sourit tendrement : il était content de voir que Rachel stressait moins. Oui, ça serait dur si elle était enceinte mais ils aviseraient. Après tout, il était encore possible que ce ne soit "rien" et que tout rentre dans l'ordre, mais il ne partirait pas si ce n'était pas le cas. Il resterait. Pour eux.

"S'ils sont mutants, il n'y a pas de meilleur endroit, non. Et surtout pas de meilleure...mère."

Il posa son doux regard sur elle et tenta d'être le plus tendre possible. Il était un peu comme dans un rêve mais comprenait tout ce qu'il se passait et ses implications. Néanmoins, même s'il ne se voyait pas du tout père, il savait que Rachel serait une très bonne mère : elle en avait tellement bavé, avait tellement le coeur sur la main qu'elle ne pourrait qu'être géniale. Comme dans son rôle d'amoureuse.

"En plus, je suis sûr qu'on pourrait lui trouver un parrain ou une marraine qui colleront avec ses pouvoirs...comme ça, ça ne sera pas à nous de gérer ça, on le leur refilera."

Son humour n'était pas le plus fin, mais il voulait juste détendre l'atmosphère et faire sourire sans arrière-pensée ou légère tristesse la jeune femme collée contre lui. Il caressa encore doucement ses cheveux.

"Si c'est ta première, on gèrera ça et on s'en sortira. On ne l'a pas prévu mais ça n'est pas pour ça que ce n'est pas né de l'amour...et c'est le cas. C'est le plus important, je crois : qu'on s'aime et que si tu es enceinte, l'enfant le sache et le vive vraiment."

"Hum...on ne sait pas. Il semble que certains mutants peuvent recevoir leurs capacités lors de leur naissance. J'ai entendu parler de certains phénomènes de ce genre, et je pense que des gens comme le professeur Vadim ont dû avoir ce genre de choses. Je crois que le corps humain ne peut supporter une telle modification à l'adolescence, elle doit exister dès le départ. Je me demande même si, au lieu d'être une forme de mutation, ce n'est pas une dérivée de mutation...quelque chose d'annexe."

Encore une fois, Ken était parti dans ses pensées scientifiques et encore une fois, il était difficile de le suivre et un peu de le comprendre. Néanmoins, il s'en rendit compte, sourit légèrement à la femme qu'il aimait et la serra contre lui. Tendrement, il caressa ses cheveux et reprit d'une voix plus douce.

"Désolé. Tout ça pour dire que c'est possible mais que j'espère que ça ne sera pas le cas. Déjà qu'il ou elle risquerait d'être un ou une téléporteur ou téléporteuse avec obligation de le ou la frapper...j'aimerais vraiment que ça ne soit pas le cas. Je veux à tout prix leur éviter ce...ce que je subis."

Même s'il avait fait la paix avec lui-même, il avait quand même encore parfois du mal avec l'évolution de ses capacités et ce qu'il devait faire pour les activer. C'était dur, vraiment, et s'il s'en sortait, ça restait une plaie en lui. Elle le serait toujours mais il pouvait la gérer maintenant.

"La lessive ?"

O'Connell fronça les sourcils : il ne comprenait pas ce qu'elle voulait dire par là et surtout pourquoi ça venait sur le tapis. L'idée d'une lubie de femme enceinte lui traversa l'esprit et sa tension augmenta quelque peu, mais il se força à rester calme en surface et à ne rien laisser paraître. Il réfléchit quelques secondes pour trouver la bonne réponse, avant de parler d'une voix toujours calme.

"Euh oui, je crois. Je l'ai faite même si...même si j'étais plus intéressé par le traité de science cosmique sortit le mois dernier."

Un petit sourire apparut sur son visage en se rappelant l'ouvrage, avant de faire des yeux ronds quand Rachel prit mal ce qu'il avait dit. Il resta interdit quelques secondes, comprenant sa bévue et se dépêcha après de répondre pour éviter qu'elle se fasse une mauvaise idée.

"Euh...non ! Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! En fait, euh...je...je voulais dire que si tu es enceinte, ça sera ça ! Et vu que tu avais dis "ma première grossesse", j'ai juste rebondi dessus ! Promis !"

Fury était un peu stressé, et ça se voyait. Ca faisait beaucoup, quand même, et tout ce qu'il voulait c'était rassuré la jeune femme et surtout qu'elle ne lui en veuille pas. Ils devaient rester soudés, après tout.

"Et mon pouvoir, il n'est pas bien ?"

Ken fronça légèrement les sourcils, pour rire. Il avait bien apprécié le baiser de la jeune femme, même s'il avait bien compris qu'elle n'était pas toujours très fan de ses longues envolées scientifiques. Heureusement, elle l'acceptait comme il était et c'était juste génial : grâce à elle, il pouvait enfin être entier et joyeux, et c'était juste super.

"Je suis sûr que ça serait sympa' de se téléporter et d'être super agile...en plus, il pourrait peut-être s'accrocher au mur. Ca serait génial, ça !"

Il lui fit un petit clin d'oeil avant de caresser tendrement la joue de Rachel. Il était tellement bien avec elle qu'il aurait voulu que ça dure éternellement - et ça serait le cas s'ils avaient de la chance.

"Adorable ?"

Il fronça encore les sourcils, ne comprenant pas vraiment pourquoi elle était si tendre et heureuse mais il n'allait pas cracher sur ça. Après tout, avec ce qu'ils vivaient ce n'était pas de refus, quelques instants de détente bien mérités.

"Si tu le dis..."

O'Connell lui fit un autre clin d'oeil et déposa un tendre baiser sur ses lèvres. Il se recula légèrement, lui fit un grand sourire et lui lancer un regard emplis d'amour. Ils étaient vraiment heureux ensemble, il était vraiment quelqu'un de chanceux de l'avoir.

"Je t'aime surtout quand tu me fais marcher. Le reste du temps, j'attends que ça arrive."

Il sourit légèrement, espérant qu'elle comprendrait bien la blague. Il n'avait aucune envie de sortir d'ici, il voulait juste se sentir bien avec celle qu'il aimait même s'il se demandait s'ils devraient vraiment partir et casser ce doux moment - il savait que ça arriverait mais n'en avait aucune envie.

"Tu sais bien que je ne suis jamais méchant."

Ken lui fit un petit clin d'oeil pour la rassurer. Evidemment, ce n'était pas toujours vrai : il s'était déjà comporté durement et le referait encore. Quand il était dans ses bottes de leader, il avait la mauvaise habitude d'être intransigeant et cassant, mais il ne le faisait pas exprès : il était juste trop absorbé par ce qu'il se passait et ce qu'il devait faire pour être attentionné à ce que ses camarades ressentaient. Bien sûr, il essayait de lutter contre ça mais ça n'était pas toujours facile.

"Je ne le connais pas bien, tu sais, mais je n'ai vraiment rien contre lui. Il est quelqu'un d'intéressant et au pouvoir utile, mais je n'ai vraiment pas grand-chose sur ce qu'il est vraiment. Je n'ai pas toujours été très sociable, et je sais que c'est aussi pour ça qu'on ne me voit pas toujours très bien et donc que je ne parle pas à beaucoup de gens...mais on verra bien. Grâce à toi, je fais des efforts et je peux te promettre d'essayer de l'intégrer au mieux...même si je ne sais pas à quoi je peux l'intégrer."

Il lui fit un petit sourire mais il n'était pas totalement naturel. O'Connell avait encore du mal avec certaines personnes et leurs visions de lui, mais il essayait de dépasser ça grâce à Rachel. Néanmoins, ses soucis vis-à-vis des JustiX étaient bien présents et il se demandait encore pourquoi les équipes avaient été ainsi modifiées. Même s'il n'avait pas réagi comme Noémie, la même flamme brûlait en lui - sauf qu'il la gardait comme une arme et qu'il comptait bien discuter clairement avec Carrie Marcin quand il le pourrait.

"Les JustiX que je connaissais ont été dissous, je ne comprends même pas ce que je fais dans ce groupe. Je veux bien être gentil et sympathique avec les "nouveaux", mais je n'ai rien à leur dire et rien à exiger d'eux. C'est une nouvelle équipe, et je ne suis pas sûr d'y être vraiment à ma place...en fait, je suis attaché à l'ancienne mouture parce que cette équipe voulait dire quelque chose pour nous, c'était une famille et un lien entre nous tous. Que ça soit détruit, je trouve ça dur et je ne suis pas sûr qu'il en ressorte que des bonnes choses. Je sais que Carrie n'a sûrement rien eu à dire, mais je ne comprends pas pourquoi je suis encore là-dedans. Je n'ai pas été le leader qu'il fallait à l'ancien groupe, je ne suis pas sûr d'être un membre qu'il faille au nouveau."

Il ne déprimait pas : il parlait juste calmement, se demandant vraiment si celui qui avait blessé si gravement Juliette et n'avait pas été à la hauteur lors de plusieurs prises de commandement pourrait aider dans un groupe qu'il ne connaissait pas et dans lequel il se sentirait sûrement nostalgique. Fury fit un petit sourire triste à sa chérie, avant de parler d'une voix moins lasse qu'auparavant. Evoquer tout ça n'était pas de tout repos, malheureusement, mais il faisait des efforts pour Rachel.

"Je pense que ça l'aidera, oui...mais je crois qu'elle a surtout besoin de se confier. Avec de nouveaux élèves, elle sera à nouveau froide et dure alors qu'on avait eu un lien avec elle, avant, et qu'elle se livrait un peu à nous. Maintenant...maintenant, elle risque d'être encore plus éloignée pour se protéger et je ne crois pas que ça soit une bonne chose. J'essayerai de lui parler, mais...mais je ne suis pas sûr qu'elle me laisse approcher, tu vois ?"

"Ne t'inquiète pas, mon amour. Je suis certaine que tu seras aussi bien avec ta nouvelle équipe que tu l'étais avec l'ancienne. Donnons nous le temps."

Après le cours de ce matin et ce qui s'était passé dans le salon, Rachel aimerait pouvoir croire tout ce qu'elle disait. Elle n'était pas convaincue de sa nouvelle équipe non plus. Elle n'avait vu Paolo que quelques minutes, lors de son discours. Biensur, il semblait tout à fait charmant et sympathique, mais est-ce que c'était assez? Les nouveaux profs ne semblaient pas se rendre compte de l'impact de leur arrivée sur l'Institut en pleine guérison. Deux mois après la perte de leurs amis, on leur imposait une nouvelle vie d'équipe à l'Institut ainsi que 3 nouveaux professeurs. Il n'y avait pas eu autant de nouveaux professeurs depuis l'arrivée de Mam'zelle Carrie et Messieurs Gabriel et Vayne...qui les avaient tous les deux quittés. Rachel continua la discussion à voix basse, très calme et rassurante:

"Elle te fait surement confiance...Et tu dois te faire confiance aussi. Tu étais leader pour une raison. Tu étais un bon leader. Ne laisses jamais rien te faire penser autrement! Ni personne! Si je me rends compte que quelqu'un te fait sentir mal, je le perche en haut de la tour d'astronomie!"

Elle eut un petit rire et déposa un petit baiser dans le cou, où elle était toujours placée. Rachel réfléchit un moment à ce qu'il disait. Biensur, il avait raison...Il avait toujours raison. Mais il ne devait pas se laisser abbatre par cette situation. Ni par aucune situation. Ensemble ils étaient les plus forts. La jeune femme sourit et ajouta:

"Tu sais...Une équipe une famille. On ne choisit pas sa famille, mais on peut essayer d'être heureux quand même et de former une unité. Je suis certaine que les JustiX retrouveront leurs flammes avec ses nouveaux membres. Quant à Mam'zelle Carrie. Je sais pas. J'ai jamais vraiment compris pourquoi elle était comme cela. C'est pourtant pas si compliqué que ca être gentil..."

Rachel se recula et sourit doucement, regardant Ken dans les yeux. Elle posa ses mains sur les cuisses de Ken dans un geste d'assurance. Elle hocha vivement la tête, une sourire radieux sur le visage, maintenant. Elle annonca d'une voix forte:

"Voila le plan de match! Je vais aller dans le foyer pour chercher des informations sur ma condition. Tu vas essayer de trouver Hwang ou Kitty ou Carrie. Essaies d'être positif, mon amour! Discutes, rapproches toi. D'accord?"

Rachel se leva rapidement et se pencha pour voler un baiser à Ken. Elle fit glisser ses doigts lentement dans le cou de son amoureux, l'attirant vers elle pour prolonger le baiser. Ses lèvres se firent d'abord douce, puis plus pressantes. Ne voulant pas ceder à la tentation, Rachel essaya de décoller lentement ses lèvres de celles de Ken. Mais ses doigts passés dans ses cheveux l'attiraient toujours vers elle. Misant sur toute sa force intérieure, elle relâcha la pression de ses doigts. Elle finit par se reculer rapidement, soupirant.

"Hum, c'est toujours aussi bon. On se voit tout à l'heure! N'oublies pas! Positif!"

Rachel bondit vers la sortie du hangar, marchant joyeusement vers le Foyer.

Le Foyer

Ken sourit légèrement aux paroles enjouées de Rachel. Difficile d'imaginer qu'elle allait mal quelques secondes plus tôt. Elle était vraiment étonnante, mais il appréciait surtout qu'elle laisse parfois tomber le masque devant lui. Il était heureux de pouvoir casser son armure et de l'aider quand ça n'allait pas.

"Oui, ne t'en fais pas, je ne serais pas trop méchant ou renfermé. Tu sais, je fais des efforts : je ne fais plus de gros yeux aux nouveaux ou à ceux qui sont devant moi. Et j'essaye de moins manger les enfants, mais ça c'est plus dur..."

Il lui fit un petit clin d'oeil avant de répondre à ses étreintes. De telles paroles et de tels gestes lui faisaient du bien, mais il se doutait aussi que la jeune fille en avait aussi besoin. Ils vivaient tous deux un moment difficile, tendu, mais ils s'en sortiraient et ça commençait déjà aller mieux. Il ne savait pas de quoi serait fait leur avenir, mais ils le vivraient ensemble et c'était tout ce qui comptait.

"Oui, tiens-moi au courant. Et je te promets de ne pas me réfugier sous mon lit avec la guitare, même si je sais que tu n'y résistes pas."

Lui aussi eut du mal à lâcher la femme qu'il aimait et lui fit un petit salut quand elle partit. O'Connell se sentait encore un peu bizarre, avec tout ce qu'il se passait ce jour-là mais il n'était pas déprimé ou en colère. Il avait besoin de parler de certaines choses à certaines personnes, mais il le ferait sans rage - calmement, de façon adulte.
Oui, peut-être était-il en train de mûrir, et c'était indiqué vu ce qui pouvait bientôt arriver. Ca lui faisait peur, mais avec Rachel à ses côtés, il savait que rien ne pouvait lui arriver. Lentement, il se releva et se dirigea vers la cuisine, ne sachant pas vraiment où aller et songeant que ce ne serait pas pire qu'ailleurs.

Cuisine.