Direction la gare

L'interconnexion Pierre-Elliott Trudeau était la gare internationale de Montréal, d'où partaient des monorails aussi bien vers le Sud que vers l'Ouest.

C'était un endroit habituellement agité par le tumulte quotidien des voyageurs : touristes, professionnels, qui se rendaient à droite, à gauche, via un moyen de transport fiable et pas cher, dans ce monde que l'avion avait déserté.

Toutefois, pour cette fois-ci, l'endroit semblait anormalement agité. Autour d'un petit café, en particulier, où la police interrogeait des gens. De la foule, Yan put entendre des rumeurs assez alarmantes : deux mutants s'étaient battus ici plus tôt dans la journée. La seule marque du combat était un tabouret de bar qui avait été atrocement déformé.

HJ : J'ai été conciliant au premier post, parce que c'était ton point de départ, mais pour la suite des opérations, je te rappelle que je suis le destin et les PNJ. Tu ne peux pas décider du fait que personne ne te remarque, ou qu'il n'y a pas de surveillance, ou que les policiers sont occupés.
Tu ne peux plus adapter les situations à tes désirs. Tu ne peux que faire des tentatives. Qui réussiront... ou pas.

Je suis navré



À peine Yan eut-il soulevé la bande de plastique qu'un colosse féminin se planta juste en face de lui, et, d'un seul regard, lui fit comprendre qu'il valait mieux qu'il laisse la bande "ne pas franchir" telle qu'elle était, et qu'il s'éloigne sans faire d'esclandre.

Il pouvait de toutes façons voir le tabouret d'où il était... Les pattes en étaient toutes torsadées comme un ressort. Les gens autour parlaient d'une mutante qui aurait fait ça, en se battant contre un autre mutant qui aurait tabassé un homme d'affaire avec un brise glace géant.

HJ : Ah d'accord désolé...C'est que je voulais pas faire un poste trop petit. Encore désolé.



Sans vouloir se faire une fois de plus retourner, il tapa sur l'épaule d'un policier. Un homme, cette fois ci. Ensuite, il lui posa une question.

" - Pardonnez-moi m'sieur, mais pourriez-vous me dire ce qu'il s'est passé exactement? Car j'écoute ce que les gens disent et cela semble totalement impossible."

Yan se tournant seulement un peu, se concentrant d'avantage sur le tabouret. Il attendait la réponse du représentant de l'ordre en observant chaque détail sur le tabouret.

Le policier se retourna l'air prodigieusement agacé par cette marque d'une familiarité déplacée, qui lui donnait l'impression que son travail n'était pas respecté, étant tout juste réduit à celui de groom service.

"J'en sais rien petit, de ce qui s'est passé exactement. C'est notre job de le déterminer, alors à moins que tu aies une boule de cristal, tu serais mieux d'aller voir ailleurs si la vie y est plus tranquille."

Une réponse honnête, quoiqu'un peu bourrue. Yan comprit qu'il ne tirerait rien de plus des forces de l'ordre de cette façon, et son inspection à distance de la chaise ne lui révéla rien de particulier... Elle était juste complètement tordue.

La rumeur, elle, semblait toute aussi intéressante. D'aucuns parlaient d'un monstre fait de métal, d'autres disaient qu'une femme avait fracassé le tabouret, et certains allaient même jusqu'à prétendre qu'elle était vêtue de tenues à fleurs et de grosses lunettes de plastique rose, pour éviter qu'elle ne soit dépolarisée en ions négatifs métalliques...

Malgré les injonctions de la police, le groupe de badauds ne semblait pas désemplir... Tout au plus y avait-il autant d'arrivants que de partants.

Jusqu'à ce qu'un cri retentisse clair et fort au milieu de tout cela :

"À mort les mutants !"

Provoquant tout d'abord un silence gêné, puis quelques murmures de réprobation, et lorsqu'il fut scandé suffisamment de fois, d'autres personnes se mirent à réclamer la mort des mutants... D'autres policiers tâchèrent de disperser la foule.

Yan n'eut pas besoin d'aller bien loin pour trouver le bâtiment de son salut... Il était déjà dedans... Derrière lui, il put entendre les cris des policiers tentant d'appeler toute la foule au calme, sans trop de succès d'ailleurs.

Partout dans la gare, les gens regardaient l'agitation qui tournait presque à l'émeute, et dans le tumulte de toute cette cacophonie, une voix s'adressa à lui, comme elle se serait adressée à n'importe qui d'autre.

"Regardez-moi ça... Ces gens sont prêts à clamer n'importe quoi du moment qu'un meneur l'aura fait suffisamment fort. N'est-ce point là désespérant pour la nature humaine ?



Le jeune homme qui lui avait adressé la parole se tenait sagement à l'écart de l'agitation, se contentant de regarder d'un air absent ce qui se passait.

"Je m'appelle Chris. Je suis juste de passage entre deux spectacles..."

Un coup d'œil rapide à sa valise, puis le dénommé Chris se tourna à nouveau vers la foule.

"Des moutons de panurge... C'est vraiment pathétique."

Il regarda alors ailleurs, lorsqu'un fait étrange se produisit : le système d'arrosage anti-incendie se mit brusquement à fonctionner, trempant la foule en délire qui se dispersa rapidement en criant. Chris, lui, souriait d'un air ironique.

"Eh bien... On semblerait que la main providentielle du destin ait décidé de refroidir leurs ardeurs destructrices. À moins que ce ne soit juste un mutant qui avait eu l'envie stupide et égoïste de les faire taire. Qui sait... C'est ça qui est incroyable : de nos jours, il ne peut plus rien se passer sans que les gens croient que les mutants y sont pour quelque chose."

Yan était plus confus que jamais, cette homme donnait l'impression d'être un mutant, mais en même temps, il donnait l'impression contraire. Yan était déjà las d'attendre la certitude et y alla directement.

" - Effectivement, toujours les mutants...En êtes vous un vous?, un mutant? J'essaie de démêler vos paroles mais celles-ci sont indécises. Alors dites moi franchement, Chris, êtes-vous un mutant?"

L'asiatique se demandait comment Chris allait réagir. Allait-il renvoyer la question sans même y répondre, ou tout simplement l'ignorer et continuer son monologue. Le seul moyen de le savoir était d'attendre.

Chris se tourna vivement vers lui, l'air totalement éberlué, ses yeux papillonnant, puis il reprit une contenance, et afficha un sourire signifiant sans équivoque qu'il venait de prendre Yan pour une nouille.

Il répondit, tout en gardant le même sourire.

"Constater que le simple fait de parler de mutants amène immédiatement à être catalogué comme tel par une personne rencontrée il n'y a pas deux minutes est presque aussi rafraîchissant que la douche administrée à ces importuns."

Ça ne répondait pas à sa question...

"Mais bien que ce caractère candide soit emprunt d'une séduisante fraîcheur, il est également profondément déplacé."

Chris commençait sérieusement à déplaire à Yan. Non seulement il ne répondais pas à une question très simple mais de plus il repprochais au mutant, de l'impolitesse. Yan était patient, mais comme toute chose elle a une limite. Heureusement, il n'était pas encore énervé, mais ça aller venir si l'homme devant n'était pas plus précis.

"Déplacé ou pas, j'aime ça savoir c'est à qui que je parle. Et donc, je vous le redemande, êtes-vous un mutant? Pis si vous me sortez encore une longue phrase imprécise, je vais vous dire bye. En plus je vous rapelle que c'est vous qui m'avez abordé."

Yan reprit une respiration puis repris.

"Non laissez tomber cette question là, j'en ai une autre. Pourquoi moi? Pourquoi c'est à moi que vous avez parlé pis pas à une autre personne qui marchait à l'écart?"

Le regard de Chris se durcit subitement, et transperça Yan avec une sévérité qui lui fit instantanément ravaler sa langue. Yan comprit très rapidement qu'il était déplacé de parler comme ça à un parfait inconnu.

"Oh, oh oh... On va se calmer, jeune blanc-bec... "

Son ton était un petit peu plus froid, et un peu plus culpabilisant.

"Primo, parler en mettant les pieds dans le plat comme ça, c'est maladroit, et très impoli. Je regrette que tu n'aies pas été mieux éduqué que ça, et crois-moi, je n'aurai aucun scrupule à t'apprendre les bonnes manières s'il fallait en arriver là."

Avec tout ça, Yan remarqua que la foule s'était finalement dispersée, et que les enquêteurs avaient repris leur travail.

"Secondo, je ne vois pas en quoi savoir si je suis un mutant te regarde. Tu veux peut-être aussi connaître mon âge ? mes diplômes ? mon métier ? mes mensurations ? Ma marque de chaussures préférée ? Non. Alors pourquoi veux-tu savoir si je suis un mutant ? C'est du racisme. C'est tout simplement ça."

Chris se rapprochait de Yan, entrant dans sa sphère de proximité, ce qui accentua la sensation de menace qui l'accompagnait.

"Et pour finir, je t'ai parlé simplement parce que tu étais la personne la plus proche qui s'était éloignée de cette bande de gorets qui hurlaient comme à l'abattoir. Je suis à deux doigts de me demander si ce n'est pas à cause d'un caractère bovin qui t'aurait empêché d'appréhender la situation."

Il était nettement moins aimable, mais paradoxalement, Yan ne se sentit pas le courage, et encore moins l'envie d'essayer de rétorquer.

Yan eu un geste de recule, et une ombre de mépris mal placé sur le visage.

"Ok, ça fait que je pense qu'on a pu rien à se dire. On va dire que c'était un plaisir, même si vous m'avez traîté d'impoli pis de raciste. Mais on va oublier. Adieu!"

*Moron...*

Yan se retourna et repéra un guichet, pour aller s'acheter un billet. Il s'y dirigea d'un pas semi-pressé.

Chris se contenta de lui adresser un sourire, puis alla vaquer à ses propres occupations, alors que Yan s'approchait d'un guichet. Il y avait une personne avant lui. Une femme, qui avait sans doute à peu près le même âge que Chris qu'il venait de quitter. Elle parlait d'une voix haut perchée, montant fréquemment en fin de phrase.



"Non mais vous vous rendez-compte ?! Ils se battent comme ça, en pleine gare ! On est plus en sécurité nulle part, et il n'y aura pas de répit tant qu'ils ne seront pas tous sous contrôle."

Elle récupéra sa carte de voyage, puis laissa la place à Yan, sans continuer de converser avec la guichetière...

"C'est comme cette histoire d'élections là, avec McCuffrey. Vous vous rendez compte ? On aurait eu un mutant comme président. Je n'ose même pas me l'imaginer. Le monde aurait couru droit à la ruine. Comme ce qu'ils ont fait en France. Des dangers publics. Ils ont manqué de raser une des merveilles du monde libre, et ont pris d'assaut un immeuble. Qu'est-ce qui les empêche de prendre d'assaut la Maison Blanche ? Qu'est-ce qui les empêche d'aller attaquer New York ?"

Le plus alarmant dans l'affaire était que la guichetière, bien qu'attentive à Yan, semblait de plus en plus encline à suivre les propos plutôt extrêmes de la dame.

Yan se dit que cette dame devait être Américaine, sinon elle aurait parlé plutôt de Toronto, du Parlement et du Premier Ministre. Mais cela importé peu à Yan, quitter cette endroit au plus vite serait une bonne idée. Mais pour aller où, il ne savait pas exactement où était cette institut. Il joua donc encore un peu de comédie.

"Mesdames, savez-vous où ce trouve cette institut pour mutant, c'est que je n'aimerais pas aller dans cette même ville. Vous comprenez?..."

La guichetière tiqua à la question... D'habitude, on lui demandait un billet vers où on voulait aller, pas vers là où on ne voulait pas aller. Mais la jeune femme avait déjà entrepris de répondre.

"Où il se trouve ? Mais mon pauvre chéri, tu dois bien être la seule personne au monde à ne pas savoir où on trouve le repaire des terroristes mutants...

Quoique... Je pense que l'armée américaine aussi l'ignore, sinon, elle aurait déjà investi l'endroit, et ce ne serait que justice."

Face à l'air passablement ahuri de Yan, elle se sentit obligée d'ajouter.

"Ils sont à New York ! Enfin... à côté. Salem Center. Salem... Il faudrait les brûler vifs. Ça, c'est une bonne idée. Tous dans une salle, et carbonisés. Hop."

La guichetière hocha la tête en guise d'approbation, puis se tourna à nouveau vers Yan pour lui demander où il comptait aller, et qu'elle n'avait pas que ça à faire.

Maintenant qu'il savait où c'était il devait trouver un moyen d'y aller. Il devait trouver une excuse pour se rendre à New-York. Il continua avec sa "compétition".

- Ah sh**! Ma compétition est à New-York. Fait chier...Bon fait que ça va être un aller simple pour New-York, je sais pas quand que j'vais revenir.

Yan sortit un billet de 5$, se disant que ça ne devait pas être bien cher. Ensuite, il le déposa à porter de la guichétière.

La guichetière s'apprêtait à répondre lorsque l'autre femme posa sa main sur le comptoir, la stoppant par le fait même.

Elle s'approcha de Yan, qu'elle regarda d'un air mauvais.

"Tiens donc... Mais quelle coïncidence ! À New-York, alors que je viens de vous le dire... Mais je crois qu'ils sont à Paris en fait. Avez-vous une compétition à Paris également, jeune homme ?"

Elle s'approcha encore plus, et planta son ongle dans la poitrine de Yan

"Qu'est-ce qui me dit que vous n'êtes pas l'un de ces sales mutants, en quête de cette bande de fous fanatiques ? Si ça se trouve, c'est même vous qui avez causé cette émeute tout à l'heure, et qui avez inondé la gare. Je ne pense pas que vous devriez avoir le droit de voyager. Vous êtes un danger pour les honnêtes gens."

Elle tourna alors les talons et alla s'adosser au comptoir du guichet. La guichetière, regarda Yan, puis secoua la tête, lui indiquant qu'elle ne pouvait plus lui vendre de place pour New-York, et que tous les monorails étaient complets, ce qui provoqua une grande satisfaction de la femme un peu trop vindicative.

Yan était sidéré, il était arrivé après l'incident. Cette hystérique, avait vraiemnt un problème. Simplement parce sa "compétition" était à New-York, cela ne voulait rien dire. Il devait réussir à se sortir de là...

"Bravo madame vous gagniez une médaille. Ben oui vous avez deviné! C'est sûr que c'est moi le mutant qui a fait d'la marde t'à l'heure. Pis effectivement j'veux m'rendre à New-York pour aller voir ces "fanatiques" comme vous dites."

Yan fit une pause et ricana.

"Non mais sérieux madame, pensez-vous sincérement que j'suis assez cave pour "vouloir me rendre à l'Institut de mutant", devant une hystérique comme vous...Non. Si j'en étais un, je serais parti sans un mot de plus."

Il s'adressa ensuite à la dame derrière le guichet.

"C'est quand qu'il y aurais de la place pour New-York? C'est parce que ma compet est dans deux jours pis j'aimerais ça avoir le temps de m'installer à l'hotel."

L'hystérique en question se contenta de regarder Yan d'un regard froid jusqu'à ce qu'il baisse les yeux. Elle conclut alors.

"L'ennemi est partout, et il prendra bien des visages pour essayer de tromper les hommes et les femmes de foi. Qui sait où se trouve la vérité, dans ce monde de masques, d'illusions et de duplicité."

Elle tourna alors les talons et s'en fut en riant à quelque autre manigance qu'elle venait d'élaborer.

La guichetière, quant à elle, rétorqua froidement à Yan que c'était l'heure de sa pause, puis elle lui ferma le guichet sous le nez, sans même prendre le temps de répondre à sa question.

Yan n'y croyait pas, il avait été catégorisé.

"Ouin...Finalement c'te Chris là y'avait pas tord. Faut absolument être catégorisé, même si on ne connait pas la personne. Bon...faudrait que je fasse de quoi parce que sinon j'vas pourrir icite."

Yan s'éloigna du guichet devant lequel il était pour regarder autour de lui. Évidemment il y avait d'autre guichet, mais rien ne lui confirmait que la guichetière qui lui avait fermer au nez n'avait rien dit à personne. Il tenta pourtant sa chance et se dirigea vers un autre guichet, où la file d'attente était moins longue.

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Edit : Voila j'espère que c'est mieux.

HJ : euh... là, non. Une ligne de plus, c'est pas vraiment mieux. Il va falloir très nettement t'améliorer.

Comme si le monde s'était donné le mot contre lui, aucun guichet n'acceptait de lui vendre quoi que ce soit. Yan pouvait très nettement entendre les gens murmurer autour de lui. Des choses de plus en plus ignobles sur les mutants et sur le fait qu'il en était un. Ça devenait insupportable, et le pire, c'est que les gens ne se gênaient absolument pas pour le dévisager d'un air répugné, ou pour parler sur lui alors qu'il était à côté.

S'il s'était attendu à ça... Le pire dans l'affaire c'est qu'il savait très bien que les guichetiers mentaient en disant qu'il n'y avait plus de monorails, vu qu'il voyait sur les panneaux de départ les trains indiqués, avec les voies, et certains, rares, portant l'indication "complet".