(EVENT) - Clair de lune en terrasse

Ce fut finalement Luther qui vint reprendre possession du jardin de l'institut, allant simplement s'assoir sur le perron, pour éviter de trop prendre froid en cette nuit de début de printemps, et pour ne pas salir son pantalon sur le gazon.

Jason avait eu une idée assez saugrenue de se mettre en t-shirt un soir pareil... Mais bon, pourquoi pas. Sa candeur touchait beaucoup Luther, qui secoua alors la tête, se surprenant à avoir de telles pensées de vieux croûton.
Lorsque finalement son compagnon s'en revint, il lui lança.

"Ce serait le fun d'avoir le pouvoir de faire chaud... Ce serait ben hot, pour faire une joke plate. Mais je gage que la soirée aurait été terrible si quelqu'un avait fait monter la température, faque tous les mecs se seraient mis à poil."

Il s'arrêta et fit la moue.

"Quoique... Je gage aussi qu'il y en a que je suis mieux pas de voir à poil."

Il se reprit alors.

"Donc... T'es curieux de voir ce qu'on peut faire avec son pouvoir ? En fait, je sais pas trop comment ça marche... Suffit que je veuille qu'un truc se fasse, pour que y'ait la patante qui faut qui apparaisse. Tiens, checke donc ça."

Il fit alors apparaître son prénom en lettres bleutées qui flottèrent quelques instants dans l'air avant de disparaître.

"C'est le fun non ? Et y'a plein d'autres trucs que je peux faire apparaître de même."

Jason arriva peu de temps après, avisant Luther sur le perron. Il s'arreta quelques instants, toujours en tshirt, n'ayant pas pu récupérer sa veste... Il l'observa, un sourire amusé au coin des lèvres. Quand Luther se tourna vers lui, il s'ébroua, et se dirigea à son tour vers le perron.
Haussant les épaules, il dit "pas pu récupérer ma veste, camille est assise dessus, et elle a pas l'air bien, la pauvre... Jeremiah va s'occuper d'elle.. enfin.. je crois... je me sentais de trop, la, alors tant pis pour mes fringues..."
IL s'assit a côté de Luther, l'air le plus décontracté possible... Mauvaise pioche, c'est dans l'art qu'il était doué, pas dans la comédie..

"On est censé faire la fête et je vois plein de gens tristes.. Reusement qu'il y a pas eut d'alcool, sinon on était bon pour du mélo matiné de castagne."

Encore une fois, l'humour de Luther vint donner un gros coup de pied au cul à la mélancolie naissante. Jason éclata de rire, filant un petit coup de coude à Luther "oui, manquerai plus que ça, tiens... tout le monde à poil..."
Bon. En Irlande, il avait connu nettement pire, niveau froid... donc, pas froid.. pas froid.. pas froid... Il se rapprocha un peu de Luther, tout de même.

Quand luther matérialisa son prénom, Jason était comme un enfant devant un spectacle, les yeux grand ouverts, pétillants, un sourire accroché à son visage.
Il s'inspecta alors, à la recherche d'un tatouage baladeur, et en découvrit un au niveau du poignet, le petit gecko qui fut sa première manifestation consciente. Bon signe. Depuis son arrivée, il arrivait maintenant à contrôler l'apparition de l'épée, mais si luther disait vrai, il devrait être capable de faire autre chose...

Se concentrant, il visualisa les lettres formant le prénom qu'il trouvait de plus en plus attachant, et, petit à petit, le gecko s'anima, venant se placer au creux de sa main. Il déploya alors ses écailles tribales, et jason mis toute sa concentration sur la suite. Le gecko cracha alors des lettres blanches, lumineuses, qui vinrent former le prénom "Jason". Les lettres s'enroulaient autour de celles de Luther, le "J" accroché, comme un pendu, sur le "t" de luther, le "s" s'enroulant autour du "e".
Satisfait, heureux, même, Jason se fendit d'un grand sourire, tournant sa tête vers celle de luther, la chair de poule n'étant pas simplement due au froid... Les lettres des deux prénoms s'évaporèrent alors, comme un écho de rêve.

"Hey ! Pas pire pantoute !"

Alors que ses propres lettres disparaissaient, Luther expliqua à Jason.

"Sais-tu, moi je capote avec ce pouvoir... Y'a des gens icite là, quyont des pouvoirs bizarres en sacre, et qui savent pantoute pas plus faire avec que se taper dessus. Sauf Eun Jung là... Il guérit lui, faque il tape pas sur les autres. Moi je trouve que c'est malade de pouvoir faire ce qu'on fait..."

Il s'éloigna légèrement de Jason, pour ne pas avoir à se déboîter le cou en se tournant pour ajouter.

"C'est le fun, parce qu'avec ça, tu peux faire tout ce que tu veux... Suffit de vouloir, et ça se réalise."

Il adressa un charmant sourire à Jason, puis se leva, histoire de ne pas avoir les fesses congelées.

Suffit de vouloir, et ça se réalise.. Vu sous cet angle, ça ouvrait de nouvelles perspectives. D'ailleurs en parlant de perspective, Luther s'étant redressé, Jason le voyait à présent en contre plongée. Quand il eut finit son discours, Jason pris une grande inspiration, et se leva à son tour.

"tout ce qu'on veut hein ?... suffit de le vouloir...Ya des trucs qu'on a pas besoin de matérialiser, ça c'est encore plus cool. jveux dire, d'être tombé sur toi, par exemple, même si j'ai presque eut une fracture de l'oeil, la avec ton numéro ". Il prit son air espiègle, pour faire passer la dernière phrase.

"tu as voyagé toi ? parles moi de ton pays ? sont tous des funambules, jonglant avec les mots la bas ?" *parle moi de ton monde natal Usul.. ça me rappelle quelque chose ça*. Jason secoua la tête...

"moi j'ai connu que l'irlande (mon pays), la France, la nouvelle zelande et le japon. C'est déjà pas mal.. j'aurai jamais pu me payer ça moi même, mais j'avais un pote qui.. enfin bref."
Son regard se perdit quelques instants dans le ciel avant de retrouver les deux disques bleus devenus familiers.
"tu es dans une équipe toi, c'est ça ? C'est comment ? jveux dire, devoir compter sur les autres, que les autres comptent sur toi, tout ces trucs la..." Ohhh ce sourire.... décidément, ce soir, effectivement certaines choses se matérialisaient.

Jason soutint tant bien que mal le regard, il avait effectivement l'habitude d'avoir été abordé... Mais la, c'était différent, on était pas en boite, il y avait une proximité plus originale, et c'était un mutant.. Avec un pouvoir proche du sien.. et un regard a tomber...
L'entendre parler de pépé pollender et mémé pollender ne faisait que rajouter quelques touches de peintures vives au tableau Luther. Jason le détailla à son tour. A coup sur, le genre à avoir beaucoup de succès, et donc faire tomber n'importe quel mec en claquant des doigts... Dont lui-même, assurément. Aucune honte la dedans, il était pas question de tomber amoureux pas vrai ? ... pas vrai ?

"je connais le problème, tu sais.. équipe ou pas équipe. J'ai débarqué ici il y a pas si longtemps, et j'ai toujours l'impression de pas être tout à fait à ma place.. C'est cool, qu'il y ai plein d'autres monstres et tout, mais je me sentais parfois "pas si pire" dans un pub irlandais, même avec tous les gros lourdeaux qui y trainaient.."
"c'est chouette de faire un peu connaissance avec toi.. Mais je possède un gros avantage sur toi, la... Grace à ton numéro, j'en connais bien plus sur toi que toi tu n'en connais sur moi..." jason se rapprocha alors un peu, bien décidé à ne pas baisser le regard, ce dont de toutes façons il était bien incapable. Du bleu vif dans l'indigo de la nuit, il faut en profiter avant que ça ne disparaisse. Pris d'une audace dont il se sentait parfois bien incapable, il alla jusqu'a poser sa main sur l'épaule de luther.
"en fait, mon honneur ne saurait souffrir pareil avantage, je suis pret à réparer cet état de fait". Il lui fit alors son sourire le plus charmant qu'il avait à disposition, et il n'eut pas à se forcer du tout pour le faire.

Luther haussa les épaules, puis expliqua tranquillement.

"En fait, je sais pas si c'est normal que des gens se sentent pas à leur place. y'a plus derrière l'institut que juste les pouvoirs, pis la lutte contre les emmerdeurs. Ya des affaires malades partout dans le monde, avec une couple de gens qui voudraient atomiser tous les mutants là... Et je gage que l'Institut veut aller leur kicker la face.

Mais bon... j'en sais pantoute pas plus... Chu encore ben nouveau, et ça me fait capoter de voir qu'il y a plein de gens qui sont là qui se prennent pour des survivants. J'espère ben que ça va aller mieux."

Luther fit une petite moue amusée face à la demi-déclaration de Jason, et le laissa établir un contact physique en le dévisageant d'un air intéressé, avant de dire, d'un ton concupiscent :

"Booooy.... C'est ben intéressant ça, mais je serais triste en sale que tu pognes un flu parce que tu te serais mis en string dans le jardin."

Il s'amusa alors à placer sa main sur celle de Jason, puis son autre main sur ses hanches, puis il plissa les yeux, invoquant une main psychique pour mettre une petite claque sur les fesses de l'irlandais.

Bon.. voila.. la main était posée, approche latérale enclenchée... Comment Luther arrivait à lui faire perdre tous ses repères, tous ses "trucs" qui lui avaient maintes fois réussis pendant ses sorties... C'était toujours resté bon enfant, passant du dragouillage au paluchage potache, mais la, c'était différent, question de lieu, de moment, de contexte, sans doute... La musique provenant de la salle de danse filtrait à travers la porte donnant sur le jardin. Tout était calme, tout se résumait, pour quelques secondes, à deux disques bleu vif dans un dégradé indigo. Pour la première fois depuis son arrivée, Jason se sentait à sa place. la. ici. La main sur une épaule, discuttant simplement avec un type qui se révélait petit à petit, d'une façon bien plus intense que lors de son numéro d'esbrouffe du début de soirée.

Dire qu'il y a encore à peine 1 an, il aurait eut honte de s'approcher ainsi d'un mec, sans plus de retenue qu'un type "normal" rencontrant une fille "normale".. Pouah ! Quelle vilain mot, normalité.
Il fut un peu surpris de découvrir le sérieux des propos du beau blond, et un peu triste en pensant à toutes les implications qu'il y avait derrière. Que cachaient donc les murs si rassurants de l'institut ? A part une bande d'adolescents, devant pour la plupart grandir plus vite que prévu, ayant un jour ou l'autre franchit la ligne de démarcation entre ici, et le reste du monde.

Des survivants. Voila ce que nous sommes tous, en définitive. Mutants ou non. Survivre, dans les rues, évitant les problèmes quand on peut, les affrontant quand on a pas le choix. Survivre, dans une chambre trop petite pour contenir autant d'ambition, se délectant du moment ou on arrive a s'endormir, en serrant un coussin contre soi car on a personne d'autre à serrer....
La main de jason serra un peu plus l'épaule, transmettant un peu de compréhension...

Et pan ! un high kick en plein dans la face de Miss Melancolie. Jason éclata de rire en s'imaginant en string au milieu du jardin, puis fit le calcul des points d'impacts sur son corps.
Un, une main sur la sienne.
Deux, l'autre main sur ses hanche.
Trois. TROIS ? une troisième main qui lui donna une petite claque au postérieur !

"heyyy mais... c'est de la triche !" dit il en riant. De sa main libre, il fit remonter une volute spiralée noire et blanche, et visualisa un gros oreiller bien rembourré. Comme une matrice se formant dans les airs, l'oreiller se fraya un chemin entre les possibles, et Jason brandissait bientôt la déclaration de guerre. Un air frippon, riant aux éclats, il assena un coup en traitre sur la tête de Luther, des particules blanches et noires, faites de pouvoir mutant et de joie, voletant autour d'eux.

Luther se recula en souriant, face à l'accusation de triche.

"Heye ? Comment ça de la triche ! Je viens de te dire qu'il suffisait de vouloir pour que ça se fasse. Et c'est toujours cool d'avoir une troisième main. Pour se gratter dans les endroits impossibles, par exemple."

Il sembla toutefois plus inquiet en voyant l'oreiller se matérialiser, et sembla retomber un peu plus sérieux.

"Pogne ben attention avec ça... Ca peut être dangereux."

Il chercha alors quelque chose des yeux sur laquelle il pourrait faire une démonstration et, n'en trouvant pas, se contentat de hausser les épaules d'un air concerné.

"S'tu veux un truc trop fort, faque la patante que tu crées, elle devient solide en maudit, et j'ai pantoute pas le goût d'avoir ma tête crushée comme un pancake."

Comment ça c'était passé au juste ? Tout était parfait, et tout d'un coup il se prit à avoir peur de son propre pouvoir, de nouveau. L'image de ce joli visage écrabouillé avec son pouvoir de mutant s'imposa à son esprit lorsque Luther s'éloigna de lui.

Un pincement au coeur, Jason laissa les particules mutantes s'évanouir, et celles de joie avec...
"pardon Luther. Excuse moi. Te faire du mal, c'est bien la dernière chose que j'ai en tête, crois moi.". Pour dédramatiser ses propos, il ajouta :
"quel gâchis se serait de crusher une si jolie tête comme un pancake".

Déçus, l'air penaud, il approcha sa main de celle de Luther, et le coeur battant un petit peu plus vite, lui dit "on reprend ou on en était ? t'es pas obligé de me claquer les fesses par contre, hein..."...

Laissant le son de la salle de danse filtrer et balayer les dernières bribes de peur, en équilibre sur un fil tendu entre l'humour et les sentiments plus profond, Jason se livra, dans un regard, un de ces moments ou il ne calculait pas :
"la dernière fois que j'ai souhaité réellement, de tout mon être, quelquechose, c'était trop tard. Et aucun pouvoir mutant ne pourra réparer ça. ...

Toutes ces journées à regretter. Toutes ces nuits à serrer du vide dans ses bras.
Non, luther se trompait, il suffisait pas de souhaiter pour que ça arrive. Mais peut être, pour une fois, il allait essayer de souhaiter sans l'aide de son pouvoir..

"Luther ? La, maintenant, tout de suite, je souhaite qu'un truc... être avec toi." il serra la main, espérant que le contact ne soit pas rompu...

Même si habituellement, il s'en serait tiré avec une bonne répartie, Luther ne put s'empêcher d'être touché par l'attitude qu'adoptait Jason. Il serra à son tour la main, l'air désolé que sa remarque ait pu un peu casser l'ambiance, puis il expliqua.

"Tsé Jason... Des fois, tu veux un truc vraiment fort, pis ça marche pas comme tu veux. Des fois... Tu veux juste avoir du fun avec une game, mais t'fais mal aux gens sans t'en rendre compte. En fait... Le truc... C'est de savoir exactement ce que tu veux."

Pour appuyer ces propos un peu énigmatiques, Luther matérialisa à son tour un oreiller qu'il conçut bien moelleux, puis il le lança sur Jason. Au dernier moment, il le fit disparaître, et se jeta littéralement sur l'Irlandais pour le faire tomber en arrière... sur un oreiller psychique qui se trouvât sur sa tête de façon très opportune.

Profitant de cette promiscuité imposée et à la grande limite de l'impudeur, Luther ajouta, en plaçant son visage très près de celui de Jason, au point que leurs nez se touchaient presque.

"Le tout est de toujours savoir ce que tu veux qu'il se produise.", souffla-t-il.

Il y avait le monde, qui grouillait sans doute, au dela de son monde à lui. Il y avait la musique, qui se faisait plus timide, comme si elle comprenait qu'il ne fallait pas déranger ce moment entre deux secondes. Et il y avait l'ancrage, le point de repère, la main qui en avait rencontré une autre. Dans le grand camaieu indigo, le disque blanc de la Mere surveillait ses enfants, s'amusant sans doute de la candeur de l'un et du jeu de l'autre. La lune, en haut, les yeux de Luther, devant, la main dans la sienne, et qui ne s'échappait pas, pas encore, pas maintenant.

Puis tout bascula soudain, les perspectives changèrent, et Jason se sentit tomber au ralentis, le vent fouettant son visage, le souffle légèrement coupé sous l'impact maitrisé de Luther. Il atterit au sol, sans heurt, totalement surpris par la soudaineté de l'acte, sa tête reposant sur un oreiller bleu.
Il n'avait pas laché sa prise, il sentait la chaleur se répandre à travers son lien, et, du pouce, tandis que le visage du Québecquois se rapprochait du sien, il carressa tendrement le dessus de la main qui serrait la sienne.

N'osant troubler la parole de Luther, il écouta, buvant les mots, buvant les yeux, emmagasinant toutes ces précieuses secondes, pour les ressortir quand elles seraient parties... Toi la grande chieuse, la haut... lache moi, pour une fois, lache moi, et fait que ça ne s'arrete pas la, tu me dois bien ça...

"je ne sais pas toujours ce que je veux clairement, Luther. Parfois j'ai du mal à juste laisser arriver ce que j'ai souhaité. Tu sais, toutes les barrières qu'on se pose nous-même, autour de nous.". Jason posa alors doucement son autre main sur la joue de Luther, puis dessina le contour de ses lèvres, avant de venir se caler sur sa nuque, attirant un peu plus le visage du quebecquois du sien. "mais la je sais ce que je veux qu'il se produise, je sais exactement ce que je veux. Exhauces mon voeu, et ne disparait pas après, mauvais génie." *Pas maintenant que j'ai vu toutes les nuances possibles dans le tableau Luther.*

Luther ne répondit pas à Jason. Pas avec des mots, en tout cas. Il se contenta d'approcher son visage, de plus en plus près, jusqu'à ce que leurs lèvres s'effleurent... Puis il se contenta de souffler un mince filet d'air, pour le chatouiller, avant de se redresser en riant, s'asseyant à califourchon sur le nombril de Jason.

Le voeu ne semblait pas vraiment exaucé, mais Luther tenait toujours les mains de Jason.

"Maudit, Jason... Faut-tu qu'en pis d'être cute en sale, tu doives être gentil pas à peu près ?"

Sa voix semblait prise d'une exaspération. Non pas contre Jason, mais l'exaspération face à la sensation qu'on s'était promis de ne pas trop craquer, et qu'on se rend compte que c'est peine perdue.
Luther se reporta alors sur ses pieds, et se redressa d'un coup, tractant Jason au passage, et espérant bien provoquer une fâcheuse collision.

Il parrait que dans les rêves, ce qu'on prend pour des heures s'avère être des minutes, voir des secondes. Jason s'accrocha à cette délicieuse sensation, lorsqu'on se réveille, quelques bribes du rêve encore accroché à notre esprit, le temps se délitant jusqu'à ce que plus rien ne bouge... Bien sur, il s'attendait à tout avec le québécois, aussi ne fut il guère surprit que le jeu reprenne, sur une gentille frustration. C'était de bonne guerre, et plutôt charmant, donnant un peu, puis attendant que l'autre s'approche, réclamant un peu à son tour, les deux solitudes s'apprivoisant petit à petit.

Jason se sentais bien loin des night clubs, avec les comportements répétés maintes fois, pours des acteurs cantonnés dans leur rôle, devant des spectateurs blasés de voir les mêmes scènes, mais en redemandant encore et encore... Il se préparait déjà au rire, sans en vouloir à Luther, avec un léger pincement au coeur tout de même, comme un nuage de lait sur un café amer, dont on aime pourtant le goût...

Il ne s'attendait pas en revanche à ce que leur mains restent liées, et c'est avec un franc éclat de rire qu'il accueillit la petite provocation de Luther. Il s'accrochait à ses mains, de peur de se réveiller tout à fait, déglutissant et se mordant la lèvre lorsqu'il discernat un trouble dans la voix du beau blond. Il tenta de transmettre toute la confiance qu'il avait à travers leur lien, la peau véhiculant parfois bien mieux les idées que les mots.

Puis de nouveau Luther le marionnetiste activa les fils reliés à Jason pour le faire se relever. Le mouvement fut un peu trop rapide. Peut être calculé ? Jason fut pris par l'élan et se retrouva plaqué contre Luther, les deux se cognant contre le mur. La douleur tenta un vague jappement de principe, mais elle n'était tout simplement pas assez forte pour occulter la magie de la proximité. Ravis, Jason se cola contre Luther, sa tête reposant contre son torse, son bras gauche se faufilant entre la veste et la chemise, pour garder une certaine pudeur, pendant que sa main droite cherchait dans la poche arrière de son propre pantalon *pourvu que ce ne soit pas cassé*, et en sortis deux écouteurs, dont il orna doucement l'oreille gauche de Luther, pendant qu'il plaçait la droite sur sa propre oreille.

Activant alors le mini lecteur, qu'il avait pris "au cas ou" pour la soirée, si jamais il voulait s'isoler, il compta 4 clics pour atteindre la chanson qu'il avait en tête "si tu veux, pour l'instant, on parle pas. Garde moi près de toi, Luther, t'as rien à craindre de moi. Laisse pour quelques minutes nos deux solitudes, si différentes, se rencontrer...Garde moi contre toi, Luther..." Il repris alors la main de luther, la serrant gentillement.

Tout se passait très bien... Exception faite du mur qui était un détail imprévu, mais qu'importe. Jason était venu chercher la proximité, il était même venu coller sa tête, et commençait à avoir des mains baladeuses. Tâter la poitrine, un réflexe classique... Mais visiblement, il s'était trompé de fesses...

C'était non sans une certaine surprise qu'il vit Jason sortir... non pas un ustensile qui se serait présenté indispensable pour les quelques heures à venir, bien que Luther n'avait pas prévu d'en avoir besoin sur le perron de l'institut (mais après tout pourquoi pas), mais bien... un lecteur audio. Et Jason de lui fourrer un écouteur dans l'oreille.

Luther fut pris de l'envie de retirer cet écouteur importun, mais Jason était vraiment désespérément romantique et maladroit, ce qui le rendait assez touchant. Il retira néanmoins l'écouteur, parce que de la musique était la dernière chose dont il avait envie présentement, et serra Jason dans ses bras, sans même être trop entreprenant. Après un léger temps, il ajouta tout de même.

"Tsé Jason... M'a quand même t'expliquer une couple de choses un de ces jours..."

Et voila, le grand classique... Quand ça commence à devenir un peu trop concret, on se défile, hmm ?... Jason était en cet instant constitué de deux entités : le Jason assumé, jeune adulte conscient de son charme et dont les envies s'épanouissaient, et le Jason adolescent, préférant rêver et rejouer des scènes romantico-nunuche plutôt que de laisser se dérouler le film réel, en totale improvisation...

Heureusement, il pouvait compter sur Luther pour gentillement faire comprendre au Jason adolescent qu'il serait temps qu'il reste dans son propre espace-temps, il avait vécu, merci, on se rappelle on s'fait une bouffe.

Un peu honteux, rougissant, il laissa tomber les écouteurs et profita pleinement de la joie simple d'être dans les bras de Luther. IL avait envie de se disculper, de dire "nonnon c'est pas moi... pas vraiment", mais l'essentiel était que le québécois était encore la, qu'il n'avait pas fuit, que ses mains le serrait contre lui.
Il inspira un grand coup, resserant à son tour ses bras autour du corps de Luther, et releva le menton, plantant son regard dans les yeux malicieux de son partenaire, un sourire semblant dire "désolé".
"j'apprend vite, tu sais, surtout avec des professeurs doués". Pour clouer le bec au Jason adolescent, il glissa alors son bras sous la chemise, carresant le dos de Luther et l'embrassa doucement dans le cou.

Luther se prit à rire, chatouillé par la froideur du mur, ou par les mains de Jason. Ou autre chose ?

"Great... ça progresse, c'est ben. Mais y'a encore du progrès possible..."

Pour mieux appuyer ses propos, il attrapa Jason par les fesses, et le souleva de terre, suffisamment pour coller un baiser sonore et baveux sur ses lèvres.
Il le reposa ensuite, et l'attrapa par la taille en disant.

"Tsé là... J'aurais ben le goût de te connaître un peu mieux... Mais pantoute pas sur le perron de l'institut. Fait froid en criss, et j'ai pas envie qu'on soit dérangés par un stifie de curieux."

Il se décolla du mur, et malheureusement de Jason, bien qu'il le gardait accroché bras dessus-bras dessous.

"Si on rentrait ?"

Voila qui était mieux. Jason se sentait beaucoup plus vivant depuis quelques minutes, un frisson parcourant son échine, et qui n'avait rien à voir avec la fraicheur de la nuit sur le perron. Le rire de Luther, les yeux de Luther, la peau, le parfum, les lèvres de Luther, a peine efleurées, et ses bras, solides, fidèles, emprisonnant au loin l'adolescent... Tout réchauffait son être, et il n'avait aucune envie de couper les fils qui le reliait à son marionnetiste.

Lui qui pensait avoir voyagé, et connu le bout du monde, il entreprenait à présent un autre voyage, sans passeport, sans planification, avec comme seul moyen de voler des promesses bleues aux lueurs malicieuces, et l'envie que le voyage ne finisse pas.

A regret, il sentit Luther s'eloigner quelque peu, et réfléchit à ce qu'il lui disait. *ouah ! C'est vrai, ça fait plusieures minutes que n'importe qui pouvait débarquer ici*.
A cette pensée, il rit à son tour, et se cramponnant au bras de son partenaire, répondit "je te suis ou tu veux, beau blond, moi aussi j'ai envie de te connaitre un peu mieux", puis, avec une moue friponne "et puis je t'ai fais une promesse, une question d'honneur"

C'était presque trop facile, maintenant que Jason avait à nouveau franchi la frontière entre le romantique en mal d'affection, et le jeune homme dans toute la vigueur de sa jeunesse. Il avait réussi à entortiller Jason autour de son doigt, et finalement... Cela lui donnait un sentiment d'amertume et de culpabilité.

Il regarda un instant Jason sans rien dire. Il était à son goût, comme les quelques autres garçons qu'il avait allumé et séduit, mais il avait quelque chose en plus. Peut-être avait-il réussi à parler à son côté romantique, plutôt qu'à son côté lubrique. Mais bon... Ce n'était pas le moment d'avoir des remords ! Il faut battre le fer tant qu'il est chaud, et en l'occurence, Jason était très chaud. Luther l'attrapa donc par la ceinture, et l'entraîna à l'intérieur.

"Allons dans ma chambre... J'ai pas de coloc', ils ont tous peur que je les viole. On devrait être un peu plus tranquille pour... parler d'honneur."

chambre de Luther

Alors voila. Une ligne clairement marquée, tracée sur le sol par un caprice du destin, la Lune comme garante de la légitimité du pacte, et le choix à faire. Comment résister ? même si une voix en lui lui disait que tout allait trop vite, qu'il le regretterait peut être ?
Qu'importe. La ligne était tracée, et il fit un pas, irréversible, compostant son billet pour Lutherland devant le regard faché du guichetier, qui avait pris l'apparence de Jason à 14 ans.

*je sais.. t'inquiètes pas... je fais mon choix, je suis bien avec lui.. même si je ne sais pas combien de temps ça durera, je prendrait chaque seconde, et je les chérirai ensuite, si le souvenir doit remplacer le réel*
Le guichetier hochat la tête, "je comprend... bonne chance".

Le coeur battant la chamade, l'angoisse libérée de ses chaînes, la même qui venait l'emmerder parfois lorsqu'il rendait une composition, et attendait le jugement, vint lui susurer des mots doux à l'oreille. Il n'écoutait déjà plus, il n'entendait que le son de la voix de Luther, et son sang qui pulsait à ses oreilles, parachevant la quasi-transe dans laquelle il était tombé, ses mains impatientes et maladroites se voyant déjà plonger dans la chevelure blonde , enserrerent la taille de Luther, pendant que Jason, halé par la poigne ferme du québécois se laissait entrainer ailleurs.

Sur le sol, baigné de la lueur argentée, un baladeur scandait langoureusement sa sérénade pour une paire de chaussure baignée dans la rosée, abandonnée ici peu de temps auparavant, les gouttes scintillantes drappant les souliers de cendrillon, en faisant échos à celle sur les joues de leur maitresse.

chambre de Luther

Le Dancefloor

L'espace repos était ... blindé de monde, et surtout il y avait pas mal de pro-fesseur comme aurait pu dire une jeune fille ailée si elle n'avait pas quittée l'institut pour rejoindre un groupuscule terroriste chargé d'éradiquer les humains. Enfin bref il n'y avait pas vraiment de place pour lui et Allison. Ils se conteraient de resté debout alors. Il y avait un homme que Math n'avait encore jamais croisé mais il ny prèta pas tellement attention.

Il se retourna alors vers Allison.

"Mouaih ... pas top top pour faire une pause... on pourrait allé prendre l'air parce que y'a pas mal de monde là et j'aime pas trop ça..."

Et surtout Math avait envie d'un grand bol d'air frais ! La fête c'est bien mais au bout d'un moment, l'atmosphère devient légèrement oppressante et inconfortable. Math se dirigea alors vers le jardin tout en savant pertinemment qu'Allison le suivrait.

Arrivé sur la terrasse, Math s'appuya contre l'épais mur de l'Institut. Il leva la tête, son regard fixait le ciel espérant voir les étoiles... par chance, le ciel était dégagé, et la lune brillait intensément ! Un léger vent frais soufflait doucement. Math n'avait pas froid.

"J'commence à croire que toute les soirées de l'institut comporteront leurs échauffourées ! Au fait, tu va peut être trouvé ça stupide mais j'ai réalisé que toi et moi on s'connaissait pas tant que ça ou du moins pas assez à mon goùt... Parles moi un peu de toi ..."