Re: [LeX 4.8.4] Vies parallèles 4 : Math

Aleph et Dryade avaient suivi la fausse Laura jusqu'à l'endroit où Protagoras leur avait demandé de tuer Juan et Math. Malgré toute la gravité de leur situation globale, et celle, plus délicate, du double-jeu qu'elles jouaient depuis qu'elles s'étaient auto-conditionnées, Ivy ne put empêcher un sourire las de grignoter son visage, le genre de sourire qu'on a en rentrant chez soi après une dure journée de labeur : ses hommes étaient là, non pas seulement ses coéquipiers, mais également son oncle, qui tel un résistant de l'IRA, semblait prêt à en découdre comme un beau diable imbibé d'alcool pour sauver sa peau d'Irish. Si elle avait pu avoir des doutes sur leur affiliation réelle, ils furent écartés en cet instant. C'était beau la famille. C'était tout de même une certaine satisfaction personnelle de voir que même dans ce simulacre, son oncle était de leur côté. Etait-il réel ou non, ça c'était encore à découvrir. Pour l'instant, il était la seule personne extérieure aux LeX qui lui avaient parue fidèle à elle-même.

Mais l'heure n'était pas aux retrouvailles familiales. Les gars étaient dans une sale posture, Fake-Laura s'enflammait et une flaque de mauvais augure commençait à se former sur le seuil d'une porte du couloir. Les confidences d'Esther sur la vraie nature de Molly lui revinrent en mémoire...
La rouquine pointa du doigt l'amalgame métallique.

"J'crois que c'est le moment de sortir ta brouette..." lui dit-elle. S'ils devaient combattre tous ensemble, et contre Molly notamment, ils allaient avoir besoin de tous les pouvoirs à disposition. Esther seule n'en était pas venue à bout malgré son pouvoir.

"Vous avez joué et vous avez perdu ! Atomique !" lança-t-elle à travers le couloir, espérant que la suggestion de cette phrase fonctionnerait sur les garçons. Ce faisant, elle tenta de recouvrir son corps d'une écorce épaisse en vue du combat qui s'annonçait.

Alors que la peau d'Ivy se revêtait de l'écorce escomptée, que la température de la pièce augmentait sensiblement, la flaque du sol commença à prendre une tournure inquiétante : la 2D se fit 3D et un semblant de tête apparut au milieu de cette dernière.

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Entendant les mots d'Ivy, Juan et Math ne se sentirent pas pour autant différents.

*Je me souviens d'un truc qui a été dit aux sujet de ces phrases bizarres et de harmonie, ça concernait le contrôle, il me semble. Donc Ivy connaitrait la phrase pour débloquer nos pouvoirs? On va voir si ça marche ce truc de phrase. J'y crois pas trop, mais la dernière fois au centre, ça avait l'air de fonctionner. De toute manière on va bien voir ce qu'on va voir. J'ai quand même vachement peur, je sais pas ce qui va nous arriver. Au début je trouvais ça marrant les trucs en équipe, mais là je trouve que ça devient beaucoup trop sérieux. Je me suis pas engager dans l'armée, je croyais que j'étais dans une école pas dans une annexe de l'armée. Je crois que j'ai surtout besoin de vacance, en fait, ou alors d'un séjour chez les fouilles-cervelles.*

Juan regardait ses assaillants, et le reste de la pièce. Il y avait les armes aux murs, mais il était pas question qu'il en touche une. Son casque lui manquait tout à coup. De l'avis de Juan les deux principaux dangers venait de Laura et de l'asiatique armé de son pistolet étrange, puisque Math semblait tenir ce dernier en respect avec le fusil d'assaut, le jeune mexicain décida de s'occuper de la jeune Laura.

* J'espère que ça va marcher,sinon il va falloir que je baffe Laura, et ça m'enchante pas vraiment de faire ça.*

L'adolescent se déplaça de manière à être entre Math et Laura.

Juan se concentra une nouvelle fois en essayant de faire appel à son pouvoir de manière à à ouvrir un portail devant Laura, et la sortie devant un mur de la pièce afin qu'elle s'assomme elle même avec sa vitesse de déplacement. Il se prépare également à la recevoir si jamais son pouvoir refusait de fonctionner.

Le portail s'ouvrit juste devant la petite Laura qui n'eut pas le temps de s'arrêter avant de s'y engouffrer. Elle réapparut, dans la salle des armes, juste devant un mur. Son impulsion de départ ayant été légèrement diminuée, elle percuta très légèrement le mur.

Pendant ce temps, dans le couloir, l'asiatique gardait la pose mais la flaque continua son évolution : un corps humanoïde se développait assez rapidement. Les LeX pouvait voir en plus d'une tête, les membres supérieurs ainsi que le torse... D'ici quelques instants la créature serait complète.

La situation semblait s'être légèrement figée : Ivy et son armure de combat, Esther qui voulait montrer de quel bois elle se chauffait, Shane et Math qui tenaient en joue Sawada, les grognements qui provenaient de la porte de l'escalier du sous-sol, Laura complétement désorientée dans la salle d'armes, Juan qui venait de fermer son portail, la fille qui chantait à tue-tête "On va tous crever... On va tous crever"... Seule l'humanoïde qui émergeait de la flaque couleur argent semblait animé.

Alors que Math tardait à réagir, l'humanoïde termina son évolution. Sous le regard des LeX se tenait dorénavant Molly, l'air plus cruelle que jamais. Shane la mit instantanément en joue, d'une main tremblante, sans que cela provoque la moindre réaction chez la mutante métamorphe perverse.

"Maintenant je vais me délecter de vos cris" lâcha-t-elle sans l'ombre d'une émotion.

Sawada, profitant de l'inaction de Math se saisit de son communicateur et s'écria :

"Andersson ! Nous sommes trahis !"

La température continuait à monter. Esther serrait les dents. Prête à en découdre. Molly la regarda d'un air consterné.

"Tu sais très bien que ton temps est révolu. Ton inutilité flagrante. Ton enfant est dans le ventre d'une autre. Et je peux te tuer. Et je le ferai et je jetterai tes restes au Roi-de-Toutes-les-Larmes, au sein duquel rien ne résiste, rien ne subsiste, lui qui détruit l'organique comme le non-organique, le solide comme le liquide..."

A ces paroles la température ambiante se stabilisa. Visiblement quelque chose avait fait réfléchir Esther. Molly ajouta, narquoise :

"Tu ne peux pas utiliser tes pouvoirs à proximité de tes amis sans risquer de les tuer. Et c'est ce qui causera une fois de plus ta perte ! Je te tuerai avec cette main !"

Elle désignait sa main droite qui semblait être en proie à une nouvelle métamorphose.

Dans la salle, Juan était en face d'une Laura désorientée, qui regardait avec avidité les différentes armes situées à à peine quelques mètres d'elle.

Tout allait très vite. Molly apparaissait, Sawada donnait l'alerte, Juan recouvrait ses pouvoirs, Laura fut transporté. L'espace d'un instant, Math ne savait pas vraiment ou donner de la tête. Quel était la personne la plus dangereuse à l'heure actuelle ? Molly sans aucun doute. Math l'avait vu se relever après avoir reçu une balle en pleine tête. son sang ne fit qu'un tour, il se retourna vers elle, pointa l'AK en sa direction et pressa la gâchette. Une série de détonations bruyantes se fit entendre tandis qu'une voler de plomb se dirigeait droit vers Molly. Sous l'effet du recule, Math avait levé l'arme, et certaine balles vinrent s'enfoncer dans le plafond au dessus de Molly. C'était la première fois que Math tirait sur quelqu'un mais si il ne l'avait pas fait sans doute que la mutante assoiffée de sang se serrait jeté sur l'un d'entre-eux et tout particulièrement Aleph. Il ne regretterait donc pas son geste.

"Ferme ta grande bouche ! Tu nous les brises avec ton Roi d'mes rouleau ! Prends en de la graine Juan, il ne s'agit pas d'assassiner mais de se défendre ! Et j'espère bien que je l'ai crevé de toute manière !"

Sans même vérifier si Molly était vraiment morte ou pas il se retourna vers Ivy.

"Bon je suppose qu'on a récupéré nos pouvoirs ! On pourrait peut être demander à notre ami japonais s'il sait où est Blackhole histoire qu''on puisse se barrer d'ici vite-fait et changer de fringues par la même occasion ! Si j'reste ici une heure de plus je pète un câble et j'fais tout crâmer !"

Comme pour donner du corps à sa phrase, il fit s'enflammer le sommet de son crâne, puis mit en joue le japonais.

"J'suis sur que tu sais quelque chose toi ! Allez Balance sinon je te fait flamber en premier !"

Si Molly esquissait le moindre mouvement, Math en profiterais pour la recribler de balles.

Hjördis, Amarenna et le Général Vilsmaier débarquèrent au bout d'un couloir. Devant eux se tenaient Ivy et Esther, puis la fille de la prison, Shane, Math et enfin Sawada et Molly.

Tout le monde semblait être à couteaux tirés.

Ivy et Esther remarquèrent le trio de nouveaux arrivants. Habillées dans une tenue de chasse à courre, Amarenna et Hjördis détonaient quelque peu dans ce défilé de tenues en latex blanches. Aleph fut la plus prompte à réagir et à crier :

"Vous avez joué et vous avez perdu ! Atomique !"

Hjördis et Amarenna purent constater avec satisfaction qu'Ivy était couverte de sa tenue d'écorce...

Provenant de quelque part après l'autre bout du couloir, un bruit horrible, comme une immonde reptation... Et ce "Tekeli-li" abominable, prononcé par des bouches qui n'en étaient pas, rappela au trio de nouveaux arrivants que le Shoggoth serait bientôt là.

Un dieu? Amy n'en avait que faire d'un dieu. Elle ne voulait pas y penser. Tout ce qu'elle gardait à l'esprit, c'était qu'il fallait vite récupérer les autres et partir d'ici. Elle ne voulait pas y rester, mais ne pouvait supporter l'idée que ses coéquipiers y restent. Alors le choxi était vite fait comme en témoignait le regard déterminé qu'elle posa sur Vilsmaier en attendant qu'il ne lui réponde. Et sa réponse lui fit froid dans le dos. Le Shoggoth se dirigeait vers des organismes vivants. Leurs coéquipiers donc, sans doute... Et Amy savait où il se dirigeait, puisqu'elle s'y était rendue plus tôt. Et les LeX étaient sans doute là bas.

"Il n'y a pas de temp sà perdre, alors..." fit-elle avec une assurance qu'elle était loin de ressentir.

La jeune femme, pourtant, s'était mise en mode automatique. Elle verrait plus tard pour le contre-coup qu'elle savait à l'avance puissant. Mais là, ce n'était pas le moment. Elle se laisserait aller, peut-être, dans l'avion. Ou dans sa chambre à l'Institut. Ou chez ses parents lorsqu'elle y retournerait quelques jours. Mais pas ici, pas maintenant.

"10 minutes, c'est suffisant pour aller chercher les autres et sortir de là..." décréta-t-elle en indiquant à Vilsmaier la porte de sortie.

Elle le suivit à grandes enjambées dans le couloir, jusqu'à pouvoir voir Esther et ses coéquipiers, ainsi que Molly et Sawada. Visiblement, l'atmosphère était tendue. Esther lança une phrase bizarre qui fit froncer les sourcils d'Amarenna avant que celle-ci ne remarque avec soulagement qu'Ivy au moins avait récupéré ses pouviors.

Mais le soulagement fut de courte durée lorsqu'elle entendit le Shoggoth. Le sang de la jeune femme se glaça dans ses veines.

"Pas le temps de jouer Aleph. Il faut qu'on parte d'ici. Le Shoggoth est lâché, et il arrive ici..."

Elle marqua un temps de silence et tourna la tête vers la fille de la prison, la regardant étrangement avant de reprendre:

"Tu en es où de ton rôle, toi?"

A peine ces mots prononcés, la jeune femme regarda autour d'elle afin d'attraper n'importe quoi qui pourrait leur faire gagner du temps pour permettre à ses coéquipiers de les rejoindre pour partir d'ici au plus vite. Il n'y avait rien à attraper à l'endroit où se tenait Amarenna.

La fille de la prison haussa légèrement les épaules en répliquant : "un ventre ne peut avoir qu'un rôle sans texte".

Quant à Molly, criblée par les balles de Math, s'effondra au sol, exactement comme la fois où ils avaient investi Harmonie... Exactement comme la fois où elle s'était relevée quelques instants plus tard. La forme mutilée de la jeune femme éliminait déjà les impacts de balles. Dans quelques instants elle serait de nouveau opérationnelle.

Entendant parler du Shoggoth, Sawada paniqua complétement et se jeta vers son arme en criant "Mon pistolet à drogue, il me faut mon pistolet à drogue". En larmes. La réaction de Laura, dans la salle d'armes fut à peu près similaire : livide, elle lâcha son couteau.

Et déjà les bruits de reptation se faisaient plus proches et une odeur de pourri se faisait sentir dans le couloir.

La jeune islandaise était de plus en plus fébrile. En courant jusqu'ici, elle s'était même emmêlée les pieds et avait manqué de peu de tomber au sol. Pestant et jurant dans sa langue maternelle, elle se rétablit et continua la course.

Un Dieu? Vaste fumisterie! La seule créature divine ici, c'était elle, non mais! Elle s'appelle pas Freyja pour faire joli!

Ce petit trait d'humour bancale lui remit un peu les pensées en ordre de marche. Après avoir gagné une bonne semaine d'insomnie en jetant un œil dans le judas, Vilsmaier semblait avoir repris un peu du poil de la bête. En tant que militaire il ne voyait que peu de solutions : le suicide ou accompagner les LeX dans leur tentative de se sauver. Vue la mentalité d'Harmonie, le retour dans le giron de la secte des dessinateurs de ronds sur les avant-bras était plus que compromis.

Peut-être qu'il espérait qu'en restant près d'elle, il aurait plus de chance de s'enfuir en les laissant se débrouiller avec Molly ou les autres "chiens"? Peu en importait à la grande blonde pour le moment : il les guidait vers l'endroit où rampait le truc sans visage.

Après avoir passé un croisement, le couloir se retrouva brutalement bien rempli. Juste devant elle, Ivy et le professeur Esther leur tournait le dos. La tenue blanche de Dryade était mise à mal par le pouvoir de la mutante donc, comme Hjördis le pensait, l'effacement des pouvoirs n'était que temporaire. Une autre tenue blanche, plus loin : Math qui visiblement avait trouvé plus lourd que le pistolet déchargé qui pendait à sa ceinture. Devant Aleph se trouvait la prisonnière du sous-sol qui visiblement était sous la protection des LeX. Avec le groupe, un individu familier mais dont la présence n'était pas du tout attendue : l'oncle de Ivy! Comment était-il arrivé ici?!

Voilà pour ce qui semblait être des alliés. En face, l'asiatique ne semblait pas en mener large bien que doté du renfort très lourd de Molly, leur psychopathe préférée. Mauvais point, pas trace de Juan. Pourtant, ils auraient bien besoin de son pouvoir à présent...

Dès qu'elles furent repérées, le professeur dit quelque chose d'étrange. C'était des ordres ça? Un plan? Visiblement, les deux LeX qui s'étaient retrouvées isolées un bout de temps n'avaient pas été les seules à en baver...

Au bruit, aucun doute, le truc rampant venait par ici. Il peut tout dévorer et Molly peut tout encaisser. Autant les laisser discuter en tête à tête. Pour le moment, il fallait dégager le passage à Dryade et Aleph qui, combinées, avaient une chance de stopper Molly le temps nécessaire au Shoggoth d'arriver. C'est pourquoi Hjördis continua sur sa lancée pour saisir la prisonnière et l'emmener plus loin dans le couloir, à l'abri de la baston qui n'allait pas tarder à éclater. Déjà des coups de feu claquaient. Parlant en finnois pour la mettre en confiance, Hjördis tenta d'emmener la jeune fille loin de Molly.

"Comme promis je suis revenue. J'ai trouvé un avion et je vais t'emmener voir Viconia. Vite!"

Hjördis avait l'intention d'emmener les non-combattants plus loin dans le couloir et de leur expliquer qu'il y avait un avion qui les attendait, prêt à partir, que les membres d'harmonie ont déguerpi et, point important, qu'il fallait faire de même. Vite.

*Bon, on a le choix, soit on continue la visite par le sanctuaire soit on fout le camp. je serais d'avis qu'on foute le camp moi, mais bon je suis pas dieu le père, je ne pourrais pas décider pour le monde. Mais Laura, elle au moins parmi tous les gens vivant ici en dehors de l'équipe sera sauvé. Toi là haut, j'espère que je prends la bonne décision. Si jamais, on y passe, dis à ma mère que j'ai été un bon catholique. Et surtout qu'elle aille pas crier sur l'institut, y sont pour rien dans cette situation. Quand même j'aurais aimé faire de la moto une dernière fois. Et si on s'en sort, Esther a intérêt à être gentille avec nous. Bon c'est pas tout ça, mais au travail jeune homme.*

Juan regarda autour de lui, il n'y avait plus rien à faire ici. Le jeune mexicain pensait que le sanctuaire, était l'endroit où ils étaient au début, donc le plus logique, était d'ouvrir le portail au res-de-chaussé près de la sortie. Il avait déjà ouvert des portails en se fiant uniquement aux plans d'évacuations dans une université et dans le QG d'harmonie qu'ils avaient visité récemment. Il n'y avait aucune différence ici, hormis le fait qu'une créature se dirigeait vers eux, une créature que les geôliers eux mêmes semblaient craindre. Il était donc temps de se mettre au travail.

*Bon c'est partit, on va sauver tout le monde, mais je vais les prévenir d'abord.*

"Bienvenu à bord de Wormhole air-line, l'hôtesse vous souhaite un bon voyage, si vous désirez rester en vie, veuillez emprunter le portail que voici, qui vous mènera dans un lieu plus sûr que celui-ci. Merci de votre attention et bougez vous les fesses.

Juan concentre son pouvoir pour ouvrir un portail entre la pièce où il se trouve et le rez-de-chaussé, afin qu'ils puissent tous s'enfuir. Le Mexicain, mobilisant les souvenirs récents des plans qu'il avait vu dans l'ordinateur, réussit son coup : un portail assez large pour permettre à deux personnes de passer de front en se serrant vraiment beaucoup apparut. Laura, ou tout du moins la personne qui avait ses traits, ne demanda pas son reste et bondit à travers le passage.

Les personnes présentes dans le couloir purent constater avec terreur que le blasphème rampant, que Hjördis et Amarenna avaient entraperçu depuis la cellule, serait visible dans une poignée d'instants...

Ivy était redevenue Dryade, et malgré la tourmente, le sentiment que sa transformation lui procura était proche du soulagement. Sous cette forme, elle en avait vu des vertes et des pas mûres, mais s'en était toujours sortie, à tel point qu'en cet instant, elle se demanda pourquoi elle avait au départ tant détesté l'apparition de cette mutation secondaire, qu'elle accueillait aujourd'hui à bras ouverts. Comme quoi, l'avènement d'un dieu destructeur pouvait sacrément faire relativiser !

La rouquine sentit bien, plus à l'expression d'Esther qu'à la température, qui lui était plutôt indifférente sous sa forme mise au green, que les propos de Molly avaient entamé le regain de confiance d'Aleph. Sa première expérience avec la mutante à Harmonie l'avait profondément traumatisée, mais c'était pas le moment de se laisser impressionner par du blabla, chose que Flare semblait avoir bien assimilée. Ivy ignorait ce qu'il avait pu vivre de son côté, mais elle le trouvait nettement plus vif que lors de leur mission à NYC, au sens propre comme au figuré. Freya et Wormhole semblaient également bien remontés, lui donnant l'impression qu'une drôle de mécanique était en branle entre les membres de l'équipe, comme si ces ados qui n'avaient aucun atome crochu si ce n'était le gène X, à l'instar de la relation houleuse d'Ivy et Esther, regardaient pour la première fois dans la même direction : celle de l'issue de secours la plus proche.

"Cause toujours, petite morve ! Death avait raison, t'es complètement tarée ! Compte pas sur ton Roi pour verser une larme pour ta pomme !" lança-t-elle en donnant un coup de coude à Esther pour attirer son attention ; les bruits à glacer le sang qui se rapprochaient d'eux n'étaient pas là pour la rassurer, mais les propos de Molly lui avaient donné une idée.

"Immobilise-la ! Inverse la vapeur !" lui glissa-t-elle en agitant le bras de son professeur pour la réveiller. Si Molly était bien plutôt liquide que solide, ce qui lui permettait ses va-et-viens mimétiques, alors le Shoggoth apprécierait sûrement un apéro. D'après la connaissance assez poussée qu'avait l'Irlandaise des potentiels mutants, aucun des élèves présents n'avaient de quoi retenir leur adversaire ici afin de couvrir leur fuite, pas même elle, elle devait bien l'admettre. Si Esther parvenait à la congeler un moment, Molly serait en première ligne de la "chose" qui arrivait, et qui semblait terrifier les membres mêmes de Nemo si l'on en croyait la panique du Japonais qui venait de donner l'alerte.

La rouquine s'avança vers la pièce où Juan avait créé son portail, et attrapa son oncle par la manche.

"Amène-toi ! T'auras d'autres occases de jouer les William Wallace !" lança-t-elle à son oncle. Elle n'osait pas imaginer ce qui passait par la tête de son oncle, mais elle préférait qu'il n'ait pas l'idée de gober le Shoggoth dans sa poche ventrale...

"Et pour le Shochotte, on fait quoi, Blackhole ?" demanda-t-elle au leader des LeX, suivant le mouvement de fuite sans toutefois abandonner leur objectif de destruction massive du projet Nemo.

Hjördis s'occupait de la fille inconnue, qu'Ivy dévisagea avec inquiétude. Si ce que Molly disait était vrai, sauver cette fille était un peu ramener avec eux une bombe à retardement... Restait à trouver un moyen de la désamorcer.
Une fois sur le seuil de la salle d'armes où Juan avait créé son portail, elle fit signe à Sawada :

"Toi, tu nous files ton flingue ou t'auras de vraies raisons de t'en servir." lui dit-elle, lui proposant de fuir avec eux au même titre que la fausse Laura en l'échange du pistolet à drogue. Elle avait dans l'idée que l'arme pourrait être, entre ses mains ou celles d'Esther, un répulsif très utile pour la suite. Au point où ils en étaient...

Attendant qu'Esther contre-attaque pour ralentir Molly, l'Irlandaise se concentra sur son pouvoir pour entreprendre de murer solidement la porte donnant sur le couloir, veillant à ne fermer complètement son mur végétal qu'une fois que les retardataires seraient passés. Elle suivrait ensuite ses compagnons par le portail.

Tandis que Molly continuait à se régénérer, le branle-bas de combat était de mise dans le couloir du Schlössadler.

Au moment où Hjördis conduisait à grands pas par la main l'ex prisonnière, l'annonce pour le WormHole Airlines interpella tout le monde. Bizarrement, les ennemis de l'instant d'avant étaient tout à fait prêts à voyager sur cette drôle de compagnie de transport. Laura avait déjà franchi le pas et Sawada oublia quelques instants son pistolet pour se concentrer vers une activité plus salutaire : sauver ses fesses.

Ivy, quant à elle, donna, en quelque sorte, son premier ordre à Aleph. L'israélienne serra un peu plus les dents et la température commença à dégringoler à sa proximité immédiate.

Shane fila aussi sec en direction du portail.

"J'veux même pas savoir à quoi ça ressemble ce machin !" brailla-t-il avant de bondir à travers le passage.

Et Sawada, conscient qu'il échangeait un pistolet contre sa propre vie fit glisser l'arme d'un grand coup de pied avant de suivre le chemin du portail. Ivy put la ramasser sans difficulté.

La rouquine ayant parlé, Esther reprit les commandes. Math venait de cribler à nouveau de balles Molly. Et son arme faisant des cliquetis sourds, il s'agissait bel et bien de la seconde et dernière fois qu'il utiliserait aujourd'hui un AK-47.

Aleph parla :

"Tirez vous. Tous. Il me faut de la place"

Le ton était glacial et aucune contestation n'était envisageable.

[LeX 4.8.4] Vies parallèles 4 : Math - Page 2 Shoggoth_

Le repli était sonné. Et ce n'est que du coin de l'œil que Math, Hjördis, Amarenna et Ivy purent voir le chaos rampant débouler dans leur champ de vision : la créature était immense et remplissait quasiment la totalité du couloir en largeur et en hauteur. L'odeur était répugnante et déclencha des hauts-le-cœur chez toutes les personnes encore présentes. Et le bruit des mille-bouches-qui-n'en-étaient-pas était assourdissant. Comme une sorte de cancer sonique.

Ivy se mit en stand by dans la salle d'arme. Prête à murer le passage. Math, Hjördis, Vilsmaier et la prisonnière franchirent le vortex : il n'était pas question de contester les ordres d'Aleph. Ils n'en avaient pas la moindre envie.

Le seuil de température employé dans le couloir était incompatible avec la survie d'un quelconque organisme humain. Les 3 personnes présentes n'avaient rien d'humain à ce niveau là. Mais l'effet escompté se produisit et Molly cessa de bouger pendant quelques instants... Le temps que le Shoggoth arrive à son niveau et l'absorbe de ses membres tentaculaires, la dissolvant dans son être, elle qui prétendait être invincible. Ses cris, alors qu'elle disparaissait dans la chose des ténèbres, marqueront à jamais les esprits de toute l'équipe...

Dernière vision d'horreur : le visage de Molly, une jeune femme fanatique et cruelle, tordu par l'horreur de sa situation, se dissolvant dans ce chaos magmatique appelé Shoggoth. Suppliant et pleurant comme elle l'avait pourtant oublié des années auparavant...

Esther bondit dans le vortex et Ivy mura le passage juste avant que le Shoggoth n'arrive sur la pièce. Alors qu'elle franchissait elle-même en dernier le portail, elle put voir que, déjà, la barrière végétale se flétrissait...

*
**

De l'autre côté du miroir, les LeX ainsi que Shane, Vilsmaier, Sawada, Laura et la prisonnière se retrouvèrent juste devant la sortie du rez-de-chaussée. Grâce aux marques laissées par Hjördis lors de son premier passage, ils arrivèrent à franchir sans heurts le labyrinthe. Se retournant pour voir la bâtisse qu'ils quittaient, aucun membre de l'équipe ne put relever le moindre signe d'activité du Shoggoth. Serait-il rassasié ?

Une fois dans le jet du Général celui-ci s'installa aux commandes. Prêt à le faire décoller. Tout le monde était à bord et Hjördis et Amarenna, en cherchant le renard, ne purent voir qu'une jeune femme à l'air traumatisée.

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Alors qu'elle progressait dans le couloir, la prisonnière à la main, Hjördis entendit Juan délirer sur un Wormhole Airlines. Il était dans la pièce à droite! Pestant, la jeune fille fit demi-tour et sauta dans le vortex à la suite des autres. Tombant dans le halld 'entrée, il lui fallut quelques secondes pour prendre ses repères. Avisant la "Laura" et l'asiatique, elle mit les choses au clair en attendant les autres.

"Tous vos petits camarades de la salle des fêtes ont été abattus d'une balle dans la tête. Les trois boss sont partis et vous ont laissés seuls avec le Shoggoth. Vous venez gentillement avec nous ou vous tentez votre chance dans les couloirs..."

Visiblement, le fait d'avoir frôlé de près la mort par digestion rendait ces personnes très réceptives à ce genre d'arguments. Quand tout le monde fut là et le portail refermé, le trio Vilsmaier, Hjördis et Amarenna guidèrent toute le groupe à travers le labyrinthe. Les deux cadavres à l'entrée étaient évidents et elles auraient sûrement à en répondre plus tard. Une course plus tard, dans l'avion qui commençait à faire ronronner ses turbines, Hjördis avait aidé la finlandaise à s'assoir avant de partir à la recherche du renard. Surprise, quelqu'un de très humanoïde se trouvait à sa place. Il fallut bien cinq secondes à la jeune fille pour faire le rapprochement et finit par s'écrouler dans un siège, l'adrénaline se diluant dans un océan de fatigue et de terreur à rebours.

Elle regarda autour d'elle. Le score était meilleur que la dernière fois : Trois prisonniers et deux sauvés. Pas de blessés parmi les "bons" et la disparition de la cinglée liquide en bonus. Si ça pouvait lui redonner le sommeil ce serait génial. Mais il ne fallait pas trop compter dessus. Les mains étaient crispées sur les accoudoirs pour dissimuler les tremblements qui agitaient tout son être et elle avait trop d'informations en tête. Brutalement, elle hêla tout le monde à la ronde d'un cri sec.

"Débriefing s'il vous plaît!"

Le ton était plus de supplication que d'un ordre. Après la dernière mission qui s'était finie en catastrophe il n'y avait pas eu de discussions et la jeune fille avait dû ressasser seule dans son coin tout ces évènements. Elle ne laisserait pas Aleph lui faire le coup une seconde fois, maintenant qu'ils étaient dans un avion qui volerait sûrement un bout de temps Freyja allait en profiter pour déballer son sac.

"Je résume : je me suis réveillée habillée façon latex avec, au pied du lit, Stephen Eliott. Je devais me marier avec lui dans la journée et consommer le mariage dans la foulée. Soit-disant, j'étais une intellectuelle, une anthropoquelque chose... C'est gentil de me croire plus intelligente que ce que je suis mais j'ai pigé à ce moment que c'était du théâtre. Comme au centre, j'ai jouée l'idiote."

Petit soupir. Elle était vraiment douée pour jouer les cruches. C'était parce qu'elle en était une? Finalement, elle préférait croire qu'elle avait un certain talent pour jouer l'actrice, c'était plus gratifiant.

"Ensuite, le gars qui conduisait le camion qui a broyé le van nous a intercepté. Il a assommé Stephen et a voulu me jeter en prison. Dans les cellules d'à-côté, un renard et la jeune finlandaise probable copine de notre Viconia nationale. quand au gros Tonio... il n'est plus un problème..."

Lentement, elle passa un pouce sur sa gorge.

"Là, Amarenna m'est tombée dessus. Pendant un bout de temps j'ai cru que c'était une actrice aussi -désolée, hein...- surtout après qu'elle m'ait balancée qu'on était dans une réalité alternative. On a rencontré les Big Boss de Harmonie (ils appellent ça Nemo), vu quelques inconnus et des personnes bizarres comme une Georgia plus agée. Ils nous ont envoyé faire une chasse à court.

Finalement, avoir un cerveau baignant dans une gelée épaisse avait ses avantages : avant d'avoir compris ce que Amarenna voulait dire à propos d'un monde alternatif, la vérité leur était tombée dessus. Elle montra l'inconnue blonde.

"On voyait cette jeune fille comme un renard et on avait ordre de la décapiter. On s'est débarrassés de l'escorte et Vilsmaier, devenu traître à sa cause malgré lui, préférait ficher le camp avec nous que de risquer son avenir avec ses ex-patron. Il nous a montré le chemin dans le labyrinthe et préparé l'avion au décollage. On y a laissé le renard -heu, pardon...- Et on est retournés dans la salle de banquet. Surprise, à part les big boss et Stephen, tout le monde avait une balle dans la tête. Derrière le tableau, un passage secret, un judas pour voir cette horreur rampante et ces deux photos..."

La LeX montra les deux photos à la ronde en leur demandant de les faire circuler s'ils voulaient les voir de plus prêt. De toute façon, ses mains tremblaient trop pour les garder en l'air trop longtemps.

"On est partis à votre recherche et fin de l'histoire..."

Elle fit quand même signe à Amarenna d'approcher et lui souffla dans l'oreille.

"Ne dis pas que j'ai tué deux personnes de sang froid. Jamais. Si ça vient aux oreilles de mes parents j'oserai plus jamais rentrer chez moi..."

L'horreur, ou plutôt l'enfer, menaçait de se déchaîner sur eux. Visiblement, Juan avait retrouvé ses pouvoirs, comme en témoignait le portail qu'il avait ouvert et dans lequel il invitait tout le monde à entrer. Sawada ne se fit pas prier, ni Shane, ni les ceux qui étaient leurs supposés ennemis. Bientôt, il ne restait plus que les Lex, la prisonnière, Vilsmaier et Molly dans le couloir. Esther leur ordonna alors de partir. Amarenna l'observa une seconde avant de pousser le militaire devant elle par le portail, continuant, encore et toujours de le tenir pour l'empêcher de fuir sans eux. Comme il l'avait si bien rappelé, il était leur porte de sortie. Néanmoins, du coin de l'oeil, Amy puut voir la chose qu'elle avait vue sur internet et dans la cellule. Un frisson la parcourut des pieds à la tête et de la tête aux pieds.

"Aleph, pas d'acte stupide..." fit-elle simplement avant de disparaître dans le portail.

Cela ne l'empêcha pas d'entendre le cri de Molly qui glaça le sang de la franco-américaine dans ses veines. dans le hall, elle se retourna pour guetter l'arrivée d'Esther et d'Ivy qui était aussi restée en arrière. Une fois le groupe à nouveau complet, ils quittèrent rapidement leur prison et lieu de cauchemards pour regagner l'avion. amarenna ne lâcha Vilsmaier qu'une fois tout le monde monté dans l'avion pour qu'il puisse s'installer aux commandes. La jeune femme chercha alors du regard le renard que Hjördis et elle avaient sauvé d'une mort certaine, mais seule une jeune femme blonde se trouvait à sa place. Amarenna mit un temps à la reconnaître. C'était elle qu'elles avaient sauvée. Elle lui adressa un sourire, malgré son regard devenu soudain vide alors que la tension et l'adrénaline la désertaient d'un seul coup.

Amarenna se laissa alors tomber sur le sol de l'avion, sentant ses forces l'abandonner. Elle commença par tourner la tête vers Shane, accusatrice:

"Vous faites quoi dans cette galère, vous?"

Elle tourna ensuite la tête vers Sawada et ajouta:

"Combien de temps. On a passé combien de temps ici?"

Elle se tut ensuite, incapable de reprendre le fil de ses pensées tands que Hjördis commençait à déballer tout ce qu'elle(s) avai(en)t vécu pour en arriver là. La brune secoua la tête. Ce n'était pas le moment de parler de ça. Elle ne voulait pas sen parler. Elle ne voulait plus en parler. Elle ne voulait pas y repenser. Pourtant, elle prit à son tour la parole lorsque l'islandaise eut terminé pour compléter avec sa version des faits:

"Je me suis réveillée dans un dortoir militaire, propulsée 2e classe, soeur d'Esther et tante de Laura. D'ailleurs, qu'est-ce que tu fais dans cette galère, toi?" demanda-t-elle en tournant la tête vers la petite fille.

Elle remarqua alors le geste de Hjördis et s'approcha d'elle comme elle le put pour entendre ce qu'elle avait à lui dire.

"Tu l'as fait par légitime défense. C'étaient eux ou nous. Mais tu l'as fait à ma demande. C'est moi la fautive. Alors crois-moi, ce n'est pas moi qui irait vendre la mèche... Ne serait-ce que pour mon père."

Sans s'expliquer davantage, elle s'écarta de Hjördis, le visage fermé et les yeux clos pour éviter de se mettre à pleurer. Elle était vidée, physiquement, mentalement. Elle était épuisée. Elle n'avait qu'une envie, oublier se cauchemard. Elle fut, tout à coup, prise d'un rire nerveux et lâcha, rouvrant des yeux trop brillants en regardant Esther:

"Je crois que nous allons avoir besoin d'une bonne térapie de groupe, après ça..."

Vilsmaier pianota encore quelques instants depuis son poste de pilotage, puis l'appareil vrombit et décolla. Les passagers purent observer avec satisfaction et soulagement le manoir du Schlössadler disparaître petit à petit, pour laisser place à un paysage désertique, si propre au Colorado.

Esther examina les deux photos que Hjördis montrait. Si l'homme chauve sur la première ne lui disait rien, le second cliché déclencha une vive réaction chez elle. Elle passa, non sans réticence, les deux clichés, à qui voudrait bien les prendre.

Visiblement, il y avait beaucoup à dire et si peu de temps...

"Il s'agit de Robert... Bateson" finit-elle par dire en tirant une drôle de tête, l'air plutôt triste. Après une bonne pause, Esther reprit d'un ton plus neutre :

"Pour ma part, je me suis réveillée, j'imagine comme vous... Avec cette tenue ridicule. Et on m'a servie une histoire de caisson hypnotique pour cosmonaute. Je ne me sentais pas terrible du tout. Maux de ventre, courbatures, maux de tête... Le Docteur... Death. Que j'ai vu à mon réveil m'avait certifiée que tout était normal. Néanmoins... Néanmoins, je pense qu'il faudra que nous consultions à notre retour. J'ai été mise en présence de mon "fiancé"... Enfin j'ai pu le voir à travers un judas, dans une grande pièce, dormant au centre de celle-ci... C'était très étrange"

L'israélienne baissa à nouveau les yeux.

"Pour le reste, Ivy connaît l'histoire... Mais, j'ai l'impression que nos simulations visaient, en quelque sorte, à nous offrir une autre vie. Une autre vie où nos existences seraient plus heureuses pour certains. Avec une famille. Je ne sais pas ce que notre ami japonais a à dire là dessus..."

Sawada, déglutit drôlement, comme s'il avait cherché à se faire oublier jusqu'à présent.

"J'étais juste la caution scientifique de la simulation. C'était Death et Death lui seul qui vous a drogué, manipulé... Moi je ne suis qu'un pion !" pleura-t-il. "Mais ça n'a pas duré longtemps... Entre le moment où vous êtes arrivés au Manoir et maintenant, il a du se passer peut être... 10 heures ? Il y avait toute la phase de préparation avec Kofman et pour le reste vous connaissez l'histoire"

L'oncle d'Ivy détourna les yeux.

"Euh... En fait, euh..."

Il avait l'air très gêné et évitait surtout de croiser le regard de sa nièce.

"C'était une sorte de job" marmonna-t-il minablement. "Payé et tout... Mais j'avais pas pigé ce qui se tramait. J'veux dire envoyer une lettre que je me faisais une joie d'écrire et faire cadeau d'une photo en échange d'une vie meilleure sur une super île, ça le fait non ? Surtout en compagnie de sa nièce préférée... Mais je crois que j'avais tort... Comme d'habitude..."

"Laura" renchérit dans le sens de Shane.

"Moi c'est pareil. Des belles promesses, un job censément facile. Et un billet pour un paradis mutant. Le tout juste pour prendre les traits d'une petite fille... pour vous amadouer. Les autres ils avaient des sosies... Mais il leur fallait une Laura. Et me voilà !"

Alors que le petit avion filait à travers le ciel, la référente des LeX était toujours aussi perplexe. Et le silence des deux jeunes inconnues n'améliorait rien.

Se saisissant du flingue à drogue, la rouquine anti-flingues suivit sans se faire prier le reste de la troupe : il y avait de quoi vouloir mettre les voiles, surtout quand on voyait la vitesse à laquelle le Shoggoth avait englouti un adversaire aussi coriace que Molly, et sa barrière végétale.
Personne ne se mit en travers de leur chemin jusqu'à un avion providentiel, dans lequel ils embarquèrent tous, la fausse Laura et l'Asiatique inclus.

"Dites ! C'est pas que j'ai pas envie de m'tirer d'là, mais on va quand même pas laisser ce truc en liberté ?!" s'exclama Ivy alors que Vilsmaier s'employait à les évacuer. Les autres avaient commencé à expliquer ce qui leur était arrivé, et visiblement, ça n'avait pas été une partie de plaisir pour eux non plus. "J'veux pas vous faire flipper non plus, mais..."

Elle pointa le ventre de Pipiloti du doigt avec une certaine nervosité.

"On a un passager clandestin."

Sur ces mots, elle dévisagea Esther à la suite de la mutante pondeuse. Certaines de ses paroles la mirent mal à l'aise face aux images mentales qu'elles suscitaient, notamment les maux de ventre. Après ce qu'elle avait appris sur son professeur et sa vie sentimentale cachée, certaines questions indiscrètement légitimes lui venaient à l'esprit, et vu leur situation, Ivy n'allait pas chercher à faire de la dentelle, chose qui lui aurait de toute façon été impossible.

"Aleph, t'as fait... enfin tu vois, genre des choses avec Bateson ? Parce que la crevette de cette fille est pas tombée du ciel..."

Puis à Sawada :

"Bon, explique-nous clairement pourquoi vous aviez besoin d'Esther. J'ai donné une petite leçon à Death dans son bureau. On a lu son journal à côté de plein de bébés morts et d'un dico des phrases de pouvoir... Il disait qu'Esther était super-méga importante et que Molly en était jalouse. Vous lui avez fait ou vouliez lui faire quoi ? Et ne mens pas ou je t'apprends à voler !" poursuivit la rouquine sur un ton qui se voulait inquisiteur, mais qui vu son calibre, n'était pas forcément effrayant.

Hjördis mentionna alors que l'assemblée de la salle de réunion avait été liquidée. L'Irlandaise se rapprocha inconsciemment de son oncle. Elle savait bien que sa mère n'avait pas pu être réelle, ce qui fut confirmé ensuite par la fausse Laura, mais ça faisait tout de même un sacré pincement au coeur. A la question d'Amarenna, Ivy se rendit compte qu'elle ne s'était même pas interrogée sur la raison de la présence de Shane en ces lieux, une fois la supercherie des caissons dévoilée.
Ivy s'écarta soudainement de Shane.

"Attends, d'quoi tu causes, là ?" bafouilla-t-elle. "Tu... Tu veux dire que tu bossais pour ces pourris ? Toi ? Mon oncle irlandais et mutant ?"

Elle recula d'un pas de plus et trébucha sur le pied d'Amarenna, tombant dans le giron d'Esther. Le seul membre de sa famille récemment retrouvé les avait trahis tout du long. La seule personne à laquelle elle était censée pouvoir se fier, ne serait-ce que par les liens du sang. Et au final, c'était quelqu'un qu'elle supportait avec peine qui l'avait aidée à se sortir du manoir. Le monde à l'envers. Là où Hjördis et Amarenna venaient de se laisser glisser dans une langueur post-traumatique, la rouquine sentit une rage folle l'envahir, rage stimulée par les moments terrifiants qu'ils venaient de vivre.

[Irlandais]"T'avais pas l'droit d'me faire ça !"

Se redressant, elle bondit comme une furie à la gorge de son oncle, en agitant ses poings de bois. Shane, surpris, tomba à la renverse et se protégea le visage des coups de la rouquine. Il pleurait, tout en marmonnant des drôles de choses... Seul le mot "pardon" revenait de façon récurrente. Esther s'approcha rapidement de la rouquine et tenta de l'attraper par les épaules pour la serrer contre elle. C'était maladroit et absolument pas autoritaire : l'intention était de calmer, non de soumettre.

Amy allait mal. Pourtant, personne ne semblait le remarquer. C’était amusant. Mais elle avait l’habitude, en même temps. Au moins, cela prouvait qu’elle savait toujours dissimuler ses émotions. En même temps, c’était un peu normal en cette circonstance. Ils étaient tous centrés sur eux-mêmes. Vilsmaier avait fait décoller l’avion. Tant mieux. Amarenna voulait voir cet endroit de cauchemar disparaître de sa vue, de sa vie, de ses souvenirs. Elle entendit Esther prendre la parole et releva la tête vers elle, se reconcentrant sur ses paroles. Elle prit les photos que la professeure tendait. Elle aussi semblait secouée. Peut-être n’était-ce pas le moment idéal de se laisser aller. Il fallait qu’Amy parvienne à se reprendre. L’homme jeune était donc Robert Bateson. La référante des Lex entreprit alors de raconter ce qu’elle avait vécu. Amy confirma la volonté de consultation et rajouta :

« Lors de l’accident, j’ai eu mal. Terriblement mal au niveau de mes jambes. Je devrais avoir des fractures, on devrait tous avoir des bleus. Mais nous sommes intacts, hormis ce que nous avons vécu ici. Ce n’est pas normal… »

La jeune femme frémit à nouveau lorsqu’Esther continua sur le but de leurs simulations. Une autre vie, plus heureuse ? Un nouveau rire nerveux s’échappa de sa gorge, qu’elle étouffa rapidement. Une vie meilleure. Ils n’avaient rien compris. Ils ne la connaissaient pas.

« Jamais je ne troquerai ma famille contre une autre… » répliqua-t-elle avec un regain d’énergie et une voix pleine de rage.

Lui faire oublier Micha, et son père, et toutes les choses merveilleuses qu’elle avait vécu avec eux était pour elle inadmissible. Certes, elle avait été écartée de sa famille pendant quatre ans. Mais elle les avait retrouvés, et c’était bien là tout ce qui comptait pour elle. Sawada prit alors la parole pour répondre à Esther. 10 heures. Ce cauchemar n’avait duré que dix heures. Mais c’était trop long pour Amy. La jeune femme serra les poings tandis que Shane répondait à sa question, expliquant qu’il était le fameux traître. Certes, ses motivations de départ étaient louables. Mais il n’en était pas moins que le résultat avait été désastreux, tout comme la réaction d’Ivy. L’irlandaise, dans sa précipitation, trébucha sur Amy qui, passé un moment de latence, se leva à la suite d’Esther pour prendre sa coéquipière dans ses bras.

« Ivy… Ivy… Il ne pensait pas à mal. Il est de ta famille et pensait faire ça pour ton bien. Arrête, s’il te plait. Le frapper ne résoudra rien, au contraire. Tu te sentiras encore plus mal… Viens… »

Comme quoi, il suffisait parfois d’un électrochoc. Elle se tourna, à nouveau, vers Esther pour poser une dernière question :

« Mais… Comment vous avez retrouvé vos pouvoirs ? Vilsmaier nous a parlé d’une phrase de contrôle, mais il ne la connaissait pas. Nous n’avons toujours pas retrouvé les nôtres avec Hjördis… »

*Bon, on s'en est sortit vivant finalement. Personnellement j'ai eu chaud. Les autres ont l'air en forme, enfin assez en forme pour se disputer. Bon j'espère que cette fois-ci, on aura du temps pour se remettre, beaucoup de temps. Cette fois-ci, j'ai vraiment besoin de vacances. En plus y en a dans le groupe qui ont besoin d'aller chez les fouilles-cerveaux. Pour ça pas besoin d'aller bien loin, Mademoiselle Deneos est psychologue, ça devrait suffire. Quand à moi, j'irais sans doute faire un tour à l'église, mais pas question que j'aille voire un fouille-cerveau. Et puis entre la fois d'avant et celle-ci, on failli tous crever. Faudrait voir à faire quelque chose à ce sujet -là aussi.*

Juan regarda ses autres compagnons et leurs invités dans l'avion qui les ramenait à la civilisation. Non pas que l'endroit qu'ils venaient de quitter en était dépourvu, mais il était trop dangereux aux yeux du jeune mexicain pour être réellement qualifié de civilisé. Le jeune adolescent se posait également quelques questions, il décida alors de les partager avec les personnes présentes dans l'appareil, faisant fi de la dispute avérée entre Ivy et son oncle.

"Moi je voudrais dire un truc, enfin poser une ou deux questions. Où la monstro-mutante Dwyer se trouve-telle? Le truc dans le couloir c'est le Shoggoth j'ai bien compris, mais à quoi il ressemblait en vrai?

Juan arrêta là de parler, c'était les premières choses qui lui étaient venue à l'esprit mais il y en aurait surement d'autres qui viendraient d'ici à leur arrivée à l'institut.

Assise dans le siège moelleux, la jeune fille commençait à fermer les yeux quand des éclairs de détonation et des bruits d'arme à feu emplirent sa tête. Ce n'était que le bruit des tuyères mais il lui fallut quelques secondes pour s'en rendre compte. Non, elle n'llait pas bien. Pas bien du tout. Elle avait fait passer le message à Amarenna mais visiblement elle n'avait pas tout compris, il faudrait donc qu'elle s'explique un peu mieux.

Les photos révélèrent une mauvaise surprise : Bateson était mêlé à Harmonie. De près ou de loin... non, plutôt de près. Sa femme dirige une partie d'Harmonie, son meilleur ami aussi, le gars qui dirigeait l'université où il travaillait... Non, il ne pouvait pas décemment être encerclé de telles personnes sans rien savoir. En plus, il avait visiblement laissé ça loin du professeur Esther qui, bien que camarade de travail, apprenait la nouvelle en même temps qu'eux.

Ces maudits questionnaires... depuis le début ils avaient scanné l'Institut Xavier, ne le voyant que comme un réservoir de cobayes... Sales types.

Vint la révélation Shane. Au début, elle croyait que c'était aussi un "acteur" comme la fausse Laura, mais visiblement c'était bien le vrai et il était le traitre à la solde de l'ennemi qui avait manqué de peu de les tuer à trois reprises. Hjördis s'était jurée de se servir du traitre comme sac de sable pour améliorer ses crochets du droit mais elle se trouvait devant un cas de conscience : Il s'agissait de la rare famille d'une des membres de l'équipe. Elle s'était attendue à ce qu'une des personnes de l'Institut soit impliquée, aveuglée par des promesses ridicules, mais là il s'agissait de quelqu'un qui aurait trahi en croyant aider sa nièce.

Sales types, vraiment.

Juan finit par forcer Hjördis à faire autre chose que tenter de se détendre en rappelant un petit détail un peu dingue : ils n'ont pas croisée tête de serpent. Sur le coup elle n'y pensait plus, pressée qu'elle était de s'enfuir. Cette femme, vu son égo démesuré, aurait voulu assister à l'avilissement des LeX à n'en pas douter. Pourquoi restait-elle aux abonnées absents? Se forçant à se priver de confort, Hjördis quitta le siège pour s'assoir à côté d'Amarenna et lui souffler quelques autres phrases avant qu'elle n'aille réconforter Ivy.

"J'avais foncé pour les égorger au couteau. Je voulais les tuer de toute façon. Tu m'aurais dit de danser sur place j'aurais aussi tiré. Alors oublie..."

C'était cruellement vrai. Les voyant comme de simples chiens, elle n'aurait eu aucun problème moral à les tuer à coups de couteau ou de balles. Restée seule vu que Amarenna s'était relevée, elle fit signe à la jeune "renarde" de 'assoir près de la finlandaise et tenta de les mettre en confiance. Plutôt parler d'autre chose, avant que son esprit n'éclate.

"On agit pour les droits des mutants. A l'origine, on traquait une mutante qui en a tué beaucoup à New-York puis on a été enlevés et amenés ici. On va vous amener en sûreté et, pour toi, je pense qu'il vaudra mieux vite te faire avorter."

Elle ne savait pas encore si elle pouvait dire leurs noms ou le fait qu'ils viennent de l'Insitut. Toutes ces histoires l'ont rendue un peu paranoïaque.

"Wormhole, le Shoggoth, c'était ça. Une espèce de truc sans forme précise, un tas de chair sans début ni fin. Je l'ai regardé assez longtemps pour te dire que ce truc est effrayant. Il a l'intelligence d'un enfant et ne vit que pour manger. On n'avait aucune chance face à lui... je me demande encore comment le Nemo pouvait le contrôler..."

Lorsque l'avion décolla, Math se sentit enfin en sécurité ! La pression retomba un peu dans son petit crâne. Son taux d'adrénaline pouvait enfin se stabilisé dans son sang. Il ferma les yeux un instant pour faire le vide dans sa tête. Georgia ou Camille aurait surement balancé un phrase satirique à ce sujet étend donné qu'elle prenait la tête de Math pour un gros ballon plein d'air ! Son rythme cardiaque retrouva sa normalité. Il écouta les différents Lex raconter ce qu'ils leurs étaient arrivés. Lui préféré passer sous silence ce qui lui était arrivé. Considérant les événements bien trop superficiels pour être contés. Il s'enfonça profondément dans le siège, laissant ses bras retomber. Il n'avait toujours pas ouvert les yeux. Soudain, Ivy grogna quelques chose dans sa langue natale et se jeta sur son oncle. Math ouvrit enfin les yeux et se redressa. Sœur Amynuelle s'occupa d'elle immédiatement.

Tous ce que voulait Math s'était rentré à L'institut et se pieuter. Après il ira raconter ce qui s'est passé à Nathan ! Mais il ne se sentait ni choqué ni mal. Il voulait des réponses. Il était soulagé que Molly ai eut son compte.

"Franchement le peuple ! J'suis claqué ! Vous voulez pas attendre qu'on soit rentré pour mettre ça au clair ? ...

... Visiblement non ! Bon revoyons nos priorité un instant ! Ivy tu reglera ça avec ton oncle plus tard ! Ses intentions était bonne à la base ! Même si il nous a sacrément foutue dans la merde !

Premièrement faut que mademoiselle se débarasse de son polichinelle qu'elle a dans le tiroir ! Si ce truc est aussi terrible qu'on nous l'a dit à Wormhole et a moi, j'ai pas très envie que ce bambin voit le jour parce qu'il va nous causer pas mal de pépins ! Et en tant que pépins j'parle en rien du fait qu'il faudra lui changer ses couches et laver ses p'tit vomitos ! Ensuite ! Qu'est ce qu'on va faire du nippon et de cette fausse Laura ? on sait même pas qui ils sont ! Et si la fausse Laura pouvait reprendre son apparence ça m'arrangerais ! On va pas les ramener à l'institut !"

La fausse Laura avait essayé de le poignarder Il gardait un œil sur elle. Il avait hésité à lui tirer dessus. Et si il n'avait pas laissé l'AK-47 il hésiterais encore ! Il n'avait aucun regret de s'en être servit et si c'était à refaire il le referait.

"C'est vrai que le fait que Dwyer n'ai pas été là me met un peu mal à l'aise. Où est elle et qu'est ce qu'elle nous prépare ? Comme l'a dit Ivy on ne peut pas non plus laissé le Shoggoth en liberté ! Ce truc bouffe comme il respire ! Et surtout, Aleph ! Dites-nous ce qui s'est passé à Harmonie quand on vous a laissé ! Vous en savez plus que vous ne voulez nous le dire ! Aujourd'hui et heureusement, on a perdu personne ! Mais la prochaine fois ? Ne me dites pas que vous n'avez pas de compte à nous rendre parce qu'aujourd'hui on a bien faillit tous y resté !"

Jusqu'à maintenant il avait suivit Aleph aveuglément, mais maintenant il exigeait des réponses !

Shane, libéré de la tornade rousse tenta péniblement de reprendre sa respiration tout en gémissant...

"ILS m'avaient dit qu'on te ferait pas de mal !" brailla-t-il en irlandais.

La jeune fille posa ses mains sur son ventre en disant, de la manière la plus sereine possible :

"Je le garde. Après tout, j'aimerai bien en mener un à terme"

Esther haussa le sourcil, puis reporta son attention sur ses élèves.

"D'abord ma vie sexuelle n'est pas en cause... Et je n'ai jamais rien fait avec Robert... Euh... Le Professeur Bateson et moi avions des relations professionnelles"

Elle était trop exténuée, trop lasse d'elle-même et de ce jour sans fin pour en dire plus... L'israélienne baissa les yeux.

"Pour vous répondre Amarenna... J'ai prononcé la phrase de pouvoir tout à l'heure dans le couloir. En toute logique, vous avez du, ainsi que Hjördis, récupérer vos pouvoirs... Mais je suis curieuse d'en savoir un peu plus, moi aussi..."

Esther fusilla du regard Sawada qui semblait se détendre au fur et à mesure que l'avion mettait de la distance entre eux et le manoir maudit. L'asiatique répliqua sur un ton presque amusé.

"Ces imbéciles de fanatiques considéraient Kofman comme une sorte de déesse... Bref, la seule capable de donner un héritier à leur Roi-de-Toutes-les-Larmes. Moi, comme je le disais, je ne suis qu'un sous-traitant... Le mysticisme ne m'intéresse pas. Pareil pour mes employeurs... Le Shoggoth a tué suffisamment de mutantes pour que la voie naturelle soit abandonnée. On a donc procédé à une fécondation in vitro avec mère porteuse... D'où le fait que vos amours virtuels soient portés par Mademoiselle ici présente. Quant à la jalousie de Molly, c'est qu'en dépit de son haut rang dans leur secte, elle était désespérément incapable de donner la vie. Ce qui la fit déchoir de son statut d'élue. Elle ne pouvait être Saboath ou une autre bêtise dans le genre..."

Les poings d'Aleph se crispèrent. Mais elle ne fit rien pour autant...

Vilsmaier s'exclama en entendant la question de Juan.

"Le Shoggoth est un Dieu ! Le Roi-de-Toutes-les-Larmes, quand il sera couronné sur l'île de la destinée, régnera sur la planète avant que le Béhémoth ne l'embrase !"

Sawada sourit d'un air consterné. Comme celui d'un père qui observe les premiers pas hésitants d'un enfant un peu attardé.

"Plus sérieusement, le Shoggoth est un mutant. Et il a effectivement l'intelligence d'un enfant de 2 ans et est dénué de toute malignité. Sauf que son existence est incompatible avec la notre..."

Le Général maugréa dans sa barbe avant de reporter son attention sur les commandes de l'appareil.

"Pour le contrôler... Disons qu'on avait un empathe qui a été tué à ce que m'a raconté Death. Protagoras a, disons-le, quelques talents à ce niveau là... Et Andersson le transporte via ses chemins de traverse mutants" reprit Sawada d'un air toujours aussi calme. La trahison était comme une seconde nature pour lui. "Et pour vos bobos de l'accident, Death a réparé tout ça. Avec ses pouvoirs. La compagnie qui nous emploie tous ici présents est puissante et bourrée de ressources..."

Il avala sa salive avant de reprendre.

"Quant à Dwyer - appelons-là comme ça, faute de mieux - leur Shub-Niggurath nationale est sur une petite île au large des côtes africaines, pour préparer le couronnement du Roi-de-Toutes-les-Larmes. J'imagine qu'Andersson a déjà du le récupérer depuis notre départ. Nous avons intérêt à rester mobiles et à nous faire oublier. De même le Graal Noir devrait être larguée en plein vol, si vous voulez mon avis..."

"On s'en fiche" trancha Esther en faisant monter légèrement la température.

Surprise par cette réaction, ainsi que par celle, tout aussi violente de Math, "Laura" reprit sa forme réelle : celle d'une jeune fille très laide, couverte de boutons...

La référente des LeX sursauta lors de la fin du discours de Math. Visiblement désolée, elle répondit d'une petite voix :

"Pour le Shoggoth d'accord... Il va nous falloir en savoir plus. Mais il m'est avis que nous allons avoir besoin de renforts. Quant à ce qui s'est passé avec Molly... J'étais presque inconsciente mais... Molly m'a torturée - je vous passe les détails - mise à nue et s'est raillée de moi... Expliquant que mon sang ferait déborder le Graal Noir, ici présent et... Je crois que malheureusement je suis la mère de la chose qui pousse dans le ventre de cette jeune fille... Et..."

Et puis rien. Elle marqua une pause avant de terminer.

"Il nous faut décider de ce que nous allons faire de nos "amis" ici présents. Plus de secrets, plus de mystères... Il nous faut débattre."

Enfin, les deux jeunes femmes regardèrent Hjördis l'air visiblement reconnaissantes. La blonde, l'ancienne renarde sourit à l'islandaise avant de demander timidement et à voix basse :

"Mais... Vous faites pas partie de l'Institut Xavier ? Charis est avec vous ?"

Hjördis était trop lasse pour quitter le confort précaire du sol. La chute d'adrénaline était vraiment effrayante. Elle prêta un peu plus attention à ce qui se passait autour d'elle car visiblement les différents membres de l'équipe étaient d'accord pour un débriefing et même le professeur Esther décida de céder à cette proposition. Petit tour d'horizon depuis sa position : Ivy était furieuse et l'islandaise la comprenait. Shane, sa cible, continuait de se lamenter dans un langage incompréhensible. Esther et Amarenna, toutes deux aussi lasses l'une que l'autre tentaient de calmer l'irlandaise. Juan, égal à lui-même, restait calme dans la situation présente. Math, avec la délicatesse qui lui était propre, posait la question du futur immédiat. "Laura" se révéla être un faux nez et Sawada semblait toujours aussi content de lui-même. Vilsmaier, au pilotage, semblait aussi fou qu'il l'était un peu avant. Enfin, les deux adolescentes devant elle semblaient plus ouvertes à converser maintenant qu'elles comprenaient qu'elles étaient hors de danger.

"Ecoute... Si le Shoquelque chose est le père, il y a un gros risque que ton bébé te tue avant même la naissance. Trop risqué..."

Petite vision d'horreur qu'elle chasse en agitant la main devant les yeux. Elle reporta son attention sur la "renarde". Puisque Esther a dit "pas de secrets" alors, ce sera sans secrets.

"Oui, on vient de l'Institut Xavier, près de New-York. Il y a une Charis là-bas. Elle s'appelle..."

Gros effort de mémoire. Pour Hjördis, les noms de famille étaient juste là pour décorer et elle ne comprenait pas trop l'intérêt que la plupart des gens avaient pour ce détail.

"Charis Held je crois. Elle maîtrise l'eau..."

Bon, maintenant, faire un point rapide avec le reste de l'équipe. Il fallut quand même un certain temps à la blonde pour rassembler les informations dont elle disposait et pour réfléchir à des propositions. Déjà, l'histoire de la présence d'une autre base de Harmonie en Afrique lui titilla le nerf qui hurle "danger".

"Bon... Pour résumer, on a une organisation qui s'appelle Nemo. Ils e font appeler Harmonie parce que ça fait plus gentil pour recruter des jeunes mutants. Elle est très grande et ils mettent tous leurs efforts pour déclencher le Ragnarok. Pour ça, ils ont des tueurs, des bases à foison, des robots de combat et un mutant horrible qui s'appelle le Sho... Shoggorm... Bref, le mâle. La femelle, ils la cherchent. Le bébé est censé détruire la planète et il est là, dans le ventre de notre amie finlandaise. J'me pose encore des questions. Comment ils déplacent le Shochose? Pourquoi ils veulent la fin du monde alors qu'ils ont plein d'argent? Est-ce que Stephen Elliot sera encore à la NYCU quand j'y irai une fois l'avion posé pour lui dire de façon robuste et radicale que nos fiançailles sont rompues?"

Beaucoup de longues phrases et pas mal de paroles. Ce genre de choses agaçait Hjördis car elle avait l'impression de parler pour rien dire. Par contre elle avait eu une idée pour Sawada et compagnie.

"Les Nemo nous ont laissé seuls dans le couloir avec l'estomac sans pattes. Si on fait courir le bruit que seuls les LeX s'en sont sortis, ils vont pas fouiller les crottes du Shomachin pour trouver les lunettes de notre ami aux yeux bridés et autres indices. C'est clair que si on les livre à la police, soit ils seront libérés si Nemo a bseoin d'eux, soit ils seront liquidés si ils n'en ont plus besoin..."

Oui, Harmonie ne faisait pas dans le détail. Mais, avec cette mission, les LeX avaient pris quelques avantages de taille. Harmonie avait perdu une prisonnière vitale pour leur plans, la finlandaise. Leur plus dangereuse tueuse était liquidée. Ils n'étaient pas parvenus à recruter de membres des LeX. Et, surtout, l'Institut avait maintenant trois prisonniers à cuisiner pour obtenir des informations qui complèteraient le puzzle extrènement poreux de leurs connaissances sur cette organisation internationale. Par contre, même si il semblerait que les Lex aient récupéré leurs pouvoirs, il y avait toujours une chose de sûre : Harmonie/Nemo connaissait à présent tous leurs points faibles et points forts et restait toujours avec une longueur d'avance. Rageant.

* J'ai mal à la tête, bon sang. On vient de s'en sortir vivants, et au lieu de prendre un peu de repos bien mérité. On est là tous à parler encore et encore de cette fichue mission. Je dois pas être normal, moi, parce que pour le moment le roi de toutes les larmes et ses collègues, ils me passent par dessus la tête. j'ai juste envi de rentrer à l'institut et de dormir. Ensuite j'irais voir un prêtre d'une église du coin, j'ai besoin de me confesser. Et il est pas question que je parle de ça avec une fouille-cervelle.*

Juan regarda ses mains puis ses camarades tour à tour sans rien dire. Puis Il jeta un coup d'œil à la prof, ainsi qu'aux passagers présents dans l'appareil. Tout le monde semblait trouver la situation normale, personne ne faisait de commentaire sur le fait qu'une bande d'adolescent aient frôlé la mort d'aussi près. Le jeune mexicain avait l'impression d'être un extra-terrestre au milieu de ce groupe de mutants. Mutant, ce mot désignait la majorité des occupants du véhicule, comme étant ses frères et ses sœurs de sang. Pourtant, pourtant à ce moment précis, il se sentait étrangement lointain de ses camarades.
Il contemplait ses mains depuis un petit moment, laissant toutes les personnes parler les unes après les autres, puis il se décida enfin à prendre la parole.

"Vous êtes très forts tous. Vous vous voyez déjà soit vous enfuir pour aller vous cacher, pour ceux qui ont été nos gardiens de manière temporaires. Quand à mes camarades, vous êtes déjà près à courir àprès le reste d'Harmonie. Personne ne semble être fatigué, en avoir marre de mettre sa vie en jeu pour des trucs qui me dépasse un peu, je dois l'avouer. je suis fatigué. je suis partit de chez moi à Albuquerque et j'ai rejoint l'institut pour protéger les miens. Je pensais avoir rejoint une école ou j'aurais l'occasion de côtoyer des mutants, comme moi. Quand on m'a proposé de faire partie d'une équipe, j'ai accepté de suite, car je voyais cela comme une sorte d'équipe sportive. J'avais enfin l'occasion de partager des expériences avec des gens qui n'étaient pas forcément des sud-américains ou des latinos.
Faire des trucs border-line avec la loi ne me dérange pas. J'en ai fait plus que de raison quand j'étais à Albuquerque. Mais là..."

Juan arrêta là de parler, il était au bord de l'explosion, il avait envi de sortir de là où il était. Il respira très fort, puis il reprit la parole, surtout à l'attention de ses camarades.

"Pardon, je m'excuse je suis juste très fatigué, j'ai besoin de repos, je suppose."

Ivy avait déversé sa colère sur son oncle comme le vent qui soufflait furieusement le long des côtes de son village natal : c'était un flot désordonné de coups sans but précis, sans cette formidable symétrie que témoignait généralement la nature dans sa perfection. Epuisée physiquement et psychologiquement par tout ce qu'elle venait de vivre, la rouquine sentit la force l'abandonner. Elle avait tenu le coup en se rattachant à l'espoir de s'en sortir, et maintenant qu'elle avait atteint cet objectif pour s'apercevoir que le dernier membre de sa famille biologique avait trahi sa famille d'élection... C'en était trop. Et pourtant les bébés morts dans le cabinet de Death avait été une sacrée épreuve, de même que la perte de ses pouvoirs.
Elle ressentait cette trahison comme une humiliation, une souillure dans son sang, ou plutôt sa sève. Comme le désaveu de sa propre intégrité. Désemparée, elle trouva la force de s'écarter d'Esther pour rejoindre l'étreinte d'Amarenna : elle voulait et ne voulait pas s'abandonner dans les bras de son professeur. Elles s'étaient fait confiance malgré leurs différends durant ce cauchemar, mais Ivy ne voulait dorénavant plus faire confiance ni s'attacher à qui que ce soit. Elle préférait conserver sa position surplombante de la vie d'Esther, sans pour autant lui donner accès à la sienne. C'était pour elle la seule façon de contrebalancer l'autorité qu'elle représentait, et la seule façon de se protéger des désillusions.
Amarenna c'était autre chose. Elle n'avait pas la valeur d'Anna dans l'esprit d'Ivy, Anna qui elle aussi s'était éloignée d'elle. En ce sens, Blackhole était une valeur de réconfort sûre, pas d'attaches particulières. Tout cela, Ivy l'avait compris en une fraction de secondes alors que la dureté de sa peau s'estompait devant son désarroi. C'est instinctivement qu'elle s'était tournée vers son leader plutôt qu'Esther.

Il y avait une frontière invisible entre elles qu'Ivy n'était pas prête à franchir.

Sourde aux délibérations qui s'en suivirent, la rouquine se laissa fondre en pleurs dans les bras d'Amarenna, des pleurs retenus depuis des jours, des mois, peut-être même des années : elle pleurait pour tout, cette ultime trahison patriotique et familiale, les abandons successifs dont elle avait été victimes à commencer par ses parents, Olivier, mais aussi ses amis proches comme Sven et Angel, elle pleurait pour les horreurs qu'ils avaient vues dans le manoir, l'attaque des professeurs sur l'Institut...
Toutes ces choses pour lesquelles elle faisait bonne figure, qu'elle reléguait dans un coin de son esprit en faisant comme si elles ne l'affectaient pas, toutes ces choses l'avaient usée jusqu'à ce jour.
Elle eut vaguement envie d'étriper Math pour ses commentaires de boeuf imperméable, mais c'était surtout son oncle le responsable de son mal être.

[Irlandais]"J'te déteste !" parvint-elle à articuler entre ses pleurs.

A ce moment et de façon tout à fait injuste, elle se sentait plus orpheline que jamais. C'était pire que la loi Willington. Au finale, famille élective, famille biologique... On ne pouvait compter sur personne. Le Shoggoth pouvait bien venir, cela ne changerait rien à l'affaire.

Si Ivy avait refusé les bras réconfortants que lui offrait Esther, l’irlandaise avait accepté son étreinte. Amy l’éloigna donc doucement de son oncle pour aller s’asseoir sur des sièges d’avion. La jeune femme passa un bras chaleureux autour des frêles épaules de l’irlandaise, épaules qui avaient déjà supporté tant de choses et la laissa pleurer tout son saoul, sans poser la moindre question, respectant le silence de sa coéquipière. Elle-même aurait aimé pouvoir se laisser aller à pleurer. Et elle savait que cela arriverait, après. Lorsqu’elle serait seule, lorsque personne ne pourrait la voir. Elle savait que le moment de faiblesse qu’elle avait eu un peu plus tôt ne reviendrait pas maintenant, même si elle avait besoin de se lâcher et de se laisser aller. Elle n’y arriverait pas. Elle resserra son étreinte autour des épaules de Dryade pour l’assurer de son soutien. Parce qu’elle était ainsi. A se mettre entre parenthèses lorsque les autres n’allaient pas bien, avaient besoin de réconfort. Elle jeta un coup d’œil à Math qui semblait prêt à continuer, à poursuivre sur cette voie, mais ne répondit pas, préférant tourner la tête vers la finlandaise qui venait de répondre. Amarenna secoua la tête et répondit, d’une voix lasse :

« Il faudrait surtout savoir ce qu’il va en être, de ce petit être… Je comprends tes réticences. Je ne pense pas que je serais capable d’avorter si j’étais dans le même cas que toi. Esther ? Pensez-vous qu’il y a possibilité que cette chose ne soit pas un monstre ? »

Il n’était plus temps d’employer le nom de famille de sa professeure. Pas après ce qu’ils venaient, tous, de vivre. Ils étaient liés, intimement rapprochés. Esther lui répondit de même, concernant le point des pouvoirs. Avec un battement de cœur un peu plus fort que les autres, la jeune femme ne put s’empêcher de tester son pouvoir en tentant de faire recouvrir son pied d’ombres. Sawada reprit alors la parole pour donner un complément d’informations.

« Quel était ton rôle à toi alors dans tout ça ? Tu n’étais pas là pour t’occuper de l’opération, tu étais là pour quoi ? » demanda-t-elle encore.

Vilsmaier, depuis le poste de pilotage prit à son tour la parole, complètement endoctriné par la philosophie Harmonienne. Il semblait irrécupérable. Rapidement, Sawada reprit la parole, expliquant quelque peu les pouvoirs de certains membres de Nemo. Mais au moins avait-elle été soignée. C’était déjà ça. Math venait de demander à Esther ce qu’il s’était passé à Harmonie. Amy grimaça à la question et à la réticence logique de l’israelienne. Elle écouta néanmoins sa réponse et la façon dont Hjördis enchaînait. Elle-même n’avait guère envie d’en parler. Tout ce qu’elle voulait, c’était rentrer et oublier tout ça, tout ce qu’elle venait de vivre, tout ce qu’elle venait de voir. Juan eut une réaction humaine qui, pourtant, hérissa Amy dans sa façon de le dire.

« Personne ne vit tout ça bien, Juan. Je crois que nous avons tous envie d’oublier tout ça, bien que ce soit impossible. »

A nouveau, sa lassitude était pleinement perceptible. Elle ne rajouta rien d’autre, préférant se murer à son tour dans le silence, préférant réconforter Ivy.

"On meurt tous un jour" répondit doucement la jeune femme en caressant le ventre qui contenait l'horreur devant mettre un terme à l'humanité, selon une poignée de fanatiques.

Esther regarda Amarenna puis la fille de la prison rapidement. Elle semblait effondrée. La gorge nouée, elle finit par répondre.

"Amarenna... Je n'en sais rien. Je ne sais pas jusqu'à quel point on peut faire confiance aux paroles des gens de Nemo. Ou de VOTRE compagnie" commença-t-elle en fusillant du regard Sawada, qui ne broncha pas.

"Ce que je sais en revanche... C'est que cette... chose... possède la moitié de mon patrimoine génétique"

La voix d'Aleph eut un drôle de trémolo en affirmant à mots couverts sa maternité forcée. Puis fermant à nouveau son visage, elle conclut :

"Ne prenons pas de décisions hâtives. Le Shoggoth est un mutant, pas du dieu. Qui nous dit que le Béhémoth, aussi fort soit-il, est le cavalier de l'apocalypse ? Ce ne sont que des mots prononcés dans la bouche de fanatiques. Mon pays..."

Nouveau trémolo dans la voix.

"Mon pays est ravagé par ces questions de croyance. Je ne peux y mettre les pieds car je n'y serai jamais considérée comme une personne humaine. Je serai soit une déviance génétique, soit la messagère de la fin des temps... Je propose que pour tous ces tordus, zélateurs de textes sacrés, et contemplateurs de présages sinistres, nous nous laissions le choix de ne pas rentrer dans leur jeu"

Fin du discours. Esther vacillait de plus en plus sur ses jambes. Sa posture morale serait-elle un bouclier efficace si l'enfant se révélait être l'apporteur de malheurs dont on prophétisait la venue ?

"Nous surveillerons cet enfant. Mais dans un premier temps, il faut mettre cette jeune fille en sécurité. Tout comme sa camarade. Quant aux autres..."

Elle se passa la main dans les cheveux, ne songeant même pas au caractère ridicule et affecté de ce tic...

Sawada prit la parole, un peu angoissé de ce que le "quant aux autres..." d'Esther pouvait bien vouloir annoncer.

"Andersson est un téléporteur. C'est le seul moyen qu'ils ont de bouger le Shoggoth. Du Guatémala jusqu'ici. Puis du Schlössadler jusqu'à Génosha, j'imagine... Et je ne pense pas que cet imbécile d'Elliott repasse à son bureau. Vu son degré de stupidité fanatique, il sera aux premières loges de l'avènement de leur messie des ténèbres. Jeune fille, vous pourrez juste souhaitez ne pas y être et que la créature le réduise en poussière instantanément..."

Le Général grognait entre ses dents : on ne pouvait railler impunément les croyances auxquelles il avait sacrifié sa vie, celle de sa mère et d'un paquet d'anonymes... Mais il ne dit rien. Contemplant les cieux et le bilan de sa pitoyable existence.

Sawada continua, calant ses fesses sur un siège.

"Je travaille pour une société appelée Pyramid. Son activité est très variée... Mais je suis plus précisément affecté aux hautes technologies. D'ailleurs nous nous étions vu par écrans interposés lors de votre petite visite à Harmonie. Mais peu importe. J'ai fabriqué le robot flic de Future Cope, une de nos sociétés. Et nous nous fichons de l'apocalypse. Ça j'en suis sur... Pour le but ultime de ces manœuvres, je vous conseille de vous adresser à Monsieur Van Damme. Moi, je ne fais qu'exécuter les ordres..."

Il recoiffa ses cheveux noirs avant de reprendre d'une petite voix pour répondre à Amarenna :

"Disons que j'ai eu... un petit problème suite à un accident sur l'une de mes machines. Et j'imagine qu'un mandat d'arrêt international a du être lancé à mon encontre suite à ce malencontreux accident. Des broutilles, quelques bouffeurs de Bible qui sont allés rejoindre leur Seigneur un peu plus vite que prévu... Mais bref... J'ai assisté le Docteur Death et j'ai participé à la simulation, c'est tout. Et puis, le bobard des caissons hypnotiques, c'était mon idée !"

Il avait l'air tout fier. Mais le sourire qu'il arborait disparut rapidement grâce au regard noir d'Esther, qui n'était pas d'humeur à plaisanter...

Visiblement l'asiatique avait épuisé son temps de paroles... Et pendant un bref instant, seul le ronronnement monotone des moteurs se faisait entendre.

La fille renarde sourit timidement à Hjördis. La prisonnière marmonnait une berceuse pour son ventre. Et Shane calmait ses larmes.

Esther se leva et regarda tour à tour chacun des membres de son équipe.

"Bon... Navrée de tout cela. Mais, je crois qu'il est trop tard pour reculer maintenant. Nous allons faire un rapport. Et j'imagine que l'affrontement ultime aura lieu. Mais en attendant... Sachez que je suis très fière de vous tous. Et c'est dur pour vous, je le sais... Et... Je veux..."

Elle baissa les yeux. Ils avaient été terriblement chanceux jusqu'à présent. Peut être un peu trop. Enfin, ça ne durerait pas éternellement...

"Quand nous serons rentrés. Prenez du temps pour vous. Ne vous entraînez pas. Ne faites pas de recherches. Ne pensez pas à tout ça. Mais... Allez voir des proches, faites ce que vous avez toujours voulu faire sans jamais l'oser. Pas de regrets, pas de remords... Bref vivez votre retour comme si le temps vous était compté. C'est un ordre"

Puis tout alla très vite. Retenant la suggestion de Hjördis, Esther proposa aux anciens de Nemo ou de Pyramid de faire profil bas. Comme s'ils avaient été dévorés par le Shoggoth. Leur vie en dépendait. L'appareil se posa pour laisser descendre l'équipe, ainsi que Pipilotti et Jo. Les autres s'envolèrent pour une destination inconnue. Shane, partit en stop dans la direction opposée des LeX, retenant à grand peine ses larmes...

Une fois à New-York, le groupe se scinda à nouveau : Esther confia Pipilotti et Jo à ses amis Sean et Helga. Inutile que le téléporteur retrouve facilement la mère porteuse. Inutile de leur faciliter la tâche. Et une page pouvait se tourner, faite de sang et de larmes, l'histoire d'une poignée de jeunes mutants et de leur professeur un peu névrosée...

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Et voilà le post qui met un terme au scénario mais également à la saga. Bien entendu, tout n'est jamais réellement fini. Mais pour l'heure, voici venir les points... Compte tenu de la longueur du mode jeu (10 semaines) et de sa complexité, les points sont un peu plus élevés que d'habitude. En espérant que tout cela vous a plu !

Amarenna : + 5 points. Très bon mode jeu, bonne présence, posts pertinents... Pas grand chose à signaler. Juste : évite à l'avenir les résolutions partielles floues du style "Amarenna cherche quelque chose à attraper pour en finir avec Molly". Si tu ne précises pas ta pensée tu t'expose au mieux à un échec simple...

Ivy : + 5 points. Idem. Très bon mode jeu, etc... C'est juste dommage que tu n'ai pas saisi mon appel du pied concernant le coffre fort planqué derrière la peinture moche dans le bureau de Death Wink

Hjördis : + 5 points. Absolument rien à redire.

Juan : + 4 points. Bon mode jeu. Bons posts. Bonne participation.

Math : + 3 points. Le mode jeu a été plutôt bon. Évite juste les multiactions dans tes posts (celui que j'ai striké par exemple), même si ton enthousiasme dans la salle des armes fait chaud au coeur ! Et, t'attaquer à Zagdanski n'était peut être pas l'idée du siècle ^^