Re: [Mission Roberta]L'instant X

La première partie de la mission était terminée: la bombe avait été trouvée. Il ne restait que la partie la plus difficile: désamorcer la bombe. Un jeu d'enfant quand on voyait l'endroit où se trouvait la bombe, la visibilité quasi nulle, le fait qu'aucun d'entre eux n'avait jamais pratiqué le déminage et les commentaires rassurants des démineurs. James fit une description plus détaillée de l'engin qui n'était pas pour mettre en confiance. La réponse n'était pas mieux. En gros soit ils tentaient quelque chose et tout pouvait péter soit ils ne tentaient rien et tout allait péter. Elle ne savait pas ce qu'elle préférait entre les deux solutions. Le seul moyen qu'elle voyait était de la sortir de l'immeuble par un moyen ou un autre.

Elle se saisit du communicateur et contacta les démineurs.

"Est-ce qu'on pourrait, si on arrive à la stabiliser de manière certaine, à déplacer la bombe pour vous l'amener et que vous vous en occupiez? En l'état c'est trop dangereux si on ne peut pas avoir d'informations supplémentaires sur lesquelles on puisse compter."

Face à la question de Jolène, les démineurs expliquèrent :

"C'est habituellement très dangereux de déplacer une bombe, si elle a des détecteurs de mouvement, c'est la catastrophe."

Jeremiah et Amarenna était dans la conduite, et les démineurs pouvaient voir la bombe sans trop de problèmes. On les entendait marmonner.

"Ça a quand même l'air vachement artisanal comme engin, c'est pas dit qu'il y a autant de sécurités dessus..."

Puis, une autre voix

"Et le marron, c'est pas une couleur habituelle pour les plastics... Qu'est-ce qu'il a bien pu bricoler encore..."

Super, vraiment... super. Ils avaient réussi à trouver leur objectif, et maintenant ils se retrouvaient coincés à cause de types qui ne savaient même pas de quoi ils parlaient ! Comme des rats, en plus. Et lui en particulier, la descente n'avait pas été franchement agréable et il faudrait bien remonter un moment ou l'autre. Tout le monde ne pouvait pas se transformer en ombre toute plate... Heureusement, il n'avait jamais été particulièrement courageux mais la claustrophobie ne faisait pas parti de la longue liste des choses qui l'amenait à se réfugier sous sa couette.

Accroupi à côté d'Amy, le geek lui lança un regard lourd de sens alors que les informations tombaient les unes après les autres. Le jeune homme se pencha légèrement pour observer de plus près l'engin, quoiqu'il n'y toucha pas, gardant un périmètre de sécurité. Alors là, il séchait carrément. Comme quoi, une formation de démineur, ça pouvait aider dans la vie. Poussant un soupir, le jeune homme renifla puis activa son communicateur :

"Et heu... Ça sent le pain chaud... C'est normal ?"

Il y eut les bruits d'une légère interrogation des collègues présents, puis la réponse :
"Je ne connais aucun explosif qui sente le pain chaud..."
Puis, une voix derrière qui répondit en se gaussant
"Ma gosse, elle a de la pâte à modeler qui se mange, y'a plein de goût, elle en a au pain chaud, on croirait trop de l'ONCB...", suivi de quelques rigolades. À croire que les démineurs lançaient des vannes pour détendre l'atmosphère.

Sauf qu'un silence pesant et gêné s'installa à la suite de cette déclaration.

Dans la mesure où une bombe pouvait être considérée comme normale, évidemment.

Et si cette bombe était un fake? Réellement? Si c'était juste un piège, juste une bonne blague de la part de l'agent? Il voulait faire valoir son point de vue, mais, certes, pas tuer des gens qu'il connaissait, appréciait et avec qui il travaillait. Elle regarda Miah, avec angoisse alors que les agents du FBI lui répondaient de façon gênée, embarrassée. Elle leva la tête vers ceux du conduit, avant de lâcher un simple à la fois à ses coéquipiers et aux agents:

"Et si tout cela n'était qu'une vaste plaisanterie?"

Ca sentait le pain chaud. L'un des agents avait parlé de pâte à modelée se mangeant et ayant un goût de pain chaud. Et si elle était malade après? Elle évacuerait le conduit. Mais au moins, ils sauraient qu'ils n'étaient pas face à une fausse bombe. Et dans le cas contraire, leur job serait terminé.

Puis, lentement, délicatement, elle gratta la couche supposément de plastique pour goûter, simplement en posant sur sa langue le peu qu'elle aurait gratté avec son ongle.

Difficile de dire si c'était le stress ou la pâte en question, mais Amarenna avait un peu mal au ventre. Quoi qu'il en soit, malgré sa texture un peu plastique, la pâte avait effectivement un goût de pain.

À coups de descentes et de recherches sur la bombe, ce détonateur fixé sur une pâte molle et brunâtre qui sentait le pain, ils avaient réussi à semer le doute chez les experts démineurs du FBI, malgré une tentative d’humour tombée à plat, et suivie d’un grand silence angoissant. De la pâte à modeler ? Une bombe d’une nouvelle sorte ? Ce fameux ONCB ? Rien ne permettait aux mutants, et visiblement aux démineurs, de l’identifier clairement. Cette affaire était complexe, et trouver la bombe s’était finalement révélé être une partie de plaisir, face au déminage proprement dit. Ils devaient rester consciencieux, et éviter les risques inutiles. Risque qu’Amarenna n’hésita pas à prendre en mangeant un morceau de la pâte brune. Il espérait qu’aucun d’entre eux n’aurait le culot de virer le détonateur sans s’être au préalable assuré de sa totale inefficacité.

À son tour, Rock s’empara du communicateur pour questionner les démineurs.

« Dites, à quoi peut-on reconnaître de manière sûre et fiable ce… ONCB ? Et de quelle manière vérifier si le détonateur est protégé et déclenchera la bombe s’il est enlevé, ou non ? »

"Dur à savoir. L'ONCB est toxique et a un goût désagréable... Mais pour le reste, malheureusement, il va falloir vous fier à votre instinct. C'est ça le métier de démineur. Beaucoup d'expérience, mais l'instinct est prépondérant."

La situation était des plus stressantes : les envoyés de l'Institut Xavier devaient désamorçer une bombe, et les démineurs de la CIA ne leur fournissaient pas une aide tellement utile.

C'est absurde! Pourquoi ne pas avoir envoyé un professionnel avec nous, lui au moins aurait su quoi faire...

James se sentait particulièrement nerveux face à une situation où il ne pouvait rien faire, rien d'autre que d'assister, spectateur, au déroulement des opérations. A moins que...Une idée lui était venue, mais il ne savait pas si elle était applicable. Un ébauche de plan commençait à se former dans sa tête, mais ce n'état qu'une ébauche, malheureusement, il lui fallait en discuter avec ses coéquipiers qui y verraient peut-être plus clair :

James se mit à chuchoter dans son communicateur à l'attention de ses camarades et des démineurs :
"Il y aurait peut-être moyen de limiter les dégats. De nous tous, seuls Rock et Blackhole peuvent manipuler le paquet en se protégeant de ses effets. Blackhole, tu pourrais peut-être t'infiltrer à l'étage supérieur pour surveiller l'agent, pour surveiller la commande à distance qu'il doit avoir? Après, le danger, c'est le réservoir d'hydrogène, y aurait-il moyen de le neutraliser de l'extérieur? Si on arrive à rendre l'environnement moins dangereux, Rock pourrait tenter de déplacer le paquet?"

Des détecteurs de mouvements? En plus? C'était impossible qu'ils se sortent d'une situation comme celle là. Et puis le reste n'était pas mieux. Ils avaient le choix entre de l'ONCB et de la pâte à modeler. C'était un peu quitte ou double en fait. Jolène soupira. C'était inextricable. Elle s'assit sur le sol, de toute façon ça ne servait pas à grand chose de rester debout, le conduit était plein et ils n'avait pas d'autres choses à faire que parler entre eux et avec les démineurs.

L'idée de James était pas mal. Elle limitait les risques mais faisait perdre pas mal de temps par contre. Et si jamais Amarenna se faisait prendre et qu'il s'agissait d'une vraie bombe, ce dont elle commençait fortement à douter, ce serait la fin pour eux.

À l'instar de son collègue, elle envoya un message aux démineurs et aux mutants:

"Je crois qu'il faudrait tenter de l'enlever...Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une vrai bombe. C'est risqué mais je ne crois pas qu'on ai vraiment le choix...à moins qu'un des démineurs, d'un autre secteur peut être, nous rejoigne pour décider à notre place...En plus la commande, ou fausse commande, doit surement se trouver dans sa main ou dans sa poche donc pour la surveiller... Et pire que tout si elle se fait repérer, il saura que nous sommes ici et je pense que les otages ne tiendrons pas longtemps."

Les démineurs répondirent d'un ton agacé.

"Vous êtes sur place ! On nous a assuré que vous étiez des gens performants et sérieux, j'ai bien l'impression qu'on s'est moqué de nous. La décision vous revient, alors choisissez une bonne fois pour toutes ! Je vous rappelle que pendant que vous lambinez, il y a des gens qui sont en danger dans les étages supérieurs.

La situation en haut est parfaitement sous contrôle, et on n'attend plus que votre signal quant à la neutralisation de la bombe pour intervenir de façon nette et propre, donc ne vous avisez pas à mettre votre nez là-dedans. C'est compris ?

Terminé !"

Il coupa alors la communication, et un bruit électronique traduisit le fait qu'il n'y avait plus personne au bout du fil.

Le moins que l'on pouvait en dire, c'était que les agents n'étaient pas très... Coopératifs. Ils venaient carrément de les envoyer bouler. Amy prit un grande inspiration, autant pour se détendre que pour effacer l'arrière goût qu'elle avait dans la bouche. Il y avait bien eu un goût de pain chaud, malgré tout, ce qui lui donnait de plus en plus à penser que cette bombe était une fausse. Qu'il fallait virer ce mécanisme de là, et voilà tout. Elle regarda Miah puis leva la tête vers les autres.

"Je pense que cette bombe est une fausse bombe. Lucas, est-ce que tu pourrais descendre et prendre la place de Miah?"

Si elle se trompait, ils étaient sans doute les deux seuls à pouvoir survivre au pire. Mais elle ne pensait pas se tromper. Elle ne pouvait pas, se tromper... Elle fit signe à Miah, pour lui conseiller de remonter. Et que faire, maintenant? C'était une bonne question. Elle tâcha de réfléchir à vitesse grand V. Se transformer en ombre et se glisser entre les interstices du mécanisme et de la pâte pour laisser à Lucas ou à un autre la possibilité de tout débrancher? Oui... C'était sans doute le mieux à faire.

Et c'est donc ce qu'elle fit. La jeune femme devint une ombre, plate, et se glissa entre la pâte et le mécanisme. C'était le mieux qu'elle pouvait faire pour l'instant. Pour aider celui qui s'occuperait de désamorcer cette fausse bombe. Car elle n'y croyait plus, à une vraie bombe.

De sa nouvelle position, Amarenna ne put rien voir de particulier.

La moue de Jeremiah se fit plus prononcée alors que les démineurs renvoyaient joyeusement l'équipe à son pauvre sort. Mais bien sûr, parce qu'être mutant offrait également des compétences en désamorçage de bombe, c'était bien connu ! Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle soit effectivement une fausse, sinon il le sentait mal. D'ailleurs, il le sentait déjà mal, et l'intervention d'Amarenna si elle lui fit hausser un sourcil l'arrangea tout de même bien.

"Tu sais si c'est une vraie, on sera touché autant que vous, le réservoir est juste à côté. Sauf s'il peut la contenir un peu. Ça peut résister à quelle pression, du diamant ?"

Il ne s'attarda pas pour connaître la réponse, ce n'était pas comme s'il se sentait particulièrement héroïque aujourd'hui. Essuyant ses mains moites sur son pantalon, le geek reprit l'étroit chemin du deuxième étage pour laisser sa place à l'homme caillou.

Lucas se retrouva donc à la place de Jeremiah, qui se sentait un peu moins à l'étroit.

Les minutes passaient, et Amarenna n’était toujours pas intoxiquée par son quatre-heure improvisés. Le seule souci, c’était que ces planqués de démineurs fédéraux se plaignaient de l’incompétence des mutants de l’institut pout se débarrasser d’une bombe, alors que c’était leur boulot à eux de le faire. Ils avaient fait le gros du travail, en dénichant ce paquet brun et ce détonateur lumineux, et maintenant ces empaffés leur mettait des bâtons dans les roues sans pouvoir les aider. Dans le sac, en plus, aucun matériel réellement efficace contre une bombe de ce type. À part frapper dessus avec la barre à mine pour voir si ça allait ou non exploser… Les démineurs agacés coupèrent toute communication avec pour seule consigne de se fier à l’instinct. Si ça c’était pas professionnel… Où donc est-ce que le FBI avait été les dénicher, ces oiseaux-là ? À moins que ce ne soit généralisé, chez les fédéraux ! Entre les démineurs planqués et hargneux et le taré qui branchait un détonateur sur un paquet de plasticine dans les caves de sa boite, ça tournait pas très rond, tout ça.

Amarenna confia à l’équipe que c’était une fausse bombe, et demanda à Lucas de descendre la rejoindre à la place de Miah, par mesure de sécurité. Se fier à l’instinct… voilà où ça menait, on envoyait les blindés devant pour vérifier que tout n’explose pas. Lucas n’e savait foutrement rien, si sa carapace diamantée résistait aux explosions ou non, ou même s’il était capable de n’en contenir ne fut-ce qu’un minimum la portée… Et pourtant il s’exécuta, et descendit dans le boyau pour rejoindre la femme-ombre qui s’était glissé – il ne savait pas trop pourquoi – entre ce qui ressemblait à du plastic et le détonateur.

Fallait y aller, maintenant. Lucas regarda l’équipe, en haut du conduit, et reporta son attention sur la bombe. Il déglutit et souffla avant de poser lentement sa main sur le détonateur, et son autre main sur ce qu’il croyait être de la plasticine.

« Bon… C’est parti, je vais séparer les deux… »

Rock entreprit donc de séparer le boitier contenant – sans doute – le détonateur, et la galette de pâte à modeler, le plus délicatement possible, sans geste brusque, afin de remuer le moins possible le boitier. Il était attentif au moindre indice négatif sur sa manœuvre, tout comme aux commentaires éventuels d’Amarenna, paré à stopper la manœuvre en s’immobilisant totalement…

Le boîtier n'opposa qu'une faible résistance, du fait de fils qui étaient plus ou moins coincés dans la "pâte à modeler". Mais il fut bientôt complètement détaché du reste, et il ne se passa rien du tout de plus.

En regardant Lucas poser ses mains sur le boitier fatidique et se mettre à le dégager de la pâte, James ne put s'empecher de frissonner.

Nous allons mourir. Cette certitude s'était imposée à lui tout à fait naturellement, effacant toute autre pensée alors qu'il voyait distinctement les fils se détacher un à un de la pâte, comme au ralenti.

Et puis...rien? James eut un rire nerveux de soulagement. C'était tout? C'était terminé, il avait réussi la mission? C'était facile en fin de compte!

Mais non, à bien y réfléchir, ça n'avait pas été facile, et le jeune britannique ne pouvait qu'admirer le sang-froid dont avaient fait preuve Amarenna et Lucas. Il se rendait compte que lui-même n'avait fait que repousser la minute de vérité. De plus, la mission se poursuivait, l'Agent dérangé n'était pas hors d'état de nuire, et eux-même se trouvaient toujours sur les lieux.

A présent pressé d'en finir, James réouvrit le canal de communication et reporta le résultat des opérations aux agents du FBI : "Rock vient de désamorçer l'engin, la situation est sous contrôle."

Une fois son message prononcé, le jeune homme tourna son regard incolore vers ses coéquipiers, au cas où ces derniers auraient voulu ajouter quelque chose.

Décidément, ces fédéraux n'étaient pas très sympathiques...voir même carrément odieux. Eux ils risquaient leur vie tandis qu'ils mangeaient un big mac gras à souhait tranquillement sans rien avoir à perdre. Elle pestait intérieurement se promettant de ne jamais devenir comme eux. Non mais ils croyaient quoi? Qu'ils étaient tous supers démineurs? Ou qu'à la mutation on offrait un manuel de comment survivre à toutes les situation en 10 leçons?

Enfin...s'énerver ne servait à rien pour le moment. La situation était trop critique pour cela. Lucas et Amarenna étaient apparemment bien décidés à désamorcer cette bombe par la force. De toute façon ils ne pouvaient pas faire grand chose d'autre dans l'état actuel.

Pendant les quelques instants où Lucas tira sur le boitier, Jolène arrêta de respirer. Non pas que son souffle ai put changer quelque chose vu la distance à laquelle elle se trouvait. C'était fini. Enfin presque. Il ne leur restait plus qu'à sortir du bâtiment avec la bombe sous le bras.

Jolène alluma son communicateur. Ils avaient peut-être reprit la communication à l'autre bout...même si ils n'avaient pas eu l'air très loquace après ce que James avait dit.

"On fait quoi maintenant? On remonte avec la boite dans les mains comme des fleurs ou on doit encore prendre des précautions?"

Il y eut un instant de silence, puis la réponse vint : "Ramassez tout, faites le ménage, et retrouvez nous au fast food. C'est terminé."

Le retour à la surface se fit sans heurts, leur bombe à la main. Remontant la rampe du parking, les mutants purent voir à l'entrée du bâtiment une cohorte de personnes emmener un homme, menotté, un capuchon sur la tête.

De retour au QG, les démineurs regardèrent la bombe d'un air amusé. L'un d'eux ouvrit la boîte à l'aide d'un touille-soda : elle était vide, à l'exception du petit dispositif pour maintenir les LED allumées...

L'homme qui les avait précédemment accueilli se contenta de leur dire :

"Bon ben voilà... On va dire que c'était une mission facile. Ce mec ne craint rien. Il est bon pour l'asile de fous. On l'a intercepté dès que vous nous avez confirmé que la bombe était factice.

Au moins, ça nous apprendra à améliorer la sécurité... Une limonade ?"

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Et voilà qui clôture cette mission Roberta. J'espère que vous vous êtes un peu amusés, dans cette ambiance un peu bizarre et décalée.
Vous pouvez poster à la suite si vous voulez, je verrouillerai ce sujet dimanche.

Vous pouvez tous ajouter 1pt à votre barème, à l'exception de Keyah, dont l'assiduité n'a pas été satisfaisante.