[Mission Roberta]Hangar à mutants

La petite équipe avait fait un voyage tranquille jusqu'à El Paso, et avait atterri en périphérie de la ville, un véhicule de police se chargeant de les approcher des lieux de l'incident. Le bureau du FBI avait estimé que voir un véhicule ayant l'allure du X-Jet ne pourrait qu'énerver un peu plus la foule, dont les cris purent être entendus plusieurs centaines de mètres avant d'arriver sur les lieux. Un léger détour du conducteur leur permit d'assister au "spectacle" extérieur : banderoles, slogans xénophobes, tous les clichés de la manifestation anti-mutante étaient réunis.

Leur trajet les fit contourner le hangar incriminé, une bâtisse sans âme, mesurant une soixantaine de mètres de long et quarante de côté, en parpaings non peints, si ce n'est le dessin d'un vieux logo en partie effacé par le temps, et désormais indéchiffrable. Ils s'arrêtèrent bien au-delà du cordon de police, descendirent, et furent guidé jusqu'à la face opposée à la manifestation. Ils purent tout de même entendre résonner des phrases aussi sympathiques que "Dehors les sales mutants" ou "Nettoyez cette vermine à grande eau".

Face à eux se trouvait un petit préfabriqué accolé au hangar, servant d'entrée de service à l'époque où il y'avait du service sur les lieux. Un homme s'approcha d'eux. Il portait un costume élégant, et semblait avenant malgré son air sérieux.

- Inspecteur Laurence Starling, F.B.I. Je vous souhaite bonne chance, ils sont sur la défensive. Mes hommes se sont assurés que la première porte n'était pas verrouillée.

Il désignait l'entrée du préfabriqué.

- Nos témoignages indiquent entre huit et onze personnes, hommes, femmes et enfants. Au moins deux mutants, sans doute beaucoup plus, mais leur nombre exact nous est inaccessible. Ce sera à vous de le découvrir.

Une jeune femme blonde s'approcha.

- Voici Clarisse Lazarus. C'est elle qui dirige l'ONG chargée du transfert au Canada.

Elle prit à son tour la parole.

- Nous leur proposons, en plus d'un ravitaillement en eau et nourriture, un transfert direct par jet privé jusqu'à Vancouver, avec un visa d'immigrant par personne afin de pouvoir librement circuler au Canada en attendant leur régularisation. Ce visa leur permettra de travailler sans être dans l'illégalité, en prime.

Elle se tut, il y'eut un petit silence, puis l'inspecteur conclut.

- Nous ne savons rien d'autre, jeunes gens. Vous devez faire vite, nous ne savons pas ce qui se passera si leurs nerfs craquent.


[Pas d'ordre de post]

Yanis s'était donc embarqué pour sa première mission. Il allait pouvoir juger par lui-même de ce qui semblait tant marquer les élèves de l'Institut. La plupart d'entre eux le vivaient comme une obligation dont ils se passeraient volontiers, mais en optant pour cette mission pour le compte de Roberta, Yanis avait limité les risques : les élèves qui répondaient aux sollicitations de l'afro-américaine étaient tous volontaires. Cela lui assurait une collaboration optimale, chacun ferait sa part sans distinction, du moins était-ce son postulat de départ, et il ne restait plus qu'à tester sa validité.

Durant le voyage, le jeune homme était resté silencieux, n'ouvrant la bouche que lorsque cela était nécessaire, mais avait continué d'observer inlassablement son environnement et son entourage avec une précision analytique, derrière son expression détachée. Suivant les consignes de leur commanditaire, il avait enfilé pour la première fois sa tenue de mission, gracieusement allouée par l'Institut. Un gilet et un pantalon assez large bleu foncé, un maillot de corps d'un bleu plus électrique, de solides bottes, une ceinture si longue qu'il en avait fait deux tours et un bandana autour du cou. Bien qu'il fût peu habitué à ce type d'accoutrement, qui lui donnait une touche échalas pirate, les matières étaient confortables et le laissaient libre de ses mouvements. Il n'allait pas s'en plaindre, surtout compte tenu du climat texan, qui s'apparentait déjà un peu plus à celui de son pays natal.

Le groupe fut bientôt conduit de l'autre côté de l'entrepôt cible. Yanis se dit alors que laver les mutants à grandes eaux serait un beau gâchis de ressources naturelles, étant donné que l'un des immigrés semblait pouvoir l'évaporer. L'Algérien hocha laconiquement la tête pour saluer les deux adultes qui les accueillirent, et écouta les informations complémentaires, qu'il compila mentalement à celles de Shenzie. Le nano-mutant réfléchit alors quelques secondes, puis rompit finalement son voeu de silence.

"Des provisions ? Vous en avez ici ? Un estomac plein, c'est une oreille qui écoute." demanda le mutant de sa voix mécanique.[/code] Par expérience, il savait que la perspective de manger à sa faim pouvait être un moteur très puissant, il n'y avait qu'à voir Luther et son bol de... et son bol. De plus, l'évacuation serait plus aisée si les Mexicains n'étaient pas totalement moribonds.

La femme acquiesça vigoureusement.

- Bien sûr !

Elle se retourna et s'éloigna en hêlant un camarade, un homme noir assis à une douzaine de mètres, à côté d'une caisse métallique. Il l'ouvrit, et en sortit des sacs plastique hermétiquement fermés. Elle en prit quatre qu'elle apporta et posa devant Yanis.

- Nous avons prévu des rations...prenez celles-ci. Ils sont très méfiants, peut-être sera-ce insuffisant. Dites que nous en avons d'autres pour ceux qui accepteraient notre accord.

Première mission super-héroïque pour Luther : vendre les charmes du Canada à des immigrés mutants. Il avait toujours eu un faible, pour les latinos. Bruns, yeux verts, tatoués, bronzés... Hum. Celui là était brésilien. Qu'importait.

Dans l'avion, il faisait l'inventaire de ce qui pouvait vendre le Canada... Le climat agréable ? Les gardes montés ? Les immenses espaces ? Les bars gays de la rue St Sulpice ? La neige ? La poutine ? La qualité de vie ? Le jello ? Il allait falloir peser ses mots. Il était l'ambassadeur de son pays, et avait à ce titre une grosse responsabilité.

Un agent du FBI semblait prendre le contrôle de la situation. Une dizaine de personnes, une porte non-fermée... Et en guise d'appât, de la bouffe. Et pourquoi pas de la verroterie aussi ?

"Un estomac creux est un mauvais conseiller politique ouin. Mais chu pas sûr pantoute que des granolas soient la meilleure promesse de campagne.", indiqua Luther à l'intention de Clarisse.

"Enfin bon... Je gage qu'on a pantoute le temps de faire la cuisine là..."

Luther regarda son équipe... Il regretta un instant le départ d'Anna. L'ancienne X-Rays aurait sans doute réglé cette situation en deux coups de cuiller à pot ! Mais bon... Elle avait décidé de retourner à la vie civile. Il fallait donc se débrouiller avec les moyens du bord.

Il s'adressa à l'inspecteur du FBI, et demanda alors, en prenant bien garde de ne pas trop parler en patois

"Est-ce que vous avez une idée de comment les choses sont agencées là-dedans ? Une carte, des photos, n'importe quoi ?"

Il fallait bien commencer par quelque chose, et autant savoir s'ils allaient avancer à découvert avec le drapeau blanc, ou bien se planquer derrière des conteneurs.

L'inspecteur écarta les bras dans un geste fataliste.

- Pas la moindre. Il n'y a pas de fenêtres, et l'endroit est à l'abandon depuis quinze ans. D'après notre petite enquête, le dernier propriétaire était une chaîne de magasins d'outillage. Ils vendaient des marteaux, des scies, ce genre de choses...mais ça peut être vide, comme ça peut être rempli de containers. Ils ont déposé le bilan.

Vêtue d'un costume, que Lucy avait eu la surprise de non seulement avoir mais également de devoir mettre, la jeune fille n'avait pas pipé mot durant tout le voyage. Elle s'était restreinte à observer ses coéquipiers. Elle était la seule à n'être jamais partie en mission. Au moins, elle ne serait pas complètement perdue. Elle avait des "modèles". Et c'était de toute façon en faisant que l'on apprenait.

L'arrivée à la frontière mexicaine fut des plus chaudes. Comment diable pouvait-il y avoir des pays avec des températures aussi hautes ? Elle se tassa sur le siège de la voiture de police en passant devant la foule d'anti-mutant. Si ils s'apercevaient qu'il y en avait qui passaient tout près, elle était certaine que la voiture ne ferait pas long feu. Et puis le hangar apparut. Une grosse bâtisse.

"Ils doivent mourir de chaud à l'intérieur ..." Fit-elle remarquer dans un murmure.

Et sans plus tardé un agent du FBI vint les accoster leur présentant rapidement la situation, l'ambiance et la responsable de l'ONG qui avait sorti le grand jeu pour évacuer les immigrés. Ils avaient du trimer pour en arriver jusque là et maintenant on leur proposait un voyage Mexique/Canada en jet privé. Avec tant de moyens mis en oeuvre pour eux, comment ne pas se méfier ?

L'inspecteur Starling les pressait. Il s'inquiétait de l'évolution des choses. Et si tous venaient à craquer ?

"Dites ... Commença timidement Lucy en s'adressant à l'agent. Concernant les gens ... Les anti-mutants ... On ne peut rien faire pour les faire taire ou pour les empêcher d'être là ? Parce que ... C'est doit pas les inciter à se détendre ceux à l'intérieur ... Et puis, même ... Si on ressort avec eux, ils risquent de devenir encore plus virulent, non ?"

Ils étaient venu pour s'occuper des immigrés à l'intérieur du hangar. Mais les forces de l'ordre ne pouvaient-elles pas s'occuper de ce qui se passaient à l'extérieur ?

L'agent secoua la tête.

- Nous ne pouvons pas disperser la foule. Le maire tient à sa réélection, et le moindre geste qui pourrait passer pour ouvertement pro-mutant lui coûterait sa place. Nous avons seulement l'ordre de la contenir.

Il montra des hommes situés près des faces du bâtiment perpendiculaires à celle où se trouvait l'entrée.

- Normalement, ces gars empêchent les manifestants de nous voir à l'oeuvre. Mais faites vite : il suffirait de pas grand chose pour qu'il y'ait une bousculade, et nous ne sommes pas forcément assez nombreux pour les retenir indéfiniment de l'autre côté.

Jade se sentait un peu mal à l’aise en approchant du hangar. C’était la première fois qu’elle partait en mission en étant si exposée : cette mission avait une couverture officielle. Ils savaient où aller et pourquoi et représentaient cette fois ci une unité d’action spéciale. Loin des coups foireux et secrets des organisations anti-mutantes, et des mots étalés comme une trop grosse couche de beurre sur une petite biscotte, que l’on pouvait lire habituellement dans La Sentinelle, les mots de haine et de mépris étaient cette fois ci hurlés par une foule d’abrutis agglutinés autour du bâtiment. C’était particulièrement blessant et déstabilisant pour la jeune Française qui gardait cependant la tête haute. Pour l’occasion, le costume était de rigueur mais il n’avait jamais semblé si décalé par rapport au contexte.

La bâtisse n’avait probablement pas été aussi populaire depuis un certain temps mais il était dommage d’inclure cet épisode à son histoire. Le groupe fut conduit à l’arrière du bâtiment, là où les attendaient plusieurs personnes dont un agent du FBI et l’ »ambassadrice » de l’ONG. Ils eurent droit à un nouveau court briefing où ils apprirent quelques détails supplémentaires, mais une fois de plus, les données étaient minces, le seul moyen qu’il leur restait était de toute manière d’aller traiter directement avec les nouveaux habitants des locaux.

Ce qu’on leur proposait semblait tout ce qu’il y avait de plus honnête et même très avantageux. Il était clair qu’ils seraient mieux reçus au Canada qu’ils ne l’étaient ici, et Luther semblait bien décidé à leur prouver.

Yanis prit les devants, ils étaient désormais armés de rations de nourriture. Les pauvres devaient être effrayés mais aussi morts de faim. Ils en restaient cependant au même point qu’avec Roberta, ils entreraient à l’aveuglette avec comme pression supplémentaire, la menace des assaillants.

Jade fit quelques pas vers la porte d’entrée. Puis elle se tourna pour parler à Clarisse.

"Vous leur avez déjà un peu parlé de nous? Peut être que la pilule aurait eut le temps de passer un peu…"

Clarisse secoua la tête.

- Impossible. Seuls les policiers ont réussi à échanger quelques mots, et quand je dis "quelques"...c'est vraiment "quelques". Ils n'ont laissé personne pénétrer dans le hangar. Et pour une raison quelconque, les grandes portes qui servent à faire sortir les camions sont hermétiquement scellées, impossible de les forcer. Tout s'est fait au porte-voix, et nous sommes limités par les manifestants qui risquent de devenir violents s'ils entendent des négociations.

L'inspecteur Starling allait répondre à Lucas, lorsqu'un brouhaha survint sur l'une des ailes du hangar. Les policiers en faction empoignèrent leurs boucliers et s'avancèrent, sans doute en vue d'arrêter des manifestants particulièrement déterminés à découvrir ce qui se passait derrière.

Starling se dirigea vers eux, glissant quelques mots dans son communicateur, puis se retourna vers le groupe de mutants en mimant sur son poignet le temps qui avançait. Il termina sa course à petites foulées, et disparut sur l'aile afin de calmer les ardeurs des activistes.

Clarisse traduisit les pensées de l'inspecteur.

- Dépêchez-vous. Il ne faut pas que les manifestants vous voient. Si la rumeur de votre intervention gagne la foule, les policiers vont se faire submerger, et nous aussi.

Puis elle alla s'asseoir à côté de son collègue responsable des cartons, sortit une barre de céréales qu'elle croqua pensivement.

[Edit : un plan grossier des lieux. Vous êtes les points bleus. Sur le côté, ce sont des rangées de policiers]

Cobalt hocha simplement la tête aux paroles de Rock, et se saisit silencieusement des 4 rations offertes par Clarisse. Dans leur malheur, ces immigrés avaient tout de même la chance d'avoir attiré l'attention de gens qui se montraient concernés par leur sort.
A la remarque de Lucy, il crut bon d'apporter une précision qui avait son importance :

"Ils sont mexicains. Ils sont habitués à la chaleur." sans manifester d'inquiétude à ce sujet. D'ailleurs, il ne semblait pas réagir non plus à la chaleur qui régnait dehors.

Il emboîta le pas du Suédois en se plaçant derrière lui : suffisamment près pour pouvoir donner les rations rapidement en signe pacifique, mais profitant tout de même de Lucas comme bouclier humain. De par leurs pouvoirs, c'était dans l'ordre naturel des choses.
Pour être dans la même équipe que Jade, il se doutait que la jeune fille saurait se mettre à couvert s'il le fallait. Yanis ne connaissait cependant Luther et Lucy que de vue, et n'avait aucune idée de leur comportement en milieu hostile. Comme il avait pu le faire à Paris, il partit du principe que Lucy était plus susceptible de requérir son aide que le gaillard québécois. Il s'adressa donc à la jeune fille menue :

"Reste près de moi." dit-il factuellement. Il s'était porté volontaire pour s'assurer que tout le monde rentrerait en un seul morceau, et il comptait s'en tenir à son plan. C'est ainsi qu'il entra par l'entrée de service du bâtiment. Vu l'état de la foule de manifestants, il était clair qu'ils ne devaient pas faire de vieux os ici.

Tout en avançant, il étudiait les différentes options qu'ils avaient. Quoi qu'il arrive, les Mexicains seraient probablement effrayés par leur intrusion dans le hangar. Ils passeraient sûrement par une période de méfiance et d'hostilité, avant que leurs cibles ne finissent par accepter leur présence sur les lieux. Il valait donc mieux qu'ils la signalent, plutôt que de les laisser découvrir par eux-mêmes que des intrus les approchaient. Aussi cybernétique soit-elle, sa voix porterait peut-être suffisamment pour être entendue par les immigrés.

"Citoyens mexicains, l'Institut Xavier est là pour vous aider." lança-t-il avec neutralité tout en observant les parages. Les autres seraient sûrement plus doués pour nouer le contact une fois qu'il serait établi.

Il réfléchit quelques instants, cherchant une formulation adéquate pour signifier leur intentions amicales. L'expression, qu'il avait dû entendre à la télévision, finit par lui revenir en mémoire :

"Nous venons en paix. Je répète, nous venons en paix." poursuivit-il en levant les bras, portant toujours les sacs de nourriture, en l'air. C'était maintenant une certitude : les autres seraient sûrement plus doués pour nouer le contact.

- ¡ Vete ! Allez-vous en !

Une voix masculine leur répondit avec un accent hispanique à couper au couteau. Une courte pause s'ensuivit, puis elle reprit.

- No queremos s...

La voix s'interrompit brusquement, pour ne pas reprendre, cette fois.

Time is ticking out... Oui, il fallait se grouiller. Sauf qu'il n'avait pas trop d'idées de comment il fallait s'y prendre pour communiquer avec des gens en panique. Yanis tenta de les appâter par le ventre, sans trop de succès.
Il ne comprenait rien à l'Espagnol, même si cette brusque interruption n'était pas forcément pour rassurer. Peut-être s'étaient-ils téléportés ailleurs.

De toutes façons, il allait falloir entrer...

Luther s'avança donc jusqu'à la porte, et se plaça contre elle, histoire de ne pas faire une cible trop facile -parano, mais pas trop-. Il frappa quelques coups, tout en demandant.

"Hello ? On peut entrer ? On veut parler avec vous."

Tout en parlant, il avait matérialisé une petite main psychique à l'intérieur, qu'il agita comme pour faire coucou.

Il put entendre des éclats de voix en espagnol, des voix masculines et féminines qui ne semblaient absolument pas d'accord. Le ton montait, montait, quand brusquement, la porte s'ouvrit légèrement. Une voix féminine hésitante, elle aussi avec un accent ibérique prononcé, s'adressa au Québecois.

- Entrez vite ! Les autres vont en venir aux mains...j'espère que vous êtes dignes de confiance.

Elle écarta un peu plus le battant, afin de permettre aux jeunes mutants d'entrer. Luther put voir que sa main psychique avait changé de couleur, passant du bleu au rose.

Le groupe progressa donc vers le hangar. Etrangement, Jade était plus rassurée à mesure qu’ils s’approchaient de l’entrée. Surement que ce hangar était finalement plus accueillant que la foule menaçante. Pourtant ce n’était pas gagné pour y entrer. Yanis tenta le drapeau blanc, mais comme il n’avait pas de drapeau, il secouait des paquets de chips. Jade se mordit la lèvre à mesure que des mots sortaient de la bouche de l’Algérien, plus pour réprimer une envie de rire qui n’aurait pas du tout été de circonstance. C’était effrayant d’être robotique à ce point… Mais Jade commençait à le connaître un peu, suffisamment pour savoir qu’il était plus humain qu’il en avait l’air.

Quoi qu’il en soit, ses appâts de nourriture ne firent pas mouche et une voix d’homme Mexicain parvint de l’intérieur du hangar. Les quelques notions que Jade avait en Espagnol, et surtout la phrase qu’il dit en Anglais, firent comprendre à Jade qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Peut être étaient ils mécontents qu’ils n’apportent pas de fleurs, ou une boite de chocolat… A son tour, Luther fit une tentative à son tour, mais dans un premier temps, il sembla que ce soit pire. Jade s’approcha de la porte, dans le but d’écouter ce qui se passait à l’intérieur. Mais à peine était elle arrivée à hauteur de la porte que celle-ci s’ouvrit, peu, mais s’ouvrit… Une jeune femme leur permit d’entrer.

Il ne fallait plus hésiter désormais, ils pouvaient vite changer d’avis. Aussi, Jade entra la première dans la demeure des réfugiés.

"Merci!" dit-elle à la jeune femme qui leur avait ouvert.

C’est elle qu’elle vit en première, elle était plutôt jolie, ils avaient du envoyer la plus diplomate pour s’occuper de l’accueil, mais il était plus probable qu’elle ait agit d’elle-même. Il semblerait donc qu’elle soit celle qui parlerait au nom de tous, avec le plus de pacifisme.

"Bonjour!" Dit elle simplement "On vient juste vous aider, on n’a rien à voir avec la police, ou les abrutis dehors…"

Jade pénétra donc doucement dans le bâtiment. Une fois à l’intérieur elle observa les horizons et chercha du regard les gens qui pouvaient éventuellement ne pas s’être encore cachés…

Le préfabriqué était un bloc indépendant du hangar, et la porte qui permettait le passage de l'un à l'autre n'était pas dans l'alignement de l'entrée, aussi il fut impossible pour Jade de voir la partie la plus vaste du bâtiment. La petite salle dans laquelle elle se trouvait était remplie d'étagères et d'armoires, vides ou fermées. Personne d'autre que la femme ne s'y trouvait. Le seul détail incongru était une fresque de trois mètres sur deux, représentant un paysage désertique, et qui ornait le mur nu séparant le hangar du préfabriqué.

La femme baissa la voix, et pressa les autres mutants d'entrer silencieusement. Le petit groupe se retrouva donc au complet à l'intérieur de la petite salle, et la femme referma la porte derrière eux.

Une fois à l'intérieur, l'équipe risquait donc d'être coupée du monde. Tout comme l'était le groupe de réfugiés à l'intérieur. Mais comment voulaient-ils se sortir de cette situation? Sortir du hangar était quasi mission impossible, y entrer l'était aussi. Et leur comportement n'aidait en rien, augmentant seulement la haine des anti-mutant et l'impatience des forces de l'ordre. D'ailleurs, ceux-ci avaient de plus en plus de mal à contenir la foule. Tout le monde était d'accord pour dire qu'il était temps d'y aller.

"Ah oui, oui ... " Répondit la jeune fille à Cobalt, comme si le conseil qu'il venait de lui donner allait de soi.

De toutes les manières, elle se serait agrippée à quelqu'un avant de rentrer dans le hangar. Mais qu'on lui propose spontanément la rassura un peu. Elle se positionna donc derrière le grand mutant qui prévint rapidement les immigrés de leur présence. Avec sa voix robotique, il ressemblait à un extra-terrestre débarqué fraichement sur la planète bleue. Extra-terrestre qui n'était visiblement pas le bienvenue puisque la réponse qu'ils obtinrent ne fut pas des plus encourageante. Luther insista et finalement, la porte s'entre-ouvrit pour les laisser passer. Lucy se mit sur la pointe des pieds pour pouvoir apercevoir par dessus l'épaule de Yanis celle qui répondait à leur appel.

La mutante lui fit un sourire timide en passant devant elle. Ils étaient à présent dans le pré-fabriqué, sorte de sas avant le hangar. Une première étape de franchi. Toujours derrière Cobalt, Lucy se décala légèrement pour pouvoir parler à la jeune femme.

"On vient vous aider, dit elle de sa petite voix, reprenant les mêmes termes de Jade sans le faire exprès. En fait ... Il y a du monde dehors qui veut aussi vous aider. Une ONG ... Tout est organisé et prêt. Il suffit juste de nous donner le feu vert ... Enfin, j'veux dire ... à moins que ... Pourquoi ils en viendraient aux mains ?" Finit elle par demander un peu ahurit comme si la phrase que la jeune femme venait de prononcer venait de faire enfin son chemin vers le cerveau de Lucy.

Qu'ils soient sous pression lui paraissait tout à fait normal, mais qu'ils en viennent aux mains entre eux ne lui était pas encore venue à l'esprit.

- La plupart son persuadés que c'est un piège, que vous allez nous renvoyer au Mexique. Surtout Javier et Alejandro. Mikaela et Francesco pensent qu'on n'a plus rien à perdre, mais ce sont les...

Les éclats de voix, tous en espagnol, s'étaient intensifiés, et un grand choc aux résonances métalliquesl'interrompit, avant qu'une voix ne crie distinctement Maria !. La femme sursauta, et se précipita vers le passage qui donnait sur le hangar, situé au fond à droite du préfabriqué lorsque l'on se tenait debout dos à l'entrée.

Lucas n’eut pas le loisir de finir son speech : un choc violent le propulsa contre le montant de l’entrée. Les quatre autres élèves suivirent la dénommée Maria vers l’entrée du hangar, et purent ainsi voir ce qui s’était passé. La responsable était une sphère lisse, de la taille d’une balle de handball, qui, une fois son forfait accompli retourna en orbite autour d’un homme portant un bonnet, qui se trouvait au centre de la pièce.

Spoiler:

Autour de la salle, une rampe surélevée métallique – dont l’échelle d’accès était cassée et alignée contre le mur Nord – faisait le tour des trois quarts du hangar. La salle contenait cinq containers visiblement très anciens. Sur l’un d’eux, une femme était assise, et regardait silencieusement la scène.

Spoiler:

Un second était sur le flanc, sans doute responsable du boucan entendu précédemment. La grande porte du Mur Nord avait été d’une manière ou d’une autre hermétiquement scellée – à tel point que le jour ne filtrait même plus par en-dessous. Il en était de même pour les issues latérales., qui semblaient entourées d’une substance d’aspect visqueux.
Un troisième container avait été aménagé en abri, après avoir été ouvert et – probablement – vidé de son contenu. Un homme et trois enfants s’y trouvaient.

Spoiler:

Au milieu, à côté de l’homme au bonnet, se trouvaient deux autres personnes, dont un jeune adolescent, qui partageaient visiblement un lien de parenté.

Spoiler:

Face à eux, se trouvaient un homme et une femme assis sur le sol comme s’ils avaient subi le même genre de choc que Lucas. Maria alla les rejoindre et les aida à se relever.

Spoiler:

C’est le jeune homme brun – le grand frère - qui prit la parole.

- Alors c’est ça votre ruse pour nous renvoyer en enfer ?



[HRP : Le Plan des lieux. Modifié au fur et à mesure s’il se passe quelque chose de vraiment important. La différence de taille des ronds ne signifie pas que vous êtes plus grands que tout le monde.]

Spoiler:

Leur entrée dans le bâtiment ne fit que grimper la tension. A en juger par le vacarme qui provenait d’après le préfabriqué, les mutants réfugiés étaient eux même en conflit entre eux et un bruit sourd mit fin aux discussions. Un nom fut crié et l’interlocutrice du petit groupe d’intervention se précipita alors à l’intérieur du hangar. Lucas lui emboita le pas comme une flèche et Jade suivit ensuite ainsi que le reste du groupe. A peine passèrent ils la porte qui les séparaient de la pièce suivante qu’ils furent accueillis par un lâcher de Lucas volant. Le jeune homme passa à quelque centimètres de Jade avant de s’écraser.

"Lucas!" Cria-t-elle, interdite.

Elle tourna vivement la tête vers la provenance du missile-en-forme-de-boule pour apercevoir un homme qui malgré son bonnet ridicule n’avait pas l’air commode. La dénommée Maria alla aider deux personnes à terre, probablement victimes du même sort que Lucas. Jade préféra laisser Maria calmer le jeu avant d’aller plus en avant, elle décida justement d’aller voir l’état de santé de son petit ami. Elle se précipita donc pour l’aider à se relever. Elle lui caressa le visage comme si elle craignait qu’il ait de la fièvre. Puis elle parla à mi voix, presque pour elle.

"Je suis une fille, je suis pas majeure, je suis mutante et je n’ai pas de force, mais je peux mordre très fort si on embête mon amoureux…"

Une fois cela vérifié, elle retourna plus en avant pour observer la populace locale qui était somme toute, très variée. Un container renversé semblait ne l’être que depuis quelques instants, et ce n’était surement pas quelqu’un qui l’avait poussé avec ses petits bras musclés, sauf s’ils comptaient un Monsieur Muscle parmi eux… Une femme était assise en haut d’un container et Jade se demanda comment elle avait pu réussir à grimper là haut. Derrière l’homme au bonnet M, un homme brun se tenait debout, avec un mini lui à côté, probablement son fils, ou son frère. Il prit la parole, il ne faisait apparemment pas partie de ceux qui étaient ravis de leur présence.

"Une ruse?.. Nous? Vous pouvez demander aux autres, je suis pas très douée pour ca…" Elle fit un sourire à son équipe puis reprit un air plus sérieux.

"Laissez nous une chance de vous aider, comme je l’ai dit, on est tout à fait neutre, on n’a rien à voir avec quiconque qui se trouve autour de ce bâtiment." Puis désignant les sacs que tenait Yanis : "On vous a apporté des vivres… On a une proposition à vous faire. Ne vous inquiétez pas, il n’est pas du tout question de vous ramener "en enfer", mais cela dit, il vous faudra y réfléchir rapidement, car le coin est pas loin de ressembler à un enfer, et dehors, ca ne s’arrange pas…"

L'homme au bonnet eut un rictus méprisant en entendant le cri du coeur d'adolescente de Jade. Pendant son petit speech, la balle qui était autour de lui se sépara en trois sphères plus petites qui continuaient à tourner en orbite autour de sa tête et de son torse.

- Je n'ai pas la moindre confiance en vous. J'ai vu les moyens mis en oeuvre pour nous arrêter et nous expulser, ou pire. Engager des adolescents pour nous attendrir, c'est presque pathétique.
- Mais, Alejandro, ils...

L'homme qui avait été mis à terre n'eut pas le temps de finir sa phrase
- Ta gueule, Francesco. Tu ne peux pas comprendre. Tu n'es même pas un des nôtres.

A ces mots, Maria lança un regard noir à l'homme au bonnet. La vitesse de rotation des billes autour du dénommé Alejandro s'accéléra, et, dans le container ouvert, l'homme attrapa les trois enfants et les tint à portée de bras.

Son entrée en matière avait donné des résultats médiocres, comme il s'en était douté. La tentative de Luther fut plus chanceuse, et le groupe put pénétrer dans le préfabriqué grâce à une certaine Maria.
Yanis observa silencieusement la jeune femme, puis la configuration de la pièce désaffectée. Au choc qui déstabilisa Lucas, l'Algérien se rangea à l'avis de leur "hôtesse" : les manifestants au dehors ne semblaient pas être la menace principale qui planait sur ce groupe, en pleine scission interne.

Jade vola au secours de son petit ami, aussi le nano-mutant se concentra-t-il sur la scène qui se déroulait dans le hangar. Survolant chaque visage du regard, il conclut que les réfugiés étaient à cran. Ils étaient également hostiles à leur aide.
Shenzie leur avait demandé de faire preuve de diplomatie, mais les mots pacifistes qu'il avait employés à l'entrée n'avaient pas fait mouche. Durant son errance, il avait toujours fait parler son instinct de survie pour se protéger. Ces gens faisaient de même. L'Algérien décida donc de s'adresser à cet instinct.

"Votre situation est plus pathétique que la nôtre. Vous entendez ces gens dehors ? La police ne les contiendra pas indéfiniment. S'ils attaquent, pouvoirs ou pas, vous ne vous en sortirez pas tous vivants, humains ou mutants. Vous voulez leur faire courir ce risque ?" dit-il de sa voix mécanique, en désignant le trio d'enfant dans le container renversé. Ils avaient sûrement tout quitté pour une vie meilleure, tentant le tout pour le tout. Mais la foule ne ferait aucune distinction lorsqu'elle déferlerait sur le hangar. Ils y passeraient tous, humains ou mutants. En se mettant à leur place, il se représentait le type de dilemme en cause : quel était le plus grand risque, faire confiance à l'Institut, ou miser sur... leur chance ?

Tout en parlant, Cobalt avait posé un genou à terre sans geste brusque pour faire glisser un à un les sacs de nourriture sur le sol. Trois du côté du container abritant les trois petits, et un du côté du petit frère, sur la gauche. Allah avait probablement destiné ces quatre rations aux plus fragiles de ces exilés, c'était le plus logique. Viendraient ensuite les femmes, mais tant que le chef ne leur ferait pas confiance, les mutants ne pourraient rien pour elles.

La jeune femme n'eut même pas le temps de finir son explication qu'on l'appelait déjà, de manière un peu alarmé. Lucas en profita pour lui emboiter le pas. Et pas conséquent, tout le monde suivit, Lucy restant en arrière. Alors qu'elle mettait un premier pied dans le hangar, elle vit du coin de l'oeil Rock propulsé contre le mur. Elle fit un écart sur le côté, avant de le regarder, effarée par ce brutal accueil. Jade se précipita sur lui, s'assurant qu'il allait bien avant de tenter une nouvelle fois de raisonner les immigrés. Visiblement, elle ne leur paraissait pas très convaincante ...

Détachant son regard de Lucas, Lucy regarda enfin le hangar et ses occupants, éparpillés un peu partout. L'homme au bonnet avec ses drôles de sphères semblait s'être déclaré leader - despote - du groupe. Si la plupart semblaient jeunes, il n'en restait pas moins qu'il y avait quatre enfants, dont trois qui étaient sur le point de se faire maltraité par un homme à la force assez impressionnante. L'équipe était sur la mauvaise voie pour se faire entendre et il était urgent qu'ils y arrivent. La tension n'arrêtait pas de monter.

La mutante observa ensuite les lieux. Tout était en ferraille. C'était plutôt bon signe en ce qui la concernait. Si par malheur, ils devaient faire appel à leur pouvoir, elle saurait où puiser ses ressources. En revanche la plupart des éléments étaient d'une grosseur qu'il lui était encore impossible à manipuler ...

"Euh ... Bonjour ! Commença la jeune blonde avec un petit signe de la main et en s'avançant prudemment à côté de Yanis. En réalité, on nous à envoyé parce que nous sommes également mutant … Voilà …"

Lucy crut bon de le souligner, même si la voix de Cobalt et l'aspect de Rock ne pouvait plus laisser de doutes.

" Et puis, en fait ... On veut pas vous envoyer en enfer, mais juste au Canada. Je l'ai déjà expliqué à la dame. Il y a une ONG qui est prête à vous emmener par jet jusque là-bas. Ils vous donneront même un visa ... C'est une chance énorme."

Elle regarda d'un air un peu suppliant l'homme qui tenait les enfants puis l'homme au bonnet, son regard fixant avec inquiétude les sphères qui tournoyaient autour de lui.

"Dehors c'est la folie ... Vous l'entendez bien, non ? Si vous ne choisissez pas cette option, comment voulez vous sortir d'ici ?"

Ils étaient finalement entrés, et ce n'était pas particulièrement réjouissant à voir. Il y avait plein de monde. Et ils étaient stupides. Aussi stupides qu'une bête acculée en fait. Agressifs, prêts à mordre, et pas prêt d'utiliser leurs cerveaux.

Luther s'emporta alors. Bizarrement, il ne s'adressait pas au plus agressif du lot -quoiqu'il le gardait sous sa surveillance du coin de l'œil- mais plutôt à la cantonnade.

"Câline ! Je sais que vous avez fait une longue route, mais je vais quand même vous parlez dans le casque !

Checkez-nous donc ben ! On a à peine 20 ans d'âge, on est tous des mutants, culottés comme des clowns et on vient vous apporter de la nourriture et placoter ! Ça se pourrait-tu que vous ouvriez un peu vos oreilles ?

Voilà le plan de situation : y'a des gens dehors, y veulent juste vous tuer. Nous là, on veut vous arranger une ride jusqu'au Canada. Et le Canada, c'est une place cool, croyez-moi, j'en viens.

Maintenant vous avez deux choix : soit vous faites redescendre les hormones, et on discute calme, et vous finissez votre trip au Canada, libres et tranquilles, sécurité garantie ; soit on crisse notre camp de là, et on vous laisse vous dépatouiller avec les morons du Texas qui veulent juste vous arracher la tête."

Il s'adressa alors à ses coéquipiers, selon la technique bien connue de parler de quelqu'un sous son nez pour qu'il entende, sans lui parler directement.

"Now, n'oubliez pas qu'on est là juste pour les aider. Pas pour se battre. S'ils veulent pas de notre aide, on ne pourra pas le faire malgré eux, donc on se casse s'ils refusent.

De toutes façons, s'ils ne veulent pas de notre aide, c'est qu'ils sont trop stupides, et je suis assez patriote pour refuser que des gens stupides aillent dans mon pays."

Il se tourna à nouveau vers les autres mutants, en particulier l'autre agressif, et se tint prêt à lever ses boucliers et contre-mesures, au cas où il passerait à l'attaque pour faire taire une gueule trop grande pour son esprit trop petit.

Les essais diplomatiques des élèves ne parvinrent pas à calmer Alejandro, qui semblait dangereusement paranoïaque.

- Vous mentez ! Vous allez nous livrer à ces dingues, ils vont nous mettre en charpie !

Le grand frère, à ses côtés, se rangeait à son avis, mais l'adolescent semblait hésiter. Maria, Francesco et la femme à leurs côtés s'étaient relevés, et se déplaçaient en direction des enfants et de l'homme qui les protégeait de ses bras.

Le grand frère tourna la tête vers la femme debout sur le container, qui regardait imperturbablement la scène se dérouler sous ses yeux.

- Elma, qu'est-ce que tu en penses ? Ils ne sont pas dignes de confiance...

La dénommée Elma resta silencieuse. Puis elle secoua la tête, et se téléporta aux côtés du groupe de "favorables" à l'Institut.

- On n'a plus le temps de douter, Javier. Les gosses meurent de faim.

Cette prise de position enragea littéralement Alejandro et Javier. Voyant cela, la femme aux côtés de Maria et Francesco s'adressa au petit frère.

- Rafael, reste calme, ne t'énerve pas, surtout, ne t'énerve pas...

Ce qui calma légèrement l'adolescent qui commençait à paniquer devant l'imminence du combat. En effet, les trois balles d'Alejandro se propulsèrent à grande vitesse en direction de Lucy, Yanis et Luther, tandis que les mains de Javier semblaient commencer à émettre un liquide gluant.

Spoiler:

Luther aurait poussé un soupir de désapprobation si les choses n'avaient pas été aussi vite. De toute évidence, l'autre avec ses boules était un petit chef agressif. Un peu trop.
Les autres n'étaient pas d'accord.

Et que fait l'honnête citoyen quand un roquet est trop agressif ? il le castre.

Luther matérialisa trois sphères autour des fameuses boules, pour les intercepter, et les immobiliser.

La multiplicité des cibles permit au Québecois d'immobiliser efficacement deux des projectiles, mais loupa celle destinée à Yanis qui la reçut de plein fouet et se retrouva assis par terre, sonné.

Javier, lui, tendait désormais un bras dans leur direction.

Il n'avait plus qu'à espérer que les autres suivraient ses conseils, et s'en iraient. Des nouilles pareilles ne méritaient pas d'être protégés par les gendarmes montés. Les autres étaient à peu près honnêtes, mais un philosophe autrichien avait un jour dit que le monde ne serait pas détruit par ceux qui y font le mal, mais par ceux qui regardent sans rien faire.

Ou bien était-ce un physicien...

Vraisemblablement, le dénommé Alejandro s’était proclamé leader de cette bande décomposée. Mais plus qu’un leader, il jouait plutôt au tyran, imposant ses points de vue qui n’allaient pas du tout pour l’intérêt du groupe. Rapidement l’ambiance se fit plus hostile et le groupe de réfugiés se scinda en deux. Alejandro, décidément de plus en plus bête, attaqua. Il envoya ses projectiles vers le groupe, Luther en intercepta deux avec son pouvoir, mais ne parvint pas à avoir le troisième qui atteignit Yanis de plein fouet.

"Yanis!" Cria Jade, avant de se tournée énervée vers les attaquant dont un deuxième s’apprêtait visiblement à attaquer à son tour.

Il allait voir qu’il n’était pas le seul à savoir manipuler des boules, d’autant que Jade en avait de semblables… Cela dit, elles n’avaient pas le même effet, et la jeune fille comptait bien essayer de calmer un peu le jeu en les déstabilisants. Ainsi, elle leva la main droite pour en faire jaillir une boule sombre qu’elle lança en direction du petit groupe des 3 butés. Le but était bien sur de les plonger dans le noir et d’éventuellement pouvoir permettre aux enfants de prendre la fuite. Elle savait qu’elle pouvait rectifier légèrement la trajectoire par la pensée au cas où elle n’allait pas précisément où il fallait, elle veilla donc à cela. Pendant que Lucas donnait quelques instructions.

Jade nota cependant que le garçon qui était avec les deux attaquants avait l’air de ne pas savoir où donner de la tête. Il suivait l’avais de son grand frère, rien de plus normal à son âge, mais cela sembla inquiéter tout particulièrement la femme à côté de Maria. Qu’avait il de si spécial qui faisait qu’il ne devait pas s’énerver? Un rapport avec son pouvoir?..

Leur job commençait à avancer. Déjà la moitié des clandestins acceptait leur aide. L'autre partie était récalcitrante. Et pas qu'un peu. Ils en devenaient vraiment très agressifs, avec un côté paranoïaque et buté plutôt inquiétant. Ils ressemblaient à des roquets prêts à sauter sur n'importe quoi sans vraiment se poser de questions.

L'homme au bonnet refit donc un tour avec ses boules. Mais cette fois ci, Lucy faisait partie du lot visé. Elle recula d'un ou deux pas, l'action ayant été trop rapide pour qu'elle puisse faire quoi que ce soit d'intelligent. Luther prit donc les devants en arrêtant deux sphères. Mais la troisième heurta de plein fouet Yanis qui s'écroula à son tour à terre, aux côtés de Lucas.

La jeune fille s'accroupit prêt de lui, ne prêtant plus attention à leur agresseur pour s'assurer que le mutant allait bien. Lucas qui perdait patience se dirigeait déjà vers la sortie, invitant les volontaire à l'imiter. Il avait raison, ils ne pouvaient pas se permettent d'attendre que les trois butés se décides. Jade riposta et Lucy fit signe aux autres clandestins de venir les rejoindre.

Elle se tourna particulièrement vers le jeune adolescent, visiblement tiraillé entre le désir de suivre son frère et celui de sortir du hangar. Elle même oscillant entre la peur de se faire attaquer et l'envie de sortir d'ici avec les clandestins, tous sain et sauf, risqua quelques pas en avant. Ayant repéré l'échelle d'accès à la rampe cassée, elle était prête à utiliser son pouvoir dessus pour se proteger au moindre mouvements suspects, ou même à protéger de leur tyrans les clandestins prêt à quitter les lieux.

"Venez, il faut que vous sortiez d'ici. Dit elle avec la mine la plus encourageant qu'elle pouvait faire en ces instants. Si vous restez, c'est à la foule que vous aurez à faire ..."

Le groupe hostile à l'Institut refusait d'entendre raison. Leur leader les attaqua et avant d'avoir pu faire quoi que ce soit, Yanis se retrouva au sol, le souffle coupé. Le mutant secoua la tête pour reprendre ses esprits. Son prénom retentit dans le hangar. Il ne s'y était pas attendu, de même qu'à la diligence de Lucy auprès de lui, et c'est ce qui contribua à lui remettre un peu les idées en place.

"C'est Cobalt en mission." répondit-il sans expression particulière, tout en portant instinctivement une main à son estomac. Il vérifia l'intégrité du groupe ; Luther et Lucy n'avaient rien. Le Québécois était parvenu à les protéger tous deux constata-t-il en scrutant la jeune fille de la tête aux pieds lorsqu'elle s'accroupit près de lui. Sa propre atteinte avait donc été rentabilisée. Bien.

Le nano-mutant crut déceler quelques inflexions irritées dans la voix de Rock. Le bilan de la situation était pourtant plutôt favorable. Yanis se releva. La majorité des immigrés envisageaient de les suivre, et ils n'avaient été que superficiellement touchés, le LeX et lui. Le jeune homme nota néanmoins que malgré la faim qui tenaillait les Mexicains, personne n'avait ouvert les rations qu'il avait fait passer au sol. Lucas sonna d'ailleurs la retraite tandis que sa petite amie s'avançait dans l'intention d'utiliser son pouvoir. Après une analyse rapide, il estima que le geste de Jade était malavisé compte tenu de l'état psychologique du jeune garçon, mais il était probablement trop tard pour faire marche arrière. Toujours était-il que l'Algérien ne considérait pas la tâche confiée par Shenzie comme accomplie. Plutôt que de battre en retraite, il fit quelques pas en avant pour se placer entre le groupe hostile, le groupe favorable et le groupe de l'Institut, afin de couvrir le déplacement et la retraite de ceux qui quitteraient le bâtiment, élèves et Mexicains confondus ; il n'allait quand même pas laisser Alloy seule. Il veilla toutefois à rester à distance appréciable d'Alejandro et Javier. Les immigrés étaient venus en groupe, il espérait que les fortes têtes finiraient par se rallier à la majorité, par peur de faire cavaliers seuls. Dans le cas contraire, il faudrait trouver un autre moyen de les convaincre.

Ce faisant, il essaya de répliquer une targe sur son avant-bras gauche, afin de pouvoir se protéger contre une éventuelle attaque de l'homme au bonnet.

La proposition de Lucas fut suivie par l'homme du container, qui entraîna les trois enfants dans le préfabriqué en direction de la sortie, suivi par la téléporteuse. Lorsqu'il passa près de lui, Rock put sentir un champ de force le repousser, et il comprit que c'était pour cette raison qu'il cherchait à tous prix à rester à proximité des enfants. Yanis, lui, modélisa son objet défense et s'avança face aux réfractaires.

La superbe sphère d'ombre créée par Jade parvint au niveau du groupe des trois résistants, dont la visibilité diminua sensiblement, empêchant entre autres l'ado de voir Lucy. L'homme au bonnet, Alejandro, récupéra sa boule rescapée de la défense de Luther, mais sa vision obscurcie ne lui permit pas de lancer une nouvelle offensive. A la place, elle se divisa de nouveau en deux plus petites - mais moins puissantes - pendant que celles emprisonnées semblaient s'agiter dans la prison créée par le Québecois.

Cependant, Jade ne fut pas attaquée par un membre du groupe des trois, mais par l'homme qui semblait leur avoir tenu tête, Francesco. Pour être plus précis, il l'attrapa par le col et la secoua intensément.

- Arrête ça ! Tout de suite ! Tu veux tous nous tuer ?

La femme à côté de lui semblait elle aussi paniquée, mais continuait à tenter de calmer l'adolescent, qui s'agitait sur place en essayant vainement de chasser l'ombre.

- Reste avec moi, Rafael, ce n'est rien, reste calme...

Mais tous les élèves présents purent avoir la très nette impression que la température montait. D'une manière...particulière. Comme si la chaleur émanait d'eux-mêmes.

Des mains de Javier jaillit simultanément un liquide collant qu'il ne put diriger avec précision, faute de visibilité. Mais l'adhésif semblait particulièrement efficace, et il dirigeait son flux à l'aveuglette à travers la zone d'ombre de Jade, créant de petites flaques autour de l'endroit où s'était avancé Yanis, flaques dans lesquelles il serait sans doute peu malin de marcher.

Spoiler: