[Mission Roberta]Hangar à mutants

Par chance, Twin avait rapidement réagi à la montée de chaleur qui s'était fait ressentir autour de l'équipe. Si ses déductions étaient exactes, le dénommé Rafael en était la cause. La deuxième femme s'était d'ailleurs attachée assez rapidement à établir le contact oral avec lui. Il y avait quelque chose dont les Mexicains en fuite n'avaient pas pris le temps de les informer, et cette bombe à retardement risquait bien de faire sauter le hangar et tous ses occupants, y compris eux. Finalement, c'était peut-être ce gosse qui avait vaporisé le carburant des flics.
Les deux hommes belliqueux semblaient trop remontés pour s'en préoccuper, en tout cas. Toujours là où il s'était posté, Yanis les observa sortir de la zone d'ombre tout en essayant d'évaluer la menace prioritaire. Après un court instant, il rendit son verdict.

"Rafael, ne reste pas au milieu, c'est dangereux." lança Yanis au garçon, en pointant du doigt les flaques étranges produites par son frère. "Viens vers Elma et moi, on va te sortir de là." ajouta-t-il en tendant sa main droite vers le jeune mutant, le bras gauche toujours prêt à parer un projectile. Il n'avait certainement rien du meilleur copain chaleureux, mais vu la peur panique que l'Algérien avait lue sur son visage, Rafael choisirait peut-être la sécurité. La sécurité, c'est ce qu'ils cherchaient tous, après tout. Il connaissait la téléporteuse, Elma, qui se trouvait non loin de Yanis, puisqu'il avait voyagé avec elle. De plus, c'était une femme, et son opinion sur l'état de santé des petits montrait qu'elle avait la tête sur les épaules. Le mutant avait volontairement utilisé son prénom pour contrebalancer l'effet plutôt négatif qu'avait sa propre voix en général, et s'était associé à elle pour prouver une fois de plus la bonne foi du groupe.

Il jeta un oeil par dessus son épaule pour établir le contact visuel avec ladite Elma, espérant qu'elle le soutiendrait dans sa démarche. Si ça tournait à l'aigre, elle serait peut-être en mesure de téléporter le petit à l'abri.

Et comme la situation était trop facile, il fallait que l'un des immigrants soit une bombe a retardement, incontrôlable. Lucy qui détestait la chaleur, ne put que râler en sentant la température monter anormalement dans le hangar. Tout le monde se rendit vite compte que le énième danger auquel l'équipe devait faire face venait de l'adolescent. Jade réagit et rendit la vue au garçon qui se calma et par la même occasion stoppa la vague de chaleur. Après les enfants, l'adolescent était devenu une autre de leur priorité.

Quant à Javier et Alejandro, ils se séparèrent pour sortir de cette soudaine zone d'ombre. Leur cécité temporaire les empêcha cependant d'utiliser correctement leurs pouvoirs. Une chance. Fallait il les laisser là ? Ou les obliger à venir ? Quitte à se montrer bien plus violent que Lucy l'aurait imaginé ? Le seul soucis, c'est que la violence chez la jeune mutante n'était pas du tout innée, même lorsqu'il s'agissait de sauver la vie de quelqu'un.

Alors que Lucas tentait quelque chose avec Alejandro, Lucy se tourna vers Javier. C'était les plus réticents et la jeune fille était persuadée que si eux se laissaient convaincre, ceux qui restaient encore dans le hangar ne tarderaient pas à suivre également. Avant de tenter une fois encore la parlotte, Lucy jeta un regard vers Luther. Si cette dernière tentative échouait, pourrait elle compter sur le jeune homme pour sortir le clandestin par la force ?

"Pratiquement tout le monde est sorti ! Vous n'allez tout de même pas rester ici, non ? Qu'est ce qui vous permettrait de vous sentir en confiance ? Que voulez vous de plus qu'un aller gratuit pour le Canada avec l'assurance d'y être accueilli ?"

Luther poussa un profond soupir. Ça patinait dans la semoule... Bon, certes, ça avançait un peu, les réfugiés commençaient à sortir, mais il y avait encore des fortes têtes. Plus ou moins niais ou agressifs, à en juger par la désagréable sensation de chaleur qui s'estompa rapidement.

Il n'y avait malheureusement rien de spécial à faire et, histoire de ne pas ajouter sa voix à la cacophonie qui ne manquerait pas de se déclencher face au refus obstiné des deux crétins de service de bien vouloir se donner la peine de leur faire confiance, Luther préféra hausser les épaules et se taire.

Il matérialisa un petit couvercle psy au dessus des émanations gluantes qui constellaient le sol, puis pointa du doigt la porte, exprimant de cette façon sa profonde lassitude face à la situation totalement bloquée. Il n'avait qu'une envie : crisser son camp. Et tant pis pour les Mexicains. Les niaiseux n'étaient pas les bienvenus au Canada.

En entendant prononcer son nom par Yanis, Elma revint en arrière et s'arrêta à côté de l'Algérien. Alejandro et Javier étaient hors de contrôle, et semblaient avoir pour seul objectif de tenter d'éliminer les jeunes mutants. Elle ferma brièvement les yeux et secoua la tête, dépitée par le tour que prenaient les évènements. Puis elle regarda Rafael, et l'adolescent fut téléporté dans le préfabriqué, aux côtés des autres enfants et de l'homme qui les protégeait.

Il semblait quelque peu ahuri, mais la téléporteuse lui désigna la porte avec autorité, et le petit groupe sortit du hangar calmement. L'homme prenait toutefois garde à ce que les quatre jeunes restent à sa proximité immédiate.

Maria, Francesco et la troisième femme passèrent également dans le préfabriqué, en s'aidant des protections créées par Luther. Elma glissa quelques mots à cette dernière lorsqu'elle fut proche d'elle

- Mikaela, calme Rafael. Paco a déjà beaucoup à faire.

Celle-ci hocha la tête, et ils sortirent à leur tour.

Pendant ce temps, Alejandro avait été déséquilibré par la secousse de Lucas, et Javier semblait hébété devant la disparition de son frère. Il pointa le doigt en direction d'Elma, d'un air menaçant.

- Tu...tu as...

Mais il ne put terminer sa phrase et s'effondra en sanglotant, pendant qu'Alejandro se relevait, toujours prêt à en découdre, et plus énervé que jamais. Alors qu'il s'apprêtait à lancer une nouvelle attaque, une clameur monta de l'extérieur du hangar, remplacée rapidement par des cris et des bruits de projectiles sur les murs et le toit du préfabriqué.

- Allez voir ce qui se passe ! Je m'occupe d'eux...

Elma s'était avancée au milieu du hangar. Visiblement, elle n'avait pas du tout peur du mutant au bonnet.

Yanis ne s'était pas trompé sur la fibre d'Elma. Cette femme en avait dans la tête et dans le pantalon. Les derniers Mexicains amicaux étaient à l'abri du préfabriqué. Yanis rechignait à laisser une personne en arrière, à plus forte raison une femme, aussi courageuse soit-elle. Mais les bruits qui provenaient de l'extérieur ne leur laissaient pas énormément le choix. Il y avait 4 enfants et 2 femmes à protéger de l'autre côté, et contre une foule enragée... Les chiffres parlaient d'eux-mêmes.

S'éloignant à reculons, Cobalt lui adressa un regard soutenu, puis hocha simplement la tête avant de se diriger vers le préfabriqué en faisant signe à Lucy de le suivre.
Une fois rendu, il s'adressa à leurs colis.

"Tout le monde garde son sang-froid." dit-il calmement de sa voix frigorifique. C'était facile à dire pour lui, son sang était déjà froid.

"Ca commence à dégénérer dehors. Il faut s'organiser." dit-il en scrutant l'assemblée, mutants et humains, Institut et Mexicains confondus. Son regard acéré s'arrêta sur les membres de l'équipe. Leur composition ne leur permettait pas une retraite "à la mutante". Ils allaient devoir user d'autres moyens pour sortir tout ce petit monde en un seul morceau. Il observa le préfabriqué, son oeil de dessinateur s'arrêtant quelques instants sur la drôle de frise désertique peinte sur les murs.

"Vous. Maria." dit-il en s'adressant à la jeune femme qui leur avait ouvert la porte. "Vous avez fait quelque chose avec le pouvoir de Synergy." dit-il en désignant Luther de la main. "Vous jouez avec les couleurs ? Vous sauriez nous camoufler ?" s'enquit-il tout en s'approchant des armoires métalliques de la pièce. Il toqua sur la surface d'une armoire pour tenter d'évaluer l'épaisseur des panneaux qui la composaient.

"Alloy, tu penses pouvoir nous aider à dégonder les portes des armoires ?" demanda-t-il à la jeune fille. Il fit un rapide calcul puis reprit la parole. Le temps pressait.

"Voilà mon idée : Synergy embarque les femmes et les enfants dans une bulle protectrice. Les deux hommes, Alloy, Twin, Rock et moi, on forme un deuxième cercle autour avec chacun une porte comme bouclier. Si Maria peut nous camoufler, ça nous aidera, et si la foule nous voit quand même, Twin pourra couvrir notre fuite. Si quelqu'un d'autre sait faire quelque chose d'utile, c'est le moment de le dire."

C'était du bricolage improvisé, mais à moins d'avoir une meilleure idée immédiatement applicable et présentant moins de risques pour les colis fragiles, ils devraient quitter le bâtiment dans les plus brefs délais avant que la police ne cède. Quant à Elma, il espérait qu'elle saurait les rejoindre, si possible avec les deux gaillards.

"Si Elma et les autres ne sortent pas rapidement, je retournerai les chercher."

Il s'était engagé pour lui seul. Les autres garçons de l'équipe avaient décidé de sonner la retraite sans les deux mutants récalcitrants. En l'état actuel des choses, il se voyait mal promettre aux Mexicains qu'ils risqueraient tous leur peau pour les deux mutants violents.

Comme Lucy s'y était attendue, ses paroles n'eurent aucun effet sur Javier. Ce n'est que lorsque son frère disparu comme par enchantement qu'il baissa finalement les bras. Il lâcha même les vannes et se mit à sangloter.

"Oh, non !" Murmura Lucy en le voyant s'effondrer devant elle. Elle eut le reflex d'aller de l'avant, vers le jeune homme, mais son mouvement fut stoppé par Yanis qui lui faisait signe de venir avec lui. Quelque peu hésitante, elle suivit son coéquipier dans le préfabriqué, les bruits de projectiles ne lui laissait plus aucun doute. Un dernier regard compatissant pour Javier. La jeune femme avait déjà occulté le fait qu'il voulait leur faire la peau quelques instants avant.

Yanis décida de prendre le contrôle de la situation. Et ca commençait pas "garder son sang froid", comme il disait. Cela aurait pu avoir un impacte, même infime sur le stress de Lucy, mais sa voix métallique ne dégageait aucune chaleur. Chose que la jeune mutante avait le plus besoin en cet instant. Cela lui permit juste de ne pas trop se tordre les doigts.

Elle sursauta lorsque Yanis lui demanda si elle pouvait s'occuper des portes de placards. Elle ne comprit pas tout de suite où il voulait en venir jusqu'à ce qu'il leur explique son plan.

"Oui ... Je crois que ca peut se faire ... "

Ne perdant pas de temps, elle s'approcha d'une armoire déjà ouverte et manipula manuellement la porte. Ce n'était que des armoires rien de bien lourd, n'est ce pas ? Elle secoua les bras comme pour se détendre puis se concentra sur la première porte qu'elle tenta d'enlever de ses gonds. Économie d'énergie sans perte de temps. Elle en avait tout de même six à démonter.

Elle parvint ainsi à ôter quatre portes, qui n'étaient pas particulièrement lourdes, mais très encombrantes. La troisième armoire s'avéra être en matière plastique, ce qui expliquait sa qualité apparente déplorable. Lucy ne put la dégonder.

Elma semblait vouloir prendre les choses en main, concernant ses deux "compagnons". Après tout, elle les connaissait surement mieux que les nouveaux arrivants et arriverait probablement plus à les calmer, ou à les mater, qu’eux. Ce qui était à prévoir et à redouter semblait être engagé. Compte tenu des bruits, les assaillants semblaient avoir réussi à forcer les barrières de police, ou à avoir trouvé une faille. La jeune fille ouvrit de grands yeux lorsqu’une chose lui traversa l’esprit.

*Raphaël!..*

Si le jeune garçon recommençait à paniquer –et il y aurait de quoi…- il pourrait bien tous les tuer, TOUS, avec son étrange pouvoir. Ceci pouvant arriver si la foule, elle-même, ne les lynchait pas tous avant… Une fois entre les deux enfers, dans le préfabriqué, c’est Yanis qui prit l’initiative, initiative qui fut particulièrement bien accueillie par Jade qui ne savait plus vraiment où donner de la tête dans toute cette pagaille. Elle écouta attentivement le plan d’action de Yanis que Lucy mit rapidement à exécution.

Pendant qu’elle défaisait les gonds, Jade regarda un peu les enfants présents, d’un regard désolé. Elle s’approcha doucement du petit groupe, les bras croisés, mais un sourire aux lèvres. Elle se doutait qu’ils ne devaient pas être très rassurés, et il fallait veiller en particulier sur Rafael.

"Salut!" Dit elle en s’accroupissant "Moi, on m’appelle Twin! C’est quoi vos petits noms?" Elle jeta un regard à leur père qui ne devait pas être rassuré non plus, ainsi qu’aux autres Mexicains. "Vous savez, ca risque d’être assez compliqué, dehors. On va tout faire pour vous protéger, mais il faudra bien suivre le plan qu’on va mettre au point! Surtout, ne pas paniquer! Tout va bien se passer."

Elle regarda plus précisément Rafael :

"Je comprend que tu ne saches plus vraiment ce que tu doive faire. Ton frère ne nous fait pas confiance, mais j’espère qu’il retrouvera raison avant que ca ne devienne encore plus compliqué. Tu vas pouvoir aider, toi aussi. Tu vas essayer de tout faire pour contrôler tes émotions et ton pouvoir. Il va y avoir beaucoup de remue ménage dehors, mais tout va bien aller, d’accord? Si tu sens que tu as trop peur, penses très fort à ce qui te rend le plus heureux! Tu veux bien faire ca pour moi?"

Elle lui fit un large sourire et se releva pour parler à l’ensemble des Mexicains.

"Ne vous inquiétez pas, d’ici quelques heures, vous serez dans un vol confortable pour votre nouvelle vie au Canada! C’est bien le Canada, un de mes compagnons en vient" Elle regarda Luther en souriant et vit alors que Lucy avait terminé de démonter les 4 portes.

"Bien, il faudra être coordonnés. Pourriez-vous nous dire précisément les pouvoirs dont vous disposez dans votre groupe? Toute aide serait bienvenue…"

Les deux fous furieux paranoïaques ne cèderaient pas : ils ne voulaient plus défendre leur honneur, leur famille ou leurs amis, ils étaient tout simplement entrés dans une rage guerrière et destructrice qui ne se trouverait assouvie que lorsqu’ils auraient étalé les mutants de l’institut sur le sol du hangar. Leurs amis en prenaient visiblement conscience, et passaient petit à petit dans le préfabriqué, parés à fuir ce piège à rats où ils s’étaient volontairement cloitrés. Et il était drôlement temps de se tirer d’ici ! Les saletés d’anti-mutants s’impatientaient, dehors, et la violence commençait à prendre le dessus sur leurs barrières sociales. Eux aussi deviendraient rapidement des animaux ivres de sang. Le but de l’équipe était donc désormais de quitter les lieux au plus vite, en emmenant avec eux le plus grand nombre de rescapés du hangar, tel que l’avait conseillé Shenzie, assise bien confortablement dans son bureau d’espionne, au cœur de l’institut, surveillant les moindres faits et gestes des mutants…

Heureusement, dans tout ce capharnaüm, certains restaient sensés et altruistes. La dénommée Elma proposa de s’occuper de ses amis retors. Au moins ne l’attaqueraient-ils peut-être pas, elle.

C’est alors que Yanis exposa son plan. Il avait beau être totalement dénué de tout sentiment humain, ou de toute convenance sociale, il en avait dans la caboche, l’androïde. Son plan satisfaisait Lucas : il alliait habilement prudence, diplomatie et action, cocktail efficace lors d’une mission de ce genre. Il opina donc du chef à la proposition du mutant, pendant que Lucy partait arracher des portes d’armoires. Lorsqu’elle s’aperçut ne pas savoir en arracher plus de quatre, la dernière étant en plastique, piètre protection contre les caillasse et balles éventuelles des anti-mutants.

« Ça ira sans, pour moi. »

À l’extérieur, en plus, il n’aurait presque pas besoin de la couverture éventuelle de Maria : son costume de mission était dans des couleurs de terre, ocre et brun, ce qui lui permettrait de ne pas être trop rapidement repérable dans un environnement comme celui qui entourait le hangar. Il ne serait pas le phare qui attire els regards… Et au niveau protection, si ses compagnons se sentaient à l’abri derrière une faible couche métallique, ils le seraient moins que lui derrière sa peau de diamant, à n’en pas douter.

C’est dans cette optique qu’il décida de se mettre à l’avant de cette cohorte en mode ‘tortue défensive’, à l’instar des troupes romaines qui se barricadaient dans un rempart de boucliers pour échapper à toute intrusion ennemie. Lui serait en première ligne, et s’approcha de la porte du préfabriqué qui donnait sur l’extérieur, englobant les autres personnes présentes du regard pendant que Jade rassurait les plus jeune.

« Bon… On va y aller quand tout le monde sera là, tenez-vous prêts. »

Il entrouvrit alors la porte, attendant que tout le monde soit prêt pour mettre en mouvement la formation. Rock se tenait prêt à agir, pour la réussite de cette mission…

Bon, un peu d'esprit était revenu à l'intérieur du hangar, et manifestement, il avait été prélevé à l'extérieur du hangar, vu que la clameur augmentait. Le compte de cons était constant. Un perdu dedans, dix de retrouvés dehors.
Il fallait sortir, histoire de ne pas être faits comme des rats. Luther ne put accueillir qu'avec une certaine satisfaction l'initiative de mettre les voiles de ses coéquipiers.

Des boucliers avaient été improvisés.
"Laissez faire le pro !", se contenta-t-il d'ajouter, en matérialisant une sorte de tunnel, aussi long qu'il le pouvait, et large pour faire passer deux personnes de front, en sortie du préfabriqué.

Luther avait l'intention de faire autant d'allers-retour que nécessaire avec le couvercle pour mettre tout le monde en sécurité.

Les enfants regardaient Jade avec des grands yeux, à la fois intrigués et pleins d'espoir, puisque les étranges intrus semblaient ne pas leur vouloir de mal. Par contre, Paco, le créateur de bouclier, semblait un peu perplexe devant la demande de la jeune mutante de récapituler les pouvoirs.

- On les a déjà montrés, il me semble. Francesco n'est pas mutant, et les enfants sont trop petits.

Mikaela avait pris la main de Rafael, et lui chantonnait quelque chose, ce qui semblait le calmer profondément. Elle interrompit sa mélopée quelques instants, désireuse d'être plus communicative.

- Paco peut faire un bouclier, mais il s'occupera en priorité des enfants. Maria manipule les couleurs, Elma se téléporte, Rafael peut évaporer les liquides, et je suis empathe.

Elle reprit ensuite son chant, pendant que tout le monde se rassemblait devant la sortie, Lucas en tête. Maria restait silencieuse, mais donna aux portes une coloration semblable à celle du bitume, avant d'en saisir une. Francesco, Yanis et Lucy firent de même, suivant le plan de départ décidé par l'Algérien. Et Lucas ouvrit la porte.

Divers projectiles atterrissaient sur le chemin qu'ils devaient emprunter, mais à une cinquantaine de mètres, ils pouvaient voir les véhicules de police destinés à les amener à l'aérodrome. Sur la gauche, un cordon de gardiens de la paix tentait de maîtriser une foule de plus en plus pressante et violente.

Luther matérialisa un tunnel, mais si celui-ci était d'une largeur tout à fait convenable, il ne courait que sur trois mètres avant de devenir plus évanescent et de disparaître. Des bruits provenaient également du hangar, signe qu'Elma n'avait pas encore convaincu Alejandro.

Le petit groupe put avancer jusqu'à l'issue du tunnel de Luther, Lucas sous sa forme la plus résistante étant devant. Le suivaient Paco et les enfants, puis Rafael et Mikaela protégés par les portes de Francesco et Maria, et enfin Jade, Yanis, Lucy et Luther, protégés par l'Algérien et la Scandinave. Le Franco-Suédois reçut sans dommages un pavé sur l'épaule sitôt posé un pied hors de l'abri bleuté.

Devant le véhicule, Lawrence et Clarisse leur faisaient de grands signes du bras, leur disant de se dépêcher.

Il fallait qu'ils se dépêchent ? Ils en avaient de bonnes eux ! C'était pas ces bureaucrates d'on ne savait où qui étaient en train de tenir rien que par leur esprit une protection aussi énorme. C'était un gros effort pour Luther, mais il fallait qu'il tienne bon. La délivrance était proche, le tube d'aspirine aussi.

Luther fit avancer son tunnel de sorte que le groupe puisse encore parcourir trois mètres. Il avait l'intention de continuer jusqu'à arriver en sécurité.

La protection se matérialisa un peu plus loin, sous une pluie de projectiles. Mais l'utilisation continue du pouvoir pour la matérialisation d'un si grand objet commençait à fatiguer le Québecois.

En cet instant, il avait dans la tête l'image d'un ver de terre, avançant un segment après l'autre... Ou d'une de ces chenilles bizarres qui en faisaient de même. Rien de bien réjouissant.

Mais à la guerre, comme à la guerre !

Cobalt parut satisfait du travail de Lucy.

"Parfait." dit-il lorsqu'elle eut terminé. C'était sûrement ce qui s'approchait le plus de félicitations dans la bouche du cyber-mutant. La situation était loin d'être parfaite, mais c'était le cas depuis le début. L'idée sembla convenir à tout le monde, et l'ensemble des présents s'organisa conformément au plan.

L'incursion à l'extérieur commença et ce qui les attendait dehors était loin d'être une partie de plaisir. 3 mètres, puis 3 nouveaux mètres. C'était lent, très lent, trop lent. Un rapide calcul de la distance qui les séparait encore des véhicules lui permit d'estimer que les mutants auraient du mal à tous maintenir leur pouvoir uniformément jusqu'à l'arrivée du groupe sous la protection de la police. Il ne connaissait pas le niveau des Mexicains, mais 50 mètres, c'était quand même une petite distance pour se concentrer dans ces conditions.

"Twin, essaie de plonger la foule dans le noir. Si elle y arrive, on court tous en gardant la formation vers les voitures." lança-t-il au groupe.

Et ils sortirent tous, l’un après l’autre, tel que le plan qu’ils avaient mis au point le précisait. Leur petit groupe fut donc emmené à l’extérieur du hangar, Lucas en tête. Le tunnel de Luther trouva rapidement une fin. Un peu trop rapidement d’ailleurs. Rock arriva tellement vite au bout qu’il fut presque surpris de se ramasser un pavé sur l’épaule, ne lui causant aucun dommage, mis à part à sa belle combinaison de mission. Qu’à cela ne tienne, ce n’était pas le plus important. Leur temps était plus que jamais compté, en ce lieu hostile.

Luther recréa sa protection, mais le mutant ne tiendrait plus longtemps. Il fallait faire en sorte que ça avance plus vite, plus efficacement. Jade déchaina son pouvoir d’ombre, sans trop de résultat. En pleine journée par un tel soleil, aveugler des anti-mutants n’était guère une chose aisée.

Il fallait agir, et ne plus hésiter sur des considérations de discrétion quant à leurs pouvoirs. Se ces sagouins nationalistes perçaient le mur policier, ils y passeraient tous…Ou en tout cas, il y aurait de nombreux blessés dans un camp comme dans l’autre… Et Lucas n’avait aucune envie d’utiliser ses poings de diamant sur la foule, fut-elle extrémiste.

« Ok, j’vais lancer un léger séisme pour les perturber. Dès que je le dirai, filer en courant vers la voiture. Synergy, si t’as la force dresse ton tunnel pour en faire un rempart pour couvrir notre fuite plutôt qu’un tunnel… »

Il regarda les mutants et réfugiés présents. Tant que leur formation ne se brisait pas, ils parviendraient à la voiture.

« Maintenant ! »

En même temps que cette dernière parole, Lucas lança un séisme léger et – il l’espérait – déstabilisant sur la position des manifestants, prenant garde de ne pas gêner les policiers dans leur boulot. Ils devraient faire vite, désormais…

Derrière sa porte, Lucy n'en menait pas large. A moitié à croupie, elle suivait le mouvement, regardant avec une certaine panique les parpaings qui atterrissaient sur leur chemin. La fin du cauchemar arrivait. Elle voyait les deux agents à l'autre bout du tunnel qui leur faisait de grands signes. Lucy avait envie de leur crier de venir les aider, au lieu de s'exciter comme ils le faisaient. Il n'y avait pas deux ou trois agents des forces de l'ordre dans le coin qui pouvaient prêter leur bouclier, non ? Et puis de toute façon, il lui semblait préférable d'avancer plus lentement que de se précipiter dehors et de tout louper.

Ils allaient cependant faire face à un autre problème. Les pouvoirs de Luther atteignaient leurs limites et les quelques mètres qui les séparaient de la fin du voyage était trop grande pour être traversée sans risque.

Jade tenta une diversion. Pas assez efficace sur une foule en délire. Lucas tenta à nouveau de déstabiliser tout ce monde, demandant à Luther un dernier effort. Lucy elle, se demanda si elle ne pouvait pas faire à nouveau quelque chose avec ces portes en métal.

"Je peux peut être aider ... Attention, ca risque de devenir un petit peu plus lourd ... ou encombrant ... " Prévint elle de sa petite voix, absolument pas sur de ce qu'elle allait faire.

Elle attendit que le groupe soit pratiquement à la fin du tunnel pour se concentrer sur la porte que tenait Yanis et tenter de l'agrandir un maximum, prolongeant ainsi un pan du tunnel de Luther du mieux qu'elle pouvait.

Le tremblement de terre de Lucas ébranla les militants les plus proches du cordon de police - ainsi que les policiers situés devant, qui parvinrent d'extrême justesse à contenir la marée humaine. La porte agrandie par Lucy reçut tout de même une impressionnante quantité de projectiles, Luther ayant le bonheur d'être frappé à la tête par une chaussure usée, sans dégâts particuliers. Les mutants purent profiter du désordre engendré par le séisme pour accélérer en direction du véhicule. A trente mètres de l'arrivée, Elma et Javier apparurent au beau milieu du groupe. Elma avait un bleu au cou, signe que l'affrontement avec Alejandro n'avait pas été sans conséquences. Son visage était fermé.

Les deux frères rassemblés reprirent contenance, et tout le groupe courut jusqu'à l'inspecteur et à Clarisse qui firent s'engouffrer les Mexicains dans le Van, Clarisse les accompagnant en compagnie de son camarade qui gardait les sandwiches. Les élèves furent invités à monter dans deux véhicules de police chargés d'escorter les immigrés jusqu'à l'aérodrome. Le convoi s'ébranla sous les hurlements de la foule, les policiers décidant de battre en retraite, laissant les manifestants les plus enragés saccager le hangar, en sachant qu'il n'y avait plus grand chose à l'intérieur. Bientôt, le grondement devint murmure, et les véhicules parvinrent à côté d'une piste de décollage au bout de vingt petites minutes. Un jet se tenait à une extrémité. Plusieurs hommes et femmes portant des T-Shirts avec le logo de l'ONG de Clarisse les attendaient.

Les Mexicains semblaient impressionnés, mais résolus. Rafael et Javier ne se lâchaient plus, et tous montèrent dans l'avion les uns après les autres. Maria et Mikaela furent celles qui remercièrent avec le plus d'effusions les élèves, la seconde allant même jusqu'à étreindre Jade. Puis elles grimpèrent la rampe, Francesco saisissant la main de Maria pour l'inviter à rentrer dans l'avion. Clarisse fut la dernière à monter.

L'inspecteur Starling resta avec les élèves jusqu'après le décollage.

- Merci beaucoup pour votre aide. Je ferai un rapport à la dame qui vit avec vous, comment s'appelle-t-elle...Mrs Shenzie. Il sera élogieux.

Puis il les invita à monter dans le van, qui les amena jusqu'au X-Jet. Ils seraient à l'Institut avant la tombée de la nuit.

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Voici la fin de cette mission. Merci beaucoup pour votre participation, qui a été exemplaire ! J'espère que ce petit mode jeu vous aura plu.

Voici les rapport individuels :

Jade : 1 point. Participation régulière et dynamique, mais une action dangereuse lorsque tu as obscurci la vision de l'adolescent qui commençait à paniquer, ce qui aurait pu avoir des conséquences graves.

Lucy : 1 point. Bien, mais des actions un peu trop diplomatiques avant les derniers tours. Il faut prendre de l'assurance !

Lucas : 1 point. Un jeu un peu trop défensif compte tenu de tes capacités. Tu étais plus à même que Yanis à être celui qui s'interposerait entre les combattants, par exemple. Mais une très bonne participation.

Luther : 1 point. Très bonne participation, bonne utilisation des pouvoirs, mais les yeux un peu plus gros que le ventre dans les derniers tours.

Yanis : 2 points. Excellentes déductions à partir des indices laissés, et actions intelligentes malgré un pouvoir pas adapté à la situation.