Kyoto: un début et une fin

Jin s'étira en sortant de la gare de Kyoto. L'après-midi touchait à sa fin mais la journée était encore claire, les jours s'allongeant de façon notable.

Venant du sud de la ville, juste après les cours, lui, jin-do et Miyabi s'étaient donnés rendez-vous au Kiyomizu pour profiter du beau temps. En réalité il soupçonnait surtout Miyabi d'avoir trainé Jin-do jusqu'au temple. Un point sur lequel il s'entendait, bien que n'étant pas compatible: la recherche de l'âme sœur et une certaine dose de croyance superstitieuse. Et au Japon quoi de mieux que le fameux temple pour faire une rencontre.

Il soupira d'aise alors qu'il se relâchait en admirant la Kyoto Tower, avant de se diriger tranquillement vers une rue qui l'emmènerait du côté d'Higashiyama.
S'il avait voulu bien faire les choses, ou s'il n'avait pas était seul, il aurait poursuivi sa route en train jusqu'à la gare de Kyomizu-Gojo et gagné 15 à 20 minutes, mais il était seul, il aimait l'ambiance calme des rues de Kyoto et il voulait se payer quelques dangos tout en marchant. Il se ferait surement sermonner par Miyabi pour son retard, mais tant pis.

Tout en souriant il s'engageât sur une route qui faisait face à la gare et le ferait rejoindre la Gojo-dori, la grande artère qui menait jusqu'au Kyomizudera, sa destination finale.

La promenade de Jin se révéla agréable mais sans incident ni surprise. Finalement, au bout du temps escompté , il se retrouva devant le lieu de rendez-vous fixé par Miyabi.


La journée était belle et les environs du temple calme. En haut, de ce qu'il pouvait voir, nulle trace encore de son amie. En dépit du temps qu'il avait pris pour flâner, Miyabi était plus en retard que lui...

Tandis que Jin cherchait son amie du regard, ses yeux se posèrent sur une jeune fille qui pleurnichait, recroquevillée sur elle-même et à moitié cachée par un bosquet.


Il remarqua son air fatigué, sa mine et sale et défaite et, plus curieusement, le fait qu'elle ne portait qu'une chaussure. Son pied dénudé était en sang. La jeune fille avait le visage même de la détresse absolue.

Jin s'arrêta au milieu de la montée regardant autour de lui. Personne ne semblait avoir remarqué la jeune fille, et aucun parent ne semblait chercher son enfant.

Il s'enfonça dans le bosquet et afficha un sourire en s'accroupissant avant de prendre la doucement la parole: "Bonjour. Qu'est ce qu'il t'arrive ma petite. Je peux t'aider?"
Alors qu'il posait la question il se sentit un rien stupide. C'était évident qu'il y avait un problème, mais lequel et que pouvait il y faire?

La petite inconnue sursauta quand ses yeux croisèrent ceux de Jin. Elle détourna le regard et ramena un peu plus ses genoux contre sa poitrine.

"Je... Je... Il faut dire à la première de la classe de me laisser rentrer chez moi... Il faut lui dire de me laisser rentrer à Tokyo... Je... Je ne veux plus jouer"

Puis, la jeune fille fondit compulsivement en larmes et tomba littéralement dans les bras de Jin. Après quelques longs instants, elle renifla longuement, essuya son nez au col de Jin et reprit :

"Je... Je dois vous paraître folle mais... J'ai besoin d'aide. Oui, besoin d'aide"

*Tokyo* songeât Jin en fronçant les sourcils. Il ne fit pas plus de commentaire en se disant qu'elle devait certainement être choquée d'une manière ou d'une autre et se tromper.

Il écouta la fin de l'histoire de la jeune fille avant de l'écarter un rien de lui pour lui parler: "Pas de problème. Je m'appel Jin et je vais te donner un coup de main. On va trouver un policier qui pourra certainement t'aider, d'accord? Tu lui expliqueras comment tu es arrivé là. Il contactera tes parents et on verra ce qu'on peut faire pour toi.
Mais dis moi où est ta chaussure?"

Il jeta un coup d'œil autour de lui espérant que le soulier n'était pas trop loin,autrement bien du mal à le retrouver sous la verdure.

La jeune fille leva les yeux à nouveau sur Jin et esquissa un sourire :

"D'accord pour le policier... M-Merci, Jin"

Elle avait insisté plus particulièrement sur le prénom du jeune mutant. Le regard de la petite inconnue partit un instant dans le vide, puis elle ajouta :

"Je m'appelle Rei... Rei Ogawa. Et ma chaussure..."

La fille baissa les yeux et sourit :

"Elle est restée dans le vestiaire de sport. J'ai pas eu le temps de la mettre. Tu vois... Il FALLAIT que je parte"

C'est à ce moment que Miyabi choisit pour faire son entrée. Si la jeune amie de Jin avait l'air dans un premier temps fâchée, elle changea d'expression en voyant la mine misérable de Rei.

"Toujours en train d'aider ton prochain, Jin ? C'est aussi pour ça que je t'apprécie..."

Après un rapide échange entre Miyabi et le mutant, il fut décidé d'accompagner la pauvre Rei vers le policier le plus proche...


Quelques dizaines de minutes s'écoulèrent sans que Jin ne puisse apprendre quoi que ce soit de nouveau sur la jeune fille - qui semblait s'être mystérieusement renfermée - avant que le trio n'arrive aux abords d'un commissariat.

Le fonctionnaire de police en faction devant la bâtisse réagit immédiatement en voyant Rei, clopinant sur son pied blessé. Il s'approcha à grands pas et s'adressa à Jin :

"La petite demoiselle a été victime d'une agression ? Que se passe-t-il ?"

"Bonjour Mr le policier" salua Jin: "Je suis Jin Yazuka, et la jeune fille s'appelle Rei Ogawa. Et je l'ai trouvé dans un bosquet aux abords du Kyomizudera. Je ne sais pas exactement ce qui lui est arrivé mais je crois que c'est une histoire de harcèlement d'une de ces camarades de classe, peut-être dans le vestiaire."

Il s'agenouilla devant la fille: "On va rentrer et tu pourras en dire plus au policier s'il te plait?" Il avait volontairement passé sous silence le fait qu'elle est mentionnée Tokyo. S'il s'était trompé il voulait éviter de passer pour un idiot et il pourrait toujours préciser ce détail plus tard au besoin.

Il se releva en attendant la réaction de l'homme de loi.

"Vous avez bien fait de l'emmener ici" lâcha d'une voix polie le policier. Puis, il s'approcha de Rei et...

... avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche, la jeune fille hurla et recula :

"Monsieur le policier... C'est ce garçon ! Il m'a enlevée et fait subir les pires outrages ! C'est un monstre ! Monsieur le policier..."

Elle pleurait et fulminait, comme possédée.

"Monsieur le policier, croyez-moi... Ce Jin est un ogre ! Il en veut à ma vie, il veut que je me suicide et... Je veux porter plainte"

Rei, après avoir reculé encore de quelques pas, sanglotait. Miyabi observait la scène stupéfaite. Elle ne savait que dire.

Le policier quant à lui venait de sortir sa matraque et avait fait signe à des collègues du commissariat de venir le rejoindre. Rapidement, Jin se retrouva encerclé par quatre fonctionnaires. Celui qui, l'instant d'avant, avait une voix si douce, lâcha d'un ton sec à Jin :

"Jeune homme, vous allez nous suivre à l'intérieur. Calmement. Et nous allons tenter de tirer cette affaire au clair"

Jin était prit au dépourvu. Il se retrouva complètement perdu lorsque la fillette se tourna contre lui en lui mettant tout ses malheurs sur le dos: "Mais enfin..." tentât il de s'expliquer avant que la vu du policier le menaçant de sa matraque ne le laisse coi.

Il lança un regard suppliant à Miyabi mais elle semblait aussi interloqué que lui. Il se tourna vers le policier et ne pu faire qu'un signe de tête affirmatif avant de le suivre sans résister. Avant de franchir les portes du commissariat il s'arrêta en se tournant vers son amie: "Préviens mes parents Miyabi-san. Dis leur qu'il y a eu un malentendu s'il te plait."

Tout s'enchaîna assez vite pour Jin... Il fut menotté et conduit à l'intérieur du commissariat. Là, les policiers procédèrent à une fouille à nu, tout en lui notifiant les maigres droits dont il bénéficiait en garde à vue...

Ils allaient prévenir sa famille. S'il le souhaitait il pourrait faire appel à un médecin et à un avocat de son choix ou commis d'office. Et c'était tout.

Abandonné en tenue d'Adam dans une pièce qui sentait le renfermé, Jin eut juste le temps de comprendre qu'il venait d'être placé en garde à vue en raison des soupçons qui pesaient sur lui s'agissant des violences et du harcèlement moral dénoncé par Rei...


De longues heures passèrent sans qu'on vienne voir le jeune mutant. Finalement, alors que la lumière avait déjà bien décliné à travers les barreaux de la pièce, un homme entra dans la salle.


"Je suis l'inspecteur stagiaire Kon" annonça-t-il tout de go. "Et toi, t'es une belle pourriture, mon pote. Ta copine en revenait pas mais après qu'on lui ait lu la déposition de la jeune Rei, elle veut plus jamais avoir affaire à toi" ajouta-t-il sur un ton très agressif.

Il resta debout devant Jin et poursuivit :

"Nous avons pris la déposition de la jeune fille et nous sommes en train de la faire passer à l'examen médical. T'es un grand malade, mon pote. Violences physiques, violences psychologiques, viol... Ca commence à chiffrer. Tu m'écœures..."

Un sourire de prédateur apparut sur le visage de Kon. Puis, l'effaçant, il soupira un grand coup et lança :

"Bon, vu que je suis là et qu'on va pas attendre mon supérieur, tu vas me donner ta version des faits... Et sérieux... Pas de bobards, sinon je vais me fâcher. Raconte moi tout par le détail sans oublier pourquoi tu l'as tatouée, cette petite fille... Pauvre pervers, va !"

A un moment du discour de l'inspecteur Kon il ne put retenir un: "Ah!" amusé. Il se reprit bien vite en pensant que sa ferait mauvais effet. Une fois que le policier eu terminé: "Non mais vous êtes sérieux? Je veux dire elle sort un truc et sans qu'on m'est écouté je suis coupable?" Il secoua la tête n'en revenant pas: "Sans compter qu'en bon coupable j'ai raccompagner la jeune fille après lui avoir fait le pire! C'est un caméra caché?"

Non décidément sa ne tenait pas debout. Il devait y avoir un canular quelque part: "Ma version elle est simple: j'ai quitté les cours, j'ai pris le train jusqu'à la gare de Kyoto. De là je me suis rendu à pied jusqu'au Kyomizudera ou j'ai trouvé la jeune fille qui se lamentait dans un petit bosquet. Le temps qu'on échange deux ou trois phrases, mon amie m'a rejoint.
Je n'ai croisé personne de particulier, après les cours, mais mon passage par le train a du être noté avec ma puce et le temps qu'il m'a fallut entre mon départ de la gare et mon arrivé au temple ou Miyabi-san m'a trouvée, tout en faisant ce que la fille a décrit, surtout le tatouage..." Il haussa les épaules impuissant: "Et bien vous verrez que je n'ai pas pu faire quoi que se soit. Sa ne peut pas tenir debout."

Jin regarda le policier dans les yeux les sourcils froncés. Il était extrêmement mal à l'aise dans sa nudité, sans parler que l'inspecteur le traité comme un coupable condamné.

[Pourrais tu lier ta fiche dans ta signature ? Merci ^^ Et bon jeu !]

L'inspecteur stagiaire parut légèrement déçu par les réponses de Jin. Il se gratta le sommet de son crâne, puis conclut d'un ton égal :

"Très bien, ça te regarde, mon bonhomme... On va te laisser un peu mijoter, le temps que tu retrouves tes esprits. En même temps, t'as raison sur un point : ça n'a aucun sens d'emmener sa victime au commissariat pour porter plainte... A part si on est un grand pervers !"

Il se dirigea vers la porte et ajouta avant de sortir :

"Punaise, faut voir ce qu'elle a morflé la petite... Elle est terrorisée par toi. Purée, je te jure que tu vas morfler..."

Et il laissa Jin seul et nu dans la pièce de détention.


Un temps indéfini passa à nouveau. Maintenant, il faisait nuit dehors. Jin n'avait reçu la visite de personne d'autre. On ne lui avait servi ni eau, ni vivres... Bref, les policiers de Kyoto semblait vouloir "attendrir" la viande pour favoriser des aveux spontanés !


Tandis que Jin était seul avec ses pensées, la porte s'ouvrit à nouveau. Deux hommes. Kon tout d'abord, l'air visiblement penaud. Il tenait à la main les vêtements de Jin. Et un autre, à la mine préoccupé. Ce dernier prit la parole le premier. Il s'inclina platement devant Jin et lança :

"Veuillez accepter mes plus plates excuses pour le comportement inacceptable de l'Inspecteur stagiaire Kon. Quand bien même vous seriez coupable - ce qui n'est nullement avéré - nous n'avons pas à vous infliger pareil traitement dégradant. Cela n'honore pas mon subordonné et encore moins ma personne..."

Il fit un signe à Kon qui se précipita sans mot dire vers Jin et lui remit ses vêtements, à l'exception de tout effet personnel, ceinture ou lacets. Ceci fait, Kon se recula et alla se mettre dans un coin de la pièce, tout en évitant de croiser le regard de son supérieur ou du malheureux jeune Jin.

"Je suis l'Inspecteur Sabu" reprit le supérieur de Kon. "Et il y a des éléments troublants dans ce dossier... Très troublants. C'est pour cette raison que Madame le Procureur de Kyoto a décidé de vous maintenir en garde à vue. Par précaution..."

Il marqua une pause et alla s'asseoir à une petit table. D'un geste affable, il fit signe à Jin de faire de même.

"Il s'avère que nous n'avons pu vérifier l'identité de cette jeune fille. Par ailleurs, vous serez étonné d'apprendre qu'elle a retiré ses propos et que - plus étonnant encore - elle prétend ne pas se souvenir de les avoir prononcé"

Sabu sortit de sa petite sacoche divers papiers. En les observant à l'envers, Jin put comprendre qu'il s'agissait de la déposition de Rei et d'un rapport médical.

"Toutefois, le médecin est formel : cette jeune fille est gravement perturbée et a subi diverses violences - heureusement non sexuelles - dans les dernières semaines. Nous ne pouvons néanmoins établir, pour l'heure, avec certitude si ces violences ont été infligées par Rei elle-même ou par un tiers"

L'Inspecteur sortit ensuite deux clichés photographiques qu'il montra tour à tour à Jin.


"Nous avons trouvé ce symbole sur son épaule. Le tatouage semble être récent mais certainement pas d'aujourd'hui. Nous enquêtons pour l'heure auprès des différents salons de tatouage de la région pour savoir si quelqu'un reconnait ce motif... Par ailleurs, je l'ai faxé à divers organismes pour savoir s'il s'agit du symbole de ralliement d'un quelconque gang"


"Son pied porte cette marque. J'ai procédé de même avec ce tatouage. Par ailleurs, notre médecin nous indique qu'elle souffre de malnutrition et qu'elle a du certainement errer assez longtemps dans la ville"

Sabu soupira et retira ses lunettes. Il lança à Jin :

"Je sais que tout cela n'a peut être aucun sens pour vous, cela n'en a pas davantage pour moi. Néanmoins, si vous pouviez me dire exactement ce que vous savez de cette fille, cela nous aiderait... Sans compter que cela pourrait vous être utile"

Remettant ses lunettes, Sabu ajouta :

"Par ailleurs, possédez-vous un téléphone portable prépayé ?"

Jin prit ses vêtements avec soulagement en écoutant l'inspecteur, le dos tourné aux deux hommes pendant qu'il se rhabillait.
Il ne lança qu'un: "Je suppose que vous faisiez votre travail." aux excuses de l'inspecteur Sabu: "Mais si vous voulez vraiment vous excuser j'aimerais surtout que vous rappeliez l'amie qui était avec moi. Vous avez détruit ma réputation auprès d'elle et qui sait combien d'autres personne si elle en parle. Au moins pour lui dire que les accusation envers moi sont prématurés."

Il s'assit à la table lorsque l'inspecteur l'y invita et regarda les photos avec curiosité tout en l'écoutant. La 1ère image ne lui disait rien, la deuxième évoquée clairement un scorpion, sans plus.
A la fin il secoua la tête: "Elle était choquée et peu cohérente quand je l'ai trouvée. J'avais moi même peur qu'elle soit passée entre les mains d'un pervers." Il soupira pour rassembler le détail de ses souvenir avant de poursuivre: "Sa s'est passé comme je l'ai dis à votre stagiaire. Je suis sortie de la gare de Kyoto pour me rendre au Kyomizudera à pied. Une fois là j'ai entraperçu la jeune fille dans un bosquet et comme personne ne semblait la chercher ou s'enquérir de son état je suis venu lui proposer mon aide."

Il fronça les sourcils faisant une pause avant de lever les yeux vers l'inspecteur: "Je vais être le plus précis possible, mais vu son discours décousu, je vais vous dire tout ce dont je me souviens. Elle a commencé par me dire que je devais dire à la 1ère de la classe de la laissée tranquille, qu'elle voulait rentrer à Tokyo et qu'elle ne voulais plus jouer. Et elle à bien dis Tokyo. Je ne l'ai pas dis au policier de faction quand je suis venu l'amener pensant que c'était une erreur dût au choc... Mais maintenant on ne sait jamais."

Jin eut un haussement d'épaule avant de poursuivre: "C'est là que nous avons échanger nos nom et que je lui est proposer de voir la police. Elle ne semblait nullement agressive ou hystérique et c'est également à ce moment que mon amie, Miyabi est arrivée et que nous l'avons accompagné au commissariat. Ah! j'oubliais: juste avant que Miyabi-san n'arrive la petite fille m'a dit qu'elle n'avait pas eu le temps de mettre sa chaussure dans le vestiaire car elle DEVAIT partir."
A l'image de la petite fille il insista sur le devait, car il se souvenait parfaitement de ce détail qui avait semblé avoir de l'importance pour la jeune fille.


Il leva un instant les yeux au ciel fouillant ses souvenirs: "Je crois vous avoir tout dis. La suite de l'histoire vous la connaissez.
Euh sinon j'ai un forfait comme tout le monde."

Sabu soupira longuement après avoir entendu les explications de Jin. Il se tourna vers Kon et lui demanda d'aller préparer deux tasses de thé pour lui même et le mutant. L'Inspecteur stagiaire s'exécuta à contre-cœur et quitta la salle d'interrogatoire.

"Le problème étant, jeune homme, que Madame le Procureur de Kyoto a ordonné votre maintien en détention le temps que nous tirions cette affaire au clair. Il m'est absolument impossible de communiquer la moindre information à votre amie... et j'en suis désolé"

L'Inspecteur Sabu poursuivit ses explications :

"Néanmoins, étant convaincu de votre innocence, je peux vous emmener avec moi pour une éventuelle reconstitution... Si ce que vous me dites par rapport à Tokyo s'avère exact - et notre inconnue l'a également mentionnée - il va nous falloir reconstituer son trajet entre les deux villes... Je vous propose de m'accompagner. Cela vous évitera de moisir ici ou de subir d'éventuelles brimades de la part de nos services"

Il rangea ses dossiers minutieusement dans sa sacoche.

"Autre élément troublant, cette jeune fille nous a donné au moins deux identités différentes : si elle semble bien se prénommer Rei, elle prétend par moments s'appeler Ogawa ou Ozu... Nous allons essayer de faire des recherches en ce sens"

Sabu médita longuement les paroles de Jin relatives au départ précipité du vestiaire de Rei.

"Cela semble très curieux, en effet. De même, pour tout vous dire ma question par rapport à votre téléphone..."

Il sortit de sa sacoche un téléphone contenu dans un petit sac plastique.

"C'est un portable sans abonnement. Nous l'avons retrouvé sur notre petite inconnue. Il y a un certain nombre de messages qui proviennent tous du même numéro. Le 851212. Après vérification, il s'agit également d'un téléphone prépayé et personne ne décroche. Mais, les SMS... Les SMS que Rei a reçu sont très particuliers !"

Sabu se saisit d'une feuille de papier et commença à lire ce qui y était écrit :

"6.1. Tu voyageras seule et misérable car c'est la seule façon de t'humilier pour être agréable à ton Dieu.
6.2. Et si tu rencontres un bon samaritain, tu tourneras vers lui une face courroucée pour qu'il ne t'aide pas et tu chercheras à lui nuire
6.3. Car ainsi, ton calvaire sera éternel et tu passeras toutes les portes de la douleur, une à une, et ce sera bien"

L'inspecteur s'arrêta et commenta :

"C'est le dernier qu'elle a reçu. Il date d'il y a quelques jours seulement"

Jin secoua une nouvelle fois la tête: "Je vous accompagnerais avec plaisir. Mais pour le reste... On dirait simplement que je me retrouve au milieu de la folie d'une espèce d'épreuve pour une secte ou un truc du genre."

Il se leva et s'inclina: "Je vous souhaite de faire de votre mieux dans votre enquête Monsieur l'inspecteur et je me tiens à votre disposition.
J'aimerai simplement que ma mère soit mise au courant de ma situation dans la mesure de ce que Madame le procureur autorise à divulguer."

"Une secte ?" laissa échapper l'Inspecteur Sabu. "Une secte... Oui, ce pourrait être cohérent... Mais laquelle ?"

Il se gratta la tête et fit signe à Kon quand il revint avec les deux thés de repartir immédiatement.

"Va faire des recherches sur les tatouages dans les bases de données des sectes. Et tout de suite !"

L'Inspecteur stagiaire soupira à nouveau mais s'exécuta, laissant les deux hommes de nouveau seuls.

"S'agissant de votre mère, je vais la prévenir que nous vous faisons participer à une reconstitution. C'est tout ce que je peux faire"

Puis, Sabu se leva et ajouta à l'attention de Jin :

"Je vais vous chercher la petite. Peut-être que face à vous, elle vous dira quelque chose. Et puis... Si vous avez une idée de plan après ça, je serai ravi de l'entendre"

L'Inspecteur quitta la pièce et revint avec la petite Rei. Elle avait été soignée et portait divers pansements et bandes. Elle alla s'asseoir en face de Jin. L'Inspecteur observa les deux jeunes gens puis sortit à nouveau non sans avoir dit :

"Je vous laisse tranquille. Vous avez certainement beaucoup de choses à vous dire..."

Une fois la porte refermée, Rei baissa les yeux et s'excusa :

"Monsieur Sabu m'a expliquée ce que j'avais dit sur toi. Et même si j'en ai aucun souvenir, je m'en veux énormément... Pardon"

Le jeune homme haussa les épaules: "J'ai parlé d'une secte car vos retranscriptions parlent d'un "Dieu". Et je ne connais aucune religion officielles qui demandent à ses pratiquants de s'humilier de la sorte. A moins que tout ceci ne soit qu'un canular, ou une épreuve quelconque pour elle. C'est largement hors de ma porté."

Il garda un visage impassible quand l'inspecteur lui parla de se retrouver face à la petite mais il n'était pas enchanté. Pas vraiment envie de se retrouver face à un nouvel accès de folie. Mais il avait proposé ses services et ne pouvait plus se retirer.

Il s'assit face à la petite fille et écoutât. Il se forca à sourire pour rassurer la jeune fille: "Ecoute... Il semble que sa ne soit pas de ta faute. Mais les policiers veulent maintenant tirer l'affaire au claire... Et moi aussi pour être tout à fait honnête. Tu m'as dis t'appeler Rei Ogawa non? Mais tu as donné d'autres noms aux policiers. Tu as utiliser Ogawa et Ozu comme des prénoms ou des noms. Te sont ils familiers? sais tu comment tu t'es retrouvée dans le bosquet du temple?"

La petite fille sourit et lança :

"C'est facile, je m'appelle Rei Ozu. C'est comme ça que je m'appelle et Ogawa, c'est..."

Son visage se figea avant qu'elle ne puisse terminer sa phrase. Elle lança sa tête en avant comme si elle était sur le coup d'une violente douleur à la tête. Se prenant la caboche entre les mains, elle pleura et brailla :

"Je veux mon téléphone... Il me faut mon téléphone. Sinon... Sinon Papa Ozu va pas être content. Sinon Papa Ogawa va pas être content. Je... Je ne suis rien. Je... Il faut que..."

Sa respiration sembla soudainement se calmer. Elle redressa un regard embué de larmes vers Jin et demanda d'une toute petite voix :

"Mais que m'est-il arrivée ? Avant... Avant tout cela, ça n'arrivait jamais. Quand j'étais dans mon ancienne classe c'était mieux. On était une famille. Et... Depuis que maman est partie, tout... Tout va mal"

Elle se frotta les poignets puis termina :

"Je me souviens avoir fait une partie du trajet à pied mais aussi avoir voyagé à l'arrière de camions ou en fraude dans le monorail. Tout ce que je savais c'est qu'il fallait que j'aille là bas. Au temple. Parce qu'on me l'avait dit... Parce que... Oh, c'est si dur de se souvenir..."

Jin se crispa un peu en voyant la réaction de la jeune fille, avant d'écouter son monologue: *Elle est schizophrène ou quoi?* songeât il. Tout du moins était elle très perturbée. Peut-être un contrecoup des sévices qu'elle avait subit.
Il n'en savait rien, il n'était pas psychologue, mais espérait que quelque part dans la pièce une caméra observait la scène et que l'inspecteur Sabu n'en perdait pas une miette.

Il laissa le fille se calmer un instant avant de reprendre: "Ecoutes, ce n'est pas grave. Tu veux un peu de thé? Il doit être un peu froid mais il n'est pas mauvais."
Une pensée lui traversa l'esprit: "Dis moi... C'est depuis que tu es dans ta nouvelle classe que tu as ton portable?"

Alors que Rei sirotait une gorgée de thé, elle répliqua un peu étonnée :

"Oui... Comment tu le sais ?"

Mais avant que Jin ne puisse répondre, Sabu revint dans la pièce. Il avait son pardessus à la main et sa mallette sous le bras. L'Inspecteur Kon attendait, quant à lui, dans le couloir, l'air visiblement dépité.

"Jeune homme, jeune fille, nous avons une piste... Suivez-moi, nous allons au salon de tatouage"


Ils grimpèrent tous les 4 en voiture. Kon conduisait, Rei assise à l'avant, tandis que Sabu et Jin se trouvaient à l'arrière. Sabu demeura silencieux pendant tout le trajet. De ce que Jin avait compris, ils se rendaient dans un salon de tatouage situé quelque part en banlieue de Kyoto.

Sabu fit signe à Kon de garer le véhicule à 100 mètres du salon puis tout le monde descendit. L'Inspecteur s'approcha de Jin et lui lança :

"Bon, il y a de grandes chances que notre amie soit allée se faire tatouer à cet endroit. Les tatouages, d'après un contact à la Brigade de Lutte contre les Sectes, sont ceux du culte Millénariste Nemo, mêlée notamment au Génocide mutant de Génosha. Un certain nombre de ses dirigeants ont été assassinés ou incarcérés. Par ailleurs, il s'agit d'une société très secrète. Rei n'a pu se retrouver avec ces symboles à la faveur d'un coup de tête. Il y a une volonté délibérée et malveillante derrière tout cela..."

Sabu s'alluma une cigarette puis poursuivit :

"Mon contact m'a également donné l'adresse du salon. Il aurait tatoué certains dignitaires japonais de la secte. Bref, c'est une piste comme une autre. Néanmoins, si j'entre avec ma carte de police, on risque de ne pas en tirer grand chose. Je pense qu'il serait plus intéressant que vous y alliez avec Rei. Je resterai à proximité avec Kon au cas où il y aurait du grabuge"


Quelques minutes plus tard, Rei et Jin étaient à l'intérieur de la boutique. Le mutant pouvaient voir les deux inspecteurs en train de prendre un café de l'autre côté de la rue. Le salon sentait le renfermé et le sale. Un certain nombre de clichés photographiques représentant divers tatouages étaient accrochés au mur. Au fond de la boutique, un homme était en train de tatouer un chaton sur l'épaule d'un gros type.

Jin tenait Rei par l'épaule, pas spécialement rassuré: *Comment peut on laisser des gamins faire le boulot de flic.* Bien qu'il ne s'inclut pas dans le terme utilisé, il ne se sentait néanmoins pas à sa place. En plus il n'avait pas pu placer deux mots au sujet du portable à l'inspecteur ou de la conversation d'ailleurs.

Il chercha un endroit ou s'installer en attendant que le tatoueur est fini tout en réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir dire. Il fallait bluffer et ne pas laisser le temps au type de se demander ce qu'il faisait là. Il médita un instant avant de se décider. Il se pencha sur la jeune fille pendant que l'homme avait le dos tourné pour lui glisser tout bas: "Quoi qu'il se passe reste calme."

Il patienta encore le temps que le tatoueur finisse avant se lever, prenant Rei par le bras et de l'apostropher: "Bonjour, vous la reconnaissez?"

Le tatoueur leva les yeux pour observer Rei et... son aiguille ripa sur l'épaule de son client. Ce dernier poussa un cri.

"Bordel, tu fiches quoi ?"

Mais le tatoueur s'en fichait. Il était obnubilé par Rei. Il s'écarta du client et alla chercher quelque chose dans un tiroir.

"T'es gonflée, la p'tite de revenir ici. Après ne pas m'avoir payé, tu oses revenir ici ? Et tu voudrais peut-être que je tatoues aussi ton pote ? Punaise, quand je pense que tu m'avais dit que t'étais envoyée par Monsieur Ogawa alors qu'il était déjà mort à ce moment... T'es vraiment une saleté..."

Quand sa main tomba sur l'objet qu'il cherchait, le tatoueur brandit un petit pistolet en direction de Jin et Rei. Le client, voyant ça, se leva sans demander son reste et quitta en courant le salon de tatouage...

"Maintenant, tu vas payer et me dire pourquoi tu voulais ces tatouages de la secte Nemo ? Et pourquoi t'as raconté un gros bobard sur mon ami Ogawa ?"

Le cœur de Jin fit un bond dans sa poitrine. Cet homme avait une arme!

Il recomposa son visage comme il put, prit la jeune fille, s'interposant entre Rei et l'homme, et jouant du bluff en levant une main pour tenter d'apaiser l'homme: "Du calme Mr. C'est justement pour cela que nous sommes venu.
Mr Ogawa m'avait chargé de venir faire une commission pour lui. Hors j'ai appris sa mort entre temps. Je n'avait qu'une adresse et je devais vous payer et la récupérer. Mais la petite avait disparut et n'ayant pas l'argent je n'avais aucun intérêt à venir chez vous."

A mesure qu'il improvisait il sentait le mensonge venir tout seul: *Pourvu que les deux policiers voient qu'il y a un soucis.* songeât il: *Et surtout pourvu qu'il ne tire pas!* Il n'était pas sur qu'il pourrait arrêter une balle... Et n'avait aucune envie d'essayer.
Peut-être devrait il reculer dans un angle ou il serait sur de voir qu'ils sont menacé: "Maintenant qu'une partie de ce qui m'a était confié est entre mes mains je suis venu vous poser quelques questions."
Il jeta un regard appuyé au client: "Si du moins vous avez un instant à m'accorder en privé."

Le tatoueur réfléchit quelques instants à la réponse à donner à ces événements. Il semblait hésiter entre la possibilité de descendre les deux jeunes gens et celle d'écouter ce que la garçon avait à lui dire. Heureusement pour Jin, le tatoueur baissa son arme et lança :

"OK, je t'écoute. Je pensais pas qu'Ogawa bossait avec des gamins dans ton genre, mais pourquoi pas ? Mais je te préviens... Si je flaire un truc louche, je t'en colle une entre les deux yeux, OK ?"

Abandonnant Rei dans le salon, Jin fut invité à suivre le tatoueur dans son bureau qui était une petite pièce adjacente et fort mal rangée.

Le tatoueur s'assit, invita Jin à faire de même et garda son pistolet à portée de main. Enfin, il dit :

"Très bien, pose tes questions"

Tandit qu'il suivait le tatoueur Jin tourna la tête pour regarder Rei dans les yeux, puis faire un petit signe de menton en regardant en direction des policiers dehors.
L'échange n'avait duré qu'une ou deux secondes et il n'eut pas le temps de vérifier si la jeune fille avait bien tout vu ou si elle avait comprit.

Il s'installa en face du tatoueur croisant les doigts pour que les deux inspecteurs intervienne sous peu... Il ne lui restait plus qu'à gagner du temps.
Il prit un posture détendu dans la chaise et se ficha d'un sourire en s'adressant à l'homme: "Franchement si vous vouliez qu'un travail soit fait discrètement vous prendriez un homme avec une tête de Yakuza ou un type qui fait quelques années de moins que son âges véritable et passe pour un lycéen lambda? Méditez là dessus Mr le tatoueur et vous saurez pourquoi Mr Ogawa m'a engager."

Il respira un coup pour se donner de la contenance et laisser au tatoueur le temps de penser à autre chose que son arme: "Bref tout comme vous il m'importe bien peu ce que Mr Ogawa fait... Ou devrais-je dire faisait, mais le fait est que je n'ai pas était payer et qu'au vu du travail que vous avez fait, il est possible que notre "employeur" était lui même un intermédiaire. Enfin je n'en suis pas exactement sur, ce qui m'amène à ma 1ère question: Mr Ogawa avait il quoi que se soit avoir avec une secte Nemo ou autre? Ou était-ce le 1er travail de ce genre qu'il vous confiez"

Visiblement s'il voulait pouvoir se sortir d'ici il devait continuer à faire vibrer la corde "pécuniaire" de l'homme.