Chasse gardée

Perché en équilibre précaire sur le plan de travail, un pied en l'air pour assurer son équilibre, Jeremiah farfouillait dans le plus haut placard de la cuisine. Il était peut-être parano, mais il soupçonnait que quelqu'un ait rangé les chips là pour qu'il arrête de piller dans les réserves, ce qui aurait été certes bien essayer mais totalement vain. Rien ne saurait se mettre entre lui et son déjeuner. Sa méfiance à l'égard des expériences culinaires de Rachel s'était accrue depuis qu'elle s'était mise en tête qu'il faisait un bon cobaye, et il ne descendait plus à la cuisine qu'en version mission impossible, ravi d'avoir réussi son coup à chaque fois qu'il la trouvait vide. Comme pour beaucoup d'élèves, il considérait un peu le reste des pensionnaires comme une grande famille, mais ça ne l'empêchait pas de rester très territorial. Il ne pissait pas encore au quatre coins en entrant dans une pièce, mais il appréciait d'y être le premier pour s'approprier les lieux avant que d'autres débarquent et n'envahissent SON espace vital. D'habitude, le fait était marqué par le bordel qu'il n'hésitait pas à semer sur son passage mais présentement, comme il n'arrivait pas à récupérer son dû, la cuisine était toujours immaculée.

"Bordel mais... Où sont les TK quand on en a besoin !"

Une pause. Il jeta un coup d'œil plein d'espoir à la porte puis s'en détourna finalement en haussant les épaules, marmonnant dans sa barbe alors qu'il calculait d'un œil plissé qu'il lui faudrait sans doute vider l'étagère pour atteindre le saint graal. Apparemment, l'invocation de mutants, ce n'était pas encore pour aujourd'hui.

Un bon gros pot de crème glacée, voilà ce qu'il fallait à la jeune Crétoise pour lutter contre ce temps, contre cette pluie qui douchait le moindre enthousiasme, qui douchait la plus petite parcelle de motivation... Ça faisait quatre jours désormais qu'elle vivait à l'Institut et elle en avait repéré la grande partie des lieux. Celui qu'elle avait le plus rapidement fréquenté, était sans conteste la cuisine...

A l'intérieur elle entendit un juron suivi d'une protestation visant les TK... *C'est quoi ça des TK?...* Se demanda Lise. Qui donc pouvait parler ainsi? Et cette voix, c'était qui? Inutile de chercher, Lise ne reconnaissait pas encore les voix de chacun, elle avait déjà retenue les prénoms, et c'était déjà bien.

Elle poussa donc la porte d'un coup d'épaule et entra dans l'incroyable cuisine de l'Institut.. Elle était conçue pour nourrir tout un régiment entier et ce n'était pas pour déplaire à la jeune femme... Elle balaya la pièce du regard et vit Jeremiah debout sur le marbre noir, il fouillait visiblement l'armoire à la recherche de...ses TK?
Elisabeth observa de bas en haut le mutant puis lâcha d'un air sérieux:

"Tu cherches quoi toi? Des TK, j'ai cru comprendre... C'est quoi ces machins là? Un truc américain que j'connais pas?"

Puis, Elisabeth se dirigea vers le frigo qu'elle ouvrit pour accéder à la partie congélateur. Elle la fouilla et distingua un pot de glace tout au fond, coincé entre les steacks surgelés et les glaçons...

"Miracle!" Ou comme aurait dit une jeune Irlandaise de l'Institut: *"Louée soit la Sainte Vierge!"*

Lise plongea sa main et atteint à tâtons la crème glacée s'insurgeant mentalement contre ceux qui l'avait placée tout au fond. Son bras toucha la partie réfrigérée du congélateur et la Crétoise frissonna. *Froid de merde...* Enfin, elle finit par extirper la glace et Elisabeth passa sa main sur son bras, mouillé par l'eau glacée.

Elle trouva une cuillère d'une taille importante et s'installa sur l'une des chaises au centre, pour déguster la glace. Elle ouvrit négligemment le pot et observa un instant le contenu d'un regard avide alors que ses glandes salivaires sécrétèrent leur liquide en abondance. Elisabeth plongea férocement la cuillère dedans et ressortit une grande quantité de glace.
Elle ferma les yeux et avala la bouchée dans un gémissement digne d'une actrice, dont la filmographie serait réservée aux adultes... Rouvrant les yeux, elle lâcha comme si de rien était:

"Tu sais Jeremiah... Quand on s'énerve pour chercher d'la bouffe, c'est que l'obésité te menace... Ou alors c'est qu'on déprime et qu'on veut absolument un antidépresseur naturel..." Lise avala une cuillerée de la glace et poursuivit naturellement:"Apparemment, y'en a beaucoup qui déprime, j'ai jeté un coup d'œil au salon tout à l'heure... Il est investit par les employés des pompes funèbres..." Ajouta Lise en hochant la tête d'un air grave comme si sa métaphore n'en était pas vraiment une.

Elisabeth observa Jeremiah un moment, consciente qu'il était un SBA (un Sans Bouffe Attitrée), avant de proposer:

"Si tu t'sens pas bien ou si tu veux devenir gros, je veux bien partager la glace..."

Sur ce, Lise tendit le pot en direction de Jeremiah et enchaîna avec un sourire:

"... J'peux même te prêter la cuillère si tu veux."

La Crétoise planta alors le couvert dans la glace comme si elle plantait une épée dans le sol et adressa un nouveau sourire au X-rays. Un sourire qui se voulait...engageant.

Le bruit de la porte le surprit en pleine inspection approfondie et le jeune homme vacilla sur son unique pied, manquant de se casser la figure. Reprenant un peu de stabilité, il tourna un regard outré vers l'intruse avant de revenir à l'expression maussade qu'il arborait très souvent :

"Mais non ! Ça va juste plus vite à dire que télékinésiste... D'ailleurs en parlant de ça, c'est quoi ton pouvoir déjà ?"

Aucun scrupule à se servir du pouvoir des autres quand cela l'arrangeait, il avait d'ailleurs ponctué sa question d'un sourire matois. Suivant des yeux la jeune fille, il jeta un long regard désappointé à son placard, soupira, puis finit par refermer la porte et descendit de son perchoir en s'aidant d'une main.

"On partage alors ?"

Il n'avait jamais été homme à partager sa nourriture. Plutôt du genre à mordre qui réclamait un gâteau de son paquet, ou à planter la fourchette dans la main avide qui s'approchait trop près de son assiette. Mais en l'occurrence, ici, c'était Elisabeth qui se sacrifiait pour son estomac, et il s'installa avec la crétoise. Les yeux écarquillés, il l'observa un instant se délecter de sa glace et finit par détourner rapidement les yeux, les oreilles rougissantes. Quelle idée d'être jolie. Et quelle idée encore plus stupide de mimer avec autant de facilité les performances de certaines actrices... actrices qu'il ne connaissait pas du tout, évidemment...

Redevenu boudeur, il attrapa d'un air décidé la cuillère abandonnée et piocha dans le pot avant de la gober. Puis la rendant à Lise, il haussa les épaules :

"Je suis pas triste, j'avais juste faim ! Mais ça m'étonne pas pour le salon... Entre les gothiques et les dépressifs, mes couloirs de zombies sont plus joyeux que l'Institut ces derniers temps... Toi aussi tu déprimes, c'est pour ça que t'attaques la glace ?"

Le temps passait à vitesse grand V et Brieuc se sentait chaque jour un peu mieux à l'Institut, commençant à prendre ses aises. Toujours dispensé de cours, il profitait de chaque instant pour explorer les lieux. Les couloirs résonnaient souvent de ses galopades effrénées, le charmant garçon ne concevant toujours pas de marcher entre deux pièces.

L'ambiance, par contre, semblait être à la déprime. Depuis l'assassinat du président, rien ne paraissait être comme avant. Chacun retenait son souffre, comme s'il appréhendait de parler trop fort et de provoquer ainsi une catastrophe. Dans cette atmosphère sinistrée, la bonne humeur du jeune garçon faisait tâche et ses éclats de rire paraissaient bien incongrus.

La pluie avait l'air de rebuter tout le monde mais n'était pas de nature à atteindre le moral d'un Breton, habitué des coups de mer et des tempêtes impressionnantes. Mais avant de se risquer dehors pour braver les éléments, il convenait de prendre quelques forces et c'est tout naturellement que les pas, la foulées plutôt, de Brieuc le conduisirent vers la cuisine.

Fidèle à son habitude, il ouvrit la porte en coup de vent avant de se précipiter à l'intérieur, sans le moindre souci de discrétion. Avisant Lise et Jeremiah en train de se boulotter une glace à deux, il poussa un cri indigné.

"Eh… Bouffez pas tout. Soyez pas chiens et laissez m'en un peu…"

Sans plus de façon, il s'approcha de la table en lorgnant vers ce que ses camarades mangeaient.

"Vous mangez quoi au fait ? J'peux en avoir ?"

Le rire d'Elisabeth répondit à la réponse de Jeremiah, qui l'informa ce qu'étaient en réalité les TK... Mieux valait en rire qu'en rougir! A la décharge d'Elisabeth, elle côtoyait des mutants depuis moins de cinq jours et le jargon de l'Institut lui échappait encore bien souvent. Le jeune homme enchaîna ensuite en demandant quel était le pouvoir de la Crétoise. Jeremiah avait un drôle de sourire, plutôt intéressé et Lise ne sut pas comment elle devait le prendre... Dans le doute, Elisabeth paralysa Jeremiah qui venait de descendre du plan de travail. Puis la jeune femme se leva de sa chaise et vint ébouriffer les cheveux de Jeremiah.

"J'peux contrôler ton corps... C'est marrant non? Et toi, ton pouvoir c'est quoi? J'ai cru comprendre que ça avait un rapport avec la vision..." Ajouta la Crétoise qui jeta un bref coup d'œil à son décolleté. Elle le réajusta en jetant un regard faussement soupçonneux au mutant.

Elisabeth reprit sa chaise et mangea dévora une nouvelle bouchée de glace, avant de libérer Jeremiah de son contrôle. Il demanda si l'on partageait et Lise le regarda surprise: n'était-ce pas ce qu'elle avait tenté de lui faire comprendre? Il y avait des gens comme ça, qui trouvait ça surprenant le partage... Le sourire de Lise s'élargit et elle confirma:

"On partage. Et puis t'as pas l'air bien gros, j'suis sûre qu'il m'en restera largement..."

Lise remarqua l'expression de surprise sur le visage de Jeremiah alors qu'elle avait mangé sa première bouchée de glace. Elle l'observa, elle aussi surprise. Qu'avait-elle fait? Jeremiah finit même par détourner le regard en rougissant. Ça arrivait parfois, les gens étaient bizarres tout d'un coup, sans qu'on sache vraiment pourquoi... *P'tete qu'il a pas l'habitude d'être seul avec une fille...* songea Elisabeth, à coté de la plaque. Elle posa alors sa main sur celle de Jeremiah et lâcha:

"'Faut pas t'sentir gêné Jeremiah... C'est sympa qu'on ait l'occasion de parler toi et moi..."

Jeremiah piocha dans le pot et Lise sourit, satisfaite qu'il ait dépassé sa gêne. Il rendit la cuillère à Elisabeth qui s'empressa d'en reprendre une nouvelle plus débordante encore.
Le jeune homme affirma alors qu'il était venu manger, non pas par tristesse mais par faim. Il fit une brève allusion à des zombies et Lise ne comprit pas tout de suite. Elle finit par faire le rapprochement, dans sa tête. *...Pourquoi il me parle de zombies? Il a un couloir rempli de zombies?!? Ah non, ça doit être un jeu vidéo...*. Il demanda ensuite si la Crétoise était venue manger pour lutter contre la dépression.

"Nan... Ce genre de glace, ça ma rappelle quand j'étais chez moi... Sur un transat au soleil..." Lise soupira et poursuivit, la tête posée sur sa main, le regard rêveur: "Il y a rien de mieux que d'bouffer toute cette graisse alors que t'es allongé au soleil... C'est vraiment... l'apothéose du plaisir!"

Elisabeth tendit le pot vers Jeremiah dans un soupir qui laissait percevoir toute sa mélancolie lorsqu'elle songeait à son pays d'origine...à son beau soleil...à sa chaleur... aux odeurs...à l'ambiance...aux visages familiers...aux plages... Lise se secoua brusquement pour se tirer de sa rêverie et demanda:

"Et toi... C'est quoi, pour toi l'apothéose du plaisir?"

C'est le moment que choisit Brieuc pour entrer dans la cuisine. Lui aussi, ne semblait pas aussi déprimé que le reste de l'Institut et c'était tant mieux! Ils pourraient établir un campement de gens heureux ou du moins satisfaits, dans la cuisine. Mais Brieuc s'indigna et réclama sa part du gâteau. Il s'approcha alors et après avoir observé la glace il demanda ce que c'était et si, lui aussi pouvait en avoir...

En revanche, si tous les gens heureux se réunissaient ici, Lise n'auraient plus de glace et ça, ça posait problème... Elisabeth aimait partager à partir du moment où elle ne se sentait pas léser. En somme, elle était généreuse pour la bouffe quand elle était certaine d'en avoir assez pour elle-même. Que faire... Il n'y avait pas un mutant capable de décupler la matière? Des glaces à volonté... Le rêve! Après réflexion, Lise trouva brusquement la solution, du moins partiellement...

"Vois-tu Brieuc..." Lise piocha dans la glace en reprenant la cuillère..."...Ça m'pose aucun problème." Lise sourit et porta la cuillère à sa bouche.

Elle la lécha largement en tirant bien la langue, le tout en prenant un air distrait, l'air de rien. Puis, elle la reposa négligemment dans le pot. *Pourvu que Jeremiah ne soit pas trop dégouté!* Songea Lise en lui jetant un rapide coup d'œil.
C'était le genre de chose que les jeunes tel que Brieuc trouvait dégueulasse, non? Il ne pouvait pas accepter: Jeremiah ou Elisabeth pouvait très bien avoir la gale! En tout cas, c'est ce que pensait Lise à l'âge de Brieuc. Elle le regarda un moment, puis lui tendit la cuillère, un léger sourire sur les lèvres. Pour préserver sa bouffe, la Crétoise était prête à tout... enfin presque.

"Mais..."

Pas le temps de dire ouf, ses pieds avaient à peine touché le sol qu'il ne pouvait plus bouger d'un pouce. Impossible d'esquiver les contacts et Elisabeth n'eut pas à le courser beaucoup pour lui ébouriffer les cheveux. OK. Reçu 5 sur 5. La mutante n'était pas une camarade comme les autres... Big boss en vue ! D'un côté, ce n'était pas plus mal, les derniers xps qu'il avait gagné question vie sociale dataient de la première fois que Michael avait réussi à le traîner dans une salle d'escalade. D'un autre côté, sortir de sa zone de confort ne faisait plaisir à personne, et Elisabeth était clairement dans une autre galaxie que la sienne. Une galaxie où on hésitait pas à faire démonstration de ses pouvoirs très agaçants et totalement inutiles pour l'aider à attraper le paquet qu'il convoitait. Et où on pouvait envahir l'espace vital des autres à tout instant et sans prévenir, ce qu'il eut l'occasion de tester quand, bienveillante, la jeune femme lui attrapa la main. Comme il avait fini malgré tout par comprendre qu'on ne pouvait pas montrer les dents à tous les gens qui s'approchaient trop près, le geek se contenta de se figer jusqu'à ce que la mutante ait récupéré tous ses doigts.

"Chuis pas sûr que marrant soit le mot ! Je peux voir par les yeux des autres... C'est pas maintenant qu'il faut te méfier, c'est quand tu seras sous ta douche." Rajouta-t-il, mesquin et désireux de ne pas être en reste dans le style "je t'emmerde avec mon pouvoir". De toute façon, rien que l'évocation de cette mutation lui donnait la réputation d'un pervers... Mais pas plus téméraire que ça, il prit tout de même la peine d'adresser un sourire à Elisabeth, histoire de montrer qu'il plaisantait et d'éviter par la même occasion une claque bien sentie. C'est qu'il tenait à ce pot de glace, et à détromper au passage la crétoise qui pensait que petit gabarit = pas une grosse menace pour sa nourriture. Elle s'en apercevrait bien assez tôt toute seule, il n'était pas forcé de la prévenir avant.

Le jeune homme jeta un coup d'œil à l'extérieur, une fois la cuillère récupérée pour piocher de nouveau. Elle ne déprimait peut-être pas, mais ça avait quand même l'air un peu loupé pour le transat sous le soleil... Son nirvana personnel était moins difficile à atteindre et d'ailleurs, la plupart des personnes le supportant à l'Institut aurait facilement répondu : tabasser des monstres avec Conan jusqu'à l'aube, armé de son fidèle paquet de chips... Raté pour aujourd'hui apparemment.

"Oh bah heu... Je sais pas... Sauver des princesses." Mentit-il avec aplomb, lui qui, à l'Institut, avait plus de chances de se faire sauver par les dites princesses qu'autre chose. Au mieux jusque là avait-il servi de mouchoir. Et il n'avait pas tellement apprécié. Si la réponse faisait en réalité surtout référence à ses mondes virtuels favoris, elle n'en restait pas moins fausse (toutes des cruches incapables de se débrouiller toutes seules... Servons les en encas pour les dragons, ils seront plus facile à tuer en pleine digestion !). Vieux réflexe de raconter n'importe quoi... Sans prendre garde au fait qu'il passait encore pour un illuminé.

Brieuc débarqua sur ces entrefaites et le mutant tourna un regard méfiant vers le marmot. Encore partager ? C'était décidément très dur, la vie en communauté. Quoique... Ce n'était pas lui qui avait le pouvoir de changer de taille ? Intéressant, très intéressant... Il galérerait moins pour chercher dans le placard. Alors que la LeX tentait une approche sournoise pour détourner le petit breton de leur nourriture, Jeremiah lui observait la scène d'un air impassible. Pas trop dégoûté non, ce n'était pas les microbes des autres qui l'inquiétaient en général, au grand désespoir d'un certain irlandais qui aurait peut-être préféré un cothurne un peu plus concerné par la question du ménage, juste leur présence envahissante.

"Faut voir... Si tu réussis à me chopper le paquet de chips, j'pourrais envisager de te laisser ma place."

Sourire colgate. Enfin. Sourire. Enfin, grimace intéressée s'en rapprochant. On avait toujours des progrès à faire quand il s'agissait de communication avec les autres, surtout quand on partait d'aussi bas que le geek.

[Merci à Micha' pour sa participation éclairée à l'écriture de ce post XD]

De retour d'une séance de jogging sous la pluie, Georgia pénétra dans la cuisine en sentant l'animal humide et en faisant floc floc avec ses baskets. Ses cheveux plaqués sur le front, trempés comme cela n'était pas permis, la blonde pensait bien qu'elle faisait un peu peine à voir...

... du moins si l'on passait outre son large sourire de cruche qu'elle arborait fièrement sur le visage : elle était contente. Courir sous la pluie, c'était fun ! Et libérateur ! Au fond, elle comprenait maintenant les gens comme Esther ou Ken qui aimaient la discipline militaire et se rouler dans la boue à la première occasion. C'était juste une façon - un peu salissante au demeurant - de se sentir vivante !

"Salut, tout le monde" lança-t-elle d'un large signe de la main. "Dehors, il pleut" ajouta la blonde de manière un peu tragique.

Elle fit un bisou sur l'arrière du crâne de Jeremiah et s'arrêta là. Elle ajouta néanmoins :

"Dites, vous pensez que si je mets la tête dans le four je vais sécher plus vite ?"

Cela avait été dit d'un ton léger, l'air de rien pour mieux permettre à Georgia de détailler Elisabeth de la tête aux pieds...

Ben, qu'est-ce qu'ils avaient à le regarder comme ça ? Avait-il interrompu quelque chose en faisant irruption dans la cuisine ? Comme mettre fin à une idylle naissante entre les deux pré-adultes ?
En mettant les pieds dans le plat, l'adolescent avait-il empêché Jeremiah d'obtenir une conquête amoureuse ou, au contraire, l'avait-il sauvé des griffes d'une prédatrice ? En tout cas, ce n'était pas aujourd'hui que le geek allait faire un level up dans son rôle de Don Juan.

Indifférent à cette question métaphysique, Brieuc n'avait d'yeux que pour la glace et comptait bien s'inviter à la petite fête, et surtout pas dans le rôle de celui qui allait devoir tenir la chandelle...

Voyant le manège de Lise pour préserver ce qu'elle estimait être sa part de nourriture, Brieuc fronça le nez, exagérant son air dégouté.

"Beurk ! Mais t'es dégueulasse, toi ! T'as passé la visite médicale au moins avant de venir refourguer tes microbes à tout le monde ?"

Néanmoins décidé à ne pas laisser sa part aux autres, le Breton alla ouvrir un tiroir pour en sortir une nouvelle cuillère. Intrigué par la proposition du geek, Brieuc le regarda soupçonneux mais malgré tout intéressé.

"C'est quoi ton plan sur l'paquet d'chips ? Quand il est question de bouffe, j'suis toujours prêt à rendre service, moi."

Sa cuillère à la main, l'adolescent regarda l'intérieur du pot de glace, hésitant sur l'endroit où attaquer l'objet de sa convoitise, n'étant pas si dégouté que ça par l'action de la Crétoise, en tout cas, pas assez dégouté pour stopper là sa gourmandise.

L'arrivée de Georgia lui arracha un éclat de rire spontané tant l'apparence de la blonde était comique. Elle était vraiment trempée de la tête aux pieds. Finalement, ce n'était peut-être pas une bonne idée d'aller faire un tour dehors après le passage par la cuisine…

"Ben, t'as fait quoi, là ? T'as plongé dans la piscine ou quoi ? Fallait te dessaper avant pour ça…"

Riant encore, Brieuc trouva enfin par où attaquer la glace et plongea sa cuillère dans le pot.

"Ben, c'est sûr que le four va accélérer les choses. Mais bon comme il faut fermer la porte pour que ça marche, après, j'suis pas certain qu'on arrive à recoller la tête…"

Le Breton porta sa cuillère à la bouche ayant déjà oublié l'opération de nettoyage tentée par Lise. Amusé, il observait ses camarades. Le petit bisou de Georgia sur la tête de Jeremiah allait-il déclencher une querelle entre les deux filles pour la conquête du mâle ? Finalement, le geek allait peut-être bien finir par changer de niveau dans ce drôle de jeu…

Lorsque Jeremiah lui évoqua son pouvoir, Lise le dévisagea, sourire aux lèvres. *Ça doit être trop cooool!*. Mais lorsqu'il enchaîna en précisant l'usage qu'il pouvait en faire sur Elisabeth, celle-ci le fixa droit dans les yeux, en prenant un air plus ridicule que menaçant.

"Ne t'avises pas d'faire ça, Jeremiah..." Commença la Crétoise qui semblait se mettre en colère. Pour autant, la suite ne fut pas un flot de paroles offusquées:"Nan, parce que bon... Ça n'a vraiment aucun intérêt, sauf pour des ado's pré pubères ou des ptit's vieux en manque... Et j'pense, enfin du moins je l'espère, que tu n'es ni l'un, ni l'autre!"

Elisabeth marqua une pause et posa sa tête sur sa main:"Mais si c'est vraiment ce que tu veux, tu n'as qu'à me demander, au lieu de le faire à mon insu... Si tu veux en voir plus, je préfère que tu gardes te propres yeux!" La Crétoise s'empara de deux mains du mutant et poursuivit avec un enthousiasme déplacé:"Et puis, si moi j'suis à poil, tu n'auras qu'à l'être aussi pour qu'on puisse se marrer à deux!"

Lise affichait un large sourire et il était difficile de savoir quelle était la part de vérité et de plaisanterie dans ce qu'elle venait de dire. Mais ce qui était certain, c'est qu'il y avait des deux!
Jeremiah avait sourit comme pour modérer ses propos mais ceux-ci étaient loin de gêner la jeune femme, peu pudique.

Le geek répondit que, pour lui l'apothéose du plaisir était de "sauver des princesses"... Lise pencha la tête comme toujours lorsqu'elle tentait de comprendre quelque chose d'implicite. Que voulait-il dire par sauver des princesses? Était-il encore dans ses jeux vidéo? Ou ces propos étaient-ils liés à une situation réelle, ou même actuelle? Elisabeth plissa les yeux un peu stupidement. Peut-être était-ce de l'humour?
Dans le doute, la jeune femme se mit à rire, et s'arrêta brusquement pour demander avec un sérieux déplacé:

"Ça correspond à qui pour toi, une princesse?"

Elisabeth cilla plusieurs fois des yeux comme pour se désigner comme la dite princesse avant de rire franchement. Finalement sa question n'attendait pas forcément de réponse et c'était peut-être mieux ainsi!

Alors que Lise avait nonchalamment léchée la cuiller dans l'espoir de dégouter Brieuc, celui-ci s'offensa d'une telle conduite et Lise répondit à sa question:

"Bah non, c'est le 'blèm, j'ai pas vue l'Docteur d'puis presque un an... Et pas plus tard que deux semaines, j'avais des mycoses buccales... Mais rassures-toi, j'en ai plus!" Elisabeth se tourna ensuite vers Jeremiah et ajouta sur le ton de la confidence, suffisamment fort pour que le Breton entende:"C'était horrible, je glairais du pu!"

Ultime manœuvre pour réfréner l'appétit indésirable de Brieuc et qui avait certainement de quoi en dégouter plus d'un... Mais malheureusement, le stratagème fut vain puisque le jeune mutant piocha dans la glace et Lise afficha une mine renfrognée en tendant négligemment le pot vers Brieuc.
Jeremiah proposa quant à lui, de céder sa place si seulement le Breton lui trouvait un paquet de chips... Elisabeth fixa le geek, de plus en plus soupçonneuse... Son sourire en disait long sur ses intentions et la Crétoise n'était pas dupe: un peu idiote mais pas naïve! Brieuc non plus visiblement et sa réponse avait la possibilité de refroidir Jeremiah puisqu'elle sous-entendait que le garçon piocherait aussi dans les chips si jamais elles étaient découvertes...
Lise afficha alors un sourire carnassier: elles pourraient se débarrasser de ces deux vautours et avoir sa glace pour elle toute seule! Imaginant cette stiuation des plus agréables, Lise s'empara du pot de glace et le serra contre elle en fermant les yeux, un sourire béat sur les lèvres.

C'est à cet instant de son moment extatique, qu'un bruit de pieds nageant dans leur chaussures se fit entendre. Lise ouvrit un œil accusateur pour savoir qui la dérangeait dans sa rêverie...Georgia. La jeune femme était trempée de la tête au pied, ses vêtements lui collaient à la peau, moulant ses jolies formes. Elisabeth l'observa un long moment sans rien dire. La blonde n'était pas des plus reluisantes mais Lise trouvait que le coté effet mouillé avait son charme, d'autant plus que Georgia avait un sourire rayonnant.
Elle salua tout le monde avant de lancer une remarque météorologique de pure forme à laquelle Lise répondit à son tour en plaquant le dos de sa main sur son front, prenant des airs de tragédienne:

"Ouais, il pleut..."Le ton était encore plus tragique que celui de Georgia, à la limite du désespoir. "L'avantage et le truc marrant avec la pluie, c'est de prendre une douche pas chère..."

La Crétoise jeta un coup d'œil par la fenêtre comme si cette idée de douche glacée pouvait être plaisante. Georgia embrassa Jeremiah sur le derrière du crâne et Lise se souvint: Georgia, la fille qui embrasse plus vite que son ombre... Elisabeth sourit à la X-Ray pour répondre à son salut.

La blonde demanda alors si, mettre sa caboche dans le four pouvait être une solution pour se sécher... Brieuc répondit en plaisantant et Lise ne perçut pas le regard de Georgia, occupé à la détailler puisque la Crétoise était partie fouiller un placard de la cuisine.

Elisabeth sortit un torchon propre, le plus grand qu'elle trouva, et se dirigea vers Georgia:

"Perso', j'te conseille pas la méthode du four... Y'a une grand-mère qu'à fait ça en Angleterre pour sécher son chien après lui avoir fait prendre son bain..." Lise se plaça derrière la X-Ray et enchaîna: "Et ben, le four il voulait plus s'ouvrir et il a finit par péter à la gueule d'la grand-mère... Sale histoire..." Lise posa le torchon sur les cheveux de Georgia et les massa énergiquement pour les essuyer. La Crétoise colla alors ses lèvres, à l'oreille droite de Georgia pour qu'elle seule, entende:"Ah... et le chien en question n'a pas survécu..." Murmura Lise comme si elle lâchait un scoop.

Véridique en plus! Elisabeth avait lue ce fait divers, il y a quelques temps. Elle passa alors le torchon sur la nuque de Georgia et conclut:

"Un séchage traditionnel s'impose donc!"

La Crétoise se plaça ensuite devant la mutante et passa la serviette improvisée sur ses bras, sans se soucier le moins du monde de la proximité physique relativement indécente ni du fait que Georgia était assez grande pour s'essuyer elle-même. Lise jeta ensuite le torchon mouillée sur la table du milieu, et en ressortit un autre, tout sec, qu'elle lança à l'intention de la mutante. Puis elle retourna à sa crême glacée, sans un mot de plus.

Le geek s'attendait à une réaction offusquée, qu'elle fut exagérée ou réelle. A un sourire à la rigueur, à un rire. Mais alors surement pas à ça. Il avait encore de la glace dans la bouche quand la jeune fille attaqua et il faillit bien lui recracher dessus. Elisabeh 1 - Jeremiah 0. Elle méritait bien son titre de superboss, la situation était beaucoup plus critique que quand il avait dû affronter... cette fille là, la coloc' nymphomane. A la première charge, ses yeux avaient failli lui sortir des orbites et il avait repris ses mains en bafouillant, à la deuxième, quand elle lui demanda ce qu'était une princesse, ses joues suivirent le chemin de ses oreilles en virant à l'écarlate.

"Bah heu..." Répondit-il intelligemment. La tentation était là évidemment, mais pas assez forte pour contrer ses nombreuses frayeurs. Rien de nouveau sous le soleil : il n'avait aucun problème quand les... contacts prolongés concernaient les autres, il avait passé l'âge du "aaaaah mais c'est dégueu !" en voyant deux personnes se rouler un patin... mais rien n'allait plus quand on essayait de l'impliquer, et ce même si c'était sur le ton de la plaisanterie. Du moins, il l'espérait, c'était la seule chose qui l'empêchait encore de fuir en hurlant les deux bras en l'air.

Brieuc fut une bonne excuse pour s'échapper de cette situation particulièrement gênante et il s'efforça de retrouver une contenance alors que la crétoise le prenait à partie :

"Tiens c'est marrant... Ça me rappelle quand ma dent infectée avait commencé à attaquer la gencive, répondit-il négligemment sur le ton de la conversation alors qu'il constatait avec soulagement que ses joues le chauffaient moins. Enfin, c'est pareil, j'dois plus laisser des traînées de pu derrière moi maintenant..."

Excepté sa perfidie, Elisabeth était plutôt marrante. Si comme lui on trouvait drôle de tomber dans le gore. Reconsidérant le petit breton, le geek s'enfonça dans sa chaise les bras croisés, désignant le placard le plus fourbe de la cuisine du menton :

"Elles sont là haut, tout au fond. J'arrive pas à les atteindre, mais toi, ça devrait pas te poser de problème."

Une fois à sa portée, il trouverait bien un plan machiavélique pour détourner l'attention et s'enfuir avec son précieux. En attendant, il n'allait pas préciser qu'il comptait se les garder pour lui, de peur de voir ses chances qu'on lui file un coup de main s'envoler. De nouveau, la porte s'ouvrit, laissant passer une Georgia rayonnante mais trempée comme une soupe. La remarque de Brieuc le fit sourire, en fait il allait faire le même genre de blague idiote. En plus, prise d'une impulsion subite, elle en aurait été tout à fait capable. De se jeter dans la piscine toute habillée.

"Hey Jerry." Répondit-il, étonné de ne pas plus mal réagir au rapide baiser qu'elle déposa à l'arrière de son crâne, surtout après avoir imaginé Elisabeth l'invitant sous la douche. Il avait juste... besoin d'une période d'adaptation. Une très longue. Et une pour chaque personne, en plus. Surtout pour les gens aussi imprévisibles que les deux filles.

"Hep hep hep ! S'écria-t-il en voyant la glace s'éloigner dans les bras de la LeX. T'as proposé de partager, maintenant t'assumes !"

Heureusement, la crétoise se désintéressa de son butin le temps de s'occuper de la blondinette et Miah put récupérer son dû dans lequel il piocha généreusement avant d'accepter de le laisser à Brieuc, tout en observant le manège d'Elisabeth et Georgia, un sourcil légèrement haussé. S'éloignant finalement juste ce qu'il fallait pour éviter la trajectoire du torchon trempé, il haussa les épaules et prit Brieuc à témoin du regard. Au moins, ça faisait du spectacle pendant leur repas. Il n'osa néanmoins pas faire de commentaires salaces, de peur qu'on s'amuse de nouveau à lui faire peur, et se contenta de regarder. C'est ce qu'il faisait le mieux finalement.

Brisant la conversation joviale qui régnait dans le pièce, la porte de la cuisine s'ouvrit subitement, laissant entrer une personne qui avait l'air beaucoup moins joviale que les jeunes élèves présents.


Le commando, visage masqué mais arme de poing -létale- parfaitement visible, s'installa sans rien dire à l'entrée de la pièce, jeta un coup d’œil aux personnes présentes sens rien dire, et resta en poste à coté de la porte.

"Quatresujets en visuel", annonça-t-il vraisemblablement à destination de son communicateur.

"Nous prenons le contrôle de votre baraque les mômes, alors tenez-vous à carreau !"

Cette fois-ci, l'annonce était clairement pour les personnes présentes.

La fringale… horrible. C’est bien simple, il était surement déjà en train de s’auto digérer… Faut dire qu’il ne se ménageait pas spécialement, dernièrement. Depuis ces achats de l’autre jour, il n’avait pas chômé, et n’hésitait pas à repeindre en blanc ces toiles quand il les considérait pas spécialement intéressantes… Le plus long, mais c’était aussi très agréable, ça avait été de préparer les mélanges, à partir des pigments choisis. Il avait oublié à quel point il aimait ça. Un peu comme de préparer une pâte à gâteau… oui.. Bon… bref… il oubliait parfois de manger, du coup c’était pas spécialement étonnant que les allégories fringalistiques soient de plus en plus fréquentes.

IL avait réussi à préserver 3 cookies dans sa planque, dernier bastion de résistance à Jeremiah, mais c’était pas avec ça qu’il allait pouvoir survivre encore longtemps. En ce moment, en cuisine c’était du grand n’importe quoi… Limite genre « narines de porc braisées aux groseilles », « gratin de loutre et sauce aux mandarines » et j’en passe et des meilleurs… ou pas…

C’est donc après avoir engoufré l’avant dernier cookie qu’il se décida tout de même à aller faire un tour dans ce qui était devenu une sorte de laboratoire chic pour bouffe déjantée. Mais alors qu’il s’approchait de la porte, il entendit des eclats de voix, signe qu’il n’allait pas être le seul à tenter de trouver une pitance convenable. La gueule complètement dans le paté (grrr, lachez moi, idiomes fringalistiques), les vestiges d’un cookie en pleine execution par ses dents sadiques, il se figea, avec un gros « splotch » de chocolat tombant sur le sol, à la vue du type armé jusqu’aux dents…

Son cœur décida d’aller se loger au niveau des genoux, ce qui n’était pas spécialement agréable, ni très pratique pour une réaction adéquate. A la place, donc, il pu juste dire
« chheeechoi… ch’bordell » ?

"Non, non j'ai couru sous la pluie. J'ai hésité à me rouler dans la boue mais je l'ai pas fait en revanche..." lança mollement Georgia en réponse aux paroles de Brieuc.

Si la blonde salua d'un hochement de tête Jeremiah - son complice d'infiltration de l'autre jour - elle ne put détacher, par la suite, son regard, de la belle Elisabeth. Mais à quoi jouait la crétoise ?

Elle lui séchait les cheveux, lui frottait les épaules, lui murmurait à l'oreille... Avait-elle seulement conscience que s'il y avait bien une personne dans cet institut qui ne pouvait être indifférente à ce genre de traitement, c'était bien Georgia ?

Certainement en fait... Elisabeth voulait jouer avec elle. Elle voulait jouer avec tout le monde. C'était même une adversaire de taille !

La blonde fit un sourire en coin, l'oeil biaiseux et attrapa le second torchon qu'elle garda bien en évidence entre ses mains. Il fallait qu'elle réagisse. Il fallait qu'elle fasse perdre ses moyens à la belle crétoise qui était repartie à sa glace et qu'elle attire l'attention des deux garçons... Il fallait...

"La prochaine fois, j'irai courir toute nue sous la pluie, ça m'évitera d'avoir rien à me mettre une fois à l'intérieur"

... qu'elle dise n'importe quoi. Elle allait récidiver en s'approchant d'Elisabeth pour lui rendre, dans un murmure à l'oreille, la monnaie de sa pièce, quand un militaire déboula dans la pièce.

Elle se figea.

Remarqua à peine Jason qui semblait aussi surpris qu'elle de la survenue du personnage cagoulé et armé.

Et lâcha son torchon.

"M'sieur le Soldat, on peut savoir qui c'est le nous ? Et ce que vous comptez faire dans notre maison ?" lança-t-elle en levant les mains en l'air en signe de reddition.

Bon, en même temps, ça faisait longtemps qu'elle n'avait plus besoin de ses mains pour utiliser son pouvoir. Elle sourit aux autres :

"Le pistolet du Monsieur est plutôt gros et je suis quasi sure qu'il a pas l'intention de l'utiliser à moins qu'on lui donne une bonne raison de le faire. Alors... On va discuter gentiment..."

Nouveau sourire à l'intention du militaire :

"J'imagine qu'on est obligé de rester ici en attendant que vos supérieurs aient terminé de faire ce qu'ils ont à faire dans la maison, je me trompe ?"

Cela avait été dit sur un ton naïf et enfantin. Elle proposa aux autres mutants :

"Si quelqu'un a une idée de jeu en attendant que ça se tasse, je vous écoute. Et si ça implique des bisous ou des câlins, je suis partante !"

Suivant le regard de Jeremiah, Brieuc nota la position du placard qui renfermait le trésor désiré par le geek. A première vue, il n'y avait pas de réelle difficulté pour accomplir ce genre de mission. Normalement, aucun piège sournois n'était censé protéger un endroit aussi insignifiant, même dans le plus tordu des jeux vidéo.

"Ouai, pas de problème, en effet. J'pense que j'pourrais le chopper sans difficulté."

La cuillère de glace toujours dans la bouche, le Breton se dirigea vers le fond de la cuisine pour se placer devant le placard.

"Au fait, y'a pas de tapette à souris ou de truc du genre au moins ? La bouffe n'est pas protégée à ce point ici ?"

Riant tout seul de sa petite plaisanterie, Brieuc eut l'attention attirée par le manège des deux filles. Voila qui promettait de devenir intéressant. Inconsciemment, il se figea en écoutant Georgia parler. Avait-elle vraiment dit qu'elle irait courir nue sous la pluie ? Rougissant malgré lui à cette idée, l'adolescent commençait à trouver que les filles de cette école avait une fâcheuse tendance à vouloir parfaire les connaissances d'anatomie des jeunes élèves, ce qui n'était pas foncièrement pour lui déplaire…

Lorsque brusquement, les choses se précipitèrent quelque peu, un militaire masqué et armé venait de faire irruption dans la cuisine surprenant tout le monde. Le type avait nettement l'allure des forces spéciales de police. Son bref discours confirma la chose, quelqu'un avait décidé de venir prendre le contrôle de l'Institut. Du coup, était-ce vraiment les forces de l'ordre qui intervenait, ou un groupe d'extrémistes désireux de "casser du mutant" ?

Les autres élèves avaient l'air aussi surpris que Brieuc, comme en témoignait la réaction de Jason survenu entre temps. Aucun d'entre eux n'avait été prévenu d'une telle opération.

Hésitant sur l'attitude à adopter – obéir aux injonctions du militaire ou lui rentrer dans le lard, le jeune garçon observa ce que faisaient ses camarades, prêt à leur prêter main forte en cas de besoin.

Renchérissant aux paroles de Georgia, Brieuc sortit la cuillère de sa bouche et intervint à son tour, de sa voix encore juvénile.

"Et vous êtes qui en fait ? Où sont nos professeurs ? Comment ça se fait que personne nous a prévenu ?"

Souriant aux propos de la blonde, l'adolescent entra dans le jeu.

"T'es sûre que c'est le moment de jouer ? On va quand même pas faire un "action ou vérité" devant un tel spectateur…"

Se déplaçant légèrement, Brieuc essaya de se mettre dans un angle mort, hors de la vue directe du militaire, espérant se faire oublier. En cas de grabuge, il comptait profitait du désordre pour rapetisser et se cacher, partant du principe qu'il fallait mieux rester libre de ses mouvements que de se retrouver emprisonné.

Le militaire conserva son arme au poing, prêt à s'en servir rapidement, mais sembla très légèrement se détendre.

"Le nous, c'est les marines. Nous sommes sous le commandement de l'Amiral Elliott, qui est dans le hall. J'ai ordre d'utiliser mon arme sur tout ce qui pourrait représenter une menace pour moi ou pour l'Institut. Notre mission est de sécuriser la zone, et de pallier à tout danger, donc on est susceptible de rester pour un petit bout de temps. Vous feriez mieux de vaquer à vos occupations tranquillement."

Puis, à l'intention de Brieuc.

"Je ne sais pas où sont vos professeurs. Ce n'est pas mon problème. Et personne ne vous a prévenu probablement parce que l'opération n'était pas prévue pour être ébruitée, et que quand la Présidente décrète la loi martiale, elle n'a pas besoin de demander une autorisation."

Avachie sur sa chaise, délaissant pour l'heure sa crème glacée qui la menaçait à présent d'indigestion, Elisabeth rendit entièrement le pot à Jeremiah et Brieuc. RE-PUE! Il fallait qu'elle vérifier la balance demain matin: ça risquait de faire mal... Ou peut-être pas, elle avait la chance de ne presque pas grossir pour peu que ces fringales ne se répètent pas chaque semaine...
Lise observa le geek avec sympathie, lui qui l'avait soutenu dans sa tentative de dégouter Brieuc avec une autre histoire à l'hygiène douteuse. Mais c'était avant que Jeremiah ne réclame le pot, mais ça n'avait plus d'importance à présent puisque Lise n'avait plus faim.

Brieuc allait pouvoir s'emparer du paquet de chips pour Jeremiah et les deux garçons pourraient se le partager... Lise eut un sourire narquois à cette idée, et le Breton blagua sur la protection de la nourriture, ce à quoi Lise répondit:

"J'crois bien que les élèves ont opté pour la loi de la jungle, c'est le plus fort qui remporte la bouffe, pas besoin de piège... Mais bon, il y a parfois des âmes charitables..."

Elisabeth dégagea ses cheveux en arrière dans un geste équivoque qui ne laissait aucun doute sur la dite personne charitable.

Georgia répondit à la question de Brieuc, à savoir, ce qu'elle avait fait dehors. Elle avait courut sous la pluie et avait hésité à se rouler dans la boue. Voilà une fille qui aimait le contact avec la Nature, ça ne faisait aucun doute!
C'était drôle car sa réponse semblait empreinte d'un certain coté blasé, comme si le fait de "se rouler dans la boue" était tout naturellement envisageable lors d'un jogging, mais que cette option avait été écartée pour une raison quelconque. Cette fille avait l'esprit déjanté et cela plaisait à Lise qui, exécrait les conventions, auxquelles chaque être humain semblait attacher... Elisabeth tentait toujours de les repousser chez elle car la vie était bien plus amusante sans et Georgia semblaient ne pas avoir cette bienséance que la société réclamait chez chacun de ses individus... A la bonne heure!

Elisabeth l'observa, tandis que la blonde la fixait aussi. Lise sourit, amusée par cette situation inhabituelle. Puis la blonde lâcha que la prochaine fois, elle irait courir nue sous la pluie, pour avoir des vêtements de rechange... Elisabeth haussa un sourcil, un peu surprise puis répondit avec sérieux:

"Il faudra toujours te sécher Georgia! Et je ne..."

Mais la Crétoise n'acheva pas sa phrase puisque c'est le moment que choisit un militaire pour débouler dans la pièce, genre: cagoule noire, casque noir, gants noirs et l'habituelle tenue militaire, complétée par de gros calibres, un pistolet et peut-être une mitraillette sur le devant... Elisabeth l'observa, bouche bée pendant quelques secondes. Puis elle lâcha avec une surexcitation digne d'une gamine de six ans réclamant prestement un bonbon qu'elle sait mérité:

"Ouaaaaaah, j'adore votre tenue! On n'peut pas dire que ça vous met en valeur, mais dit donc, quel classe! Ça donne envie de voir ce qu'il y a en-dessous..."

Elisabeth adressa un clin d'œil au militaire, alors que Jason venait d'entrer dans la pièce marmonnant, la bouche pleine. Lise porta son regard sur lui et lui adressa un sourire sans se préoccuper plus que ça de la situation.
Durant ce temps là, Georgia et Brieuc posaient leurs questions au militaire. La blonde, résolument pacifiste, ce qui était du goût de la Crétoise, remarqua l'impressionnante taille du pistolet et Lise réprima une réflexion quelque peu grivoise à ce sujet, se contentant de sourire toute seule. La blonde enchaîna les questions, tâchant d'en savoir plus. Quant à Brieuc, il demanda où se trouvait les professeurs... Lise n'en avait aucune idée, elle aussi: pas dans la cuisine en tout cas...
Le militaire répondit à toutes leurs questions. C'était un marine et il n'était pas seul, les autres devaient en ce moment même, parcourir les couloirs de l'Institut. Ces marines étaient commandés par l'Amiral Elliott... Lise n'avait aucune idée de qui ça pouvait bien être. Ces marines, pouvaient utiliser leur armes sur toute menace pesant sur leurs personnes et sur l'Institut... Ils protégeaient l'Institut? Étrange... Fallait-il que l'Institut soit protégé, mais de quoi? Ils devaient sécuriser la zone et ils en avaient certainement pour un moment, il conseillait enfin de vaquer à des occupations habituelles.

Au moins, Lise remarqua que ce militaire n'était pas un bœuf prêt à tirer sur tout ce qui bouge, il semblait même s'être décrispé. Il ignorait aussi, où se trouvait les professeurs et cette mission était une opération secrète organisée par la présidente, rien que ça!

Georgia proposa alors de faire un jeu et pourquoi pas, un jeu plein de bisous! Cette perspective semblait beaucoup lui plaire et c'était aussi le cas de la Crétoise qui adorait les situations frisant l'indécence. Mais avant de jouer, elle souffla au militaire:

"Bonjour beau militaire... Mes camarades et moi, on promet d'être très sages et de ne pas entraver votre mission, tant que son objectif n'est pas de nous tuer!" Lise sourit comme si sa remarque était sujette à plaisanterie. Elle s'avança d'un pas et demanda:"A défaut d'avoir ton nom, on peut t'appeler "le beau gosse des Marines"? C'est un peu long, mais ce sera un surnom entre nous!" Lise sourit de nouveau, sa remarque ne sonnait pas comme de la moquerie mais bel et bien comme une proposition que l'on ferait à un ami de longue date. "J'aimerais juste savoir pour quelles raisons, toi et tes potes marines, devez sécuriser l'Institut. Qu'est-ce qui menace notre école?"

Puis Lise partit dans la poubelle de recyclage et s'empara d'une bouteille en plastique vide. Elle la secoua un peu en l'air en répondant à Georgia:

"Jeu d'la bouteille pour tous!" Puis à l'intention de Brieuc:"C'est le moment parfait pour jouer: il pleut dehors, on est quatre jeunes gens qui s'ennuie, et on a même un public en la personne du beau gosse des Marines! Un action/vérité c'est ringard et ça peut devenir turbulent. Le jeu de la bouteille, c'est très sobre, très tranquille et on respecte les désirs du beau gosse des Marines, c'est à dire, nous occuper tranquillement! Donc, pas de chichis, tout le monde joue!"

Elisabeth désigna Brieuc du regard. Bon... Lui aurait le droit juste à des câlins si ça posait problème. Quant aux autres: Jason, Georgia et Jeremiah, ils devaient jouer le jeu! Lise était très contente de trouver des partenaires de jeu, il n'y avait rien de mieux pour détendre l'atmosphère que le jeu de la bouteille. Et puis, les élèves vaquaient à leurs occupations et ce, tranquillement! La Crétoise porta ensuite son attention sur le militaire:

"Bon, le beau gosse de la Marine, si tu veux jouer avec nous, c'est maintenant! On ne prends pas de partie en cours! Ce serait tricher!" Lise posa la bouteille sur le centre de la table et ajouta toujours à l'attention du militaire:"Mais crois-moi, c'est plus marrant de se rouler des patins que d'les regarder!"

Lise posa ses bras sur la table et déclara pour tous:

"Voici les règles: on tourne la bouteille dans le sens des aiguilles d'une montre, et celui qui la tourne, doit embrasser la personne, désignée par le haut de la bouteille... Pour les points: 1 point pour un bisous bien tendre sur la joue, 2 points pour un baiser, et 3 points pour un french kiss! On a dix secondes pour effectuer l'un des trois baisers en question! Celui qui refuse un baiser quelconque, ce fera huer par le public, et susceptible de subir la colère du beau gosse des Marines... Et puis ça fera, moins deux points pour celui qui refuse! Celui qui a été embrassé relance ensuite la bouteille !"

Les règles posées, Lise murmura à l'intention de tous ces camarades:

"Vous savez qui sait vous, l'Amiral Elliott?"

Puis Lise laissa le temps au militaire de se joindre à eux, en attendant un instant, sans penser néanmoins que cela soit possible pour autant. C'était surtout l'occasion pour ses camarades de lui répondre. Elisabeth commença ensuite le jeu: elle posa deux doigts sur la bouteille et la fit tourner aussi bien qu'elle le put, de manière à ce qu'elle ne tombe pas:

"Et, c'est parti!!!" Lança Lise, plus amusée qu'autre chose, tandis que la bouteille ralentissait son manège pour désigner sa cible. Le suspens était palpable et la Crétoise fixait tour à tour ses camarades de jeu alors que la bouteille les désignait successivement... Brieuc... Jason... Jeremiah... Georgia... (le beau gosse des Marines???)... Lise... Brieuc...

Enfin, la bouteille se stoppa, et Lise fixa l'intéressé: Jeremiah. Bon... Le geek était du genre plutôt réservé sur ses relations avec les autres, mais là il n'y avait pas de quoi, ce n'était qu'un jeu! Et puis, c'était l'occasion de voir si le geek maniait sa langue aussi bien que ses doigts, habitués aux manettes et aux souris... Lise lâcha alors:

"Bon Je', c'est le patin ou rien: je veux gagner moi! Nous sommes entre adultes consentants! Alors let's go rockn'roll! Tu n'as qu'à fermer les yeux Je' et imaginer que c'est la récompense d'une princesse que tu as sauvée dans un jeu vidéo..."

Elisabeth s'approcha de Jeremiah et posa ses mains derrière sa nuque, un large sourire aux lèvres, au bord du fou rire tant la situation était désopilante. Puis elle approcha ses lèvres de celles du geek, prête pour un baiser humide. Elle était proche de lui et s'il acceptait, elle lui roulerait un patin pendant une petite dizaine de secondes... Allait-il lui rendre son baiser?

L'entrée du militaire dans la cuisine figea tout le monde, et Jeremiah ne fit pas exception. Le soldat le trouva la cuillère levée, près à plonger de nouveau dans le pot mais bien incapable du moindre mouvement à présent qu'il se trouvait nez à nez avec une arme à feu. La situation lui rappelait très désagréablement leur expédition en Alaska, face à un commando qui n'était a priori pas de leur côté... Ses camarades ne semblaient pas plus impressionnés que ça, quoique Jason qui venait de débarquer en avait laissé tombé un bout de gâteau. Les filles par contre, si Georgia jouait l'innocente histoire de ne pas envenimer l'atmosphère, semblaient très détendues. Elisabeth, bien partie pour concurrencer la blondinette, faisait du pied au Marine, et elles se mirent rapidement d'accord pour trouver un jeu comprenant une partie bisous, ce qui acheva de rendre critique la situation aux yeux du geek.

"Protéger l'institut, protéger l'Institut... grommela-t-il dans son coin alors que la crétoise, emportée par son enthousiasme, continuait sur sa lancée en proposant au militaire de les rejoindre dans leur jeu, vu comment vous débarquer, on peut se demander si c'est nous ou DE nous que vous protégez..."

La mention de l'amiral lui fit cependant relever un nez moins boudeur, bien qu'il garda ses bras croisés, et il jeta un regard à Georgia qui comme lui, avait déjà croisé la route du chef des opérations. Tout ça, après un instant de frayeur vite passé comme le soldat ne semblait pas immédiatement hostile, et même si le mutant restait tendu, le laissait songeur. Elliott risquait bien d'être à peine plus coopératif que ses hommes pour leur donner quelques éclaircissements, et il ne pouvait quand même pas attendre les bras ballants... "Oh oui, s'il vous plaît, venez nous envahir et pointer vos armes sous notre nez, mutants = méchants !"

"Oui, on l'a déjà croisé... Répondit-il distraitement à Lise qui s'interrogeait. On était... sous ses ordres quand on a filé un coup de main pour les terroristes qui en voulaient au Jefferson Mémorial..."

Plongé dans ses réflexions, le jeune homme eut une fois de plus l'occasion de se reprocher son manque de vigilance : ce qui risquait fort de devenir le duo diabolique de l'Institut avait fini par se décider pour un jeu... quand les yeux du garçon sortirent du vague où ils étaient plongés, ce fut pour tomber tout droit dans ceux de la LeX -et accessoirement dans son décolleté- qui s'était dangereusement rapprochés.

"Heu... Quoi ??" Paniqué, comme d'habitude, le geek essaya de se reculer mais la mutante avait prévu son coup et s'était déjà accrochée à sa nuque. Apparemment, il avait déjà été décidé que tout le monde participerait, et s'il avait vaguement entendu une histoire de points, il n'y avait pas plus prêté attention que ça, tout à sa réflexion sur l'antipathique amiral qui avait apparemment planté sa tente dans leur hall.

Aurait-il possédé un pouvoir de vitesse accrue ou de téléportation qu'il n'aurait pas été plus rapide : un instant dans les bras d'Elisabeth, le suivant debout à côté de son colocataire, voir un peu en retrait. Ses lèvres avaient à peine eu le temps d'effleurer celles de la jeune fille : il avait vivement détourné la tête pour recevoir le reste du baiser sur la joue, puis s'était levé brusquement, déjà derrière son cothurne quand l'information que ce n'était finalement pas si horrible que ça lui monta au cerveau.

"Ok bon heu... Un point c'est ça ? Et c'est déjà pas mal !" Sermonna-t-il la LeX, avant de jeter un coup d'œil à Jason à côté de lui :

"Je n'aime pas beaucoup ce jeu. L'informa-t-il, comme si ça n'était pas évident. J'te laisse mon tour."

Brieuc, soit devin, soit plus inquiété par le militaire que par les filles, avait pris le parti de s'éloigner de la table avant même que Lise commence à faire tourner la bouteille. Quant au geek, il observait avec méfiance le soldat, espérant qu'il pourrait un peu les éclairer sur la situation avant qu'il ne tente une incursion dans le hall pour demander directement à l'amiral. Ou qu'il trouve un prof qui le ferait. Dans son souvenir, Elliott n'était pas du genre à prendre le temps d'expliquer à quelqu'un d'autre qu'un responsable.

"La loi martiale... On en est là alors ? Le président, c'était juste le début de... de quoi d'ailleurs ?"

C’était totalement surréaliste. Au fur et à mesure que la situation se « mettait en place », Jason se demandait si il n’était pas en plein delirium tremens… D’étonnement, son sourcil gauche avait décidé d’aller se loger dans ses cheveux, et il avait a peine conscience de continuer machinalement à mâchouiller son dernier cookie. Il se rapprocha doucement du groupe, lentement pour ne pas affoler le militaire. Jusqu'à preuve du contraire, s’il avait voulu exercer une quelconque violence envers les élèves, il ne se serait pas embarrassé avec des explications. Et si jamais il voulait exercer une certaine violence, il faudrait pas chouiner après si il se faisait décapiter ou pire…

Surtout que Georgia avait fait son apparition, et qu’elle s’était lancé dans une sorte de compétition du grand n’importe quoi avec Lise. Outsider très prometteuse, cette dernière avait l’air aussi givrée que Georgia, ce qui plaçait la barre très haut. Jason ne pu s’empêcher de sourire quand il vit leur manège, et encore plus quand Lise se mit à parler d’un jeu vieux comme le monde, totalement idiot, et donc indispensable. Mais il éclata carrément de rire lorsqu’elle dragua sans vergogne le militaire, l’appelant « le beau gosse des marines », et il en profita, tout émoustillé, pour reluquer avec appétit le beau gosse en question. C’était un peu prématuré comme intérêt, car son costume, moulant certes, cachait quand même beaucoup trop de choses… Il était bien loin le temps ou il jouait au petit irlandais bien propre sur lui, timide et complexé.

Grâce à Luther, il s’était éveillé au Grand Jeu de la Séduction. Le GDS avait beaucoup d’avantages, comme de pouvoir reluquer sans vergogne les proies, et aussi se faire payer des verres, et puis bien sur ça flattait l’ego. Sauf à se prendre un vent, bien sur. Dans ces cas la, c’était du hors jeu, on n’en parlait plus, pfuit, il s’est rien passé.

Il renchérit donc, a la fois par provocation, et pour mettre éventuellement un peu mal à l’aise le militaire. « C’est vrai que c’est dommage de pas voir ce qu’il y a en dessous… Ya pas à dire, c’est pas la première fois que je pense ça, mais celui qui vous à fait le design du costume doit être une vrai folasse. Ça moule de partout, et ça met tout bien en valeur » dit il, avec son regard si particulier, plutôt vert que bleu, pour ce coup ci, pétillant de malice, s’attardant sur le… matériel du militaire… .

Il ne voulait tout de même pas pousser le bouchon trop loin, aussi se retint il au dernier moment de lui mettre une main au cul. Il fallait savoir s’arrêter à temps.. ou pas.... Le truc, c’est qu’avec Georgia, Jeremiah et maintenant Lise dans la même pièce, c’était très dur de savoir s’arrêter à temps… En tournant le dos au militaire, tout sourire, il fit donc un clin d’œil à Lise et Georgia. Cette dernière était assez fan du comportement de Luther, et Jason avait eut un bon prof, en la personne du Quebecois. Il était temps de montrer à la jeune femme qu’il avait progressé. Sa famille en ferait surement une jaunisse si il le voyait en ce moment. Le fait est qu’il était inquiet, et qu’il ne voyait pas d’un très bon œil l’arrivée des militaires chez eux, après cet assassinat. Mais il n’y pouvait pas grand-chose pour le moment… IL n’allait quand même pas courir comme un dératé dans le couloir en applatissant tout ce qui se trouvait sur son chemin… C’était un coup à finir les deux pieds devant…

Mais Lise passait à l’attaque avec le geek. Telle une predatrice, elle ne laissait aucune échapatoire à Jeremiah, qui se retrouva avec la belle, les levres collés aux siennes. Mais c’était mal connaitre l’anguille vivante. En deux temps trois mouvements il se retrouva près de lui, et jason était carrément hilare.
« tu me laisses ton tour ? … hmm… spa du jeu » il haussa les épaules, guettant tout de même la réaction du militaire aux questions de Miah. Il s’approcha donc de la bouteille, y plaça un minuscule jeton psychique, en dessous, et la fit tourner de la main, en s’éloignant, retournant près de Jeremiah, et en guettant son orientation… Brieuc... Lise... Jeremiah... Georgia... le militaire... Jason... Brieuc... Jeremiah. Il fit un grand sourire à son cothurne, s’approchant pour bien lui faire comprendre qu’il allait lui faire LE french kiss du siecle, mais la bouteille n’avait pas tout à fait finit sa course.. Aidée par une dernière poussée psychique, elle finit sur Georgia. Haussant les épaules, jason ajouta « c’est pas mal aussi, mais un jour ou l’autre je te ferai une soupe de langue, Miah ». Vengeance ! Pour toutes les fois ou le geek avait piqué sans vergogne dans son armoire ou qu’il se foutait de son côté « bisounours ».

Il s’approcha donc de Georgia, le cœur battant la chamade, car maintenant il fallait assumer. Il mit donc la main sur le cou de la jolie blonde, et ouvrit les lèvres, en précisant « si ça peut te motiver, j’ai encore un peu de chocolat aux pralines, dans la bouche… »

"Hum, il faudrait même que je me change..." lâcha distraitement Georgia, les yeux toujours rivés sur l'arme du soldat.

Tandis qu'Elisabeth énumérait les règles de son jeu préféré de tous les temps, la blonde écouta la réponse du militaire. Si le nom de l'Amiral fit tilt dans sa tête, l'expression "loi martiale" la surprit.

"Eh ben, je pensais pas qu'on arriverait si vite à une telle suspension des libertés individuelles... J'sais bien que vous avez des ordres mais vos supérieurs pensent sérieusement qu'on a quelque chose à voir, là dedans ?"

Elle se mordilla la lèvre et ajouta :

"Vous savez, j'imagine, que certains d'entre nous ont aidé à la protection du Jefferson Memorial pendant l'attaque terroriste EXZ ? Hum..."

Georgia cogita. Elle ne savait plus trop quelle marge de manœuvre, elle avait. Ce qu'elle savait c'était que ce planton ne pourrait certainement pas lui dire grand chose.

"A moins que vous ne cherchiez à avoir accès à nos archives, c'est ça ? Pour voir si on vous cache quelque chose sur la localisation de certains membres d'EXZ ? Mon ex copine était dans le lot et franchement j'aurai pu la trouver, je l'aurai déjà fait... Elle a essayé de me buter, moi aussi. Si vous voulez je peux même prendre de votre sérum de vérité, si ça vous amuse... Enfin bref..."

Retournant un bref instant au jeu, elle constata avec amusement que Jeremiah était toujours aussi gourde. Ça la fit rire ! Il y a quelques temps, elle aurait pu gagner son pari avec Miyabi avec ce jeu... Mais cela n'avait plus aucune espèce d'importance.

Quand Jason s'approcha d'elle pour faire de Georgia sa première victime, la blonde se laissa faire docilement. Il était beau. Elle l'aimait bien. Elle en profita pour toucher ses muscles et lui fit un baiser praliné à 3 points. Et comme ça... C'était à elle...

Se mettant à quatre pattes, elle attrapa la bouteille mais ne la fit pas réellement tourner au hasard. Non, elle la saisit et l'orienta directement vers Elisabeth.

D'une voix grave, elle se leva et d'un coup de talon vira ses godasses trempées. Puis, elle enleva son haut pour exposer sa poitrine nue à la vue de tous. Qui sait ? Peut-être que le militaire n'était pas de marbre. Et elle s'approcha d'Elisabeth en lui disant :

"C'est moi la plus grande tarée de l'Institut, reviens dans 1000 ans petites..."

L'enlaçant, elle lui chuchota, tout près de l'oreille :

"Fais moi mal, ma belle"

Elle sourit comme pour feindre le bonheur d'être dans les bras de la crétoise. En d'autres temps, d'autres lieux, cela aurait été certainement le cas. Mais là, les enjeux étaient trop importants...

Le brave soldat avait probablement été très bien formé. Il ne cilla pas ni ne répondit aux diverses invitations de participer et provocations, se contentant de rester sagement planté là, arme en main, et les regardant faire. Ce n'est qu'après un bref instant qu'il répondit à Georgia d'une voix terriblement factuelle.

"Nous savons pour le Jefferson Memorial. Vous pouvez aller parler à l'amiral si vous voulez. Il est dans le hall et vous êtes libres de vous déplacer. Nous savons également que vous dissimulez deux avions de combat sous votre terrain de basket, ainsi que probablement d'autres choses qui constituent une menace très sérieuse pour la sécurité nationale."

Pour le coup, la raison d'être là semblait désespérément sérieuse... Combien de temps restait-il avant qu'ils ne mettent la main sur Cérébra ?

"Complètement allumée…"

Ce furent les seuls mots qui, dans un murmure à peine audible, franchirent les lèvres de Brieuc suite au petit discourt de Lise. Décidemment, celle-ci confirmait bien son statu de Reine des loufoques de l'Institut.

Reine, peut-être pas au fond car la concurrence promettait d'être rude avec l'entrée de Jason et de Georgia dans le jeu. Bon, OK, pour Jason, on parlerait plutôt de Roi. Mais, pour le moment, ça faisait trois têtes pour une seule couronne.

Les yeux légèrement exorbités, Brieuc restait figé sur place, stupéfait et ne sachant pas quelle contenance adopter. Visiblement, Jeremiah semblait, lui aussi, dépassé par l'attitude de la volcanique Crétoise. D'autant que le jeu commençait déjà à déraper entre les trois autres "grands", sous le regard apparemment impassible du Marine.

Lorsque Georgia dévoila sa poitrine nue et s'approcha d'Elisabeth, Brieuc resta, comme hypnotisé, incapable de détacher son regard de cette scène. Sentant son visage rougir, il entrouvrit les lèvres et laissa échapper un "Wow" du plus haut comique.

Décidemment, il se passait beaucoup de chose dans cette école. En l'espace de quelques jours, le jeune Breton avait considérablement accru sa connaissance de l'anatomie féminine. Si ça continuait au même rythme, il allait finir par regretter n'être pas arrivé plus tôt…

Mais bon, pour le moment, il était hors de question qu'il se mette à participer à ce jeu. Après tout, quand on y réfléchissait, il avait autant de chance de tomber sur une fille que sur un gars en faisant tourner la bouteille. S'il envisageait comme possible la perspective de rouler une pelle à une des deux filles présentes, avec bien sûr l'excitation de se livrer à un "interdit" réservé normalement aux "grands", il ne se voyait pas du tout entraîner sur ce terrain par un des deux garçons, enfin par Jason surtout, car le geek semblait vouloir, lui aussi, se mettre hors jeu volontairement.

A ce moment, le "beau gosse des Marines" donna quelques explications complémentaires. Mais, loin de rassurer Brieuc, celles-ci ne firent qu'accroître son inquiétude. Ainsi, le Gouvernement était parfaitement au courant de l'implication des élèves de l'Institut à ses côtés et, malgré ça, il semblait considérer les dits élèves comme une menace au point de réaliser une véritable opération de force contre eux.

Ce qui gênait le plus Brieuc était l'absence totale de consignes et d'informations de la part de ses professeurs. Privés de directives, les élèves, habitués à des situations peu conventionnelles, risquaient de prendre des initiatives malheureuses pour retrouver leur liberté. L'absence de coups de feu semblait toutefois indiquer que les choses n'avaient pas encore dérapé mais cet équilibre pouvait être bien fragile.

Mais les professeurs étaient-il vraiment au courant ou allaient-ils être aussi surpris qu'eux ? L'adolescent ne s'était pas vraiment plongé sur les systèmes de sécurité de l'Institut, se souvenant vaguement de son accueil par un hologramme, reconnaissant sa signature mutante et le guidant à l'intérieur. Quelle aurait était sa réaction face à un non-mutant ? Brieuc n'en savait strictement rien.

En tout cas, les Marines étaient là et ils semblaient vraiment vouloir contrôler la situation. Le point positif était que les élèves restaient libres de se déplacer, par contre, la menace des armes à feu était bien réelle et Brieuc était persuadé que l'homme n'hésiterait pas une seule seconde à leur tirer dessus malgré leur jeune âge.

Les jambes un peu tremblantes, le jeune Breton sentait la peur monter en lui. D'une voix manquant nettement de fermeté, il s'adressa au militaire :

"Euh, m'sieur. Vous voulez dire qu'vous êtes partout dans l'école ? Mais, on doit faire quoi, nous ? Vous croyez pas qu'ça s'rait mieux si on nous expliquait bien l'truc ? Et qu'un d'nos profs nous parlait ? Ca éviterait peut-être une connerie…"

Elisabeth apprit que l'Amiral Elliott était connu de l'Institut et qu'il avait dirigé des élèves chargés de protéger le Capitole. Ainsi, cet Elliott n'était pas du genre à se montrer plein de gratitude, même après les services qu'avait rendu l'institut à l'état américain. *Pfff... Ces ricains...* Songea Lise qui ne connaissait pas encore les mentalités de ce pays, et celles, plutôt pragmatiques, de l'État américain.

La bouteille avait désignée Jeremiah et Lise était manifestement mal tombée. Le geek et la Grecque, s'étaient à peine effleurés les lèvres, que déjà Jeremiah s'était détourné et le baiser s'était terminé en simple bisous sur la joue... Sur le coup, Lise ne sut pas trop comment le prendre, était-ce par timidité, par surprise ou encore était-ce là, la manifestation d'une certaine répulsion? Émotive pour deux sous, se sentant quelques peu rejetée, la Crétoise sentit les larmes lui monter aux yeux. Sa façade s'effritait et Lise se sentit mal à l'aise. Elle dissimula son visage derrière ses cheveux puis se reprit rapidement en le dégageant fièrement pour se planter devant Jeremiah:

"Je suis... Je suis... Déçue!" "Humiliée" aurait été plus juste, mais c'eut été avoué sa faiblesse... La jeune femme pointa un index accusateur sous le nez du X-ray. "... Tu ne m'as fais gagner qu'un seul point! Lise jeta un coup d'œil agacée vers Georgia, certaine à présent qu'elle allait se faire devancer. Puis se tournant à nouveau vers Jeremiah, Lise ajouta avec plus de douceur: "Ce n'était pas très galant de ta part... Les hommes sont tellement décevants..."

La Crétoise battit discrètement des paupières pour chasser ses stupides larmes et observa ensuite Jason prendre le tour de Jeremiah. Jason qui en avait profité pour draguer aussi le marine, ce qui avait donné bien des idées grivoises à la jeune mutante. Il bougea la bouteille psychiquement et celle-ci avait d'abord désignée une nouvelle fois Jeremiah avant de s'arrêter sur Georgia. Cette dernière était occupée à discuter avec le militaire, elle posait des questions, dont les réponses auraient certainement eut une certaine valeur, mais le marine ne semblait pas trop au courant de la chose, et il recommanda d'aller s'adresser à l'Amiral Elliott. Il évoqua les avions de l'Institut et Lise répliqua:

"Tu veux rire, une menace très sérieuse!?!" Lise se leva de son siège pour s'approcher du marine. "Hey beau gosse, ce n'est pas nos deux pauvres avions que nous avons dans les sous-sols qui représentent une menace sérieuse mais bien la violation des libertés individuelles et des fondements de l'État américain qu'une présidente semble se complaire à bafouer... Je trouve pas ça très net, moi. Et croyez-moi, cet Institut a fait beaucoup plus pour l'État que celui-ci n'en a fait pour nous!" La Crétoise s'approcha encore un peu plus du marine et ajouta:"Mais toi, tu n'y es pour rien... Crois-moi, nous on est des "peace and love"! Suffit de voir à quoi se résume nos activités dans cette cuisine!"

Elisabeth retourna au pot de glace et s'en empara avant de revenir vers le militaire:

"Voici un pot de glace, sers-toi, si t'as faim... Ça creuse ce genre de commando..."

La mutante posa la glace près du marine sans se soucier de sa réaction, pour revenir au jeu. Jason allait embrasser Georgia. Il était mignon, elle était jolie. Ça ne devrait pas poser trop de problèmes aux deux jeunes gens, d'autant plus que l'orifice buccal de Jason semblait recéler des petites douceurs chocolatées... Comme prévu la blonde termina avec engouement les restes de pralines d'un des beaux gosses cette-fois ci de l'Institut. Elisabeth se tourna vers Brieuc et lui sourit, l'air de dire, voici ce qui t'attends dans quelques années!
Georgia et Jason marquèrent donc chacun trois points alors que Lise n'en avait qu'un... Elisabeth applaudit, reconnaissant sa défaite. Elle jeta un coup d'œil furibond vers Jeremiah puis observa Georgia tourner la bouteille. Enfin, tourner la bouteille, c'était vite dit parce que la blonde désigna d'elle-même sa cible. Lise arqua à nouveau son sourcil droit, seule expression faciale chez elle qui pouvait exprimer de la surprise.

"Dis donc, tu serais pas en train de tricher là..." Lise allait enchaîner en arguant que Georgia devait perdre au moins un point pour cette bravade, mais elle cessa, alors que la mutante mettait sa poitrine à nue. *Jolie poitrine!*

Georgia s'approcha de Lise, en revendiquant son statut de "plus grande tarée de l'institut", traitant même la Crétoise de "petite". La blonde se sentait menacée! Surprise, Lise la dévisagea longuement. Georgia tenait à défendre sa réputation au sein de l'institut. Drôlement bizarre d'être attachée à ce genre de réput' mais après tout!
Elisabeth se retrouva bientôt, la poitrine serrée contre les seins nues de la blonde qui lui souffla au creux de son oreille, quelques paroles de "chaudasse". Paroles qui firent frissonner Lise entourée par Georgia, qui ne put que le sentir.

La Crétoise trouvait cette fille vraiment attachante dans le sens où elle semblait lutter désespérément pour maintenir une réputation et qu'elle était manifestement prête à faire n'importe quoi. Lise savait exactement comme s'y prendre, parce qu'après tout, elle savait, ce qu'était cette façade qu'elle avait à quelques centimètres devant les yeux, elle connaissait cette expression simulée, ce sourire faux que Georgia lui présentait... Derrière ces expressions provocantes, il y avait... un petit être sensible.
Elisabeth savait pertinemment qu'elle ne pourrait la vaincre dans ce coté provoque et complètement délurée, car Georgia était sans aucun doute la meilleure dans ce domaine, toutes catégories confondues! Et puis pour Lise ce n'était qu'une échappatoire, alors que pour la X-Ray cela semblait être une part entière de sa personne. Jamais, Elisabeth ne pourrait détrôner la blonde, néanmoins, elle avait les moyens de déstabiliser la New-yorkaise sur son podium et elle comptait bien s'en servir!

Mlle Idakis refusa donc le baiser pour le moment mais entoura un bras autour de la taille de Georgia, serrant encore plus son corps contre le sien. Elle posa sa main droite sur le haut du sein gauche de la jeune "tarée" et murmura spontanément et assez bas pour que seule Georgia puisse entendre:

"Tu es magnifique Georgia... Je ne te connais presque pas mais je sais que tu as un cœur en or..." Lise caressa du pouce, la peau de la mutante, elle avait visiblement l'air sincère."Alors, toi qui semble si bien connaître ce jeu, je te propose de le pimenter pour le rendre plus excitant encore... Je veux t'en montrer une nouvelle facette: les sentiments... Parce que sans eux, ce jeu ne vaut rien, et je veux te montrer à quel point, il est cent fois plus excitant lorsqu'ils sont présents... Laisse-toi seulement la possibilité d'accepter les sentiments comme je m'en laisse cette possibilité. Tu veux que je te fasse mal? Très bien. Imagine que tu me donnes un baiser non pas, pour les points, ni pour préserver ta réputation, mais juste parce que tu es amoureuse de la personne face à toi. Un baiser d'amoureux: passionné, interdit et violent. Un baiser où rien ne vaut plus, où seul cet échange, entre toi et moi, compte. Un baiser sincère, pour exprimer de l'amour, pour exprimer le désir. Tant mieux si celui-ci est charnel... Il faut savoir profiter des occasions..."

Elisabeth sourit légèrement tout en gardant beaucoup de sérieux. Puis elle glissa ses mains sur le visage de la X-Ray dans un geste tendre et sans équivoque...

" Crois-moi ce genre de baiser est bien plus...intéressant que ceux qu'on échange habituellement dans ce jeu... Comme tu es une experte, je suis sûre que tu te laisseras tenter par cette option... Ainsi, donc, fermes tes yeux."

Après avoir attendu un instant pour laisser le temps à Georgia d'accepter la proposition, Lise reprit avec douceur:

"Je veux t'embrasser parce que je t'aime Georgia... Je t'aime..." Ces paroles furent déclarées suffisamment fortes pour que tous l'entende dans la cuisine mais Lise savait que ça ne gênerait pas la blonde. Elle ajouta plus bas, comme si cela annonçait la terrible tempête qui allait avoir lieu:" Prépare-toi à souffrir..."

Sur ce, la Crétoise prit les devant et s'empara du visage de Georgia avec une passion démesurée. Les doigts de Lise fourragèrent dans les cheveux blonds de sa partenaire de jeu puis, avec fougue, ses lèvres se collèrent (scellèrent?) à celles de Georgia. La pression était si violente, si intense, que toutes deux reculèrent et les deux jeunes femmes buttèrent contre la table où Lise s'allongea par-dessus la New-Yorkaise, tout en poursuivant leur étreinte passionnée.
Ce n'était pas un baiser où l'on se bouffe les amygdales, non c'était bien plus intense car la Crétoise y déversait un flot d'émotions. Elle imaginait Georgia comme étant, la personne parfaite, l'élu(e) de son cœur, comme si ce baiser était le premier et le dernier qu'elle pourrait partager avec cette personne unique.

Le jeu de la bouteille était tellement plus incroyable lorsqu'il se transformait en jeu de l'amour...

L'étreinte frénétique s'était donc poursuivit sur une bonne vingtaine de secondes jusqu'au moment où Lise décrocha ses lèvres et murmura en plongeant son regard dans celui de Georgia, le souffle haletant:

"Je t'aime..."

Elisabeth se redressa et commenta à l'adresse de tous:

"Je crois que "Joe" et moi, on a bien mériter nos 3 points, non?"

Il était impossible désormais de savoir si la Crétoise avait été un instant sincère dans ce baiser ou si celui-ci se résumait à une simple tentative de déstabilisation à l'encontre de Georgia, car là aussi, c'était bien plus amusant de laisser planer le doute. Lise donna une bonne tape dans le dos de Georgia comme si elles deux, étaient de bonnes copines camionneuses:

"Ça fait pas du bien, ça! C'est pas du petit bisous, n'est-ce pas Jeremiah?" Taquina la Crétoise avec un léger sourire à son intention."Comme Jeremiah et Brieuc ne semblent pas trop motiver pour poursuivre, j'ai bien envie de faire comme "Joe", je vais désigner ma cible, qui ne peut être que..." Lise s'empara de la bouteille et commença à désigner Jason puis brusquement, elle la braqua sur le marine avec un sourire carnassier.

Ne pas se poser de limites, jamais. Toute expérience est bonne à prendre!

"J'suis sûre que derrière ton coté impassible, tu es terriblement excité!" Lâcha Elisabeth à l'intention du beau gosse des marines.

Plus la situation pouvait être angoissante et tendue, plus les limites à la démesure de Lise semblaient être repoussées comme si cela était un échappatoire au stress et à l'hostilité de ce monde.

"Je tiens à vous prouver par les actes et non les paroles, que je suis une pacifiste ayant pour seule valeur, l'amour universel. Si un jour, vous deviez parler de moi à vos supérieurs, vous pourrez toujours leur dire que j'avais l'air un peu dérangée, mais que j'étais bien inoffensive. Je propose que chacun à sa façon nous prouvions notre attachement à ce brave marine, de l'armée américaine, et qu'à travers cela nous prouvions notre attachement aux USA et à la sécurité de l'État..." Expliqua Lise à ses camarades en fixant tour à tour Jeremiah, Brieuc, Jason et Georgia.

Elisabeth s'approcha du commando et lâcha:

"Je pense que juste un bisous à 1 point suffira... Repousser mon bisous, serait repousser l'amour de la patrie, l'amour de l'Amérique et de sa brave armée..."

La Crétoise à présent, très proche du marine tendit ses lèvres un peu stupidement et s'approcha lentement, très lentement, laissant le temps au militaire de la repousser si jamais il refusait cette marque d'attachement à la patrie américaine...

En guise de repoussoir, Elisabeth se retrouva avec le canon d'une arme, glacial et terrifiant sur le front entre les deux yeux. Pour le coup, elle était à deux doigts de pisser dans la culotte de trouille, ou bien se vomir dessus, ou toute action capable de trahir l'effroi terrible qui venait de la prendre aux tripes.

"Tu fermes ton clapet, et tu retournes à ta place. Première et dernière sommation." se contenta de dire le marine, d'un ton aussi froid que son arme.

Un peu bouché lorsqu'il s'agissait de comprendre les émotions des autres, ou trop centré sur ses petits problèmes personnels, c'est selon, Jeremiah ne se rendit pas compte qu'il avait blessé sa... cavalière, prenant son comportement outré pour ce qu'elle essayait de faire passer : de la déception par rapport au peu de points qu'il lui rapportait. Haussant les épaules, le geek adressa une grimace mi-figue mi-raisin à la jeune fille :

"Je n'suis pas très galant... Mais ça me rassure, je croyais être le seul qui soit décevant !"

Il ne lui expliqua pas toute sa théorie sur sa condition poulpesque, ce qui aurait pu dédouaner un peu la gente masculine de ses conneries puisqu'il n'en aurait plus fait parti. Trop fatiguant, et si parler était un effort, c'était encore pire dans une situation où un militaire semblait vouloir qu'on le considère comme un géranium, ce qui restait difficile quand le pot de fleur en question les informait au passage que le X-Jet avait été découvert, tenait une arme, et par-dessus tout, savait s'en servir, ce qu'il leur prouva d'ailleurs quelques minutes plus tard.

En attendant, posé à côté de son coloc', Jeremiah se croyait en sécurité, prêt à utiliser Jason comme bouclier aux attaques de la bouteille s'il le fallait. Ce qu'il n'avait pas pris en compte, c'était que l'irlandais voudrait sa part du gâteau, et qu'il avait tellement de vengeances en retard qu'il aurait été idiot de ne pas en profiter. Reculant d'un pas aux avances du mutant -trahison ! si on ne pouvait même plus compter sur les bisounours quand on en avait besoin... ça avait été stupide de sa part d'ailleurs, bisounours, ça voulait pourtant tout dire-, le garçon fut soulagé quand l'autre finit par se tourner vers Georgia, non sans lui promettre une hypothétique attaque dans le futur. De nouveau, Jeremiah grimaça :

"Soupe de langues... Youhou, c'est vrai que ça a l'air vachement plus sympa dit comme ça, j'vais en fantasmer toutes les nuits dit donc !"

Comment pouvait-on apprécier le contact humain, cela restait le plus grand mystère de son existence... Quoique l'extrêmement furtif baiser de Lise n'eut au final pas été si désagréable que ça, il aurait le temps de se prendre la tête plus tard. Jason embrassa Georgia, qui à son tour prit en main la bouteille, et la pointa directement vers la crétoise. Comme c'était étonnant ! Le jeune homme lança un regard à Brieuc, le seul autre être doué de raison dans cette cuisine (ou le seul qui n'avait pas dépassé l'âge mental du geek), puis revient aux filles... pour constater que la blonde avait ôté son tee-shirt trempé... OK... Ce n'est pas comme s'il n'avait pas l'habitude, mais ça surprenait toujours un peu. Le geek déglutit et les regarda échanger le baiser le plus passionné qu'il lui ait été donné de voir (et pourtant, il partageait sa chambre avec un Jason très démonstratif quand il était avec son québécois), les oreilles brûlantes. Lise se lança finalement dans un long speech, ce qui acheva de la classer aux yeux du mutant comme complétement azimutée. Prouver son attachement au militaire... Personnellement, il n'en ressentait aucun, et ce fut encore pire quand la jeune fille se retrouva avec le canon d'une arme braqué sur le visage. Pour le coup, Jeremiah fut sans doute quasi aussi terrifié qu'elle. Il savait que le pouvoir de la crétoise pourrait lui sauver la vie en cas de problème, mais serait-elle capable de l'utiliser sous ce stress ? Et les autres ? Immobile, les poings crispés sur un bout de son tee-shirt qu'il avait inconsciemment attrapé, le jeune homme avait cessé de respirer, et il lui fallut quelques secondes ainsi qu'un énorme effort de volonté pour se débloquer, lâcher le tissu et s'approcher très lentement, les mains bien ouvertes. Tout aussi lentement, et avec beaucoup plus de douceur que ne l'aurait laissé supposer ses manières de sauvage, il attrapa Lise par le bras et la fit reculer sans geste brusque :

"On se calme... Bafouilla-t-il. Elle a mangé trop de sucre, faut pas s'inquiéter, y a aucun problème, on va continuer comme on a dit... Pas de vagues, on est gentil… Heu…"

Il jeta un coup d’œil autour de lui, cherchant que faire pour détendre l’atmosphère, puis se décida enfin :

"J’vais l’emmener prendre un peu l’air. On a toujours bien le droit de circuler hein ? Ça lui fera du bien…"

Lâchant le bras de la jeune fille, il la poussa légèrement du bout des doigts pour la diriger vers la sortie.

[ Hall]

Le Yun arriva du hall, visiblement de mauvais humeur et croisa Jeremiah qui tirait Elisabeth. Dans la pièce, Brieuc, G. et Jason... et un invité. Il traça jusqu'au frigo pour descendre d'une traite la moitié d'une bouteille de soda au cola. Putain, l'autre con lui avait quand même asséché la bouche avec ses conneries. Le jap se retourna " Putain. Y'en a un qui a proposé de me butter parce que j'étais pas assez diplomate avec son chef. Alors que j'avais demandé si je pouvais l'aider au début. Je rêve. ". Le Yun observa ses camarades. " Et chez vous, y'en a un qui a failli se faire flinguer ? " C'était un peu la nouvelle question ça.

Après le "c'est quoi ton pouvoir ? ", y'avait le "qui a failli se faire flinguer ? ". Nice. Kanata alla se poser à table avec sa bouteille de cola, visiblement dépité. " La loi martiale ici, par la présidente Banks. Au début ils sont là pour virer les menaces éventuelles, et après vlà que c'est nous les menaces. Paye ton délire. Là l'amiral Elliott est en train de causer avec la présidente à cause du hangar. Vont nous prendra pour des terroristes. " Ouai y'avait un militaire qui était là et qui pouvait écouter, mais il s'en tapait un peu. Il l'emmerdait pas, et il disait rien de travers à son chef. D'ici à ce qu'il se fasse encore braquer une arme dans la gueule. " Et sinon, vous faisiez quoi ? "

Kitsune regarda quelques instants Georgia avec un regard particulier. Il l'aimait toujours car après tout, ça faisait pas si longtemps qu'ils étaient séparés. Il soupira et s'affala sur la table, fatigué. Cette journée allait être longue. Très longue....

Toujours attachée aux vêtement de Kanata, Saraid croise finalement la crétoise et un jeune homme qu'elle n'a aperçu que peu de fois depuis son arrivé. L'asiatique avance à toute vitesse et la jeune irlandaise se doit donc de trottiner pour le suivre jusqu'à ce qu'ils fassent une halte au réfrigérateur. La catholique décide, enfin, de lâcher son guide et jette un regard apeuré sur le monde qui l'entoure. Présentement il y a une femme blonde, un autre jeune homme, un autre militaire armé et Brieuc.

*Enfin quelqu'un de connu!*

Une fois que Kanata a finit de vider la moitié de la bouteille de soda, Saraid fait de même en se prenant tout de même un verre mais réussissant néanmoins à finir ce que l'asiatique a commencé. Ceci fait la jeune fille se dirige vers la seule personne avec qui elle a un minimum de sentiment amical: le breton. Elle lui prend le bras sans trop de ménagement et tout en le lui serrant de ses deux propres bras pour se rassurer elle lui lance la question qui lui obnubile l'esprit depuis l'arrivée des fous de la gâchette.

"c'est quoi cette histoire d'avions?"