Retour en Colombie...

Autant la rue était à peu près présentable, autant la ruelle était passablement dégeulasse : univers des rats, des chats qui mangent les rats, et des clochards qui mangent les chats et qui finissent dans les bennes à ordures, comme ça ils sont incinérés avec le reste des déchets. En même temps, cette société les considérait purement et simplement comme des déchets, donc, autant tout recycler en même temps.

Les murs décrépis laissaient apparaitre une construction de briques rouges qui avait au moins un siècle et demi, et qui ne tenait encore debout que par un grand mystère, et probablement une intervention divine.

Un encadrement de porte se dessinait sur un des côtés du bâtiment, toutefois, il avait été muré par des agglos et du ciment, et pour faire bonne mesure, barré par des planches de bois. Au dessus de lui, les cages métalliques d'évacuation incendie, à l'allure inquiétante, et dont l'échelle branlante produisait des grincements sourds en se balançant sur ses guides rouillés, le tout donnant une ambiance de forêt de Fangorn prête à bouffer les malheureux hobbits qui se promenaient là.

Pour rajouter encore un peu à l'atmosphère très cliché du tableau, un soudain bruit perça le silence pesant de cet endroit opposé à la rue, quelque chose de lourd et métallique venait de tomber, arrachant un hurlement à un chat de gouttière qui passait par là, et qui s'en fut sans demander son reste.

La ruelle était plutôt lugubre et Pablo y fit un premier repérage. Un encadrement de porte murée et barricadée, ainsi que des escaliers métalliques d’évacuations retinrent son intention. Les escaliers en fer rouillés semblaient être la solution la plus adéquate pour rentrer dans cet hôtel. En effet, la porte bloquée ne lui permettrait sans doute d’accéder qu’à un sous-sol.
Le jeune Colombien le savait, les armatures métalliques qui habillaient ces bâtisses étaient la plupart du temps bringuebalantes et n’avez « d’issue de secours » que le nom, mais elles constituaient le meilleur moyen pour entrer dans l’hôtel. Normalement, chaque étage possède une porte donnant sur l'escalier de secours, il était donc probable qu'il puisse en trouver une qui fermait mal et entrer discrètement dans les couloirs.

Le mutant en quête d’explication déplaça alors une poubelle jusqu'à l’amener en dessous de la carcasse de métal. Alors qu’il grimpait sur « sa » poubelle, un bruit se fit entendre, résonnant dans la ruelle ; surpris, Pablo tourna la tête mais n’aperçu rien d’autre qu’un chat qui décampait dans l’autre sens. Rassuré et ne se méfiant pas vraiment de quoi que ce soit, il se concentra sur son affaire.
Dans le temps, Pablo avait à de maintes reprises escalader, grimper, sur ce genre de squelette de fortune. C’était un jeune homme plutôt agile, il savait comment aborder ce type d’obstacle et il ne craignait pas trop de devoir se tirer à bout de bras pour accéder à l’escalier.
Décidé à monter, Pablo fixa l’escalier avec détermination puis, après un petit saut, ses mains attrapèrent une des barres rouillées et crasseuses formant l’assemblage, et il commença à se hisser à la force des bras, tout en poussant sur le mur avec ses jambes…

L'opération s'avérait fort périlleuse car l'échelle grinçait beaucoup et se bringuebalait. A chaque appui de Pablo sur le mur, un peu de fine poussière tombait sur la tête du mutant.

Cette échelle n'était vraiment pas très solide, il n'arriverait probablement pas à se hisser jusqu'aux étages les plus hauts, ceux des chambres, par cette voie.

Les fenêtres du premier étage n'étaient toutefois pas barrées, et une lumière crue en filtrait.

D’une petite ruelle glauque, s’échappait le bruit d'un mur de pierre qui s’effritait mélangé à celui de barres métalliques s’entrechoquant. Pablo avait décidé de monter sur l’escalier de secours de l’hôtel, mais il se rendit vite compte que s’il était généralement risqué de circuler sur ce genre de construction, celle-ci était particulièrement bancale. En réalité, il était suicidaire de grimper à cet échafaudage ! Malgré les risques évident qu’avait l’édifice de s’effondrer, le Colombien fît un dernier effort, baissant la tête pour éviter que les particules qui s’écaillaient du mur ne lui tombent dans les yeux, et parvint à se hisser sur la construction.

Tout en balayant la poussière de ses cheveux et de ses vêtements, le mutant commença à marcher avec précaution sur les plaques rouillées grinçant à chacun de ses pas. Il était clair que le jeune homme ne pourrait pas monter tout en haut du bâtiment en empruntant ces sinistres escaliers d’acier, sans passer, par la suite, deux bons mois à l’hôpital !
Un coup d’œil rapide suffit pour constater que les fenêtres du premier étage n’avaient pas de barres ! C’était un spectacle que l’on ne pouvait observer qu’en Colombie, et les architectes devaient sans doute être de mèches avec certains gangs de cambrioleurs tant il est facile d’accéder à l’étage et de rentrer par la suite !
Marchant sur la pointe des pieds, faisant attention à ne pas faire trop de bruit, Pablo se rapprocha d’une des fenêtres d’où parvenait une lumière assez violente.
Lentement, le mutant aux yeux dorés se pencha vers la vitre et jeta un œil furtif à l’intérieur de la pièce…

La pièce était une sorte d'énorme laverie, toute blanche du sol au plafond, les murs habités par de grosses machines à laver et gros sèche linge d'une autre époque qui tournaient en ronronnant, au milieu des tas de draps éparpillés par terre en attente d'un passage à la flotte. Une simple porte permettait l'accès à cette pièce, bien que la structure de la pile de draps indiquait qu'ils tombaient probablement du plafond.

Perché sur son escalier de fer, le mutant resta immobile pendant quelques minutes, à observer le moindre mouvement suspect qui trahirait la présence d’un éventuel employé. La pièce éclairée semblait vide. Habillée de grands draps d’un blanc immaculé, cette salle, également blanche des murs au plafond, comptait un nombre incalculable de machines à laver ainsi que de gros sèches linge qui bourdonnaient inlassablement.
Doucement, Pablo ouvra la fenêtre et s’introduit précautionneusement dans ce qui ressemblait, à première vue, à une buanderie.
A l’intérieur, le grondement des machines était encore plus intense et une odeur de lessive et de linge propre imprégnait toute la salle. Enjambant les draps qui traînaient par terre, Pablo se dirigea vers la porte qui devait sans doute communiquer avec un couloir de l’hôtel, ou bien peut-être un petit local réservé aux employés.

L’oreille collée sur la porte, le mutant était aux aguets, tentant de percevoir le moindre petit bruit lui indiquant si quelqu’un se trouvait de l’autre coté ; mais le vacarme assourdissant des machines à blanchir le linges sales empêchait d’entendre quoi que ce soit.
Délicatement, le jeune Colombien fit tourner la poignée, essayant de la faire grincer le moins possible et poussa la porte en espérant qu’elle soit ouverte…

Malheureusement pour Pablo, les machines étaient trop bruyantes pour qu'il puisse entendre quoi que ce soit. Ou bien c'est qu'il n'y avait probablement personne dans ces couloirs de service, vu l'heure avancée de la journée...

Pablo eut également le déplaisir de constater un autre problème... La poignée tournait dans le vide. Elle était factice ! Le système d'ouverture de la porte avait probablement été remplacé par quelque chose de plus moderne.

Ne pouvant entendre aucun son provenant de l’extérieur, le jeune mutant avait décidé d’ouvrir la porte malgré le risque de tomber sur un employé. Malheureusement pour lui, il avait beau tourner et retourner la poignée, en la tirant, en la poussant, rien n’y faisait, elle tournait dans le vide !
Cette buanderie, qu’il pensait être le sésame pour s’introduire dans le bâtiment, avait finalement l’air de n’offrir aucune porte d’entrée directe.

Un peu déçu, mais surtout à court d’idée, Pablo recula de quelques pas, et regarda autour de lui, analysant la porte en question ainsi que la salle dans laquelle il se trouvait. S’il ne dénichait pas, dans cette salle, un moyen de rentrer dans l’immeuble, alors il chercherait autre part…




[hrp : désolé de ce post d’une longueur incroyable, mais j’suis vraiment à court d’idée et en manque d’inspi là >_<]

C'est au cours de sa réflexion qu'un petit *ding* se fit entendre en provenance d'une machine qui avait manifestement terminé de travailler.

Un intense picotement envahit la plante des pieds et la paume des mains de Pablo, comme si une colonie de fourmis avait décidé de s'installer dedans puis la porte s'ouvrit en coulissant sans bruit, et un chariot automatisé entra, en lévitation au dessus du sol, pour se placer devant la machine qui se mit à vider son linge dans le panier du chariot.

Tout en se grattant la tête, Pablo commençait à se dire qu’il ferait mieux de partir d’ici. D’ailleur, qu’est ce qu’il faisait là ? Il poursuivait un couple d’inconnu dont il ne savait absolument rien, et il espérait qu’ils puissent lui expliquer deux ou trois choses sur la nature de ses pouvoirs.
Le mutant soupira en regardant le plafond.

*Stupide…j’suis stupide !*

Qu’est ce que ce couple allait lui apporter comme réponse ? Si ça se trouve les deux touristes n’en connaissaient pas plus que lui ! Les yeux à moitié fermés et en secouant la tête avec un petit rictus sur les lèvres, le jeune Colombien se dirigeait vers la fenêtre qui donnait sur la passerelle métallique. Il venait tout juste de passer une jambe de l’autre côté quand un petit tintement résonna lui faisant tourner vivement la tête.
Son regard se figea. Comme hypnotisé par la sonnerie de cette machine. Il resta dans cette position, une jambe dehors, une jambe dedans, comme s’il attendait que quelque chose se passe.
Sans un bruit, la porte s’ouvrit...

*Merde !!!*

Sans réfléchir, Pablo bondit de l’autre côté de la fenêtre pour atterrir sur la passerelle métallique qui tangua sous le choc. Allongé contre la construction de fer, il retint son souffle en tendant l’oreille. Mais rien ; aucun bruit ne parvenait de la pièce. Lentement, le jeune homme aux cheveux blancs leva la tête jusqu’à pouvoir examiner ce qui se passait dans cette buanderie : un chariot flottant, visiblement automatisé venait juste de se placer devant la machine qui avait sonné et réceptionnait le linge propre de celle-ci.
Pour la seconde fois de la journée, Pablo enjamba silencieusement cette fenêtre et s’approcha prudemment du chariot.
Il sourit et se mordilla les lèvres. Enfin un petit coup de pouce du destin ! Ce chariot allait pouvoir l’aider à entrer dans l’hôtel. Il observa cette engin en se grattant le menton…

*Rentrer dedans…c’est trop risqué ! J’sais pas la charge maximum que ça peut supporter et je serais bloqué si i’s’passe quelque chose…nan…c’est pas une bonne idée !*

Pablo réfléchit quelques instant et trouva une autre solution : dès que la machine aurait vider tout son contenu, le chariot sortirait certainement de la pièce ; à ce moment, il se mettrait derrière celui-ci et s’en servirai de cette manière pour pouvoir s’infiltrer sans être vue. Il pourrait ainsi suivre le trajet de cette petite benne automatique en marchant accroupi et rester à couvert.

Son « plan d’intrusion » mis à plat, le mutant alla sagement se cacher derrière une machine, en attendant le moment où le chariot repartirait…

Un petit détail put frapper l'attention de Pablo alors qu'il échaffaudait son plan : le sol était glissant. Autant, à sa première visite, tout était normal, autant maintenant que le chariot s'affairait, il lui était extrêmement difficile de rester debout. Tout le sol semblait savonneux... Bien que, à la réflexion, ce n'était pas ça. Le sol repoussait ses pieds.
Et il y avait toujours ces atroces picotements, digne des plus subtiles tortures chinoises.

La machine ayant fini de vomir ses draps dans la nacelle, le chariot flottant se remit en route comme il était venu en émettant une série de bips joyeux.

Ce fut au tour de la machine derrière laquelle se cachait Pablo de se mettre alors à bouger ! Celle ci vint se placer sous la trappe, et pivota de sorte à mettre le tambour à la verticale d'un conduit au plafond. Un bruit de siphon se fit entendre, et des draps se mirent à tomber du ciel, directement pour remplir l'appareil.

Habilement cacher derrière sa fière machine à laver, Pablo réalisait qu’il lui serait peut-être pas si évident que ça de suivre la route de cette benne automatique. Elle devait certainement servir à polir le sol en même temps ce qui rendait les appuis plus qu’incertains.
Finalement, il lui faudrait peut-être utiliser cette ruse qu’affectionnait tant les héros dans les films, à savoir se cacher dans un chariot de linge ! L’idée ne déplaisait pas à Pablo d’autant qu'une douce odeur de propre émanait de ce linge, mais il espérait qu'il n'aurait pas à le regretter plus tard.

Alors qu'il attendait, toujours camoufler par sa machine, de petits picotements qu’il avait ressentit quelques minutes auparavant sans vraiment y porter attention, devinrent plus gênant. Le jeune mutant regarda les paumes de ses mains puis les frotta l’une contre l’autre. La sensation était désagréable, celle d’une sorte de petite décharge électrique qui circulerait dans son corps ; elle se faisait plus intense alors que le petit chariot avait fini sa récolte et reprenait la route…

*Maintenant !*

Oubliant cette petite douleur qu’il mit sur le compte de l’électricité statique qui régnait dans cette salle, Pablo s’élança en surfant sur ce sol devenu patinoire. Tandis que derrière lui, la machine à laver prenait vie à son tour et pivotait pour réceptionner le linge qui dévalait le long du gros tuyau au plafond, il tendit une main, tentant de s’accrocher au chariot avant de donner une impulsion pour plonger dans cette benne de linge impeccablement lavé…

La réception dans le chariot fut un peu dure, mais le pire restait à venir. Le chariot s'était immobilisé au sol. Il se mit à ronronner. Les néons éclairant la pièce se mirent à clignoter alors que le chariot se soulevaient à nouveau et que la machine à laver cessait de flotter et tombait par terre.

À son tour, la machine se remit à flotter. Des éclairs fusèrent de partout, autant de micro foudres qui striaient l'air du sol au plafond en produisait de gros coups de tonnerre et dégageant une forte odeur d'ozone.

Puis le chariot et la machine tombèrent simultanément alors que tout s'éteignait dans la pièce et qu'une série de draps gavait la machine en tombant du toit sans discontinuer.

En plein vol, Pablo donna un petit coup de rein, de façon à légèrement tourner sur lui même et la réception fût parfaite, digne des grand film d’action ! (d’un point de vue purement subjectif >_<). Par contre, les craintes de Pablo quant à la résistance du chariot face à un trop gros poids s’avérèrent être fondées ! A peine le Colombien eût touché le linge, que le chariot cogna le sol. Immobilisé, la benne flottante se mit à vrombir, tentant de soulever la charge du linge plus celle du jeune mutant. Alors que le petit engin de ménage parvenait de nouveau à se soulever, d’inquiétants phénomènes apparurent. Les néons se mirent à clignoter et la machine à laver qui était en lévitation tomba par terre. Un peu paniqué, Pablo assistait, impuissant, à ce disjonctage général. Caché dans son petit chariot il espérait que tout n’explose pas !

*C’est quoi ce bordel ??!!!! J’ai touché à rien moi !!*

A son tour la machine se remit à flotter, déchaînant une véritable furie électroménagère ! De petites étincelles pétaient un peu partout accompagnant de gros grondements le tout entouré d’une odeur de souffre.
Pablo était depuis longtemps enroulé dans des draps, pétrifié par ce qui se passait autour de lui. Le raffut ambiant et les scintillements des néons étaient assez effrayant ; le mutant avait les yeux fermés et priait à voix basse, implorant le seigneur que tout s’arrête !

Brusquement, le chariot heurta le sol, sortant le mutant chrétien de ses prières. Tout s’arrêta en même temps. On entendait plus que le bruit du linge qui tombait en continue du tuyau, empiffrant la machine à laver qui le dégobillait aussitôt. Le Colombien ouvra les yeux et se précipita hors de ce maudit chariot, persuadé que le raffut avait dû ameuter du personnels. Il fonça vers la porte pour quitter cette buanderie devenue folle…

Mais il n'y a pas que la buanderie qui était folle : tout le plancher était devenu bizarrement chaud bouillant, et les semelles de Pablo en étaient à la limite de fondre. Tout le circuit électrique était éteint, et un peu partout, des bips d'alarme sonnaient.

Le couloir dans lequel Pablo s'engouffra formait une sorte de L, et il se trouvait à l'angle des deux barres. à l'extrêmité de la longue barre, le salut : un ascenseur au bout de la longue barre, mais même si Pablo en était loin, il était flagrant qu'il n'y avait pas de bouton d'appel, mais une clé d'appel...

Vu d'où il était, deux portes à gauche dans la grande barre, une porte à droite dans la grande barre ; une à gauche et une à droite dans la petite barre.

Ce qui venait de se produire dans la laverie automatique, n’était rien comparé au stress que subissait Pablo, seul au milieu d’un couloir formant un angle.
Une étrange chaleur semblait venir de l’étage d’en dessous et les bips d’un sirène faisaient échos à travers tout le bâtiment. Couper de tout courant, l’hôtel semblait sinistre, presque fantomatique. Le jeune mutant regardant les deux extrémité du couloir avant de s’engager dans la partie qui était la plus grande. De ce côté, trois portes étaient visibles. Stressé par les bips de l’alarme qui résonnaient, Pablo ne parvenait pas à réfléchir, il avançait en tentant de ne pas perdre son sang-froid En tout les cas, il semblait que ce soit-disant hôtel de luxe avait de « petits » problèmes d’alimentation d’électricité.
La chaleur se faisait un peu plus forte et le sol commençait à sérieusement brûler les pieds du Colombien. Etait-ce juste une impression ou bien l’immeuble était-il entrain de prendre feu ?

*Les bips…ce serait l’alarme à incendie ?*

Pablo s’arrêta et se concentra sur sa respiration, reniflant pour détecter si une odeur de brûlé se propageait. A peine entrer dans l’hôtel, il se retrouvait confronté à un dilemme : ressortir par précaution, ou bien continuer et chercher ce couple ? Les bips qu’on entendait pouvaient très bien être la cause de l’effraction du mutant, dans ce cas il lui fallait vite trouver le couple. Mais comment ? Par où commencer ? Il lui faudrait sûrement vérifier le registre…

*Cette chaleur…*

Intrigué par l’ambiance de fournaise qui régnait, Pablo se précipita sur la première porte de gauche, tambourinant contre celle-ci en criant dans la langue du pays

« Y’a quelqu’un !!?? »

Si personne ne répondait, le Colombien, toujours obsédé par ces bips incessants, allait continuer avec les deux autres portes, en répétant le même appel…

ça sentait le roussi. Non pas le brûlé, mais le chaud... Le court-circuité, les fils fondus, ce genre d'odeur. Personne ne répondit à la porte qui s'ouvrit sous les coups de Pablo, montrant une réserve de linge, de même que les deux autres, contenant respectivement une rangée de sèche-linges qui tournaient paisiblement.

La plus grande pièce, celle qui était incluse entre les deux barres du L contenait elle une certaine quantité de chariots sagement alignés sur le sol, seul un était manquant, celui que Pablo avait déjà rencontré. La pièce contenait aussi le nécessaire pour leur entretien.

La première porte s’entrouvrit après que Pablo eut tapé à trois reprises. Méfiant, le jeune homme poussa la porte et s’introduit dans cette pièce avec vigilance. Son regard balaya la salle qui ne contenait qu’une importante réserve de linge ; rien d’autre.
Pablo referma la porte et se dirigea vers la deuxième porte. Il toqua deux fois et entra dans cette pièce qui était également affecté à l’entretien, cette fois ce fut une rangée de sèche-linge qui drainaient, en rythme, l’eau que contenait tout ce linge.
Derrière la troisième porte, que Pablo ouvrit sans même vérifier s’il y’avait quelqu’un, se cachait le même bataillon de sèche-linge. Une autre pièce, quant à elle, abritait une colonie de chariots tous alignés ainsi que du nécessaire d’entretien.

Le mutant aux cheveux blancs se dirigea alors vers l’autre aile, celle où l’on voyait deux portes, une de chaque côté. Toujours préoccupé par un éventuel incendie, Pablo commençait à sentir comme une odeur de court-circuit, une odeur vaporeuse de métal bruni. C’est généralement ce genre d’effluve qui précède un incendie, les signes d’une installation défectueuse.

*J’aime pas cette odeur… ça sent le disjoncteur qu’aurait pas fonctionné.*

Arrivé dans l’autre aile, le Colombien qui avait l'air préoccupé ouvrit chacune des deux portes, en commençant par celle de gauche ; il espérait trouver des escaliers de service qui lui permettrait de circuler dans cet hôtel…

Voici le plan de l'étage où tu te trouves :



La salle des chariots est une grande salle dans laquelle sont alignés les chariots à linge, ainsi que d'autres aux formes bizarres : citernes, tambours... munis de tout un tas de petites pointes et embouts. Dans cette salle, un peu d'outillage, et des armoires.

La réserve lingerie contient de belles piles de draps et de taies d'oreillers parfaitement repassés par une machine qui semblait faite pour ça, et qui ne tournait plus non plus.

La salle des sèche-linge ressemble à la salle des machines, moins le trou dans le plafond.

L'apport détergent est une salle bizarre avec des prises femelles un peu partout dans le mur. Dans cette salle règne une forte odeur de parfum pour adoucissant.

Pablo put constater avec un certain désarroi qu'il n'y avait pas d'escalier de secours, forcément, puisqu'il l'avait emprunté pour accéder à cet étage. Finalement, l'architecte n'était pas si bête... Rien à voler à cet étage qui ne peut passer les fenêtres...

Les deux autres portes donnaient respectivement sur la grande salle des chariots pour l’une et sur une salle assez étrange où était disposé un grand nombre de prises femelles et sentant l’adoucissant.

Pablo ressortit de ces salles et s’adossa à un mur du couloir pour réfléchir.

*Y’à pas d’escaliers à l’intérieur. Ce qui veux dire que les employés accèdent à cet étage par l’ascenseur…probablement avec un badge, un code ou quelque chose comme ça. L’ascenseur doit être exclusivement réservé aux femmes de ménages…*

Le Colombien fit quelques pas de façon à se positionner face à l’ascenseur et le fixa en se grattant le menton.

*La seule façon que j’ai d’accéder aux autres étages est de passer par là. Peut-être qu’il y’a un système infrarouge qui permet aux chariots d’ouvrir les portes…mais peut-être qu’ils ne sont pas programmés pour quitter l’étage…*

Dans un premier temps, Pablo traversa le couloir et alla observer quel était le mode de fonctionnement de l’ascenseur. Il se pencha et observa avec précision ce qu’il avait devant lui, constatant qu'il y'avait effectivement une espèce serrure.
Crocheter des serrures était un art qu’il avait, malheureusement, pratiqué à plusieurs reprises dans sa jeunesse ; mais cette serrure semblait un peu plus complexe que celle qui fermaient les cadenas des boutiques ou des portes des bâtiments qui parsemaient des favelas de Bogota.
Basilic recula de quelques pas pour observer l’ascenseur dans sa totalité, voir s’il n’y avait pas de capteur infrarouge, ou d’autres petits détails qui pourraient lui servir.

Le simple fait de penser qu’il devrait peut-être utiliser les escaliers de secours en ferraille rouillée dehors lui faisait froid dans le dos, et il était hors de question de repartir maintenant. Il était arrivé jusqu’ici, et désormais il s’agissait d’un challenge. Il mettait un point d’honneur à ne pas rebrousser chemin tant qu’il n’aurait pas eut ce qu’il voulait.
Il avait remarqué qu’il y’avait quelques outils dans la salle des chariots, cela pourrait lui être utile par la suite.

Après avoir longuement étudié l’ascenseur, Pablo se rendit dans la salle des chariots pour faire l’inventaire des outils qu’il avait à sa disposition…

A première vue de loin, la porte de l'ascenseur semblait parfaitement normale. Mais à y regarder de près, elle était en fait très particulière...

Vu sa configuration, lors de l'ouverture, le panneau ne coulissait pas dans le mur, mais dans le plafond.
Un autre point de détail était le seuil, qui ne ressemblait pas à un seuil classique d'ascenseur : plus plat, avec un materiau différent, et portant une mention "Warning, Magnetic Hazard". Pas de bouton d'appel comme c'était prévisible, mais une sorte de prise ronde, un peu semblable à ces vieilles serrures permettant de désactiver les systèmes d'alarme au XXe siècle, et qui était probablement l'interface d'une communication électronique plus complexe que le simple ordre d'ouverture des portes.

De retour à la salle des chariots, l'inspection de l'outillage révéla un grand nombre de clés, boulons, tournevis, fusibles, câbles de rechange, mais surtout un grand nombre de pièces de rechange : de nouvelles toiles, des sortes de bobines plates de différentes tailles, des embouts de tuyau qui correspondaient probablement aux prises femelles de la salle sentant l'adoucissant, et surtout, des prises mâles qui semblaient toutes faites pour se ranger dans la prise d'ascenseur.

Mais une nappe de branchement électrique informa Pablo que ça ne serait probablement pas aussi facile...

En fouinant dans la salle des chariots, Pablo remarqua un véritable fatras de matériaux divers et variés, allant du simple boulons à des nappes de branchements électrique. Par instinct de survie, le jeune intrus s’empara d’un tournevis cruciforme et d’un autre, plat. Ça pourrait toujours servir…
Toujours entrain de farfouiller, les yeux dorés du mutant s’arrêtèrent sur des prises mâles qui semblaient être faites pour s’emboîter dans la prise ronde qu’il avait vu près de l’ascenseur quelques minutes auparavant. Il se remémorait la phrase qui était inscrite sur le sol, devant ce monte charge « Warning Magnetic Hazard »

*"Warning" ça veut dire "Attention" ; mais j’sais pas ce que signifie "Hazard"…toute façon ça doit être une mise en garde pour…des trucs magnétiques. Ça concerne peut-être les chariots…*

N’ayant que quelques notions en anglais, encore moi en physique et en électronique, Pablo se disait que la première idée qu’il avait eu quant à la probable ouverture automatique des portes si un chariot venait à se présenter devant, était plausible. En tout cas, à en juger par l’avertissement, ça valait la peine d’essayer.
Il s’empara d’une prise mâle et attrapa un chariot qu’il traîna jusque devant l’ascenseur en le laissant contre un mur à quelques mètres. Après un court moment de réflexion, durant lequel il vérifia tout les paramètres qu’il avait devant lui, le Colombien, satisfait de ses trouvailles, décida de passer à l’action.

Dans un premier temps, il brancherait l’embout mâle dans la prise ronde qui semblait être là pour ça. Si rien ne se passait, et si les portes de l’ascenseur restaient clauses, alors il traînerait le chariot et le positionnerait sur la plaque où était inscrit l’avertissement…

Comme prévu, l'embout mâle se fichait de façon adéquate dans l'embout femelle, et Pablo put constater que ça tournait. à gauche comme à droite, cela semblait tourner dans le vide, bien qu'il y ait des positions où une petite résistance indiquait qu'il y avait un contact dans la prise. Malheureusement, cela ne décida absolument pas l'ascenseur à s'ouvrir...

La tentative de trainage du chariot se révéla être une tâche bien au delà des capacités physiques du jeune homme... Autant avant le court-circuit, les chariots flottaient légèrment au dessus d'un sol presque glissant, autant maintenant, la texture du sol était à nouveau parfaitement normale, et vu la surface de contact du chariot avec le sol, ainsi que le poids relatif de l'appareil, les frottements rendaient la tâche impossible de cette façon là.

L’ascenseur restait fermé. Devant lui, Pablo avait cette porte fermée qui l’empêchait d’accéder aux autres étages. Les quelques idées qu’il avait eut ainsi que ses tentatives s’étaient avérées infructueuses ; il n’y avait visiblement pas moyen d’accéder à l’hôtel par cet étage.
Une petite moue de dépit s’afficha sur le visage du jeune homme tandis qu’il s’éloignait de l'ascenseur. Il n’avait plus qu’à espérer qu’il puisse accéder à un autre étage par l’escalier de secours à l’extérieur, même si cette idée lui déplaisait vu la fiabilité apparente de la construction.

Restant prudent, le mutant traversa rapidement le couloir jusqu’à la salle des machines par laquelle il était entré, et se dirigea vers la fenêtre qu’il enjamba...

L'escalier de secours n'avait toujours pas bougé. Grinçant, bringuebalant, rouillé, déboulonné... L'échelle permettant d'accéder à l'étage supérieur était rouillée à un point terrible, et ne tenait plus que par un seul de ses cotés... Et encore, de façon précaire...