|27/09/2108| - Retour aux sources

Esther regarda Milan s'éloigner avec Elly... L'ancien pompier semblait avoir une approche bien plus positive et volontariste de la vie qu'elle. Elle soupira : la trentaine et déjà elle se sentait rincée. Vieille. Et usée. Comme si ses soucis lui bouffaient l'existence. Comme si elle ne pourrait dormir sur ses deux oreilles qu'une fois que le dernier membre de la secte Nemo aura avalé son acte de naissance.

Aleph serra les poings. Rien ne servait de se lamenter. Elle se devait de montrer une image positive et assurée d'elle même. De trouver un moyen de canaliser ses peurs... De...

Stop.

"Personne n'est invincible, Abaigh. Et je crois que l'ivresse de la puissance peut nous faire oublier cet état de fait. Je peux peut être réduire en cendres la moitié de cet Institut sans même avoir besoin de me lever mais je resterai toujours aussi impuissante face au premier télépathe venu. Je n'y peux rien, c'est comme ça..."

Elle sourit doucement, trifouillant ses poches à la recherche de son paquet de cigarettes.

"Un vaccin ?"

Esther eut un petit rire sonore en imaginant Jolène à la manière de Louis Pasteur... Après tout, lui aussi on avait du le traiter de fou à l'époque... Et pourtant cela avait marché ! Bien sur, s'agissant de mutants tout devenait tellement plus compliqué...

"C'est une idée... Je ne suis pas sure que cela fonctionne mais... Ça ou la méditation... Avec votre suggestion, vous venez peut être de me faire économiser 20 ans de yoga ! Et puis..."

Elle regarda les filles tout en s'allumant une cigarette. Esther souffla une bouffée de fumée puis reprit :

"Nous avons besoin d'expédients pour nous permettre de surmonter notre propre faiblesse. Après tout, il n'est pas nécessaire d'être invincible quand la seule illusion d'invulnérabilité nous permet d'avancer au quotidien. Enfin, ne nous tracassons pas..."

Aleph releva la présence de Kanata et le gratifia d'un sourire. C'était l'un des LeX maintenant. Une équipe qui avait bien changé depuis sa création... Elle ferma les yeux, se remémorant rapidement leurs visages et leurs noms... Ceux qui avaient quitté l'Institut : Laura, Math, Juan et Ivy. Celle qui était tombée sur le champ de bataille : Hjördis. Et... Au fond de la première période, il ne restait plus qu'Amarenna... Esther se dit qu'il faudrait qu'elle discute avec la jeune fille. Ou tout du moins qu'elle demande à Milan comment elle se débrouillait dans sa nouvelle équipe.

Quoi qu'il en soit les LeX nouvelle génération la remplissaient de fierté... Il n'y avait qu'elle même qui se trouvait un peu à côté de la plaque à vrai dire...

"Intéressant votre pouvoir Jolène. Vous êtes bien la première, à mon souvenir, de l'Institut à avoir un tel talent..."

Talent qui pouvait malheureusement servir de basses œuvres.... comme la torture. Une chance pour tout le monde que la jeune écossaise ait toqué à la porte de l'Institut et non d'une autre organisation moins respectable.

"Pour ma part, je contrôle la température. Le froid comme le chaud. C'est pratique et ça réduit à néant l'intérêt d'avoir une garde robe d'été et d'hiver"

Esther réfléchit un instant à leur situation. Tous les quatre, ils blaguaient de manière insouciante... En bonne plombeuse d'ambiance, elle commenta :

"En tout cas, je crois - sans vouloir exagérer les mérites de l'Institut - que le monde a beaucoup de chance que nous soyons ici en train de discuter et non pas enrôlés sous des uniformes et des étendards meurtriers... Quand je pense aux pauvres adeptes de la secte Nemo - Timmy ou même sa mère - je me dis que nous avons eu beaucoup de chance de trouver un abri contre la tempête..."

Un peu plus et elle se ferait biblique. Néanmoins, il y avait une cigarette à finir, aussi Esther se tut.

Réduire en cendre la moitié de l'institut? Elle se rendait peu à peu compte pourquoi les gens pouvaient craindre les mutants. Quelques uns dans le même genre que le professeur pourrait surement suffire à mettre pas mal de bazar dans un pays pour peu qu'ils soient un minimum organisés. C'était effrayant et grisant à la fois. Si des personnes aussi puissantes décidaient de faire quelque chose pour changer le monde pas grand chose ne pourrait leur résister, les dictatures tomberaient, les inégalités seraient réduites à néant...

Apparemment son idée était amusante. C'est ce que Jolène pensa pendant les quelques secondes suivant le rire d'Esther. Les mots qui suivirent la rassurèrent, c'était pas trop ridicule comme idée en fait, en tout cas le professeur Kofman ne l'avait pas rejeté directement, même si elle n'avait pas trop d'espoir sur sa réussite.

Katana arriva à ce moment là, l'air de mauvais poil apparemment. Il se présenta à elle...il devait avoir oublié que Georgia l'avait déjà fait le jour de son arrivée.

"T'étais au bord de la piscine, le SFF comme dit Georgia..."

Jolène entendit d'une oreille ce que disait Esther sur son pouvoir, l'autre étant submergée par la voix sonore de l'irlandaise. Le professeur confirma ce qu'elle pensait déjà sur son pouvoir puis, après une pause commença à parler de l'institut en lui même. L'écossaise n'avait jamais vraiment été confrontée à quoi que ce soit dans le genre, elle n'arrivait pas à ressentir ce qu'elle voulait dire mais elle le comprenait, à son niveau. Elle ne savait pas quoi dire pour faire repartir la conversation.
L'irlandaise, qui s'était assombrie s'en chargea à sa place pour répondre à sa question. Ainsi donc elle créait des clones...une vingtaine en plus...malgré les problèmes qu'elle pouvait avoir c'était impressionnant. Un contre vingt, le un n'avait pas beaucoup de chances de s'en sortir.

"C'est quand même pas mal...Avec de tels pouvoirs je suis sûre que vous pourriez changer pas mal de choses dans le monde,pour l'améliorer. Pour forcer les dirigeants
de certains pays à être plus justes, que l'égalité puisse vraiment exister!"

Elle y croyait vraiment. Leurs pouvoirs étaient à large champs d'action, ou du moins c'est ce qu'ils laissaient paraitre. Elle se rappela le jeune japonais et son pouvoir.

"Par exemple Katana pourrait prendre l'apparence d'un conseiller d'un dirigeant véreux. Ou même du président véreux en question. Pour abdiquer, refaire des élections justes et équitables...Je sais pas moi..."

C'était un des exemples les plus politiquement correctes qu'elle avait en tête. Les autres consistaient à faire abdiquer par la force ou sous manipulation mentale.

La qualificatif de "vachement dangereuse" fit apparaitre un sourire narquois sur le visage de la jeune fille. C'était pas demain la veille vu les capacités qu'elle avait en ce moment.

"Enfin pour le moment volontairement je fais pas grand chose de "dangereux". Voir même rien du tout en fait."

Mais elle était là pour s'améliorer non?

"Et encore faudrait-il que j'arrive à toucher la personne en face de moi, j'ai pas franchement eu l'occasion de m'entraîner au combat rapproché."

D'ailleurs en parlant de ça faudrait qu'elle trouve quelqu'un pour lui enseigner les bases, le minimum syndical au moins.

Il s'était déjà présenté à Jolène. Ouai. Ok. Les nouveaux arrivaient par banc entier. Il n'allait pas en plus faire l'effort de retenir qui le connaissait. La prochaine fois il restera silencieux et se présentera pas, ce sera plus simple. Plaçant ses bras derrière sa tête, il l'apposa contre le tronc en fermant les yeux.

Pendant qu'Abaigh louchait sur une cigarette, d'ailleurs ça faisait un moment qu'il en avait pas touché une non plus, il écouta dame clope parler de leur chance. "On n'est pas tous dangereux quand même. Tout le monde n'est pas capable de faire fondre des uzis. " Une arme qui aurait été plus pratique que Monsieur Couproc pour se débarrasser rapido de tous leurs adversaires. Un coup d'oeil entendu pour la prof et recalage contre l'arbre.

Le Yun écouta distraitement Jolène parler de changer le monde. Pour le changer, faudrait foutre un coup de pied au cul de tous les "dirigeants". Tous des pourris jusqu'à l'os. D'ailleurs elle le prit pour exemple. Enfin presque. Il venait de rêver ou elle l'avait appelé Katana ? " Je tiens pas à me prendre une balle dans la tronche à la place d'une crevure perso." donna-t-il en guise de réponse à l'idée de "diriger le monde" par substitution avec son pouvoir.

Un sourire niais au visage lorsque Jolène parla d'avoir besoin de "contact" pour s'entrainer avec son pouvoir, Kanata s'étira de sa journée de non-travail puis bailla ostensiblement. Lui il était libre si elle avait besoin de toucher quelqu'un. Mais il se retint de faire la remarque. Devant un prof c'était moyen. Déjà que le dirlo le prenait pour un pervers.

"Et sinon, le machin qu'on est allé chercher dans les entrailles d'un monde parallèle, ça donne quoi ? On a gagné à la loterie ? Si oui je veux le pack collector de Berzerker Ultra IX !" Le machin, c'était le testament bien sûr. Aucune raison de prendre des pincettes pour aborder le sujet. Ils avaient failli crever pour récupérer ce truc. Ca faisait déjà un moment qu'ils attendaient que dame clope l'ouvre. "Je l'ouvre si vous avez la trouille de le faire."

Kanata Yun, ou la délicatesse incarnée.

Abaigh semblait captivée par Esther. L'israélienne sursauta quelque peu : son élève était-elle en train de tomber amoureuse d'elle ou quoi ? Et que faisait-elle de la petite Charis ? C'était un peu surprenant à vrai dire...

... puis elle comprit : la cigarette. Oui, c'était la cigarette. La petite irlandaise avait du arrêter de fumer, ça devait être ça.

L'espace d'un instant Esther eut mauvaise conscience à fumer devant elle. L'espace d'un seul petit instant. Puis elle se dit, benoîtement, que c'était très dommage pour Abaigh mais qu'Esther n'allait pas se priver de ce petit plaisir de la vie... Le seul qu'elle avait.

C'était une pensée déprimante de se dire qu'au fond on laçait ses chaussures le matin rien que pour pouvoir dans la journée se remplir les poumons de nicotine, mais c'était un peu ça qu'elle était devenue : dame clope. Elle n'avait même plus sa cravache pour tout dire...

Esther sourit et alla pour écraser sa cigarette sur sa chaussure... quand elle se rappela qu'elle était pieds nus. Amusée et secouée, elle lança à l'attention d'Abaigh :

"Hum... Je crois qu'il est plus sage que je la finisse... Quoi qu'il en soit, Jolène, vous avez raison : tous les pouvoirs peuvent changer les choses. Y compris le vôtre. Cela peut peut être vous sembler nébuleux pour l'heure, mais vous verrez, en apprenant à les apprivoiser vous saurez vous rendre utile !"

La petite pique de Kanata freina quelque peu son volontarisme. Visiblement l'asiatique aurait bien récupéré l'arme du robot, plutôt que de se trimbaler avec un couteau. Esther sourit à nouveau :

"La subtilité n'est pas ma qualité première, mon cher Kanata. Et puis votre pouvoir est également dangereux : je tremble en pensant au nombre de couples que vous pourriez briser en usurpant l'identité de l'un de ses membres... Au fond, vous êtes peut-être le plus dangereux ici..."

La discussion en cours était un savant mélange de légèreté et de souffrances encore mal intériorisés... A l'image d'Esther, Abaigh semblait être atteinte de cette curieuse ambivalence. Aleph regarda la jeune fille doucement puis répliqua de la même façon :

"Ça a du être dur pour vous d'envoyer vos clones à la mort lors de la dernière mission. J'ai apprécié votre courage et votre sang froid à cette occasion. Mais si vous avez besoin d'en parler à un moment ou un autre... Enfin, je suis là"

Elle se tourna vers Jolène et toujours sur le même ton ajouta :

"Si vous voulez un sparing partner pour tester vos pouvoirs, je suis à votre disposition. Après tout, j'en ai vu d'autres. Notamment une certaine Molly qui avait donné des sueurs froides à mon ancienne équipe... Donc j'imagine que je pourrais tenir le choc !"

Quant à la question de Kanata, c'était la seule à laquelle elle n'avait guère envie de répondre... Elle voulut botter en touche, l'air sérieuse :

"Le testament ? Il y avait trop d'enjeux derrière ce document. Tombé entre de mauvaises mains, il était trop dangereux. Aussi, je l'ai brûlé sans le lire..."

Esther marqua une pause longue... très longue... pour observer les réactions, puis avec un grand sourire elle termina :

"Je ne sais pas ce qu'est ce pack collector dont vous parlez, Kanata, mais nous le demanderons à la Cour Pénale Internationale !"

Pour la peine elle jeta son mégot et s'alluma une deuxième cigarette.

"Le testament, on aura une réunion dessus mais... Grosso modo, il va permettre d'incriminer Future Cope, Pyramid et Lange & Manners dans l'organisation et la réalisation du massacre sur Génosha. Grâce à ça, le procès pourra réellement avoir lieu : et pas qu'avec les hommes de paille mais aussi avec ceux qui tiraient les ficelles ! Je dois m'entretenir à ce sujet avec Stellan Feuerstürm..."

Hall

Milan était arrivé modérément chargé sur le terrain de sport, avec sa lourde balle et ses plots. En cours de route, son communicateur s'était déclenché, et c'était une Mina paniquée qui avait crié un truc alarmiste sur un parangon faisant ses courses au centre commercial. Ca n'aurait pas alerté le Croate s'il n'avait pas appris que la moitié de son équipe se trouvait sur place, prête à se faire décapiter joyeusement par le monstre. Il soupira : même durant les phases de calme, il fallait que ses ouailles aient des soucis.

Il ne s'interrompit pas immédiatement, après tout, il avait promis quelque chose à Esther, Abaigh et Jolène, et qui était-il pour laisser poser un lapin à trois femmes en même temps ? Et puis il savait que Ken connaissait les bébêtes, et comment euh...essayer de les éliminer. Pas besoin de se presser, de toute façon, le temps qu'il arrive sur place, ce serait fini, dans un sens ou dans l'autre. Si seulement, il possédait le don de vitesse...

Il revient vers le petit groupe, l'air malgré tout préoccupé.

- Il paraît qu'il y'a des monstres au centre commercial.

Son pansement à la main lui rappelait assez clairement quelle avait été son utilité dans les souterrains. Il haussa les épaules.

- Des fois que vous soyez en manque de sensations fortes. Sinon, j'ai ramené le matos.

Il vit que Kanata avait lui aussi rejoint le terrain.

- Intéressé aussi par le défoulement ?

Il termina par un regard désapprobateur pour Esther tout en allongeant son bras pour ramasser le mégot.

- Si j'osais, je dirais que ce n'est pas une bonne image pour les jeunes esprits malléables que nous encadrons.

Jolène ne comprenait pas pourquoi Kanata refusait aussi catégoriquement son idée. De toute façon ce n'était qu'un exemple, le seul qu'elle avait en tête en fait...Elle aurait surement mieux fait de prendre juste "un mutant métamorphe" plutôt que de nommer le jeune homme...

"J'ai jamais dit de rester tout le temps, juste de quoi changer deux, trois trucs. De toute façon c'était pour imager ce que je disais...je n'attendais rien d'autre..."

L'attaque était petite, surtout que le japonais ne lui avait rien fait, du moins pas encore. Le seul tord que Jolène pouvait lui imputer était de ne pas vouloir risquer quoique ce soit pour un maximum de personnes bénéficiaires, et puis il lui semblait lymphatique, léger et irresponsable. Trois fois rien en fait...Le japonais, en deux phrases, était passé du statut de "neutre" à "personne peu recommandable" dans l'échelle de Jolène.

Elle écouta ce qu'Esther avait à dire. Elle avait raison et Jolène changea tout de suite d'attitude. Elle n'avait encore rien fait, et elle se devait de changer cela vu que maintenant elle avait de nouvelles armes pour lutter. D'ailleurs quand elle y repensait, les deux semaines qu'elle avait passé doucement depuis la découverte de ses pouvoirs aurait dût être utilisées de manière à améliorer leur l'utilisation, rien d'autre...Elle ne se retrouverait alors pas à être aussi inutile que cela.

"Vous avez raison...Je vais devoir m'entrainer durement pour arriver à quelque chose. J'aurais mieux fait de commencer une fois mes pouvoirs découverts plutôt que d'attendre aussi longtemps."

C'était décidé, elle passerait maintenant son temps libre, jusqu'à ce qu'elle se soit assez remise à niveau, à s'améliorer que ce soit physiquement, moralement ou pouvoirement, sans oublier de continuer d'accumuler des connaissances sur l'espace, elle ne renonçait aucunement à devenir astronaute. Elle s'était trop laissée allée depuis son arrivée, l'ambiance du lieu sans doute...et puis les personnes sympathiques qui s'y trouvaient. Sa tâche allait être surement bien plus difficile que prévue.

Le professeur Kofman continua. Apparemment Abaigh avait supporté la douleur pour...elle ne savait pas trop quoi mais l'estime que Jolène portait déjà à l'irlandaise augmenta. Esther continua en lui proposant d'être son "coach". Jolène était contente qu'elle lui propose cela, elle avait trouvé quelqu'un avec qui s'entrainer.

"Avec joie professeur. Merci beaucoup."

Le reste de la discussion était très obscure à ses yeux. Elle ne comprenait pas vraiment cette histoire de testament, une de leur missions précédentes à n'en pas douter mais sans le début c'était plutôt difficile de suivre.

Milan arriva peut après une grosse balle et des plots dans les bras. Il avait l'air soucieux. Il leur expliqua que des monstres se trouvaient au centre commercial.

"De vrais monstres? Le genre qui se cachent sous le lits des gosses quand ils dorment?"

La question était surement stupide mais elle avait besoin d'éclaircissements, l'existence des pouvoirs était avéré par la majorité de la population, tout le monde, ou presque, en connaissait l'existence...mais les monstres...elle n'en avait jamais entendu parlé autre par que dans les histoires qui font peur.

"D'autres personnes doivent déjà s'y trouver vu votre réaction..."

Elle marqua une pause.

"Ils n'ont pas besoin d'aide supplémentaire vous pensez?"

Jolène supposait que non vu la réaction du professeur. Si ça n'avait pas été le cas, il aurait déjà volé les aider, du moins elle le supposait...ou l'espérait plutôt.

Jolène voulut préciser son propos sur prendre la forme d'un dirigeant. Mais le japonais n'était pas davantage convaincu. " Ce n'est pas parce que je vais dire sous la forme d'un dirigeant un truc un jour que ça va servir à quelque chose. Le lendemain, le vrai dirigeant rétablira sa vérité. Tous ceux qui se sont portés du côté de ma parole biblique vont se montrer et quand je serai parti ils se feront buter par le vrai gars pour avoir suivi les idées d'un fantôme. Du coup faudrait que je reste sur place pour affirmer dans le temps ce qu'il faut faire dans le pays et donc que je prenne le risque de me faire tuer quand l'original que je copie aura capté que ce n'est pas lui qui parle à la télé ou dans les journaux et il aurait le temps de comprendre qu'il a un double. Au final je me mets en danger, je mets en danger ceux qui veulent suivre les idéaux "nobles" et ça va augmenter la censure. Ou alors je déclenche une guerre ouverte entre les nationalistes et les révolutionnaires. C'pas mieux. " Echec et mat.

Kanata aurait presque était fier de sa démonstration si elle avait été spontanée. Sauf qu'il avait bien eu le temps de réfléchir à son pouvoir depuis le temps qu'il le connaissait. Il en était arrivé à la seule conclusion que son pouvoir était parfait pour l'espionnage ou le banditisme. Être pour l'égoïsme d'un pays ou pour le sien. Le choix risquait d'être vite fait si c'était pour se faire descendre dans les sombres affaires politiques et militaires.

Dame clope retournait la politesse au Yun, prétendant qu'il était le plus dangereux d'eux deux et qu'il pouvait briser des couples. Pas faux. Elle pouvait juste les faire fondre, elle. C'était trop rapide probablement comparé à la lente agonie suite à une séparation douloureuse. "Je suis pas un briseur de couple. Ceux qui peuvent être heureux avec ça, je leur laisse. Ca m'a pas porté chance perso donc je suis plus dans ce trip. Par contre voler un baiser de temps en temps, ça reste amusant pour jouer et à jouer. " D'ailleurs il faudrait qu'il se fasse sa p'tite liste de baiser volés. Il jeta un coup d'oeil en coin à Abaigh avant de rajouter, un demi sourire en bouche "D'ailleurs, Charis embrasse très bien je trouve. Tu penses pas Abaigh ? ". Bon pour le coup, il n'avait pas réussit à cacher son large sourire qui montrait qu'il la taquinait.

Esther aborda la douleur que les clones avaient enduré. Kanata baissa le regard, soudain sérieux. Les cris lui étaient restés gravés dans sa mémoire. Le visage de son amie aussi. Dame clope proposa ensuite à Jolène de lui servir de Punching Ball. Elle était bien courageuse. Attaquer les nefs de quelqu'un, c'était se rendre au coeur de la douleur. Le morphing avait au moins l'intérêt de ne nécessiter personne pour être utilisé.

Finalement, la réponse du testament arriva. C'est dans un "Quoi ? " en choeur avec Abaigh que le Yun reçut la nouvelle. Nom d'un chien ! Elle l'avait crâmé ! Il était trop important. Donc on le cramait. Normal quoi. C'était bien connu qu'on cramé ce qui était important. A moitié hébété par la révélation, il répondit platement au sujet du pack, visiblement en train de réfléchir à autre chose : " Une édition limitée d'un jeu vendu avec un cd de bonus sur le mak..." Il s'interrompit d'un coup arrivant au terme de sa vraie pensée. " Mais si vous l'avez cramé, comment ça va incriminer Future Corp et tout ?!" C'était peut être pas des clopes qu'elle fumait en fait. Quoique l'odeur d'un joint était reconnaissable. Et il la connaissait bien.

Milan débarqua alors. Ce type était cool. Toujours détendu et souriant. Bon là il avait l'air un peu contrarié parce qu'un monstre attaquait Salem Center. Rien de grave quoi, à l'entendre. Il proposa d'aller s'amuser avec la chose en ville ou se défouler avec lui. " Je joue ! " C'était dit un poil énergiquement pour avoir l'air motivé, ce qui n'était pas le cas. Il serait bien resté à discuter avec les autres mais aller faire du corps à corps avec une bête était pas super non plus. Il ne pourrait même pas la faire marcher avec un morphing. Bref, il était inutile ! Comme d'hab. Salopris de Jay ! Il lui avait bien collé cette idée en tête.

La question de Jolène sur les monstres était assez logique en fait. Les monstres sous le lit. Il se souvenait assez quand il était petit avoir eu la trouille des revenants. D'ailleurs, dans le plus profond respect asiatique, il vénérait ses ancêtres et les éléments. Le Yun se releva ensuite et se frotta les fesses pour faire partir les saloperies du sol. " Ca consiste en quoi le défoulement ? "

Esther prit l'air d'une gamine qui venait de se faire gronder. Elle concéda néanmoins à Milan :

"Certes, je tâcherai à l'avenir de ne pas abîmer davantage le jardin... Je l'aurai bien donné à manger à Alixtide mais je ne suis pas sure que ce soit lui rendre grand service que de l'encourager dans cet étrange régime alimentaire..."

D'autant plus que la dernière fois qu'il avait été question du breton et d'un mégot de cigarette, Esther avait subi une humiliation cuisante.

Elle cilla quelque peu à l'évocation des monstres. Milan disait ça avec un tel naturel - quoi que teinté d'une légitime inquiétude - que cela en était proprement effrayant : leurs vies étaient-elles devenues si désaxées que plus rien ne les troublait ? Elle toussota et demanda :

"Tu m'as l'air bien calme, Milan. Tu es sur que nous pouvons rester ici ? Il y a quelqu'un de chez nous déjà là bas ? Ou bien..."

La remarque de Jolène l'attendrit... C'était effectivement du bon sens que de renvoyer les monstres à leur place légitime, à savoir les comptes effrayants pour les enfants peu sages... Mais des monstres. Ils en avaient déjà toutes et tous rencontré en vrai. Alors... Esther plissa des yeux.

"Jolène, on s'habitue à tout ici. Vos pouvoirs, les choses effrayantes du monde, tout. Il faut savoir se ménager des temps de repos, pour pouvoir souffler, et je pense que vous avez eu raison de faire ça, ces derniers temps. Néanmoins, si vous voulez un peu d'action..."

Elle sourit. Repensant à sa farce qui avait trop bien marché.

"Joignez-vous au briefing que j'organiserai le moment venu avec le Professeur Marcin. Nous y causerons de ce testament que je n'ai pas brûlé malgré tout..."

Petit clin d'œil à l'attention d'Abaigh et de Kanata.

"J'aurai eu une piètre estime de votre précieuse aide si j'avais détruit le résultat de vos recherches. Nous avons couru trop longtemps après ce document pour que je le détruise sans autre procès. Et je l'ai non seulement lu mais aussi transmis à nos amis les chasseurs de criminels de guerre... Stellan Feuerstürm du PISS doit d'ailleurs bientôt me tenir au courant de leur enquête. Quoi qu'il en soit, ils ont sous bonne garde les 3 prisonniers que nous avons fait ainsi que le témoin. Il reste un certain nombre de personnes dans la nature mais... Nous sommes sur la bonne voie"

Esther conclut :

"Bref, Kanata je pense que vous avez mérité amplement votre jeu. Même si vous êtes un vilain garçon à vouloir taquiner votre camarade, Abaigh, qui sait pourtant très bien que sa belle ne peut être que fidèle..."

Toujours la cigarette au bec, Esther s'approcha de Milan et observa le matériel :

"Cher collègue, pourrais-tu m'expliquer les règles du jeu et surtout les coups qui sont interdits ? J'imagine que le karaté ninja israélien, c'est de la triche au même titre que les superpouvoirs ?"

Milan expliqua les raisons de sa détente - relative - malgré le sérieux de la situation.

- Ce sont des espèces d'humanoïdes très moches, très costauds, très venimeux et qui peuvent créer des armes avec leurs avant-bras. On en a croisé dans l'Oregon.

Il songea que les parangons n'étaient pas assez folkloriques pour se cacher sous le lit des enfants pas sages. A moins que ledit gamin ait une imagination un poil débordante. Et qu'il mérite une visite chez le pédopsychiatre. Il poursuivit.

- Si on les touche, on se blesse, et on peut pas les étrangler, autant dire que dans les sous-sols j'ai servi à rien. Le message était envoyé par mon équipe qui pour une raison que j'ignore s'était donné rendez-vous sur place, s'il y'a des jeunes qui peuvent s'en sortir, c'est eux. Ils ont l'expérience, en plus Rob et Keyah sont avec eux. De toute façon, le temps qu'on arrive...

Il ne termina pas sa phrase. Il n'avait pas la conscience tranquille, mais le fait était qu'il ne pouvait rien faire pour combattre le parangon puisqu'il était au mauvais endroit, au bon moment. Autant s'aérer l'esprit et avoir confiance en ses ouailles.

- Bref. Le jeu, donc.

Il commença à délimiter un terrain d'une quinzaine de mètres de long. Ca paraissait petit, mais d'expérience, c'était suffisant. A chaque coin, il posait un plot. Tout en faisant cela, il réexpliquait les règles.

- Deux équipes, le ballon commence au milieu, on a seulement le droit de le faire rouler, il ne doit pas décoller du sol, de toute façon, vous verrez, c'est pas évident de le soulever. Le but est de l'emmener dans le camp d'en face. Pour ça, on a le droit de plaquer, pas de frapper.

Petit coup d'oeil pour Ninja-Esther.

- On peut plaquer sans ballon. On peut pas utiliser ses pouvoirs. Et euh...ah oui, les plaquages, c'est en dessous de la gorge, sinon c'est dangereux. Y'a suffisamment de cours et de missions pour manquer de se faire étrangler.

Il revint vers le groupe une fois son organisation conclue.

- Je propose le match éternel entre les sexes féminin et masculin.

Le discours enflammé de Kanata ne toucha pas Jolène plus que cela.

"Forcément, faudrait qu'il y ai un travail en amont pour éviter ce genre de problèmes et que d'autres personnes aient "éloignées" le dirigeant...d'une manière ou d'une autre. De toute façon, ce genre de travaux de grande ampleur ne peuvent fonctionner qu'en coopération. Ce serait suicidaire d'envoyer quelqu'un seul dans la gueule du loup. Mais bon...nous avons une manière de voir les choses trop...différente pour que ce genre de discussion puisse avancer... "

Elle souhaitait arrêter cette discussion qui ne menait à rien. Elle n'allait pas inventer un pseudo-plan pour tenter de convaincre le japonais que c'était possible.

Jo' reporta son attention vers Esther et sa proposition. Ses yeux s'étaient agrandis de surprise, elle ne s'attendait pas à ça, ça faisait quinze minutes qu'ils parlaient ensemble et elle avait trouvé un coach et on lui avait proposé de venir au briefing d'une mission. C'était sa journée de chance...elle devrait tenter le loto.

"Merci beaucoup! Je comprendrais peut-être quelque chose à votre discussion comme ça...même si c'est rétrospectivement."

Et puis finalement le testament n'avait pas été brûlé en fait. Bon...elle verrait bien au briefing ce qui se passait réellement. Sa motivation fut un poil entachée par la description que le professeur Milan faisait des monstres. Quelque chose de pas très engageant et d'apparemment plutôt solide. Si lui, un mutant, n'avait été d'aucune utilité face à eux, elle n'imaginait pas les dégâts qu'ils pouvaient causer dans la ville. Mais il devait avoir raison. Le temps qu'ils arrivent il serait trop tard. Elle soupira. Abaigh semblait toute retournée. Apparemment quelqu'un, ou plutôt quelqu'une, à qui elle tenait se trouvait non loin des monstres et ça l'inquiétait. Elle posa une main amicale sur son épaule.

"A mon avis tu ferais mieux de courir vers le centre commercial, tu pourra lui sauter dans les bras plus rapidement."

Elle marqua une pause légère.

"Et ça te fera un décrassage assez radical."

Un sourire effacé accompagnait la phrase. C'était étrange de voir l'irlandaise aussi peu énergique alors qu'il y a quelques minutes, elle pétait la forme. Enfin peut-être pas non plus mais au moins elle avait plus la niaque qu'à cet instant.

Elle entendit vaguement les règles énoncées par Milan ainsi que la proposition du match hommes/femmes. Elle fit un signe rapide pour signifier son accord.

[Du foyer]

Après avoir quitté le foyer, Dominico était allé dans sa chambre afin de ce changer, il avait juste enfilé, un bas de jogging blanc et orange, et afin de se rappeler un peu son ancienne vie, il a mis le maillot de son équipe de basket lesViking. Puis après avoir pris son ballon de basketball il avait pris la direction du Terrain de sport.

Arrivé la bas il remarqua qu’il y avait de l’agitation, un homme plus vieux que Dominico était en train de créer un terrain pour un jeu *c’est surement un prof*, à cette pensée il remarqua une femme, la clope au bec, plus âgée que lui, qui devait aussi être une prof. * et mince pourquoi les femmes magnifiques sont toujours des fumeuses snif*. En plus des deux professeurs il y avait trois étudiants. Ne voyant pas le groupe du foyer il décida d’aller à leur rencontre, le sourire au lèvre Dominico lança:

« Salut tout le monde comment ca va, je me présente je suis Dominico Suarez, je suis arrivé il y a quelque jour. »

A la différence du foyer, là il n'avait pas fait de danse ridicule c'est donc avec assurance qu'il continua:

"Sans indiscrétion vous jouez à quoi, vous jouez à quoi"

Dominico n'aimais pas être seul, et n'a jamais était seul, c'est pourquoi il va toujours vers les gens, même si il a une façon un peu cavalière de le faire.

Le Yun observa dame Clope se prendre une remarque de l'autre prof dans les dents. C'était toujours cool de voir un supérieur se faire reprendre. Personne était parfait après tout et ça pouvait le leur rappeler. Mais la warrieuse était pas du genre à se sentir supérieure face à eux. Ca c'était cool. Elle voulait quand même foutre sur la tronche du monstre au centre commercial.

La description des bestiaux donnait l'impression que c'était de grosses bestioles venimeuses. Un peu comme Vadim en fait. Il était peut être rouge pour éviter qu'on le touche ? Comme les grenouilles. Idées à pousser plus tard, aussi la rangea-t-il dans un coin de sa caboche. Clonette de son côté flippait à mort avec ce truc près de sa chérie. Un peu normal après la description rassurante que le prof venait de filer.

Clope woman leur avoua son terrible mensonge. Elle avait lu le document et elle l'avait pas cramé. Le pire c'est qu'il l'avait crue. Il poussa un soupir de soulagement. Foutu humour de prof. Ca lui rappelait son prof de math. Bravo Kanata, aujourd'hui tu as eu 70% de réussite ! Ha... A moins que... Ha non, c'était un 1 en fait. Ce que j'écris mal ! Tu as 10% en fait. Bravo quand même. C'est 2% de mieux que la dernière fois.

Mais elle se fit pardonner vite, elle. Le Yun eut un sourire niais quand il apprit qu'il méritait bien son jeu. Comme un gamin qui vient de déballer un cadeau et qui se retrouve avec le jouet qu'il attendait depuis quelques mois. Il rajouta à la suite de la remarque sur son état de mauvais garçon "On peut être fidèle à plusieurs personnes en même temps, tant qu'elles se connaissent pas." Nouveau sourire taquin pour Abaigh qui... semblait flipper sa race. Plus de sourire.

Milan expliqua les règles. Fallait plaquer et emmener le ballon de l'autre côté. Garçons contre filles. Et il devait oser foncer dans le tas. Blesser des filles, c'était pas son genre. Sauf si elles le cherchaient. Bha. Il verrait bien comment ça allait se présenter ce jeu.

Le Yun observa un type se ramener et faire le foufou pour jouer avec eux comme un chien devant sa balle fétiche dans la main de son maître. Il avait du apprendre qu'y avait le monstre au centre et préférait faire comme s'il avait plus urgent à faire. Quel lâche ! En plus il était bègue. " Salut salut. On cherche un nouveau à traumatiser. On cherche un nouveau à traumatiser. " Demi sourire. Demi tour vers Abaigh. "Allez t'inquiète, à cinq on a déglingué un pénitencier dans un monde virtuel et explosé dix types. Tu crois vraiment qu'une seule bestiole va venir à bout de la moitié de l'Institut ? " Ca tombait sous le sens mais ça n'empêchait pas d'avoir la trouille. De toute façon il pouvait rien dire de plus rassurant.

Nouveau demi-tour. Nez à nez avec Dominico-le-bègue. "Ouai, on est dangereux. Faut pas nous emmerder. Sourire exagérément arrogant et volontaire. Juste parce que c'était classe. Et fallait bien se marrer un peu. Il préféra préciser " On a flingué deux handicapés quand même. Sans aide. " histoire qu'on ne le prenne pas au sérieux. Nouveau sourire taquin pour rassurer le bègue. A force on allait croire que le jap aimait s'attaquer aux handicapés.

Sur cette phrase, Kanata commença à faire quelques pas de course autour du terrain que Milan avait formé histoire d'être chaud pour plaquer tout ce qui bougeait ! Il imaginait déjà divers scénarios peu catholiques.

Percé, Québec

Le voyage en avion avait été agréable pour Édouard. Agréable et sans histoire. C'était une nouvelle vie qui s'offrait à lui après tout !

Sur les recommandations de Bernard, l'animorphe avait pris un taxi à l'aéroport. Un peu embêté en entendant l'adresse de l'Institut en guise de destination, le chauffeur lui indiqua qu'il y avait du grabuge au centre-ville et qu'ils allaient faire un petit détour.

Ce qui rallongea d'autant le trajet et le prix de la course mais permit à Édouard d'arriver sans problème à l'Institut.

Il se trouvait devant les grilles de l'établissement quand il tomba sur une drôle d'apparition.


"Signature mutante confirmée. Bienvenue à l'Institut Xavier. Je vais te guider. Les professeurs Ivanovic et Kofman sont sur le terrain de sport"

Après que les grilles se soient ouvertes automatiquement, l'apparition guida Édouard à travers le parc de l'Institut pour l'emmener jusqu'à un terrain de sport... Il se retrouva rapidement en présence de deux jeunes garçons, deux jeunes filles et deux adultes, un homme et une femme.

La description que Milan faisait des créatures n'était pas pour rassurer l'israélienne. En dépit de ses propos quant aux compétences des élèves présents là bas, Esther ne pouvait que se sentir mal à l'aise à l'idée de ne rien pouvoir faire...

Effectivement, le temps qu'elle arrive sur place, tout serait terminé. Mais elle gardait bien en tête qu'une telle excuse dissimulait une forme de lâcheté et de paresse personnelle.

Elle soupira.

D'autant plus qu'elle, elle n'avait pas besoin de toucher pour faire mal. Et ça, ça la travaillait fortement.

La réaction de son élève, inquiète pour sa chère et tendre, lui vrilla le cœur. Quelle référente pourrait-elle être si devant ce spectacle, elle jouait au ballon ?

Il était des circonstances où il devenait impossible de fermer les yeux ou détourner le regard.

Bien sur, Jolène, Domenico qui croyait qu'il était encore bon de se présenter et Kanata devaient rester extérieur à tout ça. Et Milan avait dit lui même qu'il ne serait bon à rien face à ces créatures.

Esther leva les yeux sur Domenico et lui lança rapidement :

"Vous savez, Domenico, vous n'êtes pas si nombreux à l'Institut pour que nous ayons un problème pour retenir vos noms. Et je serai une bien piètre psychologue si je ne vous connaissez pas un tant soit peu. Néanmoins, je pense que tout le monde ici sera ravi de votre participation au petit jeu organisé par Milan..."

Elle ne releva pas les piques du japonais, ayant bien d'autres chats à fouetter en cet instant même.

"Un match filles contre garçons ne me semble plus à l'ordre du jour, cher collègue. Abaigh ne veut pas jouer et je crains que malheureusement je ne puisse participer. Néanmoins, je pense que Domenico pourra venir utilement me remplacer aux côtés de Jolène"

Esther fit quelques pas en direction d'Abaigh et en lui frottant le bras lui dit :

"OK, on y va. Mais vous ne prenez aucun risque et vous restez bien derrière moi. C'est un ordre"

L'arrivée d'un nouveau fit sursauter la psychologue. Avant même que le garçon n'ait eu le temps de se présenter, elle lui lança :

"Bonjour et bienvenue à l'Institut. Je suis le Professeur Kofman. Je ne pourrai en revanche pas trop vous consacrer de temps là, aussi je vous propose de voir ça avec mon collègue Ivanovic ?"

Puis regardant à nouveau Abaigh, elle termina à l'attention de la jeune fille :

"Avec un peu de chance, il a du prendre un taxi pour venir jusqu'ici. Si on court vers les grilles de l'Institut, il se peut qu'il soit encore là..."

Avec un peu de chance, en effet.

Salem Center

Edouard est surpris de la moue du chauffeur de taxi, mais se garde tout de même de commenter. Il acquiesce quand le chauffeur parle de faire des détours, et porte son attention sur la fenêtre du taxi, plutôt découragé à l'idée de discuter avec le chauffeur durant le trajet. Il prend le temps d'observer la ville, de penser, de rêver.

À ce qu'allait être son temps à l'Institut. Les gens qu'il allait rencontrer. Ceux qui allaient l'aider à mieux découvrir son pouvoir. Et ceux qui tardaient à se pointer pour cause de chauffeur beaucoup trop lent. Après tout, il fallait s'attendre à ce genre de comportement, et Edouard y était prêt, bien que peu voulant de l'encaisser.

Devant la grille, Edouard avait repris son sac à dos, un grand sac de sport à la main, auquel il avait attaché un bâton de hockey qui dépassait devant et derrière lui. Il sursaute fortement en voyant Cerebra. Le souvenir était encore frais de l'hologramme auquel Edouard avait du faire face quelque jours auparavant. Celle-ci étant heureusement beaucoup moins "punk" il reprend vite ses esprits et sourit en entendant sa voix totalement différente de l'autre. Il la suit, remarquant enfin que ce n'étais pas un hologramme... elle voyageait beaucoup trop loin pour être générée par un système informatique qu'Edouard se perdait à chercher du regard par la même occasion qu'il faisait connaissance des lieux.

Arrivé près des autres personnes, il relève le sac sur son épaule et ouvre la bouche pour saluer. Coupé sec par Esther il n'a pas le temps de rien dire qu'il est dirigé vers une autre personne - qu'il tente d'identifier du regard- parce que celle-ci était occupée.

- Euh... je... m'appelle Edouard * ?

Fit-il, le regard interrogatif en fixant tout le monde, l'air un peu perdu.

*pronomcé en français

Milan songea qu'il était sans doute plus simple de battre un record de vitesse motorisé sur la Cinquième Avenue à l'heure de la débauche que d'organiser une partie de sport dans ces conditions. Le flux de joueurs était permanent, seule demeurait stoïquement Jolène, pour laquelle le Croate eut un sourire un peu perdu. Il lui avait promis un match, mais les états d'âme de certaines dont il tairait le nom le mettaient en péril. Sans compter que son communicateur sonna, et que Cassandre lui indiqua que ses talents professionnels pourraient être d'une grand utilité, là, maintenant, tout de suite. Pour un peu, il aurait insulté le Dieu de la pédagogie, qui était certainement le sculpteur de tous ces bâtons qu'on lui mettait dans les roues alors qu'il avançait déjà péniblement sur la grande route de l'animation sportive.

Heureusement, un nouvel élève fit son apparition, et fut snobé par Esther qui était visiblement bien plus pressée d'arriver trop tard sur le lieu d'action du Parangon. Décidément, Milan ne comprenait pas sa collègue. Mais il saisit l'occasion au bond et se précipita vers le nouveau qui disait s'appeler Edouaaard.

- Bonjour Edouaaard. Voici Kanata, Jolène, et Dominico.

Il lui désigna ses trois désormais compères.

- Je suis Milan, je suis professeur, mais le devoir m'appelle, tu vas donc pouvoir accomplir ta première mission : me remplacer sur le terrain.

Il s'approcha de la seule fille qui restait désormais, et qui s'imposait donc tout naturellement comme la personne la plus mature et la plus à même de gérer le tout en son absence.

- Jolène t'expliquera les règles. Si tu as des affaires salissantes dans ton sac, mets les. Je reviens aussi vite que possible, mais il paraît qu'on a des blessés à l'infirmerie. Après ça, ne t'inquiète pas, on te montrera ta chambre.

Il songea alors que son esprit avait rapproché "blessés" et "parangon", mais qu'il était physiquement impossible que les deux jeunes aient affronté les monstres et soient déjà revenus, qui plus est en mauvais état. Ils s'étaient fait mal "tous seuls", sans aide monstrueuse. Au moins, il ne serait pas question de sang acide.

- Bon, et les équipes, ce seront...hmmm...Kanata et Edouaaard, contre Jolène et Dominico. Ca devrait être équilibré. Pas de pouvoirs, hein ! Je reviens.

Enfin, Milan se retourna et courut vers le hall, en espérant n'avoir pas traumatisé Edouaaard par son contact un peu brusque.

[Ne vous prenez pas la tête sur la rédaction du jeu, le mode vie se terminant bientôt, si vous décidez d'y participer vous pourrez considérer qu'il s'est déroulé immédiatement après.]

Infirmerie

Chambre de Mina et Elly

Quand Elly revint, un grand nombre de personnes était parti, du moins les personnes qu'elle avait vu au début. Les deux professeurs avaient disparus, il ne restait plus que Jolène, Kanata qui visiblement s'était réfugié au terrain de sport, et deux inconnus aux yeux de la jeune mutante.

La demoiselle avait mis longtemps à se décider avant de venir rejoindre les autres. Elle n'avait pas toujours été très sociable et l'histoire chez Eric et Charlene avec leur frangins était un peu comme un miracle dans sa vie. Elly avait ignoré pendant longtemps cette partie cachée, l'envie d'aider les autres, sa sociabilité aussi. C'est pour ça qu'elle s'était donnée mentalement un coup de pieds aux fesses et partit rejoindre les autres au terrain.
En jean, basket et débardeur, la jeune fille arriva sur le terrain, mais s'arrêta en apercevant le nombre de personnes inconnus.

*Ah zut! Bon j'y vais ou je repars?*

Elly se força à faire un pas, puis deux et ses jambes se dirigèrent vers le terrain entrainant le reste du corps. Arrivée devant le groupe, la demoiselle ne savait plus quoi dire. Elle se racla la gorge.

« Euuuh resalut. Au fait, je ne sais pas si je t'ai remercié pour tes bonnes brochettes Kanata. Vous jouez toujours au jeu du prof? Y reste une tite place? »

Elly ignorait que les équipes étaient déjà faite. Et elle ne pensa pas à se présenter aux deux inconnus, c'était finalement assez bizarre de dire son prénom à tout bout de champs. La présentation se ferait au cours du jeu, ça fera plus naturel pensait-elle.

L'estomac de l'Abeille se tordit quand la voix de son amoureuse retentit une nouvelle fois dans le communicateur pour lui annoncer des nouvelles Ô combien rassurantes : Ils avaient un monstre juste en face d'eux. Ah... Carrément... L'Abeille ne s'y attendait pas et pendant une brève seconde, elle eut un vertige : Qu'Alexander contrôle la chose ou pas, Charis étant en danger. Charis essaya de rassurer l'Irlandaise en lui promettant de faire attention et de la tenir au courant, puis la communication s'arrêta là.

L'Abeille avait encore un peu plus pâli, si c'était possible. C'était tellement horrible d'avoir peur de cette façon et d'être loin, et de ne pas savoir, et d'être impuissante... Quand elle sentit une main sur son épaule, l'Abeille sortit de ses pensées et vit que c'était Jolène qui se trouvait près d'elle. Cette dernière proposa à l'Irlandaise de courir retrouver Charis et ajouta avec un ton plus léger que ça lui permettrait de bien se décrasser les poumons : Oui, pour sûr, mais en cet instant, l'Abeille se foutait de sa santé. C'était Charis qui comptait, rien d'autre. Elle réfléchit à cette idée : Pourquoi pas? Elle était capable de se dépasser et si elle courait assez vite...

Sur ce, Dominico pointa le bout de son nez mais l'Abeille ne prit même pas la peine de le saluer : Elle était incapable de dire bonjour, de sourire, de prétendre être là alors qu'elle était déjà ailleurs. Esther s'approcha de l'Abeille qui était à présent au bord des larmes : Rah la la... Le professeur s'arrêta tout près de l'Irlandaise, lui frotta le bras et lui annonça qu'elles y allaient. L'instant qui suivit, la main de l'Abeille se referma sur le poignet de son professeur.

-Merci...

Murmura-t-elle d'une voix tremblante.

-Je serai prudente.

Des mots qui, le moment venu, risquaient de ne plus avoir aucun sens si Charis se trouvait en danger... Si c'était le cas, si jamais ça arrivait, l'Abeille prendrait tous les risques possible pour venir en aide à sa belle : Il ne pourrait pas en être autrement si les choses tournaient mal. L'arrivée du nouveau, le départ de Milan, le retour d'Elly, l'Abeille n'y prêta pas vraiment attention. Elle regarda autour d'elle, comme un lion en cage. Maintenant qu'Esther lui avait proposé de partir, elle ne tenait plus en place. Les mots que son professeur prononça ensuite firent "tilt" dans l'esprit de l'Irlandaise : Si le nouveau avait pris un taxi il était possible qu'il soit toujours devant les grilles. Si elles dépêchaient...

L'Abeille fonçait déjà vers les grilles sans même un au revoir pour ceux qui restaient sur le terrain de sport : Comment lui en tenir rigueur? N'importe qui dans la même situation ferait pareil, non? Par chance, le taxi était encore là et si au départ le chaffeur fut réticent à l'idée de les déposer au centre commercial, après un peu d'insistance de la part d'Esther et d'Abaigh, il finit par accepter. Une fois à l'intérieur du taxi, l'Abeille s'adressa de nouveau à Charis via son communicateur.

-On vient de prendre un taxi avec Esther. On arrive le plus vite possible!

Le plus vite possible oui... S'il vous plaît monsieur le chauffeur...

Centre commercial

Jolène salua rapidement l'arrivée de Dominico qu'elle ne connaissait pas. Apparemment il y avait encore un nouveau joueur "dynamique" à inscrire sur la liste. Elle soupira prête à un nouveau remodelage des équipes lorsque quelqu'un d'autre arriva accompagné Cerabra. Tiens? un nouveau venu...Edouard. Avant qu'elle n'ai put se présenter elle même Milan s'en était chargé avant de leur annoncer qu'il s'en allait à l'infirmerie soigner des blessés. Bon...Plus de changements?
Elle s'apprêtait à saluer comme il le fallait le nouveau venu qu'Esther suivie d'Abaigh partirent en direction de la grille pour tenter d'attraper le putatif taxi qu'aurait pris Edouard pour venir. Elle eut juste le temps de leur souhaiter un "Bonne chance" avant de les voir disparaître. Cette fois c'était terminé? En cinq minutes il y avait eu plus de changement qu'en vingt.
Elle vit de loin arriver Elly qui revenait surement de sa chambre. Elle attendit qu'elle arrive pour s'assurer que plus rien ne bougerait avant un certain temps.

"Bon tout d'abord bienvenu parmi nous Edouard! Désolée pour l'agitation à ton arrivée."

Elle marqua une pause.

"Si aucun professeur n'est revenu avant la fin de notre petite partie je t'emmènerais voir un professeur pour ton inscription et que tu ais ta chambre....à moins que tu ne souhaites y aller de suite..."

Sa voix posée s'arrêta et elle se retourna vers la jeune fille.

"Re-salut Elly. Oui, il reste de la place, nous allions commencer la partie."

Elle tenta de se remémorer les quelques règles que Milan avait données.

"Bon pour le jeu c'est simple: deux équipes, une balle."

Elle pointa le gros ballon du doigt.

"Elle commence au milieu, faut l'amener dans le camp adverse sans la soulever, on peut que la faire rouler...les plaquages sans balles sont autorisés. Pas de coups, pas de pouvoirs, pas d'étranglements."

Elle marqua une pause avant de se rendre compte d'un petit problème de comptabilisation.

"Vu qu'on est impaires deux solutions: on fait une équipe de trois et une de deux ou on fait des roulements, au choix."

Bon cette fois normalement y avait plus rien à ajouter.