[NeXus 2.4]Tâches administrative

Draena sourit, elle avait encore une fois devant elle une psy. Elle fût désapointée de savoir que le Docteur Fleury ne pourrait la recevoir, et se voyait déjà devoir repartir, sans réponses.

"Le fait d'être mutant n'est pas une tare ou une maladie, on n'en guérit jamais."

Elle se mordit la lèvre inférieure, ainsi donc elle était condamnée à cauchemarder toutes les nuits sans savoir de quoi elle souffrait...

"Ce que nous pouvons faire pour toi ici, c'est t'apprendre à vivre avec ton don. Si c'est ce que tu souhaites, alors tu seras la bienvenue parmi nous aussi longtemps que tu le souhaiteras."

"Vivre avec ça..." Soupira t'elle, en regardant ses pieds, tandis que son esprit travaille à toute vitesse.

**...Connaitre son don, le maîtriser.. C'est pouvoir l'utiliser.... Ou non !**

Un sourire éclaira le visage de la jeune femme, voyons un échappatoire.

"Si cela ne vous dérange pas... Je... J'aimerai effectivement tenter le coup ! Je vous assure que je me ferai toute petite, j'ai de quoi payer également... S'il le faut !"

"Tu as fait le bon choix, Draena." répondit la jeune femme avec confiance. Elle posa sa main sur l'épaule de Draena, malgré que son regard éteint derrière ses lunettes opaques ne lui permettait pas de voir.

"Crois-en mon expérience, on finit par s'y faire." l'encouragea-t-elle.

"Suis-moi, je vais te montrer où tu pourras t'installer et te faire visiter l'institut." dit-elle en s'éloignant du bureau d'Olivier. Elle reviendrait terminer leur conversation. Elle préférait oublier ce dont ils avaient parlé le temps de la petite visite, pour ne pas véhiculer sa propre angoisse à la jeune créole.

"De nombreux élèves arrivent chaque jours à l'institut, aussi je pense t'adjoindre une colocataire. J'ai la candidate idéale pour toi : elle s'appelle Rachel et elle est très gentille. Tu te feras rapidement une place parmi les élèves." expliqua Cassandre à mesure qu'elle avançait dans l'école, détaillant les pièces au fil de leur progression comme si elle les voyait : pour elle, chaque compte de pas équivalait à une pièce. Elle était tellement habituée à se repérer ainsi qu'elle ne comptait même plus consciemment.

"Quant au paiement... Ce sera inutile. Les élèves sont accueillis ici gratuitement."

Elle continua la visite, puis laissa Draena s'installer dans la chambre de Rachel. Quelques minutes plus tard, elle refit le chemin inverse jusqu'au bureau d'Olivier. Elle s'apprêtait à frapper à nouveau, mais retint sa main, pivota sur elle-même, dans l'attente d'une arrivée.

[hrp : tu peux poster dans la chambre de Rachel, que tu partageras avec elle. Ensuite, tu pourras aller te mêler aux joueurs ]

[ Jardins]

"Waw...vous êtes vraiment bonne!"

Rachel apparut alors devant Cassandre comme un fantôme qui sortit d'un mur. Un sourire radieux sur son visage légèrement mouillé par les gouttes d'eau qui pendaient au bout de ses courts cheveux. La jeune femme était visiblement impressionnée par le fait que Cassandre savait qu'elle s'en venait. Elle avait enfilé un t-shirt rapidement par dessus son maillot, mais on pouvait voir un petit peu les traces mouillées qu'il avait fait sur le cotton.

"Mam'zelle Cassandre! Bonjour! Comment votre cours s'est-il passé?"

Elle sourit et attendit sa réponse patiemment. Meme si elle débordait d'énergie et ne pouvait se contenir, il fallait au moins qu'elle essaie. La jeune femme enfonca ses mains dans les poches de son short. Elle réfléchissait encore aux courses. Les yeux clairs de la guitariste se posèrent sur la porte fermée de Olivier.

"J'ai quelques petites questions pour vous!"

Cassandre réprima l'ombre d'un sourire. Malgré la nuit épouvantable qu'elle avait passée, le dynamisme de Rachel lui remonta un tantinet le moral.

"Je fais de mon mieux." répondit la jeune femme.

"Je suis toute ouïe." ajouta-t-elle, non sans une pointe d'auto-dérision.

"Ah, c'est vrai..." répondit la jeune femme en se remémorant le tableau des corvées, cloué avec une certaine satisfaction par Carrie. Ne souhaitant pas de nouveau déranger Olivier, la jeune femme tâta sa poche arrière et en sortit le même porte-monnaie que celui qu'elle avait confié à Wood.

"Faites-y attention, c'est l'argent de l'institut." dit-elle en tendant l'objet en l'air, et en attendant que Rachel s'en saisisse.

"Nous avons récupéré la voiture. Adam l'avait utilisée pour aller chercher Olivier. Vous la trouverez dans le hangar..."
Elle marqua une petite pause.

"... Les clés sont sur le contact et les papiers dans la boîte à gants." ajouta-t-elle. Elle ne pouvait qu'approuver leur décision d'y aller en voiture sans recours à leurs pouvoirs. Le moins ils attireraient l'attention sur eux, mieux ce serait.

"Au fait, je viens d'envoyer une nouvelle élève s'installer dans la place vacante de ta chambre. Nous commençons à être nombreux... J'espère que ça ne t'embête pas."

Revenant au sujet premier de leur discussion, elle dit alors :

"Je vais encore passer pour la mère poule, mais... Soyez prudents, d'accord ?" demanda-t-elle à la jeune fille. Par les temps qui couraient, tout était possible, le meilleur comme le pire.

"Ne vous inquiètez pas, Mam'zelle Cassandre! Je surveillerai cette petite bourse comme si ma vie en dépendait!"

Rachel tendit la main sur le porte-monnaie et, alors que ses doigts se refermaient sur l'objet, elle le mit dans sa poche de pantalon. Elle sourit et lui fit un clin d'oeil. Ce serait elle qui conduirait! Elle ne voulait pas qu'un homme prenne sa place comme Jake l'avait fait pendant la mission du Camp Labrador. Elle haussa les épaules et eut un drôle de visage lorsque Cassandre lui annonca qu'elle avait un coloc. Ce fut d'abord la surprise, puis la peur...et ensuite l'assurance. Elle se ferait une autre copine!

"C'est parfait! Je suis ravie de partager ma chambre. J'espère qu'elle aime la musique... Merci beaucoup! Ne vous inquiètez pas, Mam'zelle Cassandre!"

Pour la rassurer, elle l'entoura de ses bras amicalement. Elle tourna les talons et courut jusqu'au hangar pour voir leur voiture.

"Au revoir, Mam'zelle Cassandre!"

[ Hangar]

*Je sais que j'ai un lourd passé*, pensa-t-elle en écoutant le directeur parler en s'efforçant de ne dire mot.
Le silence du docteur la laissa perplexe un instant.
*Au moins, j'aurai essayé* songea-t-elle face à la dernière remarque du professeur, qui était tout à fait véridique. Mais elle ne se laisserait pas démonter parce que son idée initiale ne fonctionnerait pas. Non non non. Elle était une combattive, et une têtue. Elle parviendrait à ses fins, coûte que coûte. Surtout que ces fins étaient tout de même éthiques!

Alors que Sahari hésitait à répondre, quelqu'un cogna à la porte. Un petit sursaut la fit frémir alors qu'elle tournait son regard vers la porte, par où la psychologue sortait déjà. Un peu plus intimidée par cette nouvelle intimité avec le directeur, elle regretta un instant le départ de Cassandre, dont elle ne se doutait pas qu'elle était méfiante à son égard. Lorsque la porte se referma, Sahari se retourna de nouveau, aussi rapidement, vers le directeur. Elle avait oublié sa fureur contre les transports modernes, elle avait oublié la tristesse de son récit. Elle était de nouveau elle-même, à son état neutre : impulsive, pleine de vitalité.

Se souvenant de la nouvelle question du directeur, elle réfléchit de nouveau (l'interruption lui avait fait perdre le fil, mais elle le retrouva rapidement!).

"Je crois que l'idéal serait que tous les humains, sans discrimination, puisse vivre dans la paix et le respect. Je pousserais même l'idylle à dire dans l'entraide, dans l'amour." Se laissa-t-elle emportée, sa voix aux sonorités ondulantes s'amplifiant légèrement. Mais elle remit rapidement les pieds sur terre et son ton redevint normal, avec ses accents centrafricains. "Je sais bien qu'il ne s'agit que d'un rêve et qu'il est peu probable qu'il puisse se réaliser complètement. Mais si je pourrais faire en sorte qu'il se concrétise davantage, je le ferai avec honneur."

Elle s'emportait rarement à parler autant que dans ce bureau, mais il semblait que l'heure des confidences, et des discutions à coeur ouvert (sans mauvais jeu de mot médical...) étaient venues.

Ce rendez-vous était important et Olivier n'avait pas besoin des pouvoirs de Cassandre pour le savoir. Le dérangement n'était plus tolérable et le directeur entreprit de résoudre ce problème, il prit in bloc dans un de ses tiroir et manipula quelques inscriptions. Pendant que son crayon dansait sur le papier, une pancarte apparut avec sa cord et son clou planté sur la porte du bureau. Les élèves pourrait desormais y lire :

Il revint ensuiteà son entretient.

"Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour le dérangement Mlle Sahari, cela ne devrait plus se reproduire."

Malgré les dérangements Olivier avait été attentif à ce que disait Shari. Il en apprenait de plus en plus sur le jeune femme, sa vision du monde collait avec celle de l'institut mais elle semblait résigné au fait que rien en changerait jamais par lui même.

"Comment pensez-vous que l'institut doit agir pour arriver à cet objectif?"

Pour la première fois, Olivier n'attendait pas de réponse particulière. Lui-même ne savait pus trop comment répondre depuis l'attaque de Zachary.

Sahari avait acquiescé d'un signe de tête aux excuses du directeur. D'ailleurs, pourquoi s'excusait-il, il ne pouvait pas décider du moment où les gens cogneraient à sa porte...

"Je..." Était-ce une question piège? Elle n'en avait aucune idée et ne savait pas comment le déterminer. Décroisant les jambes, elle reprit. "... crois qu'il ne faut pas s'isoler. Il faut savoir aller de l'avant en fait. L'inaction détruit ce qui a été entrepris, selon moi, et je pense que la meilleure façon de faire bouger les choses, de les améliorer, est d'agir pour prouver que nous avons raison de croire qu'elles peuvent s'améliorer, et qu'elles vont le faire."

Ce petit discours n'exprimait pas seulement son point de vue sur la question mutante. Il exprimait aussi, plus généralement, sa philosophie de vie. Mais elle ne tenait pas à le dire au directeur. D'ailleurs, elle avait été surprise qu'on lui demande, à elle, une inconnue, son avis sur les éventuelles actions menées par l'institut... L'Africaine se mordit la lèvre, espérant que son commentaire ne laissait pas croire qu'elle était partante pour "prendre les armes"...

Les propos de Sahari firent réfléchir Olivier

*Aller de l'avant, était-ce la solution*

Le doute s'emparait de son esprit. Le fait d'entendre de son point de vue fit comprendre à Olivier que son esprit avait toujours occulté cette voies.

"Avec tous les adolescents, ne croyez-vous pas qu'aller de l'avant ne soit pas dangeureux. En ne cherchant qu'à nous protéger, nous avons déjà subi une attaque et des lourdes pertes Mlle Sahari."

Olivier detestait avouer ses fautes mais la mutante devait comprendre.

Sahari sourit. Il semblait bien penser qu'elle souhaitait prendre les armes. Semblait-elle si violente? Après son histoire, probablement, en fait...

"Je n'ai pas dit de faire la guerre! Mais devancer les questions du monde. Répondre à leurs attentes avant qu'ils n'en aient, ou que nous ne puissions plus leur répondre..." conclut-elle en un murmure, alors que la dernière phrase du directeur l'intriguait. Les protéger de quoi? D'attaque? Les défendre? Ou les protéger des préjugés? Leur cacher la réalité, dans ce cas? Aucune de ces deux éventualité ne lui plaisait réellement, et avec son honnêteté éternelle, elle reprit.
"Vous connaissez mieux notre cause que moi, et je ne tente pas de remettre votre jugement en question, je n'en ai pas la capacité. Mais vous me demandez mon avis. De quoi vouliez-vous protéger ces enfants avant même d'être attaqués? Aviez-vous prévu ces attaques ou bien vouliez-vous cacher ses enfants dans un agréable cocon sans préjugés?"
Ses joues foncirent légèrement.

"Pardonnez-moi, je suis impolie. C'est que je ne comprend pas comment ces jeunes peuvent espérer vivre en harmonie, dans la compréhension, avec un monde qu'ils ne connaissent pas et qui ne les connait pas plus, ni ne les accepte. Je... Ma foi, tout celà m'intrigue... J'aurais pensé mêlé ces jeunes à la communauté, sans les cacher, et prouver qu'ils sont d'aussi bonnes personnes que n'importe quel humain, malgré leur différence."

Ses mains, qui n'avaient pas quitté ses cuisses, se refermèrent alors sur elles-mêmes et elle les entortilla, anxieuse d'avoir été, une fois encore, trop directe.

Les reflexions de l'Africaine faisait reflechir Olivier. Plus elle parlait et plus il doutait. Son action était-elle vraiment la bonne.

"Le but de l'institut n'est pas de protéger les mutants des préjugés ni même de créer un endroit sans humains. Notre but est de permettre à ces enfants de contrôler leurs pouvoirs."

Le travail s'annonçait collossal mais Olivier n'avait pas peur et il savait qu'il pouvait compter sur les mutants qui l'avaient rejoint et qui enseignait maintenant à l'institut avec lui.

"Mais l'un n'empêche pas l'autre! Je crois justement que la crainte vient du manque de contrôle de nos pouvoirs. En apprenant à maîtriser ceux-ci, cela permettra forcément de taire les préjugés. Nous pourrons prouver que nous sommes aussi humains que tout le monde"
*Mais que nos erreurs sont d'autant plus graves*

Voyant un lien très étroits entre ses idéaux, ses ambitions et ceux de l'institut, comme une relation de cause à effet, ou la croissance symbiotique de tant de plantes de sa terre natale, Sahari eut une idée. Elle qui commençait à s'agiter sur sa chaise, déjà lassée d'être assise, ayant un trop-plein d'énergie à dépenser.

"J'aime bien cet endroit, et votre philosphie" commença-t-elle en rajustant sa position sur sa chaise et en faisant gigoter son pied. "J'aimerais bien vous aider dans votre mission, si vous recherchez quelqu'un, bien sûr!"

Elle s'était ravancée sur le bout de sa chaise, penchée vers l'avant dans l'attitude convaincue d'une femme d'affaire qui propose une offre généreuse à un client, et attendait, en frappant le sol de coups d'orteils rythmés.

Pour la première fois depuis la début de la discussion, Olivier sentit que Sahari voulait participer à l'oeuvre de l'institut. Et le directeur commençait à penser qu'il avait peut-être trouvé une nouvelle recrue.

"Nous avons actuellement 6 professeurs qui s'occupent préférentiellement de 6 élèves mais les recrutements de mutants qui contrôle suffisemment leur pouvoir pour être des guides étant difficile, il y a aussi à l'institut d'autres élèves dont nous nous occupons tous mais qui n'ont aucune équipe précise."

Olivier réfléchissait vite car il savait qu'il avait besoin de nouveaux professeurs mais il savait aussi qu'il ne connaissait pas les capacités de Sahari.

"Je vous propose d'encadrer un petit groupe d'élèves sans parler d'équipe en tant que tel pour le moment. En quelques sortes, je vous propose de vous prendre à l'essai mais sans créer officiellement une équipe pour ne pas troubler les élèves dans le cas où vous ne seriez pas apte."

Sahari hochait la tête aux paroles d'Olivier. Simple signe qu'elle était attentive et l'écoutait. Pas comme ces jeunes qui hochent la tête pour faire croire qu'ils écoutent. La différence résidaient dans ses yeux, qui étaient vifs et bougeaient au fur et à mesure que son esprit assimilait les informations. "Cette période d'essai me semble une excellente solution. J'aurais probablement douté de vous si vous aviez confié de jeunes personnes à une parfaite inconnue telle que moi..." Dit-elle finalement, en signe d'acceptation. Elle n'avait nullement été insultée par la franchise du directeur quant à son aptitude à gérer des élèves. En fait, elle était enthousiaste à l'idée de travailler avec un homme aussi franc. *Et puis*, songea-t-elle, *Avec mon passé, c'est tout à fait normal qu'il préfère me garder à l'oeil*

Elle attendait alors que le directeur se lève pour le faire elle-même, croyant la discussion terminée. Ensuite, elle irait s'installer et visiter rapidement son nouveau toît.

Olivier pensait avoir pris la bonne décision, il se leva pour inviter Sahari à quitter la pièce, le rendez-vous était clos et il avait semé le trouble dans l'esprit d'Olivier.

"Je maintenant vous laisser prendre vos quartiers, vous pouvez aller prendre une chambre dans l'aile des filles pour vous installer. Nous annoncerons votre embauche aux élèves au début des porchains cours mais il se peut que vous en rencontriez d'autre d'ici là."

Olivier fouilla dans ses papier pour trouver une liste.

"Cette liste est à jour pour aujourd'hui, elle répertorie les élèves acceuillis ici pour vous familiariser avec eux."

La liste comprenait, une photo, le nom, le prénom, la date de naissance, l'origine et surtout le poouvoir de chacun des mutants de l'institut. Les élèves étaient regroupés par équipes avec leurs professeurs référents en tête et les même ernsaignements sur leur compte. Il raccompagna ensuite Sahari jusqu'à la porte où Cassandre, qui avait redirigé les élèves pendantce rendez-vous important, attendait.

Surprise à nouveau du témoignage d'affection de Rachel, Cassandre s'était patiemment adossée au mur jouxtant le bureau d'Olivier, attendant la fin d'un entretien dont elle connaissait déjà l'issue. Sahari était sincère, néanmoins, Cassandre savait qu'elle ne pourrait s'empêcher de garder un oeil sur elle : elle n'était pas à l'abri d'une rechute.

"Bienvenue dans l'équipe." dit-elle malgré tout au passage de l'africaine, sa douceur reprenant le pas sur sa méfiance. C'était peut-être là que commençait la prévention : entretenir les mêmes relations avec la nouvelle venue qu'avec les autres professeurs.

Cassandre tourna alors la tête vers Olivier, dans l'entrebäillement de la porte. L'ombre d'un instant, elle eut envie de lui faire partager ses craintes... Mais la jeune femme se ravisa : Olivier avait suffisamment de souci comme ça, et garder ceci pour elle ne pouvait que l'alléger d'un fardeau inutile. Elle troqua sa confession par une platitude factuelle :

"La nouvelle élève est installée et Rachel est partie faire les courses..." dit-elle simplement après un petit soupir résigné. Elle se redressa en prenant appui sur le mur d'une main, et se rapprocha d'Olivier et de la porte, puis s'éclaircit la gorge devant ce qu'elle allait expliquer :

"En parlant des élèves... Il y a un jeune français, Alixtide... Il éprouve un besoin physiologique à consommer les ordures ménagères et autres détritus. Je lui ai promis que nous réfléchirions à une façon simple et digne de régler son problème... C'est lui qu'Adam soigne à l'infirmerie." annonça-t-elle avec le moins de gêne possible au vue de la situation, gardant en tête qu'ils n'avaient toujours pas terminé leur conversation première.

Le rendez-vous avait été difficile, Olivier se doutait que l'africaine était venue dans le but de devenir prof mais il ne pouvait l'engager sans savoir, surtout après ce qu'elle leur avait annoncé sur son passé à Cassandre et à lui.

Une fois Sahari sortie, Olivier fut rassuré de voir le visage de Cassandre par la porte entrebaillée. Elle ne fit aucun commentaire par rapport à sa décision qu'elle connaissait bien lui-même il en était sûr. Par contre, elle lui fit part des nouvelles par rapport aux derniers mutants qui avaient rejoints l'instiut.

*Obligé de manger des detritus? Je comprends comment il a pu avaler de la lessive mais il ne doit pas la tolerer.* s'interrogea Olivier

"J'irai le voir à l'infirmerie une fois que nous aurons terminé notre entretien. Adam l'a pris en charge, il peut attendre mais notre affaire ne le peux pas. Où en étions-nous, j'ai le sentiment que c'est important."

Cassandre hocha silencieusement la tête, puis entra à nouveau dans le bureau. Elle partageait son sentiment quant à l'importance des événements de cette nuit. Elle ne dit rien pendant un moment, plongée dans ses réflexions. Enfin, elle reprit la parole.

"Un... Un pic à glace placé au coin d'un oeil... Ca t'évoque quelque chose ?" demanda-t-elle, se jetant finalement à l'eau. Si ce qu'elle pensait avoir vu était ce qu'elle croyait, ce qu'ils avaient tous vus dans la chambre n'était pas grand chose comparé à cette abomination. Et pourtant... Même si c'était le cas, que pouvait-elle bien faire pour empêcher tout ceci ? Cette situation dépassait largement les crises qu'elle s'était habituée à résoudre grâce à son don, et devant l'ampleur des images, une aveugle était bien impuissante. Anxieuse, elle attendit la réponse d'Olivier.

Olivier répondit à la communication en provenance d'Adam.

"Adam, ne t'inquiète pas, s'il vomit encore, c'est que tu ne lui a pas donné assez de charbon, N'hésite pas à en donner beaucoup, il n'y a aucun danger. En théorie, il faut donner dix fois la dose ingérée. Après ça, il devrait encore avoir mal. Ca lui apprendra à prendre des risques inconsidérés." annonça-t-il avec calme dans son communicateur.

Olivier commenta ensuite le message qu'il avait reçu à Cassandre qui semblait interloquées.

"Ce doit être Alixtide qui ne supporte toujours pas la lessive, j'irai porter secours à Adam quand nous aurons fini."

*Un pic à glace?*

"Je t'avoue que cela ne m'inspire rien, en tout cas, rien de médical. L'oeil doit apartenir à quelqu'un que l'on veut menacer ou que l'on veux rendre aveu.."

Olivier stoppa sa phrase en plein milieu en regardant Cassandre. Il s'était laissé emporté par ses reflexions mais son blocage vis-à-vis du handicap de Cassandre refaisait surface. Il avait poutant tout vu pendant ses années d'internat, et surtout il avait vu bien pire que quelqu'un d'aveugle mais tout ce qui touchait de près ou de loin à Cassis n'avait pas le même impact sur le directeur.

Cassandre soupira lentement, tenant son menton de la main gauche tandis que sa droite soutenait son coude, dans une attitude digne de Sherlock Holmes au sommet de sa gloire.
La réponse d'Olivier était-elle rassurante ? Il était médecin... S'il ne voyait là rien de particulier à part une menace en soi, alors peut-être Cassandre s'était-elle inquiétée plus que de raison... Ou alors cela s'annonçait pire que ce qu'elle imaginait, au choix.

L'hésitation d'Olivier la tira de sa réflexion. Elle inclina légèrement la tête à ce son de cloche, comme si son corps indiquait qu'elle avait noté l'effort que faisait Olivier pour éviter le mot tragique.

"Aveugle." dit-elle doucement pour achever le mot qu'il semblait ne pas oser prononcer devant elle. Elle avait vécu avec cette réalité toute sa vie, et pourtant, le fossé qu'elle pouvait représenter ne lui avait jamais paru si grand que lorsqu'Olivier s'arrêta à son bord. Peut-être sa vision avait-elle été influencée par la découverte d'Olivier... C'était un paramètre à ne pas négliger. Quoi qu'il en soit, Cassandre estimait qu'il était temps d'aplânir les choses.

"Olivier..." commença-t-elle, dans cette amorce bien connue des couples, et souvent suivie de "il faut qu'on parle". Elle réfléchit quelques secondes, puis reprit la parole :

"J'ai toujours détesté qu'on me définisse par mon handicap... Si je ne t'ai rien dit par le passé, c'est que j'avais peur que ton comportement et celui d'Adam change vis à vis de moi . Je n'ai pas besoin d'égards... Je ne t'ai jamais menti, mais je n'ai pas été franche. Ca n'excuse en rien ma puérilité d'autrefois. Lorsque nous nous sommes revus... il était trop tard pour remettre les choses à leur place." expliqua-t-elle avec sincérité. Elle était d'une nature réservée mais elle lui devait des explications.

"Si tu considères que ma condition altère mon aptitude à travailler à l'institut, je m'en irai." ajouta-t-elle, son regard, objet de ses paroles, insaisissable derrière ses verres fumés.

Pour Olivier, c'était le comble et ça fut le déclic.
Comment le directeur d'un institut pour jeunes mutant ayant pour objectif d'intégrer ces mêmes mutants dans la population sans discrimination pouvait ne serait-ce que penser qu'une personne ayant un handicap ne puisse pas assurer une fonction?

"Non, je veux que tu restes avec moi." assura-t-il dans un souffle.

Olivier ne gardai pls aussi bien son sang-froid quand il se retrouvait seuls.

"Je veux dire que l'institut a besoin de toi." rectifia-t-il avec empressement.

"Ton handicap n'entre pas en ligne de compte. Le problème vient plus de moi, je n'imaginais pas que tu était dans cet état avant cette nuit."

L'ombre d'un sourire effleura les lèvres de Cassandre.

"En un sens, c'est une bonne chose que tu ne t'en sois pas douté." répondit la psychologue, en essayant malgré tout de voir le positif de cette situation délicate. Elle pouvait donc passer pour quelqu'un de tout à fait "normal", fait plutôt exceptionnel pour une non-voyante.

"Je te dois des excuses, j'aurais préféré que tu l'apprennes autrement." dit-elle plus doucement. Un ange passa. Ni l'un ni l'autre ne semblait habitué à être isolés de la sorte, et cela intimidait Cassandre. Même à la fac, Olivier était toujours plus ou moins accompagné d'Adam, ou d'autres étudiants les entouraient... Durant sa captivité, elle avait pourtant tant souhaité le retrouver que la réalisation de ce désir la décontenançait.

"Je... Je ne vais te retenir plus longtemps, le devoir nous appelle tous les deux..." dit-elle en reculant vers la porte.

"Faites-moi signe si vous avez besoin de moi pour Alixtide... Cela dit, je pense qu'il ne connaît simplement pas encore ses limites." ajouta-t-elle en faisant jouer la poignée de la porte pour quitter la pièce. Elle hésita un instant sur le seuil, attendant une réponse, puis sortit.

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