Petite ville du Nord de la France...

C'était la fin de la journée. Lucas était sorti de son lycée et avait salué ses amies pour rentrer chez lui, comme tous les jours. La maison n'était pas très loin de l'école. Une demi heure de marche tout au plus, et Lucas prenait généralement plaisir à cette petite promenade quotidienne. Il ne faisait pas vraiment ensoleillé, en cette journée de début du mois de septembre. Mais cela ne dérangeait pas plus que ça. Il aimait tous les temps, il aimait toutes les saisons, qu'il vente, qu'il neige ou qu'il pleuve.

Les feuilles des arbres qui bordaient la route commençaient en cette saison à prendre les couleurs de l'automne: l'ocre, l'orange ou les tons de rouge. Il se serait presque cru le héros d'un de ses romans, et bien entendu, Chateaubriand était l'auteur qui lui venait directement à l'esprit, avec la mélancolie romantique de cette saison de changements qui annonçait les prémices de l'hiver...

Il marchait, sans se soucier de ce qui l'entourait, perdu dans ses pensées. Il avait fait le chemin tellement de fois qu'il aurait été capable de l'effectuer les yeux fermés... Il était totalement perdu dans ses pensées, dans sa contemplation muette du paysage que bien peu de mortels auraient pris la peine de remarquer...

Ce faisant, il repensait aux bons moments de sa journée. Il repensa à Alice, qui était si mignonne et qui lui semblait avoir un faible pour lui. Elle lui plaisait aussi, mais il n'osait pas l'aborder en ce sens, si bien que les deux adolescents avaient finis par créer une relation d'amitié forte. Chacun espérait que tout ça changerait un jour pour que ça aille plus loin...

Ses pensées se troublèrent. Il avait du travail à faire pour le lendemain, et il ne devait pas tarder, il pressa un peu l'allure de son pas cadencé sur les pavés du trottoir. Il n'était pas encore chez lui...

[hrp : pense à mettre le lien vers ta fiche de personnage dans ta signature]

Lucas poursuivit son chemin tranquillement jusqu'à chez lui. En approchant de la maison, il constata que ses deux parents étaient déjà rentrés du travail en voyant leurs voitures garées sur la place de parking. D'ordinaire, la maison était vide à l'heure où Lucas finissait les cours.

[hrp: elle y est déjà ^^]

La flânerie de Lucas se poursuivit encore quelques minutes. Sans s'en apercevoir, il passa sous le panneau indiquant le nom de sa rue, et les numéros pairs et impairs défilaient à ses côtés sans qu'il y prenne garde... Les jardins se teintaient de couleurs ocres en cette saison, et semblaient communier avec la terre qui les nourrissait. Il les regarda béatement, tout en continuant à marcher... Il arriva devant sa maison, ne se rappelant même plus du chemin qu'il avait emprunté, des voitures, personnes et animaux qu'il avait croisé dans la rue. Il s'était laissé porter par le vent d'automne et les feuilles rougissantes. Mais une fois devant chez lui, la réalité reprenait petit à petit le dessus. Il voyait les murs, le toit, les fenêtres closes pour garder la chaleur du chauffage fraîchement allumé...

Mais quelque chose n'était pas comme d'habitude, quelque chose avait changé par rapport aux autres jours de la semaine. Il ne s'en rendit pas tout de suite compte, passant à côté des voitures de ses parents sans s'en apercevoir, puis, une fois arrivé sur le perron de la porte, il s'était doucement retourné, un air dubitatif collé au visage. Avait-il bien vu ce qu'il avait vu? Ce n'était pas le genre de choses auxquelles il faisait attention, d'habitude, mais cette singularité avait néanmoins inconsciemment attiré son regard. Il s'était donc retourné vers l'allée, et s'était, à sa grande surprise, rendu compte de ce qui clochait: les voitures de ses deux parents étaient déjà garées, alors qu'ils terminaient habituellement leurs boulots respectifs bien plus tard dans la journée.

Lucas fronça les sourcils et pénétra dans la maison dont la porte était donc ouverte, puisque ses parents étaient là... Il attendit un peu sur le seuil avant de refermer la porte. Il écouta un instant les bruits de la maison avant de crier:

« Maman? Papa? Je suis rentré! »

Il espérait bien qu'ils arrivent pour lui fournir une explication de ce double changement d'horaire...

Les parents de Lucas vinrent le rejoindre rapidement, à croire qu’ils l’avaient attendu. Leurs visage trahissaient l’anxiété, de même que l’empressement qu’eut sa mère à le serrer dans ses bras.

"Dieu soit loué, tu n’as rien !" soupira sa mère avant de relâcher son étreinte. Son père quant à lui, avait soulevé le petit voile qui recouvrait la vitre enchâssée dans la porte d’entrée, et jeta un rapide coup d'oeil à l'extérieur.

"Dis-moi, Lucas, tu n’as rien vu d’étrange aujourd’hui ?" s’enquit son père en l’éloignant de la porte d’entrée.

En réponse à l'appel de leur fils, les parents de Lucas arrivèrent rapidement à sa rencontre, comme si ils attendaient son retour avec impatience. Leur visage était creusés comme si mille soucis les accablaient de peur, de crainte, d'anxiété... Cette sensation étrange de malaise s'accentua quand Lucas vit l'empressement avec lequel sa mère le prit dans ses bras, aussitôt qu'elle l'eut vu. Lucas fronça sérieusement les sourcils quand sa mère lui confia qu'elle était rassurée qu'il allait bien et qu'il n'avait rien. La perplexité envahit soudainement le jeune homme, qui comprenait de moins en moins tout ce qui se passait aujourd'hui...

Il se demanda intérieurement ce qui aurait bien pu lui arriver, car mis à part l'avance que ses parents avaient par rapport à d'habitude, il n'avait en effet rien remarqué de particulier. Un malaise s'installa vraiment quand son père alla vérifier à la porte si quelqu'un n'avait pas suivi son fils. Il lui demanda alors si il avait vu une chose étrange aujourd'hui...

Lucas ne comprenait pas ce qu'ils lui voulaient. Il répondit, tout sérieux.

"Non...Je ne crois pas... Enfin... à par le fait que vous soyez là plus tôt..."

Puis une idée germa doucement dans son esprit. Il crut que ses parents étaient en train de lui faire une farce, et jusqu'ici, il était tombé à pieds joints dedans sans se soucier de réfléchir plus loin. Ah ils savaient s'y faire, ses parents, il avait vraiment cru qu'il s'était passé quelque chose de grave. Ses traits se détendirent un peu et il sourit à ses parents, qu'il ne connaissait pas aussi farceur.

"Ah... Vous m'avez bien eu, j'ai cru qu'il s'était passé quelque chose! Allez je prends mon goûter et je file bosser pour demain, j'ai un test en math..."

Il fit mine de rentrer dans la cuisine et alla chercher une pomme dans la coupe de fruit qui trônait à côté de la boite à pains. De la cuisine, il cria à ses parents...

"Tiens en fait, comment vous avez fait pour convaincre vos boss de vous laisser partir plus tôt?"

Il revint dans le hall en croquant fièrement sa pomme... Pour lui, ce qu'il croyait une plaisanterie était déjà passé...

Les visages de ses parents ne trahirent pas une once d’amusement, bien au contraire.

"Lucas... Nous avons reçu un coup de téléphone étrange, chacun à notre travail. C’était des gens de la DNS... DNSMH je crois, mais qu’importe leur nom. Ils nous ont posé beaucoup de questions sur toi. Ils nous ont demandé à quelle heure tu finissais aujourd’hui..." commença sa mère, relayée par son père, qui reprit d’une voix plus assurée.

"...Quand on a refusé de leur dire sans raison valable, ils ont simplement dit qu’ils appeleraient ton lycée pour le savoir. On voulait aller te chercher mais tu étais déjà sorti. Tu as fait quelque chose de mal dernièrement ? Lucas, il faut que tu nous le dises si c’est le cas."

La mine déconfite de ses parents à son retour de la cuisine fit remonter le doute en Lucas... Il abaissa sa pomme à l'instant même où il allait mordre dedans. Visiblement, c'était vraiment grave, et non une blague inventée par ses parents, qui semblaient loin d'avoir envie de rire. Sa mère commencer par doucement lui expliquer une histoire portant sur un coup de téléphone le concernant qu'ils avaient tous les deux reçus au bureau... Elle disaient que c'étaient des personnes qui semblaient vouloir le voir avec la plus grande urgence. Hélas, il ne voyait pas du tout de quoi il pouvait s'agir, et l'énoncé de l'abréviation ne le mit pas plus sur la voie, puisqu'elle lui était totalement inconnue...

Son père prit directement le relais, faisant entendre qu'un éventuel danger planait sur la tête du jeune homme. Les yeux gris de Lucas étaient comme deux billes au milieu de son visage frappé de stupéfaction et de surprise... Qui donc pouvait s'intéresser à lui de cette manière? Et pourquoi? Il ne se souvint pas avoir fait de mal à quiconque... Son père lui posa d'ailleurs la question, à laquelle Lucas répondit sans hésiter...

« Non... Rien que vous ne sachiez pas...Je ne comprends pas ce que ça peut-être... »

L'idée lui vint que c'étaient des copains de classe, jaloux de son succès et de sa proximité avec les filles, qui avaient fait une mauvaise blagues à ses parents, de ceux qui le traitaient de cailloux depuis ce fameux jour où Lucas s'était changé en pierre au parc. Mais ça lui semblait quand même exagéré et il ne fit pas part de ce doute à ses parents... Et puis, comment des lycéens pourraient faire pour obtenir les numéros professionnels de ses parents? C'était une hypothèse à exclure, mais il n'en trouva pourtant pas d'autre...

Le malaise fit place à la peur, et il regarda ses deux parents, qui ne semblaient pas plus rassurés. D'une voix un peu affolée, tout d'un coup, il leur dit:

« Vous ne savez vraiment pas ce que c'est hein? Vous croyez que je suis en danger? Qu'on me veut du mal? Mais qui? Pourquoi? »

Le père de Lucas haussa les épaules.

"Ils n’ont rien voulu lâcher, ces gens au téléphone. Ca pourrait être n’importe quoi en fait… Mais si tu n’as strictement rien à te reprocher… Je ne vois qu’une chose…" raisonna-t-il. Il semblait faire confiance en Lucas quand se dernier se disait innocent. Le jeune homme n’avait jamais fait d’histoires, c’était un fils comme certains père aimeraient en avoir. Ses deux parents se lancèrent un regard préoccupé, peut-être coupable même, puis regardèrent à nouveau Lucas.

"J'ai eu le temps de passer quelques coups de fil pendant qu'on t'attendait. Le DMH... Le DNSMH, rah, qui m'a foutu un nom pareil aussi ! Apparemment c'est cette fameuse organisation qu'a crée le gouvernement pour contrôler la question mutante. C'est une histoire compliqué, je n'ai pas tout compris. Mais c'est un organisme gouvernemental. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils te veulent, mais je n’ai pas spécialement envie d’attendre pour le savoir."

Après un moment de flottement durant lequel le père de Lucas haussa les épaules, ne comprenant visiblement pas plus que son fils ce qu'il se passait, il lui répondit que les gens du téléphone n'avaient rien voulu dire quant à leurs projets pour son enfant unique... Sa dernière phrase, disant qu'il voyait une chose pouvant mettre Lucas dans une situation embarrassante, stressa encore plus Lucas. À quoi pensait-il? Qu'était ce donc cette mystérieuse raison qui permettrait à des individus de téléphoner ainsi à ses parents?

Les deux parents se regardèrent mutuellement, visiblement gênés et troublés de la situation. Apparemment, ils partageaient tout deux l'idée que son père avait eue, et Lucas se sentit soudainement au coeur d'une chose qui le dépassait complètement... Jamais il n'avait imaginé que c'était dû à son pouvoir...

Quand son père reprit la parole, parlant des mutants et d'un organisme gouvernemental les concernant, Lucas prit peur, encore davantage. Le terme de 'contrôle' de la question mutante sonnait étrangement dans les oreilles du jeune homme, et il n'appréciait guère être considéré comme un problème...

Dès la découverte de son pouvoir, Lucas avait prévenu ses parents de celui-ci, et ils étaient entré dans le secret, qui ne le resta ps longtemps, puisque les témoins du parc avaient eu vite fait d'en parler à toutes leurs connaissances. Ainsi deux jours plus tard, tout le monde dans le lycée savait point par point ce qu'il s'était passé, avec toutes les exagérations dues à ce genre de rumeur... Mais jusqu'ici, il n'avait jamais eu de problème quand à ce gêne différent, si ce n'était le regard accusateur des autres garçons de sa classe... Il prit alors la parole, se dirigeant vers la porte, empoignant sa veste marron qu'il venait de déposer sur le porte-manteau.

« Papa, prends ta voiture et conduit-moi où tu veux, mais là où on ne me trouvera pas... Je ne veux pas vous mêler à tout ça, et s'ils ont obtenus votre numéro de téléphone professionnel, ils ont certainement déjà notre adresse, et donc sont sûrement en route vers ici. Pas de temps à perdre, on y va! »

Il se dirigea vers la porte, espérant que son père le suivrait illico presto, et ouvrit celle-ci...

Devant la réaction de Lucas, les parents restèrent figés quelques secondes. Puis son père se dirigea à son tour vers le porte-manteaux.

"Je viens avec vous !" s’écria sa mère, mais le père de Lucas la contredit immédiatement.

"Non, je préfère te savoir ici. Je te tiens au courant." dit-il avec autorité, avant de prendre ses clés de voiture. Il attrapa une casquette sur le porte-manteaux et la planta sur la tête de son fils.

"Ca peut toujours servir." dit-il. Sur ces mots, il suivit Lucas à l’extérieur, laissant sa mère au bord des larmes.
La rue était aussi calme que lorsque Lucas était rentré chez lui. Non loin, des enfants faisaient du roller devant les maisons. Le père de Lucas se dirigea vers sa voiture, garée devant la maison, et s'installa au volant. Une voiture des plus classiques se garant devant le trottoir d'en face. Les vitres étaient teintées.

Lucas était sur le seuil, la porte entrouverte, et regardait ses parents qui étaient restés figés. Après quelques secondes, le temps pour eux d'ingérer la pilule, son père se décida à bouger et se dirigea lui aussi vers la porte, passant par le porte manteau. Comme Lucas s'y attendait, sa mère se précipita à sa suite, et il allait intervenir, quand son père s'interposa, lui intimant gentiment, mais fermement, de rester à la maison en invoquant l'excuse que ça le rassurait de la savoir ici. Il arracha une casquette au porte manteaux et pris ses clés pour sortir alors que Lucas regardait sa mère avec un regard désolé. La tristesse pouvait se lire dans ses yeux gris. Jamais il n'avait été séparé de ses parents pour une durée indéterminée, et là, il ne savait pas quand il pourrait revenir, il ne savait pas où il allait, il ne savait pas si il reviendrait...

Une casquette vint se flanquer sur son crâne. Le père du jeune homme dit que ça pouvait servir... Lucas avait toujours détesté les casquettes, mais pour une fois, il se rangea à l'avais de son père sur la chose... Si ça pouvait avoir une quelconque utilité, autant l'avoir sur lui... La porte de la maison se referma sur la mère au bord des larmes. Lucas savait qu'elle pleurerait de ne pas le voir rentrer avec son père, mais il n'avait visiblement pas le choix, et tant que la situation n'était pas clarifiée, il valait mieux qu'il quitte sa maison familiale. Jamais il n'aurait cru que ses pouvoirs lui auraient apporté des ennuis...

Dehors, il ne semblait rien se passer, comme si la vie suivait son cours habituel. Des petits voisins s'amusaient à dévaler la pente sur leurs rollers, à des vitesses vertigineuses. Lucas s'était toujours demandé comment ils faisaient pour ne pas avoir peur de se faire mal...

Il fonça vers la voiture, autant disparaître avant qu'il ne se passe vraiment quelque chose. Son père le suivit et s'installa au volant. C'est alors que Lucas vit dans le rétroviseur une voiture banale se garer devant la maison... Seule détail, qu'il remarqua tout de suite, les vitres en étaient teintées. Aussitôt, son coeur s'emballa. Il croyait qu'il était trop tard. Il cria à son père:

« Fonce!! »

Le père de Lucas mit le contact, mais sursauta au cri de son fils. Dans sa précipitation, il démarra sans même boucler sa ceinture.

"Qu’est-ce qu’il y a ?!" demanda-t-il en évitant les enfants qui s’amusaient dans la rue, il dut piler brusquement pour ne pas rouler sur une petite fille qui venait de tomber sur les fesses.

Des hommes en noir étaient sortis de la voiture repérée par Lucas. Ils remontèrent immédiatement en voiture en voyant la voiture des Shaam débouler dans la rue. Ils firent demi-tour rapidement mais avec un certain contrôle, et se mirent à suivre la voiture.

Le père de Lucas, surpris par les cris de son fils, sursauta avant de démarrer la voiture en toute hâte, ne prenant même pas le temps de mettre sa ceinture. Mais Lucas ne le remarqua pas. Lui avait mis la sienne par habitude, ne se rendant même plus compte de ce geste quotidien qui pouvait parfois sauvé une vie... Non, il n'avait pas fait attention à la ceinture de son père. Il était trop concentré à voir des hommes entièrement vêtus de noir sortir de la voiture banalisée. Il s'en était fallu de peu... S'ils étaient partis une minutes plus tard, ils seraient tombés nez-à-nez avec ces individus étranges.

Accélérant, le père évita les enfants de la rue qui n'avaient pas vu arriver sur eux la voiture qui filait maintenant à toute allure. Mais là non plus, Lucas ne s'en rendit pas compte. Il était retourné, regardant par la vitre arrière les hommes en noir qui, aussitôt sortis, entrèrent à nouveau dans leur voiture pour démarrer tout aussi sec. Un coup de frein puissant de la part de son père lui fit se retourner à nouveau. Ils venaient d'éviter de peu une petite fille qui était tombée sur les fesses... Lucas en était terrorisé... Il voulait certes sauver sa vie, si celle-ci était bien en danger, mais en aucun cas mettre celle d'autres personnes en danger. Il regarda vers l'arrière et s'aperçut que la voiture avait fait demi-tour et les suivait maintenant de près.

Il prit enfin la peine de répondre à son père.

« Accélère, on est suivi, ils nous ont vu partir! »

Puis, il se rendit compte que les qualités de pilote de son père n'étaient sans doute pas très utiles face à l'as du volant qui les suivait. Sa seule chance de leur échapper, c'était sa connaissance du quartier...

Il dit à son père, excité comme jamais:

« Dépose moi face à l'entrée des passages derrière les jardins, je leur échapperai par là, ils ne pourront pas y aller en voiture! »

L'entrée en question approchait à toute vitesse. Elle n'était plus qu'à cent mètres de l'endroit où ils se trouvaient...

Le père de Lucas obtempéra après avoir jeté un bref coup d'oeil dans le rétroviseur. Il fit un écart pour contourner la petite fille et appuya sur le champignon. La voiture de derrière les suivait de près dans le quartier résidentiel. Si son père accéléra du mieux qu'il put, la généralisation des boîtes automatiques au 21ème siècle jouait contre lui : contrairement aux manuelles, son véhicule avait moins de reprise et disposait d'une accélération progressive.

Il jetait maintenant de furieux regards en arrière tout en conduisant. Une pellicule de sueur commençait à se former sur son front.
Ils approchaient de l'allée en question, quand une voiture identique à celle qui les suivait tourna au coin de la perpendiculaire et fonça droit sur eux.

Ils étaient presque arrivés à l'entrée de l'allée. La voiture, qui peinait un peu à aller plus vite, conséquence de l'évolution de la technologie, n'avait plus que quelques mètres à faire pour la rejoindre, alors que l'autre voiture les suivait avec toujours autant d'insistance. Il était clair qu'ils ne voulait pas de bien à Lucas, et il ne se laisserait pas faire par ces endimanchés.

Le père de Lucas, de plus en plus nerveux, jetait sans arrêt des regards vifs à l'arrière pour visualiser la progression de leurs poursuivant. Il mettait tous ses dons de conduite à l'oeuvre pour sauver son fils, qui tremblait à côté de lui. Lucas ne disait plus rien. Il ne regardait même plus les hommes en noirs agglutinés dans leur auto. Son regard était fixé sur l'entrée de l'allée, qu'ils devaient rejoindre... C'est alors qu'il perçut un mouvement devant eux. Une autre voiture. La voyant, son regard se glaça d'effroi. Elle était identique à celle qui les suivait toujours, et Lucas ne douta pas qu'elle était autant remplie d'hommes vêtus de noir...

Il frappa la vitre en criant à son père:

« Laisse-moi descendre ici, arrête-toi, je vais fuir à pieds! »

Il se prépara alors, main sur la poignée, à l'ouvrir et à bondir hors de l'auto familiale pour s'élancer dans l'allée, non loin de là...

Le père de Lucas pila immédiatement pour s'arrêter là où son fils le lui avait demandé. Il était complètement dépassé par la suite. Cependant, l'inertie de la voiture fit continuer la voiture sur plusieurs mètres dans un crissement de pneus désagréable, alors que la voiture qui arrivait de front continuait impertubablement sa course suicidaire vers celle des Shaam.

Mais Lucas s'était préparé. Il était prêt à bondir du véhicule.

"Saute, Lucas !" cria son père alors qu'il perdait le contrôle du véhicule. La dernière chose que le jeune homme vit, c'était son père portant ses bras devant son visage pour se protéger du choc à venir.
L'instinct peut-être, activa le pouvoir du mutant. Sa peau se rétracta instantanément pour lui éviter des blessures sévères lorsque son corps heurta le bitume de la rue. Il roula sur lui-même sur deux mètres, mais la pierre qui recouvrait maintenant tout son corps ne présentait que de légères écorchures aux coudes et aux genoux. C'était un miracle.
un bruit de tôle froissée accueillit sa chute. La voiture qui poursuivait son père avait fait un écart puis s'était arrêtée à quelques mètres de celle de Lucas dans un dérapage contrôlé. L'autre véhicule, identique au premier, avait embroché celui de son père au niveau de l'aile. Le père de Lucas gisait inerte : son corps était à moitié passé à travres le pare-brise et reposait dans un angle improbable sur le capot de la voiture.
Lucas put entendre des bruits de portières.

Le freinage fut vif, il fut dur, il fut éprouvant pour Lucas. Dès la fin de sa phrase, son père appuya de toutes ses forces sur le frein, l'écrasant de tout son poids contre le plancher de la voiture. Les pneus arrière crissèrent fortement, alors que la voiture entamait un dérapage plutôt inquiétant. Lucas n'était plus à même de réussir à penser par lui-même, tant les émotions et la peur lui enserraient le ventre. Sans même qu'il l'ait voulu, comme au parc pour la première fois, sa peau commençait à changer de couleur, à se durcir petit à petit et à le chatouiller. Bien sûr, il pouvait l'activer consciemment, en un coup, mais quand ce n'était pas volontaire, comme ici, ça mettait parfois plus de temps à venir. Il tenait la poignée de la portière, prêt à bondir à l'extérieur dès que la voiture serait arrêtée. Son regard remplis d'effroi était fixé sur le pare-brise de la voiture qui fonçait droit sur eux. Son père lui hurla de sauter du véhicule, alors qu'il en perdait le contrôle.

Il tourna alors la tête vers son père, dans un dernier regard, et vit celui-ci, visage crispé comme jamais, accroché à son volant en essayant vainement de rétablir une maîtrise sur son véhicule. Il lâcha soudain celui-ci, protégeant son visage. Lucas ne comprit que trop tard ce qui allait se passer. Fermant les yeux, il ouvrit avec hâte la portière et en sortit aussitôt. Son pouvoir se contracta, et toute sa peau devint aussi dure et solide que de la pierre, en prenant la teinte et l'aspect. Ses yeux étaient fermés, et il ne sentit presque pas le choc de son corps heurter avec violence le macadam. Il rebondit sur la route et roula sur lui-même sur une distance de deux mètres, crispant ses muscles pour lui éviter toute blessure. Sa course s'arrêta enfin, en même temps que le vacarme de tôle froissée et de bris de verre sur la rue.

Lucas était à peine choqué par l'accident, et il rouvrit les yeux. Il était allongé sur le dos, vivant, et venait de vivre son premier accident de voiture...

*La voiture! Papa!!!*

Il tourna son visage vers la carcasse fumante de ce qui fut l'auto de son père. Elle était entrée en collision avec la voiture venant de face, qui lui était rentrée dans l'aile gauche. Le regard du jeune homme se remplit de terreur. Gardant sa peau de pierre, il se releva. Jamais il n'avait réussi à bouger lors de ses transformation, et aujourd'hui, il le faisait presque naturellement. Il se releva entièrement, et eut directement envie de replonger dans l'inconscience. Devant lui, son père inerte reposait à moitié sur le capot de la voiture, dans une position étrange, les jambes semblant être restées à l'intérieure du cockpit. Ses yeux se remplirent de larmes, mais il ne put comprendre ce qui était arrivé. Son esprit formait comme une barrière à tout ce qui venait de se passer. Des bruits de portières retentirent. Les hommes en noir ne tarderaient pas à sortir de leur voiture meurtrière. Ce fut le moment pour les pleurs de sortir. Lucas éclata en sanglots lourds, même s'il ne comprenait pas pourquoi, même si il n'arrivait pas à comprendre.

Les larmes salée dégoulinaient sur son visage et laissaient des marques plus foncées sur la pierre grise qui remplaçait sa peau. Il eut un haut-le-coeur et une haine sans nom s'empara de son être. Il savait qu'il ne devait pas rester là, et même dans l'inconscience due à la colère, il était trop lâche pour aller au devant de ses ennemis, des assassins de son père. Il tourna alors les talons et s'enfuit dans l'allée bordant les jardins. Il courrait, du plus vite qu'il le pouvait, il courrait sans s'arrêter, espérant que sa connaissance des lieux lui suffirait pour échapper à ces hommes. Il savait qu'il ne rentrerait pas chez lui de si tôt... Les larmes continuaient à couler au rythme de sa course...

L’allée était assez étroite. Des bênnes à ordures et des poubelles étaient disposées le long des façades arrières des maisons. Laissant le cadavre de son père à son sort, Lucas prit ses jambes à son cou. Alors qu'il fuyait, deux chats qui se disputaient un gras de jambon dans une poubelle s'enfuirent devant lui en feulant. L'adrénaline lui permettait de maintenir son état granitique et de courir de la sorte : Lucas se sentait lourd mais parvenait tout de même à courir et l'élan qu'il avait pris le portait vers l'avant. Il pouvait entendre le crissement de la pierre là où sa peau se frottait au niveau des aisselles et de l'entre-jambes. Au loin se profilait le cul-de-sac, fermé par une pallissade en bois classique. Un petit vieux était sorti par la porte de derrière sa maison, deux sacs poubelles à la main, pour vider ses ordures dans un container.
Derrière Lucas, des bruits de courses et des voix d’hommes qui s’interpellaient dans la rue. Dans sa panique il lui était impossible de discerner ce que les voix disaient.
Le vieux plissa les yeux puis hurla en voyant l’apparence de Lucas, qui tel un golem, fonçait sur lui et la palissade. Un container était placé sur la gauche de la palissade. Le côté droit était libre, à cela près que le vieil homme n'avait pas bougé.

"Hé, vous ! Ne le laissez pas partir !" lança une voix derrière Lucas.

Il fuyait, sans destination, juste pour échapper à ses poursuivants malintentionnés. Maintenant, Lucas était certain que ces hommes lui voulaient du mal, et il comptait bien ne pas leur tomber entre les doigts. Il avait réussi à atteindre l'allée, celle qu'il empruntait parfois lorsqu'il se promenait dans son quartier. D'un côté de l'allée, des hauts grillages et murs donnant sur des jardins privés, de l'autre côté, des maisons qui ne bénéficiaient pas de jardin, et c'était donc la façade arrière de celles-ci que Lucas suivait. Elle n'était pas très large cette allée, tout juste de quoi mettre des bennes à ordures et autres sacs poubelles, ainsi que suffisamment de place pour les éboueur faire leur boulot de déblaiement. Il courait donc en prenant bien attention de ne pas trébucher sur les déchets jonchant le sol à certains endroits, zigzaguant entre les sac remplis d'immondice pour ne pas se prendre les pieds dedans. À sa plus grande surprise, il arrivait à maintenir son état pierreux qui venait de lui sauver la vie. Bien que cela le gênait un peu pour courir, il s'aperçut du net progrès qu'il avait fait ce jour, puisqu'avant, il lui était incapable de bouger ne fut-ce que son petit doigt.

Il croisa deux chats bagarreurs, qui à son arrivée, fuirent comme s'ils avaient vu le diable en personne débouler dans leur direction. Il feulèrent sauvagement, sautant par dessus les hautes clôtures, ce dont Lucas se sentait totalement incapable de faire, en particulier dans son état actuel. Les larmes d'incompréhension et de tristesse avaient laissé la place à des larmes de haine et de peur. Il pleurait toujours, et il courait d'autant plus vite qu'il se savait en grand danger.

Il était emporté par son propre élan, se sentant pesant bien plus que de coutume, mais maîtrisant ce poids par une force nouvelle, sans doute tirée de son pouvoir. La pierre formée dans l'interstice de ses jambes et de ses aisselles frottait contre elle-même et crissait sévèrement.

Et c'est là que Lucas se rendit compte de son erreur. Au loin se dessinait la fin de l'allée, le cul-de-sac. Lucas avait complètement oublié que cette voie était sans issue... Et celle-ci était close par une palissade en bois. Certes Lucas, sur le moment, pensa de bon ton de massacrer cette palissade avec la force nouvelle qui le faisait se mouvoir, la pierre prenant de suite l'avantage sur le bois, mais pour ça, il lui aurait fallu garder une vitesse constante... C'était bien sûr sans compter sur une porte qui s'ouvrit soudainement, dévoilant un petit vieux grincheux inconnu de Lucas, qui tenait dans sa main deux gros sacs poubelles dont il comptait déverser le contenu dans un container. Lucas freina à son approche. Il ne voulait pas blessé ce pauvre homme qui n'avait rien fait, et qui n'avait non plus rien à faire là.

Mais derrière lui, les cris de ses poursuivants se faisaient entendre, et leurs pas résonnaient sur le tarmac qui couvrait le sol de l'allée. Il lui fallait trouver une solution, et la trouver vite!

Devant lui, le vieux se mit à hurler quand il vit Lucas arriver sur lui avec sa peau de pierre. Le pauvre vieux était terrorisé, sans doute peu enclin à recevoir une telle apparition juste derrière chez lui. Il s'était tourné vers Lucas, les yeux exorbités et la bouche édentée grande ouverte, avec ses deux sacs à la main. C'en était fini de l'option 'destruction de palissade'... Surtout que Lucas, approchant du vieillard, freinait de plus en plus sa course. Derrière lui, un des hommes en noir cria au pépé de ne pas le laisser passer...

Lucas n'en avait cure, ce n'était pas un octogénaire sénile et trouillard qui l'arrêterait. C'est alors qu'il eut un flash. Le vieux avait laissé la porte de sa maison ouverte. Arrivant à cette hauteur, Lucas avait perdu considérablement sa vitesse et s'était presque arrêté. Juste de quoi lui suffire pour virer de bord et tourner dans la maison du pensionné, sous le regard stupéfait de ce dernier, qui ne laisserait pas se refaire cette intrusion de si peu, et qui arrêterait sûrement, du moins Lucas l'espérait, les hommes en noir pendant un moment. Lucas courait maintenant dans la maison, à la recherche de la porte de sortie, qui selon sa logique, devait se trouver tout droit. Il entreprit donc de prendre le chemin le plus court qu'il lui était donné de voir...

Le vieux éberlué par la situation s'écarta du passage de Lucas en laissant tomber ses sacs poubelles. La maisonnette du retraité était assez mal éclairée. De la poussière en suspension était visible dans les rayons de soleil qui filtraient à travers les rideaux élimés couvrant une baie coulissante fermée. Cette baie menait à un petit jardinet donnant directement sur le prolongement de la palissade.
L'entrée donnait donc sur ce salon sans prétention, aux fauteuils de velour vert passé. A droite de Lucas, un couloir sombre. De l’autre côté du salon, il pouvait voir la porte d’entrée massive.

Les bruits derrière lui l'avertirent qu'il était toujours poursuivi de près.

Le vieux s'écarta au dernier moment, lâchant ses sacs qui répandirent leur contenu sur le sol. Lucas avait réussi à pénétrer dans la maison sans devoir le bousculer, ce qui l'aurait embêté, ayant toujours porté un grand respect pour les personnes âgées, qui parfois n'étaient plus capable de se débrouiller seuls... Il allait d'ailleurs parfois aider quelques vieilles personnes du voisinage qui le demandaient, pour se faire un peu plus d'argent de poche que ne lui donnaient ses parents...

Il était donc entré dans la maison plutôt sombre, à peine éclairée par des rideaux élimés et usés. La poussière semblait omniprésente dans l'espace, et flottait dans l'air. C'était une maison de vieux, qui sentait le vieux et qui, comme son propriétaire, avait une apparence vétuste... Lucas se trouvait donc dans le salon du pensionné, un salon humble et sans chichi, très caractéristique de ce genre de personnes qui voient la vie filer trop vite sans qu'ils puissent rien y faire... Peu de décoration, ou alors seulement des vieux souvenirs pâlissant sur des étagères qui prenaient la poussière. Quelques bibelots étaient disposés par-ci par-là et formaient la seule chose accueillante de la pièce. Même les fauteuils recouvert de velours verts à la couleur peu encline à faire vivre la pièce semblaient anciens, et on aurait dit que les ressorts usés ne demandaient que trop de répis. Sur une tablette, une pile de magazines divers relatant les événements du monde people, seule passion que le vieux avait, sans doute, et certainement le seul regard sur la société actuelle.

Sur la gauche, des rideaux usés recouvraient une grande baie vitrée fermée. Les trous dans le tissus permettaient à Lucas d'observer un petit jardin coquet soigneusement entretenu. De l'autre côté, à main droite, s'étendait un sombre couloir terminé par une robuste porte plus sombre encore. Lucas n'avait pas le choix, il devait absolument fuir ces hommes en noirs qui, et il l'entendait à leurs pas qui se rapprochaient, le poursuivraient sans relâche. Il s'élança donc dans le couloir et tourna la poignée de la porte, espérant que le vieillard ne faisait pas partie de ces personnes qui s'enfermaient de l'intérieur chez elles, vivant recluses des autres...

La tension était à son paroxysme, et la peur lui étreignait les entrailles, lui tordant l'estomac dans des crampes au ventre...

La porte était ouverte. Lucas put s’élancer sur le petit chemin menant au portillon de la maisonnette, et manqua d’ailleurs de s’étaler par terre. Il était maintenant en contrebas de la rue où la voiture des Shaam fumait encore. Un groupe de passant s'était amassé devant le carambolage. Petit à petit, Lucas avait senti sa peau se détendre. Son corps revenait à la normale. A part l’attroupement au niveau des voitures un peu plus loin, la rue était calme. Un car scolaire s'était arrêté sur le trottoir d'en face pour déposer quelques enfants sortis de l'école.

[HJ: Selon mes caractéristiques, je peux garder mon état pierreux durant plusieurs heures... Cela ne compte pas pour la phase courtier et n'est admise qu'à partir de l'entrée à l'institut? Enfin... Je vais faire comme vous avez marqué, c'est juste une question qui me taraude... /HJ]

Par chance, la porte ne résista pas à la tentative de Lucas de l'ouvrir, et il fut heureux de constater que la paranoïa n'avait pas enseveli l'entièreté du troisième âge. Il referma doucement la porte derrière lui, espérant que les hommes en noir passeraient un peu de temps pour fouiller la maison, puis s'élança dans la petite allée, un peu hâtivement d'ailleurs, puisqu'il faillit tomber en ratant la marche du perron, trébuchant et rattrapant la dernière seconde son équilibre. Des sueurs froides naquirent sur son front et dans son dos quand il imagina par la suite ce que tomber aurait pu avoir comme conséquence...

Le petit chemin de pierre s'étendait jusqu'à un petit portillon en bois blanc auquel Lucas arriva vite. Il jeta un dernier regard en arrière, ne voyant pas ses poursuivants débarquer de la maison, et il sortit de la propriété du vieux monsieur, sans doute encore pétrifié dans l'allée à l'arrière de sa maison.

Il s'était alors dirigé sur le côté, afin que nul ennemi ne puisse le voir d'une des fenêtres de la maison, se mettant à couvert d'une haie plus grande que lui...Il se rendit seulement compte à ce moment là qu'il était de retour dans sa rue, dans la rue de l'accident. Il regarda en amont pour voir la carcasse de la voiture d'où s'échappait quelques volutes de fumée. Un petit attroupement entourait déjà le lieu de l'accident, et les secours ne tarderaient sans doute pas, ambulance et police... Lucas était confiant, il refusait d'admettre que son père puisse mourir, aussi rapidement, aussi stupidement, et par dessus tout, par sa faute. Selon lui, il était juste assommé, ou inconscient, mais tout s'arrangerait avec les progrès de la médecine et il serait bientôt sur pieds avec tout au plus quelques vilaines cicatrices...Lucas refusait d'admettre ce qui pouvait être la vérité.

Il vit alors arriver un bus sur le trottoir en face. C'était la chance à saisir si il voulait échapper à ces mystérieux hommes en noir. Il se défit de la casquette qui n'avait pas bougé de sa tête, et la lança au milieu du trottoir pour faire croire qu'il avait fuit en courant dans cette direction... Il traversa en hâte la rue et se cacha derrière le bus, avant de monter dedans, ne se montrant pas aux fenêtres de celui-ci...

[hrp : en effet, mais j’ai noté que tu disais que c’était exceptionnel par rapport à tes performances habituelles. De plus, je pense qu'instinctivement, tu aurais reprit ta forme humaine en arrivant devant les nombreux passants.]

Lucas avait travers la rue et était passé derrière le bus, ce qui l’avait peut-être protégé de la vue de ses poursuivants. Il dut attendre que les derniers élèves descendent, puis il embarqua dans le bus. Le chauffeur dévisagea l’adolescent, qui dépassait de plusieurs années l’âge de ses autres passagers.

"Mais euh… C'est un car scolaire, gamin… Tu vas où comme ça ?" dit-il en se grattant la tête. Par chance, le chauffeur se trouvait entre Lucas et la vitre conducteur. Cela lui permettrait peut-être de gagner quelques précieuses secondes.
De là où il était, le mutant put voir les pieds de ses poursuivants de l’autre côté du trottoir. Ils venaient de sortir de la maison du veillard. Ils hésitèrent un moment, puis se dirigèrent vers la casquette jetée en travers du trottoir. Ils s’arrêtèrent quelques instants devant. En comptant les jambes qu'il voyait, Lucas pouvait décompter 4 personnes.

[HRP: Oui, le fait que je dise que c'était exceptionnel voulait juste traduire qu'il y avait des choses qui avaient soudainement changées en moi... C'était une manière d'expliquer les caractéristiques notées sur ma fiche! Mais tu as eu raison d'arrêter mon pouvoir, en effet, il vaut mieux pour le moment que je ne l'étende pas devant tous... /HRP]

Les élèves descendirent du bus, trop lentement selon l'avis de Lucas, mais il ne pouvait les presser et risquer de déclarer un esclandres parmi ces enfants qui prenaient tout leur temps pour descendre lentement du transport en commun, leur lourd cartable accroché sur leur dos, et quelques fois, un vulgaire sac de gym en toile pendant mollement dans leur main. Lorsque le dernier fut sortit, le jeune homme s'engouffra dans le bus, mais fut arrêté par le chauffeur, qui lui demanda ce qu'il faisait dans un bus scolaire... La silhouette plutôt épaisse du chauffeur dissimulait Lucas de l'autre côté de la rue, et donc de ses agresseurs.

Lucas ne répondit pas tout de suite à l'homme qui conduisait le bus. Il avait vu des pieds débarquer sur le trottoir, avec des bas de pantalon de couleur noire. Il ne faisait aucun doute que c'étaient les hommes qui le poursuivaient. Comptant rapidement les paires de jambes, il dénombra quatre hommes, qui ne savaient que faire devant la disparition soudaine de celui qu'ils suivaient. Il les vit ensuite partir vers la casquette qu'il avait lancée sur le sol pour détourner leur attention... Prenant bien soin de ne pas se faire voir des quatre hommes, Lucas répondit au chauffeur le plus honnêtement possible, détestant mentir, par habitude et par valeur.

« Ces homme sur votre gauche, sur le trottoir, ils me poursuivent...Ils me veulent du mal! Protégez-moi s'il-vous-plaît... Faites semblant de rien et continuez votre chemin... »

Sans même attendre sa réponse, Lucas se mit à quatre pattes dans le bus pour être certain que les quatre hommes ne le voient pas...