Petite ville du Nord de la France...

Lucas répondit aussitôt, s'empressant de mettre fin aux doutes de Malik du mieux qu'il pouvait.

« Mes parents reconnaîtront directement mon écriture, ça ne fait aucun doute! Ils supervisent chaque jour mes devoirs pour le lycée... Ils connaissent mon pouvoir, je suis très proche d'eux et leur parle beaucoup... Ce sont eux qui m'ont mis au courant que des personnes du gouvernement me recherchaient et ce sont également eux qui m'ont conseillé de fuir... Et ils m'ont aidé à le faire! Ils doivent te croire, ce sont des gens très gentils, tu verras... Et puis, s'il ne sont pas là, oui, laisse mon mot à la place de l'argent, mais pas en évidence au cas où ces hommes malintentionnés décideraient de fouiller la maison... »

Il s'empara alors de la double feuille ainsi que du stylo que Malik lui tendait et avait pris dans les affaire de son frère, qui n'avait pas bronché, trop heureux sans doute de participer un peu à la fuite d'un mutant, même si c'est grâce à lui que Lucas a rencontré Malik et qu'il n'a plus de preuve à rendre...

Il écrivit alors lisiblement, avec son écriture habituelle afin de ne laisser aucun doute sur la provenance de ce papier à ses parents...

'Papa, maman,

Je vais bien, j'ai trouvé quelqu'un qui m'aide et qui connaît mon problème. Il m'a parlé de l'existence d'un institut aux États-Unis qui s'occuperait de personnes comme moi, et je veux aller dans cet établissement pour échapper à ceux qui sont devenus une menace pour moi.

Pour partir, j'ai besoin d'argent pour le transport, c'est pourquoi je vous envoie ce jeune homme en quérir. J'espère que vous comprenez mon choix, qui n'en est pas vraiment un...

Je vous aime et vous contacterai le plus tôt possible une fois que je serai en sécurité... Avant, c'est trop dangereux...

Lucas, votre fils.

PS: j'espère que l'accident de papa n'a pas été trop grave...

XXX'

Il se relut un instant puis tendit la feuille à Malik après l'avoir pliée...

Malik hocha la tête d'un air grave puis empocha la lettre sans y jeter un coup d'oeil.

"Vous, vous ne bougez pas d'ici." dit-il, en faisant les gros yeux à son petit frère qui s'imaginait déjà l'accompagner, étant donné qu'il remettait ses chaussures.

"Pfff..." soupira Aziz en tapant du pied sur la moquette.

"Je compte sur toi pour le surveiller durant mon absence." dit-il à Lucas. "D'ailleurs il n'a pas fini ses devoirs." ajouta-t-il après un coup d'oeil au cahier de texte de son frère.

"Je ne serai pas long." dit-il, avant de quitter la chambre d'Aziz. Il repassa avec une veste sur le dos dans le couloir, puis quitta l'appartement.

L'heure qui suivit fut éprouvante pour Lucas, dont la tension était à son comble. Aziz lui demanda de l'aide pour ses devoirs, ce qui fut le seul dérivatif à son inquiétude. Finalement, un bruit de clé dans la serrure avertit les deux occupants de l'appartement que quelqu'un était rentré. Il s'agissait bien de Malik.
Il s'approcha de Lucas.

"J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c'est que j'ai récupéré l'argent." dit-il en tendant un sac en plastique contenant une partie des économies des Shaam. Avec ça, même avec les tarifs aériens excessifs du siècle, il pourrait voyager sans problème jusqu'aux USA.

"Tu m'excuses, j'ai fouillé un peu pour trouver ton passeport aussi." dit-il, la mine coupable.

"Maintenant... La mauvaise nouvelle..." continua-t-il, le visage crispé. Il hésita quelques secondes.

"Il n'y avait personne chez toi. Avant de tenter de rentrer, j'ai demandé à ta voisine si elle savait où ils étaient... Apparemment ton père a eu un accident grave, ta mère est partie à l'hôpital... Je n'en sais pas plus, mais je suppose que si ces types du gouvernement veulent te retrouver, ils t'attendront sûrement là-bas."

Hochant la tête sans plus d'enthousiasme, Malik s'empara de la lettre sans même la lire. Il semblait savoir qu'il pouvait faire confiance à Lucas et que jamais ce dernier n'aurait pris la peine de dévoiler les pouvoirs du mutant qui l'accueillait et l'aidait depuis qu'il était seul, depuis que ces hommes mauvais vêtus de noir l'avaient poursuivi dans les méandres citadins de son quartier habituellement paisible... Il intima avec autorité à Aziz de rester ici en la compagnie de Lucas, pendant que lui effectuerait la mission dont je l'avais chargé. Ce à quoi son frère répondit par un soupir déçu, lui qui se voyat déjà presque changé en super héros sauveur de l'humanité, comme beaucoup d'enfants de son âge...

Il confia donc Aziz au jeune mutant qui avait pénétré son appartement sans le connaître quelques minutes auparavant et qui lui avait confié ses tracas. Il faisait confiance à celui qu'il était en train d'aider, et il eut raison de le faire, puisqu'il n'y avait pas de garçon plus sage et sensé, tout en étant responsable, que Lucas. Ce n'était certainement pas avec lui que le petit Aziz sauterait sur tous les divans de l'humble habitation... Il ferait ses devoir, comme l'avait vivement conseillé son aîné.

Malik enfila alors une veste et quitta l'appartement, laissant les deux garçons ensemble... Le stress ne tarda pas à monter en Lucas, qui pressa vite le petit de se mettre à ses devoirs, et lui promit qu'il l'aiderait de son mieux. En fait par là, il se rassurait lui-même en s'occupant l'esprit alors que sa destinée allait se jouer entre les mains de quelqu'un qu'il ne connaissait pas. La tension augmentait de minute en minute, sans que ces petites gradations de temps ne daignent avancer à une vitesse normale. Chaque seconde transformait l'esprit de Lucas en celui d'un supplicié de l'attente, d'un martyrisé de l'impatience, lui qui savait attendre d'habitude. Mais là, sa vie était en jeu dans l'affaire, et il ne supportait pas le poids du temps qui s'écoulait pour lui bien trop lentement...

Il se concentrait vainement sur les explications qu'il fournissait à Aziz dans ses devoirs pas trop compliqués, mais pour lesquels il se fit une joie de répondre aux interrogations de l'enfant, trouvant une issue à son attente qui lui semblait de plus en plus infinie.

Mais un bruit de clés dans la serrure mit fin à celle-ci, bien qu'une nouvelle peut lui enserrait le ventre... Il savait que si les parents rentraient en l'absence de Malik, il se trouverait en une bien fâcheuse posture, et son rythme cardiaque accéléra jusqu'à la délivrance de ses angoisses en la personne de Malik qui entra dans la pièce silencieusement en s'approchant de Lucas. Il annonça qu'il avait une bonne et une mauvaise nouvelle, et le coeur de Lucas se remit à accélérer sa cadence. Mais le jeune adulte n'attendit pas la réaction du mutant pour poursuivre, mettant fin au stress de Lucas. Il lui tendit argent et papiers pour voyager en dénonçant le fait qu'il avait fouillé un peu la maison... Ce qui ne dérangea absolument pas Lucas, qui était plutôt apte à le remercier de son geste attentionné. Mais la mauvaise nouvelle abattit à nouveau les ardeurs de Lucas, qui stoppa un sanglot qui naissait sur le bout de ses lèvres. Ses poings se serrèrent et il sentit ceux-ci changer de matière, se teintant d'un gris pierreux. Après quelques instants où il serra les dents, il finit par ravaler sa haine et sa tristesse et dit simplement...

« Merci Malik, je te dois beaucoup...Je n'irai pas à l'hôpital, ça me mettrait en danger autant que mes parents. Je leur ai causé suffisamment de tort. Il faut que je fuies... Quand crois-tu que je puisse partir? »

"De rien, je fais ça tous les jours après le petit-déj, pas vrai Aziz ?" plaisanta le jeune homme pour détendre l'atmosphère. Le petit garçon éclata de rire.

"Pour ton départ, ça, j'en ai aucune idée. Le seul moyen de le savoir c'est de prendre le premier billet pour les Etats-Unis, je suppose. Je ne crois pas avoir été suivi... Je pense que tu ne risques rien à sortir maintenant. Je peux te filer un pull à capuche si tu veux. On t'appelle un taxi et tu files sur l'aéroport ni vu ni connu. Ne leur laisse pas le temps de mettre un avis de recherche ou je ne sais pas quoi à l'embarquement."

Malik prit les remerciement à la rigolade et plaisanta un peu, ce qui déclencha l'hilarité de Aziz. La tension presque palpable dans l'air se dédensifia et retomba un peu, faisant sourire joyeusement le jeune mutant. Il ne lui fallut pas réfléchir bien longtemps avant d'apporter une réponse à Malik.

« Bien, ma décision est prise alors, ton plan me semble la meilleure solution, il faut effectuer ça au plus vite, ça vaut mieux! Si tu veux bien me prêter un pull et m'indiquer ton téléphone, je me commande un taxi et je file vite fait à l'aéroport le plus proche pour prendre le premier avion en direction des États-Unis d'Amérique... Une fois là-bas je me rendrai à l'Institut, le plus gros sera fait! »

C'est alors seulement qu'il se rendit compte qu'il n'avait jamais pris l'avion, mais que finalement, ça lui faisait moins peur qu'il ne l'aurait cru si on lui en avait parlé avant. Il se leva, motivé et convaincu que c'était la bonne attitude à adopter.

Malik hocha la tête et les deux mutants commencèrenet à préparer le départ de Lucas. Il lui donna un sac dans lequel il glissa un ou deux vieux vêtements de son ancienne chambre pour permettre à Lucas de se changer un minimum, puis le taxi fut appelé. Malik griffonna l’adresse de l’école mutante, après avoir fait quelques recherches dans les coupures de journaux de son cadet, et la donna à Lucas.

"Si tu vois Alyssandre... Dis-lui que je pense à elle. Bonne chance, on se reverra inch Allah." dit-il pour tout au revoir en serrant la main de Lucas avant de poser la main sur son coeur. Le petit Aziz était tout triste de voir le fugitif mutant quitter son domicile.

Le taxi l’emena à l'aéroport, où Lucas dut patienter deux bonnes heures en se demandant si la sécurité de l'aéroport l'intercepterait à l'embarquement... Mais il n'en fut rien. Le jeune homme prit place à bord. Malik lui avait prit suffisamment d’argent pour payer le vol, bien que son petit pécule en fut sérieusement amoindri.
Le voyage se déroula sans histoires. Quelques heures de vol plus tard, Lucas se retrouva sur le sol américain. Il n'eut pas de mal à trouver un taxi qui l'emmènerait à Salem Center, ville où se situait l'institut Xavier d'après l'adresse. C'était dans la banlieue de New York et le voyage dura une bonne demi-heure.
Le décalage horaire et les événements éprouvants de la veille dans les pattes, Lucas put sortir du taxi, pour se retrouver devant une imposante grille en fer forgé et un mur d'enceinte tout aussi imposant. Derrière la grille se trouvait un manoir élégant. Une plaque sur le mur indiquait "Institut Charles Xavier".

La grille s’ouvrit d’elle-même avant même que Lucas n’appuie sur l’interphone. Une femme étrange apparut devant lui.



"Lucas Shaam, signature mutante détectée."

Sur ces mots, elle disparut comme elle était venue. Dans le parc, Lucas pouvait voir et entendre qu’une petite fête était organisée. De nombreux jeunes discutaient autour d’un barbecue dont les effluves chatouillaient les narines du mutant.

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