Espagne

L'auberge était un endroit chaleureux et accueillant. Beaucoup de lambris, un vieux parquet, des tables et des chaises en bois, un bar en acajou : l'endroit faisait bar-restaurant, et chambres.

Il y avait peu de monde. Depuis la généralisation des trains monorails, le transport routier avait été désaffecté. Seules deux tables étaient occupées : la première par un groupe de motards tout de cuir vêtus, parlant fort, et buvant trop de bière, le second par une petite famille dont les membres avaient des cheveux blonds presque blancs et parlant un dialecte étrange.

L'aubergiste, un homme pansu au visage barré d'une moustache fournie qui semblait être constituée de cheveux qu'il avait volé de son crâne s'avança vers elle.

"Bonsoir mademoiselle... Que puis-je pour vous ?"

Elle parla d'une voix assez timide, c'était la 1ere fois qu'elle partait de sa maison..."Bonsoir monsieur...Je voudrai une chambre, juste pour cette nuit, s'il vous plait."

L'aubergiste la regarda un instant, l'air plein de bienveillance. Puis il dit

"Euh... Oui... Nous avons une petite chambre disponible pour une personne. Pardonnez-moi, mais... N'êtes-vous pas un peu jeune pour voyager toute seule ? Vos parents..."

Dans la salle, un motard se tourna pour la regarder, puis se retourna pour rire grassement à une vanne d'un de ses amis.

Elle dit d'une voix sûre:
"Ne vous inquietez pas pour cela, mes parents sont au courant de mon voyage..."

En voyant le motard qui l'a regardé elle se sentit un peu mal à l'aise...

Puis elle reprit: "Maintenant pouvez vous me montrer ma chambre, s'il vous plait."

L'aubergiste acquiesça de la tête. Il havait l'habitude de ne plus poser de question. Il tendit un e-formulaire à la jeune fille.

"Je vous demanderai de bien vouloir remplir ceci, et puis je vous y conduirai... Formalités... Vous voudrez dîner ?"

En souriant:
"Non merci j'ai déjà mangé, mes parents m'ont donné de la nourriture avant de partir."

Elle prit le e-formulaire puis s'installa à une table pour le remplir.

Les catégories à remplir étaient on ne peut plus banales : état civil, adresse ordinaire, moyens de paiement, charte d'utilisation, etc... Rien de bien transcendant là-dedans.

L'aubergiste déposa une tasse de thé devant Fauna, bien que celle-ci n'ait rien demandé.

"Tenez... C'est gratuit."

Toutefois, Fauna pouvait se rendre compte au nombre de regards qui pesaient sur elle qu'elle était le centre de bien des intentions qui ne semblaient pas forcément très honorables.

"Merci beaucoup monsieur"

Tout ces gens qui l'observaient, l'a mis très mal à l'aise...
"Excuser moi monsieur l'aubergiste mais est ce que cela serait possible de boire le thé dans ma chambre? Est ce que ça vous pose un problème?"

L'aubergiste secoua la tête.

"Non non, aucun problème. Venez."

Il remballa le thé sur son plateau, prit la carte d'accès à la chambre, et monta à l'étage. Il ouvrit ensuite la porte d'une chambre coquette, mais peu spacieuse. L'essentiel était là : un lit douillet, des rideaux, une petite salle de bain, une petite télé, et beaucoup de calme.
Il posa le thé sur une table basse, et laissa la carte en évidence à coté de la théière.

"Voici... J'espère que vous serez bien installée. Si vous avez besoin de quelque chose, vous avez un interphone ici. Vous désirez un petit-déjeuner demain ?"

"Oui je veux bien un petit déjeuner pour demain s'il vous plait...Au faite combien va me couter tout ça?" Dit-elle d'une voix douce.

L'aubergiste répondit simplement.

"50€, débités sur la carte que vous avez indiqué sur le formulaire... Si vous n'avez plus besoin de rien, passez une bonne nuit mademoiselle."

Et il s'en fut en fermant la porte.

Elle s'asseya sur le lit...dans cette toute petite chambre elle se sentait bien, à l'abris de tous les regards.
Elle venait de finir son thé, puis elle s'allongea et s'endormi de fatigue...

Sa nuit ne fut toutefois pas aussi calme qu'espéré... Au milieu de la nuit, elle fut fortement secouée, puis la sensation d'une aiguille, et elle perdit connaissance.

Quelques heures plus tard, elle fut réveillée par le vent frais qui caressait son visage. Encore à moitié endormie par les somnifères, elle ne pouvait distinguer que la route droite, au milieu de la campagne. Les bruits des moteurs, l'odeur du cuir et de l'essence.

Elle se demanda ce qui ce passé mais elle n'arrivait pas encore à savoir si ce qu'elle vivait n'était qu'un rêve ou si c'était la réalité. Elle se leva avec difficulté, tous ses muscles étaient engourdis, elle avait froid. Elle essaya de se diriger vers les bruits de moteurs, elle s'avanca difficilement, ne sachant pas vraiment où était ces bruits car tout se mélangaient dans sa tête...Elle voulait se réveiller pour sortir de se mauvais rêve mais ne pouvant pas, elle comprit que c'était bien la réalité...

Alors qu'elle se levait, une main gantée de cuir lui attrapa la tête et la plaqua au sol. Elle put sentir, alors qu'elle était debout, le vent fouetter son visage avec une grande violence.

"reste assise !"

Ordonna une voix déformée par la présence d'un casque intégral.
Elle se rendit alors compte qu'elle était installée dans un side car, et que le motard à coté d'elle filait à grande vitesse.

L'effet du somnifere n'agissait plus, elle avait retrouvé tous ces esprits, la peur s'emparait d'elle, elle réussi à sortir quelque mot:
"Pour...Pourquoi m'...m'avoir enlever?"

En attendant sa réponse elle s'imaginait pleins de choses qui pourraient lui arriver, c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas arreter de s'imaginer des scènes horribles...Elle commenca à pleurer...

Le motard ainsi que sa cohorte de compagnons quitta l'autoroute pour s'arrêter sur une aire de repos fleurant bon les hots dogs et les frites bien grasses.

A leur approche, tout le monde les regarda puis retourna vaquer à ses occupations dans une indifférence teintée de "pourvu qu'ils ne s'approchent pas".

Enfin, le motard de Fauna arrêta sa bécane, en descendit, puis sorti Fauna de façon un peu brusque. Elle ne pouvait voir qu'une rangée de pantalons de cuir et de bottes de moto qui ne lui laissait aucune chance de s'échapper.

"Salut poulette... Avant que tu essaies de te barrer ou de hurler, on a un truc à te dire, et tu vas nous écouter sagement, ok ?"

Il avait parlé d'une voix douce, qui semblait vraiment aimable et amicale.

Cette voix la rassura un peu mais elle avait appris à ne jamais faire confiance aux apparences.

"D'a...D'accord mais ne me faites pas de mal!Je vous en prie"

Le motard qui l'avait pris avec lui se mit accroupi pour la regarder. Bien qu'il était une armoire à glace hirsute, il semblait amical.

"On ne compte pas t'en faire... On t'a enlevé pour te protéger. Vu comme tu as dormi, le thé était probablement drogué.

T'as eu une sacrée veine que cet idiot d'aubergiste marmonne ses saloperies pendant qu'il fait sa ronde.

Lui, en a eu beaucoup moins..."

Il se releva.

"Je m'appelle Miguel. Tu veux qu'on te dépose quelque part ?"

Malgrès toutes les méfiances qu'elle avait contre lui, elle ne pouvait s'empecher de le croire, c'était plus fort qu'elle...
Ses larmes avaient cessé de couler.

D'une voix plus rassurée
"Je m'appelle Cécilia...Eh bien à vrai dire, je suis partie de chez moi sans trop savoir où aller..."

Elle hésita un instant puis repris
"Est ce que je pourrai faire un bout de chemin avec vous?"

Il l'avait enlevé pour la proteger mais était-ce vrai?
Même si elle ne le connaissait pas, au fond d'elle, elle avait confiance en lui.

Miguel acquiesca.

"évidemment, tu peux rester avec nous... L'ennui, c'est qu'on a pas pris tes affaires. On va devoir s'arrêter en ville pour te rhabiller."

Les autres motards reprenaient leurs bécanes, les moteurs se remettaient à vrombir, Born to be Wild sonnait légèrement dans l'air.

"On a pas vraiment d'endroit précis où aller, à part qu'on va vers le nord, pour avoir des températures moins chaudes pour l'été. ça ta va ?"

"Oui c'est parfait! (faisant un grand sourir) Cela tombe bien puisque j'avais décidé de me diriger vers le nord...Pour les habits ce n'est pas bien grave, il me reste encore de l'argent...Au faite...merci de ce que vous faites pour moi..."

Ils reprirent donc la route, elle se sentait bien avec eux même s'ils se connaissaient à peine...Elle était heureuse, cela lui faisait du bien d'avoir un peu de compagnie!

Miguel cala un casque sur la tête de Fauna et l'invita à reprendre place dans la voiture du side-car.

"Pas de soucis gamine ! On est toujours plus gentils que la réputation de grosse brute qu'on nous donne !

Direction : là où la route nous emmène !!"

Et les motos repartirent en pétaradant sur l'autoroute qui commençait à surchauffer.

(HJ : Je te laisse choisir où tu attéris)

Cet esprit lui plaisait, un esprit de liberté, c'était exactement ce dont elle avait besoin, la liberté.

Au bout de plusieurs heures, ils arrivèrent à Madrid, ils s'arrètent alors pour acheter de nouveaux vêtements, et pour se rassasier