Chambre de Claire et Kitty

centre commercial (Térébentine and Co)

"-Nous y sommes !"
Comme pour souligner ses mots, Viconia posa bruyamment à terre sacs et pots. Elle avait l'impression d'avoir laissé 6 phalanges dans la transhumance de matériel.

La pièce que la jeune fille indiquait d'un regard soulagé aux deux jeunes filles qui l'accompagnait était... Grise. Voilà, grise. Les murs étaient irrémédiablement gris, et le parquet avait pour sa part été recouvert d'une grande bâche grise scotchée à tous les coins. Seules deux pauvres bassines remplies d'un produit à l'odeur entêtante trônaient au milieux de la pièce.

Les lits, armoires, bureaux et deux sacs qui constituaient leurs effets personnels ? Heu, attention lorsque vous mettrez les pieds à la salle de bain, mieux vaut y aller doucement et ouvrir leeentement la porte. Hé oui, Claire et Viconia auraient été formidablement douées à ce jeu d'un autre siècle nommé "Tetris".

Avec excitation, elle laissa entrer ses camarades et, laissant la porte ouverte, s’empressa de déballer pots et pinceaux.
Elle sortit également trois saladiers (ses bols improvisés) où elle entreprendrait rapidement de faire des mélanges de base pour étendre leurs choix de couleurs. Elles disposaient pour le moment de jaune, bleu, rouge et blanc. Pour le reste ? Il faudrait mélanger à même la surface.

« -Voilà voilà ! C’est prometteur, non ? Déballons donc ce que nous avons ! »Elle.... Chantonnait ??
Oui, l’enthousiasme commençait à poindre, il risquait même de déborder incessamment sous peu.
On venait de placer une étudiante en art dans une zone d’expression libre… Autant placer un alcoolique dans une distillerie écossaise de whisky.

Centre Commercial

Claire sursauta lorsque Viconia laissa tomber les sacs par terre. Un bruit de métal qui se cognait ensemble résonnait dans la pièce vide. La tête de Claire n'apprécia guère. Viconia devint soudainement très enthousiaste ce qui fit sourire Claire. Avec un regard moqueur, elle se tourna vers Ivy, toujours souriante. Avec un geste de la main, elle fit signe à Ivy s'entrer avant elle, et entra à sa suite.

La muette posa ses sacs par terre et observa une dernière fois la pièce. Elle se souvint que la première fois qu'elle y avait mis les pieds, elle avait eu l'impression d'etre dans une cellule de prison. Claire enleva son bonnet et son manteau pour se diriger vers la salle de bain pour les ranger. Délicatement, et très très lentement, elle écarta la porte le minimum nécessaire pour lancer son manteau et la refermer le plus vite qu'elle pouvait! Se collant ensuite le dos à la porte, Claire soupira. Elle avait eut peur de voir sa vie terminer sous une table de chevet.

La muette portait un simple jeans et un t-shirt vert pomme. Ses cheveux ondulés tombaient sur ses épaules. S'approchant de nouveau de ses sacs, elle sortit ce dont elles avaient avoir besoin. Pour commencer par les habits de protection. Avec ses dents, avec une pensée pour son dentiste qui l'aurait surement chicané, Claire déchira le sac et prit les habits.

Elle l'enfila par dessus ses vêtements, relevant la capuche sur sa tête, dont l'elastique venait lui serrer le tour du visage. Avec une grimace, elle monta la fermeture éclair de l'habit pour ensuite se regarder. La pauvre muette aurait pu bien rentrer 3 fois dans l'habit. Elle se racla la gorge, et se redressa fièrement. C'était son idée après tout! Elle devait l'assumer jusqu'au bout.

Se mettant au garde à vous, elle attendit les instructions de l'artiste.

La Safari en question était pour lors... En pleine regression. Empoignant les pots de peinture, elle était en train de mélanger les couleurs élémentaires avec l'aplication d'une gamine de six ans faisant des patés de sable, sourire aux anges compris.

Satisfaite, elle se releva, et présenta fièrement les pots. Elles disposaient de jaune, rouge, bleu, vert, prune et orange. Sans oublier un pot de peinture noire de taille modeste, au cas où quelqun se sentirait de faire des contours.
Ceci fait, elle fit un clin d'oeil à Ivy et alla enfiler sa Spongie Pochette, fournie par sa joyeuse colocaire. Viconia en était persuadée, si elle tombait par terre la combi fermée, elle ne s'écraserai pas, elle roulerai.

Elle serra l'élastique autour de son visage et envoya un regard mutin à Claire, tout en s'adressant à Ivy :
"-Voyons, il ne faut pas voir que le côté négatif des choses !"
Ceci dit, elle plongea l'espèce de mouffle enflée qui lui servait de main droite dans le pot rouge, puis se dessina sur le torse un motif de fleur tout simple.
Ceci fait, elle essuya sa main, se redressa... Et se jeta contre le mur qui lui faisait face.

Bah quoi, les Spongies avaient l'air solides, Viconia avait toujours rêvé de tester le tampon grandeur nature...

Passablement sonnée, Viconia recula pour mieux admirer son oeuvre, tout en se massant ça et là afin de voir si tout était entier. A priori, leurs armures-thermos étaient efficaces, car tout allait bien et, qui plus est, il y avait une petite fleur rouge toute mignone imprimée sur le mur.
Réussite!

Alors qu'elle allait se retourner vers ses deux acolytes pour admirer son oeuvre, elle se prit un grand splash de vert dans la figure. Ses différents capteurs corporels lui confirmèrent qu'en réalité son corps dans son entier venait de faire une fusion avec the Lucky Color.
S'essuyant expressément le visage afin de concerver ses yeux, Viconia regarda Ivy poser son pied sur le mur d'un pas victorieux (un petit pas pour la Ivy, un grand pas pour la jungle), et laissa ensuite son regard dévier vers le mur, où l'on distinguait clairement la forme de sa spongie pochette.

Mmmm l'art par la tache n'était pas forcément à jeter, mais vert et gris, ce n'était pas forcément l'Eden dans lequel elle voudrait se plonger tous les soirs avant de dormir.

Avant qu'elle n'ait pu élaborer son hypothèse, son attention fut attrapée par sa coloc qui tentait de lui communiquer quelque chose. Tranquillement, elle déchiffra son papier, puis pris un air entendu en haussant ses irish épaules.
"-Eh bien... Je crois que pour lors le problème est résolu, direct sur le gris... Ceci dit, cette couleur grisâtre -si agréable à l'oeil, n'est-il pas?- sera une sorte de témoin de ce qu'était cette pièce déprimante avant..."

Ceci dit, son regard revint, pensif, sur la tache verte. Puis sur le pied d'Ivy en impression sur le mur. Puis sur le vrai pied d'Ivy, aux petits orteils tout verdâtres. Puis, enfin, sur Claire.
"-Oh! J'ai une idée..."

Son regard se fit fourbe, et elle s'approcha doucement de Claire, comme si elle avait eut de mauvaises intentions. Tranquillement, elle passa un bras (toujours dégoulinant de vert) autour des spongie-épaules de sa coloc et lui demanda dans un murmure enjôleur :
"-Dites donc, jeune fille... Votre pouvoir, qui ne vous permet point de voler... [temps de soupir, comme déçu] Pourrait-il, par exemple... Coller une personne comme... Je ne sais, une Ivy-aux-pieds-multicolores? ... [d'un geste du menton, elle désigna les orteils d'Ivy, puis les différents pots de peinture]
Oui donc, pourrait-il la coller au plafond ? Histoire qu'elle puisse faire quelque pas et nous tracer un chemin vers la joie de vivre de ses petits pieds agiles et colorés ?"

Et pendant ce temps ? Viconia s'appliquerai à retransformer la tache verte en une jungle emplie de papillons et bêtes sauvages aux couleurs anormales... Sans toucher à l'empreinte de l'Ivy des Origines, bien sûr, car ce serait renier le patrimoine !!!

Viconia enleva le haut de sa spongie-armure et la laissa sérrée au niveau de la taille. Ainsi, elle avait accès aux pots avec ses vraies mains.

L'idée de frise de Claire était excellente, et elle mettait un peu de gaieté. A la limite... On pouvait personnaliser :
"-Et si on se peignait le visage et qu'on y ajoutait des bisous et des oreilles ?"
Oui oui, on avait bien perdu Viconia.

SI Claire était septique sur son pouvoir Ivy, elle, avait tout à fait confiance en les os de son postérieur. Mais, a priori, elle pourrait peut-être faire apparaitre un tapis de mousse naturelle au sol afin de parer à toute chute incongrue... :
"-Lianevy?"

Se grattant la tête (avec une main qu'elle venait de plonger dans le pot prune), Viconia adressa en direction de Claire :
"-Allez Clairounette ! Il faut s'entrainer ! Et en plus tu as un cobaye auto-proclamé pour se briser la colonne vertébrale !"
Comment ça, on avait également perdu le tact de Viconia ?
"-Et puis peut-être qu'Ivy peut faire pousser un espèce de truc rembourrant sur le sol... Non?"

En réalité, Vic avait hâte de voir ce que quelques pas au plafond pouvaient donner.
Le temps que Claire se décide, elle aplica sa délicate oreille prune sur le mur, entre les pieds de ses comparses.
Ceci fait, son nez, bleu, rejoignit la main de Claire.

15 mars 2108 - Saut temporel

Georgia avait cherché sa belle, sans grand succès... Ce devait être la saison des amours chez les Beccaria et la petite New Yorkaise n'y faisait pas défaut. Oubliée la soirée catastrophe ! Oubliée la frustration d'avoir du danser toute seule ! Elle savait maintenant que la bretonne était à elle et qu'elle y tenait réellement. Georgia avait même songé à écrire à ses parents qu'elle ramènerait une plus-qu'une-amie à la maison. Mais chaque jour suffisait à sa peine, à la place de ça elle avait trainé son matelas devant la chambre de la bretonne, attendant dessus quelques instants que quelqu'un lui ouvre...

Et comme elle avait vu que c'était bien et que c'était grand et juste, elle avait décidé de se reposer et de penser à son amoureuse. Écrire un poème ? Comme dans le dernier journal ? Georgia n'avait jamais réellement su si cela lui avait plu... Elle se mordilla la lèvre, séchant désespérément sur les manières de montrer son amour à sa régulière.

La mitalienne, n'aimant pas trop rester bloquée dans une impasse, entreprit de mettre en suspens ses projets quelques instants. Avançant dans le couloir des filles, elle s'arrêta devant la chambre de Viconia, son communicateur à la main. Ca lui démangeait. Et elle était pleine d'amour et de bonnes intentions.

D'une voix, joyeuse et dénuée de toute malice, elle envoya à Juliette :

"Hello ma belle, tu fais quoi de beau ? On pourrait peut être se voir, non ?"

Et sans attendre la réponse, elle toqua à la porte de la finnoise, en demandant avec un zeste de gouaille :

"Je peux entrer ? On avait une conversation en cours à finir au sujet de la chromatographie de ma poitrine..."

Georgia était amoureuse de sa belle Camille. Et fidèle de cœur à défaut de corps.

> Saut temporel 15 mars.

Il pleuvait à verse. Les gouttes glacées se répercutaient avec violence sur les carreaux, tandis qu’un vent agitait les arbres. Un mois de mars pourri.

A l’intérieur de sa chambre colorée aux frises improbables, une silhouette s’agitait devant un grand chevalet. La lumière du soleil n’étant pas au rendez-vous, Viconia avait allumé l’halogène acheté quelque jour plus tôt, derrière elle. Une lumière froide pour des pensées ruminantes, quoi de mieux ?
Dix jours absolument fous, dix jours improbables, dix jours bien trop éprouvants pour une finlandaise provinciale et paumée.

Elle s’y était mise après s'être levée, directement. Claire était sortie, et elle en avait profité pour se préparer à œuvrer.

Viconia était habillée d’une salopette en jean noire, ainsi que d’un pull à rayures rouges et noires horizontales moulant sous la dite salopette. Les cheveux roux tirés en arrière, et les yeux concentrés, elle avait des taches de peinture un peu partout sur le corps.
Armée d’une palette dans la main droite et d’un pinceau en poils de putois calibre 16 dans la main gauche, elle s’acharnait sur la toile d’un mètre sur 40cm posée devant elle.
Le tableau en lui-même représentait une sorte de tourbillon indéchiffrable à dominante de bleu-gris, noir et rouge sang, dont les traits de peinture étaient à la limite de l’hystérie.

Avec rage, Viconia peignait sans s’en rendre compte, appliquant la peinture simultanément à la cadence effrénée dans laquelle ses pensées l’embringuaient.

Elle revoyait tout.

Björn, l’amertume qu’elle avait toujours ressentie face à lui, Pipilotti, « son talent » reconnu par ses professeurs… Et puis l’intervention soudaine d’un inspecteur au cigare...Andersson…
…Premier contact avec la mort, violent. (elle asséna une gerbe gris argenté à son tableau). Trahison, douleur, frayeur, fuite. L’avion, le manque de sommeil, l’épuisement, la faim…
…Une nouvelle trahison, pas de Pipilotti à l’atterrissage…
…La peur de l’inconnu (elle porta sa main sur son tableau pour en retirer un pâté de bleu marine mal placé, et se gratta ensuite le visage, la mâchoire crispée). Salem Center, le café…
… Juliette, un sourire chaleureux… Et puis des armes à feu, à nouveau…
Un pouvoir parasite qui se faisait de plus en plus utilisé, des maux de tête persistants. (Elle porta une main poisseuse à la minerve qu’elle portait occasionnellement depuis le crash spatial).
… Claire. (un trais ondulé et chaleureux couleur or, encadrant la partie supérieure du tableau). Sa mutité, Squizz et la communication pas toujours aisée…
…Ivy et la peinture improbable…(Viconia peignit une grande barre horizontale à la moitié du tableau, et ce, avec sa main gauche, nue) Cassandre.
…Les Nexus, la mission dans l’espace, l’indécision de leur leader avugle, le parasite qui fait mal…
…Le plaidoyer de Georgia, la CIA…. Le Jet… Le crash… Claire… La terreur…(Des coups d’ongles dans un rond rouge) Cassandre brûlant la prophétie, persuadée qu’elle était destinée par Destinée à changer sa destinée…

… Un retour tremblant, Claire, … Un message sur son lit de la part d’une Charis… Andersson… La terreur réveillée (Une agitation effrénée s’empara de la jeune fille, comme si son corps commençait à convulser, étalant les gerbes de Vert pomme partout)… Pipilotti ? Enlevée… Disparition …
… Précipitation sur les journaux indiqués dans la lettre, fébrilité… Duborg, Inspecteurs portés disparus, mandat international…
… Pipilotti, sacrifices, Pipilotti, Andersson… Larmes… (Les deux mains pleines de bleu ciel, elle apposa son visage et ses mains sur son tableau, les larmes coulant sur ses joues à flots) sacrifices…
… Indécision… Charis… Claire… Confiance… Discrétion… Cours et art… Déchéance des résultats… Abstention de pouvoir, normalité. (Rond orange flou, elle n’entendit pas que quelqu'un frappait à la porte)… Critiques, incompréhension… Charis ?

Le bal… Claire, Joachim, Joie… (Rose pâle sous l’arche dorée)… Beckers, Vadim, Cassandre… Epuisement, Parasite parasité… Ego massacré…(la mâchoire de Viconia tremblait, elle se saisit d’un canif et entailla la toile, les larmes lui ruisselant sur les joues)… Incompréhension, Charis ?

Feuersturm. Feuersturm. Feuersturm. Feuersturm… Fuite… Mandat… E-mail…

Soudain la lame dérapa, pas de beaucoup, mais suffisamment pour entailler la paume gauche enduite de peinture de Viconia. Une douleur qui la réveilla immédiatement. Affolée, elle jeta des regards partout autour d’elle et se saisit d’un chiffon imbibé de térébenthine. Préparé mais immaculé de n’avoir pas servi. Le contact du produit sur la plaie fut foudroyant, et la finlandaise hurla de douleur.
Se précipitant à la salle de bain, elle alla se rincer la paume et chercher un pansement, ne remarquant pas Claire au passage.

La New Yorkaise s'attendait tellement à ce que Viconia lui ouvre qu'elle ne put s'empêcher d'afficher une fugitive mine déçue... Overdose de principe de plaisir oblige, la réalité avait tendance à lui filer entre les mains. Pas qu'elle n'aimait pas Claire, mais... La rousse de la cellule psy l'intriguait diablement plus !

Entrant à pas de louve, elle sursauta en entendant le hurlement de Viconia dans la salle de bains. Emboîtant le pas à Claire, elle se préparait au pire... L'odeur de la peinture était forte et plutôt désagréable... Lui rappelant néanmoins l'atelier peinture avec Cassandre et son corps maculé et multicolore, érigé en œuvre philosophico-artistique. Elle n'avait pourtant, cet après midi là - ou bien était-ce un matin ? -, pas réussi à convaincre Juliette de participer. Tout comme, elle n'avait jamais réussi à comprendre Cassandre.

Des fois Georgia se disait que si elle était aussi timbrée, tête en l'air, envahissante et fatigante, c'était peut être, que d'une certaine façon, elle n'avait jamais réussi à s'enraciner nulle part...

Le cri de la jeune fille trouva son explication logique. La finnoise vaporeuse et lunaire avait du se blesser à la main et juger bon de faire mumuse avec de la peinture dans la foulée. Souffrir pour être belle, elle connaissait ; souffrir pour créer du beau, ça non.

La mitalienne eut un geste pour saisir la main de Viconia... Mais inutile. Sa seule force mentale était désormais nécessaire pour opérer le transfert. Elle repéra mentalement le lavabo, le savon, cherchant des yeux un désinfectant plus agressif et transféra la blessure tout en serrant les dents.

Aucune difficulté, juste un petit cri étouffé entre ses dents ! Ca faisait sacrément mal cette cochonnerie. Et elle rinça abondamment en retenant des jurons...

"Punaise, les filles, Viconia, l'art c'est dangereux en fait ! Surtout avec des instruments tranchants ! Prend exemple sur moi qui peint avec mon corps !"

Saut temporel

Annaelle sortit de son portail. Quelle fut sa surprise lorsqu'elle se rendit compte qu'il y avait d'autres filles qu'elle dans sa chambre. Sa surprise fut encore plus grande lorsqu'elle s'aperçut qu'en plus elles avaient changé toute la décoration de sa chambre! Elles n'avaient pas honte!

La mutante s'apprêta à leur demander ce qu'elles faisaient là, mais s'arrêta avant, bouche grande ouverte, lorsqu'elle s'aperçut que plein de choses ne concordaient pas. Elle n'était pas dans sa chambre. En plus, il y avait une fille qui saignait, Georgia. Elles avaient eu un cours de math ensemble deux jours plus tôt.

"Ça va? Tu as l'air de t'avoir fait mal! Avec quoi? Tu sais, t,as pas besoin de te suicider, tout se règle dans la vie!!! Elle est belle, tu sais, la vie! Hiii...fait attention, tu vas tâcher ton gilet! Ça serait pas une grande perte, mais tout de même...Désolé du dérangement pas prévu, mais je crois que je me suis trompée de chambre."

Annaelle attrapa une serviette accrochée sur un crochet et le tendis à l'Italienne afin qu'elle puisse se nettoyer avec ou tout du moins éponger le surplus de sang. Puis son attention se porta vers la muette et la rouquine. La Finlandaise était habillée d'une salopette noire très "kitch". Elle lui faisait penser à la folle au chat qui restait au coin de sa rue, une femme très bizarre.

Euh...je crois que je devrais te donner un cours de maquillage, parce que de un c'est pas comme ça qu'on applique un fond de teint et de deux, le mélange de vert, rose, orange, bleu...c'est pas les couleurs qui te vont le mieux une fois toutes mélangées.

Puis elle poursuivit...

"Ben je me présente, on sait déjà rencontrer je crois, mais voilà...Je m'appelle Annaelle Tremblay, je viens du Québec au Canada. Je peux créer des portails qui vont un peu partout, mais ça arrive que je me trompe..!!! Comme tantôt quoi. Pis vous? De ce que j'ai entendu dire, je crois que Geaorgia tu peux guérir? Ah moins que tu ne donnes des maladies? Je m'en souviens plus...Pis toi Vé...Véronica? Tu fais des animaux rigolos c'est ça? Toi c'est Claire c'est ça? Je m'en souviens parce que dans un de mes cours d'histoire, on nous avait fait écouter une vielle émission...Elle devait dater d'une centaine d'année et la madame elle s'appelait Claire Lamarche et je trouvais ça ben drôle comme nom! On m'a dit que tu fais de la graviter, c'est bien ça non?"

Le temps que Claire ne la rejoigne, Viconia eut juste le temps de s’essuyer rageusement les yeux (ce qui eut pour effet de lui barrer le visage d’un magnifique arc orange TicTac).

Elle releva des yeux surpris sur sa colocataire lorsque celle-ci fit son entrée. Déjà fini de déjeuner ?
Placidement, elle entreprit de lui tendre sa paume lorsque Georgia fit irruption à son tour dans leur petite salle de bain.
Le temps que la rouquine écarquille les yeux de surprise la main tendue devant elle était indemne, et celle de Georgia pissait le sang.
« -Que… »
Alors qu’elle essayait tant bien que mal de comprendre ce qui se tramait, une autre inconnue fit irruption à son tour dans la salle de bain et ouvrit la bouche… Pour ne plus s’arrêter.
La finnoise ne comprit rien à ce qu’elle déblatéra, pour la simple raison qu’elle était décalquée et que ses yeux fixaient la main de Georgia.

Elle sentit le sang bouillonner quelque part en elle. Devant cette foule oppressante, en totale contradiction avec ce qu’elle vivait quelques instants plus tôt, elle ne sût comment réagir durant une bonne minute, muette, et les yeux écarquillés.
Georgia saignait, Claire avait essayé de la soigner, et une nouvelle venue… Pourquoi d’ailleurs ? Soit leur chambre était devenue sans qu’elle le sache la nouvelle cuisine, soit leurs fresques attiraient un nombre considérable de fans.

D’un geste souple et plein de tendresse, elle signa un « merci » à Claire.
Ceci fait, elle se retourna vers Georgia et, lui tendant un pansement afin qu’elle évite de s’essuyer sur sa serviette de bain, elle lui adressa plus froidement qu’elle ne l’aurait cru :
« -Merci, mais tu n’étais pas obligée de prendre tout ça sur toi. J’ai merdé, ce n’est pas à toi d’en subir les conséquences. Fais attention à ne pas faire ça tout le temps, tu va finir accidentée de partout. »
Au milieu de ses pensées confuses, la jeune fille n’avait pas calculé la soudaine surpopulation qui l’entourait. Et comme le terrain n’avait pas été du plus favorable sociablement, elle se repliait sur elle-même.

Ses yeux verts tombèrent sur la jolie brunette qui lui bouchait le passage de la sortie. Elle murmura inaudiblement :
« -Viconia. Puis-je passer s’il te plait ? »

Au dessus de son épaule, elle remarqua sa toile complètement lacérée, et soudain, elle sut ce qu’elle devait faire.
1. Voir si l’inspecteur finlandais lui avait répondu pour lui confirmer les différentes connections dont elle avait eut vent. La démarche signifiait, par conséquent, lui faire confiance. Cependant, si Pipilotti n’était pas arrivée saine et sauve mais qu’elle si, cela était très certainement engageant.
2. Chercher la fameuse Charis, pour en tirer tout ce qui serait possible et essayer de comprendre d’avantage ce dans quoi elles étaient impliquées. Est-ce que cela avait commencé avec elle, ou n’était-elle qu’une partie d’une plus grande étoile à l’échelle mondiale ?
3. Relire les journaux à fond.

Pour lors, une chose, le mail. Mais d’abord sortir d’ici au plus vite… Observant le visage de celle qui lui faisait face, elle eut comme une révélation et se tourna vers les miroirs de la salle de bain.
… Certes...
Elle aurait fait de la concurrence à un personnage mythique de littérature enfantine ayant révolutionné la chromatographie du personnage : Elmer l’éléphant.

Plus ou moins honteuse, elle retourna vers la douche et entreprit avec une position souple, de se rincer le visage à l’aide du pommeau de douche.
Ce faisant, elle (ou plutôt ses fesses en salopette toute tachée qui faisait face à Georgia) demanda à la Nexus plus calmement :
« - Ca va aller ? C’était vraiment stupide. »

Si on voulait qu’une journée soit étrange, on ne pouvait pas être dans un meilleur endroit que l’Institut. Non seulement y avait-il une artiste qui perdrait la tête et avait l’air d’être dans une trance quelconque, il fallait qu’elle se joigne à une autre fille pour jouer à la blessure musicale. Ensuite, on se fait interrompre par une canadienne qui, en apparaissant d’un espèce de trou étrange (et anormal visiblement), a l’air de dire tout ce qui lui passe en tête et passait près de gâcher sa belle serviette. Pour couronner le tout, les quatre étaient coincées dans leur minuscule salle de bain. Quoi maintenant? Claire pouvait presque déjà voir la scène suivante de leur comédie absurde; Squiz qui danserait sur I’m singing in the rain avec une brosse à dent, Niko en crinoline en train de jouer du banjo et Rachel devenir gothique.

Avant même de pouvoir sortir un pansement du tiroir, où elle avait enfin trouvé le dernier entre un tube de dentifrice et une boîte de tampons, Viconia la prit de vitesse et en tendit un à Georgia. Refermant donc le tiroir d’un coup de hanche, Claire écouta donc ce que la nouvelle arrivante avait à dire. L’allusion à une ancienne animatrice de télévision qui portait son prénom fit sourire légèrement Claire. Dommage pour Annaelle, le contexte semblait mal choisit pour des présentations. Elle tendit cependant la main vers la jeune fille pour lui dire bonjour, attendant qu’elles puissent tous sortir de la salle de bain.

Aux paroles de Viconia, et à son merci, Claire eut un autre petit sourire et ajouta, de gestes gracieux des mains;

"Des accidents, c’est toujours stupide."

Son amie n’allait cependant pas mieux. Elle semblait toujours plus ou moins perdue dans ses réflexions; réflexions qu’elle ne partagerait probablement pas avec Claire. Pourquoi? Elle l’ignorait. Et peut être que Georgia aura des mots qu’elle n’avait jamais eus pour lui tirer les vers du nez. Quoiqu’il en fût, ce n’était pas sa place de venir l’envahir plus alors qu’il semblait déjà avoir trop de choses dans son esprit. Autre bonne chose; les jeunes filles pourraient lui changer les idées peut être. Et puis, Georgia devait bien être venu pour une raison!

Elle ne pouvait faire autrement que de se sentir triste et agacé de ne pas pouvoir aider la personne qu’elle considérait maintenant comme son amie. Pas une copine comme les autres personnes de l’institut. Elle se sentait trahit. Non, pas trahit. Seulement… Impuissante. Claire avait besoin de laisser Viconia seule, mais aussi de laisser le script de cette pièce de théâtre absurde de côté quelques instants. Ce monde de mutants, aussi palpitant et incroyable qu’il pouvait être, devenait envahissant. Et, qu’elle le veuille ou non, ses parents lui manquaient. Claire se souvint de la lettre de ses parents. Celle qui était arrivé en même temps que cet étrange message que reçut Viconia.

À quoi bon rester plus longtemps ici, elle n’était pas très utile. Se glissant délicatement, de profil, dans le cadre de porte, Claire arriva à quitter la salle de bain sans blesser quelqu’un d’autre. Rapidement, elle observa le fouillis du coin peinture, puis, se dirigea vers son propre bureau. Avec un petit sourire, peut être un peu triste, la muette prit la lettre cachetée qui s’y trouvait;

Rapidement, elle enfila son imperméable rouge avec son signe de sauveteur au dos et attacha le capuchon sur sa tête; il faisait moche mais pas assez chaud pour prendre une douche dehors. Pour terminer, ses bottes en caoutchouc; tout cela assez vite pour que personne n’ait le temps de l’empêcher de partir. Elle avait besoin de respirer. Elle se dirigea vers la porte et prit le crayon bleu qui se trouvait le tableau blanc;

Claire, sur le tableau, a écrit: Je vais poster ma lettre. Je ne devrais pas faire trop long.

Claire replaça le crayon à sa place puis ouvrit la porte pour quitter. La muette signa un "Désolée" à sa colocataire. Cette dernière saurait certainement pourquoi elle quittait, enfin elle espérait qu'elle comprenne au moins. Elle se sentit un peu mal pour Annaelle qui tombait dans un mauvais moment… Elle se nota dans un coin de son esprit de lui laisser un mot à sa chambre plus tard dans la journée pour s’excuser. Mais là, elle voulait partir quelques instants et oublier à quel point elle se sentait comme une mauvaise amie.

Jardin

Annaelle, débarquée de nulle part, débitait un flot de paroles incessants... Un peu plus et Georgia se serait dite qu'elle avait une disciple. A côté de ça, on lui tendait une serviette, un pansement... Qu'elles étaient donc prévenantes ! La New Yorkaise écrasa une larme, tout en faisant une légère moue... Les grandes filles ne pleuraient pas, après tout...

En guise de désinfectant, elle savonna la plaie, jusqu'à ce qu'elle lui semble nettoyée et apte à être recouverte par le sparadrap de Viconia. Elle sourit à Annaëlle :

"Merci, c'était gentil... Mais ça va aller. Et puis, j'imagine que ce n'était qu'une toute petite blessure... J'sais pas trop ce que tu as foutu dessus, Viconia, mais c'était... Waouh ! Ca fouette les veines, quoi !"

Mais la finnoise ne semblait, au fond, pas si ravie que ça de l'intervention divine de Georgia.

"Euh... Ouais, ben écoute, je t'ai entendue hurler... Alors comme je voulais qu'on parle, enfin entre autres choses, ben fallait que t'arrête de hurler, voilà quoi..."

Explication confuse. Maintien d'un certain niveau d'ambiguïté. Georgia sortait les grands plats aujourd'hui.

"Euh, Annaelle, tu sais c'est pas la peine de te présenter... J'veux dire, même si on est plus dans cet institut que tes doigts de pieds plus tes doigts de mains, on arrive quand même, en principe, à se rappeler les prénoms des nouveaux au fur et à mesure qu'ils arrivent. Et tu te plais sinon ici ? Tu t'es faite un peu des amis ?"

Claire pendant ce temps choisissait la poudre d'escampette... Elle lui fit un léger sourire et un signe de la main à peine esquissée. Au moins une qui ne pourrait jamais lui dire de se la boucler... Et comme elle pigeait rien au langage des mains, ça le faisait plutôt pas mal !

"Mais ouais, je suis une sorte de courtière en blessures. Je les échange, je les copie, je les distribue au grè des circonstances et de mes envies... Bref, le prix du sang et de la chair je connais !"

Elle se la racontait pas mal, mais au fond avait elle tort ? Georgia était devenue bien moins nulle qu'à son arrivée et cela commençait à lui poser un sérieux problème éthique...

"D'ailleurs en parlant de chair..." commenta-t-elle en observant les fesses de la finnoise.

La tâche de peinture l'intrigua particulièrement. De quelle manière avait elle pu arriver ici ?

"Oui, oui, ça va aller..." ajouta-t-elle, l'air un peu ailleurs. "Stupide ? C'est mon second prénom"

Et en parlant de choses stupides, elle ne put s'empécher de poser sa main sur la tâche postérieure de Viconia pour vérifier si c'était un motif de la salopette ou un accident de peinture.

"Et toi, c'est quoi ton second prénom ?" termina-t-elle, l'air de rien.

"Mais...Je ne suis pas si grosse que ça...C'est mes fesses qui t'empêche de passer c'est ça? Toi aussi tu penses que je devrais me faire faire une liposuccion? J'y pense depuis longtemps...mais t'as bien raison mes fesses sont bien trop grosses! J'ai l'air d'une hippopotame comme ça!"

Annaelle fit un pivot sur elle-même pour laisser passer Viconia tout en se touchant le derrière et en le tripotant. Reportant son attention sur les autres qu'ils l'entouraient, elle se rendit compte que la muette était partie la laissant seule avec les deux autres. Les suicidaires qui se passaient leurs blessures pour le plaisir.

*Elles ont l'air bizarres un peu ces deux-là...La folle qui détruit ses peintures à coup de couteaux et la "sado" qui reluque les fesses de la rouquine. Mais enfin on est tous un peu bizarre ici...Je suis sûr qu'on pourra...Oh mon dieu!!!! Quelle grosses fesses!!!*

"Pauvre petite! Tu as un postérieur encore plus gros que le mien...Si tu veux je connais un super bon chirurgien, il pourra te les réduire en même temps que les miennes. Tu sais ça fait pas si mal, ils te font faire des gros dodos avant!, dit-elle suivi d'un hochement de tête un peu trop amplifié. Ça me fait penser quand il avait refait les seins à une de mes copines...Ils étaient devenus gros comme des ballons de plage. Les gars lui courraient après comme ils courent après une poutine!!! Ouais, mais bon vous devez pas trop connaître ça les poutines vous... Faudrait que j'en fasse un jour..."

La jeune femme sortit de la petite salle de bain pour aller dans la chambre principale où elle aurait plus de place. C'est alors qu'une idée lui vint...

"Ça me fait penser, on pourrait organiser une soirée québécoise avec de la poutine, du rigodon, etc. Ça nous ferait oublier la pluie dehors...Si vous êtes d'accord, on aurait qu'à allez en parler avec un professeur!!!!"

Rinçage de l’aire droite de la face, puis cap sur le quart sud sud est.

Avec un naturel désarmant et loin de toute ambigüité, elle répondit avec flegme à la blondinette :
« -Ah, du solvant inflammable et décapant, idéal pour éviter toute infection. (Et, alors qu’elle partait à l’assaut du récurage de nez qui coulait bleu dans la douche) Et de quoi voulais-tu donc parler, Lady Godiva ? »

Viconia trouvait étrange de ne plus capter les mouvements de Claire dans la salle de bain, d’un coup, il semblait y avoir de l’espace.
Dans la chambre, quant à elle, Annaelle n’était pas à court de pérégrinations linguistiques et tout cela avec la vélocité d’un lanceur de couteau dans la parade finale.
Rendue un rien achmophobe, Viconia tenta d’ignorer avec diplomatie le commentaire audacieux sur son divin et finnois postérieur.
Par contre, l’intrusion de Georgia eut plus de réponse. D’un coup, sursautant, la finlandaise se releva et braqua le pommeau sur la mitalienne. Autant doucher les ardeurs de suite… Inondant par conséquent la salle de bain.

Ce fut donc une Viconia échevelée, aux peintures de guerres arc en ciel bavantes sur le visage et armée d’un jet d’eau acrimonieux qui fit face aux jeunes filles.
Juste pour le plaisir, elle en profita pour envoyer un jet en direction d’Annaelle également. Sol ruiné pour sol ruiné, autant se faire du bien et décaper.

Avec une voix de grand-mère grondant un enfant avide de frites, elle roucoula en direction de Georgia, tout en coupant l’eau :
« -T-t-t, jeune fille, je peux prendre soin de mon visage et de mon postérieur, merci de garder tes blanches mains de sauveuse de l’humanité dans leur hémoglobine ! »
Ceci, bien sûr, accompagné de toute la crédibilité que vous procurait un visage sioux bleu, vert, orange et jaune doré bavant dans le cou.

Ceci dit, elle attrapa la serviette tachée de sang et s’essuya le visage, écartant toute la peinture aux frontières des oreilles, à la racine des cheveux, dans les creux des narines et entre les sourcils.

Claire n’était plus là, étrange et fort facheux.

« - Et sache que l’on n’importune pas ainsi la brave Viconia Kyllikki Taru Savinen » Hé oui, toutes les époques avaient leurs héros de légende…

Quelle bavarde ! La québécoise était un vrai moulin à paroles... Peut être même pire que Georgia. Ou bien était-ce une simple vue de l'esprit ? La New-Yorkaise n'eut pas le temps d'approfondir la question, absorbée qu'elle était par les conséquences de son geste déplacé...

Arroseuse arrosée, elle reçut sa sanction avec une dignité qu'on ne lui avait plus connue depuis l'épisode malheureux dit de l'affaire du violon. Elle se serait presque sentie exclue à nouveau par Sahari du cercle des personnes de confiance. Mais minette échaudée ne craignant pas l'eau, elle ne se laissa pas démonter pour autant.

Même sanction pour Annaelle. La situation était ubuesque, surréaliste. La légitime propriétaire de la chambre était en train de pourrir elle même cette dernière. Il faudrait qu'elle suggère à Viconia de parler à la petite Kitty...

Répondant positivement à l'invitation de la finnoise de ranger ses mains ailleurs, Georgia les croisa derrière son dos à elle. L'eau lui ruisselait de partout. Comme après un méga marathon qu'elle aurait été incapable de courir.

"Euh..." commença-t-elle. "Je voulais te parler de... euh... du cours de yoga. J'ai beaucoup aimé ce que tu as fait"

Mensonge. Lâcheté. Georgia n'était-elle donc qu'une petite minette epsilon ?

Détournant son attention sur Annaëlle, elle ne put s'empêcher de commenter :

"Bien que je ne sache pas ce qu'est une poutine ni ce en quoi consiste une soirée québécoise, j'ai du mal à imaginer nos professeurs se déguiser en caribous... voire même être d'une compagnie très amusante pour une petite fête improvisée"

Une pensée lui traversa fugitivement l'esprit : elle voyait Vadim avec un chapeau pointu lancer des cotillons dans la salle, pendant que Cassandre se cognait dans les murs, qu'Esther faisait tapisserie quelque part en ronchonnant et que Carrie et Paolo roucoulaient ensemble...

"Mais tu peux suggérer ça, à M'sieur Z., notre chef, sait on jamais ? Dans l'ensemble ils sont sympas, plus ou moins expressifs quoi, mais sympas"

Petite pensée inquiète pour Dame Cassandre...

"Tes fesses en tout cas" reprit Georgia à l'attention de Viconia. "Elles me conviennent à la perfection. C'est d'ailleurs pour ça que je voulais te parler"

La New Yorkaise s'étonnait elle même de ce qu'elle pouvait raconter. "D'ailleurs, on a fait le concours du plus beau postérieur et... Tu as gagné ! Même si t'as des prénoms un peu pas faciles à écrire, à prononcer et même à retenir... Tu veux ton prix ? C'est un bisou et c'est moi qui offre..."

La voix était mielleuse. Les arrières pensées certaines. Il ne serait pas écrit quelque part que Georgia allait abandonner au premier signe de résistance.

"AHHHHHhhhhh!!!", voilà le seul son qui sortit de la bouche d'Annaelle lorsqu'elle reçut le jet d'eau froide en pleine face. Son mascara dégoulinant sur son visage, ses cheveux fraîchement bouclés rendu plat à cause de l'eau. Ses vêtements choisi pendant plusieurs minutes maintenant tout trempés.

La québécoise était plantée à crier pendant plusieurs secondes...presque une minute. Un long cri strident, aigu tel un enfant gâté qui n'avait pas ce qu'il voulait. Lorsque ses cordes vocales commencèrent à chauffer et que tout le monde présent la regardait elle se tut. Elle s'essuya les yeux et renvoyant, en même temps, deux grosses mèches de chaque côté de sa tête mouillée.

Prenant ses airs de grandes actrices et de diva elle tendit la main vers Viconnia, telle une adolescente refusant de parler à quelqu'un. Cependant, ce n'est pas ce qu'il pensait qui allait arriver qui arriva. En fait, un portail se créa au-dessus des deux autres jeunes femmes. Après quelques instants des vêtements, de la nourriture, des sous-vêtements masculins puants en sortit.

Éclatant de rire lorsque ceux-ci leur tombèrent sur la terre, elle leur expliqua...

"On m'a dit qu'Alixtide ne sentait pas toujours la rose...et qu'il était un peu étrange. Ben maintenant il n'est pas le seul à ne pas sentir la rose!!!"

Pour ne pas que ses interlocutrices ne prennent mal son geste, elle décida de se ridiculiser elle-même. Elle empoigna une pointe de pizza et un sous-vêtement, avec une matière non identifier à l'intérieur, dont elle orna sa tête.

"C'est vrai que moi aussi je te donnerais le prix du plus beaux derrière...Ben si je peux pas participer et si Paolo ne participe pas aussi...et Luther...et Jason...et Adam également...Ah et y'a aussi l'indien...Nanikana! Ben en fait...ça m'étonnerait que tu gagnes finalement!"

Faisant réapparaitre un portail elle les invita à y entrer afin d'allez se refaire une beauté...