Village de Pikogan, nord du Québec

Nan', comme toujours, voila ses émotions. Il était surpris d'une telle annonce, mais ne l'exprima nullement. Il en était aussi heureux, et seul un léger tressaillement du coin droit de ses lèvres traduisit cette sensation. Finalement, il restait méfiant, se demandant si elle lui mentait. Il réfléchit et se dit qu'elle avait vu juste et était donc probablement assez cultivée. Peut-être était-ce vrai, après tout, qu'elle était journaliste et qu'elle était déjà allée dans leur village, bien que Nan' ne se souvienne que vaguement de l'arrivée de journalistes. Ce qu'il se souvenait, par contre, c'est que les journalistes qui allaient à Pikogan écrivait généralement des articles qui expliquait les moeurs de leur clan au monde. Il s'agissait de reporters qui ne voulaient pas de mal aux amérindiens.

Finalement il lui répondit sobrement, pour ne pas paraître impoli :

"Bonjour Shannon. Oui, je suis algonquien"

Il hésita un instant, se demandant s'il s'agissait encore d'un piège, mais la curiosité fut plus grande que la méfiance, et il ajouta, en allant droit au but, comme à son habitude :

"Connaissez-vous Wika? Wikaguuna Midado. Il est médecin à New York."

Il avait eu de la difficulté à prononcé le nom de la grosse pomme, mais il ne l'avait pas martyrisé outre mesure...

Le jeune femme regarda Nan. Il semblait épuisé et complétement perdu, voir apeuré.

" Non désolé je ne le connais pas. Mais si vous voulez j'ai des bases de recherches assez importantes au journal, je peux peut-être vous aidez. Mettons nous en route si vous voulez. "

Le silence s'installa entre eux mais une journaliste étant connu pour sa curiosité, Shannon ne put s'empecher de lui poser des questions.

" Et si vous me racontiez votre histoire? Qu'est-ce qu'un Algonquien fait ici, si loin de chez lui? "

Le jeune Nanikana Adawe emboîta le pas à la journaliste en espérant se retrouver le plus tôt possible le plus loin possible de la porte qu'il venait de traverser. Il avait toujours le même visage inexpressif. Ou presque. Une pointe de déception avait assailli les fossettes de ses joues.
La curieuse personne qu'il suivait, non sans crainte de tomber dans un piège, lui demandait son histoire... Elle n'avait pourtant rien de passionnante. Du moins, pas la partie qu'il n'était pas trop fier pour raconter...

"Ma soeur attend un enfant, mais elle est gravement malade et ils risquent de mourir, le bébé et elle. C'est pour celà que je dois aller chercher le médecin Wika. Je me suis rendu à Val d'Or et un homme, Terry, m'a offert un repas qui m'a endormi. Je me suis réveillé ici et ne sais pas où je suis."

Succinct, bien entendu, mais réel. Il n'avait rien omis d'important, mis à part Billy Boy et son combat, qu'il préférait oublié à jamais, en sachant pourtant que certaines choses se gravent dans le coeur comme le feu dans la pierre... pour ne jamais en disparaître. Avec quinze migrations des oies, 8 ans de chasse et une famille nombreuse, il se demandait lui-même pourquoi les esprits l'avaient choisi pour se retrouver ici en ce moment. Et son esprit protecteur, lui voulait-il réellement du bien? Si c'était le cas, il avait probablement poussé cette rencontre et Shannon lui serait potentiellement d'une grande aide. Il la suivit donc, se demandant vaguement où ils allaient...

Ils arrivèrent devant un imposant bâtiment qui était le siège du journal. Shannon l'invita à entrer.

Tous les yeux se détournèrent sur son chemin, définitivement ce costume était loin de paraitre inaperçu.

L'un des collègues de Shannon lui lança même

" Alors Shannon, c'est lui ton nouveau mec? Canon. Tu l'as trouvé ou ton indien? "

Elle passa outre les commentaires mais son patron finit par sortir de son bureau lorsque le brouhaha emplit la salle de rédaction.

" Je pourrais savoir ce qui se passe ici? " hurla-t-il puis il s'arrêta à la vue de l'indien qui était présent a l'intérieur de ses locaux.

Puis il interrogea Shannon du regard.
" Peux tu m'expliquer ça dans mon bureau? "

Il les invita a entrer et Shannon lui expliqua sa rencontre avec Nan.
Peu convaincu de la véracité de l'histoire il commença à interroger Nan.

" Depuis quand êtes-vous parti? Que faisiez-vous dans cet immeuble? "

Autant de questions pour lesquelles Nan allait devoir parler...

Suivant Shannon, Nan' s'était retrouvé devant une énorme construction, comme il n'avait pas cessé d'en voir sur le sentier noir qu'ils avaient emprunté. Il trouvait le paysage autour d'eux désolant, avec si peu de verdure. Il crut entendre un ou deux oiseaux, mais ne les vit pas. Les seuls animaux qu'il vit étaient des chiens, attachés par un morceau de tissu à des gens, et des lynx miniatures, qui fouillaient dans des cages à l'odeur putride, des poubelles.

Au siège du journal, tous les ragards étaient tournés vers le jeune algonquien, qui dévisageait aussi une secrétaire à l'épais maquillage, se demandant pourquoi elle avait du sang sur les lèvres. Apparement, le brouhaha qui avait suivi son entré avait attiré ce qui semblait être le chef (celui qui hurlait le plus fort, quoi!) de ce clan assez important. Lorsqu'il parla de lui à Shannon, Nan' inclina la tête, sans remarquer l'insulte mal dissimulée. Il ne maîtrisait pas assez bien l'anglais pour la comprendre... Il les fit entrer chez lui, qui n'avait rien des tipis que Nan' connaissait, ou de la maison de Terry. Celle-ci était très étroite. Il n'y avait même pas de lit... Nan' était resté planté bien droit à côté de la porte et lorsque le chef s'adressa à lui, il inclina la tête. Bien qu'il ne comprenait pas pourquoi tout le monde le bombardait de questions et qu'il aurait préféré ne pas répondre, son éducation l'obligeait de répondre au chef. Aussi, il inspira, pour se rappeler tous les événements, avant de se lancer dans ce qu'il appelait la vérité.

"Je m'appelle Nanikana. Mes parents m'ont envoyé à New York chercher le médecin Wika. Je suis allé à Val d'Or, ce qui m'a pris environ une semaine, puis j'ai rencontré un homme, Terry, qui m'a fait dormir avec ma nourriture. Keisha, nous appelons. Je ne connais pas le mot anglais. Mais c'est mal. Certains Keishas font voir les esprits, d'autres endorment et d'autres encore tuent...

je me suis dé-endormi, attaché sur une chaise, dans une salle blanche où il y avait des images de mon village qui bougeaient. Billy Boy m'a dit qu'il les détruirait si... je ne... si je ne faisais pas ce qu'il m'a demandé. Je suis resté une ou deux semaines dans cette pièce. Les images de ma famille étaient remplacées par d'autres images qui bougeaient, avec du sang et des cris..."

Nan tremblait. Il se rappelait ces affreux souvenirs et ce qui en avait découlé et sa voix s'évanouie. Il se calma un instant, en s'efforçant de ne pas penser au temps qu'il avait pu passer à dormir, puis reprit, en sautant une partie de son récit.

"Mais Hector, un monsieur qui me donnait à manger, m'a parlé et ensuite, il a mit du Keisha. Encore du Keisha. Il en a mis dans la boisson de Billy Boy et il m'a détaché. J'ai couru entre les murs blancs, puis j'ai ouvert une porte et j'ai vu plein de gens. C'est là que j'ai trouvé Shannon. Ou qu'elle m'a trouvé."

Il avait parlé bien longtemps et espérait que le chef n'en ferait pas de cas, contrairement au père de Nan' qui le punissait lorsqu'il parlait trop.

Shannon resta perplexe. Elle n'était pas au courant de cette partie de l'histoire.

" Perry, tu te rends compte? Cela voudrait dire qu'il existerait des combats illégaux dans les sous-sols de la ville. Tu sais ce que ça impliquerait si on dévoilait ça au grand jour? "

Perry grommella comme il aimait le faire avant de prendre une décision.

" Je préviens la police et on envoit une équipe sur les lieux. Je veux les meilleurs. Allez, on se bouge! "

Shannon resta avec Nan' pour l'aider a retrouver le médecin. Alors qu'elle tapait les renseignements sur l'ordinateur pour obtenir l'adresse elle regarda l'algonquien avec etonnement.

" Nan' , Comment as-tu fais? Je veux dire...Tu as l'air de dire que ton ennemi était coriace et excuse moi de te le dire mais tu fais plutot partie de la categorie poids plume. Enfin, je veux dire que tu n'es pas très costaud. Alors comment t'y es-tu pris? "

Son regard était plein de suspicion.

Visiblement, Nan' avait bien fait de raconter son histoire. Il ne comprenait pas trop, mais Perry devait être une sorte de gardien de la paix, qui allait vérifier si Nan' lui avait dit la vérité. Il empêcherait probablement Billy Boy d'esclavager ainsi de nouveaux algonquins, ou d'autres innocents. Mais Nan' se sentait mal, entouré de tous ces gens à la peau claire qui le regardaient bizarrement. Shannon s'était installé devant une chose sur laquelle elle tapait des doigts, pour Nan' ne savait quelle raison. Elle lui reparla du combat.
C'était la question qu'il craignait. Il était un meurtrier. Si au moins il n'avait pas tué de ses mains, si il n'avait pas vu la mort aspirer l'âme de son adversaire... Il tremblait de tous ses membres.

"C'est Kibibonnoka, le vent du Nord vigoureux. C'est mon esprit protecteur. Il a levé la poussière de l'arène et a aveuglé Alckior, mon adversaire. Je lui avais demandé de me protéger. Elle l'a étouffé aussi. Mais il m'a foncé dessus. J'ai bougé et il a foncé sur une colonne. Puis..."

Pour terminer sa pensée, Nan' désigna simplement le pendentif, sur lequel on voyait toujours un peu de sang coagulé. Il reprit la parole.

"C'était étrange. Affreux. Il y avait cette femme, qui pleurait. Elle ressemblait à ma soeur...
Je ne voulait pas... mais je ne savais pas quoi faire!"

Nan' avait tenté de rester impassible, mais les muscles de sa bouche avaient tressaillis. Lorsqu'il énonça sa soeur, une minuscule perle d'eau embua son oeil droit.

"Ils vont me bannir..."

Shannon sembla attristée par les revelations du jeune homme, néanmoins cette histoire d'esprit du vent venu à la recousse ne lui suffisait pas.

" Ce..Cet esprit du vent qui vous a aidé, ça lui arrive souvent de se manifester? Vous pourriez m'en faire une démonstration? "

Shannon était un bien curieux personnage. Nan’ ne savait pas trop pourquoi elle était si intéressée par son histoire, ni aussi curieuse. En fait, il trouvait un peu pénible de devoir tout raconter, mais il se disait en même temps que de partager ses impressions l’aiderait peut-être à surmonter cette épreuve qui lui fut douloureuse. C’était une stratégie qu’il adoptait pour la première fois depuis une dizaine d’années. Car il n’y a que les bébés et les femmes qui pleurent et partagent leurs sentiments (et encore, les femmes ne les montrent pas énormément non plus…)
Nanikana crut remarquer un léger changement dans l’attitude de Shannon. Il semblait qu’elle n’était plus habitée par une vague curiosité ou un bienveillant désir d’aider. Son regard traduisait à présent quelque chose de beaucoup plus intense. On aurait dit une soif de savoir, comme lorsqu’on apprend aux enfants à trapper pour la première fois.
Et puis, pourquoi s’intéressait-elle à ce point à Kibib? Pourquoi lui demandait-elle si il pourrait se manifester de nouveau? Nan’ ne comprenait pas trop, mais il prit la journaliste pour une sorte de conseillère, ou de psychologue (enfin, c’étaient des notions que Nan’ ne connaissait pas, mais il est préférable ici de simplifier ainsi…), ou encore un autre rôle semblable. Il en conclut donc que, seuls dans son bureau, elle ne pouvait que l’aider. Décidément, les légendes amérindiennes exagéraient. Du moins, c’était ce que Nan’ croyait. En fait, soit il avait trouvé les rares exceptions blanches, soient certains blancs étaient "gentils" et certains autres étaient "méchants". Nan’ penchait plutôt pour la deuxième option, instinctivement. Il avait beau n’avoir aucune connaissance des probabilités et des statistiques, il lui semblait logique qu’il n’ait pas pu rencontrer les 3 exceptions dans la même journée.
Il était prêt à tenter la démonstration, mais il devait avertir Shannon de certains points qu’il était surpris qu’elle ne connaisse pas, tellement ils étaient à la base des croyances de son peuple :

"-Notre sorcier a dit que je n’en étais pas un. Mais seuls les sorciers peuvent appeler les esprits à volonté. Et les esprits protecteurs ne viennent en aide qu’aux gens réellement dans le besoin. À la condition de leur être reconnaissant et de les aimer comme ils le méritent. Alors je ne pense pas que ça fonctionnera… Mais je vais essayer…"

Ainsi, Nan’ tenta ensuite d’invoquer Kibib à voix basse, dans sa langue maternelle. Il commença d’abord par trouver un objectif concret à atteindre. Peut-être cela faciliterait-il la tâche de l’esprit qui accepterait de lui rendre l’immense service et honneur de se manifester. La pièce semblait bien fermée et aucun courant d’air ne pourrait déranger Kibib, selon l’estimation de Nanikana. Il ne lui restait qu’à trouver ce fameux objectif.

Il y avait, sur le bureau devant lui, une espèce d’écorce de bouleau, bien plus blanche et mince. Elle semblait très légère et Nan’ se dit que son esprit accepterait certainement de soulever cette feuille de papier pour faire plaisir à Shannon. Il se concentra donc fortement sur la feuille, en murmurant des mots que Shannon ne comprendraient sûrement pas, même si elle les entendait…

"-Kibibonoga, je t’en supplie, soulève cet écorce sans tache. Je t’en prie, manifeste-toi!"

Il se répéta ainsi pendants un long instant. À un moment, il s’était adressé à Shannon et lui avait demandé, d’un ton accusateur (après tout, l’incrédulité de la journaliste avait peut-être insulté l’esprit du nord…) :

"-Pourquoi vous voulez la preuve de ce que j’ai dit? Vous ne croyez pas ce que je vous ai raconté ou bien vous ne croyez pas aux esprits?"

Sans attendre la réponse, il reprit sa litanie. Shannon lui répondrait certainement, tôt ou tard, mais Nan’ avait commencé à appeler l’esprit et il voulait terminer ce qu’il avait entamé le plus tôt possible.
Il sentait que quelque chose se produisait. Était-ce simplement qu’il était fatigué et qu’un mal de tête commençait à menacer, ou bien Kibib se manifestait-il finalement?

L'écorce s'éleva alors dans les airs.

Shannon resta stupéfaite.

" Ca alors... Nan je ne suis pas sur que cela releve de la magie. Je pense que tu es...un mutant..."

Elle se doutait que le terme ne parlerait pas au jeune algonquien, mais l'effet de surprise avait été plus rapide que celui de raison.

[HJ : désolé pour la longueur...]
Shannon annonça, surprise, à Nan' qu'elle croyait qu'il était un mutant. Ce mot dont il ne connaissait pas le sens lui semblait tout de même légèrement familier... Il chercha dans sa mémoire, les yeux baissés sur l'objet en plein vol. Comme la poussière de l'arène. Comme le verre brisé. C'était ça! C'était Billy Boy qui avait utilisé lui-même ce mot pour décrire Nan'. Ce dernier croyait alors qu'il s'agissait d'une insulte, mais il ne comprenait pas pourquoi la journaliste l'insulterait à ce moment... Il rapprocha donc ces sourcils près de l'arrête de son nez, et demanda à Shannon :

"-Ce mot, Myoutente, Billy Boy l'a utilisé. Qu'est-ce qu'il veut dire? C'est mal?"

Il se pencha légèrement vers Shannon, en l'attente d'une réponse. Il ne perdait pas son objectif principal de ses pensées : il devrait bientôt aller retrouver le médecin algonquien...

" Non, ce n'est pas mal. enfin, ça depend des points de vue visiblement..."

Elle sembla legerement embêté par la question et le fit savoir en faisant la moue.

" Vois-tu, il y a certaines personnes sur terre qui sont capables de faire des choses incroyables et là tu vois avec ton esprit de l'air c'est quand même quelque chose d'incroyable. Non? Enfin tout ça pour dire que je ne pense pas que ca ait un rapport avec la magie ni même avec un quelconque esprit. "

Visiblement la jeune filel semblait surexcitée.

* Je pourrais m'en servir pour approcher cet étrange institut. Je dirais que je l'ammene... *

" Bon vois-tu je veux bien communiquer n'importe quel message a ton medecin algonquien et après, nous nous rendrons à l'institut pour mutants. La, nous en serons plus. Qu'en penses-tu? "

Nan' était perplexe, mais ne le démontra pas. D'abord, Shannon contrevenait à ses croyances ancestrales en disant que la magie et les esprits n'existaient pas (c'est du moins celà que Nan' avait compris de ses paroles...) Elle avait raison, il s'agissait effectivement de quelquechose d'incroyable... Vu son état d'excitation, soit elle aurait aimé faire des choses comme Nan', soit... rien. Elle devait l'envier, ou être très très heureuse de le connaître. Ensuite, elle lui fit une offre et Nan' comprit qu'il n'aurait pas pu se passer de ce qu'il redoutait le plus : marchander. Il n'était pas question que quelqu'un d'autre que le jeune algonquin fasse le message : c'était sa propre mission et son orgueil lui imposait d'en venir au bout par lui-même. Nan' prit tout de même le temps de réfléchir à l'offre, à sa propre volonté et à bien formuler sa phrase, les yeux fixés sur ses bras croisés au-dessus de ses chevilles, car il était assis en tailleur sur la chaise. Il prit finalement son tour de parole :

"-J'accepte. Mais je veux parler directement à Wika. Ensuite nous irons à cet endroit qui m'aidera peut-être à comprendre ce que vous m'avez brièvement expliqué."

Sur ce il se leva rapidement : la discussion était close, selon lui. Il ne restait qu'à retrouver le vieil homme, le convaicre de guérir Naga, en lui rappelant, s'il le fallait, sa dette envers sa famille, puis il suivrait Shannon avant de rentrer au bercail.
Du moins, c'est ce qu'il imaginait...

Shannon prit le temps de reflechir. elle tenait entre ses mains un mutant. Elle ne lui voulait aucun mal mais elle tenait là un sacré scoop pour le prochain numéro du journal.

" Très bien. Après tout je comprends que ce que tu as à faire est plus important. J'appelle un taxi. On va chez ce medecin et après tu me suis. ok? "
Elle avait accompagné sa derniere phrase d'un sourire charmeur et d'un clin d'oeil.

Le taxi les conduisit jusqu'a un hopital. une fois de plus, Nan fut dévisagé par les badauds mais il n'en tenait pas rigueur.

Shannon s'empressa de se diriger vers l'acceuil et demanda le docteur Wika pretextant une publication et usant de sa profession pour atteindre ses buts. visiblement elle n'était pas devenue journaliste par hasard...

Quelque minutes plus tard, un homme en blouse blanche comme il y en avait beaucoup ici se presenta. Il avait le teint halé.

" Bonjour, je suis le docteur Wika. Que puis-je faire pour vous aider? "

il leva alors les yeux du carnet qu'il tenait dans ses mains et qu'il n'avait pas encore quitté jusqu'a présent.

La stupefaction de voir Nan put se lire sur son visage.

Nan' aquiesça au clin d'oeil de Shannon. Il ne connaissait pas ce langage non-verbal, mais ça ne pouvait rien signifier de mal... Aussi, il ne dit rien, jusqu'à l'hôpital. Bien sûr, il observa tout ce temps. D'abord, les lumières qui scintillaient, partout autour d'eux, et jusque dans le taxi qui les conduisait. D'ailleurs, Nan n'avait jamais réellement approché d'un tel engin, au cours de son existence. Il prit d'abord peur, en entendant le grondement du moteur, le cliquetis de nombreux accessoires et les voix de gens invisibles qui s'élevaient de la radio. Mais il s'habitua finalement à ce moyen de locomotion rapide et finit par être fasciné qu'un tel objet puisse être ainsi utilisé.

Dans l'hôpital, il régnait une odeur de mort que Nan' associait à la maladie, ou plutôt à la présence d'autant d'esprits malins dans un même endroit. Non mais quelle idée de mettre tous les malades ensembles, aussi? Trop occupé à observer l'aveuglante blancheur du lieu (qui n'était pas sans lui rappeler sa récente prison), il ne porta pas attention sur ce que Nan' racontait à une autre femme. Elle l'entraîna ensuite un peu à l'écart durant quelques instant et Wika arriva finalement. Lorsqu'il aperçut Nan', ce dernier lut l'étonnement dans son regard. D'ailleurs, le teint de Nan', intimidé, avait aussi monté d'un ton. confus, le jeune amérindien ne savait plus si il parlait algonquin ou anglais :

-Wika! Naga est enceinte et malade. Le village m'a chargé de vous retrouver pour vous convaincre d'aller la soigner. C'est très important. N'oubliez pas la dette que vous avez envers ma famille, je vous en conjure...!

Bon, Nan' avait déblatéré ce flot d'informations à une vitesse très rapide, sans les formules habituelles de politesse, ni tout le tralala, et il avait tout dit tout de suite, au cas où il oublierait plus tard de dire quoi que ce soit.
C'était le stress, bien sûr, qui l'avait poussé à parler ainsi, mais ce n'était pa une justification valabule aux yeux de Nan' pour se montrer impoli.

Le jeune amérindien inclina la tête et ferma les yeux (pour demander le support des esprits) en attendant la réponse du docteur. Si celui-ci répondait par l'affirmative, Nan' suivrait ensuite Shannon jusqu'à cet endroit dont elle lui parlait. Sinon, il tenterait de le convaincre encore davantage, puis il retournerait dans son village, ayant échoué dans sa mission, en plus d'avoir commis l'incommettable... Si les esprits le lui permettait, bien sûr...

Un large sourire se dessina lentement sur le visage de Wika. Le fait d'être en présence d'un Algonquien, quelqu'un de son peuple, n'avait pas eu lieu depuis des années.

Les mots de Nan' entrait en lui comme un flot de souvenir. La famille, le peuple, le grand sorcier et bien sur la dette.

" Nan' les algonquiens n'ont qu'une parole. Qu'en est-il exactement de Naga? Je ne peux pas tout quitter comme ca en quelques secondes mais je peux envoyer de l'aide avant que je me déplace. Dis m'en plus. "

Nan' essaya de se souvenir le mieux qu'il pouvait ce que ses parents lui avaient dit, et ce qu'il avait vu. D'abord, Naga avait grossi peu à peu, comme la propre mère de Nan' l'avait si souvent fait. Ensuite, des plaques rouges étaient apparues sur ses joues et elle s'était mise à faire de la fièvre. Malgré les herbes du sorcier et les pansements de la mère de Nan', la maladie continuait et Naga restait couchée toute la journée et toute la nuit. Parfois, elle semblait voir des esprits mauvais et elle parlait seule, disant des choses plus ou moins incohérentes. Ils auraient du la transporter à Val d'Or, mais elle était dans une grossesse trop avancée pour qu'ils puissent la transporter, aussi ils avaient envoyé Nan'.

-Eh bien... Au début, elle a fait de la fièvre, alors on lui a fait boire des tisanes à base de racine, mais ça n'a pas fonctionné. Des plaques rouges sont apparues sur ses joues, puis elle est devenue si malade qu'elle ne se levait pas, et elle s'est finalement mise à délirer. Ensuite, je ne sais pas, j'étais déjà parti.

"J'espère simplement qu'il ne soit pas trop tard, par pitié..."

Nan' s'inclina ensuite devant son aîné et s'excusa de son impolitesse.

-Pardonnez-moi, j'ai oublié de vous présenter Shannon. Elle m'a aidé à vous retrouver. Elle est déjà allé dans des villages algonquins et est très gentille. Comme elle m'a promis de me présenter un endroit, je ne pourrai malheureusement pas vous accompagnez à Pikogan. Pourrez-vous dire à ma famille que je les aime et serai bientôt de retour, s'il-vous-plaît?

Le docteur pouvait emettre un diagnostic approximatif en fonction de ce que lui avait dit Nan.

" Je vais pouvoir envoyer une equipe poour intervenir. Ne t'inquiete pas."

Il se tourna ensuite vers Shannon qu'on venait juste de lui presenter.

" Je vous remercie de lui etre venu en aide. Quelle est cette endroit que vous voulez lui montrer? "

" Hé bien voyez-vous, je pense que Nan, ce jeune algonquien fait partie de ce qu'on appelle les "mutants". Aussi je souhaiterais qu'il m'accompagne a l'institut Charles Xavier. Ensuite il sera libre de tout. Je pense juste qu'il devrait savoir ce qu'il..est. "

Wika ecouta tout ce qu'elle avait a lui dire, les mutants, ce phenomene actuel, prenait de plus en plus d'ampleur. Même chez les algonquiens, la mutation était en route...

" Il serait peut-etre plus sage en effet qu'il rencontre ces gens. "

Il se tourna ensuite vers Nan et lui posa une main sur l'épaule.

" Je dirais a tes parents que tu as mené a bien ta mission. Ne t'en fais pas. Je ferais tout ce qui en ma dispostion pour aider Naga et je te tiendrais au coutrant. Maintenant, suis Shannon et te diras toi même a tes parents que tu les aimes. "

Ayant &ainsi mené sa mission a bien, Nan ne se doutait pas que sa véritable aventure était sur le point de commencer.

Shannon le prit par le bras, remercia le medecin et héla un taxi.

" Direction l'aeroport. Nous partons pour Salem Center! "


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