Fuite éperdue.

"Tu me sembles pas bien épais, petit frère... Ça devrait être dans l'ordre du possible alors !"

Wei ferma les yeux et les pieds de Yan décollèrent du sol, lentement... Lentement...

Au fur et à mesure de son ascension, le jeune chinois vit ses bras, puis le reste de son corps, comme s'amollir... Ses articulations disparaître ou plutôt... Changer. Tout son corps devenait modulable. Il fallait réapprendre à s'en servir. A le maîtriser pour arriver à ses fins.

Finalement il arriva à l'ouverture et put, après quelques essais infructueux, trouver la bonne façon de franchir le passage, aidé en cela par la télékinésie de Wei.

Il pouvait, de ses oreilles flasques, entendre les bavardages du trio d'élus. Ils avaient l'air d'enfants espiègles, insouciants... C'était un moment magique. Une parenthèse enchantée dans des vies qui n'avaient pas du toujours être drôles...

De l'autre côté du passage, à l'étage supérieur, Yan retrouva l'usage normal de son corps. Il ne sentait plus la poussée de Wei et c'est avec les deux pieds au sol qu'il se releva.

La pièce était entièrement vide. En revanche, sur le plancher de l'étage se trouvait du sable en grande quantité méticuleusement réparti sur toute la surface.


Émergeant de ce sable, la tête d'un homme apparut. Ce dernier regarda avec des yeux amusés le petit garçon.

Et la tête parla :

"La Taupe a deux oreilles qui sont faites pour qu'on leur parle. Et une bouche qui est là pour dire la vérité. Et tant les oreilles que la bouche sont à ta disposition !"

Le ton était naturel. Presque désinvolte. Le protocole ne semblait pas être de mise devant la Taupe...

Yan, ébahi, observe ses mains redevenus solides : quelle étrange sensation il avait ressenti en étant soulevé du sol par une force invisible et surtout d'avoir possédé durant quelques minutes un corps aussi malléable.

Yan ne fut qu'à moitié étonné de voir surgir de l'amas sablonneux un visage souriant, si avenant: après tout ce que Yan venait de vivre au cours de ses dernières journées plus rien ne pouvait véritablement l'étonner désormais.

Yan s'avance de quelques pas à travers le plancher faisant crisser le sable sous ses pas légers puis se laisse tomber sur le sol.
Observant le visage de La Taupe, Yan ramasse une poignée de sable puis la laisse filer entre ses doigts, un air sceptique sur le visage.

"Cela ne vous fait pas mal ? C'est votre corps ? Cela doit être étrange d'être sous cette forme...." Un air malicieux envahit le regard de Yan puis il rajoute : " Je me demande si on peux faire un château avec tout ce sable !"

"Mais je ne pense pas que cela vous plairez..." Poursuit Yan plus sérieusement. "De plus je ne suis pas la pour m'amuser... Mais pour connaitre mon nom d'élu....En espérant qu'il ne soit pas ridicule !"

Les yeux de la Taupe roulèrent, amusés...

"Un grain de sable n'a pas de bouche pour crier... Alors un monticule de sable ? Avec du sable, on peut faire beaucoup de choses... On peut marcher pieds nus dedans le soir, après le coucher de soleil ; on peut faire des gâteaux aussi, mais ce n'est pas très très bon ; et les pâtés, châteaux et autres cathédrales restent des grands classiques !"

Il ricana, hébété par ses propres paroles.

"Un grain de sable n'a pas d'avis. Il est indifférent aux puissances supérieures qui le manipulent. Pourquoi devrait-il plus craindre la main de l'enfant que le soleil ? Même un grain de sable doué de raison ne peut que se résigner aux contraintes auquel il est soumis. La Taupe n'y fait pas exception !"

La tête se déplaça vers Yan, pour se retrouver à ses pieds.

"Un jour la Taupe est sable et sable seulement. L'autre elle est homme et homme uniquement. Et des fois, la Taupe devient pâté ou se déguise. Est-elle moins Taupe quand elle dort dans un seau ? Est-elle plus qu'aujourd'hui quand la Taupe marche sur ses deux pattes arrières ? La Taupe a son être qui est immuable. Le reste n'est que possession. Le corps n'est rien d'autre qu'un véhicule au même titre qu'une voiture ou un skate-board. C'est le véhicule de l'âme et ce n'est pas rien. Mais ce n'est pas grand chose non plus. S'affranchir de son corps, c'est témoigner une indifférence bienveillante à son égard. Ainsi pense la Taupe"

L'homme-sable leva les yeux au ciel et secoua la tête, faisant tomber quelques grains de sable supplémentaires au sol.

"Ton nom d'élu est Ri Yè. Ce n'est qu'un nom, une possession. Au moins maintenant tu en as plusieurs. Et si les hommes de l'ordre te demande de leur donner ton nom, eh bien, il t'en restera toujours un..."

"Ri Yè...." Yan murmure son nouveau nom s'imprégnant de son essence, du moins il essaie car en fait, réflexion faite, Yan se rend compte qu'il n'en connait pas la signification....

Yan baisse un regard perplexe en direction de la taupe et lui lance, une moue significative sur le visage.

" Dites moi La Taupe.... Que signifie Ri Yè..... La Grande prêtresse aurait pu trouver un surnom plus simple à retenir...." Boudeur, Yan se laisse tomber sur le plancher, les bras croisées , le regard rivé dans celui dans La Taupe.

" En plus pourquoi tout ces mystères... Ce charabia lorsque vous me parlez...Entre vous et la Grande Prêtresse, il n'y a pas à dire vous aimez les phrases mystérieuses...." Poursuit le jeune mutant en roulant des yeux vers la charpente.

" Cette journée m'a épuisé... Je n'ai pas l'habitude de journée aussi longue...." continue Yan en baillant posément. " Comment je redescend au fait ? Il me faut encore l'aide de mes compagnons ou il y a un moyen plus pratique pour les rejoindre ?"

"Jour et Nuit. Voilà ce que ton nom signifie. L'ombre et la lumière, le yin et le yang... Tu es les deux faces d'une même pièce. Si on te lance, Ri Yè, je me demande bien si tu sauras retomber sur la tranche"

Les yeux de la tête roulèrent à nouveau.

"L'énigme et le mystère font partie de l'apprentissage. Prend ça comme une boîte à outils. Quand tu l'ouvres tu ne connais pas nécessairement l'utilisation de tout ce qu'il y a dedans. Mais le jour venu... Le jour venu, tu te plais à apprécier le manteau de mystère et tel Harlequin tu te plairas à le revêtir"

Comme réponse à la dernière question de Yan, la Taupe désigna une échelle de corde et un panneau mobile sur le côté. Ainsi, il put redescendre par la façade extérieure de la bicoque. Une fois de retour à l'intérieur, Yan s'aperçut que tout le monde s'était levé. La Grande Prêtresse lui fit un sourire mauvais et conclut :

"Mes élus, retenez ceci. Quoi qu'il arrive à l'avenir, un élu doit toujours être là pour les autres élus. Soyez tels la branche de bois : si l'on peut arriver à en casser une, plusieurs réunies en un faisceau sont indestructibles"

Elle claqua dans les mains et tout le monde pu se retirer. Exténué par sa journée, Yan alla dormir...


Le sommeil du jeune garçon ne fut ni paisible ni reposant. Il vit en rêve le massacre de ses parents par la police chinoise. Puis d'autres scène violentes du même acabit. A chaque fois des populations civiles pourchassées et persécutées par les forces de l'ordre. Il se vit lui-même commettre des actes de violence l'arme au poing. Actes mis en scène de façon positive : il s'agissait dans le rêve de rétablir la justice. Par la force et dans le sang...

Quand il se réveilla le lendemain matin, il vit que tout le monde était en branle bas de combat. Et quand il pénétra, toujours fatigué de sa drôle de nuit, dans le réfectoire, il vit l'ensemble des enfants et adolescentes du Temple au garde à vous. Dan le renseigna :

"Il s'agit d'une sélection mon pote. Y a quelqu'un qu'est venu pour adopter. Mais t'en fais pas, personne voudra de nous..."

Il vit un peu plus loin Chi et Wei, visiblement tendues...

Quant à Cupidon, seul enseignant à la ronde, il était en grande discussion avec un occidental habillé en costume cravate.


Il avait une valise qu'il remit à Cupidon. Ce dernier offrit un cigare à l'homme qui s'empressa de l'accepter en rigolant. Puis tous les deux s'approchèrent des jeunes filles, l'inconnu ayant l'air particulièrement intéressé par Wei...

Yan le regard encore ensommeillé de la terrible nuit qu'il venait de passer, rejoint aussi rapidement qu'il peut Dan se plaçant à ses cotés.


"Une sélection , dis tu ?" Lance à l'attention de son voisin , Yan l'air songeur. "Quel genre de sélection ?"

Yan observe attentivement l'homme d'affaire, de par son costume et ses manières plutôt grossières Yan le soupçonne d'être un Américain . Peut être un représentant de l'Institut ou peut être du gouvernement de l'Etat Mutant.

L'attention de Yan se porte sur la mallette de cuir , se demandant ce qu'elle pouvait bien contenir, de l'argent peu être ? Il est vrai qu'un tel campement devait être un gouffre financier plus qu'onéreux et Cupidon devait certainement se débrouiller pour le financer. Monter une rébellion couter certainement cher.... Yan se désintéresse de la question préférant tourner son attention sur Wei.

Le jeune mutant se remémore la conversation de la veille qu'avait entretenue Wei avec Chi au sujet d'une sélection...

"Donc Wei va certainement quitter cet endroit...." Marmonne Yan sans emphase. Yan regarde avec une certaine tristesse sa sœur et se prend à espérer qu'avec un coup de pouce du Destin, Chi sera choisi pour partir, seuls les Ancêtres devaient le savoir, du Temple.

"Bah tu sais on reste pas toute notre vie ici, mon pote ! Il y a de temps en temps des gens qui veulent adopter des p'tits enfants comme nous et quand c'est le cas y a ce Monsieur qui vient s'occuper des formalités..." répliqua Dan comme si cela allait de soi.

Il attrapa Yan par la main et le conduisit vers le petit groupe formé par les deux élues et l'inconnu en costume. Étant maintenant tout proche, Yan put voir qu'à l'intérieur de la valise qu'examinait Cupidon se trouvait pas mal d'argent en liquide ainsi que des petits flacons, lui faisant penser à des produits pharmaceutiques.

L'inconnu pris finalement la parole en s'adressant à Wei :

"Mademoiselle, par les pouvoirs qui m'ont été conférés par mon mandataire et le cabinet pour lequel je travaille, vous avez été choisie pour être adoptée par un charmant sexagénaire, déjà parent adoptif de deux bambins. Vous partirez, si tel est votre choix, pour New York, dans la soirée"

Wei blêmit. Chi tenta de la rassurer en lui frottant le bras. Sans succès.

L'homme sortit de sa poche un cliché photographique.


"Voilà votre nouvelle famille, Mademoiselle... Et ne faites pas l'enfant vous serez très bien là bas !"

Mais la jeune élue ne l'entendait pas ainsi. Elle s'indigna :

"Je veux pas être séparée de Yan !"

"M. Chalmond ne veut adopter qu'une jeune fille" précisa l'inconnu, un peu fâché. Sans oublier que Cupidon commençait à faire les yeux noirs...

Yan ne savait pas vraiment comment réagir à cette situation... Quelque part , Yan se savait imbriquer en cette situation épineuse et il se devait d'intervenir même s'il ne savait pas comment.....

Lâchant la main de Dan, Yan s'avance de quelques pas en direction de Wei, affichant un faciès qu'il espérait souriant , il lui lance :

" Wei ! Moi non plus je n'ai pas vraiment envie d'être séparé de toi , ni des autres Élus par ailleurs." Yan de la main, montre Dan et Chi puis poursuit : " Depuis que je sais que je suis différent, vous êtes ma Famille et je ne veux pas être séparé de vous..."

Le jeune mutant s'éloigne de Wei pour s'approcher de la précieuse mallette et poursuit :

" Mais il me semble qu'en acceptant leur offre, tu pourras permettre aux autres de pouvoir survivre en cet enfer qui s'annonce... Cet argent et ces médicaments leur donnera une vie plus supportable."

Yan s'avance de nouveau vers Wei et poursuit :

" De plus je sais que moi aussi je devrais quitter cet endroit sinon je finirais comme lui...." Du doigt , Yan montre Cupidon.

" Je deviendrai un homme qui pense qu'il faut répondre à la violence par la violence... Et même si une partie de moi crie vengeance, je ne veux pas y céder.... Je suis la Lumière et je lutterai toujours pour que l'Ombre ne dévore pas mon âme " Yan se tourne ver Cupidon et lui lance avec déférence.

" Je ne dis pas ce que vous faites n'est pas bien... Car vous m'avez sauvé, vous nous avez tous sauvé ici... Mais je sais que si je reste ici parmi il y a une chance que je devienne pire que ces policiers envers le genre humain.... Et je m'y refuse !"

Yan prend posément la main de Wei et s'adresse d'une voix pleine de défi à Cupidon.

" Il se peut que je ne puisse partir avec Wei dans sa famille.... Mais je veux partir d'ici , pour aller en Amérique ! Je veux avoir une vie normale , faire des études pour pouvoir changer la Chine par la voie de la Raison et non celle de la violence.... Si Wei peux partir, il doit certainement avoir un moyen pour que je le puisse aussi !"

Wei, au bord des larmes, tremblante, lâcha tout simplement :

"Oh... Ce serait tellement bien que nous puissions partir tous ensemble... Mais je veux pas être séparée de toi... Je veux..."

Chi l'attrapa dans ses bras et lui murmura quelques mots que Yan ne comprit pas... Wei parut l'espace d'un instant rassurée pourtant.

L'inconnu avait toujours l'air aussi désapprobateur. De plus, il louchait négligemment sur sa montre. Il semblait terriblement pressé d'en finir ici.

Quant à Cupidon... Quant à Cupidon, ce dernier commençait à fulminer sérieusement, crispant ses poings, comme prêt à exploser !

Ainsi Yan n'eut guère le temps d'examiner le contenu de la valise... A peine put-il lire sur l'étiquette des fioles : "KW254". Sans que cette indication ne signifie quoi que ce soit pour lui.

Cupidon allait ouvrir la bouche. Surement pour gueuler. Certainement pour un rappel à l'ordre des plus cuisants quand...

"C'est cool. C'est mégacool. Ouais c'est cool"

L'inconnu venait de dire ça. Éveillant une lueur d'incompréhension dans le regard du colosse d'ébène. Qui pour le coup sembla se calmer.

"Non, mais Cupidon, tu auras qu'à mettre ça en plus sur notre facture... Enfin, pas celle de M. Chalmond. Celle du Cabinet quoi. Lange & Manners paiera tous les frais du transfert du petit. T'auras qu'à dire ton prix et mes patrons le régleront... C'est cool. Ouais c'est cool. M. Chalmond va être content. Un p'tit gamin et une jeune fille, c'est deux fois plus d'amour à donner..."

L'affaire était conclue. Et même si Cupidon jetait des regards en biais à Yan, ne comprenant toujours pas ce qui s'était passé, il eut quand même le gout de partager un cigare avec son cocontractant. C'était cool, quoi.


La vie de Yan ne semblait pas vouloir changer de rythme. Déjà, c'était le temps des adieux. Avec Dan et Chi. Si le premier pleurait, le visage de la dernière affichait un petit sourire satisfait...


Et c'est donc dans un avion en direction de New York qu'embarquèrent Yan, Wei et l'inconnu qui se présenta sous le nom de Maître Lloyd Llewellyn, avocat de son état. Le passage de la douane s'effectua sans difficulté. Visiblement l'avocat connaissait un truc pour la franchir sans avoir à justifier de l'identité de ses deux accompagnateurs.

Pour l'heure, ils étaient assis tous les trois sur la même rangée de sièges. La jeune fille pleurait toujours, par moment, de joie. Quand à Llewellyn, il avait fini par arrêter de répéter que "c'était cool" à tout bout de champ... Il consultait négligemment un dossier tout en sirotant une canette de bière. Lloyd leur demanda :

"Hum... Alors vous êtes contents, vous allez avoir une nouvelle famille ? En tout cas, c'est co... Hum... Vous avez peut être des questions sur ce qui vous attend ou sur M. Chalmond ?"

Yan n'en croyait pas ses yeux....Une semaine auparavant il n'était qu'un jeune garçon sans histoire baigné par les larmes des Roi Dragon , les Long Wang et à ce jour Yan était à bord d'un aéronef fendant les cieux en direction de l'Amérique.
Jamais Yan n'aurait imaginé qu'un jour il serait dans le ventre d'un des ces dragons du ciel, au grand jamais.
D'ailleurs Yan en avait littéralement oublié la présence de Wei et de l'avocat durant les premières minutes suivant son embarquement, des étoiles avaient illuminé son regard. Par ailleurs le jeune mutant s'était demandé si par un de ces hublots il pourrait apercevoir le Palais Céleste: mais la litanie plus que monotone de Lloyd finit par l'arracher de son monde onirique.



" Oui c'est cool. C'est mégacool . Ouais c'est cool. J'ai plein de questions pour vous !" Répondit Yan un large sourire aux lèvres à son interlocuteur tout en se tournant en sa direction.

" Qui est ce Monsieur Chalmond ? Et bien que je ne sois encore qu'un gosse à vos yeux je me demande pourquoi il s'intéresse à des mutants ?'
une moue songeuse se dessine alors sur le visage du Yan tandis qu'il tapote un des accoudoirs.

" De plus je ne crois pas ce Monsieur Chalmond m'adoptera puisque vous avez dit vous même qu'il ne voulait qu'une fille ! Alors j'aimerai savoir ce que je vais devenir une fois en Amérique !" Termine Yan sur un air de défi tout en enserrant la main de Wei.



( hrp N'ayant pas clairement compris si on pouvait ou non faire intervenir de nouveaux personnages ou faire agir les personnages existants au cours de cette phase je me permet de demander un éclaircissement.)

[Tu ne peux pas faire intervenir de nouveaux personnages ni faire agir les PNJ. Si tu veux réaliser une action sur l'un d'eux, il faut que celle-ci soit rédigée sous la forme d'une tentative. En revanche, pour simplifier les choses, si tu as besoin de quelque chose d'évident de la part d'un personnage censé être là (comme dans une boutique de vêtements, tu veux acheter un pantalon... on suppose que le vendeur est là pour encaisser ton règlement), inutile de faire intervenir le courtier ^^ Voilà ! J'espère avoir répondu à ton interrogation. Bonne continuation ^^]

Llewellyn referma le dossier qu'il consultait, puis pris une large gorgée de bière, avant de répondre :

"Effectivement, je ne sais pas ce qui m'a pris... Mais quand vous avez fait votre petit discours à Cupidon, quelque chose dans ma tête m'a fait prendre conscience que je ne POUVAIS PAS vous laisser là... C'est étrange. D'habitude, je ne suis pas aussi flexible... Je devrais peut être méditer là dessus ou en faire un petit poème..."

Wei souriait largement, tentant tant bien que mal de dissimuler sa mine ravie derrière un quelconque magasine.

"Quoi qu'il en soit, je n'ai aucun doute sur la capacité d'accueil de M. Chalmond. Il est très riche. C'est un capitaine d'industrie qui possède un hôtel particulier en plein New York. Depuis que son épouse est décédée, il y a de ça quelques années, il a décidé de reprendre sa vie en main. M. Chalmond s'est un peu retiré des affaires, se contentant de percevoir ses dividendes tout en ne dirigeant plus réellement quoi que ce soit. Ainsi, il a plus de temps pour se consacrer aux VRAIES choses de la vie..."

Il jeta un œil sur Wei, louchant sur le magasine qu'elle avait entre les mains... Lloyd fit mine de s'en saisir mais se ravisa... Il poursuivit :

"Bref, comme il n'avait pas d'enfants à lui, il a décidé d'en adopter. Deux petits new-yorkais pour commencer. De charmants bambins. Et, ému par le sort des mutants orphelins chinois, il a chargé mon cabinet de lui ramener une jeune fille... Mais vous verrez, vous serez très bien avec lui ! C'est un véritable humaniste..."

N'en pouvant plus, Llewellyn attrapa le magasine des mains de Wei. Il le regarda, satisfait. Puis termina :

"Votre nouvelle vie commence demain. Vous pourrez remercier le Cabinet Lange & Manners de prendre en charge tous les frais. Moi, je vais me faire sermonner mais ce n'est pas grave. Je n'avais PAS LE CHOIX de toutes manières..."

Il tendit la revue à Yan.

"Regardez, il y a un article sur moi !"

L'avocat avait l'air ravi.

Levant les yeux vers le plafond , dodelinant de la tête, Yan s'empare du magazine et le feuillette avec lenteur.
Fronçant du regard , Yan finit par trouver l'article dont parler lloyd.

"Votre article est en fin de magazine...."Lance platement Yan en direction de l'avocat souriant puis rajoute après quelques minutes de lecture assidu. " A mon avis vous auriez besoin d'un chargé de communication...Ce n'est pas que vous n'êtes pas au point avec la presse...Mais il y a encore des points à améliorer..." termine Yan en rendant le magazine à Wei.

" De plus si tous les Américains sont aussi prétentieux et grossiers qu'un certain avocat de mon entourage, on est en droit de se demander comment votre pays à réussi à s'élever à son rang actuel...."

Yan se tourne vers Wei observant la revue, la maitrise de son anglais ne lui permettait pas encore de comprendre toute les subtilités du dit magasine mais un fait l'avait frappé : il ne semblait avoir aucune censure !

"Au fait... A votre prochain passage au Temple vous pourriez remercier de notre part Chi pour le coup de main ? "

Llewellyn observa, l'air totalement idiot, Yan. Puis il cogita et, finalement, un sourire ravi sur les lèvres conclut :

"C'est vrai ! L'article aurait été meilleur si je l'avais écrit moi-même !"

En revanche, il se contenta de hausser les épaules quand le jeune garçon mentionna Chi, ne sachant plus trop visiblement qui était la jeune fille...

Le reste de la conversation ne fut que du bavardage sans importance...


L'avion atterrit à New York. Une voiture attendait Llewellyn et les deux mutants. Rapidement, ils furent conduit devant un hôtel particulier situé dans un quartier huppé de la métropole.


A l'intérieur, Yan découvrit une bâtisse richement meublée ! Des jouets traînaient un peu partout et visiblement il y avait de la vie dedans ! Une vraie vie de famille, un vrai foyer accueillant... Quelque chose d'à la fois luxueux, paisible et chaleureux... Le bonheur ?

Wei était aux anges, ravie de voir tant de belles choses...


Un homme se présenta, décontracté, à eux.

"Je suis le majordome, M. Beccaria. Suivez-moi, M. Chalmond est dans son bureau avec les petits Arnolphe et Billy"

Le trio entra donc dans un bureau feutré où l'homme et les deux enfants qu'avait vu Yan sur la photo étaient en occupés à jouer avec un train électrique. M. Chalmond se redressa et alla embrasser Lloyd.

"J'espère que vous avez fait bon voyage et que vous n'avez pas oublié les formulaires Willington. Je vais vous faire votre chèque mais..."

L'homme se détourna de l'avocat et se pencha en direction de Yan et Wei :

"Il s'agit d'une très belle jeune fille... Mais... Qui es tu petit ?"

Le ton était affectueux. Il n'y avait pas la moindre pointe d'agacement dans les paroles de l'homme. Tout au plus était-il surpris.

Yan n'en croyait pas ses yeux , un tel luxe , un tel espace ... Tout ceci était à peine croyable et pourtant tout était réel: le jeune mutant se demandait comment il se pouvait qu'il y est autant d'injustice en ce monde.
En Chine la plupart des citoyens vivaient avec la peur au ventre, ici tous semblaient insouciants.

L'interrogation du maitre séant l'arracha à ses réflexions et à la contemplation de l'étrange jouet archaïque. Yan souriant lui lança sur un ton mesuré :

" Yan , je suis Yan, Monsieur Chalmond. Je viens de Chine, tout comme Wei, et Monsieur Lloyd Llewellyn à accepté que je vienne avec Wei en votre pays."

L'attention de Yan se tourna vers les deux autres enfants, s'interrogeant à leur sujet, puis le jeune mutant rajouta à l'attention de vieil homme.

"Tout comme Wei je suis un mutant, vous l'êtes tous aussi ? Qu'est que vous pouvez faire avec votre don ? Wei peux jouer avec la gravité quelque chose comme ca et moi je peux m'amuser avec la lumière"

"Ah, Monsieur Lloyd Llewellyn a ACCEPTE" lâcha machinalement M. Chalmond. Il frotta son crâne dégarni puis ajouta avec un grand sourire :

"Bon, j'imagine que Monsieur Lloyd Llewellyn ACCEPTERA aussi de régler cette prestation qui n'était pas prévue au contrat"

L'avocat, bien conscient d'avoir outrepassé son mandat, ajusta son nœud de cravate, d'un air un peu gêné...

"Mais bien sur Monsieur Chalmond... Il ne saurait en être autrement !"

Les deux petits eurent l'air impressionnés que Wei et Yan soient des mutants. Eux-mêmes n'étaient que des gamins normaux, sans pouvoirs aucun...

C'est ainsi que tout le monde passa un bon moment. La jeune fille lévita pour le plus grand bonheur de tous. Llewellyn régla deux trois formalités administratives. M. Chalmond lui fit son chèque. Et l'avocat s'en alla... Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes...


Ce fut le majordome qui conduisit les deux nouveaux arrivants à leur chambre : d'abord celle de Wei, luxueuse, avec un beau lit double et une garde robe qui l'attendait. La mutante était émerveillée : quel beau renversement de fortune ! Et dire qu'à peine quelques heures auparavant, ils étaient dans cette jungle hostile !

Puis, M. Beccaria - qui préférait qu'on l'appelle Larry à la réflexion - conduisit Yan, seul, à sa chambre... Quelques étages plus bas... Plus exactement au sous-sol.


"Voilà, c'est ici. Euh... C'est pas exactement un palace mais... Euh..."

Larry avait l'air gêné. Très gêné. Il évitait le regard de Yan.

"Tu seras tranquille là au moins. Pis sans fenêtre, pas besoin de fermer les volets... En plus t'as les toilettes juste à côté et un point d'eau..."

Ce qui était une façon comme une autre de présenter la vérité : les toilettes étaient à moins de cinq mètres du lit et il n'y avait aucune séparation. Sans compter l'état d'hygiène très douteux de l'ensemble...

"Si tu veux, je pourrai aller jeter un œil avec un balai et ma caisse à outils... Parce que bon. C'est pas normal que t'aies pas une piaule un peu mieux. Surtout avec le programme de travail qui t'attends !"

Yan n'en croyait pas ses yeux , jamais il n'avait vu un tel désordre réuni en un espace si réduit.... Le jeune mutant se demandait s'il n'était pas tombé de Charybde en Scylla...Surtout avec la mention de programme de travail évoqué par Larry....

D'un regard désabusé Yan parcourt l'ensemble des lieux... Il faudra plusieurs heures pour nettoyer tout ce foutoir... Et peu être faire un bilan de santé ensuite vue la crasse accumulée ca est la.....

"Un point d'eau...." Yan se tourne vers Larry lui jetant un regard noir. " Donc je présume que pour me nourrir je dois aller chasser tant que l'on y est ?!" Le jeune mutant regarde dégouté le lavabo en céramique, jamais il n'avait vu quelque chose d'aussi crasseux....
Yan parcourt lentement l'ensemble de la pièce dégageant d'ici de la quelques frusques du bout du pied.

"Enfin je ne pouvais m'attendre à mieux au vue de mon arrivée parmi vous...." poursuit Yan en souriant.
"Bon si vous pouviez m'apporter quelques sacs et du matériel de nettoyage.... Plus tot je commencerais plus tot j'en aurais terminé !"

"Au fait de quel programme de travail parliez vous tout à l'heure ?" Termine Yan sur un ton morne.

"Oh, tu sais tu peux me tutoyer ! Après tout, on fait partie du personnel de maison tous les deux... Pis attention ! Tu m'appelles M. Beccaria devant M. Chalmond mais sinon c'est Larry, hein ? D'ailleurs, j'ai pas bien retenu ton prénom, p'tit"

Il tenta de mettre un peu d'ordre dans les vêtements sales en désordre. Puis, résigné, il laissa tout tomber par terre.

"Ouais, je vais te ramener ça... Bordel, j'savais pas que M. Chalmond avait gardé toutes les affaires des petits qu'il avait fait ramener du Togo. Bordel de bordel de bordel... Il aurait pu me demander de la briquer, cette pièce, quand même ! Pff..."

Larry se gratta la tête, puis finalement s'assit sur le lit, l'air un peu dépité.

"Bah, le programme de travail... C'est fastoche. Les petits togolais avant qu'il les foute à la porte s'occupaient de MM. Arnolphe et Billy. En gros, je suis le majordome de la maison. Ton amie devient la soubrette de M. Chalmond. Et toi, tu es affecté au service des petits... Et franchement, j'suis pas sur que je sois pas le mieux loti de nous trois..."

Il soupira. Et posa un regard amical sur le visage de Yan. Façon : bienvenue à bord ! Puis, sortant un paquet de chewing-gum de sa poche, il le tendit au jeune mutant.

"Tu sais, moi aussi j'ai une fille qui est mutante. J'fais ce boulot que pour le blé. Avant je travaillais à l'usine mais... C'est un poil loin de chez moi maintenant. Alors y avait que ça... Voilà tout"

Si l'expression faire le museau pouvait induire un changement physiologique cela aurait été certainement le cas a ce moment précis.
Yan fixe du regard le paquet de chewing-gum comme ci ce dernier pouvait se révéler être un serpent. Un frisson glacial lui parcoure l'échine le faisant frissonner.

" Je ne suis pas venu en Amérique pour devenir domestique .... Wei et moi ne deviendront jamais des serviteurs de ce Monsieur Chalmond....Ce n'est pas du tout ce qu'avait laissé deviner Monsieur Lloyd Llewellyn...."

Yan parcourt de nouveau la pièce d'un pas lent et mesuré.

" Je m'appelle Yan et je suis venu ici pour poursuivre mon éducation et non me retrouver enfermer comme un rat dans une cage .... Vous dites que votre fille et mutante ? Comment se passe la vie pour elle ? Doit elle , elle meme subir ce type de traitement ?"

Une idée germe dans l'esprit de Yan.

" Peux tu m'aider à contacter Monsieur Lloyd Llewellyn .... Je crois bien qu'il va nous aider à nous sortir de ce guêpier...Du moins si Wei le veut bien...."

Un sourire de victoire se dessine sur le visage de Yan tandis que ce dernier au combien la fameuse liberté de la presse Américaine allait certainement pouvoir l'aider en sa tache.

Larry s'esclaffa en se tapant les cuisses... Puis, comprenant que la situation n'était pas drôle pour Yan, il précisa :

"Pardon, p'tit... Mais Llewellyn sait y faire pour embobiner les gens. Les p'tits togolais dont je te parlais, il s'est arrangé pour faire annuler l'adoption quand M. Chalmond en a eu marre... En gros, Llewellyn c'est l'homme à tout faire juridiquement : c'est lui qui a conseillé à M. Chalmond d'adopter des mutants car c'est plus simple à s'en débarrasser après..."

Il posa son regard triste dans les yeux de Yan puis reprit :

"Bah ma p'tite Georgia, ça a l'air d'aller pour elle... Elle vit dans une école pour mutants, à Salem, l'Institut Zavier ou un truc du genre... Je la vois pas souvent mais elle nous écrit de temps en temps à sa mère et moi. Elle râle qu'elle doit ranger sa chambre et participer aux tâches communes. Pis, elle a beaucoup de sorties scolaires. J'ai l'impression qu'ils sont tout le temps par monts et par vaux, à son école... Mais bon, ça coute rien du tout son école. C'est pas le bagne quoi"

Alors que Larry allait pour continuer à parler de sa progéniture, il regarda sa montre.

"Le temps file. Je réfléchirai à un moyen de contacter l'avocat. Mais n'y compte pas trop. Et tu ferai mieux de monter dans la chambre des deux garnements pour t'occuper d'eux. Sinon... Hum... Tu as déjà été fouetté ?"

Un sourire gêné aux lèvres, Larry regardait encore ses chaussures.

Une sourde colère envahit l'âme de Yan tandis que Larry parlait de fouet... C'était bien pire que le jeune mutant avait imaginé, ce Chalmond son son air débonnaire devait être un véritable despote.
Jamais Yan n'aurait pensé qu'au pays de la Liberté de tels actes pouvaient avoir lieu, une lueur froide s'allume au fond de son regard.

" Alors comme ca sous prétexte que nous sommes mutants , monsieur Chalmond pense pouvoir nous contrôler, nous régenter.... La ou il y a la Lumière se trouve les Ténèbres...."Fulmine Yan en observant la source lumineuse située dans la pièce tentant de la plier à sa volonté mais sans effet immédiat.

" Larry... J'ai déjà reçu quelques corrections lorsque je faisais des bêtises mais je n'ai jamais été fouetté... Et si jamais , au grand jamais je venais à l'être je vous promets que tôt ou tard je me vengerai...."

Yan marque quelques minutes de silence comme perdu dans une profonde réflexion puis lâche d'un ton plus calme.

"Cette école pour mutant c'est loin d'ici ? Il est hors de question que je reste dans cet endroit pour devenir un larbin ! Je veux étudier et maitriser mon pouvoir pas rester ici pour devenir une sorte d'esclave !"

Larry releva la tête, l'air grave. Il se gratta longuement les cheveux et dit :

"Bon OK, p'tit, je pense aussi que même un marmouset devrait avoir le choix de la vie qu'il entend mener. Et ma Georgia, je lui ai jamais mis un seul coup de ceinture, parole de Larry Beccaria ! Même si des fois elle l'aurait peut-être pas volé, on fait pas des gamins pour les cogner ou ce genre de trucs..."

Larry soupira longuement. Puis, pris une grande inspiration. Il se leva légèrement et sortit une enveloppe de la poche de son pantalon. Il en montra le verso.

C'était inscrit, à l'adresse de l'expéditeur :

"Tu verras si t'y vas, c'est pas si loin. Faut prendre le monorail, ça t'y mènera directement..."

Il rangea l'enveloppe. Puis sortit son portefeuille. Larry l'ouvrit et commença à regarder à l'intérieur.

"Mais surtout tu dis pas que c'est moi qui t'en ai parlé... Enfin, j'veux dire à M. Chalmond. C'est peut être un affreux bonhomme mais j'ai quand même besoin de bosser. Pis..."

L'homme tendit quelques billets de banque à Yan.

"Ça devrait te suffire pour le monorail pour toi et ta pote"

Il sourit à nouveau et termina :

"Bon, ben voilà quoi. Du coup, tu vas faire quoi pour ton amie ? Enfin, quoi que tu fasse, les petits risquent de s'impatienter là... Et quand ils font un caprice, ça devient vite cinglant... Un conseil, mon p'tit pote : si on te fouette, ne pleure pas. Ça ne fait qu'augmenter la fureur de M. Chalmond !"

Le majordome avait l'air d'être complétement à la dérive. Prisonnier d'un destin qu'il n'avait pas choisi. Un vrai constat d'échec !

Yan observe les quelques billets, les saisit et les dissimule sur lui tout en mémorisant l'adresse de ce fameux institut.
Puis Yan s'incline devant Larry pour lui lancer d'une voix empreinte de reconnaissance.

"Merci pour votre aide Larry, je ferais en sorte de vous rembourser et de dire à votre fille quel homme généreux vous êtes.....J'en parlerai de votre coup de main aux responsables de cet institut, qui sait ils pourront peu être vous aider à trouver un travail plus en accord avec votre nature."

Quittant du regard le majordome, Yan lève la tête en direction du plafond imaginant quelques stratagèmes pour pouvoir faire part de son plan d'évasion à Wei.

"Mais bon l'heure je ne peux partir dans l'immédiat, je tacherai de partir au cœur de la nuit avec Wei si elle le souhaite...Bon je vais donc voir pour le moment Arnolphe et Billy et tenter de faire bonne figure auprès d'eux...." Dit le jeune mutant d'un ton plus que morose:

" Larry pouvait vous m'y accompagner et par la même occasion me montrer ou se situe déjà la chambre de Wei , ces pièces se ressemble tous dans ce manoir ! Et n'oubliez pas d'amener du matériel de nettoyage dans ce fourbis comme cela Monsieur Chalmond ne pourra vous soupçonner de m'avoir aidé. "

D'un pas décidé Yan quitte alors la pièce bien décidé à mettre en œuvre son plan d'évasion, Salem était un bien joli nom.

"T'es un p'tit futé, toi le gamin" dit Larry en donnant une petite bourrade amicale dans l'épaule de Yan.

Les deux hommes quittèrent la pièce, tranquillement. Ils prirent l'escalier et montèrent au deuxième étage. Larry désigna du doigt une porte :

"Voilà où est la chambre de ton amie. Quant à celle de MM. Arnolphe et Billy..."

Ils gravirent un nouvel étage. La voix de Larry changea une fois arrivés en haut. Elle était plus guindée. Plus raide.

"Je vais chercher le matériel et m'occuper de votre chambre, M. Yan. La chambre de MM. Arnolphe et Billy est ici. A tout à l'heure, M. Yan"

Il conclut ses paroles par un petit clin d'œil pour montrer qu'il était toujours le même Larry.

S'approchant de la chambre des petits, Yan les aperçut en train de jouer avec un autre train électrique que celui qu'il avait vu quand il était arrivé dans cette demeure. Les deux gamins avaient l'air de s'ennuyer quelque peu mais, apercevant Yan, ils s'esclaffèrent d'un coup. Le plus grand des deux (était-ce Arnolphe ? Ou bien Billy ?) lança au petit mutant :

"Tu veux jouer avec nous ?"

L'autre se contentait de continuer de ricaner...

Yan savait qu'il allait certainement passer un moment difficile en cet endroit. Les ricanements stupides d'un des deux frères n'augurait rien de bon...

Impassible, se tenant aussi droit que possible sur le seuil de la porte, Yan rétorqua d'une voix neutre :

" Je ne pense pas que ce soit une bonne idée que nous jouons ensemble.... Je ne crois pas que vous en ayez réellement enfin de surcroit."

Yan quelque peu angoissé poursuivi après avoir dévisagé les deux jeunes garçons.

" De plus nous autre orientaux n'avons pas les même loisirs que vous autres occidentaux.... Mais faisons preuve de franchise... Qu'attendez vous de moi " Termine Yan sur un ton monotone.

Tandis que l'autre frère continuait de se gausser, celui qui s'était adressé à Yan adopta un sourire narquois et lui dit :

"Oh... C'est très simple..."

Il se saisit d'un bout du circuit du train électrique et le cassa au sol.

"Quand, Papa Chalmond va s'apercevoir que tu nous as abîmé notre jouet parce que tu n'es rien qu'un jaloux envieux, il va être furieux ! Il nous en rachètera un plus joli et à toi, il donnera des coups de fouet... On va bien s'amuser !"

Le jeune garçon ricana de concert avec son frère avant de reprendre :

"Enfin, t'inquiètes pas l'oriental... Va falloir que tu attendes que Papa Chalmond en ait fini avec ton amie ! Mais chaque chose en son temps..."

L'expression de puissante malignité ne quittait pas son visage enfantin. Yan avait été vendu à une famille de tordus !