Fuite éperdue.

Un air de tristesse se dessine sur le visage de Yan tandis qu'il secoue la tête lentement , avec une peine certaine au fond des yeux.

"Vous savez.... C'est a cause de gens comme vous que certains mutants deviennent des êtres avides de vengeance et qu'ils utilisent leurs dons pour faire du mal à des humains sans défense...."

Yan parcourt du regard l'ensemble de la pièce et se désole de voir un tel luxe offert à des personnes si ignorante et si mauvaise à la fois.

" Vous voulez me faire du mal à Wei et à moi ne vous gênez pas.... Mais il vous faudra certainement en assumer les conséquences le moment venu.... Agissez selon votre triste nature..."

Termine Yan en restant sur le seuil , une lueur de défi brillant au fond du regard.

Les deux frères considérèrent l'espace d'un instant Yan. Puis ils repartirent dans un rire sonore et gras. Visiblement, ils étaient en deçà de toute morale.

Le frangin bavard reprit la parole tandis que l'autre, toujours hilare, entreprenait de casser religieusement tous ses jouets en marmonnant quelque chose comme "C'est l'oriental qui a fait ça... C'est l'oriental qui a fait ci..." :

"Papa Chalmond est blindé de thunes. Que veux tu qu'il lui arrive ? Au pire, y aura Llewellyn qui viendra pour arranger les affaires. On est tellement pétés de pognon qu'on peut faire ce qu'on veut ! C'est cool d'être des richards !"

Il avala sa salive, un peu fébrile, sans se départir pour autant de son regard malsain :

"Mais on fera pas de mal, nous, à ton amie... Vu que ça c'est le privilège de Papa Chalmond. C'est sa faiblesse, les jolies filles..."

Un cri retentit. Il semblait provenir de l'étage en dessous. Les petits ricanèrent à nouveau.

"Tu vois... C'est ce que je te disais..."

Yan le visage blême tourne tourne son visage en direction du plancher , une lueur d'incompréhension illumine son regard.

" Vous n'êtes que des animaux....Vous pensez que votre argent vous protège de tout ....C'est bien cela....Mais vous protègera t'il des réactions de ceux qui ont déjà tout perdu ?...."

Le cœur de Yan s'emballe , des idées folles lui parcourent l'esprit, une sourde colère l'envahit.

"Un jour j'arracherais la Lumière qui brille dans vos yeux pour vous plonger dans les Ténèbres ! "

Puis poussant un cri de rage, Yan quitte la chambre pour se précipiter à l'étage inférieur tout en tentant sans succès d'utiliser ses capacités.

Tandis que Yan se rua hors de la pièce pour aller rejoindre la chambre de Wei, il remarqua que la lumière de l'endroit où se trouvaient les infâmes garnements venait de s'éteindre... Était-ce l'effet de la colère ? Il ne pouvait rien en savoir et, de toutes manières, il y avait plus urgent à accomplir.

Quand il arriva à l'étage inférieur, le petit mutant entendit à nouveau un cri. Mais là où le premier avait paru indiscutablement féminin, celui-ci ne pouvait provenir que de la gorge d'un homme.

Entrant dans la pièce, Yan vit une scène qu'il ne serait pas prêt d'oublier.

Wei, une main sur son haut déchiré, les yeux révulsés fixait M. Chalmond. Celui-ci avait le pantalon baissé mais surtout... Il se trouvait à bien un mètre au dessus du sol, se serrant frénétiquement la gorge. Comme si une main invisible tentait de l'étouffer ou de le pendre.

M. Chalmond ne disait plus rien. Il ne pouvait plus crier. Et il semblait se battre pour respirer ou éviter que son cou ne se rompt. L'angoisse de mort se lisait dans son regard terrifié.

Et Wei, elle non plus, ne disait rien, se contentant d'observer, captivée, cette scène abominable.

A la vue de ce spectacle plus que sordide, toute colère quitte le corps de Yan : une douche glacée n'aurait pas produit un meilleur effet sur sa personne.
Son regard parcourt cet antre de malice, Yan pouvait presque sentir un mal indicible habiter ses lieux : dire que l'on accusait les mutants des pires maux alors qu'au final, ceux qui avaient basculé de l'autre coté du miroir, vers les Ténèbres dévorantes, y avaient poussé par des personnes semblable à ce Monsieur Chalmond.
Mais mérite t'il de mourir à son tour, une partie de son être, la partie animale, le condamner mais sa raison ne le souhaitait pas.

" Wei !" Clame Yan sur un ton péremptoire. " Il mérite d'être puni mais pas de la sorte ! Ne te transforme pas en Chien, ne bascule pas dans les Ténèbres, c'est un chemin sans retour !"

Yan s'approche de Wei en poursuivant sa tirade sur un ton plus doux.

" Laisse le je te prie... Viens avec moi quittons cet endroit ...ce Chien paiera en temps et en heure mais pas aujourd'hui, suis moi ."

Termine Yan en touchant délicatement l'épaule de Wei.

Comme possédée, Wei tourna ses yeux révulsés vers Yan et dit d'une voix qu'il n'avait jamais entendu chez sa "grande sœur" :

"Silence lâche. Cet homme doit mourir. Il a osé vouloir salir ma lumière. Le châtiment est la mort"

Chalmond tressaillit. Et cessa de combattre contre la poigne invisible qui semblait s'intensifier. Finalement, il ne bougea plus.

Ce n'est que quand Yan toucha l'épaule de Wei que Chalmond fut lâché, tombant légèrement au sol, son cou dans une drôle de position par rapport au reste de son corps.

La jeune fille, quant à elle, sursauta. Ses yeux retrouvèrent une expression normale. Elle trembla.

"Qu... Qu'est ce qui s'est passé ?" demanda-t-elle d'une voix affolée. Ça c'était la Wei que Yan connaissait !

Elle posa son regard sur son vêtement déchiré, ainsi que sur le corps inerte de l'infâme Chalmond. Elle poussa un sanglot étranglé.

"Je... J'ai tué cet homme, n'est ce pas ? Que m'arrive-t-il ?"

C'était une voix de petite fille. De petite fille terrorisée.

Yan observe d'un air incrédule la scène de désolation qui s'offrait sans retenue à son regard hébété....
Le corps brisé de Chalmond affalé sur le sol donnait un air macabre et grotesque à l'ensemble de la tragédie qui fut joué en ce lieu.
Wei était terrorisée , elle semblait refuser la réalité, de la réfuter par la force de son esprit...

Mais la réalité ne peux être distordue et le corps inerte de vieil homme restait à même le sol. Yan finit par détacher son regard du cadavre pour le focaliser dans celui de Wei.

"Tu.. Tu as commis.... L'irréparable... Tu as basculé dans les Ténèbres , désormais tu devras porter cette souillure en toi.... Tu dois faire en sorte de ne pas plus t'avilir sinon tu finiras comme Urizen...."

La voix de Yan se fit plus triste tandis qu'un voile de tristesse imprégnait ses yeux.

" Une partie de moi se réjouit de ce que tu as fais mais je sais au plus profond de mon âme qu'elle a tord ! Le Mal n'appelle que le Mal et ce n'est pas comme cela que l'on doit s'en sortir !"

Yan recule de quelques pas aux aguets :

" Je ne peux , tu ne peux pas rester ici.... je n'ai pas d'existence officielle si j'ai bien compris en Amérique. je pense que l'on pourra trouver refuge auprès de gens comme nous pas loin d'ici.... Il faut les rejoindre au plus vite ! Mais il faudra leur raconter ce que tu as fais...."

La jeune fille, prenant petit à petit conscience de l'horreur de son acte, se mit la main devant la bouche. Livide, comme prête à défaillir et à s'effondrer sur place...

"Ce... Ce n'est pas possible. Ce... Ce n'est pas moi"

Reprenant sa respiration, elle examina ses mains incrédules.

"Je... Je l'ai tué. Que m'est-il arrivé ? Comment est-ce possible ?"

Comme prenant conscience à nouveau de la présence de Yan, dans la pièce, elle poursuivit en le fixant de ses yeux apeurés :

"Je suis devenue comme Urizen. Il n'y a pas de retour possible"

Elle pleurait. Et c'était tant son acte qu'elle pleurait que la fin de son innocence.

"Il faut fuir. Oui. Mais pas ensemble, petit frère..."

Un nouveau sanglot rendit incompréhensible la suite de son propos. Ce n'était pas de gaieté de cœur qu'elle prononçait toutes ses paroles.

"Nos chemins vont devoir se séparer. Là où je vais, peu importe le lieu d'ailleurs, tu ne peut aller. Mais sache... Que nous nous reverrons. Petit frère..."

Et Wei prit ses jambes à son coup, quittant en toute hâte la demeure, sans que Yan puisse espérer la rattraper...


Il ne restait plus pour le petit garçon qu'à tirer sa révérence. Effectivement, son absence d'existence officielle sur le territoire américain le protégeait en quelque sorte de la police et de ses questions harassantes. En même temps, ne pas avoir de papiers, être seul dans une métropole, était un sort guère enviable.

C'est donc à raison que Yan se rendit à l'Institut. Quittant la demeure des Chalmond en ne croisant ni les abominables enfants du défunt propriétaire des murs, ni Larry le majordome débonnaire...

[Et c'est ainsi que s'achève ta phase de courtier. Tu peux ajouter 3 points à ton barême. Pour la suite, elle se situe dans ce sujet. Lis bien les posts avant celui du courtier (notamment ceux de Blake, Lucas et Ken, tous trois seuls présents dans ce sujet à cette heure). Et excellente continuation !]